Il y a toujours des surprises le lendemain mardi, 1 janvier 2013

Il y a toujours des surprises le lendemain. Les bouteilles vides sont celles du Haut-Brion et celle du Beaune. Il reste un peu du Pétrus 1958 qui a pris une acidité trop prononcée pour qu’on se réjouisse de sa texture riche et du goût de truffe très présent.

Le Château Margaux 1949 est infiniment plus grand que ce que j’avais gardé en mémoire. Le velouté de ce vin est extraordinaire et son charme est conforme à sa réputation. Je devrais changer le classement d’hier, mais contrairement aux votes dans les partis politiques, on ne revient pas en arrière. Je suis ébloui par ce vin qui est « le » bordeaux parfait ce soir comme l’est, dans mon Panthéon, Mouton 1945.

Fort curieusement, c’est de La Tâche 1992 qu’il restait le plus, certainement du fait de la fatigue de fin de soirée ou plutôt de ce premier matin de 2013. Et comme pour le Margaux 1949, l’effet de plusieurs heures d’aération sur La Tâche 1992 est spectaculaire. Le vin a lui aussi pris un velouté extrême et révèle une grande puissance. C’est tellement enthousiasmant que si j’osais, j’évoquerais le talent de La Tâche 1990 pour ce vin aujourd’hui.

Il y avait donc bien un esprit magique qui veillait sur ces vins.

Bulletins 2012 – De 469 à 519 lundi, 31 décembre 2012

(bulletin WD N° 519 121231)

Le bulletin n° 519 raconte la présentation des vins de 2009 du domaine de la Romanée Conti, le dîner « d’après-match » à Grains Nobles avec des partenaires de talent et le départ en Bourgogne pour le plus grand événement de folie superlative, à base de Romanée Conti.

(bulletin WD N° 518 121231)

Le bulletin n° 518 raconte le moment qui est peut-être pour moi le plus riche d’émotion de mon année, le dîner annuel des amis de Bipin Desai au restaurant Laurent où des vignerons que j’apprécie partagent des vins en toute amitié.

(bulletin WD N° 517 121226)

Le bulletin n° 517 raconte : des vins blessés bus en cave, dîner à l’Epicure restaurant de l’hôtel Bristol et déjeuner au restaurant Guy Savoy.

(bulletin WD N° 516 121225)

Le bulletin n° 516 raconte : les stands de vignerons, le cocktail idealwine et les ateliers Gourmets du Grand Tasting. Dîner au restaurant Lasserre, déjeuner à l’hôtel du Marc de la maison de champagne Veuve Clicquot.

(bulletin WD N° 515 121218)

Le bulletin n° 515 raconte : les Master Class au Grand Tasting : « L’excellence partagée des Primum Familiae Vini », « le Génie du Vin » et « la ‘futurothèque’ Taittinger Comtes de Champagne ».

(bulletin WD N° 514 121211)

Le bulletin n° 514 raconte : la 19ème séance de l’académie des vins anciens au restaurant Macéo et la première Master Class du Grand Tasting, consacrée au génie du meursault.

(bulletin WD N° 513 121204)

Le bulletin n° 513 raconte : les champagnes Henriot nous « emmènent au BAL », 164ème dîner de wine-dinners au restaurant Taillevent, générosité de Chateauneuf-du-Pape, dîner de famille impromptu et petit casse-croûte en cave.

(bulletin WD N° 512 121127)

Le bulletin n° 512 raconte : dégustation de quinze vins de 2011 de la maison Bouchard Père & Fils, dîner au château de Beaune et dégustation verticale de Cristal Roederer aux caves Legrand.

(bulletin WD N° 511 121120)

Le bulletin n° 511 raconte : ma femme face au champagne, paulée et dîner de gala de l’Académie du Vin de France,dîner au restaurant Olivier Arlot La Chancelière à Montbazon, déjeuner au Yacht Club de France.

(bulletin WD N° 510 121113)

Le bulletin n° 510 raconte : dîner chez des amis, dîner au très excellent restaurant L’Axel à Fontainebleau, présentation de vins du Rhône au George V et dîner de pré-inauguration du restaurant de mon ami Tomo.

(bulletin WD N° 509 121106)

Le bulletin n° 509 raconte : casse-croûte de rangement de cave, déjeuner en famille pour un anniversaire et le 163ème dîner de wine-dinners au restaurant Lasserre.

(bulletin WD N° 508 121023)

Le bulletin n° 508 raconte : casse-croûte de rangement de cave, déjeuner de famille, déjeuner au restaurant Taillevent, déjeuner au restaurant Lasserre, 162ème dîner de wine-dinners au restaurant Les Ambassadeurs de l’hôtel de Crillon, casual Friday au restaurant Patrick Pignol.

