Livre d’Or de 23 ans de dîners et 1000 bulletins samedi, 19 août 2023

Livre d'Or de 23 ans de dîners et 1000 bulletins

A l'occasion du millième bulletin, j'ai demandé à des amis de m'adresser des témoignages qui rappelleraient des souvenirs à tous ceux qui ont accompagné ces 23 ans de partage de grands vins. J'ai aussi rajouté quelques témoignages de 2004 lors de la parution du bulletin 100.

Voici des textes, pour lesquels chacun a été libre de dire ce qu'il pensait.

Il est toujours temps de m'envoyer des témoignages pour que je les rajoute. A vos plumes !

Envoi à francois.audouze@wine-dinners.com

 

Les témoignages sont dans l'ordre alphabétique de l'auteur.

Valérie Audouze (ma nièce)

Tu m'as invité à un dîner au Carré des feuillants, il y a déjà bien longtemps, mais qui restera dans ma mémoire comme un dîner magique. Le repas s'articulait comme une déclinaison autour de la truffe. Délicieux ! Nous avons bu des vins magnifiques parmi lesquels je garde un souvenir enchanteur et attendri du Richebourg. Je n'en ai jamais rebu depuis. Puis tu m'as fait découvrir lors d'un repas de famille dans le cadre fantastique de ta maison du sud l'univers merveilleux des Vega Sicilia, l'Unico. Quelle découverte ! J'adore, je suis devenue une inconditionnelle. Jérôme est lui aussi tombé sous le charme. Tu nous a aussi fait découvrir : un vin rouge de l'Etna original et très intéressant, dont je ne me souviens pas du nom malheureusement, le champagne Delamotte, dont nous sommes devenus des clients réguliers. Et enfin, nous gardons un souvenir impérissable du Dom Pérignon 1981 que tu avais ouvert en fin de soirée : il avait gardé une grande vivacité, tout en finesse. A Paris, alors que c'était au tour de Papa de nous inviter à sa table, nous dégustâmes ensemble, le merveilleux château Rayas 2006, que nous fîmes goûter à la sommelière qui n'en avait jamais goûté et dont c'était l'unique bouteille de sa cave. Enfin, parmi tous les vins extraordinaires que tu nous a servis pour célébrer ton anniversaire à tes 80 ans, qui étaient tous magnifiques, je retiens l'Hermitage "Le Méal" 2009 de Chapoutier, le Coteaux du Layon Château du Breuil 1985, génial sur cette pavlova originale dont tu avais dicté la recette et j'ai adoré tout particulièrement l'invraisemblable accord mets vin - chocolat du Maury Mas Amiel 1964. Grandiose ! Encore merci pour ces incroyables bouteilles et bravo pour tes passions et partages.

Joël Bougard

Il y a les collectionneurs purs qui amassent les bouteilles comme les timbres pièces ou porte-clés, les spéculateurs, puis les techniciens qui rendent service au public en expliquant les vins. Francois Audouze n'appartient à aucune de ces catégories, ni marchand, ni collectionneur, ni technicien, il est l'artiste du vin, il compose ses dégustations tel des opéras ou s’entremêlent les différents accords, ses bulletins ne sont pas des mots, mais de la musique.

Olivier Boulay (en vers)

Ah les dîners exceptionnels de François !

C'est un peu comme aller au Français !

Avec près de 10 expériences au compteur

On ne se lasse jamais d'écouter le conteur !

Il faut en effet respecter un silence religieux

Pour entendre le menu des plus copieux

Puis comprendre le délicat assemblage

De la couleur des vins et leur jambage

Sitôt rentrés de merveilleuses agapes

Accompagnées d'un Châteauneuf du Pape

On peut lire en rêvant la prose du grand prêtre

Et se dire que demain encore pour cette ivresse être prêt.

Mille félicitations et amitiés

Dimitri Bourdon

Par où commencer … « on ne juge pas un vin ancien, on essaie de le comprendre ». Voilà comment vous (François Audouze) avez commencé cette 37eme académie des vins anciens. Avoir la chance d'ouvrir des flacons qui ont plus de 5 fois mon âge. Déguster un bout d'Histoire. Une expérience hors du temps, des émotions encore jamais ressenties. Les vins étaient juste parfaits en tous points. Un équilibre, une texture, une palette aromatique… J'en ai encore la chair de poule. Tout particulièrement ce « TSMARA domaine du Fendeck compte Hubert d'Hespel 1929 » vin algérien aux arômes de cacao, caramel, vanille et épices … la plus belle expérience gustative de ma vie. Merci pour cette expérience inoubliable et à l'année prochaine ».

Philippe Creppy

L'œuvre de François Audouze a eu un impact majeur sur ma vie de passionné du vin, impact résumé par les 3 points suivants : 1 - Découverte des trésors qu'offre la dimension « temps » du vin (Pommard Grand Epenots Michel Gaunoux 1974), dimension que je ne cesse d'explorer depuis. 2 - Un moment unique que la plus ancienne bouteille dégustée à ce jour, un « Constantia Afrique du Sud 1791 » apporté par feu Etienne Hugel au wine-dinner du 10 septembre 2009 au restaurant Taillevent. 3 - Le plus beau dîner de ma vie en termes d'émotions gustatives procurées par les vins, les mets et la pertinence des accords. Le wine-dinner du 10 décembre 2009 au Restaurant Ledoyen avec le chef Christian le Squer. Une des richesses inépuisables de la vie, réside dans les rencontres, la nôtre eut lieu il y a plus de vingt ans au hasard d'un évènement au Cercle de l'Union Interalliée, et d'une conversation qui s'est rapidement engagée sur une passion commune.

David Djaoui (dans le livre d'une exposition faite à Marseille sur le vin du temps des romains : « on n'a rien inventé »)

David Djaoui écrit notamment pages 106 / 107 : « si le parti pris de notre propos est d'établir sans complexe des parallèles entre l'Antiquité et aujourd'hui, comment ne pas rapprocher Sergius Orata (1) du non moins singulier François Audouze ? Ce polytechnicien, PDG de grandes entreprises, tout comme l'était Sergius Orata, détient un patrimoine exceptionnel placé, et consommé en partie, dans le vin. Inventeur d'une technique d'ouverture du vin, basée entre autres sur quatre heures d'oxygénation, ce chef d'entreprise est considéré par ses pairs comme l'un des plus grands épicuriens de notre temps. Il ne posséderait pas moins de quarante mille bouteilles dont plusieurs milliers de millésimes antérieurs à 1945 et dix mille antérieurs à 1960 ! On retiendra enfin que si François Audouze essuie régulièrement de nombreuses critiques, Sergius Orata a subi également de nombreuses invectives. Pline l'Ancien, en particulier, le qualifiait de fourbe et cupide sans pour autant qu'un argument sérieux ne soit formulé à son encontre.

  1. David Djaoui présente Sergius Orata comme un industriel richissime qui a vécu entre la fin du IIème siècle et le début du 1er siècle av. JC. Il est l'inventeur du parc à huîtres. Il est qualifié par ses contemporains d'adepte d'Epicure, « leur maître à tous » selon Cicéron. Saint-Augustin dira quatre siècles plus tard : « qui pourrait dire qu'Orata a souffert de quelques manques, lui qui fut le plus riche des hommes, le plus charmant, le plus voluptueux, lui à qui rien n'a fait défaut, ni les plaisirs, ni les relations sociales, ni une santé excellente et inaltérable ».

Jérôme Dufour

Je connaissais l'Académie française, celle des beaux-arts, des sciences, l'Académie Nationale de Médecine (dont mon Père fut le secrétaire de 1972 à 1987), académies dont les membres sont plutôt âgés, mais je ne savais pas que l'on pouvait devenir académicien en s'intéressant aux vins âgés eux aussi. Et pourtant, grâce à François AUDOUZE, dont je lisais les savoureux bulletins qui me faisaient rêver depuis le numéro 100 (paru début 2004), toujours écrits dans un français parfait, et que j'ai eu la chance de rencontrer lors de diverses dégustations, j'ai pu participer à la 1ère séance de l'académie des vins anciens, AVA pour abréger. Il voulait créer un "club" où chacun pourrait apporter une vieille bouteille qu'il ne savait pas avec qui la partager ni si elle était encore bonne. Idée géniale !

Donc première séance ce 4 octobre 2005 à l'Hotel de Crillon, lieu magique pour une soirée de dégustation, magique elle aussi, qui allait me faire entrer dans le monde des vins anciens. Je me souviens du Magnum de Moët et Chandon Brut Impérial 1964 inaugural, d'un Y de Yquem 1962, d'un Pape Clément 1929 magnifique, d'un Filhot 1929 qui précéda mon apport Château Rabaud 1947, qui eut l'heur de plaire à notre table présidentielle, et qui représente ce pour quoi l'AVA fut créée : je ne savais quand, comment ni avec qui le partager ! Ces flacons, et les nombreux autres furent accompagnés des fromages de Bernard Antony, qui accompagnèrent de nombreuses séances. Et la touche finale mariant Banyuls 1949 et chocolat, mariage de raison, accompagna longtemps mon palais espérant déjà une prochaine séance! Qui aurait pu imaginer que nous en serions à la 38ème et que vous lisez le millième bulletin ??? Président François, je te tire mon chapeau.

Olivier Fécherolle

Je suivais le compte Instagram de Francois Audouze depuis longtemps. J'avais été impressionné par la vidéo, montrant les bouteilles et les capsules et j'étais assez fasciné par le monde du Vin Ancien sans avoir jamais osé franchir le pas. Suite à une déception chez mon fils, je me suis dit que c'était une bonne occasion de se remonter le moral en participant à l'Académie des Vins Anciens. Ça a été une expérience extraordinaire, tant du côté dégustation que du côté échange auprès de véritables passionnés et cela a aussi débloqué quelque chose puisque je m'autorise maintenant à rechercher, acheter et déguster des vins que j'aurais négligé auparavant. Bref tout un monde s'est ouvert à moi. Merci et j'espère avoir l'occasion de partager quelques bouteilles une prochaine fois.

Marc Festa

Juste quelques anecdotes qui me passent par la tête : les champagnes Salon "juste pour se faire la bouche" en apéro aux 2 énormes déjeuners de l'année dernière, ta fille qui m'y explique que dans la hiérarchie des dictateurs il y a Poutine, Kadhafi et Papa, la générosité d'un participant qui commande a la carte un vin de la DRC au déjeuner Romanée Conti (déjà plus que déraisonnable…) au restaurant Plénitude, te titiller sur ma préférence pour le Dom Pérignon 1943 vs Salon 1943 pour toi (et ta fille qui est d'accord avec moi) et Krug Clos du Mesnil 1979 mon année de naissance, la seule région où c'est un bon millésime et la première et probablement seule fois de ma vie où je l'ai bu.

