Bulletins 2006 – De 163 à 207 dimanche, 31 décembre 2006

Les thèmes de ces bulletins :

(Bulletin WD N° 163 060102) Bulletin n°  163     :   1 - atelier de foie gras à domicile - 2 - dîner *WD au restaurant de l'hotel Meurice - 3 - vœux

(Bulletin WD N° 164 060109) Bulletin n°  164     :   1 - 21 millésimes de Pichon à Taillevent - 2 - déjeuner aux Crayères à Reims

(Bulletin WD N° 165 060116) Bulletin n°  165     :   1 - réveillon du 24 décembre - 2 - réveillon du 25 décembre - 3 - repas entre les réveillons dans le Sud

(Bulletin WD N° 166 060123) Bulletin n°  166     :   1 - réveillon du 31 décembre

(Bulletin WD N° 167 060130) Bulletin n°  167     :   1 - dîner chez des amis - 2 - dîner *WD au Pré Catelan - 3 - conférence à l'Ecole Normale Supérieure

(bulletin WD N° 168 060208 ) Bulletin n°  168     :   1 - déjeuner préparatoire chez Guy Savoy - 2 - dîner *WD chez Guy Savoy

(bulletin WD N° 169 060214) Bulletin n°  169     :   1 - académie des vins anciens

(bulletin WD N° 170 060223) Bulletin n°  170     :   1 - dîner spécial, façon WD pour des membres d'un forum - 2 - déjeuner chez Jacques Le Divellec - 3 - dîner chez Patrick Pignol

(bulletin WD N° 171 060302) Bulletin n°  171     :   1 - déjeuner au restaurant Ledoyen - 2 - dîner de famille - 3 - Saint-Valentin au restaurant Taillevent - 4 - un cognac dans une boutique

 (bulletin WD N° 172 060313)Bulletin n°  172     :   1 - dîner *WD chez Patrick Pignol - 2 - dîner dans le Sud - 3 - dîner de l'Union des Grands Crus

(bulletin WD N° 173 060320) Bulletin n°  173     :   1 - Dîner au restaurant Laurent - 2 - le guide Michelin - 3 - repas de famille - 4 - domaine familiaux de Bourgogne - 5 - départ au château d'Yquem

(bulletin WD N° 174 060328) Bulletin n°  174     :   1 - visite à Mouton-Rothschild - 2 - dîner à Cordeilhan Bages - 3 - dîner *WD au château d'Yquem

(bulletin WD N° 175 060404) Bulletin n°  175     :   1 - visite à Château Margaux - 2 - déjeuner au Lion d'Or à Arcins - 3 - dîner chez Jean Luc Thunevin - 4 - dîner au restaurant Ledoyen - 5 - repas d'amis à l'ACF

 Bulletin n°  175     :   6 - dégustation de vins de Bouchard - 7 - dîner chez ma fille cadette

(bulletin WD N° 176 060412) Bulletin n°  176     :   1 - dîners entre membres d'un forum à Anvers - 2 - déjeuner chez Le Divellec - 3 - dîner *WD au Bristol

(bulletin WD N° 177 060420) Bulletin n°  177     :   1 - dîner au chalet du Mont d'Arbois - 2 - déjeuner chez Marc Veyrat, vins du Rhône - 3 - académie du vin de France - apéritif

(bulletin WD N° 178 060427) Bulletin n°  178     :   1 - académie du vin de France - dîner - 2 - repas dans une banque - 3 - ordre des Coteaux champenois - 4 - dîner dans la cave Napoléon de Moët - 5 - digestif au Château de Saran

(bulletin WD N° 179 060511) Bulletin n°  179     :   1 - séjour et deux dîner chez Michel Bras - 2 - dîner au restaurant Laurent

(bulletin WD N° 180 060518) Bulletin n°  180     :   1 - dîner *WD chez Laurent (spécial avec un ami américain)

(bulletin WD N° 181 060524) Bulletin n°  181     :   1 - dîner *WD au restaurant Ledoyen - 2 - déjeuner chez Jacques Le Divellec - 3 - départ aux USA en Californie

(bulletin WD N° 182 060531) Bulletin n°  182     :   1 - dîner au Jack Falstaff de San Francisco - 2 - dîner au Mandarin Oriental avec un ami californien

(bulletin WD N° 183 060607) Bulletin n°  183     :   1 - visite de Hollywood - 2 - déjeuner au Pinot Bistro - 3 - dîner à Berverly Hills avec vieux vins californiens - 4 - 36 vins de la maison Trimbach à Chinois on Maine

(bulletin WD N° 184 060613) Bulletin n°  184     :   1 - notes des 36 vins de Trimbach - 2 - 36 vins de Lynch Bages au Spago Beverly Hills - 3 - dîner à Mori Sushi avec Bipin Desai

(bulletin WD N° 185 060621) Bulletin n°  185     :   1 - 120 vins du Jura à Besançon - 2 - dîner chez Laurent avec Mark Squires

Bulletin n°  185 BIS     :   1 - notes complètes sur 120 vins du Jura

(bulletin WD N° 186 060627) Bulletin n°  186     :   1 - dîner *WD chez Gérard Besson

(bulletin WD N° 187 060705) Bulletin n°  187     :   1 - dîner *WD chez Jacques Le Divellec

(bulletin WD N° 188 060712) Bulletin n°  188     :   1 - dîner chez Jean Philippe Durand - 2 - déjeuner Bistrot du Sommelier - 3 - dégustation vins de Schlumberger

(bulletin WD N° 189 060719) Bulletin n°  189     :   1 - académie des vins anciens

(bulletin WD N° 190 060726) Bulletin n°  190     :   1 - dîner à la Brasserie Dauphin avec des américains - 2 - dîner chez Laurent avec des américains

(bulletin WD N° 191 060830) Bulletin n°  191     :   1 - repas à domicile avec des vins très rares

(bulletin WD N° 192 060906) Bulletin n°  192     :   1 - dîner *WD à la Grande Cascade - 2 - repas de fiançailles chez ma fille - 3 - repas de fiançailles chez moi

(bulletin WD N° 193 060913) Bulletin n°  193     :   1 - Hôtel des Roches au Lavandou - 2 - Ecu de France en l'honneur de ma mère - 3 - Hôtel des Roches au Lavandou

(bulletin WD N° 194 060925) Bulletin n°  194     :   1 - Restaurant le Sud au Lavandou - 2 - Hôtel des Roches au Lavandou - 3 - repas dans le Sud avec J.P. Durand

(bulletin WD N° 195 061002) Bulletin n°  195     :   1 - Hôtel des Roches au Lavandou - 2 - table d'hôtes d'Yvan Roux - 3 - Petit Nice à Marseille - 4 - table d'hôtes d'Yvan Roux - 5 - dîner chez des voisins

(bulletin WD N° 196 061009) Bulletin n°  196     :   1 - repas chez ma fille - 2 - dîner *WD à Taillevent - 3 - repas littéraire avec Pol Roger au George V

(bulletin WD N° 197 061018) Bulletin n°  197     :   1 - verticale de Château Angélus à Taillevent - 2 - dîner des amis de Bipin Desai au Carré des Feullants

(bulletin WD N° 198 061025) Bulletin n°  198     :   1 - déjeuner d'amis avec de vieux bourgognes chez Laurent - 2 - dîner *WD au Carré des Feuillants - 3 - dîner chez des voisins

(bulletin WD N° 199 061103) Bulletin n°  199     :   1 - dîner *WD au Pré Catelan - 2 - table d'hôtes d'Yvan Roux - 3 - déjeuner à l'automobile club - 4 - signature de livre aux caves Legrand

Le 200ème bulletin n'a pas été édité sous forme de document word ou .pdf, il a été imprimé et non envoyé par mail. Il regroupe les 76 premiers dîners de wine-dinners, avec la liste des vins, le menu, et le classement des quatre premiers vins du repas, fait par François Audouze.

