Atelier Déclinaison de vieux millésimes de Châteauneuf-du-Pape au fil des âgesmardi, 5 avril 2016

Le lendemain matin, à 9h30 je me présente au réfectoire de l’école maternelle du village où des vignerons et des sommeliers ouvrent et préparent les bouteilles qui seront dégustées à partir de 11 heures à l’atelier « déclinaison de vieux millésimes de Châteauneuf-du-Pape au fil des âges ». C’est Kelly Mac Auliffe, un sommelier américain à la carrure de rugbyman qui mène les opérations. Il décante les vins deux fois, une première fois dans une carafe à décantation pour écarter la lie, et une deuxième fois en remettant le vin dans sa bouteille. On est très loin de la « méthode Audouze », mais cela n’a pas une importance déterminante puisque les vieux millésimes sont encore de jeunes vieux.

La salle se remplit et aucune place n’est disponible, cet atelier ayant attiré beaucoup de monde au point qu’il faut six bouteilles ou trois magnums par vin. Ce qui indique une assistance d’environ 90 personnes. A côté de moi Philippe Cambie, œnologue conseil de beaucoup de propriétés de Châteauneuf-du-Pape fera des commentaires, comme les vignerons présents.

Le Châteauneuf-du-Pape Château de la Nerthe rouge 1998 a une couleur qui n’est pas très nette. Le nez est celui d’un vin déjà évolué. Il a une belle attaque généreuse avec une belle minéralité. Dans le final il y a un petit côté tisane et fumé qui signe un vin qui commence à évoluer.

Le Châteauneuf-du-Pape Boisrenard domaine de Beaurenard rouge 1995 a une couleur plus jeune que celle de la Nerthe et le nez est aussi plus jeune. Le vin est rêche, le final est très précis et de belle fraîcheur. Le vin provient de vieilles vignes qui ont entre 60 et plus de cent ans.

Le Châteauneuf-du-Pape Clos de Montolivet rouge 1989 a une couleur un peu tuilée. Le nez est un peu fatigué. Il y a beaucoup de matière, le vin est riche aux tannins très présents. C’est une cuvée tradition.

Comme j’anime la dégustation, je suis obligé de me faire une idée assez vite sur chaque vin sans y revenir comme je le ferais en ayant le temps. Or les premières gorgées sont plus brutes que lorsque le vin s’est assis dans le verre.

Le Châteauneuf-du-Pape domaine de Nalys rouge 1983 a un nez fabuleux. Le vin est brillantissime et surprend même les vignerons qui constatent qu’une petite année, avec le temps peut devenir brillante. Il y a un très joli fruit et du menthol dans le finale, signe d’un grand vin.

Le Châteauneuf-du-Pape Château des Fines Roches rouge 1981 a un nez un peu viandeux, sa couleur est à peine tuilée. L’attaque est fluide et le finale manque un peu de précision. Il y a des notes de moka.

Le Châteauneuf-du-Pape Château de Beaucastel rouge 1980 a une belle couleur. Le vin sent la fraîcheur. Il a une belle attaque et le finale qui manque d’ampleur et dévie un peu. Mais comme souvent il s’améliore car sa matière est ample et très précise. Comme je l’ai suggéré il ne faut pas juger un vin trop vite.

Le Châteauneuf-du-Pape domaine de la Solitude rouge 1978 a une belle couleur. Le nez est un peu acide. C’est un très beau vin, magnifique, qui a tout pour lui et profite de cette année exceptionnelle.

Le Châteauneuf-du-Pape Clos Saint-Jean rouge 1974 a une couleur assez sombre. Le nez est incertain, un peu médicinal. C’est un vin non éraflé. Il est très riche. Au début il n’est pas très agréable, et offre des notes de chocolat. Alors que j’aurais tendance à critiquer ce vin j’ai été surpris de constater à quel point il plait aux participants, ce qui est une bonne chose, car cela veut dire que les présents ont accepté d’intégrer les signes d’évolution.

Tous les participants ont été heureux de cette dégustation convaincante qui montre la capacité de vieillissement des Châteauneuf-du-Pape. En parlant avec les uns et les autres les préférences varient mais il y a une constante : 1 – Châteauneuf-du-Pape domaine de Nalys rouge 1983, 2 – Châteauneuf-du-Pape domaine de la Solitude rouge 1978. C’est après que les classements différent. Pour mon goût, c’est : 3 – Châteauneuf-du-Pape Boisrenard domaine de Beaurenard rouge 1995, 4 – Châteauneuf-du-Pape Château de Beaucastel rouge 1980.

Les échos qui me sont revenus de diverses sources montrent à quel point les amateurs sont désireux d’approcher des vins plus anciens que ceux qu’ils ont pu déguster aux stands des vignerons. Cet atelier a donc sa pleine justification.

Après l’atelier, je suis allé visiter les stands dans le grand hall où se tient le Printemps de Châteauneuf-du-Pape. En dehors de l’immense bâtiment des stands de victuailles offrent des produits de grande qualité qui permettent de se restaurer.

DSC05967

DSC05958 DSC05959 DSC05960 DSC05961 DSC05962 DSC05963 DSC05964 DSC05965

journal Vaucluse 160403 001