Dégustation de vins anciens avec l’association Rhône Vignobles jeudi, 17 janvier 2019

Tous les deux ans, l'association Rhône Vignobles organise une manifestation sur deux jours, avec pour le premier jour un atelier de dégustation de vins anciens dirigé par Georges dos Santos, célèbre caviste lyonnais, et moi-même, suivi d'un dîner de vins anciens. La deuxième journée qui se passe chez l'un des vignerons permet de recevoir leurs clients et amis avec dégustation de vins anciens des domaines puis déjeuner festif et gourmand dans les chais du vigneron qui reçoit. C'est la quatrième fois que se tient cette réunion de vins anciens.

Dès 9h30 du matin je suis à pied d'œuvre au restaurant Michel Chabran pour ouvrir mes vins, car j'ai prévu des grands formats qui nécessitent un long temps d'aération. Je suis assez nerveux, car si un vin en grand format n'est pas bon, cela posera un problème.

J'essaie d'ouvrir le jéroboam Corton-Charlemagne Caves de La Reine Pédauque 1949 et je ne trouve en haut de goulot que de la poussière de bouchon qui s'émiette. C'est avec le dos d'une cuiller que j'enlève le haut du bouchon ce qui allège la partie que je vais pouvoir extirper au tirebouchon sans que rien ne tombe dans le vin. Je sens le vin et j'ai bon espoir, car aucun défaut n'est perceptible.

Le jéroboam de Château La Gaffelière Saint-Emilion 1964 a une cire toute craquelée que je nettoie. Le bouchon vient entier, mais la partie inférieure est très comprimée et resserrée. L'odeur du vin n'est pas désagréable mais trop incertaine pour que je sois rassuré.

Le clou de ce que j'ai apporté pour cette réunion est un jéroboam de La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1957. Les prix des vins de ce domaine ont tellement explosé qu'un tel vin paraît impensable dans un tel atelier mais la raison de mon choix est la suivante : pour ouvrir une bouteille de ce format il faut une grande assemblée. Je n'ai pas un groupe d'amis tel que je puisse l'ouvrir. Je ne désire pas vendre les vins de ma cave autrement que dans des dîners, car vendre des vins c'est alimenter la spéculation, alors que les vendre dans des dîners n'alimente pas la spéculation puisque les vins sont bus. Ayant toujours reçu de Rhône Vignobles un accueil d'une grande amitié, il m'est apparu que l'issue de cette bouteille serait avec ces amis. Le niveau dans la bouteille est un peu bas mais tout-à-fait acceptable. La forme du verre de cette bouteille est telle que le diamètre du bouchon est presque celui du bouchon d'une bouteille. Le bouchon est noir en haut et dès que je veux piquer le tirebouchon je sens que le bouchon descend. Panique ! Avec des trésors de douceur j'arrive à piquer le tirebouchon dans le bouchon et, ouf, il remonte. Le premier nez est très discret et il n'a pas de défaut apparent. C'est une bonne nouvelle. Je reviendrai dix fois le sentir et j'assisterai à son éclosion qui d'heure en heure gonfle mon espoir.

Le double Magnum Château Branaire (Duluc-Ducru) Saint-Julien 1979 m'avait fait une mauvaise surprise, car le bouchon flottait au moment où j'ai voulu le mettre dans ma voiture. Je ne l'ai pas écarté, mais plusieurs bouteilles de secours sont venues compléter ma cargaison. Lorsque j'enlève la capsule, le vin n'a aucune mauvaise odeur. Il est très probable que le bouchon était bien en place dans ma cave et qu'il est tombé en prenant la bouteille. Nous verrons.

Tandis que j'officie, l'un des vignerons, Laurent Combier, m'apporte les vins qu'offrent trois vignerons. Pour prendre de l'avance, je les ouvre. Laurent m'apprend qu'un déjeuner pot-au-feu est prévu à son domaine. Je préviens vite mon fils qui est en train de courir dans les vignes pour qu'il soit prêt à l'heure dite.

L'apéritif se prend dans un hall ouvert du domaine Combier. N'ayant pas pris de manteau, je suis rapidement gelé. On peut boire des vins étrangers. Il y a un Orto Vino Bianco di Venezia 2016 fait par Michel Thoulouze sur une île proche de Venise. Je n'aime pas son excès de puissance, alors que le Terminim Cépages d'Or Alder Springs Vineyard 2017 fait par François Villard et Donald Pats en Californie à Mendocino County a une élégance subtile qui me convainc. Georges a apporté un Sherry Mackenzie & Cie Amantillado qui doit avoir plus de soixante ans et se présente comme un Xérès de grande qualité. Le pot-au-feu est en deux services, le bouillon seul, puis viande et légumes. Il est délicieux et roboratif.

Je m'éclipse vite, avant que l'on tire les rois avec des galettes, car les ouvertures n'attendent pas. Lorsque j'arrive au restaurant, oh stupeur, une serveuse 'bien' intentionnée, alors que j'avais clairement demandé qu'on ne touche à rien, a entassé les uns sur les autres les bouchons et les capsules que j'avais disposés dans des assiettes séparées pour qu'on puisse les reconnaître. Quand je suis contrarié, normalement, ça se remarque.

Il fait très chaud dans toutes les pièces de l'hôtel aussi allons-nous faire le tri des bouteilles à prendre ou ne pas prendre dans le jardin, le critère d'exclusion, tant il y a de flacons, étant plutôt celui de l'âge, les jeunes étant mis de côté.

Nous déterminons l'ordre de service, entre atelier et dîner, Georges et moi, et ceux qui nous regardent faire sont étonnés de nous voir nous mettre d'accord aussi vite. Il n'y a pas eu l'ombre d'un désaccord. Les bouteilles sont alignées dans l'ordre de service. Il faut maintenant ouvrir. Georges participe avec moi à cette opération et si nous n'étions pas dans cette ambiance amicale et joyeuse, sa méthode m'aurait fait m'évanouir. Georges plante son tirebouchon et d'un coup sec très vigoureux, il sort le bouchon en moins d'une seconde. Et ça marche. Tant mieux. Mais la suite vaut son pesant d'or. Il se verse un verre, goûte le vin, reverse le reste dans la bouteille qu'il couvre d'un film plastique en faisant un nœud avec le film lui-même. Si Georges estime que ça donne de bons résultats, vive la diversité ! Mais c'est un coup de poignard à l'oxygénation lente.

La dégustation démarre à 17 heures. Nous sommes 21 et il y a 18 vins à goûter. Je fais un court speech pour expliquer comment je conçois la dégustation des vins anciens et beaucoup m'ont remercié de cette introduction qui a permis qu'au lieu de rechercher les défauts, ils se soient astreints à rechercher les qualités.

Georges ne veut pas servir le Château Grillet 1981 qu'il annonce fortement bouchonné. Je lui demande de le goûter mais il ne veut pas, craignant que cela abîme la dégustation des vins qui suivent. On verra plus loin que les résurrections existent.

Le Corton-Charlemagne Louis Latour 1942 Ancien Domaine des Comtes de Grancey a un très beau parfum un peu laiteux mais très agréable. La bouche est d'une belle acidité. Le vin est élégant.