(bulletin WD N° 201 061113) Bulletin n°  201     :   1 - déjeuner d'amis au restaurant Laurent - 2 - dîners d'amis chez moi - 3 - dégustation de vins de Trimbach - 4 - déjeuner avec des américains chez Patrick Pignol

(bulletin WD N° 202 061121) Bulletin n°  202     :   1 - déjeuner à l'auberge les Morainières à Jongieux - 2 - déjeuner de magnums de Krug chez Marc Veyrat

(bulletin WD N° 203 061127) Bulletin n°  203     :   1 - dîner à "l'air du temps" pres de Namur avec des Massandra - 2 - repas chez Jacques Le Divellec - 3 - repas de famille

(bulletin WD N° 204 061204) Bulletin n°  204     :   1 - repas chez des amis avec Pétrus 1990 - 2 - dégustation de Château Chalon à l'INAO - 3 - Salon et caviar chez Pétrossian - 4 - dîner *WD chez Laurent

(bulletin WD N° 205 061211) Bulletin n°  205     :   1 - Rhône en Seine - 2 - prix Edmond de Rothschild - 3 - verticale de Barolos au restaurant "Le Terri"

(bulletin WD N° 206 061218) Bulletin n°  206     :   1 - dîner littéraire au Cinq avec les vins de Boillot - 2 - dîner *WD à l'Astrance

(bulletin WD N° 207 061222) Bulletin n°  207     :   1 - visite à la Romanée Conti - 2 - TF1 filme la cave Bouchard - 3 - dégustation des 2005 à la cuverie Bouchard - 4 - dîner au château de Beaune

 

le tour de chauffe du réveillon continue samedi, 30 décembre 2006

Le lendemain, donc le 30, déjeuner chez Yvan Roux, avec cette merveilleuse vue sur la baie de Giens et un combat de l’ombre et de la lumière, le soleil voulant percer les nuages pour faire briller la mer.

Sur des solides tranches de pata negra jabugo cinq glands, un champagne Laurent Perrier Grand Siècle. Le gras du jambon excite la bulle romantique de ce beau champagne. Les crevettes roses à l’ail se croquent avidement sur ce champagne. Il fait soif et il faut une deuxième bouteille pour une brouillade d’oursins délicatement dosée, qui est merveilleuse sur le Grand Siècle.

Le Vacqueyras 1970 a pris de l’ampleur depuis hier et accompagne des calamars cuits au parfum de pata negra avec une belle présence. Ce vin est naturellement bon. L’accord qui suit est un bonheur pur. Des cigalons, petites cigales qui ne grandiront jamais, comme les crevettes ne deviendront jamais langoustes, ont une chair intense, parfumée, qui s’accorde bien avec le Château Rayas rouge 1992, petite merveille de vin. Ce vin est serein. Il a bien sûr une définition pure. Et il rassure. La chair de la daurade rose aux gros yeux, daurade qui vit à moins trois cents mètres et se nourrit de crevettes, chair simple mais précise, s’accorde avec le Rayas. Le risotto au cigalon est moins en harmonie avec le vin.

Le fondant au chocolat trouve dans le Maury Mas amiel cuvée Charles Dupuy 1998 un écho exceptionnel. L’attaque du vin est en framboise et se poursuit dans une combinaison subtile de mûre et de cassis. Va-t-on tenir jusqu’au réveillon, c’est la question du jour, car des truffes nous attendent ce soir.

Yvan Roux

Yquem 2002 et un Chambertin 1961 dans ma cave mardi, 19 décembre 2006

Une revue suisse adressée aux titulaires d’une carte de crédit qui fait de vous un théorique roi de la Terre, veut faire un reportage sur mon activité. Un rendez-vous est pris avec une journaliste et une photographe, pour visiter ma cave. Elles souhaiteraient aussi me photographier dans un des restaurants de mes dîners. Au même moment un américain de passage à Paris, qui m’a vu écrire sur un forum, souhaite me rencontrer. J’imagine que nous pourrions partager un repas dans un des restaurants où j’organise mes dîners. Mais le TGV des journalistes a deux heures de retard. Nous ne pourrons pas aller au restaurant. Je demande à cet américain totalement inconnu (il a lu mes aventures sur le site de Robert Parker) s’il veut me rejoindre dans ma cave et partager une belle bouteille, s’il apporte des sandwiches pour cinq. Il dit oui.

Nous nous retrouvons donc dans ma cave où je réponds aux questions de la journaliste, où je prends la pose pour la photographe, et voici qu’un américain de l’Alabama qui ressemble à un gamin, se présente avec sa ravissante petite amie et les sandwiches. Il erre avec des yeux émerveillés dans ma cave. Photographié, j’ouvre un Chambertin Pierre Damoy 1961, le même que celui que j’avais offert à un autre journaliste à un déjeuner chez Jacques Le Divellec. Il me fallait ouvrir un vin déjà ancien, qui supporte une ouverture rapide, puisque l’on ne peut pas attendre, et qui s’épanouisse dans une atmosphère froide puisqu’il est bu en cave. Ce Chambertin correspond à cette attente, car sa solidité lui permet d’être expressif, même dans ces circonstances. Pendant la conversation, j’entends que le jeune américain et la journaliste n’ont jamais bu d’Yquem. Est-ce un appel inconscient, je ne le sais. Un de mes collaborateurs est allé acheter des desserts. J’ai l’envie d’ouvrir une Yquem. Je vois, en errant dans les allées, une demie bouteille d’Yquem 2002. Il faut être fou pour ouvrir un vin si jeune et si pâle. Je l’ouvre. Mes compagnons de cave sont émus. Le vin est délicieux, avec des évocations de jeunes fruits verts. C’est énigmatique, troublant, tout en douceur végétale et je le trouve diablement intéressant. On est loin de la puissance traditionnelle d’Yquem 2001. On est dans un registre plus romantique, plus floral, plus délicat. Il est évidemment moins bien noté par les critiques, mais j’aime bien qu’Yquem explore aussi cette facette là.

