Le bonheur, ça tient parfois à peu de choses. Un 1er mai, des collaborateurs viennent m’aider à des rangements que je serais bien incapable de faire seul. C’est un jour où on ne travaille pas, mais la fidélité ne chôme pas le 1er mai. Lorsque tout est accompli, je propose d’ouvrir quelque chose. Ça ne se refuse pas. Le Champagne Laurent Perrier Grand Siècle des années 80 ou peut-être plus vieux fait un pschitt sympathique. Le champagne versé est riche en bulles, la couleur est encore très claire. En bouche, tout est en délicatesse et en raffinement. S’il y a des fruits comme la pomme, c’est surtout le vineux joyeux qui marque la longueur quasi inextinguible de ce champagne. Lorsque je propose un deuxième tour, je suis retoqué comme les socialistes aux municipales, car chacun doit repartir en voiture. Je me trouve là, seul, avec ce beau Grand Siècle.
Lorsque mon fils était venu de Miami pour mon anniversaire, il m’avait offert une belle boîte de caviar Prunier en boîte noire. J’avais voulu la partager avec lui mais il avait refusé : « non, c’est ton cadeau, pour toi tout seul ».
Chacun trouvera facilement la solution de cette équation : un Grand Siècle de compétition qui reste sur la table, un caviar qui n’attend que moi. Simple comme un jour heureux. Le caviar est superbement iodé, avec un sel bien contrôlé. L’accord avec le champagne est impérial. Je savoure, en vérifiant la pertinence de l’adage : « le caviar n’est bon que lorsqu’on en a trop ». Ce qui me fascine, c’est la longueur de la trace de l’iode. Un camembert Gillot est un peu trop fait pour le champagne. Une folie : des carrés de Lindor dont l’onctueux arrive à ensoleiller ce brillant champagne.