Le Château Hautes-Graves d'Arthus Saint-Emilion 1971 a une couleur très foncée et un nez un peu bouchonné. Le finale est un peu glycériné. Ce vin est plus fatigué que ce qu'un 1971 devrait être. Il est poivré et certains pensent qu'il est hermitagé.

Le Château Margaux 1964 est bouchonné.

Le Bourgogne Aubert et Pamela de Villaine à Bouzeron 1979 a un nez qui évoque le champignon et une bouche un peu faible. Le vin est trop fatigué et lorsque j'avais ouvert la bouteille, la moitié haute du bouchon laissait penser que ce vin a eu un coup de chaud dans une cave.

Le Moulin à Vent Coron Père & Fils 1964 a un nez un peu imprécis. La bouche est généreuse, mais on peut supposer que le vin a lui aussi souffert d'un coup de chaleur, ce qui attriste certains vignerons qui ont le souvenir de beaujolais merveilleux bus dans les ateliers précédents. Le vin est un peu torréfié.

Le Beaune Jessiaume Père & Fils 1947 a un nez superbe. La bouche n'est que du bonheur. Il est un peu rêche et rugueux, mais il est tellement bon ! C'est un vin générique et paysan qui a de beaux tannins.

Le Nuits Saint-Georges Les Allots tasteviné Henri Remoriquet 1971 a un nez très bourguignon. Il a beaucoup de douceur et semble un peu fortifié. Il a beaucoup de fruits et l'on ressent l'alcool. Il est chaud et solaire mais son goût s'écarte de son appellation.

Le Bonnes-Mares domaine Comte Georges de Vogüé 1972 a un nez très noble. Il est fabuleux et sa bouche est une sphère d'élégance. Il est de très haut niveau, beaucoup plus que son année. C'est un très grand vin.

Le Cornas Du Bourg 1975 a un nez superbe et riche mais la bouche est moins précise. Il est d'un millésime froid. Il est quand même intéressant car il ne laisse pas indifférent par son discours original.

Le Chambertin Louis Trapet Père & Fils 1978 a un nez d'une élégance incroyable. La bouche est saline et je retrouve un peu la salinité particulière des vins de la Romanée Conti. Le vin est riche mais raffiné. C'est un vin d'une élégance absolue.

Le Châteauneuf-du-Pape Delas Frères 1978 a un nez très subtil. La bouche est un peu lourde, mais le vin est gourmand. Ce vin un peu coincé s'exprimerait en situation de gastronomie.

Le Volnay Clos des Chênes Colomb Maréchal 1961 a un joli nez mais en bouche le vin n'est pas très net. Je suis incapable de le situer.

Le Crozes-Hermitage Delas 1981 est assez agréable mais fait très jeune dans une telle dégustation.

Le Châteauneuf-du-Pape Domaine de Saint-Préfert 1957 a un nez mentholé et de crayon. Il est très bizarre car il change de goût à chaque gorgée. C'est un vin très intéressant mais très troublant.

L'Arbois P.A. André négociant à Corton 1957 est-il un vin blanc ou un vin rouge ? Il est terriblement foncé et très caramel. Certains vignerons pensent que ce serait un rouge passerillé. Il a de la fraîcheur, du chocolat il est atypique et énigmatique. Je suis incapable de le situer.

Alors que jusqu'à présent les vins servis sont tous différents et ne se comparent pas, nous allons avoir deux millésimes d'un même vin. Le Torrès Gran Coronas Mas la Planas Miguel Torrès 1962 est un vin espagnol qui contient du cabernet sauvignon et du grenache. Il a un très beau nez et une bouche fraîche très agréable. Il a du café, de la menthe et une belle fraîcheur mentholée dans le finale. S'il y avait un soupçon de café en moins, il serait grandiose. Tel quel, il est quand même un peu trop lourd.

Le Torrès Gran Coronas Mas la Planas Miguel Torrès 1970 qui semble-t-il avait battu tous les premiers grands crus classés de Bordeaux sur le millésime 1970 est trop torréfié. Il est mentholé mais lourd, et ne m'apporte pas assez de plaisir. Je me méfie toujours des vins qui ont battu toute l'élite de Bordeaux.

Il y a eu dans cette dégustation des vins de tous niveaux, et le démarrage me faisait assez peur. Mais la suite nous a offert de grands moments, avec en particulier le Bonnes-Mares domaine Comte Georges de Vogüé 1972 que je classerais en premier, le Chambertin Louis Trapet Père & Fils 1978 que je classerais en second même s'il pourrait légitiment être ex aequo et le Beaune Jessiaume Père & Fils 1947 qui est mon troisième. D'autres aussi se sont bien comportés. Je suis content car aucun des participants n'a boudé les vins même quand ils étaient faibles. Apprendre les vins anciens suppose que l'on accepte les vins comme ils sont. Il n'y avait dans cet atelier aucun de mes vins. Ils sont prévus pour le dîner qui va suivre.

Georges a fait le service d'une façon absolument remarquable. Il a souvent donné des indications sur la géographie et les cépages du plus grand intérêt. Nous sommes tous contents, prêts à affronter le dîner préparé par Michel Chabran.


mes apports préparés chez moi les bouchons de mes vins les apports des vignerons du matin d'autres bouchons le déjeuner au domaine Combier les tables dressées pour le pot au feu Pour les ouvertures de l'après-midi, on a fait avec Georges une sélection et un ordre et les bouteilles ont été ouvertes ensuite Georges remet après ouverture un film plastique sur le goulot, ce qui freine l'oxygénation Le champagne Le Chateauneuf du Pape Beaurenard et le Chateau La Gaffelière Georges et moi une partie des bouchons les bouteilles sont remises en place   les bouteilles en fin d'atelier de dégustation

Un magnifique Grand Siècle samedi, 12 janvier 2019

J'avais acheté avec mon fils chez son fournisseur habituel quelques vins pour les repas que nous partagerions. Pour un dîner en famille chez mon fils nous ouvrons un Champagne Laurent Perrier Grand Siècle sans année qui doit être d'un dégorgement récent, si on regarde le bouchon qui s'est enflé à sa sortie du goulot. Immédiatement je suis conquis, captivé par son charme et il me semble que c'est le meilleur champagne que nous ayons bu depuis mon arrivée à Miami. Ce jugement est fait sans beaucoup réfléchir mais il se justifie par le fait que ce champagne est d'un charme fou. Il est romantique, très délicat et équilibré. C'est un peu Grace Kelly au sommet de sa beauté. Tout en lui m'enchante, malgré sa jeunesse.

Dîner au restaurant Ironside Kitchen vendredi, 4 janvier 2019

Avec des amis de mon fils et leurs enfants, nous allons dîner dans un restaurant italien Ironside Kitchen proche de Miami Downtown qui est installé en plein air à côté d'un centre de commerces qu'on baptiserait volontiers aujourd'hui un « incubateur de start-up », car ça fait plus chic. Lorsque nous sommes assis, nous apprenons que le restaurant ne vend pas d'alcool mais accepte que l'on vienne avec ses vins. Mon fils et son ami courent acheter des vins à la plus proche boutique et nous les boirons sur des pizzas.