Quand j’ai fermé les multiples serrures de ma cave, je savais que j’avais fait plaisir à de jeunes personnes qui découvraient leur premier Yquem.

dîner wine-dinners du 07/12/2006 jeudi, 7 décembre 2006


Les vins de ce dîner

  1. Champagne Charles Heidsieck mis en cave en 1997
  2. Champagne Dom Pérignon 1985
  3. Corton Charlemagne Verget 1993
  4. Château Latour 1943
  5. Château La Gaffelière Naudes 1929
  6. Vosne-Romanée Les Genévrières Charles Noëllat 1969
  7. Romanée Conti, Domaine de la Romanée Conti 1974
  8. Château Chalon Jean Bourdy 1955
  9. Château Filhot 1986
  10. Château Rayne-Vigneau 1947










dîner de wine-dinners au restaurant de l’hôtel Bristol jeudi, 7 décembre 2006

Le 79ème dîner de wine-dinners se tient une nouvelle fois au restaurant de l’hôtel Bristol. C’est Virginie, sommelière attentive qui va faciliter une fois de plus le cérémonial de l’ouverture des vins. Un amateur éclairé canadien, qui vit aux Etats-Unis, est intéressé d’observer comment je procède. Les bouchons viennent particulièrement aisément, même si ce fut difficile pour l’un d’entre eux, collé au verre comme à la glu. Les odeurs sont encourageantes et je ne vois pas de problème saillant. La petite incertitude vient du Latour 1943 qui pourrait évoluer de diverses façons. Nous verrons. La Romanée Conti me semble nécessiter un peu plus d’oxygène. Comme son niveau est très haut dans le goulot, il faudrait élargir la surface. Comme j’ai pris depuis longtemps l’habitude d’apprécier le retour à la vie d’un vin en me fiant aux seules odeurs, sans boire le vin, on comprendra que c’est par pur dévouement que, Joe et moi, nous bûmes quelques gouttes de cette exquise Romanée Conti !

Les convives sont presque tous à l’heure et je donne les consignes d’usage sur un champagne Charles Heidsieck  mis en cave en 1997. Je suis très agréablement surpris par l’élégance charmante de ce champagne qui évoque des fleurs et des fruits roses. Le dosage n’est pas excessif, et ce champagne joue exactement son rôle, de nous préparer à un repas de rêve.

Eric Fréchon a travaillé avec Jérôme Moreau à la mise au point d’un chef d’œuvre. Voici ce qu’ils ont imaginé et réalisé : Royale de foie gras fumé, écume d’oseille / Noix de coquilles Saint-Jacques contisées à la truffe blanche d’Alba, gnocchis au jus de roquette et parmesan / Sole de petit bateau farcie aux girolles, sucs d’arêtes réduits à peine crémés au vin jaune / Faisane de foie gras, topinambour et truffe / Comté 18 mois / Stilton / Dégustation autour de la poire.

Nous passons à table dans la merveilleuse salle à manger lambrissée d’une ellipse parfaite. Notre table centrale est belle. Les premiers petits amuse-bouches annoncent que la perfection est ici la norme car la bouchée de chamallow au foie gras est le premier indice du talent du chef, exposé ensuite sur des saveurs délicates. Le champagne Dom Pérignon 1985 arrive sur une entrée que j’avais demandée, tant je l’avais aimée lors d’une récente visite. Cette combinaison de foie gras, d’oseille et de fumé insistant est extraordinairement troublante et vole la vedette au délicieux Dom Pérignon, tant l’énigme est excitante. Mais le Dom Pérignon est suffisamment civilisé pour se prêter à cette farandole gustative. Contraint d’être le Monsieur Loyal du plat, le champagne sophistiqué sait se tenir. Le Corton Charlemagne Verget 1993 est un blanc typé quasi intemporel. Il est tellement rassurant qu’on ne peut lui donner d’âge. La truffe blanche n’est pas la plus explosive, c’est l’année qui veut cela. Et l’intérêt est ailleurs. C’est l’exquise sauce à la roquette (c’est la première fois que je la vois domestiquée comme cela), qui forme avec le bourgogne noble une association d’une provocation passionnante.

Le Château Latour 1943 a une robe d’un rose soutenu, un parfum de grande race. En bouche, il mérite un soin attentif pour en saisir toutes les nuances. Son élégance, sa subtilité sont de grand intérêt. Mais on est attiré par le verre d’à côté. Car le Château La Gaffelière Naudes 1929 fait vaciller toutes les certitudes. J’avais, comme souvent, fait un couplet enamouré sur l’année 1929. Et voici que ce vin, noir comme un 2003 sortant de fût, au nez de truffe, nous donne une perfection gustative presque irréelle. Ce vin est profond, lourd comme le serait un 1961, évoque un grand Cheval Blanc comme le 1947 que nous avons bu avec l’un des convives de ce soir, et dont nous rappelons la mémoire avec émotion. Des convives qui aiment cuisiner disent qu’il serait impossible d’imaginer la jeunesse de ce vin tant qu’on ne l’a pas essayé. L’expérience d’une telle pétulance ne peut pas être crue si on la raconte. Il faut l’avoir vécue.

Le Vosne-Romanée Les Genévrières Charles Noëllat 1969 est bu entre deux plats. Je l’avais ajouté pour le plaisir. Il y a autour de la table des amoureux des vins de Bourgogne. Ils sont comblés. Ce vin d’une grande année bourguignonne résume tout le charme troublant de sa belle région. Notre érudit canadien nous raconte que ce Genévrières a été acheté il y a treize ans par Lalou Bize-Leroy, l’une des grandes personnalités de la Bourgogne. Ce qui indique que le vin qu’on fait sur cette parcelle est de grande valeur. Notre verre le confirme. Le Gevrey-Chambertin Clos Saint-Jacques Clair Daü 1961 était éblouissant à l’ouverture. J’en attendais beaucoup. Il est au rendez-vous. Et le contraste avec la Romanée Conti, Domaine de la Romanée Conti 1974 est assez saisissant. Le Gevrey est d’une année divine. Il est assuré, confiant, déclinant le charme généreux de la Bourgogne. Malgré une extraction plus roturière, il s’exprime en gentilhomme à côté de l’empereur des vins, d’une petite année, au charme romantique. Tout est en suggestion dans cette Romanée Conti de grande race. On comprend avec ce vin ce qui fait la réputation de la Romanée Conti car la subtilité est extrême, et les évocations d’épices et de parfums sont innombrables. Il est clairet en haut de bouteille, et j’eus la chance de déguster la fin de bouteille, très foncée sans avoir de lie. Cette concentration de saveurs délicates est un plaisir d’esthète. A deux dîners de suite, nous aurons eu Latour 1947 puis 1943 et Romanée Conti 1967 puis 1974. Cette conjonction est rare.