(bulletin WD N° 507 121016)

Le bulletin n° 507 raconte : dîner de folie à l’Hostellerie Bourguignonne de Verdun-sur-le-Doubs avec 17 vins plus que centenaires, déjeuner aux Ambassadeurs de l’Hôtel de Crillon, casse-croûte dans ma cave.

(bulletin WD N° 506 121009)

Le bulletin n° 506 raconte : déjeuner de conscrits au Bistrot du Sommelier et 161ème dîner de wine-dinners au restaurant Laurent avec une magnifique Romanée Conti 1961.

(bulletin WD N° 505 121002)

Le bulletin n° 505 raconte : Présentation du livre « La cuisine note à note » d’Hervé This, puis du livre « L’Amer » d’Emmanuel Giraud, voyage en Belgique avec un dîner au restaurant de Pastorale, déjeuner au restaurant Couvert Couvert, dîner au restaurant L’Air du temps et déjeuner au restaurant In de Wulf,avec de belles expériences gastronomiques.

(bulletin WD N° 504 120925)

Le bulletin n° 504 raconte : présentation des champagnes Delamotte au Purgatoire, anniversaire au Bistrot du Sommelier, déjeuner au restaurant Alain Ducasse de l’hôtel Plaza, champagne Roederer à l’hôtel Champs Elysées Plaza, réception aux Caves Legrand, promotion d’un nouveau sauternes au restaurant Le Jaja, dîner exceptionnel au restaurant Laurent avec 9 vins du 19ème siècle dont cinq de 1900 et 18ème séance de l’académie des vins anciens au restaurant Macéo.

(bulletin WD N° 503 120911)

Le bulletin n° 503 raconte : dîner d’amis avec de grands vins, déjeuner chez ma fille, déjeuner au restaurant San Felice de l’hôtel du Castellet, divers dîners d’amis et grand dîner de vins pour clôturer le séjour dans le sud.

(bulletin WD N° 502 120904)

Le bulletin n° 502 raconte plusieurs repas dans le sud avec de grands vins mais surtout une profusion de champagnes etun déjeuner au restaurant Montecristo de l’hôtel du Castellet.

(bulletin WD N° 501 120828)

Le bulletin n° 501 raconte un déjeuner au restaurant les Délices d’Aphrodite et de nombreux repas dans le sud, en famille ou entre amis, avec des vins de grand plaisir.

(bulletin WD N° 500 120821)

le bulletin 500 figure in extenso sur le blog. C’est un coup de rétroviseur sur les 499 bulletins précédents.

(bulletin WD N° 499 120717)

Le bulletin n° 499 raconte : à Copenhague, déjeuner au restaurant Manfred, apéritif au bar à vin Ved Stranden Vinhandel & Bar, dîner à l’incontournable restaurant Søllerød Kro, déjeuner au restaurant Aamanns. A Paris, dîner au restaurant Arpège avec des vins de folie.

(bulletin WD N° 498 120710)

Le bulletin n° 498 raconte : déjeuner à l’hôtel Admiral de Copenhague, dîner au Kiin-Kiin restaurant thaï, déjeuner au restaurant « Radio » et dîner gastronomique au restaurant Noma, premier restaurant du monde, avec des impressions différentes de la précédente expérience.

(bulletin WD N° 497 120702)

Le bulletin n° 497 raconte une exceptionnelle dégustation de 41 millésimes de La Romanée Liger-Belair au restaurant « Im Fünften » à Graz (Autriche).

(bulletin WD N° 496 120626)

Le bulletin n° 496 vous emporte en Autriche. Il raconte : dîner au restaurant Eckstein à Graz, visite du vignoble Stefan Potzinger, déjeuner dans l’auberge Buschenschank Oberguess, visite au vignoble Sepp et Maria Muster, dîner au restaurant Schmankerlstub’n Temmer près de Graz en Autriche.

(bulletin WD N° 495 120619)

Le bulletin n° 495 raconte : dîner au restaurant Laurent, déjeuner au Yacht Club de France, dîner avec mon fils, les derniers instants d’un pommard 1928, 17ème séance de l’académie des vins anciens au restaurant La Cagouille, déjeuner au restaurant Laurent.

(bulletin WD N° 494 120612)

Le bulletin n° 494 raconte : déjeuner à thème autour du Château Guiraud au restaurant Le Shang Palace de l’hôtel Shangri La, dîner au restaurant Astrance, dîner dans le sud avec des amis, dîner de famille avec mon fils et La Tâche 1943.

(bulletin WD N° 493 120605)

Le bulletin n° 493 raconte : déjeuner de famille et dîner de folie au restaurant Taillevent avec notamment quatre champagnes d’âge moyen 101 ans !