Le Champagne Veuve Clicquot Brut sans année étiquette jaune que nous buvons me paraît moins expressif que celui que nous avons bu ce midi, mais l'atmosphère ambiante peut expliquer la baisse d'enthousiasme.

Dans les emplettes de dernière minute il y a deux vins de Coppola, un blanc et un rouge. Je ne goûterai que le Pinot Noir de Francis Coppola Diamond Collection 2015 qui titre 13,5° et je n'insisterai pas car ce vin simple est à l'image des vins parkérisés, formatés pour des amateurs internationaux qui trouveront ce goût partout. Je l'ai délaissé pour rester sur le champagne qui par contraste m'a souri de plus en plus.

J'avais acheté avec mon fils chez son fournisseur habituel quelques vins pour les repas que nous partagerions. Pour un dîner en famille chez mon fils nous ouvrons un Champagne Laurent Perrier Grand Siècle sans année qui doit être d'un dégorgement récent, si on regarde le bouchon qui s'est enflé à sa sortie du goulot. Immédiatement je suis conquis, captivé par son charme et il me semble que c'est le meilleur champagne que nous ayons bu depuis mon arrivée à Miami. Ce jugement est fait sans beaucoup réfléchir mais il se justifie par le fait que ce champagne est d'un charme fou. Il est romantique, très délicat et équilibré. C'est un peu Grace Kelly au sommet de sa beauté. Tout en lui m'enchante, malgré sa jeunesse.

Dîner chez mon fils avec des amies américaines lundi, 31 décembre 2018

Le jour suivant, le soleil est très chaud. Mon fils vient chercher ma femme sur son sidecar Royal Enfield dont le moteur chante une musique élégante et racée. La journée se passe de façon quiète. Le soir mes deux amies américaines, Lilly et Sarah, qui sont les plus fidèles participantes de mes dîners, viennent dîner chez mon fils. L'une vit à Boston et fait le voyage jusqu'à Miami uniquement pour ce dîner. L'autre a vécu à Miami et vit maintenant à Charlotte. Son séjour à Miami est plus long. Elle est accompagnée d'une de ses amies, décoratrice en cette ville. Il y aura donc pour le dîner mon fils, sa femme et ses deux enfants, ma femme et les trois américaines.

Nous commençons avec un Champagne Louis Roederer Brut Nature 2009 élaboré avec Philippe Starck. Le champagne est agréable mais sans grande passion. Lilly me trouve sévère, mais le champagne suivant va confirmer mon jugement.

Le Champagne Dom Pérignon 2008 « legacy edition » dont l'étiquette porte les noms des deux chefs de cave pour affirmer la continuité de l'approche de l'ancien et du nouveau est un champagne brillant, vivant, d'une grande énergie. Sa petite acidité est adoucie par les délicieux amuse-bouches préparés par ma belle-fille, crème de petits pois, crevettes très épicées, gaufrettes au parmesan, céleri branche et crème au céleri, olives vertes et gressins, et d'autres choses sans doute. Ce champagne est promis à un bel avenir, car il va s'élargir et s'anoblir.

Le repas consiste en des poulets cuits à la perfection, accompagnés d'une purée de patates douces et de petits dés de maïs pané. L'Ermitage Le Pavillon de M. Chapoutier 2005 est un vin que j'avais acheté à Miami lors d'un de mes précédents séjours auprès de mon fils. D'emblée on sent que l'on boit grand. Le vin est doté d'un velours extrême. Tout en lui est velours, grâce et charme. Le finale est très riche en fruits noirs, comme du cassis, avec une fraîcheur quasi mentholée qui claque dans la fin du parcours de ce vin.

Hier, parmi d'autres achats, j'avais acquis un Sassicaia Tenuta San Guido Bolgheri Sassicaia 2014. Dès la première gorgée on est frappé par la noblesse de ce vin de Toscane et aussi par sa profondeur. Ce vin est impressionnant. Alors il est tentant de chercher celui que l'on préfère de ces deux vins rouges si dissemblables. Sarah est une des convives de mes dîners qui a le plus souvent des votes très comparables aux miens. Au château d'Yquem elle était la seule des convives qui avait les trois premiers de son vote identiques aux miens. Or ici, nous divergeons car je préfère l'Ermitage plus romantique à l'italien plus guerrier. Mais je vais changer d'avis deux fois lors de l'épanouissement des vins dans les verres. Ils sont fascinants tous les deux, le vin du Rhône étant velours et charme, et l'italien noblesse et profondeur.

J'avais imaginé que nous boirions trois vins rouges aussi mon fils avait ouvert un Clos-Fourtet Saint-Emilion 2000. Or ma belle-fille a servi des fondants au chocolat sur lequel est prévu un Banyuls Vial-Magnères Olivier et Chrystel Sapéras 4 ans d'âge. Je goûte rapidement un soupçon du vin de Bordeaux qui me paraît d'un niveau très élevé comme les deux vins précédents.

Le Banyuls est naturellement plus adapté que le bordelais au fondant. Mais c'est un Banyuls assez ordinaire, et, je ne sais pas pourquoi, l'image qui me vient est que la qualité des tonneaux dans lesquels ce Banyuls a vieilli n'est pas parfaite. Malgré tout, l'accord se fait et c'est ce qui compte.

Les discussions sur mille et un sujets ont été passionnantes. Nous avons même bâti des projets de futurs dîners. Mes amies américaines sont insatiables, et tant mieux. Ma belle-fille a réussi un repas de haute qualité. Il ne reste plus qu'un jour en 2018, mais ce 30 décembre fut un sommet.

Le lendemain pour le déjeuner, il faut que l’on goûte dans de meilleures conditions le Clos Fourtet 2000. Le Sassicaia 2014 dont il restait un peu va servir de témoin. Sur ce qui reste des poulets, le Clos Fourtet se présente comme un vin glorieux, impressionnant. Son nez est conquérant, sa bouche est précise, riche, altière d’un saint-émilion parfait. C’est la forme la plus aboutie de ce que peut être un saint-émilion riche en pleine possession de ses moyens. Il respire la truffe. Il est beau, équilibré, une réussite absolue. Alors, le classement des trois rouges sera : 1 – Clos Fourtet 2000, 2 – Ermitage Le Pavillon Chapoutier 2005, 3 – Sassicaia 2014.

bulletins du 2ème semestre 2018, du n° 786 à 808 mercredi, 26 décembre 2018

(bulletin WD N° 808 181224)   Le bulletin n° 808 raconte : 230ème dîner de wine-dinners au château d’Yquem, où les six vins préférés des convives ont une moyenne d’âge de 110 ans.

(bulletin WD N° 807 181224)   Le bulletin n° 807 raconte : déjeuner au restaurant Matsuhisa de l’hôtel Royal Monceau, apéritif à l’hôtel restaurant Lalique du château Lafaurie-Peyraguey, dîner au restaurant le Saprien à Sauternes, déjeuner au château d’Yquem et ouverture des vins du 230ème dîner.

(bulletin WD N° 806 181218)   Le bulletin n° 806 raconte : dîner de gala annuel de l’Académie du Vin de France précédé d’une Paulée, dîner d’anniversaire d’un ami avec une sublime Romanée-Conti.