Pour les deux fromages qui vont suivre, j’ai appris à mes charmants convives le rôle primordial de la salive pour créer un accord gustatif parfait. Celui du comté avec le Château Chalon Jean Bourdy 1955 est naturel. Cet exemplaire du 1955 que j’ai maintes fois bu est particulièrement brillant, avec une présentation civilisée remarquable. Toute la table est sous son charme. Le Château Filhot 1986 est un vrai bambin. Mais c’est plaisant à ce stade du repas. Naturel, franc, il ne surprendra personne. En revanche, le Château Rayne-Vigneau 1947 à la couleur d’un cuivre épanoui, au nez de coing et de mangue, est d’une insolente sérénité. C’est le presque sexagénaire d’une séduction de Dom Juan. Il chante le chant du sauternes avec sérénité et passion. Les variations complexes sur la poire sont déroutantes pour lui.

Les votes sont plus concentrés que d’habitude. Quatre vins ont eu un vote de premier, dont quatre pour la Romanée Conti, trois pour le Gevrey Chambertin 1961, trois aussi pour le La Gaffelière 1929, et un pour le Vosne-Romanée 1969. Le vote du consensus serait Romanée Conti 1974, La Gaffelière Naudes 1929, Rayne Vigneau 1947 et Gevrey-Chambertin Clos Saint-Jacques Clair Daü 1961. Mon vote a été : 1 - Château La Gaffelière Naudes 1929, 2 - Rayne Vigneau 1947, 3 - Romanée Conti, Domaine de la Romanée Conti 1974, 4 - Gevrey-Chambertin Clos Saint-Jacques Clair Daü 1961.

Le plat le plus extraordinaire est la « Royale de foie gras fumé, écume d’oseille » qui est à se damner. L’accord le plus excitant est le jus de roquette avec le Corton Charlemagne. Le talent d’Eric Fréchon, qui ne cesse de s’affirmer, a permis à des vins de briller et à des convives conquis de s’extasier.

l’académie des vins anciens du 22 novembre mercredi, 22 novembre 2006

les vins de l'académie du 22 novembre

L’académie des vins anciens tient sa quatrième session au Pavillon Elysée. La grande salle du premier étage, que je pratiquais dans un passé professionnel lointain, quand ce lieu faisait partie des grandes tables parisiennes, est exactement adaptée à notre groupe de 48 membres répartis en six tables de huit. L’efficacité de l’équipe présente est à signaler. Je commence la cérémonie d’ouverture d’une cinquantaine de vins sous l’œil d’une caméra maniée avec l’intention de faire connaître au monde américain les petites astuces et les principes que j’ai adoptés après avoir ouvert des milliers de bouteilles en observant les effets des initiatives que je prends. Un petit groupe d’amis grossit  autour de moi car certains veulent m’aider et d’autres veulent apprendre. Certains vins ont des odeurs merveilleuses, comme l’Yquem 1950 et le Volnay 1949. D’autres vins sont franchement au-delà de tout espoir de survie. Certaines odeurs sont épouvantables. Il manque à l’académie un comité d’admission des bouteilles. La diversité des apports n’a jamais été aussi marquée que ce soir. Il faudra travailler ce sujet. J’ai eu l’occasion de le rappeler dans mon discours introductif : « c’est la qualité des apports qui fait la qualité de nos réunions. Chacun est solidairement responsable. N’attaquez pas telle ou telle bouteille, puisque son propriétaire est sans doute à votre table ». Fort heureusement de merveilleuses bouteilles ont permis à chacun de trouver des sujets de grand bonheur.

Un académicien fort généreux ayant apporté pour les travailleurs du tirebouchon un champagne Duval-Leroy vers 1969, nous avons pu goûter un délicieux champagne à la bulle devenue discrète dont l’expression typée est joyeuse.

Comme à chaque réunion, nous trinquons sur des demi-bouteilles de champagne Léon Camuzet d’une quinzaine d’années, dont l’évolution sympathique est une mise en bouche pour s’acclimater au monde des vins anciens. Didier Depond fit la moue sur ce champagne que d’autres amis ont adoré. Il était visiblement fort marri que ses champagnes Delamotte et Salon expédiés depuis plusieurs jours aient manqué à notre soirée. On les retrouvera un jour, mais comme Grouchy.

Le menu a été composé avant qu’on ne connaisse les vins. Il n’avait donc aucune vocation à être strictement adapté aux vins. Il fut fort honorable mais sans corrélation possible avec ce que nous avons bu : Tempura de gambas avocat pomme / Déclinaison de saumon cuit fumé et mariné, chips de pomme de terre et asperge fine / Foie gras de canard aux épices en déclinaison glacé / Suprême de Pintade rôtie aux asperges vertes et mitonnée de morilles / Fromages de Bernard Antony / Macaronade nuts caramel d’agrumes et pain d’épices.

Les académiciens sont répartis en trois groupes, et voici leurs vins, dans l’ordre de service :

Groupe 1 : Pol Roger rosé 1979 - Probable Chassagne blanc vers année 30, capsule porte : JJ & B - Domaine de Chevalier 1952 - Château Talbot 1955 - Château les grands Rosiers Pauillac 1926 - Château Rausan Ségla 1924 - Pommard Grands Epenots Michel Gaunoux 1962 - Chateauneuf du Pape Sélection de la réserve des Chartes 1947 - Hermitage  Paul Etienne 1959 - Vega Sicilia Unico 1941 - Bouzy Barancourt 1974 - Château Chalon Jean Bourdy 1953 - Montrachet du Domaine de la Romanée Conti 1969 - Domaine du Pin, Beguey, 1ères Côtes de Bordeaux 1937 - Château d'Yquem 1950 - Cognac de Tiffont, cuvée du centenaire vers 1880.

Groupe 2 : champagne "Femme" Duval Leroy 1996 - Graves blanc LE CARDINAL 195? - G de Château Gilette 1958 - Chassagne-Montrachet – Namont de Marcy  1962 - Clos de l'Oratoire 1961 - Château Le Bon Pasteur 1955 - Château Larcis Ducasse 1945 - Château Carbonnieux 1928 - Clos Saint Jean – Bouchard aîné & fils 1962 - Bonnes Mares  Lionel Bluck  1966 - Volnay Clos des chênes 1949 - Côteaux du Layon Cousin-Leduc 1961 - Lacrimae Santa Odiliae Pierre Weissenburger à Obernai 1928 - Château Rayne Vigneau 1975 - Château Coutet 1947 - Cognac de Tiffont, cuvée du centenaire vers 1880.

Groupe 3 : Pol Roger rosé 1979 - champagne Dom Pérignon Oenothèque 1976 - PULIGNY-MONTRACHET  Gauthier frères 1953 - Bâtard Chevalier blanc Pessac Léognan 1988 - Château Talbot 1978 - Château Le Prieuré Saint-émilion 1971 - Château Haut-Brion 1970 - Château La Cabanne Pomerol 1953 - Bouchard Ainé Fils, Grand Manoir, Côtes de Nuits 1929 - Moulin à Vent Bichot 1947 - Chateauneuf du Pape Domaine de Nalys 1985 - Anjou Rosé Moelleux domaine de Bablut 1959 - LOUPIAC  château Dauphiné-Rondillon  1952 - Château Camperos Haut-Barsac 1941 - Château Chalon Jean Bourdy 1969 - Cognac de Tiffont, cuvée du centenaire vers 1880 (commun à toutes les tables).

