Deux dîners en famillesamedi, 17 décembre 2016

Mon fils arrive des Etats Unis le lendemain de mon retour de Londres. J’ai envie de comparer Salon 1983 et Salon 1985 pour voir où ils en sont. Une nièce de ma femme séjourne chez nous aussi faut-il prendre quelques vins de plus. Ma femme a prévu du jambon Pata Negra très intense, du caviar d’ Aquitaine de Prunier, un tarama aux oursins et un tarama naturel qui accompagnera des œufs de saumon, des anguilles fumées, et une variété de fromages.

Commençant à manger le délicieux jambon bien gras, les deux champagnes Salon montrent qu’ils ont déjà une maturité affirmée, le 1983 plus que le 1985. Mais leur vibration n’est pas convaincante. Le caviar au sel magiquement dosé va leur donner un coup de fouet magistral.

Le Champagne Salon 1983 a une belle robe un peu ambrée, un nez typé et marqué et en bouche l’amertume est celle de la maturité. Le champagne est vif, actif, mais représente une version un peu retenue de Salon.

Le Champagne Salon 1985 est à peine plus clair. Le nez est plus riche. En bouche il montre de la maturité mais fait plus jeune que le 1983. Il est plus rond. Ce qui est amusant, c’est que selon les accompagnements nous allons préférer l’un ou l’autre. Les Salon sont plus à l’aise avec le caviar et avec les taramas. L’accord se trouve moins sur le Pata Negra et sur les anguilles fumées. Pour les fromages, les plus beaux accords sont avec le camembert.

Bien que les deux champagnes soient assez proches, je préférerai, in fine, le 1985 un peu plus jeune et un peu plus charmeur.

Comme il fait soif, j’ouvre un Champagne Krug Grande Cuvée qui a au moins trente ans, avec une étiquette du début des années 80, je crois. Le nez de ce champagne est éblouissant. Il est intense, puissant, incroyablement conquérant. Les narines vibrent sous son attaque. La couleur d’un bel or blond est plus claire que celle des deux Salon. Et en bouche, c’est un Etna de complexités diffusées en bouche comme autant de bombes gustatives. Je pense au Krug Grande Cuvée que j’ai bu à Londres et l’écart est quasi infini. On est à des années-lumière de richesse, d’épanouissement, de joie, de bonheur de boire. Depuis toujours je défends l’idée que les Krug Grande Cuvée devraient être gardés en cave au moins huit ans pour que les qualités de cet immense champagne fleurissent. Si le groupe Moët Hennessy décidait de garder en cave, embouteillées sans changer aucun processus, les Krug Grande Cuvée plus de vingt ans, nul champagne ne pourrait se comparer à une telle perfection. Ce champagne est une affirmation de richesse sans égal.

Le lendemain, je suis seul buveur avec la nièce de ma femme. J’ouvre un Bordeaux Pauillac vin des domaines Baron de Rothschild sans année. A l’examen du bouchon et de la bouteille, c’est un vin du milieu des années 70 qui a donc environ quarante ans. Il s’agit d’un vin ordinaire que j’ai dû acquérir dans un lot en vrac. Je m’attends à tout, prêt à ouvrir autre chose. Or, contrairement à ce que je pensais, le nez est pur et franc. En bouche le vin a une petite acidité qui disparaît avec la nourriture et, même si ce n’est pas un grand vin, il damerait le pion à bien des vins qui se prétendraient supérieurs. Mon fils qui nous a rejoints le trouve très agréable et je rejoins cet avis, si l’on admet qu’il ne peut pas donner plus qu’il ne peut. Le fait que la bouteille ait été finie est un bon signe.

Le Champagne Salon 1996 est un jeune champagne de vingt ans. Il contraste fortement avec les 1983 et 1985 de la veille. Il est jeune, vif, fruité, gouleyant, joyeux de vivre. C’est un Salon en pleine possession de ses moyens que j’ai associé avec gourmandise à un excellent camembert. Le 1996 est le gagnant des trois Salon que nous avons goûtés.

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le bouchon du 1996 est plus long que ceux des 83 et 85 et sa capsule est millésimée

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