(bulletin WD N° 805 181211)   Le bulletin n° 805 raconte : dîner à Beaune au restaurant Le Conty, dégustation des 2014 de la maison Bouchard Père & Fils, dîner à l’Orangerie du château de Beaune avec un sublime 1918.

(bulletin WD N° 804 181204)   Le bulletin n° 804 raconte : lancement du guide Gault & Millau 2019 avec un dîner au restaurant La Felicita, dégustation des vins des maisons Mumm et Perrier-Jouët au siège de Perrier-Jouët, dîner à la Maison Belle Epoque de Perrier Jouët, fonds de bouteilles avec mon fils.

(bulletin WD N° 803 181127)   Le bulletin n° 803 raconte : déjeuner au restaurant Pages illuminé par un vin de 1911, déjeuner de famille et dîner au caviar..

(bulletin WD N° 802 181120)   Le bulletin n° 802 raconte : dîner avec ma fille cadette, déjeuner au restaurant L’Ecu de France, dîner avec ma femme, déjeuner de famille, dîner à la manufacture Kaviari avec le chef Kei Kobayashi du restaurant Kei, déjeuner au restaurant Epicure.

(bulletin WD N° 801 181113)   Le bulletin n° 801 raconte : déjeuner chez des voisins, déjeuner de conscrits au Yacht Club de France, déjeuner au restaurant La Rotonde et 18ème dîner de vignerons, « dîner des amis de Bipin Desai », 229ème de mes dîners, avec un vin mythique au restaurant Laurent.

(bulletin WD N° 800 181106)   Le bulletin n° 800 raconte : déjeuner au restaurant Taillevent avec mon ami Tomo, dîner au restaurant Akrame avec Bipin Desai, déjeuner dans ma cave avec un archéologue, en vue d’une exposition.

(bulletin WD N° 799 181030)   Le bulletin n° 799 raconte : Plusieurs repas de famille : déjeuner et dîner avec mon fils, dîner de champagnes Krug, anniversaire de ma fille cadette, une fois avec mon fils et une fois avec ma fille aînée.

(bulletin WD N° 798 181023)   Le bulletin n° 798 raconte : le 228ème dîner de wine-dinners au restaurant Akrame pourrait s’appeler, en paraphrasant Gene Kelly, ‘drinking in the rain’.

(bulletin WD N° 797 181016)   Le bulletin n° 797 raconte : dîner à 18 mains, occasion pour neuf chefs de composer un menu exceptionnel au restaurant Passage 53 puis, au restaurant Pages, 227ème dîner de wine-dinners.

(bulletin WD N° 796 181009)   Le bulletin n° 796 raconte : déjeuner au restaurant Le Gaigne, déjeuner impromptu au château d’Yquem où je livre les vins d’un futur dîner, dîner dans un château au nord de Bordeaux avec un vin à l’émotion transcendantale.

(bulletin WD N° 795 181002)   Le bulletin n° 795 raconte : dîner avec des amis dans le sud, déjeuner avec d’autres amis dans le sud, déjeuner au restaurant Akrame et présentation des vins du groupe de vignerons bordelais « les 5 nés sous une bonne étoile » aux Caves Legrand Filles & Fils.

(bulletin WD N° 794 180925)   Le bulletin n° 794 raconte : dîner avec des amis dans le sud, dîner avec une amie et dîner au restaurant gastronomique Christophe Bacquié de l’hôtel du Castellet.

(bulletin WD N° 793 180918)   Le bulletin n° 793 raconte : avec l’équipe des gourmets du 15 août, dîner au champagne, dîner chez des amis et dîner final à la maison.

(bulletin WD N° 792 180911)   Le bulletin n° 792 raconte : nombreux dîners en famille ou avec des amis, déjeuner au restaurant BOR à Hyères, arrivée d’amis qui font partie de la tradition gastronomique du 15 août et dîner au restaurant La Vague d’Or de l’hôtel La Pinède à Saint-Tropez.

(bulletin WD N° 791 180904)   Le bulletin n° 791 raconte : déjeuner chez un cousin près d’Orange, repas de famille dans le sud, déjeuner au restaurant BOR, succession de repas de famille ou d’amis avec notamment de très grands champagnes.

(bulletin WD N° 790 180828)   Le bulletin n° 790 raconte : au Plaza Athénée, dîner de célébration de la transmission du savoir-faire de Richard Geoffroy vers son successeur Vincent Chaperon, dîner dans le sud chez des amis, déjeuner avec d’autres amis dans ma maison du sud, déjeuner au restaurant de l’hôtel BOR.

(bulletin WD N° 789 180821)   Le bulletin n° 789 raconte : passage impromptu aux caves Legrand, dîner au restaurant Le Grand Véfour, deux repas avec mon fils, présentation à l’abbaye d’Hautvillers, siège de Dom Pérignon, dans les vignes, du Dom Pérignon 2008 et autres dégustations.

(bulletin WD N° 788 180717)   Le bulletin n° 788 raconte : dîner chez des amis avec des vins exotiques, 226ème dîner de wine-dinners à la Cave d’Exception de l’Hôtel de Crillon, avec des innovations dans les accords.

(bulletin WD N° 787 180710)   Le bulletin n° 787 raconte : déjeuner de famille, 225ème dîner de wine-dinners au restaurant Pages.

(bulletin WD N° 786 180703)   Le bulletin n° 786 raconte : déjeuner au restaurant de poissons Le Duc, apéritif dans la brasserie le 116 Pages du restaurant Pages, dîner au restaurant Taillevent, avec des vins rares.

boutique « Divins » 25 rue Hérold dans le 1er arrondissement samedi, 22 décembre 2018

Thomas Bravo-Maza est le journaliste qui a fait en 2014 le film « Quatre Saisons à la Romanée Conti » où l'on me voit avec mon ami Tomo boire deux Romanée Conti, 1986 et 1996. Thomas s'est reconverti dans le vin et avec une bande d'amis il a ouvert une boutique « Divins » 25 rue Hérold dans le 1er arrondissement. Il voulait me la montrer. Dans une rue discrète et derrière une façade qui l'est aussi, la surface est étonnamment grande. On y fait des conférences, des dégustations et on y vend du vin. Thomas est en pleine forme et tout souriant. J'ai peu de temps devant moi aussi nous n'aurons pas le temps de boire le vin que j'ai apporté. Nous trinquons sur un Champagne André Heucq extra-brut sans année qui est à 100% en pinot meunier. C'est un champagne sans concession très vert, très tendance actuelle mais qui ne manque pas d'intérêt et serait volontiers gastronomique.

C'est un plaisir de revoir cet homme passionnant. Sa boutique vous attend, courez-y.

Dîner au siège de Grains Nobles après la dégustation des DRC mercredi, 19 décembre 2018

Dans la jolie salle voûtée du siège de Grains Nobles, la dégustation des 2015 du domaine de la Romanée Conti est suivie d'un dîner d'amitié avec Aubert de Villaine, Michel Bettane, Bernard Burtschy, d'autres amis et Pascal Marquet, dirigeant de la société Grains Nobles qui fait aussi restaurant. Le dîner est simple mais goûteux, avec un bœuf bourguignon qui se dévore avec plaisir. Les vins sont les apports des uns et des autres, sans schéma déterminé.