Les académiciens étant de plus en plus disciplinés, les échanges de vins entre groupes furent discrets. Aussi n’ai-je pu profiter de quelques vins des autres tables qui m’excitaient au moment où je les ai ouverts avec la fine équipe de « tirebouchonniers ». Le Coutet 1947 a été grandiose selon les échos que j’en ai eu, comme le Volnay 1949, le Dom Pérignon 1976 et le Larcis Ducasse 1945. Le Haut-Brion 1970 que j’avais affecté à cette expérience avant de savoir ce qu’il donnerait chez Robuchon fut applaudi. C’est heureux qu’il ait choisi ce soir là pour être bon.

Voici quelques commentaires succincts des vins de mon groupe. Soucieux de l’organisation, je n’avais pas l’attention qu’il faudrait pour saisir toutes les subtilités. Le champagne Pol Roger rosé 1979 est joyeusement fruité. Il est précis. Son attaque est belle, mais il est très court en bouche. Un champagne très agréable, plus plaisant que le récent Pol Roger rosé 1999 que j’ai goûté lors d’un dîner littéraire.

Le probable Chassagne blanc des années 30, JJ&B est une énigme pour tous, mais il est extrêmement plaisant. Certains se demandent si c’est bourguignon. On me parle de chenin. On évoque le chardonnay. Je le crois volontiers. C’est un vin charmant, qui ne renie pas son âge avancé, qui ne ressemble à rien d’actuel, mais qui imprime en bouche une trace forte et plaisante. Son association avec l’agrume du plat le rend absolument excitant.

Les trois vignerons qui sont à ma table sont surpris que le Domaine de Chevalier rouge 1952 puisse avoir cette jeunesse. Ce vin est extrêmement bon. Sa robe et son nez sont jeunes. Il est précis en bouche. Un grand vin. Il ouvre des horizons nouveaux sur la pertinence des périodes de maturité annoncées par les gourous du vin. Ce bordeaux a 54 ans. Il est ingambe et séduisant.

Cette leçon va être confirmée par le Château Talbot 1955 qui est brillant, comme tous les vins de 1955 en ce moment. La structure est un peu plus précise et l’année un peu plus chaleureuse que celle du Domaine de Chavalier.

Le Château les grands Rosiers Pauillac 1926 est une inconnue pour tous. Est-ce Haut Bages comme il est inscrit sur l’étiquette récente. La capsule est assez neuve, le bouchon me semble avoir largement plus de quarante ans. Lorsque je dis que j’aime ce vin, Aubert de Villaine, attentif à nos approches de ces vins anciens, se refuse à suivre mon optimisme. Il n’aime pas ce vin du fait de défauts évidents. Il est possible que l’insistance aromatique du saumon fumé, très éloigné des désirs des vins rouges, ait conduit à cet écart d’analyses. Ce vin est plaisant, vivant, très certainement de 1926. Je l’ai aimé.

En revanche, contrairement au blanc des années 30 et au 1952 de ma cave, le Château Rausan Ségla 1924 que j’avais ajouté malgré un niveau bas montre dès l’abord une odeur animale décourageante. Mais ce vin allait apporter à mes théories une indéniable confirmation. Je demande toujours que l’on ne juge pas trop vite. Nous avons constaté avec mon célèbre voisin une transformation olfactive spectaculaire du Rausan-Ségla. Nous aurions attendu quelques heures de plus, il n’est pas interdit de penser que la majeure partie des imperfections eussent été gommées. Au moment de son passage en scène il ne savait pas son texte. Paix à son âme.

Le Pommard Grands Epenots Michel Gaunoux 1962 est le petit fils d’un de mes plus grands bourgognes, le Grands Epenots Michel Gaunoux 1926. On sent au nez tout le charme bourguignon. Hélas en bouche, ce n’est pas très bien assemblé. Du charme certes, mais de l’imprécision. Le Chateauneuf du Pape Sélection de la réserve des Chartes 1947 dont j’avais fait aussi la pioche dans ma cave me plait énormément. C’est indéniablement un vin simple, sans aucune complication, mais c’est un vin de plaisir qui chante comme sa région.

L’Hermitage  Paul Etienne 1959 a une magnifique étiquette, comme celle de très vieux cognacs. Me déplaçant, car j’étais appelé par d’autres tables, je n’ai pas gardé le souvenir de ce beau vin.

Le Vega Sicilia Unico 1941 m’avait fait très peur à l’ouverture. Sous la capsule, le haut du bouchon, descendu de huit millimètres, laissait suinter du liquide sur un disque moisi. Il n’y avait heureusement aucune contagion. Ce témoignage antique du plus grand vin espagnol me plait énormément, fort, alcoolique, presque caramélisé.

Après ce monstre sacré, le joli Bouzy Barancourt 1974 a moins de structure. On l’aime surtout car c’est un témoignage de valeur de sa région. Le Montrachet du Domaine de la Romanée Conti 1969, cadeau spectaculaire pour l’académie, est un vin qui se boit religieusement. Il est bien sûr de grande race, mais je ne lui ai pas trouvé le caractère flamboyant qu’il a dans ses versions plus récentes. Il est à noter que même plus discret, ce vin reste spectaculaire. Mon attirance pour le Château Chalon Jean Bourdy 1953 est connue. Je l’avais goûté récemment. Celui-ci est vif, limpide, conforme à l’empreinte qu’il doit avoir. J’ai un faible pour le Domaine du Pin, Beguey, 1ères Côtes de Bordeaux 1937 que j’ai déjà fait figurer dans plusieurs de mes dîners. Il ne faut pas lui demander une puissance qu’il serait incapable d’avoir. C’est sur la séduction tranquille avec des notes d’agrumes qu’il faut le déguster. Le Château d'Yquem 1950, cadeau de Pierre Lurton, qui ne pouvait être des nôtres, est généreux, sûr de son charme. Il est très Yquem, sans chercher à dérouter. Très classique, il joue sa partition sans la moindre fausse note. Cette bouteille reconditionnée en 1992 est de l’or le plus pur. Le Cognac de Tiffont, cuvée du centenaire vers 1880 est objectivement un grand cognac. Je l’ai trouvé un peu aqueux et manquant de pep. Là aussi, un certain manque de sex-appeal. Par comparaison, le Bourbon 1900 que je fis goûter à certains est un diablotin remuant.

Notre groupe de vins était particulièrement brillant. Les rires fusaient aux autres tables montrant que les académiciens ne se chagrinaient pas trop des quelques bouteilles réellement mortes. Je serais bien en peine de faire un classement des vins que j’ai bus. Je mettrais en tête Yquem 1950, car il est toujours au rendez-vous, avec une pureté de ton remarquable. C’est le Montrachet DRC 1969 qui doit venir en second pour sa noblesse. Mais je le ferais volontiers précéder par le Domaine de Chevalier 1952 qui sera second ou troisième selon que l’on privilégie tel ou tel critère de jugement. Le Chateauneuf du Pape 1947 vient ensuite et le Vega Sicilia Unico 1941.