(bulletin WD N° 492 120529)

Le bulletin n° 492 raconte : 158ème dîner de wine-dinners au restaurant Michel Rostang, dîner à la maison, déjeuner familial, dîner au restaurant Passage 53.

(bulletin WD N° 491 120522)

Le bulletin n° 491 raconte le 157ème dîner de wine-dinners au restaurant Laurent.

(bulletin WD N° 490 120515)

Le bulletin n° 490 raconte : dîner au restaurant l’Ambroisie avec un magnum de Pétrus 1959, déjeuner en famille au restaurant Le Ciro’s Lucien Barrière, déjeuner au restaurant La Cagouille, déjeuner au restaurant le Villaret, déjeuner à l’hôtel Pullman de Bercy, déjeuner d’anniversaire et déjeuner (bis) à l’hôtel Pullman de Bercy.

(bulletin WD N° 489 110507)

Le bulletin n° 489 raconte : conférence à l’Institut Supérieur du Marketing du Luxe, repas avec mon fils, déjeuner au restaurant du Yacht Club de France, dîner de neuf convives au restaurant Laurent, avec neuf Pétrus.

(bulletin WD N° 488 120501)

Le bulletin n° 488 raconte : dégustation des vins du Château Guadet avec un déjeuner à l’hôtel Raffles Royal Monceau, dégustation des vins des domaines conseillés par Stéphane Derenoncourt, 155ème dîner de wine-dinners au restaurant Taillevent.

(bulletin WD N° 487 120423)

Le bulletin n° 487 raconte : un dîner impromptu à l’hôtel Hidden avec la cuisine du chef du Masa qui joue les squatters, un déjeuner printanier chez mes enfants, la dégustation des 2009 des Domaines Familiaux de Tradition de Bourgogne.

(bulletin WD N° 486 120417)

Le bulletin n° 486 raconte : un déjeuner breton au Yacht Club de France, un déjeuner au restaurant de la Tour d’Argent, un déjeuner au restaurant Astrance.

(bulletin WD N° 485 120410)

Le bulletin n° 485 raconte : dégustation des PSI du domaine Pingus et des Flor de Pingus dégustés au restaurant Valentino de Bervely Hills, dîner au restaurant « Bouchon » de Beverly Hills, dîner au Blue Elephant à Paris et déjeuner aux caves Legrand.

(bulletin WD N° 484 120410)

Le bulletin n° 484 raconte : arrivée à Bervely Hills, visite du musée Getty et dîner dégustation au restaurant Spago des vins du domaine Pingus, l’un des plus célèbres vins espagnols.

(bulletin WD N° 483 120403)

Le bulletin n° 483 raconte : le 154ème dîner de wine-dinners au restaurant Ledoyen, un déjeuner de conscrits au restaurant du yacht Club de France et le départ pour Los Angeles.

(bulletin WD N° 482 120327)

Le bulletin n° 482 raconte deux dîners de complète folie à Bochum avec une inimaginable profusion de vins couronnée par un vin de 1727.

(bulletin WD N° 481 130320)

Le bulletin n° 481 raconte : dégustation des 2009 de la maison Albert Bichot, déjeuner au siège de la maison Bichot, dîner au restaurant l’Arpège, départ pour deux jours de folie à Bochum en Allemagne.

(bulletin WD N° 480 120313)

Le bulletin n° 480 raconte : déjeuner au restaurant La Cagouille, dîner au restaurant Michel Rostang et déjeuner au bar de l’hôtel Crillon.

(bulletin WD N° 479 120308)

Le bulletin n° 479 raconte : à Miami, plusieurs repas chez mon fils, dîner au restaurant « The Dutch » de l’hôtel W, dîner au restaurant Makato à Bal Harbour.

(bulletin WD N° 478 120228)

Le bulletin n° 478 raconte : dîner chez mon fils à Miami, déjeuner au Rusty Pelican, dîner à Palm Beach, dîner au restaurant Zuma, dîner avec des vins de 1918, 1895 et 1893 au Bern’s Steak House à Tampa qui a la plus grande cave de vins au monde.

(bulletin WD N° 477 120221)

Le bulletin n° 477 raconte : dégustation des vins de 2010 du domaine de la Romanée Conti, déjeuner au domaine et dîner au restaurant Laurent.

(bulletin WD N° 476 120214)

Le bulletin n° 476 raconte : dîner au domicile privé des propriétaires de La Janasse. Dégustation de vins du Rhône au domaine de Beaurenard, déjeuner au domaine, dîner à la salle des fêtes de Vosne-Romanée dans le cadre des « Rencontres Henri Jayer », conférence sur les vins anciens, dégustation et déjeuner à Vosne-Romanée.

