Dîner du 15 août avec des amismardi, 16 août 2022

Nous serons huit au dîner du 15 août dont les six du dîner du 14 août et deux amis. J’ai ouvert les vins de 15 heures à 16 heures et comme hier les bouchons gémissent ou crissent, semblant souffrir de mes tractions. Tous les bouchons viennent entiers et ont des parfums rassurants. Les plus belles senteurs viennent de l’Yquem et du Penfolds et les plus subtiles sont ceux de La Turque.

Il restait du Champagne Pierre Péters Cuvée les Chétillons Blanc de Blancs 2009 que j’ai servi en priorité à nos amis non présents hier. Le champagne a gagné en largeur et se montre beaucoup plus plaisant.

Le Champagne Salon magnum 1997 est un de mes chouchous parce qu’il y a une histoire qui m’attache à lui. Lorsque Didier Depond, président des champagnes Salon et Delamotte a organisé le premier cocktail pour la commercialisation du 1997, je lui ai dit que je ne le sentais pas au niveau d’autres années. Il m’a répondu : « tu verras ». Et j’ai vu qu’il avait raison. Je suis content d’avoir eu tort et j’adore ce millésime. Dès la première gorgée, on sent que le champagne est grand, noble, large et impérial. Il est complexe et frais, avec une longueur extrême, mais je dois dire que j’en attendais plus car je le mets très haut dans mon Panthéon mémoriel.

L’apéritif consiste comme hier en olives de Kalamata, anchoïade, poutargue, foie gras, gouda au Pesto, jambon ibérique, chips à la truffe et autres. Le plus bel accord si naturel est une nouvelle fois avec l’anchoïade.

Le menu du 15 août est : comparaison de deux caviars, l’osciètre prestige de Kaviari et le Baeri de la même maison, avec pain et beurre / pomme de terre avec de caviar Baeri / coquilles Saint-Jacques avec du lomo ciselé / morilles de l’Oregon / filets de pigeon / fromages, de chèvre, saint-nectaire, camembert Jort / stilton / escalopes de mangue crue.

Le Corton Charlemagne Bouchard Père & Fils 2008 avait à l’ouverture un parfum prometteur. Il a maintenant un parfum d’une force infinie. C’est comme une explosion de senteurs. Ce vin est un guerrier généreux. Il a un fruit fort, convainquant. Il est solaire. C’est un grand vin poussant à l’optimisme. Il est parfait avec les coquilles Saint-Jacques.

La Coulée de Serrant Madame Joly 1988 a une énergie et une puissance que je n’attendais pas à ce niveau. Il est puissant mais charmant. Il est subtil et se marie idéalement avec les imposantes morilles.

Le Château Pape Clément 1982 m’était apparu un peu incertain à l’ouverture. Il a du mal à s’assembler mais le pigeon lui permet de briller. Il a la persuasion d’un grand vin. On devine ses complexités qui ne s’expriment pas totalement.

Le Clos des Fées Hervé Bizeul Côtes de Roussillon Villages 2001 annonce 15° et l’on voit bien que c’est une bombe. Mais une bombe civilisée car il sait être aimable et subtil. J’aime ce vin pour sa franchise.

Le Grange des Pères Vin de Pays de l’Hérault 2004 a été bu au dîner de la veille et il en reste presque une moitié que nous goûtons en même temps que la Côte Rôtie La Turque Guigal 1992. Il ne me faut pas beaucoup de temps pour voir l’immense écart entre le vin de l’Hérault et La Turque si extraordinaire. Le 2004 est plaisant et bien construit, mais le 1992 est sur une autre planète. Généreux, puissant et d’extrême élégance. Il sait être velours, délivrant ses complexités subtilement avec un charme infini. Plusieurs de mes amis le classeront premier.

Le Penfolds Grange Australie 1997 est stratosphérique et là, j’assume mon manque d’objectivité. Ce vin, c’est un voyage dans l’infini. Il est large, kaléidoscopique, changeant sans cesse. Un amour de vin. Les fromages, dont le Jort, lui conviennent parfaitement.

Le Château d’Yquem 1989 est plus fort et plus sucré que le 1990 bu hier. Il a le charme d’Yquem mais un peu exacerbé. Beaucoup de mes amis préfèrent ce 1989 mais ma femme, qui ne boit pas, sauf Yquem, annonce qu’elle préfère le 1990 plus fluide et plus romantique. Je suis de son avis.

L’Yquem accompagne bien le stilton et l’accord avec la mangue est saisissant. Il est fusionnel. On ne sait pas si l’on est en train de « boire » la mangue ou de « manger » l’Yquem. Cet accord émeut tout le monde. Il faut dire que la maturité des mangues est exceptionnelle de douceur et de générosité.

Les vins au niveau le plus élevé sont : 1 – Penfolds Grange 1997, 2 – La Turque 1992, 3 – Yquem 1989, 4 – Corton Charlemagne 2008. Viennent ensuite le Salon 2007 que j’attendais mieux classé, le très joli Clos des Fées et la charmante Coulée de Serrant.

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Il y a un ‘mais’ à ce compte-rendu car nous avons bu les vins qui restaient au déjeuner du 16 août.

Le magnum de Salon 1997 que j’ai trouvé moins grand que le magnum de Salon 2007 montre maintenant un 1997 tel que je l’aime, porteur d’une émotion extrême. Il est parfait. Faut-il donc que j’ouvre les magnums la veille, puisque les Chétillons 2009 ont eu le même comportement ?

Le Clos des Fées 2010 est très nettement supérieur lui aussi, devenant particulièrement grand.

Le Pape Clément 1982 n’a pas changé et on voit ses imperfections plus qu’hier.

Le Penfolds 1997 continue d’être mon préféré, aux goûts exotiques indéfinissables.

Les deux plus belles embellies concernent le Salon 1997 et le Clos des Fées 2010

Nous avons vécu un 15 août réussi, avec de grands vins et une cuisine d’une particulière justesse de mon épouse.

La vie est belle.