Romain Gandia

Ma culture du vin serait bien incomplète et bien triste sans l’apport immense de François Audouze. Plus qu’une méthode d’oxygénation lente des vins, c’est une véritable culture du vin que j’ai développé grâce à lui. Entrer dans l’Académie des vins anciens en 2017 fût pour moi une révélation. La lecture déjà attentive de ses écrits m’avait déjà conduit à la réflexion suivante : « comment ai-je pu passer à côté de cela ? ». Mais participer ensuite aux séances de l’Académie a révélé en moi une passion tenace qui ne cesse de s’épanouir depuis. Il y a de la poésie, du respect, de l’audace et aussi un peu de chance dans l’approche des vins anciens de François Audouze. De la poésie car j’ai appris avec François que la dégustation des vins anciens reste une découverte sensorielle et émotive qui va bien au-delà de l’approche analytique qui fait l’apanage des grands critiques contemporains. C’est aussi une démarche de générosité qui amène le dégustateur à considérer sa cave de vins anciens comme une collection vivante, qui se partage et se détruit positivement en créant des expériences uniques et des souvenirs vibrants. C’est ce que retranscrivent si bien ses écrits, qu’on lit avec envie, tant la retranscription de ses dégustations nous dirige vers ce péché capital. Du respect car François nous apprend que le vin ancien s’ouvre et se déguste avec respect, pour ce qu’il est, pour ce qu’il choisit de nous délivrer et pour le travail qu’il a demandé aux vignerons d’une autre époque. Cette humilité est une chose importante car elle amène le dégustateur à être reconnaissant et non supérieur au vin. Au cours des séances de l’Académie, les grandes étiquettes côtoient les vins d’appellations moins glorieuses mais tous bénéficient du même respect, c’est une belle leçon. J’ai d’ailleurs le souvenir d’un Moulin à vent 1929 subjuguer l’ensemble de la table et dépasser largement de grands crus classés de Bordeaux, c’est une autre belle leçon. De l’audace car il faut de l’audace pour ouvrir les vins anciens, notamment de bas niveau, de l’audace pour croire en leur résurrection (beaucoup plus fréquente qu’on ne le pense) et de l’audace pour trouver des accords qui transcendent les goûts classiques. Aux côtés de François, j’ai appris à ouvrir les vieux vins même les plus tenaces, j’ai parfait mon nez pour détecter avec joie les prémisses des futures résurrections et j’ai découvert des accords magiques qui devraient être enseignés dans les plus grandes écoles de cuisine. J’ai notamment un souvenir très fort d’un déjeuner au restaurant Pages en novembre 2019 où l’ensemble du repas s’est déroulé autour d’accords hors normes, à des années lumières des conventions classiques : Pétrus 1958 et daurade crue, Y d’Yquem 1968 et carpaccio de bœuf Ozaki ou encore Beaune Grèves 1989 et ormeaux avec son risotto aux champignons. Il ne s’agit là que de quelques exemples mais il fallait l’audace de François et sa complicité avec le restaurant Pages pour concevoir ces « accords minutes » qui ont brillé de manière éclatante. C’est aussi cela la culture des vins anciens. Enfin, François Audouze nous enseigne qu’il faut croire en la chance et qu’il faut donner sa chance aux vins anciens, même les plus blessés. J’ai appris que donner sa chance à un vin c’est le considérer comme un témoignage et non comme un objet à juger. Une telle posture rend hommage au vin car le dégustateur cherche à le comprendre. C’est d’ailleurs une phrase fétiche que François aime à rappeler en début de séance de l’Académie et qui résume très bien sa philosophie : « on ne juge pas un vin, on essaie de le comprendre ». Il faut donc donner sa chance aux vins anciens, il faut les boire car ils délivrent des trésors. Et puis la chance de François c’est aussi un talent, un peu ésotérique peut-être, qui consiste à réveiller les flacons les plus endormis. C’est aussi l’envie de croire à la résurrection de certains vins que beaucoup condamneraient et qui finiraient oubliés au fond d’une cave ou bien vidés à l’évier de la plus triste des façons. J’ai assisté plusieurs fois au fameux « doigté magique » de François, nettoyant scrupuleusement l’intérieur du goulot comme un chaman sachant qu’il va ressusciter l’esprit du vin dans son corps de verre. Lire cette anecdote est amusante mais constater son efficacité par l’expérience est autre chose…  Ce témoignage est un long remerciement. Il me tarde de renouer avec les séances de l’Académie que j’ai malheureusement trop souvent manqué ces deux dernières années. Je pense qu’au travers de ses écrits, des séances de l’Académie et des déjeuners qu’il organise, Françoise Audouze remet au centre du monde du vin un élément fondamental qui nous échappe tellement de nos jours : le temps. Merci François et longue vie à l’Académie des vins anciens !

Johan Giampiccolo

Je suis installé dans mon train pour rentrer à la maison. Je n'ai pas de mots pour exprimer ma gratitude. J'ai vécu aujourd'hui un moment unique et hors du temps. Jamais je n'aurais pu un jour imaginer porter à mes lèvres de tels vins et je vous remercie. J'en ai eu des frissons et presque les larmes aux yeux (je n'exagère pas). J'ai aimé votre disponibilité à répondre à mes multiples questions, mais j'aime les gens et leur histoire. Ce que vous faites est fabuleux et vous êtes un passeur d'Histoire. J'ai rencontré des gens formidables aujourd'hui et cela grâce à vous. J'espère que mes humbles présents sauront ravir vos papilles! (Je suis curieux de savoir comment votre épouse prépare la saucisse de Morteau…). Je ne sais pas si j'aurai le plaisir de vous revoir un jour, mais je vous adresse toute ma sympathie et merci encore.

Jacques Glénat

Tu me proposes de raconter un bon moment ensemble. Le meilleur est certainement chez toi dans le sud. « Il existe un lien très étroit entre la bouteille, le lieu, le temps et les gens avec qui vous la goûtez » disait Eric Revel. Tu n'as disparu qu'un instant dans ta cave pour m'offrir l'accord parfait des carabineros avec Vega Sicilia, ce qui montre ton talent de dégustateur, ton sens du partage, et ton ouverture aux expériences gastronomiques. Continue longtemps ainsi : « dans une cave il n'y a pas de vin, il n'y a que d'heureuses espérances » (Jean-Claude Pirotte).

Pierre Grandjean

Comme d'autres le firent jadis, je réponds à l'Appel. S'il n'est ni militaire ni généralissime, il est néanmoins tout autant salvateur. Salvateur, car les moments avec toi procurent des plaisirs de l'ordre du divin. Salvateur, parce que les opérations d'ouverture et d'oxygénation lente sont du registre du mystique. Salvateur, car l'approche gustative et olfactive des plaisirs des vins anciens avec toi tient du cultuel grâce au culturel. Salvateur, parce que ton prosélytisme a évangélisé le bonheur des vins séculaires de manière régulière. Audouze, notre Seigneur. Depuis mes 20 ans, il y a 13 ans, tu m'as énormément donné, appris, accompagné, montré, guidé. Merci. La sainte trinité du vin est avec toi : générosité, humilité, ressusciter. Ceux qui ont passé du temps avec toi connaissent ta générosité inscrite dans la joie et le partage. Je me remémore cette académie des vins anciens - vive l'Académie des vins anciens ! - à laquelle tu avais apporté à chacune des trois tables un grand cru du Domaine de la Romanée-Conti sur, excusez du peu, le millésime 2002, ainsi qu'un Yquem jeune de trente ans. Une de chaque, à chacune des trois tables. Faire profiter 36 convives du même grand vin au même moment, dont la moitié au moins n'avaient jamais bu ni l'un, ni l'autre ! Quel moment solennel. Quel souvenir. Quelle générosité.

Humilité, car c'est, je crois, le mot que je répète le plus en parlant de l'approche des vieux champagnes et des vins anciens en général, grâce à toi. Hier encore à Versailles avec un ami vigneron de Chouilly qui est également un de tes disciples, nous évoquions cette humilité "Audouzesque" nécessaire pour apprécier les vieux champagnes. Tu me l'as appris, tu nous l'as appris : Accepter le vin comme il est. Avec humilité. Le prendre comme il se présente et y prendre du plaisir. Ne pas attendre "quelque chose", au contraire, apprécier ce qu'il est. Respecter ses éventuels défauts et se concentrer sur ses qualités. Pas de préjugé, de l'humilité. Un peu comme avec les gens, finalement. Cela m'évoque ce superbe souvenir d'un magnum de champagne 1914 (1914!) Alfred Chauvet ouvert ensemble à une Académie en 2013. De l'humilité face à cet ancien combattant rescapé de deux guerres mondiales et du respect pour l'histoire qu'il nous racontait et les goûts qu'il nous donnait. C'est cela aussi, "The Audouze Method".

Ressusciter, car c'est une de tes qualités transcendantales et assurément pas un mythe. En témoigne ce Richebourg 1956 que tu avais généreusement apporté et annoncé comme presque-mort sur le chemin du combat, avec humilité. Le temps fit son œuvre. Sur le pigeon dans son sang, au Gaigne, c'était ex-tra-or-di-nai-re. Il était vraiment ressuscité. La rose et le sel s'exprimaient à leur paroxysme. Nous étions béats et le vin avait été béatifié par la tablée, canonisé par toi. Le déjeuner s'y prêtait bien, c'était le "cas des bas niveaux" -de la contrepèterie du bas des caniveaux- que nous avions organisé pour sauver le soldat Salon, en magnum, 1971. Merci, François.

Vincent Guillot

Ma passion pour les vins anciens a débuté en 2010 lorsque nous avons « exhumé » une bouteille de Mouton Rothschild 1940 qui se trouvait dans la cave de mes grands-parents qui étaient pâtissiers-confiseurs en Suisse. Ma grand-mère nous avait quitté quelques mois auparavant et c’était pour nous l’occasion de lui rendre hommage en ouvrant cette bouteille à Noël. Ce fût un véritable choc gustatif, déroutant par son empreinte tous mes repères et préceptes. Depuis, je suis tombé dans la marmite (ou plutôt la cuve) des vins anciens et n’en suis plus ressorti, m’inscrivant à plusieurs cursus de formations et certifications en œnologie car j’avais une grande soif... de comprendre l’univers du vin. Je vous lis depuis plusieurs années avec une grande délectation et c’est grâce à votre enthousiasme que j’ai osé enfin me lancer dans une belle aventure : organiser moi-même des repas avec des vins anciens dans des restaurants ou des lieux insolites ! Archiviste de profession et à la tête d’une société spécialisée dans le domaine, j’ai créé une structure à ma modeste mesure et ces repas rencontrent un franc succès chez nous en Suisse. Conjugaison entre mes deux passions : mon métier et les vins anciens, Les Archives du Vin sont nées en 2019. Aussi, il était normal de vous remercier chaleureusement pour tout ce que vous m'apportez dans ma vie d’œnophile et pour l’ensemble de ce que vous apportez au rayonnement des vins anciens. Il est malheureux de constater que ces derniers souffrent encore parfois de nombreux préjugés mais il nous appartient à nous, amateurs d’en être les ambassadeurs les plus convaincants ! Je serais heureux de vous accueillir lors d’un séjour en Suisse afin de vous faire déguster quelques alertes flacons issus de nos grands terroirs helvétiques ! Avec mes meilleures salutations bachiques.

Bruno Herlicq  un ami des casual Fridays

Un de mes plus grands souvenirs c'est un casual Friday il y a une quinzaine d'années, chez Laurent, avec Lionel et toi. Nous avons bu un Corton Charlemagne Coche Dury 97 (ou 93), Vega Sicilia 1968, Yquem 1963. Régulièrement je regrette nos casual Fridays où nous étions à 4 ou 5.

Marc Honde  un fidèle de l'académie des vins anciens

Vos compliments me touchent beaucoup et me rendent fier, de savoir que vous avez une amitié particulière pour moi me comble de joie. Néanmoins quand vous dites que je suis généreux ça me fait sourire quand je vois tout ce que vous nous offrez, je ne suis qu'une goutte d'eau dans un océan. Sachez que je me sens très redevable envers vous, vous m'avez permis de goûter à des vins autant somptueux qu'improbables et surtout une aventure humaine et humble avec des personnes de tous horizons et de nationalités différentes où les seuls mots d'ordre sont plaisir et partage.

Marc Honde (un an auparavant)

Voilà la fin du sixième repas de l'académie des vins anciens que j'ai eu la chance, l'honneur, le privilège et le plaisir de partager avec vous et les académiciens.

Depuis la sortie du restaurant où comme par votre coutume naturelle de bienveillance vous nous avez encore fait entrer dans un monde parallèle que je ne sais définir tellement il est beau, agréable et plein de surprise, serait-ce le paradis, le monde des bisounours... En marchant pour rentrer à l'hôtel, ma petite tête s'est mise à travailler sur une synthèse de ses six séances passées avec vous et les académiciens. Pouvons-nous réduire la méthode Audouze à une "simple" oxygénation lente d'un vin ancien pour pouvoir le ressusciter et lui permettre de sortir le meilleur de lui-même une dernière fois ? Ou pouvons-nous dire que la méthode Audouze est de nous faire voyager dans un monde parallèle où vous arrivez à créer un climat de positivité et de respect absolu sans oublier l'inondation de gentillesse et générosité que vous nous offrez, chaque repas que j'ai eu la chance de faire m'a permis de rentrer dans une parenthèse d'un monde idéalement parfait où le plaisir ne côtoie que le bonheur de partager, la tolérance, la gentillesse, le sourire et l'envie d'aimer un moment parfait. Vous êtes une personne très dangereuse dans le bonheur absolu. Pouvons-nous inventer un mot? Audouzissime, superlatif absolu utilisé lors d'un moment passé où tous les superlatifs positifs ne sont pas assez nombreux pour décrire l'instant vécu. Il est vrai que je vous ai déjà remercié plusieurs fois pour tous les moments de plaisir que vous nous offrez, mais j'estime que vous en méritez toujours plus. Encore merci pour ce repas et moment audouzissime que nous avons passé.

Gauthier Jacquemin champion des concours de dégustations inter-écoles

Le château de la Roulerie Chaume 1934 était un vin que je n'attendais pas lors de la 34e académie des vins anciens. Je connaissais le château de la Roulerie par leurs derniers millésimes, achetés dans de petites caves et dégustés pour apprendre à mieux reconnaître les chenins de Loire. Ce sont des vins honnêtes, mais on ne les imagine pas vieillir. Le premier point qui m'a surpris était la couleur du vin. Le disque était à peine orangé et l'intérieur du verre était d'une couleur d'un doré brillant, presque vivante. Certains Sauternes de 20 ans ont l'air plus vieux. Le vin semblait suave, il accrochait les parois du verre. Les premiers effluves étaient assez peu enthousiasmants : il y avait bien quelques fruits, un botrytis puissant qui se ressentait à travers des notes d'écorce d'orange et de citron confit. C'était prévisible d'avoir un moelleux de Loire avec ces notes si caractéristiques du botrytis. Rien de frappant donc, rien qui ne vieille redéfinir la vision que l'on peut se faire des moelleux de la Loire. C'est bien la bouche qui a mis à bas toutes ses impressions ordinaires. Le botrytis y était si concentré, si puissant et magnifié par le temps qu'il électrisait les papilles. L'acidité traçante du vin ne venait que compléter un sucre qui restait encore à fondre après toutes ces décennies. Pour la première fois, j'ai ressenti un choc physique en goûtant un vin : j'ai senti ce courant me traverser, aller jusqu'à mes mains. J'en ai eu la chair de poule. C'était un vieux vin qui venait de me donner un coup de jus et de montrer une énergie indomptable. Certains vins m'ont fait découvrir la Bourgogne, d'autres le Rhône et l'Alsace. Je crois que ce vin est pour beaucoup dans mon amour actuel pour la Loire.