(bulletin WD N° 475 120214)

Le bulletin n° 475 raconte : dîner chez Daniel Coulon, l’un des propriétaires du domaine de Beaurenard, cueillette de truffes, déjeuner chez Vincent Delubac, vigneron à Cairanne et dégustation de vins anciens dans le cadre de l’association « Rhône Vignobles » au domaine de Beaurenard.

(bulletin WD N° 474 120208)

Le bulletin n° 474 raconte : déjeuner du 1er janvier dans le sud, dîner avec des amis dans le sud, déjeuner au restaurant l’Arpège, dîner au restaurant Le Petit Verdot.

(bulletin WD N° 473 120208)

Le bulletin n° 473 raconte : déjeuner au restaurant Le Petit Nice, déjeuner de la Saint Sylvestre, et réveillon dans le sud avec de grands vins.

(bulletin WD N° 472 120121)

Le bulletin n° 472 raconte : un déjeuner au restaurant Prunier, un déjeuner, un dîner et le déjeuner de Noël, et un spectaculaire dîner d’avant réveillon dans le sud.

(bulletin WD N° 471 120119)

Le bulletin n° 471 raconte : dîner avec mon fils, déjeuner avec ma fille, déjeuner chez ma fille, déjeuner au restaurant du Yacht Club de France et dîner sur la base d’accords Mets & Champagne Krug à l’Assiette Champenoise à Tinqueux.

(bulletin WD N° 470 120119)

Le bulletin n° 470 raconte : dîner avec mon fils « américain », dégustation des vins d’Egon Müller aux caves Legrand et le 153ème dîner de wine-dinners au restaurant de Michel Rostang.

(bulletin WD N° 469 120110)

Le bulletin n° 469 raconte le point culminant de mon année, avec un déjeuner au restaurant Apicius et le 11ème dîner annuel de vignerons au restaurant Laurent.

Petit bilan de 2012 avant inventaire lundi, 31 décembre 2012

Chers lecteurs de mon blog,

Au cours de cette année, j’aurai bu probablement autour de 1.200 vins, avec des raretés comme jamais je n’aurais pu l’espérer. Et j’ai enfin atteint un rêve que je m’étais fixé lorsque j’ai démarré mon parcours dans le monde du vin : lorsque quelqu’un a des vins rares à ouvrir, que ce soit sur une base amicale ou sur une base payante (ce qui n’exclut pas l’amitié), on me fait signe beaucoup plus naturellement. Le plus souvent, cela vient de vignerons, qui m’invitent à les visiter, mais cela vient aussi de collectionneurs qui ont envie de partager avec moi ou qui organisent des dîners payants.

Je ne me suis pas privé d’en profiter. Voici quelques événements qui ont marqué mon année :

Les invitations à partager des vins avec les vignerons :

– Rhône Vignobles avec une bonne trentaine de vignerons qui m’ont invité à parler de vins anciens et ont ouvert des vins anciens superbes

– les 2010 au domaine de la Romanée Conti

– les 2009 de la Maison Bichot

– verticale des vins de Pingus à Los Angeles

– dîner de gala de l’Académie du Vin de France

– les 2011 de la maison Bouchard Père et Fils et dîner de vins anciens

– les Master Class du Grand Tasting

– dégustation en cave au domaine de la Romanée Conti

Les événements inhabituels :

– le Bern’s Steak House à Tampa où il y a la plus grande cave au monde

– dîner à l’Ambroisie avec un magnum de Pétrus 1959, invité par une chinoise

Les événements payants où je me suis inscrit pour partager des vins rares :

– à Bochum avec un vin de 1727 et Pétrus 1929 et d’autres raretés

– dégustation à Graz de 41 millésimes de la Romanée Liger Belair

– dîner à l’Hostellerie Bourguignonne de Verdun-sur-le-Doubs avec 17 vins plus que centenaires

– dîner à Levernois lors d’une journée avec 46 vins du DRC dont 15 Romanée Conti

– dégustation des 2009 du DRC à Grains Nobles

Les événements d’amis que j’ai provoqués ou auxquels j’ai été associé :

– dîner au restaurant Taillevent avec des champagnes centenaires dont le Heidsieck 1907 trouvé dans la Baltique

– dîner au restaurant Laurent avec neuf vins du 19ème siècle

– dîner à Montbazon avec des vins inconnus du 19ème siècle, plus quelques icônes

Le moment le plus important de l’année :

– le dîner de vignerons que j’organise chaque année depuis douze ans, que j’ai raconté sur ce forum.

A cela s’ajoutent tous les événements familiaux et amicaux comme le réveillon de ce soir, où, comme l’an dernier, Jean Philippe fera la cuisine.