Le Champagne Charles Heidsieck Blanc des Millénaires blanc de blancs 2004 est d'une grande solidité. C'est un grand champagne qui défie le temps. Le Puligny-Montrachet Les Réferts Louis Carillon 1988 a un peu souffert et apporte peu d'émotion.

Le Coteaux Champenois Ambonnay rouge Cuvée des Grands Côtés Vieilles Vignes Egly-Ouriet 2005 est magnifique. J'adore ce rouge assez inhabituel et de forte personnalité. Je me régale.

Le Volnay Clos des Chênes Michel Lafarge 1990 en revanche a peut-être eu un problème car je ne trouve pas en ce vin ce qu'il pourrait être.

J'ai apporté un Vin de l'Etoile Philippe Vandelle 1964 et je ne peux pas être objectif avec ce vin du Jura que j'adore. Il a tout pour lui, profond, vif, complexe et en même temps charmant.

Comme il se fait tard, je pars avant la fin, en emportant le vin que j'ai apporté pour que mes enfants puissent le goûter. Chaque année, cette dégustation des vins de la Romanée Conti est un plaisir car la présentation des vins par Aubert de Villaine est d'une hauteur de vues que j'apprécie, et écouter les remarques de Michel Bettane et Bernard Burtschy est un enchantement. Comment est-ce possible qu'ils aient une telle culture du vin ? Je suis émerveillé et l'accueil de Grains Nobles est amical. Ces moments sont précieux.

Dégustation des 2015 du Domaine de la Romanée Conti dimanche, 16 décembre 2018

Chaque année au siège de la société Grains Nobles, Aubert de Villaine présente les vins du domaine de la Romanée Conti qui viennent d'être mis en bouteille. Nous goûterons les 2015. Il commence par un exposé sur la climatologie de l'année 2015 en disant que tout s'est joué en un seul acte marqué par une harmonie tout au long de l'année. C'est l'inverse de ce qui s'est passé en 2018, année aux scénarios très contrastés. L'hiver du début 2015 a été humide avec beaucoup de pluies, qui ont constitué de très précieuses réserves d'eau. Il y a eu beaucoup de grappes. Le vent du nord a été déterminant pour ce millésime. Le printemps a été sec avec deux fortes pluies qui sont arrivées au moment opportun. La floraison a été précoce et très homogène, sans coulure ni millerandage avec des baies très homogènes. En juillet il y a eu très peu d'eau avec une semaine de canicule. Un peu de pluie est apparue dans la première quinzaine d'août. Il a fait plus frais. La chaleur est revenue dans la deuxième quinzaine d'août et le 31 août la récolte a commencé, avec des grains aux petites peaux épaisses. On a commencé par le Corton puis le Montrachet. Le 3 septembre on a vendangé à Vosne Romanée puis La Tâche, puis le Richebourg, jusqu'au 14 septembre.

Les rendements ont été moyens, avec des vinifications faciles en fin de fermentation. Les sucres sont apparus en fût, ce qui a donné de l'onctuosité. C'est un des millésimes les plus parfaits, chaud et précoce, qui n'a rien à voir avec le 2003.

La dégustation commence par le Corton Prince Florent de Mérode Domaine de la Romanée-Conti 2015. Il est fait de trois climats, Clos du Roi, Bressandes et Renardes. Aubert de Villaine aimerait faire trois cuvées lorsque le travail en vigne aura été définitivement accompli mais Michel Bettane n'est pas de cet avis, car le Clos du Roi a encore des vignes de qualité moyenne. Le vin a une belle couleur fraîche. Le nez est profond avec un peu de tabac. La bouche est un peu lactée et le finale un peu trop opulent. Le vin est plus riche que fin. Michel Bettane dit qu'il est déjà très Domaine de la Romanée-Conti. Il y a 70% de vendange entière. Le vin devient plus gourmand car il s'élargit dans le verre. Personnellement je ne reconnais pas le style Domaine de la Romanée-Conti. Il y a 50% de futs neufs et en 2018 on est passé à 100%.

L'Echézeaux Domaine de la Romanée-Conti 2015 a une couleur plus violine. Le nez est plus flatteur et plus subtil. Là aussi, il y a beaucoup de richesse et de générosité ce qui n'est pas ce qui me plait le plus, car il est trop charmeur pour moi. Il a un belle texture et 100% de grappes entières. Il gagne en complexité. Il devient nettement meilleur, Michel dit qu'il y a du soleil dans ce vin.

Le Grands Echézeaux Domaine de la Romanée-Conti 2015 a une belle couleur et un nez très fin et très noble. La bouche ne me semble pas très assemblée. Il y a une lutte entre la gaieté et l'amertume. Il est un peu trop doux. C'est un vin à garder pour qu'il devienne cohérent. Il devient plus amer quand il se réchauffe. La douceur disparaît alors. Il est urgent d'attendre.

La Romanée Saint-Vivant Marey-Monge Domaine de la Romanée-Conti 2015 a une couleur plus profonde et un nez assez retenu et discret. La bouche est plus dynamique, avec un soupçon de perlant. Le nez s'exprime plus. Le vin est riche et tonique. Il y a un peu de suavité en plus du caractère rêche. C'est lui aussi un vin qu'il faudra attendre. Aubert dit que le nom du vin correspond à son caractère. Romanée, c'est le côté bon vivant. Saint-Vivant, c'est le côté cistercien de l'abbaye de Saint-Vivant. Le finale est vert, rêche, très rafle. Il est viril et évoluera bien.

Le Richebourg Domaine de la Romanée-Conti 2015 est un vin dont Michel dit qu'il revient en forme car il est mieux fait. La couleur est belle et le nez superbe. Voilà enfin un vin qui se montre grand, fabuleux, épanoui. Il est tellement bien assemblé, joyeux, au finale poivré délicieux. Ce vin riche est surtout d'une cohérence totale. Il est à la fois aérien et puissant. Il ne fait pas guerrier, il se montre serein, accompli, énorme, parfait. Quelle belle bouteille !

La Tâche Domaine de la Romanée-Conti 2015 a une belle couleur et un nez charmeur. La bouche est suave. Contrairement au Richebourg qui se boit bien maintenant, il faudra attendre longtemps avant que La Tâche 2015 atteigne le niveau qu'il promet. Il est charmant, au finale rêche mais noble. La franchise et la noblesse sont là. Il faudra juste attendre. C'est la noblesse qui m'impressionne.

La Romanée-Conti Domaine de la Romanée-Conti 2015 a une belle couleur, un nez très subtil et une bouche subtile et raffinée. Il est fermé mais grand. Il ne donne pas encore le plaisir qu'on devine mais le vin s'épanouit. Il marie douceur et complexité. Il est plus une promesse qu'un plaisir. Puis la grandeur arrive. La trace en bouche devient superbe comme le parfum. Aubert dit que la parcelle de la Romanée Conti n'est pas solaire mais résiste bien à la chaleur. Il dit que le caractère chaud du millésime se percevait il y a un an, mais qu'il a disparu, le vin allant plus vers l'élégance.