Xavier Lacombe

Lorsque je me suis pris de passion pour le vin je suis rapidement tombé sur le site de François Audouze. J'y ai vu un passionné faisant partager sa passion et son extraordinaire chance de pouvoir apprécier d'incroyables flacons. Cette chance il l'a partagée avec d'autres et, à travers l'Académie des vins anciens, j'ai pu en partie y accéder. Lorsque je le peux je me rends à Paris spécialement pour l'occasion. Je vois ces moments comme d'incroyables parenthèses où plus rien d'autre n'a d'importance. J'y ai rencontré d'autres passionnés à la recherche de ces mêmes moments. Avec François j'ai pu déguster des monuments d'un autre temps : Château Latour 1950, Château Beychevelle 1916 et puis un jour un incroyable Malaga 1872. Je n'oublierai jamais ce moment où ma main fébrile tremblait en tenant le verre. Francois l'a alors prise avec bienveillance en souriant au moment où il me servait ce monument intemporel. J'étais et je reste toujours fasciné par ses récits, j'y vois la passion pour le monde du vin, l'envie de partager ses émotions et de véhiculer son expérience. En plus de ses écrits et des formidables moments de dégustations, je considère François Audouze un peu comme un père spirituel. J'ai beaucoup appris grâce à lui. Aujourd'hui j'ai souvent le rôle de formateur et il n'est pas rare que je le mentionne.

Laurent Marteau (qui fut à une époque le plus fidèle de mes dîners, ayant participé à plus de 25 dîners).

Je ne me souviens plus très bien du menu ou des vins de mon premier dîner avec François Audouze. En revanche, c'est l'homme qui m'avait immédiatement séduit notamment par sa sémillante attitude, son rire communicatif et nos conversations riches et variées. Je craignais que ses dîners ressemblent à des réunions de pseudo experts omniscients et tristes. Que nenni ! François a autant de conversation sur le mouvement Cobra que sur les Harley-Davidson. C'est lui seul et non ses vins qui me conduisit à participer à de nombreux dîners à un certain moment de ma vie. Les moments incroyables en sa compagnie furent légions. Toutefois deux moment furent inoubliables.

La première fois où j'ai bu Château Cheval Blanc 1947 au restaurant l'Astrance en 2006. Le parfum du vin m'avait totalement envoûté et son goût unique m'avait marqué au point de pouvoir m'en souvenir parfaitement. Peu de vins ont imprimé les méandres de ma mémoire à ce point. Le dîner fut accompagné d'un feu d'artifice ininterrompu : Dom Pérignon 1966; Château Lafleur 1947; Château Latour 1947; Lafleur Pétrus 1945; Château Cheval Blanc 1947; Romanée Conti 1967; Vosne-Romanée 1934; Montrachet du Domaine de la Romanée Conti 1999, puis Château Climens 1929 et évidemment Château d'Yquem 1929. Wahoo ! Le Chef Pascal Barbot avait eu l'intelligence de concevoir un menu en accord, très élégant et simple mais parfait. Trop de cuisiniers oublient la simplicité indispensable. Monsieur Barbot, bravo. Je n'oublie pas non plus de mentionner la qualité du service à la fois discrète et présente uniquement lorsqu'on a un besoin. J'ai quitté la table en état d'apesanteur et ceux qui connaissent ma masse savent qu'il faut une force significative pour lutter contre l'attraction terrestre. Durant un moment, j'ai été Valentin le Désossé. Pour la seconde anecdote, je vais relater un moment épineux. Tout commence pourtant de façon fort agréable par un coup de fil de François qui me propose simplement un dîner en avril 2007 au Château d'Yquem. Évidemment, je dis oui immédiatement et confirme derechef de peur qu'il ne change d'avis. Cerise sur la gâteau, François me dira par la suite que nous pourrions loger au château. Antérieurement à ce dîner, mon épouse et moi avions décidé de passer quelques jours avec nos enfants dans un hôtel voisin du château d'Yquem. Ma nounou qui est du voyage s'occupera des enfants à l'hôtel. L'après-midi avant le grandiose dîner, nous visitons le très beau domaine puis nous musardons. En fin de journée, la nounou m'apporte comme convenu antérieurement au château d'Yquem un costume et certains vêtements pour le dîner au moment où je prends possession de ma très belle chambre. Jusque-là, tout va bien. Dix-neuf heures, je me prépare. Au moment de me vêtir, je m'aperçois avec horreur que mes souliers manquent. Ils sont restés à l'hôtel. J'ai cru que je faisais une expérience de mort imminente. Évidemment l'hôtel était trop éloigné pour tenter un aller-retour même rapide car l'apéritif commencera dans moins de dix minutes et un retard n'est pas concevable. Je n'ai de disponible qu'une paire de baskets et de surcroît de couleur orange. Je vis une acédie. Je décide ne pas dîner pieds nus mais je n'en mène pas large. Tous les convives sont sur leur trente-et-un, sauf moi en rastaquouère. Pas de chance, l'apéritif est debout… J'ignore si mon malaise est visible. Dîner sapide et libations remarquables : Dom Pérignon 1975, Moët et Chandon 1945, Rosé de Mouton sélection Rothschild 1936, Grand vin de Château d'Yquem Graves Royal sec 1912, Montrachet Bouchard Père et fils 1939, Château Mouton Rothschild 1945, Château Mouton Rothschild 1918, Romanée Conti 1982, Royal Kebir 1945, Blanc Vieux d'Arlay Jean Bourdy 1898, Château d'Yquem 1889, Château d'Yquem 1899 et Vin de Chypre 1845. C'est un peu le ressenti lors de la finale de la Coupe du monde de foot de 1998 mais en mieux. Vers la fin du dîner, j'ai eu envie de déclarer que le Château d'Yquem 1889 avait une couleur proche de mes baskets mais je n'ai pas osé. François et ses dîners, c'est un amateur hissé à un niveau professionnel. François, merci.

Alexandre de Lur Saluces (témoignage de 2004)

Notre ami François Audouze m'éblouit par son goût éclectique pour les grands vins et par l'art avec lequel il traduit ses sensations après leur dégustation. Ses lettres sont un remarquable hommage au vin.

Laurent Mialhe

Je me suis rendu au Château d'Yquem directement de New York juste après Thanks Giving 2018 pour participer au 230éme diner autour de fabuleux flacons dont un extraordinaire Château Lafite-Rothschild 1878. Soirée éblouissante au château, vins tous exceptionnels, visite de la cave guidée par Pierre Lurton, convives passionnants venus des 4 coins du globe et menu parfaitement exécuté. Ces menus ornent ma cheminée ici à Princeton dans le New Jersey. Bravo cher Francois.

Brice Michaud

Je me souviens encore, en 2014, j'étais jeune, avec peu de moyens, je débutais dans l'univers du vin et lire vos billets me faisait rêver. Suite à un commentaire vous m'aviez gracieusement invité à une séance de l'académie des vins anciens. J'avais quand même voulu apporter un vin alors que j'en étais dispensé : un Châteauneuf du Pape 1958, année de naissance de mon père qui me l'avait offerte pour la partager lors du dîner. Encore merci pour votre générosité. Ça restera gravé dans ma mémoire à jamais.

Philippe Roy

L'académie des vins anciens... Depuis deux ans j'en rêvais devant mon ordinateur les nuits de pleine lune... Et puis ce fut le choc de ma première séance ! Océan de verres sur notre table blanche, robes dorées, robes sombres, bien des vins étonnants ont enjôlé nos âmes. Corton blanc 1935 aux saveurs de citron confit, Dauzac 1922 et ses relents de tabac, Pavie 1929 exhalant la crème de pruneaux, et tant d'autres compagnons éphémères qui resteront à jamais dans ma mémoire. Que de souvenirs, que d'échanges qui maintenant résonnent dans ma tête. Nul ne peut revenir inchangé d'une telle aventure !

Guy Savoy (témoignage de 2004)

Je suis résolument tourné vers la jeunesse et l'avenir, et ce trait de caractère a des conséquences jusque dans mes goûts en matière de vin. Ainsi j'ai toujours recherché des vins jeunes, voire très jeunes, pour les sensations de fruits qu'ils apportent ou la forme d'équilibre parfait qu'ils atteignent, restant en parallèle très méfiants vis-à-vis des vins vieux. Et puis j'ai rencontré François Audouze ! Il m'a fait découvrir en dégustant de très vieilles bouteilles, que ces vins offraient des sensations différentes d'une minute à l'autre. Je garde à ce sujet le souvenir d'un vin de Chypre datant du XIXème siècle avec lequel nous avons décidé de servir un suprême de volaille de Bresse accompagné d'un jus légèrement parfumé au zan. Nous avons alors été tout proches du mariage parfait (et qui mieux qu'un vin et un mets peuvent réussir un mariage parfait... puisque celui-ci ne dure que le temps d'un repas !)

Bruno Schaeffer

Je suis un fidèle lecteur de vos publications Instagram, ce mail n'a pas vocation à forcement être publié mais j'en profite plutôt pour vous remercier pour le partage des sensations exprimées au travers de vos diners, et je vous en remercie sincèrement. Je suis un amateur passionné, mon métier et mon quotidien en sont bien éloignés puisque je suis infirmier mais c'est aussi ce qui fait que je trouve la richesse du monde du vin, il réunit des personnes d'origine tellement diverses que cela permet parfois des rencontres assez extraordinaires et improbables. Nous avons nous aussi avec quelques amis « instauré » des repas autour du vin où nous partageons et débattons autour de bouteilles que nous amenons selon le thème retenu. Nous n'en faisons pas commerce, juste de l'amitié, un bon repas que nous réalisons ensemble, des bons produits et quelques belles bouteilles. Alors certes, je ne suis pas en mesure de rivaliser avec les bouteilles que vous ouvrez (il aurait fallu que je fasse un autre métier 😅) mais pour autant, lorsque nous nous mettons à table, il est souvent fait référence à l'une de vos publications. Alors merci. J'espère pouvoir vous lire encore longtemps.

Alain Senderens du restaurant Lucas Carton (témoignage de 2004)

Je suis toujours ému lorsque vous parlez des vins 'assagis'. Ces vins, que plus personne ne connaît et n'a en mémoire, permettent de traiter dignement et justement les meilleurs produits de la terre qui ont fait la réputation de la grande cuisine française. Sans eux, pas de cuisine complexe, gastronomique.

Alexandre Staartjes

Je me souviens très bien de m'être inscrit à la newsletter Wine-Dinners de François alors que je commençais seulement ma découverte du vin. Au sein de la communauté viticole, j'avais entendu parler de ce « Français avec la plus grande cave à vins anciens du monde » et je devais en savoir plus sur lui afin de pouvoir apprendre de ses connaissances sans aucun doute inégalées. A l'époque j'étais basé à Londres et j'ai commencé à m'intéresser au sujet. J'ai commencé à acheter quelques vins anciens mais je me suis rendu compte que sans aucun accompagnement il serait difficile de relativiser la dégustation de ces bouteilles. Lorsque François a mentionné dans une de ses newsletters qu'il venait à Londres, je l'ai contacté pour le rencontrer. Il a répondu avec enthousiasme et nous avons organisé un déjeuner auquel j'ai apporté un Moët & Chandon 1911 (à l'époque je ne savais même pas que ce vieux vin pouvait encore avoir un goût à moitié décent !) qu'il a très gentiment complété avec une bouteille de Moët & Chandon 1971. Les deux étaient très mémorables et grâce aux conseils de François, j'ai pu beaucoup mieux apprécier leurs qualités. Ce déjeuner a été le point de départ de mon amour et notamment mon respect pour les vieux vins, ce qui m'a permis d'apprécier des vins plus jeunes avec une vision beaucoup plus large. Depuis que j'ai déménagé en France, nous avons partagé de nombreuses bouteilles ensemble. Non seulement François a recalibré ma définition existante du "vieux vin" 😉, mais surtout, son plus grand respect pour le vin a été une inspiration et une orientation pour moi. À bien d'autres bouteilles en bonne santé !