L’académie des vins anciens est sans doute le seul cercle qui permet à des amateurs d’avoir accès à des vins impossibles à rassembler : Dom Pérignon Oenothèque 1976, Montrachet DRC 1969, Yquem 1950, Coutet 1947, Vega Sicilia Unico 1941, Larcis Ducasse 1945, Carbonnieux 1928, et d’autres, où peut-on les rassembler ? Seulement à l’académie bien sûr, pour des budgets aussi mesurés.

Belle salle, bon service, repas structuré, intelligents fromages, grands vins. L’académie s’installe sur un bon rythme. Et le groupe de fidèles est très sympathique. Vivement la prochaine séance.

règles de fonctionnement pour la réunion de l’académie des vins anciens mercredi, 22 novembre 2006

Voici le texte adressé le 20 octobre aux inscrits :

Chère académicienne, cher académicien,

1 – lieu et date

La prochaine séance de l’académie se tiendra au Pavillon Elysée, 10 avenue des Champs-Élysées le 22 novembre 2006 à 19 heures précises.

Nous bénéficierons d’un repas à plusieurs plats préparé par le groupe Lenôtre et de fromages de Bernard Antony.

2 – conditions financières

Pour assurer un niveau de haute qualité des vins de cette soirée, je vais innover en prévoyant une tarification à deux niveaux pour ceux qui apportent des vins.

Les conditions de participation à cette séance seront les suivantes :

Roman" size="2">-Roman" size="1">Roman'">          participation à la séance avec une bouteille ancienne de haut niveau : 120 €

Roman" size="2">-Roman" size="1">Roman'">          majoration pour bouteille acceptée, non ancienne ou de moindre rareté : 60 €

Roman" size="2">-Roman" size="1">Roman'">          majoration pour absence de bouteille : 50 € en plus des 60 €

J’indiquerai à chacun dans quelle catégorie il se trouve.

Comme j’ai demandé des prestations plus chères, le prix est plus élevé. Je comprendrai si parmi les inscrits certains d’entre vous annulent leur inscription. Me le dire au plus vite pour que j’accepte d’autres demandes.

3 – livraison des vins

Les vins doivent être adressés à deux endroits possibles :

Roman" size="2">-Roman" size="1">Roman'">          à mon bureau 18 rue de Paris à 93130 Noisy-le-Sec, société Vimpériale, pour ceux qui enverront leur bouteille par la poste

Roman" size="2">-Roman" size="1">Roman'">          au bureau de la société Henriot 5 rue la Boétie 75008 Paris, au deuxième étage, pour ceux qui déposeront leur bouteille sans recourir à l’envoi postal

Les bouteilles devront être arrivées à l’un de ces deux points avant le 15 novembre. Il faut donc que j’aie validé vos propositions, au plus vite. Les bouteilles validées peuvent être envoyées ou livrées dès maintenant.

Pour permettre  le bon ordonnancement de la réunion, tout académicien qui n’aurait pas apporté sa bouteille à l’un des deux sites avant le 21 novembre à 12 heures devra payer la cotisation comme s’il n’avait pas de bouteille, sauf exception autorisée. Il y a en effet une importante préparation avec les sommeliers pour le service qui nécessite d’avoir les vins à l’avance.

4 – paiement

Il va falloir verser des arrhes. Je serais heureux que le plus grand nombre d’entre vous m’adressent le prix de leur participation à l’avance, ce qui facilitera l’accueil lors de la réunion.

Chèque à l’ordre de « François Audouze AVA » 18 rue de Paris 93130 Noisy-le-Sec.

5 – divers

N’hésitez pas à me contacter pour toute question. N’hésitez pas à me faire des remarques.

La liste des bouteilles inscrites à cette réunion figure dans un message spécial ci-dessous.

 

Quelques vins ne sont pas encore annoncés.

Ouvrons ensemble nos plus beaux flacons.

(rappel) les vins des trois premières séances de l’académie des vins anciens mercredi, 22 novembre 2006

Au moment où l'on pense à la séance de l'académie des vins anciens du 22 novembre 2006, il n'est pas mauvais de rappeler ce qui a été bu aux trois premières.

La liste est faite par ordre d'âge. Si un vin est cité plusieurs fois, c'est qu'il y avait plusieurs bouteilles.

Une liste aussi respectable montre le succès que rencontre l'académie des vins anciens.

Cognac très ancien vers 1880 - Cave Jean Bourdy, Blanc vieux d'Arlay 1907  - Riesling Hugel Sélection de Grains Nobles 1915 - Domaine de Chevalier 1924 - château Figeac 1925 - Château d'Arsac Margaux 1925 - Château Haut-Brion 1925 - Alvar Pedro Jimenez dulce 1927 - Tokay Hugel 1928 - Maury 1928 - Château Chalon Jean Bourdy 1928 - Château Gruaud-Larose Faure Bethmann 1928 - Château Pape Clément 1929  - Château Filhot 1929 - Musigny "Grand Vin de Bourgogne" 1929 - Pommard 1929 Prop ou Nég inconnu - Corton Clos du Roy L.A. Montoy 1929 - Bouzy Delamotte 1933 - Gevrey Chambertin Marius Meulien 1933 - Château Talbot 1934 - Château Malescot Saint-Exupéry 1934 - Château Montrose 1934 - Montrachet maison Bichot 1935 - Château d'Yquem 1937

Barsac (?) nom inconnu 1937 - Domaine du Pin 1ères Côtes de Bordeaux 1937 - Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1942 - Montrachet  domaine Bichot 1943 - Fleurie Beaujolais 1943 - Château Suduiraut 1945 - Château Rabaud 1945 - Caves Jean Bourdy, Côtes du Jura rouge 1945 - Vosne Romanée Réserve Reine Pédauque 1945 - Château Rabaud Sauternes 1947   - Gevrey Chambertin J. Faiveley probable 1947 – Monthélie 1947 - Beaune Champimonts 1er Cru Joseph Drouhin 1948 - Corton Charlemagne Louis Jadot 1949 - Montagny Barozzi 1949 - Chateau La Gaffelière 1949 - vin nature de champagne Saran de Moët & Chandon 1950 - Chablis 1er cru Montée de Tonnerre Jean Quenard 1950 - vin nature de champagne Saran de Moët & Chandon 1950 - Bourgogne Aligoté Barozzi 1950 - Banyuls hors d'âge, Dom du Mas Blanc, Parcé, sostera vers 1950 - vin nature de champagne Saran, blanc de blancs Moët 1950 - vin nature de champagne Saran, blanc de blancs Moët 1950 - Riesling Hugel 1953 - Meursault (?) 1953

