Déjeuner avec un grand Chablisdimanche, 10 janvier 2021

Nous sommes invités par notre boucher fétiche qui propose dans ses échoppes une vaste gamme de produits de haute qualité. L’apéritif nous permet de goûter du jambon Pata Negra bien gras et délicieux, du pain à l’huile d’olive Guttiau, pain sarde, que l’on recouvre d’une préparation de crabe à l’huile d’olive, avec de la ciboulette et un zeste de citron ainsi que du jus de citron. Le Champagne Amour de Deutz brut millésime 2008 est d’une jolie couleur claire, vif et intense, mais je trouve que sa longueur s’arrête un peu trop vite, ce qui ne l’empêche pas d’être agréable à boire.

Cédric a ouvert un Côtes de Provence Point G de Château Gasqui 2004. Il me le fait goûter et attend mon avis. Le nez est agréable et évoque les vins chauds des côtes méditerranéennes. En bouche, c’est chaud et agréable, bien balancé, mais pour mon goût, c’est un peu trop international, car on trouverait des saveurs identiques dans des vins d’Afrique du Sud, d’Australie ou du sud de l’Italie. Mais ça ne l’empêche pas d’être agréable.

J’ai apporté un Chablis Grand Cru Moutonne, Domaine Long-Dépaquit 2002 mis en bouteille par la maison Albert Bichot. Sa robe est d’un or d’été, joyeux. En bouche, le fruit explose, riche et la complexité est extrême. C’est un vin magistral, fluide et rafraîchissant comme un torrent de montagne.

L’entrée est un spaghetti de calamar frais, pancetta basque, artichaut cru, poutargue et huile d’olive verte fruitée. Le plat est délicieux et le chablis est absolument adapté au plat. La symbiose est superbe.

Le plat suivant est une lotte rôtie, une réduction de rouget montée au beurre et des carottes fanes. Le chablis trouve une belle communion avec la chair idéalement très peu cuite de la lotte.

Ensuite, apparaissent des calamars farcis aux aubergines confites, de la pancetta et têtes de calamars, ail et échalotes. Le vin rouge se comporte bien avec ce plat mais on peut mesurer à quel point il est plus simple que le blanc. Le fromage Jort accompagne naturellement le chablis, mais le vin de Provence joue aussi le jeu.

J’ai apporté une bouteille de Tokaji Eszencia Aszu 1988 qui titre 11,5° au goût de compote de pruneaux et de café, qui voisine avec une galette à la frangipane et avec de délicieux chocolats. Ce vin charmeur est d’une douceur enjôleuse et jouit d’une longueur infinie.

Cédric a travaillé pendant longtemps en cuisine aux côtés d’Yvan Roux et montre des qualités de cuisinier qui sont à signaler. Le Chablis Grand Cru Moutonne, Domaine Long-Dépaquit 2002 a montré qu’à 18 ans, il a une maturité parfaite et une vivacité exceptionnelle. On devrait boire plus souvent de grands chablis. Nos discussions joyeuses se sont prolongées fort tard dans l’après-midi.