Dîner de champagnes face à la merdimanche, 8 juillet 2018

Mon fils est allé récupérer son fils après le stage de football et se présente dans notre maison du sud pour y faire séjour. Une ribambelle de petits enfants et de cousins animent le lieu avec force décibels. Après un bain collectif dans la piscine qui ressemble aux rives du Gange un jour de fête religieuse, c’est le temps de l’apéritif. J’ouvre un Champagne Heidsieck Cathédrale de Reims Brut sans année
qui est surprenant à plus d’un titre. D’abord c’est la première fois que je vois un Heidsieck qui n’est pas genré. Je connais Heidsieck Monopole, Charles Heidsieck et Piper-Heidsieck, mais je ne connais pas Heidsieck seul ou suivi de « Cie Champenoise successeurs ». La seconde surprise est la mise en valeur de la Cathédrale de Reims sur l’étiquette et sur la collerette. Il y a par ailleurs une abondance de fioritures dorées avec une typographie très 19ème siècle. Comment dater cette bouteille ? J’enlève la cape et la capsule en acier brut porte pour seule mention « Champagne ». C’est une capsule passepartout alors que la cape comporte clairement la mention Heidsieck. Le bouchon se brise quand je veux le tourner et c’est au tirebouchon que j’extirpe le bas du bouchon qui vient sans aucun pschitt. Le bouchon peut être daté dans les années 60 ou 70. Lorsque je verse le champagne la surprise est grande car dans le verre la bulle est très active. La couleur est très faiblement ambrée. Le parfum est très pur, précis et charmant. En bouche ce qui frappe, c’est l’équilibre des saveurs. Le champagne est manifestement mature mais il a un joli fruit suggéré, comme un coing. Très fluide il est agréable et sa sérénité est de grand confort. Il brille sur un jambon Pata Negra bien gras et sur un foie gras typé. Il est assez monolithique mais plaisant.

Pour suivre dans la continuité j’ouvre un Champagne Dom Pérignon 1970. Lui aussi n’a pas le moindre pschitt et le bouchon vient très facilement. Le champagne est beaucoup plus ambré que le précédent. Ce qui est immédiatement évident, c’est que ce Dom Pérignon offre une longueur et une complexité qui transcendent le champagne précédent. Mais il montre aussi que le Heidsieck n’a pas démérité, le confortant même. Nous avons maintenant un champagne long, complexe avec une myriade de fruits d’été. On sent que ce champagne est à un stade d’accomplissement abouti. Il restait de ce midi un peu de la tarte aux abricots. L’acidité des abricots avec ce Dom Pérignon est un rare bonheur. Sous un ciel étoilé nous avons devisé face à la mer en finissant par petites gorgées ce champagne accompli.