Eric Tabet

Je me rappellerai longtemps cette soirée d'Avril 2019. Convié à un dîner par le chef de mon restaurant préféré, je traverse Paris en taxi en apprenant l'incendie de Notre-Dame qui commençait alors. Assis à cette grande table, je découvre face à moi un homme au sourire radieux, avec cette étincelle dans les yeux qui dénote déjà de l'enthousiasme et du plaisir à partager un moment gastronomique et convivial. La conversation est naturelle, bienveillante, complice, synchrone tant je me retrouve dans les valeurs qu'il exprime. François est un bon vivant, un épicurien cultivé et ses anecdotes sont si charmantes et passionnées que les heures deviennent des minutes. Nous parlons rapidement de vins, bien entendu, et j'avoue mon amateurisme même après de nombreuses années à écumer restaurants et caves. Mais son approche des vins n'est orientée que sur le plaisir procuré, sur l'expression éternelle, immortelle d'un vin, sur le rejet des classements et des notes des soi-disant spécialistes. Le vin parle à chacun et s'ouvre à ceux qui se laissent porter, experts ou novices. Et là pour moi c'est le déclic, une épiphanie. François entrouvre la porte du plaisir pur, de l'exceptionnel, avec générosité et sans aucun artifice. Quelle révélation ! Quelle leçon de vie ! Nous nous quittons en promettant de nous revoir pour organiser un dîner et c'est rapidement le cas. Depuis, j'anticipe impatiemment et je chéris chaque moment d'échange, chaque dîner partagé, chaque après-midi à ouvrir des bouteilles et à évoquer des souvenirs, chaque bouchée et gorgée en harmonie, tous ces moments privilégiés où le sourire ne quitte jamais mon visage. Et tandis que j'écris ces mots maladroits, une seule pensée m'anime : l'impatience de fixer un nouveau rendez-vous, d'inscrire notre prochain festin dans nos agendas croisés.

Jérémy Troubat

Je suis Jeremy (de Marseille). Nous nous sommes rencontrés à deux reprises en 2022 à l'académie des vins anciens. En juin j'avais apporté le Cyrnéa Corse, et en décembre le Sidi Brahim. Votre réaction physique, vos écrits qui en suivirent sur cette dernière bouteille et mon ressenti de ce grand moment, pourraient figurer dans le millième bulletin (si vous le jugez pertinent). Pour un non initié, le vin Sidi Brahim est plus connu pour son prix dérisoire dans les rayons de supermarchés que pour son prestige. Et pourtant, j'avais le pressentiment que ce vin de montagne avait une carte à jouer lors de cette soirée de l'académie des vins anciens qui s'est tenue en décembre 2022. François était le premier à goûter ce vin, qui intervenait en avant dernière position de cette mémorable soirée. Ma première réflexion à la vue de cette scène a été: « on a perdu le soldat Audouze ». Un moment de silence entoura notre table, François avait les paumes de sa main lui cachant la vue. Une fois les yeux rouverts, je lui demandais si je devais prendre la fuite, et il me répondit en souriant que non. Son premier réflexe fut de dire au serveur: « ne servez personne, la bouteille je la garde pour moi ». La magie du vin avait fait son effet. Mon souvenir de la dégustation reste vivace et en quelques lignes je les restitue. A l'œil, ce vin rouge sang semble étonnamment jeune pour un vin de 90 ans. Je me rappelle d'un nez d'une rare puissance qui m'a fait penser à du parfum. En bouche, cette fougue est toute en maîtrise avec une longueur exceptionnelle. A ce moment, je réalise être entré en contact avec la jeunesse éternelle. Ce vin m'est apparu figé dans le temps, comme sur une planète inatteignable. Mon voisin de table me souffla à l'oreille : « ce vin, on pourrait l'ouvrir dans 30/40 ans, il serait toujours le même, chapeau ». Entendre François (à l'oral puis par écrit) faire entrer ce vin dans son « Panthéon » des plus grandes émotions aux côtés d'ovnis, me fait d'autant plus réaliser la grandeur du moment. J'ai trouvé dans cette soirée ce que j'étais venu chercher, la passion et l'authenticité d'amateurs en quête du bonheur œnologique.

Jean Vandevelde

J’avais participé à un diner en mai 2006, je pense, chez Ledoyen alors que je travaillais encore chez Accenture. Nous étions invités par une société informatique dont nous étions clients. J’en garde un souvenir ému : c’est sans doute la plus grande expérience culinaire de ma vie.

Rémi J. Vasseur

François n'aspire qu'à partager le plaisir d'ouvrir ses flacons d'exception dans l'écrin d'établissements gastronomiques soigneusement sélectionnés. Être à ses côtés lorsque l'opportunité se présente n'est certes pas à la portée de toute les bourses, mais reste largement plus abordable que les prix stratosphériques atteints par certaines des 12 bouteilles (10 "titulaires" et 2 "remplaçantes") ouvertes jeudi dernier. Ce soir-là 9 privilégiés avaient pris place autour de François dans le salon privé du restaurant, dont un couple de touristes américains passionnés originaires de l'Idaho. Ces repas font l'objet d'un cérémonial immuable qui commence 4 heures plus tôt par l'ouverture des bouteilles dans le recueillement à l'aide de son inséparable "trousse chirurgicale" pour en extraire les bouchons souvent récalcitrants. Commence alors un fascinant ballet amoureux entre François et ses belles endormies qui vont lentement sortir une à une de leur torpeur sous le regard attendri de leur prince charmant d'un jour. Ce processus d'oxygénation lente ("méthode Audouze") aboutit la plupart du temps à la résurrection de bouteilles que la majorité d'entre nous auraient vouées à l'extrême onction en déversant leur inestimable substance dans l'évier dès les premiers effluves peu avenants ressentis à travers le goulot.

Lionel Veyrier

Votre plaisir et j'oserais même dire votre enthousiaste état d'âme que j'ai imaginé et même ressenti à la lecture de votre bulletin 700 (et des précédents aussi d'ailleurs) est très communicatif car je le partage au niveau de mes humbles dégustations personnelles et depuis une année à un degré supérieur grâce à vos dîners. Les convives de vos dîners ne vous remercieront jamais assez de votre générosité à partager votre passion et à convaincre de son bien-fondé, à travers vos vins anciens et rares bien-sûr mais aussi à travers votre envie d'expliquer et de diffuser la connaissance des plaisirs, pas uniquement gustatifs, procurés par ces vins anciens. Un vin ancien devant les yeux est toujours un instant mystérieusement fébrile d'attente de la révélation des goûts et arômes à venir. Va t'il y avoir une immense satisfaction ou le contraire parfois ? En tout cas il y a une attente forte car tout est possible. Personnellement c'est ce "tout est possible" au-delà même de l'imagination qui me séduit dans ce monde des vins et évidemment encore plus par celui des vins anciens car les dizaines d'années rendent possible des miracles de transformations qui tendent vers l'inimaginable. Le muguet, la mangue, le chèvrefeuille, etc.... ont des parfums et goûts extraordinaires que seule la nature a pu inventer il y a des millénaires mais qui sont maintenant hélas prévisibles alors que les vins anciens en possèdent qui ne le sont pas (pas vraiment) et c'est ce qui est intéressant, merveilleux et unique. Nous sommes sur la même longueur d'onde, oh pardon je suis sur la même que la vôtre. Merci pour ces moments uniques passés en votre compagnie, celles de vos convives et celles de vos vins accompagnés par les mets.

Aubert de Villaine

Je n'ai pas eu le temps jusqu'à aujourd'hui de prendre connaissance de votre bulletin 996 du 15 juin dernier qui rend compte, entre autres, de votre dégustation du millésime 2022 dans les caves du Domaine. J'ai trouvé qu'elles reflétaient toute votre expérience à la fois de la dégustation et des vins du Domaine. Perrine Fenal, qui me succède avec mon neveu à la cogérance du Domaine, les a lues et a trouvé qu'elles correspondaient exactement à ses propres impressions. Ce fut un grand moment que votre passage au Domaine.

Aubert de Villaine (une autre fois)

François, je viens de lire votre belle et enthousiaste note de dégustation d'un Richebourg 1956 de votre cave. Superbe commentaire dont je suis jaloux car j'aurais aimé l'écrire : c'est exactement comme cela que je vois ce Richebourg 1956 et comme vous que j'espère que les autres le comprennent aussi ! Merci !

Vincent Wolf

Un soir de février 2017 : le pape des vins anciens propose une énigme à ses lecteurs hebdomadaires. Je tente ma chance : gagné !!! Le mois qui suit est une succession d'émotions : l'excitation, dans l'attente de l'académie des vins anciens à laquelle je suis convié / la surexcitation, en découvrant la liste des vins prévus / la réflexion, pour trouver un cadeau qui pourrait toucher mon hôte (quel vin offrir à celui qui a tout bu ?!). Un Château Le Puy cuvée Emilien 2009 me semble approprié, clin d'œil aux Gouttes de Dieu, préfacé par mon hôte / la joie, en rencontrant mon hôte et ses acolytes / la surprise, en redécouvrant des vins que je connaissais, sur des millésimes plus anciens (Yquem, Vougeot, Beaune du Château...) / le recueillement, en dégustant mes premiers DRC, Tokaji et Valais de Rèze / la gratitude, en fin de soirée. Ces émotions sont encore présentes, six ans plus tard. Elles demeureront, je l'espère, aussi longtemps que peut vieillir un beau vin.

Remarque personnelle, impressions de lecture

De tous ces témoignages ressortent quelques points forts : générosité, partage, amour des vins anciens, ouverture des vins, humilité, etc. Je ne cherchais pas à flatter mon ego, mais c'est important pour moi d'avoir les témoignages de convives heureux, car cela motive ma croisade pour que les vins anciens soient mieux compris et appréciés.

Nota : pour ceux qui voudraient relire le bulletin 700 où j'ai fait part de mes réflexions sur le monde du vin et lire les témoignages reçus à cette époque (2016) voici les liens :

https://www.academiedesvinsanciens.org/le-700eme-bulletin/

https://www.academiedesvinsanciens.org/les-commentaires-du-700eme-bulletin/

 

Le grand repas du 15 août vendredi, 18 août 2023

Le grand repas du 15 août est un moment extrêmement important de notre vie dans le sud. Nous sommes dans un lieu paradisiaque au bord de la mer et nous recevons des amis fidèles. Nous serons neuf car ma fille aînée vient juste d'arriver pour ce déjeuner. Ma femme mijote des plats dont elle a le secret, je cherche dans ma cave des vins qui composeront un voyage cohérent et nous échangeons mille fois nos idées pour composer le programme final.

La veille du déjeuner, vers 21 h, j'ouvre les deux magnums de champagne pour qu'ils aient le temps de s'élargir, ainsi que le jeune Clos de Tart pour la même raison.

Le lendemain matin, jour de l'événement, j'ouvre dès 9 h les autres vins. Tous les bouchons viennent entiers, il faut dire qu'il s'agit de vins jeunes, et les parfums semblent prometteurs. Les vins seront servis en groupes de deux, sauf le dernier vin liquoreux.

L'apéritif consiste en des brioches toastées revêtues de filets d'anchois, en jambon ibérique, lomo et saucisson bien français. S'ajoutent de la poutargue, du gouda au pesto, et mille autres choses. Le Champagne Veuve-Clicquot la Grande Dame magnum 2008 a un parfum particulièrement entraînant et en bouche c'est une merveille d'élégance et de subtilité. Quel beau champagne.

J'attendais que le Champagne Dom Pérignon magnum 2008 marque un saut gustatif du fait de sa personnalité, mais pas du tout. Il paraît plus massif et plus rustre que le Veuve-Clicquot. Cela m'étonne. Mais un bout de longues minutes, et surtout sur le Pata Negra bien gras, le Dom Pérignon va se réveiller en un temps record et redevenir ce que j'attendais. Finalement on peut les mettre au même niveau l'un élégant, subtil et délicat, l'autre puissant incisif et conquérant.

Mais j'ai quand même été frappé par la délicatesse du Veuve Clicquot. Les deux champagnes gagneront en vieillissant.

Le Château Haut-Brion blanc 1978 est associé à des coquilles Saint-Jacques marinées au saké et c'est une merveille. Je crois que j'ai rarement bu un Haut-Brion blanc aussi grand que celui-ci. Il a tout pour lui, racé, brillant, noble, vif et expressif. Une merveille. C'est un 'PAME' comme je disais il y a bien longtemps (performed above my expectation).

Le Montrachet Louis Jadot 1979 est un vin parfait. Il impressionne par sa complétude (mot que je trouve assez laid alors que plénitude est beau). Il forme avec les pommes de terre à la crème et truffe d'été un accord purement fusionnel. On boit et on mange deux saveurs imbriquées. C'est magique. Nous sommes tous subjugués que les deux vins blancs soient aussi parfaits et que les accords soient aussi pertinents.

