Dîner de l’académie du vin de France au restaurant Laurentsamedi, 23 novembre 2019

L’académie du vin de France tient son assemblée générale annuelle dans un des salons du restaurant Laurent. Cette réunion est suivie d’une présentation des derniers vins mis en bouteilles par les membres de l’académie, au premier étage du restaurant Laurent. C’est l’occasion de goûter mais aussi de bavarder avec les vignerons présents et leurs invités.

Les blancs sont de très grande qualité même s’ils sont jeunes. N’ayant pas noté leurs millésimes qui sont soit 2016, soit 2017 et parfois à peine plus jeune, je n’indique pas d’année quand je ne connais pas le millésime.  Le Clos Sainte-Hune Trimbach 2014 est cristallin, le Château Simone blanc est d’une belle puissance, qui cohabite très bien avec un Hermitage blanc Chave, et un rafraîchissant Riesling Egon Müller 2017.

Parmi les rouges, un très beau Beaucastel est associé à un Hermitage rouge Chave très riche. Deux vins de Dujac sont très élégants et mon chouchou, une Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 2016 parle à mon cœur tant il est subtil.

Le vin rouge d’Arbois du Château d’Arlay m’a très impressionné par sa puissance et son équilibre.

Les bordeaux rouges sont très peu représentés, avec un riche Ducru-Beaucaillou et un élégant Corbin-Michotte. Les vins de Tempier, le Château Simone et le Mas Jullien sont chantants et riches.

L’exploration termine par un Jurançon Cauhapé agréable, un Egon Müller subtilement doux et un magnifique Fargues 2015 qui se boit avec gourmandise. Il y avait encore bien d’autres vins que je n’ai pas goûtés.

L’apéritif se prend dans le hall du rez-de-chaussée et je bois un Champagne version Originale Jacques Selosse d’une pureté et d’un équilibre convaincants.

Le président de l’académie, Alain Graillot remet le prix Alain Senderens qui couronne un restaurant qui doit non seulement avoir une belle cuisine et une carte des vins riche mais aussi promouvoir les accords mets et vins. Le prix couronne Jacky et Fabrice Dallais de la Maison Dallais à Le Petit-Pressigny, un restaurant près de Loches.

Le menu mis au point par des membres de la direction de l’académie du vin de France et réalisé par le chef Justin Schmitt est : pâté en croûte / quenelles de brochet sauce Nantua / mignon de veau en croûte de sel / saint-nectaire fermier / Mangue rôtie et coing poché, douceur vanille.

Quatre nouveaux membres ont été admis lors de l’assemblée générale, dont Anselme Selosse, Patrick Baudoin, Bruno Borie du château Ducru-Beaucaillou et un autre que je n’ai pas noté. Les vins du repas seront généralement, selon la tradition, ceux des nouveaux venus.

L’Anjou blanc « Le Cornillard » domaine Patrick Baudoin 2017 est un vin agréable et bien rond, facile à comprendre et bon compagnon d’un pâté en croûte servi un peu trop froid, ce qui a durci la pâte et le foie gras. Le vin se boit bien, généreux malgré sa jeunesse, et très frais.

Le Condrieu « Les Terrasses de l’Empire » domaine Christine Verney 2018 est franchement trop jeune. Il est presque perlant tant il est vert. Il a bien sûr des qualités et s’exprime sur la délicieuse sauce Nantua, mais pour le dîner de l’Académie, nous sommes plusieurs à ma table à avoir pensé qu’un vin moins vert aurait eu sa place.

Le Château Ducru-Beaucaillou Saint-Julien de Bruno Borie 2005 montre une grande puissance qui n’est pas accompagnée par une très grande émotion. On est encore dans la phase parkérienne du bordelais. Le mignon de veau est assez ferme.

Le Château Ducru-Beaucaillou Saint-Julien de Bruno Borie 2003 en revanche est beaucoup plus subtil que le 2005, beaucoup moins riche mais porteur de belles vibrations, aidé par un saint-nectaire à l’affinage parfait.

Le Quarts de Chaume « Les Zersilles » grand cru domaine Patrick Baudoin 2013 est absolument délicieux. Il est d’une grande fraîcheur et sa douceur légère combinée à une acidité bien contrôlée en font un vin doux de grand plaisir, qui se marie bien à l’excellent dessert.

Globalement il y a eu à mon goût plusieurs vins assez loin de leur période d’excellence, et la mâche de certains plats mériterait d’être retravaillée. Le chef Justin Schmitt a le talent qu’il faut pour corriger ces petits détails qui font la différence.

Les palmiers du Laurent sont les meilleurs du monde. Ghislain Mahieu, le chef sommelier a réglé le service des vins à la perfection. Nous avons regretté l’absence de Jacques Puisais qui fait toujours des commentaires sur les vins qui sont des œuvres d’art. Les discussions à ma table ont été chaudement amicales. Le dîner de l’académie des vins de France est un événement à ne pas manquer.