Dégustation de Château Canon et Château Rauzan-Ségla Place Vendômelundi, 9 septembre 2013

Sur la magnifique place Vendôme, au troisième étage de la boutique Chanel, John Kolasa reçoit des professionnels pour présenter deux vins de la famille Wertheimer dont il a la charge. Les lecteurs fidèles des bulletins se souviennent que dans les n°s 240 et 241 j’ai raconté les superbes verticales de ces deux vins qui avaient permis en quatre services de goûter :

Château Rauzan-Ségla 2005, 2000, 1996, 1995, 1988, 1982, 1970, 1966, 1961

Château Rauzan-Ségla 1990, 1989, 1986, 1985, 1957, 1952, 1947, 1929

Château Canon 2005, 2000, 1982, 1961, 1959, 1949, 1947

Château Canon 1998, 1990, 1989, 1964, 1955, 1952.

(voir : http://www.academiedesvinsanciens.com/verticale-de-rauzan-segla-et-canon-au-restaurant-taillevent/

http://www.academiedesvinsanciens.com/an-impressive-vertical-of-rauzan-segla-and-canon-by-taillevent/ )

Aujourd’hui, les vins plus récents sont présentés et l’on peut goûter : Clos Canon 2009, 2008 puis Château Canon 2010, 2008, 2006, 2005, 2004, 2002, 2001, 2000 puis Ségla 2009 et 2006 et enfin Château Rauzan-Ségla 2010, 2008, 2006, 2005, 2004, 2002, 2001, 2000.

Je suis revenu hier en voiture de mon sud. Nous sommes un lundi matin, j’ai pris juste avant ce rendez-vous un café crème. L’humeur n’est pas à une dégustation exhaustive. Aussi, plutôt que de l’analytique, je vais chercher à m’imprégner des deux grands vins faits par John Kolasa.

Ce que je bois du Saint-Emilion Château Canon est si fort, si précis, si typé que mon impression dépasse l’effet millésime. Il s’agit d’un vin strict, qui ne cherche pas à plaire et ne joue pas de sa séduction, mais qui récite son terroir, très représentatif de l’appellation. Pour moi, chaque millésime se rapproche des autres pour me faire aimer ce Saint-Emilion à la trace profonde. John à qui je fais part de mes impressions trouve au contraire que chaque millésime montre ses différences. C’est normal qu’il ait cette attitude puisqu’il fait le vin. J’ai cherché plutôt une synthèse. Le Clos Canon, dont je n’ai bu que le 2009 est infiniment plus charmeur, puisqu’il est plus facile. Dès que le Canon aura pris de l’âge, il va le distancer.

Le Margaux est différent, mais il y a la même recherche de pureté et d’authenticité. Le sommelier du restaurant qui a la plus belle cave de Paris me dit que ces deux vins n’ont pas la notoriété qu’ils mériteraient. Dans un coin de la jolie pièce on a carafé Château Canon 1998 et Château Rauzan-Ségla 1996. L’aération, un ou deux petits canapés à grignoter me permettent de ressentir le saut gustatif majeur. Ces deux vins sont épanouis, heureux, même s’ils sont rigoureux. C’est un plaisir de les boire. Pour se refaire le palais, si c’était nécessaire, nous avons la chance de boire un Champagne Delamotte brut magnum qui claque bien sur la langue, présenté par Didier Depond et son équipe.

Il ne fait pas de doute que c’est plus agréable de boire de grands vins dans les ors de la Place Vendôme et le luxe de Chanel que dans la cohue d’une foire aux vins. On n’en goûte que mieux l’intelligence du travail de John Kolasa sur ces grands vins.

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