Les deux blancs sont si disparates qu'il est difficile de les hiérarchiser. Nous le ferons en fin de repas au classement final la balance penchant mais de très peu du côté du bourguignon. J'ai classé le Montrachet devant le Haut-Brion mais la plus belle surprise pour moi est ce diabolique Haut-Brion.

Un quasi de veau accueille deux vins rouges. Le Clos de Tart 2008, que j'ai choisi pour sa jeunesse est une bombe de fruit. Quel vin énergique fou de fraîcheur. C'est un cheval sauvage, fou et indomptable.

Le Clos de Vougeot Méo-Camuzet 2001 est une pure merveille, dans un état de complétude (décidément) aussi brillant que le Montrachet. Il est riche, complet, plein en bouche et brillant. Il sera le vainqueur.

Pour les fromages, j'ai choisi deux vins du Rhône. Le Châteauneuf-du-Pape Domaine du Pégau 2007 est archétypal. C'est la garrigue la plus pure. Le vin est accueillant, sympathique et presque romantique. L'année est belle pour le Rhône et ce vin de Laurence Féraud, joyeux, séduit nos cœurs.

La Côte Rôtie La Turque Guigal 2007 est une bombe explosive. Quelle richesse ! Mais cette surpuissance nuit un peu à l'émotion. On préfère le plus champêtre des deux. Bien sûr il s'agit de deux grands vins, mais le Pégau parle plus à nos cœurs.

En trinquant avec le Château d'Yquem 1990 nous avons une pensée émue pour Alexandre de Lur Saluces qui vient de nous quitter il y a peu de jours. Ce grand homme raffiné, visionnaire, a fait beaucoup pour la renommée d'Yquem, de Fargues, des sauternes et des vins de Bordeaux, ainsi que des produits de la terre de sa belle région.

Le 1990 est dans un état d'équilibre absolu. Les sauternes quand ils sont grands, n'ont pas le moindre défaut. Sur une tarte aux mirabelles, l'accord s'est trouvé en grâce et délicatesse.

Il y avait de telles merveilles que des amis nous ont demandé que l'on vote. Nous sommes huit votants. Quatre vins ont eu des votes de premier, et chacun en a eu deux : Château Haut-Brion blanc 1978, Montrachet Louis Jadot 1979, Clos de Vougeot Méo Camuzet 2001, Château d'Yquem 1990.

Le Clos de Vougeot Méo Camuzet 2001 est le seul qui a eu des votes des huit convives votant, ce qui lui permet de terminer premier.

Le vote du groupe est : 1 - Clos de Vougeot Méo Camuzet 2001, 2 - Montrachet Louis Jadot 1979, 3 - Château Haut-Brion blanc 1978, 4 - Château d'Yquem 1990, 5 - Clos de Tart 2008, 6 - Châteauneuf du Pape Domaine du Pégau 2007.

Mon vote est : 1 - Clos de Vougeot Méo Camuzet 2001, 2 - Montrachet Louis Jadot 1979, 3 - Château Haut-Brion blanc 1978, 4 - Châteauneuf du Pape Domaine du Pégau 2007, 5 - Château d'Yquem 1990.

Le choix des vins a été apprécié de tous. Les accords mets et vins ont été réussis. What Else ! Que demander de plus ? Ce repas que nous faisons depuis près de quinze ans est un des moments forts de notre vie dans le sud.


la veille avec un ami, tri des verres pour le repas un insecte amateur de Dom Pérignon

Bulletins du 1er semestre 2023, du numéro 974 à 998 mardi, 27 juin 2023

Bulletins du 1er semestre 2023, du numéro 974 à 998 Pour lire le bulletin de votre choix, on clique sur le lien pour ouvrir le pdf de ce bulletin / to read a bulletin, click on the link of this bulletin.

(bulletin WD N° 998 230629)    Le bulletin n° 998 raconte : dégustation d’un Krug Private Cuvée années 60 avec Arnaud Lallement, déjeuner de vins italiens avec un sublime 1908 au restaurant l’Assiette Champenoise, déjeuner chez ma sœur et présentation des vins de la 38ème séance de l’Académie des Vins Anciens.

(bulletin WD N° 997 260621)    Le bulletin n° 997 raconte : déjeuner ‘Enigma’ au restaurant Pages avec les gagnants d’une énigme posée sur Instagram, dîner au restaurant Poppy, arrivée à l’Assiette Champenoise et visite de la maison de champagne Coutier à Ambonnay.

(bulletin WD N° 996 230615)    Le bulletin n° 996 raconte : visite au domaine de la Romanée Conti avec remise d’un parchemin, dégustation en cave des vins sur fûts et déjeuner d’amis avec des bouteilles historiques et splendides.

(bulletin WD N° 995 230608)    Le bulletin n° 995 raconte : dîner au restaurant Paul Bocuse avec de grands vins de 1983, compté comme 276ème et visite de ma cave puis dîner à la maison avec un aventurier globe-trotter.

(bulletin WD N° 994 230531)    Le bulletin n° 994 raconte : déjeuner avec mon fils et son fils, visite de ma cave suivie d’un déjeuner à mon domicile et dîner au restaurant Paul Bocuse pour préparer un grand dîner d’anniversaire en ce restaurant.

(bulletin WD N° 993 230523)    Le bulletin n° 993 raconte : 275ème repas de wine-dinners au restaurant Plénitude Arnaud Donckele de l’hôtel Cheval Blanc à Paris.

(bulletin WD N° 992 230517)   Le bulletin n° 992 raconte : déjeuner au restaurant l’Ecu de France pour mes quatre-vingts ans, apéritif dînatoire, déjeuner de famille et déjeuner dans ma cave avec une journaliste.

(bulletin WD N° 991 230510)    Le bulletin n° 991 raconte : dîner à l’Auberge Nicolas Flamel avec des normaliens, déjeuner au restaurant Le Sergent Recruteur et préparation des vins la veille d’un déjeuner de 55 personnes.

(bulletin WD N° 990 230503)    Le bulletin n° 990 raconte : déjeuner au restaurant Le Sergent Recruteur avec deux amateurs de vins, déjeuner de famille et déjeuner au restaurant Pages avec un ami de longue date.

(bulletin WD N° 989 230427)    Le bulletin n° 989 raconte : déjeuner au restaurant de l’hôtel Les Crayères à Reims, déjeuner à l’Automobile Club de France, préparation d’un prochain repas avec Arnaud Donckele, déjeuner au restaurant Langosteria et déjeuner en famille.

(bulletin WD N° 988 230419)    Le bulletin n° 988 raconte : déjeuner de conscrits au Yacht Club de France, déjeuner fraternel au restaurant Procope, déjeuner de famille à la maison, 274ème dîner au restaurant Pages.

(bulletin WD N° 987 230413)    Le bulletin n° 987 raconte : dans le sud déjeuner aux pieds de porc, présentation des 2020 des domaines familiaux de Bourgogne, dîner au château de Louvois de Laurent-Perrier et dégustation de sept itérations du Laurent-Perrier Grand Siècle au siège de Laurent-Perrier.

(bulletin WD N° 986 230405)    Le bulletin n° 986 raconte : le 273ème dîner de wine-dinners au restaurant Maison Rostang Nicolas Beaumann et apéritif impromptu dans le sud.

(bulletin WD N° 985 230328)    Le bulletin n° 985 raconte : le 272ème dîner de wine-dinners au restaurant Garance et un déjeuner au restaurant Les Confidences de l’hôtel San Régis.

(bulletin WD N° 984 230317)    Le bulletin n° 984 raconte : déjeuner de conscrits au Yacht Club de France, déjeuner avec les responsables d’un grand Institut, dîner au restaurant Kei, déjeuner à l’hôtel Saint-James et dîner au restaurant Jean Imbert du Plaza Athénée.

(bulletin WD N° 983 230307)    Le bulletin n° 983 raconte : déjeuner dans ma cave avec mon fils et 271ème repas, déjeuner à l’Appartement de Moët Hennessy, avec trois vins du domaine de la Romanée Conti.

(bulletin WD N° 982 230228)    Le bulletin n° 982 raconte : Champagne impromptu, déjeuner avec un américain du Minnesota et une liqueur inconnue, déjeuner au restaurant Place Royale et déjeuner au restaurant l’Astrance.

(bulletin WD N° 981 230222)    Le bulletin n° 981 raconte : le réveillon de la Saint-Sylvestre dans le sud, deux repas de famille donnant la place belle aux champagnes.

(bulletin WD N° 980 230215)    Le bulletin n° 980 raconte : deuxième réveillon de Noël, déjeuners et dîners impromptus dans le sud précédant la Saint Sylvestre.

(bulletin WD N° 979 230208)    Le bulletin n° 979 raconte : dîner lors de la finale du championnat du monde de football, premier réveillon de Noël anticipé et déjeuner de famille.

(bulletin WD N° 978 230131)    Le bulletin n° 978 raconte : dîner au restaurant Plénitude Arnaud Donckele de l’hôtel Cheval Blanc Paris, déjeuner au restaurant Pages avec des vins inattendus.

(bulletin WD N° 977 230124)    Le bulletin n° 977 raconte : présentation par Aubert de Villaine des vins du millésime exceptionnel 2019 du domaine de la Romanée Conti, suivie d’un dîner au siège de la société Grains Nobles et dîner au Plaza Athénée de Jean Imbert.

(bulletin WD N° 976 230117)    Le bulletin n° 976 raconte : la 37ème séance de l’Académie des Vins Anciens au restaurant Macéo avec 37 inscrits et plus de 50 vins.

(bulletin WD N° 975 230110)    Le bulletin n° 975 raconte : deuxième journée du Grand Tasting de Bettane & Desseauve avec notamment un atelier Chambertin et un atelier Sauternes et déjeuner de dimanche à la maison.

(bulletin WD N° 974 230103)    Le bulletin n° 974 raconte : le Grand Tasting de Bettane et Desseauve avec de nombreuses Master Class de Laurent Perrier, Henriot, Charles Heidsieck, Dom Pérignon et la fameuse Master Class, « Le Génie du Vin ».

38ème séance de l’académie des vins anciens dimanche, 11 juin 2023

La 38ème séance de l'académie des vins anciens se tient une nouvelle fois au restaurant Macéo. Nous serons 32 répartis en trois tables, deux de onze et une de dix, la table 2. La gestation a été difficile car normalement je demande que les livraisons de vins et les paiements soient faits avec un mois d'avance. Or jusqu'au dernier jour j'ai dû attendre des vins et des paiements, ce qui est difficile à gérer.

Par ailleurs il y a une extrême diversité dans la qualité des apports et le niveau général pour cette session est inférieur à celui des séances précédentes où nous avions réussi à hausser le niveau grâce à quelques amis, empêchés de venir. Face à cela, j'ai décidé de faire un apport plus important en volume que d'habitude, pour être sûr que tout le monde soit content de cette réunion. Sur les 32 participants, onze viennent sans vin aussi mon apport devrait normalement êtres de onze en plus du mien, soit douze bouteilles. Or j'ai apporté l'équivalent de 26 bouteilles de 75 cl, Ce qui permet que chaque table puisse goûter 17 vins différents, au lieu de dix ou onze dans la logique habituelle de l'académie.

Tout le monde devrait pouvoir trouver son bonheur. Généralement, les plus généreux participants sont à ma table mais pas tous, car rien n'est rigide, et pour motiver tous les académiciens à être plus généreux, j'ai ajouté à ma table un vin du domaine de la Romanée Conti.

Il y a donc de quoi faire plaisir à tout le monde et j'ai pu le vérifier par les sourires épanouis de toutes les tables.

Il y a par ailleurs une grande nouveauté, c'est le nombre significatif d'étrangers qui se sont inscrits après avoir lu mes messages sur Instagram. Des hollandais, plusieurs newyorkais, un Hongkongais et sans doute d'autres, se sont joints à nous.

Voici la répartition des vins par table.

Les Vins de la table 1 : Champagne Laurent Perrier Brut ss A magnum (apéritif), Champagne Paul Gobillard 1983, Champagne Pol Roger 1964, Champagne Dom Pérignon année illisible 1961, Sancerre Sauvignon G.Leschemelle & Cie 1949, Quincy 1946, Corton Charlemagne Maison Rouget 1990, Montrachet Caves Nicolas 1969, Montrachet Marquis de Laguiche Joseph Drouhin 1971, Cos d'Estournel 1973, Château Branaire 1945 vidange, Clos de Tart 1947 (grande vidange), Beaune Barton & Guestier 1969, Corton Bichot négociant 1947, Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1984, Bordeaux Supérieur domaine Dubourdieu Crème de Tête 1947, Vouvray Le Paradis René Bouco mœlleux 1953.