Le Montrachet Domaine de la Romanée-Conti 2015 a été vendangé très tôt, juste après le Corton. La couleur est très claire et le nez est incroyable. C'est pour moi le nez parfait. La bouche est sublime, d'un plaisir total. Il est fluide tout en étant puissant. Sa puissance est contrôlée, avec beaucoup de poivre. Il est d'une profondeur incroyable. Sa longueur est folle, sa densité gigantesque. Les raisins sont totalement sains, sans botrytis. Je me demande comment ce vin pourrait devenir meilleur tant il a tout ce qu'on attend d'un montrachet parfait. Je suis subjugué par ce vin.

Des huit vins que nous avons bus, il y en a deux qui sont à cet instant précis dans un état exceptionnel, le Montrachet et le Richebourg. Les six autres sont de belles promesses, mais des promesses seulement aussi par exemple, ai-je beaucoup moins ressenti l'émotion de la Romanée-Conti que je ne l'ai fait en d'autres séances de dégustation au même endroit et au même stade d'évolution. Il est certain que nous sommes en face d'une très grande année et que c'est un privilège de déguster ces vins commentés par celui qui dirige le domaine avec tant de talent. Comme à l'accoutumée, la jolie salle voûtée se vide et nous nous retrouvons à quelques-uns pour un dîner d'amitié avec Aubert de Villaine, Michel Bettane, Bernard Burtschy, d'autres amis et les dirigeants de Grains Nobles.

Lunch in my cellar with Krug executives and unconventional wines samedi, 15 décembre 2018

1 - Lunch in my cellar with Krug people

The president of the Krug champagne house, Marguerite Henriquez, sends me a message telling me that she wishes to offer a gift to her oenology team. His idea would be a cellar visit with "special" tasting. The use of the word "special" opens the door to all the follies, so, without hesitation, I say yes. The idea that comes to me then is to treat this visit with the spirit of my dinners with a particularity: in my dinners, the bottles that I choose are among the most beautiful and the most healthy of my cellar. I try to exclude the risk. As there will be oenologists to whom I want to show "my world" of wine, I will be able to choose bottles at risk, since I have the opportunity to open others when I'm in my cellar.

What excites me also is to be able to show that bottles that almost all sommeliers would discard and refuse to serve possess unexpected charms. The chance smiles on the daring and also adds two good news: Olivier Krug will be visiting, and it is Arnaud Lallement, the three-star chef of the Assiette Champenoise, who will provide picnic meal in my cellar.

I want to make a program of madness and this is the unique opportunity to fill a gap. I have drunk all the vintages since 1885 until 2017 except one, the vintage 1902. The opportunity is beautiful to make this series continuous.

The eight executives of the Krug house arrive early with the very chic wicker baskets of a competition picnic. The tour begins with a presentation of my vision of wine and what I want them to discover in a wine world that is not their usual world. I announce that there will undoubtedly be tasting of possible dead wines, but that this must be part of the course. After the cellar visit, which allows us to check that I have cellared some Krug (phew), everyone settles at the table. The dishes are spread out like a feast, diced ham, smoked salmon, foie gras, pâté croute pie, cheeses including camembert and epoisses, apple pie.

We start with a Champagne Krug Private Cuvée from the 50s / 60s which has lost 20% of its volume. The choice of such a bottle is voluntary. The color is amber with a little gray. There are two levels in this wine. On the attack, we feel bitterness that signs the age, but from the middle of the mouth, it is as if the sun rose, the wine is round, happy, with a smiling fruit. Its final is unquenchable. And what is exciting is that very quickly it no longer has any defect.

I announce that the first two whites could be to throw, because at the opening of the wines at 9 o'clock, they were not encouraging. The Meursault Patriarche 1942 at very low level and dark color is the ideal candidate for the sink. At the opening anyone would have rejected and I expected the worst. What a surprise to see that it is round, balanced, discreet no doubt, but very endearing. It is even drinkable and the most surprising is that it is consistent. The slow oxygenation has done its work.

The Meursault-Perrieres Mrs. Lochardet 1929 to the lighter color and the higher level has more presence and depth. It is more strict with a nice acidity, which makes it possible to hesitate between 1942 and 1929, between roundness and righteousness. The two possible candidates for the sink have shown tastes that interest oenologists.

The Meursault Goutte d'Or the grand son of Henri de l'Euthe 1945 is very beautiful and juicy, with great consistency. He has a beautiful fruit. It looks like he's thirty, it would not shock anyone. There are beautiful rays of sun in this wine.

For foie gras, I want to present now a wine planned later, Château Grillet 1982 which, like the Coulée de Serrant, is one of the five great whites for Curnonsky. The level is perfect, the color is clear and immediately, we are in front of a well built wine, solid, square. He is quite esoteric because we know he is great, but we would like to know why. Because he is a colossus who does not want to show his emotions. We love him because he is rich and square but not because we are moved.

Chablis J. Faiveley 1926 creates a shock for everyone. How is it possible that a wine of 1926 that is 92 years old can have the crazy youth of a wine of twenty years? In addition, it is fresh, light, primesautier, ready to all the follies. So, it's a real shock. With this wine we enter 'my' world of wine, 'my', not because it belongs to me, but because I live there.

For Bordeaux, I did not play the ease. Château Durfort-Vivens 1916 had surprised me by its nose of raspberry and currants at the opening, just like the Beychevelle 1916 of the Academy of ancient wines. It still has those intonations of raspberry and currant, which could be a marker of 1916. The wine has a nice acidity, and a nice strength. It's a great wine like the 1895 Durfort I had drunk at Bern's Steak House in Tampa.

Château Latour 1902 is the first wine I drink of 1902 that allows me to have a chain without discontinuity from 1885 to 2017, to which is added fifty older vintages, but with breaks in this older chain. The nose was engaging. When I serve, oh surprise, the wine is depigmented. The first contact is quite watery. But, it is the magic of the wine, the Latour assembles, is structured. It is not really typical Latour, but we feel its nobility. It's with my son that I'll see how the bottom of the over-pigmented wine behaves.

For Burgundy I wanted to make an association without competition of two wines of the same climate. The Romanée Saint-Vivant Les Quatre Journaux 1929 at the very beautiful level is a beautiful and opulent wine, serene, solid, built with a lot of charm. It is an exceptional wine of seduction. Its parcel of Saint-Vivant is next to Romanée Conti.

The Romanée Saint-Vivant Domaine Romanée Conti 1983 is from a weak vintage. Also its thundering scent is a big surprise. The nose is captivating and in the mouth the signature of Domaine, rose and salt is a force that I did not suspect of this wine drunk several times. This wine is brilliant.

For lack of Comté, it is with the epoisses that we drink the Château Chalon Jean Bourdy 1945. What strikes is that it is all in equilibrium. The nut is discreet, the wine is dosed and accomplished. It is easy to understand because everything in it is measured and elegant.

