Le « Grand Tasting » acte 2vendredi, 4 décembre 2009

Après le déjeuner au restaurant « L’Ami Louis », je reviens au Grand Tasting du Carrousel du Louvre pour la Master Class consacrée au champagne Ruinart, de la maison la plus ancienne de champagne, fondée par une famille de drapiers en 1729, l’année qui a suivi l’autorisation royale de mise en bouteille des vins. Nous allons goûter des « R », vins faits de 55% de chardonnay et 45% de pinot noir, alors que le « Dom » Ruinart est fait de 100% de chardonnay grand cru.

Le champagne « R » de Ruinart 2004 a un joli nez et une couleur pâle. Il est dosé à 7 grammes, ce qui est considéré comme peu. L’impression est effectivement très sèche. Le vin est frais, tendu, très agréable de fruits blancs, avec un côté salin charmant.

Le champagne « R » de Ruinart 2002 a un nez discret. Dosé à 8,2 grammes, il est plus rond que le 2004. Le fruit est très joli, d’un millésime solaire. On sent un peu de beurre et d’amertume.

Le champagne « R » de Ruinart 2000 a une couleur plus prononcée. Le vin dosé à 9,3 grammes est plus miellé. Il est plus astringent et plus développé. Il est plus grillé et toasté. Frédéric Panaiotis nous dit qu’il est plus réduit, ce qui préserve la minéralité.

Le champagne « R » de Ruinart 1995 est servi en magnum. Le nez est beaucoup plus expressif, le vin est beaucoup plus rond, légèrement beurré. Frédéric indique que l’évolution qualitative conduit à un style plus pur pour le 2004. Attendons de pouvoir en profiter comme nous le faisons du 1995.

La Master Class suivante est la présentation de deux vins mythiques, Château Grillet et Vega Sicilia Unico. Confronter le viognier et le tempranillo est un caprice convaincant de Michel Bettane.

Le Château Grillet 2001 a un nez assez discret et une belle couleur. Ce vin qui a été nommé par Curnonsky parmi les cinq plus grands vins blancs de France se présente un peu fumé, avec une note lactique. A la fois minéral et légèrement beurré, il a la pureté du granite. C’est un Condrieu assez unique.

Le Château Grillet 2006 a un nez beaucoup plus riche. Il est beaucoup plus agréable, mais sa jeunesse lui donne un côté encore un peu perlant. La profondeur du final est extrême et j’y trouve un peu de noix. Comme pour les vins du Jura, c’est un vin d’une race énorme, mais un vin d’initié.

C’est Javier Jausas qui fait Vega Sicilia Unico et qui le présente. Nous commençons par le Valbuena Vega Sicilia 2005 qui n’est pas un second vin, mais une expression jeune de l’Unico. Il l’appelle « version juvénile ». Elevé à 760 mètres d’altitude avec une exposition plein nord, ce vin est vendangé en quatre jours car à Vega Sicilia, on n’aime pas les vins sur-muris. Le nez est très riche et fruité. La bouche est un peu fermée, mais je l’impute au fait que la bouche a la mémoire du Grillet. La fin de bouche est râpeuse et astringente, mais d’une élégance extrême. Ce qui frappe, c’est la pureté aromatique. Le vin est vibrant en bouche et l’on s’habitue de plus en plus. Il y a de la feuille de cassis, un fruit élégant et ce qui frappe le plus, c’est la fraîcheur.

Le Vega Sicilia Unico 1995 a connu un vieillissement de dix ans et a été mis sur le marché en 2005-2006. La couleur est rouge foncé, le nez est assez discret. En bouche il commence par être plus fermé que le Valbuena. Mais il est riche et ce qui m’enthousiasme, c’est la fraîcheur. C’est un vin serein, féminin, joyeux. Il trouve son charme de sa belle définition et de son incomparable fraîcheur. Il faut le laisser vieillir pour qu’il prenne de l’ampleur.

Quittant cette Master Class, je vois de l’animation dans une salle voisine. C’est la société idealwine qui a convié ses amis et clients. On m’ouvre volontiers le barrage pour que je me retrouve au sein d’une foule grouillante où je reconnais des amis. Je goûte le champagne Bollinger R.D. 1997 qui se boit bien, car il a une fluidité extrême. Un champagne Perrier-Jouët Belle Epoque 1996 servi en jéroboam est d’une grande présence, solide champagne au charme fort.

L’Hermitage le Pavillon en jéroboam Chapoutier 2001 est d’un plaisir solide et je n’arrive pas à accrocher avec le Sassicaia Tenuta San Guido en impériale 2002, sans doute pour un problème de carafe, même si l’on sent que le vin est grand. Le Pouilly-Fumé Silex Didier Dagueneau en magnum 2003 a passé trop de temps dans la glace pour que j’en saisisse les finesses qui ont fait sa renommée. A un stand se trouve un vin mystère à découvrir. Je trouve qu’il s’agit d’un Vouvray et pour l’âge, j’annonce une fourchette large dont la borne la plus jeune est 1947. Peu de temps après, Agnès Audebert m’annonce que c’est un Vouvray 1947. Ce vin est absolument délicieux, simple, facile, doucereux, d’un plaisir accessible. Les conversations se poursuivent alors que l’on annonce que le salon est maintenant fermé. Il est temps de se reposer car le Grand Tasting recommence demain.