Club des Professionnels du Vinlundi, 2 avril 2007

Le Club des Professionnels du Vin est un rendez-vous semestriel incontournable. Au Pavillon Dauphine, des vignerons de qualité font goûter leurs vins à la presse, aux sommeliers, aux cavistes et à tous professionnels du vin. C’est l’occasion pour moi de rencontrer des vignerons que j’apprécie. Denis Garret, nouveau directeur de cette organisation et fidèle de l’académie des vins anciens a invité beaucoup d’académiciens que je retrouve avec plaisir. Etre accueilli au premier stand par Dom Ruinart, cela donne le ton de la manifestation. Alors que d’habitude je butine, serrant des mains et bavardant comme le ferait un candidat à la présidentielle, je passe un peu plus de temps aujourd’hui à explorer des vins.

Le Champagne Alfred Gratien cuvée Paradis dégage une légèreté en bouche qui est extrêmement convaincante. L’intemporelle champagne 2002 de Mailly a une densité qui m’enchante. Les champagnes Bonnaire dont le Champagne Bonnaire « boisé » que l’on goûtera à déjeuner sont aussi plaisants et typés.

Philippe Blanck me fait goûter ses Riesling Sclossberg Paul Blanck 2002 et 2004 et je suis conquis par la qualité de ses vins chaleureux comme l’homme l’est. Le Chassagne Montrachet Louis Jadot 2004 est vraiment typé Chassagne, dans la ligne des extraordinaires blancs de cette maison. Sourire au lèvres, Alphonse Mellot évoque la mémorable soirée que nous avions passée ensemble autour d’une cuisine alsacienne chez un ami, et je goûte Génération XIX Alphonse Mellot 2005 Sancerre ainsi que d’autres de ses grands vins, qui montrent que le Sancerre peut aller à des niveaux de précision élevés.

Je trouve avec amusement que l’on expose un Château de Ricaud Premières Côtes de Bordeaux dont l’étiquette porte le même château que celui de l’étiquette du Loupiac 1924 de Ricaud qui a brillé à l’académie des vins anciens.

De sympathiques et joyeux vignerons m’accueillent pour faire goûter un Nuits Saint-Georges « aux perdrix » quasi monopole Devillard 2004 et un Mercurey Château de Chamirey Devillard 2004 en blanc et en rouge qui donnent raison à l’adage voulant que les vins ressemblent à ceux qui les ont faits. Ces souriants et dynamiques vignerons ont fait des merveilles.

Au déjeuner prévu pour la presse un magnum de Moët & Chandon 1973 est d’un nez et d’un charme parfaits, encore supérieurs à ceux de la même bouteille dans le même format qui fut présenté à l’académie des vins anciens. Je retrouve Pierre Narboni propriétaire du Château Peyrat-Fourton en Haut-Médoc, qui me fit l’honneur d’assister à une récente séance de l’académie.

Le petit coup de cœur de tous les vins servis à profusion, c’est le vin d’Arbois 1996 en magnum des domaines Rolet, d’une persistance aromatique inimitable.

Denis Garret avait retenu à dîner plusieurs vignerons à la générosité incroyable. Etre accueilli par un magnum de champagne de Venoge 1978, ça marque. Car ce champagne subtil, léger, porte bien son âge de façon fringante. Un Chablis Brocard 2002 en magnum calme toutes les soifs.

Souvenir, souvenir, je bois avec émotion un Côtes de Roussillon Village Cazes en double magnum 1989, car j’ai fait plusieurs dîners professionnels avec ce même vin dans la même année et le même format, dans mon passé industriel. Un Rivesaltes Arnaud de Villeneuve 1982 ambré me rappelle les talents de cette belle région et un magnifique armagnac Folle blanche Boignières 1980 commenté au débotté avec talent par un sommelier présent aurait pu être la plus brillante des conclusions si l’on ne m’avait tendu, au moment où je voulais m’éclipser, une coupe de Dom Pérignon 1999. Il est des départs plus tristes.

Ce salon fort compétent et sérieux rassemble de grands vignerons. Si on lui ajoute cette convivialité, c’est une réussite de plus. Cerise sur le gâteau, j’ai revu avec bonheur deux très grands sommeliers avec qui j’apprécie de déguster, Dominique Laporte, meilleur sommelier de France 2004 et MOF 2004 (meilleur ouvrier de France), qui m’a aidé lors de dîners de wine-dinners de sa compétence, et Andreas Larsson, meilleur sommelier d’Europe 2004, qui prépare le concours de meilleur sommelier du monde, avec lequel j’avais participé à un jury de champagnes et à de grandes dégustations. Etant assis face à face, nous nous sommes amusés à boire ensemble quelques vins à l’aveugle. Que cet ami si titré annonce un Hermitage 1991 pour un Crozes Hermitage 2005 montre à quel point la science du vin n’est pas une science exacte. Longue vie à ce salon qui se tiendra à Paris à nouveau le 15 octobre.