I had planned to finish with a Yquem 1970 but the atmosphere is so nice that I say to myself: let's be crazy and go back a century. I will look for (and it is the advantage to have a meal in my cellar) a 1870 Cyprus Wine. This wine is the Arabian Nights. It explodes with pepper and liquorice but it is especially a perfect wine. While it is supposed to be soft it is dry and while it is supposed to be heavy, it is airy. Its aromatic persistence is infinite. He will have a banana republic vote.

We are voting for our five favorite among twelve wines. We are nine to vote. Ten out of twelve wines receive a vote. The two excluded are the Krug of the beginning but I think it was out of politeness that my guests did not vote for the wine of their house, and the Meursault 1929 yet appreciable. There are only three wines named first because Cyprus has cannibalized six first votes, the wine of Romanée Conti has two first votes and the Meursault 1945 has a vote of first.

The ranking of the consensus would be: 1 - Wine of Cyprus 1870, 2 - Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 1983, 3 - Romanée Saint-Vivant Les Quatre Journaux 1929, 4 - Chablis J. Faiveley 1926, 5 - Meursault Goutte d'Or the grandsons of Henry of Euthe 1945, 6 - Château Latour 1902.

My classification: 1 - 1870 Cyprus Wine, 2 - Romanée Saint - Vivant Domaine de la Romanee Conti 1983, 3 - Romanée Saint - Vivant Les Quatre Journaux 1929, 4 - Chablis J. Faiveley 1926, 5 - Château Grillet 1982.

I greatly appreciated the listening attitude of my guests. They entered a world they practice little or not and have discovered that the life of a wine has no limit. The atmosphere of dinette to the good franquette, but franquette three stars anyway, allowed exciting conversations. I was delighted to receive those who make a champagne that I love. This form of meal where we give to bottles at risk the possibility of expressing themselves pleases me a lot. Thank you Maggie for allowing this moment of sharing and warm friendship.

2 – the wines, the day after, with my son

The day after the reception of Krug executives for a picnic in my cellar, I drank with my son, who was not expecting it, the remains of the wines of the lunch, plus two wines that remained from dinner in Yquem, that I absolutely wanted him to discover. My wife has planned scallops with thin slices of fried black radish, a veal cooked at low temperature with a truffle purée, cheeses and meringue hemispheres sprinkled with chocolate chips that once evoked frizzy heads.

Champagne Krug Private Cuvée 50/60 was finished yesterday, which proves that we liked it. The Meursault Patriarche 1942 still has a gray amber color. Immediately I feel that he is clearly better than yesterday, broad and happy, with good fruit. What a surprise when we know that this wine would have been ignored by amateurs who would not have known that it was necessary to wait.

The Meursault-Perrieres Mrs. Lochardet 1929 is also wider than the day before but it still kept its strict character. Yesterday we could hesitate between 1942 and 1929 but today doubt is no longer allowed, the 1942 is much more generous than the 1929 yet a great year.

I serve the Meursault Goutte d'Or the grand sons of Henri de l'Euthe 1945 and I see the face of my son who is transformed. He is as if paralyzed. He tells me he never drank that. He finds this wine absolutely perfect. I agree with his analysis even if I do not have such a strong emotion. The wine is now imperial, powerful, broad and opulent. It is properly named because every drop of this wine is gold. This wine is just happiness with a rare depth. Here are three wines that are better than yesterday.

The Château Grillet 1982 is wider than yesterday, solidly camped. He gives more emotion, but still remains on his reserve. Solid, he is brilliant, without delivering yet what time will give him one day.

Chablis J. Faiveley 1926 is a surprise as big as yesterday. He is of a youth that cannot be imagined. Like father such sons, because yesterday I told my guests that if it was said that this is a 1988 wine nobody would contradict and here is my son who says: we would give him twenty years. This wine is an enigma, fluid, delicate, crazy youth. He is at the same level as yesterday, crazy charm.

The Château Durfort-Vivens 1916 has lost some of its red fruits, even if you feel them, and it has become stricter with a small hollow in the middle of the mouth. I cannot say that the night has improved it.

The reaction of my son on the Meursault 1945, I will have with the Château Latour 1902. First of all I expected that the depigmentation of the beginning of bottle would give for what remains a black wine loaded with all the pigments, but this is not the case. It is only at lees level that the liquid will be black. But I am absolutely overwhelmed by this wine that has become a monster of charm and delicacy. Yesterday, I was looking for his soul Latour and today I have in front of me one of the greatest Latour I had the chance to drink, all lace and suggestion. I enjoy this moment and my son is more reserved on this wine. So we had our moments of grace on two different wines. This Latour is clearly above yesterday.

The Romanée Saint-Vivant Les Quatre Journaux 1929 is a racy wine, noble and powerful. He is a lord. He is exactly in line with what he said yesterday. It is a grand and flourishing wine. What a shame that there was so little left, but all the better for my guests yesterday.

The Romanée Saint-Vivant Domain Romanée Conti 1983 is significantly less brilliant than yesterday. It was pink and salt. It is still salt, but has lost the flower for a rather roasted taste. He lost his freshness and got a little stuck. He is good of course but does not have the spark of genius that I had perceived yesterday.

We do not drink Château Chalon Jean Bourdy 1945 that we keep for a future meal, because I wish we would now taste three exceptional liquoreux.

There remains a small part of the 1891 Chateau d'Yquem from the dinner at Yquem. One can feel a tiny trace of evaporation that has extinguished some fires, but this Yquem is still splendid, with evocations of orange zest extremely delicate. He is always so well structured. My wife drinks what makes me happy. We turn the page of a historic wine of the most beautiful nobility.

The following exercise excites me to the highest point. Because it is very rare that I put together so old muscatés sweet wines. I put one at the end of the meal and I do not remember to have put two.

The 1870 Cyprus Wine is lively, very dry, with a very nice little bitterness and its markers are pepper and licorice.

The 1872 Malaga I had included in the dinner at Yquem is a little rounder and fat. It has more sun and its markers are coffee and cocoa. So here are two wines that I have each ranked first in the meal where he was who are face to face. They are very different and I must say that, as for my son, the Malaga is my favorite because it has more joy of life and depth. Both wines are marvels, with endless aromatic persistence, and deserve the first places they had in my votes, in the two meals where they were placed, in final bouquet.

This second tour of the wines of the day before leads me to questions. I opened the wines yesterday at 9 o'clock and they may not have had enough time to assemble. They were served and stirred, moved in my car in the cave-house route, and a majority of them are better today than yesterday. Does this mean that I should have opened them the day before? Or would a carafe after slow oxygenation have brought them to the state they had today? This is a subject that I will have to dig. In addition, the youngest wine, 1983 Romanée Conti is the only one that has regressed frankly when he was brilliant yesterday. Does this extra day only benefit old wines? In addition, it was the wines that had the lowest levels in the bottle that benefited the most from additional oxygenation.

These are some questions that I will have to solve. Because it is fascinating to see how much the elected representatives of the day of my son and me, Meusault 1945 and Latour 1902 have progressed, beyond all expectations.

Wine is a mystery and I'm never at the end of its surprises.