J’ai de plus en plus d’occasions pour ouvrir et partager des vins rares, de belle extraction ou de petite origine, la rareté étant ce qui m’intéresse, avec bien sûr l’espoir qu’il y ait aussi le goût que l’on attend.

Y a-t-il des vins qui m’ont marqué cette année plus que d’autres?

– le champagne Heidsieck 1907 provenant de bateau de la Baltique qui a passé cent ans dans l’eau, qui est probablement le plus grand champagne que j’aie bu

– le Bastardino Setubal 1912 partagé avec les vignerons de mon dîner de vignerons, bu en hommage à ma mère qui aurait eu cent ans deux jours après ce dîner

– la Romanée Conti 1922 que j’ai apportée aux journées de folie autour de la Romanée Conti.

– la Côte Rôtie Hubert Gachet 1928 qui est l’ancêtre de La Turque

– les Moët & Chandon 1914 et 1911 qui ne sortaient pas du domaine, mais de caves et furent sublimes.

– et tellement d’autres comme Hermitage La Chapelle1953 et 1959,

– etc..

Je ne sais pas si je pourrai faire aussi bien en 2013 qu’en 2012, mais je suis heureux de témoigner sur des vins qui appartiennent à l’histoire, et de provoquer (mais je ne suis pas le seul) que ces vins rares soient ouverts et soient bus.

Et si j’entraîne de nouveaux amis dans cette folle ronde, j’en suis heureux.

Bonne année à tous,

Le vin du réveillon lundi, 31 décembre 2012

Ma femme va acheter les poissons pour le dîner de ce soir.

Le poissonnier lui donne un vin pour le réveillon.

Elle lui dit : « vous savez, mon mari a deux ou trois vins prévus pour ce soir ».

Il lui répond : « qu’il prenne celui-ci, il m’en dira des nouvelles ».

Alors, toute affaire cessante, c’est celui-ci que nous boirons.

 

très beau déjeuner au restaurant Ledoyen samedi, 29 décembre 2012

Un couple d’américains de San Francisco étaient venus au 14ème de mes dîners il y a dix ans, pour leur voyage de noces. Nous nous étions revus depuis. Nous déjeunons avec eux, ma femme et moi au restaurant Ledoyen.Au cours du repas de voyage de noces, j’avais ouvert un Chateauneuf-du-Pape de 1943. L’idée d’en ouvrir un autre avec eux me plaît, pour leur rappeler de beaux souvenirs, dont j’ai pu remarquer qu’ils sont vivaces.

Notre table est installée dans un bel espace du grand salon qui regarde vers la place de la Concorde et vers les baraques de Noël sur l’avenue des Champs-Elysées. Ce salon n’est pas affecté aux réceptions de groupes mais au restaurant trois étoiles, tant la demande est forte en cette période de fête. Bravo. Le Champagne Agrapart l’Avizoise Extra Brut Blanc de Blancs 2004 est d’un grand plaisir. Il se boit avec une rare facilité, expressif et simple à la fois, beau partenaire de gastronomie. Les amuse-bouche sont délicieux et lèvent un coin de voile sur le talent du chef, qui n’hésite pas à offrir des saveurs sans concession, parfois osées, mais de grand intérêt. L’avant-entrée est à base de céleri et de cacao. C’est délicieux. Les grosses langoustines bretonnes sont cuites à la perfection. Le Corton Charlemagne Bonneau du Martray 1991 est exceptionnel de fraîcheur, d’intensité percutante. Il profite à fond de sa maturité. Il atteint en effet un équilibre d’une rare élégance. Et le millésime se comporte nettement mieux que ce que l’on pourrait penser.

Sur la noix de ris de veau au bâtonnet de citronnelle et une sauce verte extrêmement judicieuse, nous essayons le blanc qui va très bien, mais aussi le Chateauneuf-du-Pape Paul Etienne 1943. Ouvert il y a seulement une heure, le vin n’a pas eu le temps de s’assembler, et quelques petits défauts de fatigue, qui disparaîtraient avec du temps, subsistent encore. Mais heureusement, le parfum est pur, et le message n’est pas dévié. C’est juste une petite fatigue qui limite le plaisir.

Fort heureusement, le plat qui suit est un docteur miracle : les toasts brûlés à l’anguille, avec une réduction de jus de raisin. Ce plat combine le doucereux de l’anguille avec une belle acidité qui réveille le Châteauneuf et corrige tous ses défauts. Le dernier verre de la lie du vin, assez épaisse, donne le goût le plus profond et le plus pur d’un vin charmant, sans grande complexité, à la belle rondeur et très délicat. C’est exactement ce qu’il fallait pour ce plat de haute qualité.

Le Corton Charlemagne a accompagné les délicieux fromages, dont un vacherin très épanoui. Le verre de champagne qui restait encore rempli, ayant perdu de sa bulle, montre la qualité du vin de base du beau champagne Agrapart.