Les vins de la table 2 : Champagne Laurent Perrier Brut ss A magnum (apéritif), Champagne Paul Gobillard 1983, Champagne Charles Ellner 1976, Champagne Charles Ellner 1967, Sancerre Blanc Domaine Robineau 1979, Tokay Pinot Gris Grand Cru Hartmann Gérard & Fils Cuvée Ste Catherine 1985, Château Bouscaut blanc 1966, Château de Lamarque Haut Médoc 1975, Château Croizet-Bages Pauillac 1964, Vin d'Arbois rouge En Chemenot cave Edgar Faure 1964, Château Calon-Ségur Saint-Estéphe 1955, Barolo Franco Tirina 1968, Barolo Borgogno Giacomo et Figli 1968, Barolo Filli Seris et Battista Borgogno 1968, Fontanafredda Barolo 1967, Domaine de Malendure Loupiac Crème de tête 1964, Sauternes Yves Bourgès 1964.

Les vins de la table 3 : Champagne Laurent Perrier Brut ss A magnum (apéritif), Champagne Paul Gobillard 1983, Sancerre Sauvignon G.Leschemelle & Cie 1949, Ladoucette Pouilly-Fumé 1972, Vin d'Alsace Clos Zisser 1976, Chassagne Montrachet Poulet Père & Fils 1988, Hermitage Chante Alouette Chapoutier années 80, Château de Lamarque Haut Médoc 1975, Château Cantemerle 1950, Brane Cantenac 1982, Cos d'Estournel 1964, Château Ducru Beaucaillou 1943 vidange, Vin d'Arbois rouge En Chemenot cave Edgar Faure 1964, Chambertin Bichot négociant 1947, Coteaux du Layon domaine inconnu années 70, Vouvray demi-sec Jean Bardet 1966, Rivesaltes Aimé Cazes 1978.

A 15 heures j'attends que le premier étage du restaurant Macéo soit libre pour pouvoir ouvrir les bouteilles. Il y a 51 vins ce qui représente un important travail. Il fait tellement chaud qu'il faut veiller à la température des vins. Béatrice, qui m'aide à chaque séance pour organiser la gestion et sans laquelle je ne pourrais rien faire, a des astuces pour rafraîchir les vins rouges sans tremper les bouteilles dans l'eau.

A côté de moi l'équipe du restaurant dresse les tables avec des gestes précis. Des académiciens vont venir m'aider ce qui aura permis une ouverture dans des temps records. Du fait des conditions atmosphériques les bouchons sont plutôt secs et résistent. Les parfums des vins sont assez engageants. Des académiciens offriront un champagne et un Vouvray pour donner du cœur à l'ouvrage aux ouvreurs. Nous bavardons aimablement jusqu'à l'arrivée des participants.

Nous sommes 32 répartis en trois tables. Chaque table aura accès à 17 vins ce qui est – je crois – un record. Comme il fait très chaud nous prendrons l'apéritif à table car l'espace libre entre les tables est limité.

Nous commençons par deux bouteilles de Champagne Laurent Perrier Brut sans année en magnum. De la couleur et de la forme du bouchon on peut estimer qu'il s'agit de vins des années 90. Celui que je bois est très agréable, de couleur légèrement dorée, bien rond et confortable.

Pour l'apéritif j'ai aussi ajouté trois bouteilles de Champagne Paul Gobillard 1983 dont une des bouteilles a fait un joli pschitt à l'ouverture. Le champagne est agréable mais manque peut-être d'un peu d'émotion.

Nous commençons à boire les vins du repas mais la cuisine n'est pas encore prête à nous servir.

Le Champagne Pol Roger 1964 a une attaque magnifique et une belle complexité mais curieusement il s'arrête en cours de route et son finale est très court. Malgré cela on l'aime beaucoup.

A l'inverse le Champagne Dom Pérignon 1961 dont l'année est illisible sur l'étiquette abîmée a une attaque plutôt discrète et un finale tonitruant. Cette opposition de style entre les deux est amusante. Les deux champagnes sont grands et j'aurai un faible pour le Pol Rogerun peu plus expressif.

Le Sancerre Sauvignon G.Leschemelle & Cie 1949 est une merveilleuse surprise. Comment est-ce possible qu'un sancerre de 74 ans soit aussi rond, équilibré, abouti et porteur d'une telle joie de vivre ? C'est un grand sancerre au fruit généreux.

Lorsque j'avais fait les photos des bouteilles du repas je suis tombé amoureux du Quincy 1946 à la jolie bouteille, au beau niveau et à la couleur prometteuse. Ce devait être mon chouchou car, qui a en cave aujourd'hui un Quincy de 1946 année difficilement trouvable car se trouvant entre deux légendes, 1945 et 1947. Il était assez prévisible que tous les vins de ce millésime aient été bus. J'étais donc devenu amoureux de ce beau Quincy qui ne m'a pas trahi. De jolie couleur, au nez charmant il montre une belle personnalité et nous offre un beau plaisir. J'en suis heureux.

Le Corton Charlemagne Maison Rouget 1990 est un grand vin, mais il paraît trop jeune dans un tel dîner, malgré ses 33 ans. Il est riche mais il aurait fallu un millésime plus ancien.

Le Montrachet Caves Nicolas 1969 est une très heureuse surprise car il est riche, structuré et noble. Et sa belle prestation sera confirmée par le Montrachet Marquis de Laguiche Joseph Drouhin 1971 qui dans mon esprit, devait être plus grand que le vin de Nicolas, mais en fait c'est le 1969 qui s'est montré le plus large et gourmand devant un 1971 un peu timide.

Le Cos d'Estournel 1973 est une belle surprise. D'un grain truffé sensible, il offre une solidité de charpente qu'on n'attendrait pas d'un 1973. Et j'aime bien quand ces années dites petites sont capables de telles vivacités.

Dans les dîners de l'académie, j'accepte les bouteilles de niveau bas, si l'on apporte aussi un vin de belle qualité. En l'occurrence je suis l'apporteur du Château Branaire 1945 de niveau dit 'vidange' c'est-à-dire plus bas que le début du resserrement de la bouteille. C'était un essai. Il n'est pas concluant car le vin est trop fatigué. Il pourrait avoir des intonations intéressantes, mais nous avons beaucoup de vins, ce qui ne pousse pas à les analyser.

Le Clos de Tart 1947 est l'apport d'un académicien généreux, dont le niveau vidange est encore plus prononcé. Plusieurs amis autour de la table l'aiment, car c'est un témoignage rare, mais la fatigue me gêne, et limite l'émotion qu'il pourrait susciter.

Le Beaune Barton & Guestier 1969 est un solide Bourgogne très cohérent et agréable à boire, même s'il n'attire pas vraiment l'attention. La suite allait être d'un niveau enthousiasmant.

Le Corton Bichot négociant 1947 est un vin absolument splendide de raffinement et d'expression subtile. Quel beau vin. Il fait partie des vins que j'avais achetés de la cave de l'Institut, comme le Chambertin Bichot 1947 de la table 3 qui a été aussi très apprécié. Son élégance est un plaisir.

Le Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1984 est le vin que j'ai ajouté, parmi tous mes apports, pour inciter les participants à plus de générosité. A l'ouverture, j'avais eu peur, car le bouchon sentait le bouchon. Mais lorsqu'il fut enlevé, le vin ne montrait aucun signe de bouchon, ce qui se confirme maintenant. On a, de façon discrète, les marqueurs habituels des vins du domaine, la rose et le sel et le vin montre un raffinement certain. J'aime les vins du domaine des années calmes car leurs subtilités sont encore plus expressives. Certains à notre table goûtent pour la première fois un vin de la Romanée Conti. Leur satisfaction fait plaisir à voir.

Le Bordeaux Supérieur domaine du Bourdieu Crème de Tête 1947 est riche. Si le vin était servi à l'aveugle, tout le monde dirait sauternes, tant ce vin a de la puissance et de l'épaisseur. Il est très long et généreux.

Le Vouvray Le Paradis mœlleux 1953 est agréable, plus doux et calme que le vin bordelais.

Mon classement des vins de notre table est : 1 – Grands Echézeaux 1984, 2 – Corton Bichot 1947, 3 – Montrachet Nicolas 1969, 4 – Pol Roger 1964, 5 – Sancerre 1949, 6 - Quincy 1946, 7 – Bordeaux Supérieur 1947, 8 – Vouvray 1953.

Le menu a été plus un accompagnement qu'une recherche d'accords puisqu'il était impossible de concevoir un menu pour 51 vins. Je n'ai pas beaucoup bu de vins des autres tables, sauf l'un des deux Vins d'Arbois En Chemenot rouge 1964 de la cave d'Edgar Faure que j'avais apportés, auquel un académicien trouvait des intonations de vin d'Algérie tant il était torréfié, inattendu mais agréable.

Cette séance a été globalement très intéressante et la participation d'étrangers qui ont connu l'académie par Instagram permet des discussions nouvelles. J'accueille normalement des élèves des grandes écoles mais les plus fidèles faisaient en Champagne un concours européen de dégustation. Les trois fidèles de l'académie sont arrivés premiers en groupe et en individuel. Nous fêterons leur succès dans quelques mois.

Malgré la charge très lourde de gérer l'académie, je suis motivé à continuer d'animer les prochaines séances quand je constate à quel point les participants sont heureux de partager des vins anciens. L'amitié est un puissant stimulant.


Les vins tous reçus dans ma cave ce qui a permis de former les trois groupes de vins. par un hasard comme il en arrive à l'académie, Izabella est à ma droite à la table 1 je n'ai pas photographié tous les plats les vins de l'apéritif bus à table

Vins de la table 1 dimanche, 11 juin 2023

Vins de la table 1 – académie 8 juin 2023 les vins avec une astérisque sont fournis par moi Champagne Laurent Perrier Brut ss A magnum (apéritif) * Champagne Paul Gobillard 1983 * Champagne Pol Roger 1964 Champagne Dom Pérignon année illisible 1961 Sancerre Sauvignon G.Leschemelle & Cie 1949 * Quincy 1946 * Corton Charlemagne Maison Rouget 1990 Montrachet Caves Nicolas 1969 Montrachet Marquis de Laguiche Joseph Drouhin 1971 Cos d'Estournel 1973 Château Branaire 1945 vidange * Clos de Tart 1947 (grande vidange) Beaune Barton & Guestier 1969 Corton Bichot négociant 1947 * Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1984 * Bordeaux Supérieur domaine du Bourdieu Crème de Tête 1947 * Vouvray Le Paradis René Bouco mœlleux 1953 * les vins au restaurant Macéo avant ouverture

Déjeuner suite à une énigme sur Instagram dimanche, 21 mai 2023

Il y a quelques années, j'avais mis sur les mails d'envoi de mes bulletins des énigmes, pour que les lecteurs s'amusent à chercher les réponses, avec pour récompense de déjeuner avec moi autour de grands vins. J'ai repris cette idée sur Instagram pour animer le dialogue avec des abonnés de tous pays.

La récente énigme datait du 27 février 2023. Les réponses furent extrêmement rapides et elles favorisaient les français par rapport aux américains qui se lèvent beaucoup plus tard. Johan était le premier vainqueur, puis Pierre qui me connaît bien et avec Pierre-Antoine, je voulais figer la liste des gagnants, car la récompense prévue était un déjeuner pour lequel j'apporterais un vin du domaine de la Romanée Conti.

Peu de temps après, voulant vider ma messagerie des spams reçus récemment, je vois qu'Adrian, un espagnol, avait répondu avant Johan. Je n'allais pas dire à Pierre-Antoine qu'il ne serait pas invité aussi quatre personnes furent déclarées gagnantes, un espagnol, un suisse, un français vivant près de la Suisse et un français se partageant entre Paris et la Champagne. Il fallut ajuster les agendas pour que tous se mettent d'accord sur une date. Nous avons trouvé une solution.

Le gagnant espagnol veut apporter deux vins espagnols et je lui suggère de n'en apporter qu'un. L'ami français (avec qui je déjeunais hier autour de son Montrachet 1926) veut apporter un vin. J'ai donc rempli ma musette de plus de vins qu'il ne faut, et je choisirai en fonction des apports.

L'enjeu était de boire une bouteille de la Romanée Conti, mais avec quatre gagnants il me semble qu'il en faut deux.

A 11 heures j'arrive au restaurant Pages où je suis accueilli par de larges sourires de l'équipe qui travaille en cuisine. Je commence l'ouverture par La Tâche 1963 et en enlevant la capsule, se libère une masse poussiéreuse noire. Le bouchon que je tire se soulève et exhale une vilaine senteur vinaigrée de serpillère. Masquée par mon silence, c'est une tempête sous mon crâne. Je maugrée. Je me dis : « non pas ça, hier j'ai eu une La Tâche 1956 morte. Pas deux fois ! ». J'enlève le bouchon et je sens le vin. Rien. Pas un seul petit signe de déviation. Le nez est clairement celui d'un vin du Domaine, avec toutes les caractéristiques que j'aime. Comment est-ce possible que l'odeur du bouchon n'ait pas laissé de trace dans le vin, je ne sais pas, mais je fais : « ouf ».