Corton Charlemagne Bouchard Père & Fils 1955 - La Mission Haut-Brion 1955 - Château Latour 1955 - Rivesaltes ambré 1955 - Rivesaltes ambré 1955 - POUILLY-VINZELLES 1956 de Cabet-Frères  - Volnay 1er Cru Bouchard Père & Fils 1957  - VOLNAY 1957 de De Moucheron  - Château Gilette bordeaux supérieur 1958, blanc sec - Carruades de Château Lafite-Rothschild 1958  - Château Chalon Marius Perron 1959 - Santenay Clos de Tavannes Fauconnet 1959   - Château Palmer 1959  - Champagne Salon 1959 - Maury vignerons de Maury 1959 - Bâtard Montrachet Chanson 1959 - Mouton Baron Philippe (d'Armaillac) 1959 - Château Palmer 1961 - Château Chasse Spleen 1961 - Château Saint Georges, St Georges St Emilion 1961 - "Y" d'Yquem 1962 - Château Fieuzal 1962 - Château Fombrauge 1962 - Magnum de Moët & Chandon Brut Impérial 1964

Château Lafite Rothschild 1964    - Magnum de Moët & Chandon Brut Impérial 1964  - Château Lynch Bages 1964 - Côtes du Jura blanc Marcel Blanchard 1964 - Chambolle Musigny les Amoureuses Dom Ropiteau 1964 - Château Phélan Segur 1964 - Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1964 - Château Pontet Canet 1964 - Château Bellefont Belcier (Saint Emilion) 1964 - Vega Sicilia Unico 1966 - Chassagne Montrachet 1966 de Thorin - Vin Jaune d'Arbois 1966 domaine de la Pinte - Château Taillefer Puisseguin Saint-Emilion 1966 - Château Cos d'Estournel 1966 - Tokay de Riquewihr 1966 (Dopff et Irion) - Château La Louvière rouge 1967 - Hautes Côtes de Nuits J. et M. Gauthet 1969 - Château Lafon-Rochet 1972  - Vieux Château Certan 1973 - Château Cos d'Estournel 1973 - Champagne Gonet 1973 - Clos Joliette  Jurançon sec 1974          - Clos Joliette 1974 Jurançon - Richebourg Charles Noëllat 1974

Magnum de Château Gruaud Larose 1975 - Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1975 - magnum de champagne Diebolt-Vallois 1976   - Gewürztraminer 1976 Sélection de Grains Nobles Hugel - Riesling Sélection de Grains Nobles Hugel 1976 - Château L'Enclos Pomerol 1976 - Corton Rouge Les Languettes Domaine Bichot 1977 - Chambolle Musigny Amoureuses domaine Clair-Daü 1977 - Champagne Deutz 1978 - Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1982 - champagne Salon 1983   - Château Lynch Bages 1983 - Riesling Kaefferkopf 1983 Jean-Baptiste ADAM   - Coulée de Serrant Nicolas Joly 1983 - MONTLOUIS Demi-sec 1983 de Fradin-Georges  - Château Pape Clément 1985  - Côtes du Jura blanc Savagnin Perron 1985 - Riesling Clos Sainte Hune Trimbach 1986 - Criots Bâtard Montrachet Jaboulet Vercherre 1988 - Montrachet Bouchard 1988 - Montlouis "Les Bâtisses" Domaine Deletang "Grande Réserve Tris" Moelleux 1989 - Montlouis "Les Bâtisses" Domaine Deletang "Grande Réserve Tris" Moelleux 1989  - Côte-Rôtie Chapoutier 1989 - Château Climens 1989 - BOURGUEIL Sélection Vieilles Vignes 1989 du Domaine des Ouches  - Château Mouton-Rothschild 1990  - Martha's Vineyard Heitz Cellars Cabernet 1990   - Magnum Château Olivier 1990 - Champagne Léon Camuzet environ 15 ans - Champagne Léon Camuzet environ 15 ans - Champagne Léon Camuzet environ 15 ans - Champagne Léon Camuzet environ 15 ans - Champagne Léon Camuzet environ 15 ans - Champagne Léon Camuzet environ 15 ans - Château d'Yquem 1994

Pour avoir plus de détails, on peut se reporter aux comptes-rendus qui ont été faits de ces trois séances, aux dates du 4 octobre 2005, 26 janvier 2006 et 8 juin 2006 (vous pouvez sélectionner la catégorie : "académie des vins anciens").

Visite impromptue à la Romanée Conti vendredi, 17 novembre 2006

M. Aubert de Villaine me fait une nouvelle fois le plaisir de s’inscrire à la quatrième séance de l’académie des vins anciens. Devant me rendre à un féerique dîner au château de Beaune, je fais un petit détour par le Domaine de la Romanée Conti pour aller chercher la bouteille qu’Aubert de Villaine apportera : Montrachet 1969. Arrivé sur place, on me propose de faire un crochet par la cave. J’y retrouve Jean-Charles Cuvelier qui fait goûter des vins à l’aveugle à des américains. Quand je me présente, l’un dit : « ah, the Audouze method », faisant allusion à cette méthode que j’ai exposée pour l’ouverture des vins anciens. Il y a parmi eux le chef de cave du Caesar’s Palace de Las Vegas. J’imagine que ses bons de commande doivent être bodybuildés.

Nous goûtons Richebourg Domaine de la Romanée Conti 2000, assez discret, mais il faut dire que nous sommes en cave. Très astucieusement, Jean-Charles fait goûter ensuite le Vosne-Romanée 1er cru Domaine de la Romanée Conti 1999 qui parait beaucoup plus riche et épanoui que le Richebourg. Ensuite un vin, que je connais par cœur, se présente avec un quart seulement de ses possibilités. C’est l’emblématique La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1990. Je chauffe mon verre pour qu’il s’exprime. Il faut faire appel à mon imagination pour retrouver le plaisir que ce vin devenu une référence m’a déjà procuré.

Je suis nettement meilleur que mes voisins pour le vin qui suit. Je dis immédiatement à Jean-Charles : « ça je connais ». Il me regarde dubitatif, mais ça fait partie du jeu. Mes voisins attendent le Montrachet alors qu’il s’agit du Bâtard, ce vin qui n’est jamais commercialisé. C’est le Bâtard-Montrachet Domaine de la Romanée Conti 1997, au charme souverain.

Les vins de 2005 de la maison Bouchard Père & Fils vendredi, 17 novembre 2006

La chaîne TF1 va évoquer le repas historique qui se tiendra ce soir au château de Beaune. Une séquence est prévue en cave. On me demande d’être aux côtés de Stéphane Follin-Arbelet lorsqu’il va montrer les vins du dîner. Pendant que le caméraman règle ses éclairages, j’ai le temps de rêver au milieu de piles impressionnantes de vins d’années comme 1846, 1858, 1864, 1865. Cette cave est un rêve inatteignable. Nous nous plions aux demandes de Didier Guyot, le journaliste qui avait réalisé le joli reportage « flacons d’éternité » lors d’un dîner de même nature. Après cette séance dont les extraits ordonnancés passeront le lendemain au journal de 13 heures, je me rends à la nouvelle cuverie Saint Vincent de Bouchard. Cette installation impressionnante est commandée par la recherche de la qualité totale, chère à Joseph Henriot, le dynamique propriétaire de Bouchard Père & Fils, malheureusement empêché d’assister aux cérémonies du 275ème anniversaire de la maison Bouchard Père & Fils. J’aurais beaucoup aimé qu’il explique ses choix, car il le fait toujours avec une clarté édifiante. Mais dans mon groupe de visite les explications de Christophe Bouchard furent précises et motivées. La simplicité et le respect de la nature ont commandé l’organisation des flux et la création d’une cave spectaculaire. C’est là que se fait la dégustation des 2005, face à des allées interminables de tonneaux.