La cuisine de Christian Le Squer est d’un très haut niveau, avec des plats de grande originalité et de belle maturité. La cuisson de la langoustine et les saveurs originales de l’anguille sont de grands moments, ainsi que le Corton-Charlemagne d’une maturité exemplaire.

dîner de réveillon de Noël mardi, 25 décembre 2012

Le dîner du réveillon de Noël est précédé de la distribution des cadeaux, sous les rires, les « oh » et les « ah » et les embrassades. Mon gendre a apporté un Champagne Krug 1995 qui se boit en croquant de délicieuses gougères. Le champagne est un peu trop acide à mon goût et ce sont des bulots qui vont corriger cette impression pendant que le champagne s’élargit dans les verres. C’est un champagne raffiné aux beaux fruits acidulés.

En attendant le dîner, nous décidons de faire un sort au Pétrus 1992 de la veille. Le vin s’est épanoui et son parfum est toujours d’une incroyable force. Les tannins sont puissants, la truffe est présente, et c’est surtout le velouté qui s’exprime sur de petites langoustines froides que l’on grignote sans aucun accompagnement. Le Pétrus est étonnant pour ce millésime et se classe sans hésiter dans les grands Pétrus, même s’il est loin des plus grands.

Nous passons à table. Des coquilles Saint-Jacques crues sont recouvertes des caviar d’Aquitaine Paris de la maison Prunier, et ce caviar est nettement meilleur que le Saint-James de la même maison goûté récemment. Le Champagne Krug Clos-du-Mesnil 1985 est absolument hors normes. Il est à cent coudées au dessus du Krug 1995 par sa complexité, par ses fruits jaunes et dorés délicieusement équilibrés et par la persistance aromatique en bouche quasi infinie. Ce champagne est renversant de grâce.

Mon gendre cuit des couteaux d’une façon parfaite. C’est rare que des couteaux aient autant de goût. Le vin qui les accompagne et unChâteau Corbin Saint-Emilion 1929. Lorsque j’avais voulu ôter le bouchon, celui-ci avait commencé à glisser vers le bas et malgré ma patience, aucune tentative de le rattraper ne fut couronnée de succès. En versant le vin dans une carafe, j’avais eu peur que le contact du liquide avec le vilain bouchon ne crée de mauvaises amertumes, mais il n’en est rien. Le nez du vin est pur et en bouche, même si l’on ressent de façon infime la trace du contact avec le bouchon, le vin est pur, clair, très saint-émilion. Il a de la truffe, des fruits noirs, et se boit agréablement, même si son imagination n’est pas débordante. On sent qu’il est loin de sa gloire passée.

Sur un dos de chevreuil cuit à basse température et deux purées, une blanche et une orange, la blanche de pomme de terre et de céleri, l’orange de butternut, je sers un Château Margaux 1929. Le nez de ce vin est très pur et sans défaut. En bouche, je commence à avoir un peu peur que le vin ne montre sa fatigue, mais en fait, il suffit d’attendre un peu et de magnifiques fruits rouges apparaissent, ensoleillant le goût de ce vin au velours le plus distingué. Mon gendre se pâme tant il est conquis par ce vin. Je le deviens aussi mais un peu moins. C’est un grand 1929 mais je pense que les heures de gloire de ce millésime se font plus rares. C’est en tout cas untrès grand Margaux.

Ma fille aînée n’aime pas ces vins d’histoire. Elle préfère les vins charnus dont le plaisir est immédiat. Aussi souffre-t-elle de ne rien avoir à boire. Mon dilemme est de lui servir un grand vin qui viendrait trop tôt dans l’ordre que j’ai prévu. Je précipite le service du troisième rouge, qui est un Richebourg domaine Méo-Camuzet 1991. Il me semblait que le Richebourg allait écraser le Margaux de sa jeunesse conquérante et j’en retardais l’entrée en scène. Mais en fait, pas du tout et c’est même le contraire : le Richebourg met en valeur le fruit délicat du Margaux, le rendant plus vivace encore.

Le Richebourg est un vin d’une rare perfection. Lui aussi est mis en valeur par le vin de bordeaux car sa jeunesse devient plus triomphale. C’est un grand vin de Bourgogne, au parfum subtil et retenu et avec une droiture d’expression en bouche particulièrement noble. Ce qui n’exclut pas un plaisir franc et droit. Le vin n’est pas à proprement parler un vin gourmand. C’est un vin noble et raffiné. Je l’adore. Il est très adapté au chevreuil.

