Deux jours après, c’est le dernier dîner parisien de mon fils qui repartira à l’aube aux Amériques. La veille mon fils avait visité ma cave et au détour d’une allée j’avais remarqué une bouteille. Je lui avais dit : « Est-ce que ça te tente ? ». Rapportée hier je l’ai ouverte ce soir à 19 heures c’est-à-dire un peu tard. Il s’agit d’un Hermitage Audibert et Delas 1945. Le niveau est à environ 5 centimètres du bouchon. L’opération de débouchage ne pose aucun problème particulier. Le nez du vin m’annonce de bien mauvaises nouvelles. Je ne crois pas à un retour à la vie, surtout en un temps si court.
Sur du jambon ibérique nous finissons le Champagne Philipponnat Clos des Goisses 1983. Il était resté dans la porte du réfrigérateur avec son bouchon. Il n’y a pas la moindre trace d’usure et au contraire le champagne est encore plus large et épanoui.
L’Hermitage Audibert et Delas 1945 a une couleur désagréable, terreuse. Le nez annonce une déviation. En bouche, l’attaque est agréable, plutôt joyeuse et c’est le finale qui gâche tout, avec une acidité abrupte. Nous reviendrons plus tard sur ce vin qui ne montrera aucun retour à la vie. C’est dommage que le témoignage d’un tel Hermitage soit perdu. Ma femme avait prévu pour lui un filet de bœuf avec une purée façon Robuchon et des frites de céleri. Il faut donc un rouge généreux pour se substituer au 1945.
Je vais chercher en cave un Château Rayas Châteauneuf-du-Pape 1988. Le niveau est très beau et la couleur prometteuse. Le bouchon plutôt sec vient normalement. Je verse deux verres qui montrent une belle couleur rouge sang, en fort contraste avec la couleur de l’Hermitage. Aïe ! Il y a une odeur de bouchon. En bouche, le fruit rouge est très généreux. Le vin semble ne pas être affecté par l’odeur de bouchon. Mais progressivement on note la déviation. Il y a des évocations de truffe noire qui font que l’on imagine que le Rayas aurait été croisé avec un Vega Sicilia Unico, car le vin fait plus sudiste que ce que donne normalement Rayas. Comme le vin est buvable, nous le buvons, mais je ressens une certaine frustration.
Aussi pour finir le repas vais-je chercher un Champagne Selosse Brut Rosé sans année dégorgé en octobre 2008. La bouteille est jolie, mettant en valeur le rose du vin par transparence, d’autant plus que l’étiquette et la contre-étiquette sont en plastique transparent. La couleur du vin dans le verre est rose pâle. La bulle est active. Le champagne est vif, extrêmement vif, vineux, de belle personnalité. Il claque bien en bouche et se montre noble. C’est à la fois un vin de personnalité et de plaisir. Nous l’avons très apprécié.
C’est sur cette note rose que se termine une semaine de dégustation avec mon fils. Dans dix jours, je le retrouverai à Miami pour de nouvelles aventures.
les mêmes avec le magnum de Krug Private Cuvée bu il y a trois ou quatre jours