Intéressé par les vins anciens j’ai beaucoup de difficultés à appréhender des vins très jeunes, dont la majorité ne sont pas encore au stade de la mise en bouteille. Je jugerai donc plus sur la qualité actuelle du vin et non pas sur ce qu’il deviendra. Ces notes prises à la volée, le carnet appuyé sur un tonneau quand une main tient un verre et l’autre le crayon ne sont pas celles d’un professionnel. J’ai eu la chance de pouvoir les confronter avec les remarques du directeur de la qualité qui m’a fait découvrir des caractéristiques lumineuses, quand on est guidé par un tel talent. Les 2005 sont les premiers vins à avoir été faits dans cette nouvelle cathédrale du vin. J’ai senti que tous en étaient fiers.

Le Bourgogne Pinot noir Bouchard Père & Fils 2005, vin d’assemblage, a un nez de clou de girofle et d’anis étoilé. Ce nez est chaleureux. La bouche est un peu coincée, mais il y a de belles choses, du fruit. Le fruit est encore un peu amer. Je pense à un artichaut poivré.

Le Beaune du Château rouge Bouchard Père & Fils 2005 a un nez plus subtil, joli et distingué. L’attaque est très acide, mais cela s’estompe. Il y a du potentiel, mais le vin est loin d’avoir fini sa croissance. Le final est de cassis et framboise.

Le nez du Beaune Grèves, Vigne de l’Enfant Jésus Bouchard Père & Fils 2005 est subtil, mais pas totalement formé. C’est dommage, car le perlant donne un goût salin. En en faisant abstraction, ce qui est difficile, on sent un velouté et un fruit de cassis. Ce vin sera très beau.

Le Volnay Caillerets, ancienne cuvée Carnot Bouchard Père & Fils 2005 combine avec force le poivre et la framboise. Il y a même du fruit confit. Il est bien rond, dense, charnu, soyeux et généreux.

Le Corton Bouchard Père & Fils 2005 a un nez très romantique. Subtil, son poivre est discret. Le fruit est clair. Un léger perlant gêne peu. Ce vin est plus strict que le précédent, moins généreux, mais ce qui frappe, c’est la finesse de la trame. Le directeur de la qualité dit : « on sent le caillou ». Ce vin sera très grand.

Le Vosne Romanée aux Malconsorts Bouchard Père & Fils 2005 a un nez de vin déjà plus évolué. Il est charmeur et semble déjà intégré. En bouche il est léger, aérien, au fruit bien affirmé. Il parait beaucoup plus mûr. C’est très charmeur, plus animal, mais je ne lui trouve pas la finesse des deux précédents.

Le Bonnes Mares Bouchard Père & Fils 2005 a un nez fabuleux, d’une finesse extrême. L’épice et le cassis sont ciselés. En bouche la rondeur est grande. Je note : « quelle rondeur en bouche ! C’est éblouissant ! Quel charme ! »

Le Chapelle Chambertin Bouchard Père & Fils 2005 a un nez subtil très distingué. La densité est impressionnante. Menthol, anis, race immense, il est austère quand le Bonnes Mares est joyeux. C’est frais, épicé, c’est beau.

Le Chambertin Clos de Bèze Bouchard Père & Fils 2005 a un nez encore un peu fermé mais prometteur. En bouche il commence dans la joie. Mais le perlant insiste. Il est alors plus austère, strict. C’est un vin de très grande complexité qui sera brillant quand il va s’assembler.

Si l’on juge du seul plaisir, je classe ainsi : 1 – Bonnes Mares, 2 –  Volnay Caillerets, 3 – Chapelle-Chambertin, 4 – Le Corton. Globalement, ce qui me frappe, c’est la densité, la concentration et la précision de la trame de ces grands vins.

Nous passons aux blancs. Le Bourgogne Chardonnay Bouchard Père & Fils 2005, vin de mélange, a un nez déjà terriblement flatteur. L’exposé aromatique est presque trop riche. Il y a pour moi un certain manque de coffre. Il est trop brut de forge.

Le Beaune du Château blanc Bouchard Père & Fils 2005 a une belle acidité au nez. En bouche, il est perlant. Il y a de belles caractéristiques mais je sens un petit manque. Je sens une persistance en bouche très sensible, sur une structure un peu simplifiée.

Le Meursault Genévrières Bouchard Père & Fils 2005 a son territoire situé en bas des Genévrières du dessus, précision topologique que je trouve jolie. Le nez est généreux. En bouche, ça cause ! Là, on sent qu’il y a de la matière. Très fruit confit, caramel, combiné à du floral. Vin chatoyant de belle acidité. Vin élégant.

Le Meursault Perrières Bouchard Père & Fils 2005 a un beau nez. C’est un vin très différent du précédent. Je le trouve plus léger, plus minéral, moins rond, plus dans la définition du Meursault. L’acidité est belle, la longueur est folle. Ce sera un très grand vin, même si pour l’instant il est un peu dur. Deux camps se formeront pour choisir le plus grand Meursault des deux. Le Perrières, à mon goût, a plus d’avenir mais moins de charme à ce jour.

Le Chevalier Montrachet Bouchard Père & Fils 2005, c’est la classe folle. Il est floral, élégant, eau de rose. La palette aromatique est vaste. Le vin reste très léger. Je fais rire tous mes compagnons de dégustation en disant que c’est un « vin de soif », tant on a envie d’en reprendre.

Le Montrachet Bouchard Père & Fils 2005 a un nez fort. C’est un parfum. Le vineux apparaît fort, plus que le floral. Belle complexité et force sont ses deux caractéristiques essentielles. Quand il s’ouvre dans le verre, il devient grand. Il n’a pas le charme immédiat du Chevalier. Mais il est dense et grand avec un beau final.

Le Corton Charlemagne Bouchard Père & Fils 2005 a un nez discret mais joyeux. En bouche, il chante. Il est riche, il a beaucoup d’ampleur, de charme. Il est coloré et plein en bouche, avec une immense persistance aromatique. Il promet.

Les premières impressions qui viennent, c’est que l’ordre de dégustation est particulièrement judicieux. Ensuite, un grand nombre de ces vins seraient à l’aise à table, sur une belle cuisine, sans qu’on les rejette pour précocité interdite. Enfin, ce qui se dégage, c’est la qualité exemplaire de la fabrication de ces vins. Lors des précédentes dégustations de vins jeunes en cave, je trouvais une signature Bouchard très typée. Ici, je pense qu’avec les nouveaux moyens mis à la disposition du vin, on a gagné en universalité. Ces vins sont plus purs. Cela nous promet d’immenses vins. Bravo à la maison Bouchard et à toutes les équipes qui ont permis que ce rêve se réalise.