Les vins rouges accompagnent à leur façon les fromages. La tarte Tatin accueille un Champagne Perrier-Jouët Belle Epoque 1978 que je croyais rosé puisque la cape est rose, mais il n’y a aucune indication du mot « rosé » sur la bouteille. C’est un beau champagne légèrement ambré à la bulle active, au nez pénétrant, et au goût de pleine maturité. Il est vivant, actif, et termine joyeusement ce repas de réveillon d’un beau Noël familial.

Mon gendre classe en premier Margaux 1929, puis Krug Clos-du-Mesnil 1985 et Krug 1995. Je classe ainsi : 1 – Krug Clos-du-Mesnil 1985, 2 – Château Margaux 1929, 3 – Richebourg Méo-Camuzet 1991.

fin du monde plus deux, Noël moins un dimanche, 23 décembre 2012

Nous approchons de Noël, fête qui rassemble les familles. Nous recevons deux de nos petits-enfants, cornes d’abondance de fraîcheur et d’innocence. Leurs parents veulent les récupérer la veille de Noël, à l’heure du déjeuner. Comme il serait étonnant que l’on mange frugal, dès dix heures, j’ouvre un vin que je veux proposer à l’aveugle à mon gendre, car j’ai ma petite idée en tête. Contre toute attente, le bouchon collé au verre ne veut pas sortir et s’arrache par la force du tirebouchon. Trop épais, il n’a pas évité d’être noyé de vin. Une partie est imbibée et j’ai peur que cela ait une influence. A l’odeur, il n’en est rien. Au contraire, le vin est d’un parfum d’une délicatesse envoûtante.

Les parents arrivent et c’est l’heure du Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs magnum 1996. Le dernier que j’avais bu avait un peu de fumé et de réduction. Celui-ci est d’une pureté exemplaire. C’est un beau et grand champagne, très académique, sur une base de vins de grande valeur.

Le vin que je fais découvrir à l’aveugle à mon gendre apporte la démonstration que je voulais faire : jamais on ne penserait à une petite année. C’est Pétrus 1992 dont le parfum est la plus belle carte de visite. Jamais personne ne pourrait dire qu’une telle puissance aromatique vient d’une année comme 1992.En bouche, le vin est plein, très tannique, et évoque la truffe parmi ses saveurs. Comme souvent, on peut remarquer que s’il apparaissait à côté d’un Pétrus d’une très grande années, on verrait qu’il a des limites. Mais là, seul vin rouge du repas, il fait apprécier la finesse de sa trame, et sa richesse. C’est sur la longueur que le vin révèle l’année naguère jugée faible. Avec un brie à la truffe, nous sommes revenus au champagne et nous avons pu constater encore plus la beauté du vin de base de ce grand champagne. Ce Noël avant l’heure démarre bien.

 

 

 

déjeuner au restaurant la Tante Marguerite vendredi, 21 décembre 2012

Notre club 2043 est comme la langue française : une règle ne peut se concevoir que s’il y a des exceptions. Olivier est l’exception puisque c’est le seul à ne pas avoir notre âge. Il est en charge du déjeuner. Le restaurant est la Tante Marguerite du groupe Loiseau. Nous sommes dans une petite salle privée où l’acoustique rend difficile les discussions de groupe. Le bruit isole au lieu de rassembler. L’apéritif est un Champagne Deutz brut rosé sans année qui manque franchement d’inspiration. Avec l’accord de l’invitant je cherche dans la carte des vins où curieusement Deutz jouit d’un monopole. Il y a un Champagne Amour de Deutz blanc de blancs 2003 qui attire mon regard. C’est une bonne pioche, car il y a une vibration qui fait un saut qualitatif majeur par rapport au rosé. C’est un très beau champagne.

Le menu préparé pour notre table est : carpaccio de dorade marinée, compotée d’oignon au curry de Madras, ananas et citron vert / quasi de veau rôti, frite de panisse, oignon rouge au balsamique et navet glacé au jus / assiette de fromages affinés /paris-brest au praliné.

Le Meursault d’Alain Gras 2009, simple meursault, est extrêmement plaisant car il est très pur et authentique. Il se marie bien à la dorade goûteuse. Le Nuits-Saint-Georges Clos de la Maréchale Jacques-Frédéric Mugnier 2009 est une merveille de délicatesse. J’adore ce domaine élégant et ce vin en est la preuve. La deuxième bouteille du même vin va nous réserver une grande surprise. Autant le premier est subtil et délicat, autant le second est tannique et d’un lourd alcool. Comment deux bouteilles du même lot, qui ont partagé les mêmes caves aux mêmes moments peuvent-elles être si dissemblables ? C’est un des mystères du vin. Avec le Chambertin Clos de Bèze Armand Rousseau 2004 on monte une nouvelle marche sur le chemin de l’excellence. Bien que le millésime 2004 ne soit pas l’un des plus grands, ce vin montre des qualités exceptionnelles. Tout en lui est excellent. Il est subtil, complexe et généreux, vin de grand plaisir raffiné. Nous étions d’humeur gourmande, aussi ce vin a été de nouveau doublé, sans qu’il y ait la moindre différence gustative pour celui-ci. Ce vin est un plaisir de chaque gorgée.