L'ouverture de l'Echézeaux 1989 est beaucoup plus facile et sans incident. Des deux vins d'Adrian je choisis le Viña Tondonia Rioja rouge 1970 dont le parfum est une merveille.

Le bouchon du Pavillon Blanc de Château Margaux 1979 me fait souffrir car il y a dans le goulot une telle surépaisseur de verre que le liège vient en mille morceaux. J'ouvre le Santenay Jessiaume Père & Fils 1943 de Pierre qui montre un parfum charmant et je finis par le magnum du Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1996 au parfum d'une belle intensité.

Selon la tradition nous nous rendons avec trois des gagnants à la brasserie 116 pour boire une bière japonaise en grignotant des édamamés. C'est un rite et un plaisir.

Pendant la séance d'ouverture j'ai mis au point avec le chef Ken le menu en m'inspirant des plats qui sont normalement prévus mais en les adaptant. Après des amuse-bouches délicats il y aura une entrée à base d'artichaut, du cabillaud cru puis du cabillaud cuit avec une sauce au vin rouge, une viande de bœuf en deux cuissons et une gaufre de pomme de terre et petit pois, du wagyu servi simplement sans accompagnement, du saint-nectaire et un original millefeuille grillé à la vanille.

Le Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs magnum 1996 est un champagne d'une simplicité d'approche que j'adore. Tout en lui est lisible, cohérent, rond et agréable. Il est solide et très gastronomique. Il accompagne les amuse-bouches, la composition à base d'artichaut et le poisson cru, et sera pertinent sur l'excellent dessert. Je trouve ce 1996 un peu moins vif qu'il y a quelques années. Il retrouvera de nouvelles énergies.

Le Pavillon Blanc de Château Margaux 1979 a une très jolie couleur. Il est franc et droit, et trouve un bel accord avec le poisson cru. Il n'est pas très complexe mais se montre très jeune, pur et plaisant.

Le Santenay Jessiaume Père & Fils 1943 est un vin plutôt léger surtout si on le compare aux trois autres rouges, mais son côté aérien et frais est fort agréable. Son acidité est belle. Il n'a pas d'âge et la sauce au vin du cabillaud va le mettre en valeur. Nous nous faisons plaisir.

Les deux vins de la Romanée Conti sont servis ensemble. La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1963 est absolument divine, et avec Pierre nous convenons qu'elle est encore supérieure à La Tâche 1965 que nous avons adorée hier. Ce vin est idéal, parfait, avec une émotion extrême, tant sa subtilité est infinie. On est dans ce que la Romanée Conti fait de mieux. Aubert de Villaine m'avait dit il y a peu de jours que je trouve dans les petites années des plaisirs extrêmes et ce 1963 est un exemple parfait et convaincant, car les petites années révèlent pour moi d'extrêmes subtilités.

Je sens les gagnants très émus d'entrer ainsi dans le monde de la Romanée Conti. On ne pouvait pas rêver mieux.

Il va se passer quelque chose d'assez extraordinaire avec l'Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1989. Au moment où on le découvre il est droit, carré, solide et facile à lire. Un bon second à côté de La Tâche. Mais il va progresser à une allure incroyable, gagnant en complexité, en largeur, en affirmation, et devient un vin immense, très au-dessus de ce que je pouvais imaginer, tout en plaisir. Cette ascension sera telle que deux convives mettront dans leur vote l'Echézeaux devant La Tâche pourtant sublime.

Les deux vins étaient agréables sur la viande bœuf mais c'est surtout sur le délicieux wagyu qu'ils s'expriment, le gras de la viande amplifiant toutes leurs subtilités.

Le Viña Tondonia Rioja rouge 1970 offre un parfum d'une pureté absolue. S'il était seul, sans les bourguignons, on l'applaudirait, car il a une construction parfaite et raffinée. C'est l'excellence du vin espagnol avec une grande finesse. Le saint-nectaire met en valeur sa maturité accomplie.

Le millefeuille très original redonne au champagne l'occasion de nous faire plaisir.

C'est le moment des votes. Trois places de premier vont à La Tâche 1963 et deux places de premier pour l'Echézeaux 1989. Le vote du consensus serait : 1 – La Tâche 1963, 2 – Echézeaux 1989, 3 – Champagne Henriot 1996, 4 - Viña Tondonia 1970.

Mon vote est : 1 – La Tâche 1963, 2 – Echézeaux 1989, 3 – Viña Tondonia 1970, 4 – Pavillon Blanc 1979.

L'ambiance de notre table était formidable. C'est comme si nous nous connaissions depuis toujours. Mes convives étaient aux anges, ravis d'avoir abordé le domaine de la Romanée Conti avec des vins aussi parfaits et émouvants. J'ai fait servir en cuisine un verre de chacun des vins du Domaine et j'ai pu voir à quel point le chef Ken était ému de boire des vins aussi brillants.

A la table voisine, deux chinoises regardaient avec envie les vins que nous buvions. Nous avons bavardé à la fin du repas avec elles. Ce serait assez amusant qu'à la suite de ce contact je puisse faire à nouveau des repas à Pékin.

La cuisine du chef Ken est particulièrement pertinente pour les vins du repas. Je suis content d'avoir créé l'énigme qui m'a permis de rencontrer des amateurs aussi passionnés et conviviaux.

 

Déjeuner au restaurant Fleur de Pavé autour d’un vin de 1926 jeudi, 18 mai 2023

Pierre, un ami, m'écrit qu'il possède un Montrachet 1926 et qu'il souhaite le boire avec moi. Il m'envoie des photos et me demande si j'ai bu de plus vieux montrachets. Le plus vieux que j'ai bu est 1864 mais Pierre est content que 1926 soit seulement la cinquième plus vieille année des montrachets que j'ai bus.

Je choisis sur mon inventaire un La Tâche 1956 d'une année que j'aime et le document indique 4 cm qui est la distance entre le bouchon et le miroir du vin. Pierre approuve mon choix. La veille du repas, je vais chercher le vin et je constate que le niveau n'est pas de 4 cm mais de 12 cm. Je regarde dans la même case de rangement et je vois une bouteille de La Tâche qui a un niveau de 2 cm mais dont l'étiquette déchirée ne permet pas de lire l'année. Je vais consulter mon fichier et il y a un point d'interrogation dans la colonne millésime.

J'appelle Pierre et l'informe du problème de La Tâche 1956 et je l'informe de l'autre La Tâche sans année. Pierre me dit de venir avec celle qui est sans année et je lui réponds : je viendrai avec les deux. Sa réponse immédiate est de dire qu'il va rajouter aussi un vin.

Dans cette situation il paraît opportun que nous soyons trois et nous cherchons l'un et l'autre qui convier et je trouve un ami, Luc, grand amateur de vin, qui souhaitait partager avec moi de belles bouteilles.

Pierre choisit le restaurant, ce sera le restaurant Fleur de Pavé, qui a obtenu une étoile. Pierre a prévenu le restaurant que je viendrais à 11 heures pour ouvrir les vins.

J'arrive à l'heure dite pour ouvrir mes vins. Yacine, tout souriant chef de salle, m'accueille avec plaisir. Je découpe la capsule de La Tâche 1956 et je vois que le haut du goulot est troué et qu'une épaisse croûte de graisse imprègne le goulot. Il est évident que le bouchon est tombé dans le vin et je ne pouvais pas le voir. Je nettoie les épaisses couches de matière graisseuse et je verse à travers un chinois le vin dans une carafe. Contrairement à ce qu'on pouvait craindre, le vin ne sent pas mauvais et on peut même entrevoir des senteurs sympathiques, ce qui m'étonne.

Je découpe la totalité de la cape du vin afin de voir l'année du La Tâche inconnu. Je lis distinctement 1965. Le bouchon vient entier et le 1965 est encore plus lisible qu'à travers le verre. Le parfum respire la Romanée Conti.

Pierre arrive avec son Montrachet 1926 et me propose un Meursault 1961 et un Bienvenues Bâtard Montrachet Domaine Leflaive 1997. Je lui demande qu'on laisse de côté le 1997 qui serait trop puissant à côté des autres vins. J'ouvre donc le 1926 et le 1961 qui montrent de sympathiques parfums.

Luc arrive avec ses deux apports, un champagne de 1969 et le vin qu'il avait mis de côté depuis des mois pour le boire avec moi, le Chambolle-Musigny Les Amoureuses Leroy Négociant 1961. Quel bel apport !

Le chef du restaurant n'est pas présent et le menu est bâti avec son adjoint Maxime qui fait des suggestions extrêmement pertinentes pour composer le menu. Le voici : chou-fleur en deux textures, vanille de Madagascar / tartare de bœuf normand, caviar de la maison Sturia, jus de bœuf / tarte à l'oignon, foie gras poêlé, jus corsé / langoustines juste snackées, légumes de Mr Yamashita, bisque au beurre brûlé / pigeonneau au sang cuit au barbecue, morilles farcies / côte de bœuf maturée, pomme de terre en deux textures, jus merguez / le chocolat Jamaya, glace cardamome.

Le Champagne Waris & Chenayer Blanc de Blancs 1969 a une belle couleur d'un ambre clair doré et offre quelques bulles. Son parfum est agréable et au début, il a des notes un peu vieilles, mais qui vont disparaitre dès que les mets sont servis. Il est rond, large et de belle longueur. Il a tous les atouts de ce beau millésime en Champagne.

Le Meursault Clos de la Barre Roger Cavin 1961 est absolument splendide, vivant, joyeux, solaire, avec un final qui claque comme un requin qui frappe l'eau de sa queue. Avec le tartare de bœuf, il est idéal.

Le Montrachet P. de Marcilly Frères 1926 a une magnifique bouteille et un niveau superbe. Sa couleur est un peu brune et son parfum est discret et agréable. En bouche on est frappé par des notes de rancio, et des douceurs qui n'ont rien de montrachet. Luc voit en lui des accents de madère je vois des tendances de Rivesaltes. On sait que ce montrachet n'a rien d'un montrachet et si on l'admet, on prend conscience que ce vin atypique est fort agréable et multiple. Sur la tarte à l'oignon puis sur les délicieuses langoustines cuites à la seconde près, il est brillant.

Les trois vins rouges sont servis presque ensemble. Le Chambolle-Musigny Les Amoureuses Leroy Négociant 1961 est une merveille de délicatesse. Sa couleur d'un rose clair est d'une aristocratie bourguignonne. Le nez est délicat et en bouche le vin est d'une distinction rare, très subtil et féminin. La grâce pure. Quel beau voyage de cheminer avec ce vin raffiné.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1956 qui avait été carafé souffre maintenant d'un nez peu engageant. Le vin n'est pas agréable à boire. Il est mort et l'accident de bouchon ne pouvait pas le faire revenir à la vie.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1965 au contraire est une pure merveille. Son nez a les caractères forts de la Romanée Conti, le sel et la rose et il montre une puissance tout-à-fait étonnante pour ce millésime. Je comprendrais cette force si c'était un 1966, mais pour un 1965, c'est étonnant. Il est royal, puissant, mâle, tout en étant d'une complexité raffinée. C'est un immense vin du domaine.

C'est avec le pigeon que les vins se sont sublimés, plus que sur la côte de bœuf.

Nous avons voté et Luc est comme moi, il nomme premier le vin qu'il a apporté et je ne peux pas lui en vouloir, puisque je le fais. Le classement global de nous trois est le même que le mien avec 1 - La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1965, 2 - Chambolle-Musigny Les Amoureuses Leroy Négociant 1961, 3 - Meursault Clos de la Barre Roger Cavin 1961, 4 - Montrachet P. de Marcilly Frères 1926.

A un moment du repas, j'ai fait porter des verres du Meursault à deux tables où déjeunaient deux couples de jeunes gens. Ils ont été émerveillés et sont venus nous remercier.

Toute les membres de l'équipe, de cuisine comme de service, et particulièrement Aniella, ont été d'une attention rare. Je leur ai demandé comment ils ont perçu notre repas et tous ont dit que c'est un moment inoubliable pour eux.

Je ne peux que recommander ce restaurant Fleur de Pavé qui a montré une implication exemplaire. Nous avons vécu un déjeuner passionnant et émouvant parfois. Un immense souvenir.


A mon arrivée au restaurant, souci avec La Tâche 1956 qu'il faut carafer l'apport de Luc qui arrivera beaucoup plus tard, à la fin des ouvertures le personnel dîne on nous sert des petites choses en bas, avant de monter à table le repas

Dégustation des 2022 de la Romanée Conti mardi, 16 mai 2023

Luis, un participant espagnol de mes dîners m'a donné il y a quelques semaines, lors d'un dîner, un livre du 18ème siècle écrit en français afin que je le donne à Aubert de Villaine, co-gérant de la Romanée Conti. Il me semble évident que je ne dois pas être seul à remettre ce cadeau et que nous devrions, Luis et moi, le remettre à Aubert de Villaine.

