au restaurant du Yacht Club de Francemercredi, 29 février 2012

Les déjeuners de conscrits prennent un rythme plus rapproché. Nous nous rendons une fois de plus au restaurant du Yacht Club de France. L’ami qui nous invite a conçu avec Thierry Le Luc directeur de la restauration et avec le chef un menu normand. J’espère pour les normands qu’ils ne s’imposent pas de tels traitements, car ce fut pantagruélique. Ce qu’il faut signaler, c’est l’élégance de la recherche. Le premier champagne d’apéritif est assez peu accueillant. Ne sachant pas ce qu’il est, je suis allé lire l’étiquette à la fin de l’apéritif et quelle ne fut pas ma stupeur de constater que c’est un Champagne Joseph Perrier sans année. J’ai appris à aimer les champagnes de cette sympathique maison et celui-ci ne correspond pas à ce qu’il devrait être. Celui qui suit est le Champagne rosé Mignon sans année. Il est nettement plus civilisé. Nous passons à table et l’assiette normande façon « Café Gourmand » est faite de plusieurs réalisations vraiment gourmandes telles que maquereau à la moutarde, feuilleté de tripes, feuilleté camembert et andouille de Vire, quiche huîtres et moules, Saint-Jacques sur une andouille de Vire. Le Champagne Billecart Salmon sans année est un aimable compagnon. Mais l’andouille réclame un rouge et le Château Talbot 1988 joue très bien son rôle d’accompagnateur. Le vin est fortement tannique, et l’on sent qu’il a une belle charpente. Il se boit avec plaisir sur un tournedos de veau aux pommes, purée et champignons, et une sauce crème au calvados qui fort heureusement n’est pas dominant. Les normands gagneraient toutes les guerres s’ils infligeaient à leurs ennemis un trou normand fait d’un sorbet à la pomme et du calvados, fruit de la distillation des parents de Marine, notre jolie serveuse normande. On comprend pourquoi le champion olympique du cent mètres n’est pas normand.

C’est sur ma suggestion que le cidre offert par le vice-président du Yacht Club de France est associé à un beau camembert. Le cidre n’est pas parfait, un peu amer, mais on sent bien la pertinence de l’accord. S’il fallait achever les survivants de notre table, c’est la crêpe flambée selon la recette de la mère Poulard qui donne l’estocade. Mais les hommes de 1943 sont indestructibles, et nous avons fait honneur au calvados de Marine, frais car il fut l’objet d’une distillation courte. Notre club de conscrits s’appelle Club 2043 car nous avons l’intention de devenir centenaires. Ce n’est pas avec ce délicieux repas que nous en prenons le chemin !