(see pictures of this lunch two articles below)

Les vins du 231ème repas le lendemain samedi, 15 décembre 2018

Le lendemain de la réception des cadres de Krug pour un piquenique dans ma cave, j'ai bu avec mon fils, qui ne s'y attendait pas, les fonds de bouteilles du déjeuner, plus deux vins qui restaient du dîner à Yquem, que je voulais absolument qu'il découvre. Ma femme a prévu des coquilles Saint-Jacques avec de fines tranches de radis noir poêlées, un veau cuit à basse température avec une purée à la truffe, des fromages et ces hémisphères de meringue saupoudrés de copeaux de chocolat qui évoquaient jadis des têtes crépues.

Le Champagne Krug Private Cuvée années 50/60 avait été fini hier, ce qui prouve qu'on l'avait aimé. Le Meursault Patriarche 1942 a toujours une couleur d'un ambre grisé. Immédiatement je sens qu'il est nettement meilleur qu'hier, large et joyeux, au beau fruit. Quel étonnement quand on sait que ce vin aurait été ignoré par des amateurs qui n'auraient pas su qu'il fallait attendre.

Le Meursault-Perrieres Mme Lochardet 1929 est lui aussi plus large que la veille mais il a quand même gardé son caractère strict. Hier on pouvait hésiter entre le 1942 et le 1929 mais aujourd'hui le doute n'est plus permis, le 1942 est beaucoup plus généreux que le 1929 pourtant d'une grande année.

Je sers le Meursault Goutte d'Or les petits fils d'Henri de l'Euthe 1945 et je vois le visage de mon fils qui se transforme. Il est comme tétanisé. Il me dit qu'il n'a jamais bu cela. Il trouve ce vin absolument parfait. Je rejoins son analyse même si je n'ai pas une émotion aussi forte. Le vin est maintenant impérial, puissant, large et opulent. Il porte bien son nom car chaque goutte de ce vin est de l'or. Ce vin n'est que du bonheur avec une profondeur rare. Voilà trois vins qui se présentent mieux qu'hier.

Le Château Grillet 1982 est plus large qu'hier, solidement campé. Il donne plus d'émotion, mais reste encore sur sa réserve. Solide, il est brillant, sans délivrer ce que le temps lui donnera un jour.

Le Chablis J. Faiveley 1926 est une surprise aussi grande qu'hier. Il est d'une jeunesse qu'on ne peut pas imaginer. Tel père tels fils, car hier j'avais dit à mes invités que si on disait qu'il s'agit d'un vin de 1988 personne ne contredirait et voici que mon fils dit : on lui donnerait vingt ans. Ce vin est une énigme, fluide, délicat, de folle jeunesse. Il est au même niveau qu'hier, fou de charme.

Le Château Durfort-Vivens 1916 a perdu un peu de ses fruits rouges, même si on les ressent, et il est devenu plus strict avec toutefois un petit creux en milieu de bouche. Je ne peux pas dire que la nuit l'a amélioré.

La réaction de mon fils sur le Meursault 1945, je vais l'avoir avec le Château Latour 1902. Tout d'abord je m'attendais que la dépigmentation du début de bouteille donnerait pour ce qui reste un vin noir chargé de tous les pigments, mais ce n'est pas le cas. Ce n'est qu'au niveau des lies que le liquide sera noir. Mais je suis absolument subjugué par ce vin qui est devenu un monstre de charme et de de délicatesse. Hier, je cherchais son âme de Latour et aujourd'hui j'ai en face de moi l'un des plus grands Latour que j'aie eu la chance de boire, tout en dentelle et en suggestion. Je jouis de ce moment et mon fils est plus réservé sur ce vin. Nous avons donc eu nos moments de grâce sur deux vins différents. Ce Latour s'est montré nettement au-dessus d'hier.

La Romanée Saint-Vivant Les Quatre Journaux 1929 est un vin racé, noble et puissant. C'est un seigneur. Il est tout-à-fait dans la ligne de ce qu'il exposait hier. C'est un vin grandiose et épanoui. Quel dommage qu'il en restât si peu, mais tant mieux pour mes invités d'hier.

La Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 1983 est nettement moins brillant qu'hier. Il était rose et sel. Il est toujours sel, mais a perdu la fleur pour un goût assez torréfié. Il a perdu de sa fraîcheur et s'est un peu coincé. Il est bon bien sûr mais n'a pas l'étincelle de génie que j'avais perçue hier.

Nous ne buvons pas le Château Chalon Jean Bourdy 1945 que nous gardons pour un futur repas, car je souhaite que nous goûtions maintenant trois liquoreux exceptionnels.

Il reste un fond de bouteille du Château d'Yquem 1891 du dîner à Yquem. On peut sentir une infime trace d'évaporation qui a éteint quelques feux, mais cet Yquem est encore splendide, avec des évocations de zestes d'orange extrêmement délicates. Il est toujours aussi bien structuré. Ma femme en boit ce qui me fait plaisir. Nous tournons la page d'un vin historique de la plus belle des noblesses.

L'exercice qui va suivre m'excite au plus haut point. Car il est très rare que je mette ensemble des liquoreux muscatés aussi vieux. J'en mets un en fin de repas et je n'ai pas le souvenir d'en avoir mis deux.

Le Vin de Chypre 1870 est vif, très sec, avec une petite amertume très sympathique et ses marqueurs sont le poivre et la réglisse.

Le Malaga 1872 que j'avais inclus dans le dîner à Yquem est un peu plus rond et gras. Il a plus de soleil et ses marqueurs sont le café et le cacao. Voilà donc deux vins que j'ai classés chacun premier dans le repas où il était qui se trouvent face à face. Ils sont très différents et je dois dire que, comme pour mon fils, le Malaga est mon préféré, car il a plus de joie de vivre et de profondeur. Les deux vins sont des merveilles, avec des persistances aromatiques infinies, et méritent bien les places de premier dans mon vote, dans les deux repas où ils ont été placés, en bouquet final.

Cette deuxième tournée des vins de la veille me conduit à des questions. J'avais ouvert les vins hier à 9 heures et ils n'ont peut-être pas eu assez de temps pour s'assembler. Ils ont été servis et remués, ont bougé dans ma voiture dans le trajet cave – maison, et une majorité d'entre eux sont meilleurs aujourd'hui qu'hier. Est-ce à dire que j'aurais dû les ouvrir la veille ? Ou est-ce qu'un carafage après oxygénation lente les aurait amenés à l'état qu'ils ont eu aujourd'hui ? C'est un sujet qu'il me faudra creuser. Par ailleurs, le vin le plus jeune, le 1983 de la Romanée Conti est le seul qui a franchement régressé alors qu'il était brillant hier. Est-ce que cette journée de plus ne profite qu'aux vins anciens ? Par ailleurs, ce sont les vins qui avaient les niveaux les plus bas dans la bouteille qui ont profité le plus d'une oxygénation supplémentaire. Voilà des questions qu'il va falloir que je résolve. Car c'est fascinant de voir à quel point les élus du jour de mon fils et de moi, le Meusault 1945 et le Latour 1902 ont progressé, au-delà de toute attente. Le vin est un mystère et je ne suis jamais au bout de ses surprises.


Surprise de mon fils quand il voit toutes ces bouteilles à finir !!! le cul de la bouteille de l'Yquem 1891 Malaga 1872 et Chypre 1870