Nous avons rendez-vous à 15 heures au siège de la Romanée Conti. Aubert m'avait envoyé un message me demandant si ça me dérangerait qu'une jeune chinoise de Hong-Kong participe à la dégustation en cave. Ma réponse fut évidente.

Tandis que j'attends qu'Aubert soit disponible, on m'annonce l'arrivée de Mme de Villaine. Quelle joie de la revoir, elle qui lit chacun de mes bulletins que je lui adresse par courrier. Elle vient accompagnée de la jeune chinoise et son compagnon. Nous serons donc six à la dégustation, Aubert et Pamela de Villaine, les deux jeunes hongkongais, Luis et moi.

Avant de descendre en cave nous allons dans une belle salle de réunion pour que Luis offre le beau livre particulièrement riche d'indications sur l'histoire de la Bourgogne et de belle conservation. Luis en profite pour donner un parchemin datant de 1609, relatant les relations entre des provinces espagnoles et la Bourgogne, du temps de Louis XIII.

Il y a bien longtemps que je n'étais pas venu faire la dégustation des vins sur fûts car je trouvais que la présentation des vins qui viennent juste d'être embouteillés faite chaque année par Aubert suffisaient. J'ai sans doute eu tort car l'ambiance en cave est porteuse d'une émotion particulière.

Nous irons dans les deux caves, celle de la cuverie et celle sous le siège de la société, plus ancienne et plus émouvante.

C'est Aubert qui manie la pipette pour remplir nos verres. Je souhaite prendre des notes et lorsque je commence à écrire sur l'Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2022, je mets le mot 'riche' et j'entends Aubert dire : 'ce vin est riche'. Si ce mot est le premier qui vient à l'esprit d'Aubert et de moi, cela signifie probablement quelque chose.

Voici les notes succinctes que j'ai prises, sachant qu'en cave où il n'y a que des tonneaux, et tenant en main mon verre, écrire est un exercice délicat.

Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2022 : riche, fort, solide et aussi de belle fraîcheur. Fin de bouche agréable. Vieillira très bien. Très pur.

Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2022 : nez plus complexe, bouche plus ronde et souple, finale de forte personnalité. Plus fruité. L'écart entre les deux vins est plus marqué que pour d'autres millésimes.

Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 2022 : nez subtil et en bouche, ce vin est romantique, raffiné. Tout est subtil. Pureté. Très grand vin et belle réussite. Ce vin est tellement fluide.

Aubert nous dit que le millésime 2022 dispose à la fois d'une grande qualité et d'une grande quantité ce qui le fait ressembler au millésime 1959. Jamais les caves de la cuverie n'ont été aussi pleines.

Richebourg Domaine de la Romanée Conti 2022 : nez très expressif, qui n'est pas seulement lié à la puissance. Le fruit est riche et joyeux. Ce vin est large. Il est énergique et joyeux sans avoir à montrer sa puissance. Je l'adore car il est franc.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 2022 : nez glorieux. Ce vin est tellement grand. Tout est superbe. Ce vin est une synthèse. Il sera immense. Le final est superbe, très fort. Il me vient un éclair : je pense que ce vin a la perfection que j'avais trouvée dans Les Gaudichots 1929 de la Romanée Conti qui est le plus grand vin de la Romanée Conti que j'aie bu. Comme nous sommes en cave et parlons anglais, je note : « so good ».

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 2022 : c'est la grâce. Tout est rond. On s'émerveille. Il est très équilibré, mais il est en devenir. Il est plus en devenir que la Tâche qui est immédiatement aimable.

A ma demande, nous goûtons ensuite le Corton Rouge Domaine de la Romanée Conti 2022. C'est ce vin qui est normalement bu en premier. A la suite de la Romanée Conti, on voit qu'il est plus rustre et dans une philosophie très différente, mais je le trouve percutant, enthousiaste, « pushing ».

J'avais apporté avec moi deux vins déjà ouverts que je souhaitais faire goûter à Aubert de Villaine mais aussi aux autres participants et le fait de les boire dans la vieille cave du domaine va ajouter de l'émotion.

Il y a le Château Rayne-Vigneau 1928 si élégant et raffiné et le Malaga 1872 qui combine le doux et le salé. Le boire ici alors que je vénère le sel, marqueur des vins de la Romanée Conti, cela m'émeut encore plus. Luis est aussi très ému de boire ce vin de 150 ans.

Nous avons longuement bavardé. Luis est reparti vers de nouvelles aventures, heureux d'avoir pu faire un beau cadeau à Aubert de Villaine et d'avoir pu entrer dans le saint des saints ou le sein des seins, là où s'élabore le vin le plus recherché de la planète. Je suis heureux d'avoir pu être l'entremetteur de cette belle rencontre.

dans les caves

Dîner avec un ami de l’Oregon dimanche, 14 mai 2023

Un américain qui a participé à plusieurs de mes dîners est un invraisemblable aventurier. Il vient de passer plus de deux mois en Russie et sur le lac Baïkal. Je souhaite lui montrer ma cave et l'inviter à dîner chez moi. Le choix des vins est un épisode que j'adore, car de multiples critères interviennent.

Je vois en cave une bouteille dont le cul profond indique un âge certain et dont la couleur rose m'intrigue. Il s'agit d'un sauternes, Château Rayne-Vigneau dont je ne connaîtrai le millésime qu'en enlevant la feuille de plomb qui forme la capsule. C'est 1923 ou 1928. J'ai opté pour 1928 en scrutant le dernier chiffre.

Je vois ensuite un Richebourg de la Romanée Conti au millésime difficile à lire. Ce pourrait être 1975. En soulevant la cape qui avait déjà été découpée il y a longtemps pour lire le millésime, je peux voir distinctement 1966.

Par ailleurs, en rangeant des bouteilles, je vois un Dom Pérignon 1964 qui a perdu la moitié de son volume et semble d'une couleur foncée. Il faut toujours donner une chance aux vins aussi je l'inclurai dans le repas. Mais par sécurité je prends un Moët & Chandon Brut Impérial 1982 qui pourrait donner lieu à une intéressante confrontation. Ma fille se joindra à nous avec son compagnon qui voyage de par le monde pour étudier les civilisations disparues et pourra échanger avec l'aventurier.

Le menu sera d'amuse-bouches pour l'apéritif dont de petits boudins, des épaules d'agneau avec un gratin dauphinois, Brillat-Savarin, saint-nectaire et chèvre puis une tarte Tatin.

J'ouvre vers 14 heures le Richebourg dont le parfum est la définition idéale des vins du domaine de la Romanée Conti, le sel et la rose dans leur plus belle expression. Le nez du Rayne Vigneau est d'une élégance extrême. Tout va bien.

A 17 heures, après la visite de cave, j'ouvre le Dom Pérignon 1964 dont la cape et le bouchon sont gras et noir. Le parfum est vieux mais plutôt encourageant. Le Moët 1964 a aussi une cape et un bouchon noirs et sales. Le nez est avenant.

L'apéritif commence. Lorsque je verse le Champagne Dom Pérignon 1964, la couleur est grise et peu avenante. Mais en bouche, malgré la fatigue évidente, le goût pourrait s'améliorer. Le Champagne Moët et Chandon Brut Impérial 1964 a une belle couleur et une bulle présente. Le goût est agréable, mais on sent que le vin est limité et court. Contre toute attente, le Dom Pérignon se réveille et devient plus expressif que le Moët. C'est le mystère du vin.

Sur l'épaule d'agneau, le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1966 se montre brillant. Le nez est de rose et de sel et la bouche lui répond. On a toute la singularité si expressive des vins du domaine et c'est un régal. Ma fille avec qui je partage assez souvent des vins du domaine est aux anges. C'est un grand vin, d'une belle maturité montrant à quel point ce millésime est solide.

Je n'imaginais pas que le vin serait bu si rapidement aussi je me dépêche d'ouvrir un Chambertin Clos de Bèze Pierre Damoy 1964. Il y a plus de trente ans j'avais remarqué à quel point les chambertins de Pierre Damoy étaient grands et j'avais acheté une importante quantité de 1961 et 1964 qui ont été toujours superbes, souvent nommés premiers dans mes dîners. Et ce 1964 montre une facette de la Bourgogne très complémentaire de l'expression de la Romanée Conti. Ce vin est fin, racé, vibrant et d'un équilibre absolu. C'est un vin gourmand, rêche, d'une expression porteuse d'émotion. Je l'adore.

La fusion entre la tarte Tatin et le Château Rayne-Vigneau 1928 est confondante. Quelle union. Ce sauternes est superbe de délicatesse, de grâce et de douceur. Le botrytis est plutôt réservé, rendant le vin fluide et féminin. C'est une expression d'une rare finesse.

J'ai fait goûter à mon ami Bill quelques gouttes d'un Malaga 1872 que j'avais ouvert il y a une semaine. Ce goût kaléidoscopique mêlant le sucré et un salé très fort entraîne dans des imaginations des mille et une nuits.

Comment classer les vins de ce dîner ? Le premier est le Richebourg 1966. La place de second est difficile à départager entre le Rayne-Vigneau 1928 et le Chambertin 1964. Ensuite le Dom Pérignon 1964 passe devant le Moët du même millésime.

Bill et le compagnon de ma fille se sont trouvé des connaissances communes pourtant peu envisageables. Les discussions ont été passionnantes tant notre ami vit des aventures extraordinaires. Ce fut un beau repas aux vins étonnants ou remarquables ou les deux.

le Corcol 1938 n'a pas été servi l'accord parfait

Règles pour la 38ème séance de l’académie des vins anciens du 8 juin 2023 dimanche, 7 mai 2023

Roman; font-size:12pt">Règles pour la 38ème séance de l'académie des vins anciens du 8 juin 2023 Roman; font-size:12pt">Pour participer à une séance il faut suivre le cheminement habituel :
  • Roman; font-size:12pt">Si l'on vient sans bouteille de vin, respecter les dates de paiement.
  • Roman; font-size:12pt">Si l'on veut venir avec un vin, proposer un vin ancien et fournir tous éléments sur le vin, dont le niveau dans la bouteille (chaque photo ne devra pas dépasser 500 Ko et devra être lisible)
  • Roman; font-size:12pt">Obtenir mon approbation pour la ou les bouteilles proposées
  • Roman; font-size:12pt">Respecter les critères d'âge :
  • Roman; font-size:12pt">Champagnes d'apéritif : pas de règles. Seront des cadeaux des académiciens qui veulent en apporter, au-delà de leur apport
  • Roman; font-size:12pt">Champagnes : avant 1997
  • Roman; font-size:12pt">Vins blancs : avant 1991
  • Roman; font-size:12pt">Vins rouges et liquoreux : avant 1972
Roman; font-size:12pt">Dates à respecter
  • Roman; font-size:12pt">Livrer les vins à partir du 2 mai et avant le 25 mai selon le processus décrit ici :
  • Roman; font-size:12pt">soit livrer sa bouteille au 10 place des Vosges (sonner et demander au gardien de prendre possession des vins, qu'il gardera pour moi. Son numéro : 06.05.76.24.83)
  • Roman; font-size:12pt">soit expédier sa bouteille à l'adresse : François Audouze Société ACIPAR, 44 rue André Sakharov 93140 BONDY.
  • Roman; font-size:12pt">Payer sa participation dans les délais prévus (avant le 6 mai)
  • Roman; font-size:12pt">Chèque à l'ordre de « François Audouze AVA » à adresser à François Audouze société ACIPAR 44 rue Andrei Sakharov 93140 BONDY, qui est de : 175 € si on apporte un vin agréé ou 280 € si on vient sans vin.
  • Roman; font-size:12pt">Ou bien avant le 6 mai pour le paiement à RIB FRANCOIS AUDOUZE AVA : FR7630003030000005024474342
Roman; font-size:12pt">– Le lieu de la réunion est : RESTAURANT MACEO 15 r Petits Champs 75001 PARIS Roman; font-size:12pt">– Heure de la réunion : 1er décembre à 19h et fin impérative 0h00. Roman; font-size:12pt">Recommandations supplémentaires : Roman; font-size:12pt">– ne pas mettre de chèque dans le colis qui comporte votre vin. Les chèques doivent être envoyés à part (je préfère les virements). Roman; font-size:12pt">– ne pas coller quoi que ce soit sur la bouteille. Tout ce qui est collé est difficile à enlever.
  • Roman; font-size:12pt">Le restaurant me demande de limiter à 32 personnes. D'où l'intérêt de s'inscrire vite.
Roman; font-size:12pt">Remarque générale importante : Roman; font-size:12pt">L'expérience des 37 séances précédentes est que je suis obligé de gérer beaucoup trop de cas particuliers au dernier moment. On va essayer de ne pas subir les impondérables. Roman; font-size:12pt; background-color:yellow">Mettre ma secrétaire en copie de tous vos mails, à winedinners.paris@gmail.com