Notre repas s’est conclu sur un excellent Champagne Cuvée William Deutz 1999 à la personnalité très affirmée, goûteux et de grande empreinte.

La cuisine de ce restaurant est fort agréable sur un registre traditionnel. Le sommelier a bien accompagné notre voyage avec de grands vins. Notre petite confrérie a terminé son année 2012 sur un beau repas de fête.

Une incroyable plongée dans le monde de la Romanée Conti avec 46 vins du domaine dont 15 Romanée Conti, dont 6 préphylloxériques dimanche, 16 décembre 2012

Avertissement : il est apparu en 2014 que le « White Club » a eu l’habitude de pratiques frauduleuses. Certaines bouteilles ont été utilisées à plusieurs dégustations, ce qui conduit à penser qu’il y a eu des faux lors de cette dégustation. Les commentaires ne sont pas modifiés, mais cela montre que lorsque l’on est influencé par l’ambiance d’un événement que l’on croit authentique, on peut se laisser abuser. J’ai aidé les enquêteurs de cette affaire en fournissant mes témoignages et mes photos. Nul n’est à l’abri de ces faussaires.

1 – l’inscription
Au moment où j’écris ces lignes, je n’ai aucune connaissance de ce qui adviendra demain. Je connais un négociant en vins installé en Italie, dont le nom est français. De temps à autre, mais  de façon régulière, je lui achète des vins. Il a décidé depuis quelque temps de faire des dîners de vins rares, un peu dans l’esprit des miens. Un jour, je lui écris que je trouve ses prix décalés par rapport à ce qu’ils devraient être. Il me répond : « pourquoi  ? Vous les trouvez trop chers ? ». Ceci prouve qu’il n’a pas compris ma remarque, alors qu’il vend du vin et en connait les prix. Ma critique portait sur le fait qu’il est malsain d’offrir des vins introuvables et non reproductibles à des prix qui s’apparentent à ceux des manifestations les plus banales sur le vin.

Peu de mois se passent et je reçois une offre pour un dîner avec une liste invraisemblable de vins rarissimes. C’est un choc, de voir que l’on propose autant de millésimes de Romanée Conti dont 1929 et 1945. Et je tourne la page pour regarder le prix. Je vois que mes remarques ont porté, car le prix proposé est à de larges coudées au dessus de tout ce que j’ai pu proposer de plus cher. La proposition ne manque pas d’air, mais le programme aussi. Je rangerais volontiers cette offre dans la fosse des idées sans suite mais il m’appelle et me dit : « compte tenu de votre expérience de la Romanée Conti, je vous propose de remplacer votre contribution financière par une contribution en Romanée Conti ».

Là, mon oreille écoute. Et comme on a mis au programme Romanée Conti 1945, il faut que je sorte mes plus belles bouteilles. Je lui propose d’apporter Romanée Conti 1922 et 1944, deux vins des vignes préphylloxériques, qui correspondent à la rareté de la 1945. Ma proposition est acceptée. Quelques jours plus tard, j’apprends que mon ami Tomo est inscrit à ce dîner. J’en suis heureux, car partager des raretés avec des inconnus n’a pas le même sel que quand c’est avec des amis.

Je prends la route pour me rendre à l’Hostellerie de Levernois où se tiendra l’un des trois repas de ce week-end vineux, et au moment de faire le plein d’essence de ma voiture, je lis un SMS du négociant annonçant qu’un des convives ne viendra pas et me demandant si je pouvais trouver un convive de remplacement. Avec cette si courte échéance, il est exclu de trouver quelqu’un. Mais si celui qui ne vient pas est l’auteur de la Romanée Conti 1945, cela change la donne. Car mes deux raretés se conçoivent – dans mon esprit – si elles se marient à la 1945, puisque j’ai choisi l’année qui est la plus proche de 1945, juxtaposition dont on imagine l’intérêt.

Arrivé à l’hôtel, je retrouve Tomo et nous décidons de dîner ensemble. L’organisateur, que je ne connais que par échanges de mails, est dans sa chambre et a commandé une collation en chambre. Peut-être veut-il ne pas être dérangé. Le suspense reste donc entier. Que se passera-t-il dans cette gigantesque dégustation de Romanée Conti légendaires ? Nous le saurons demain.

2 – dîner avec Tomo
Tomo et moi sommes inscrits à un gargantuesque week-end de Romanée Conti. Il y a une incertitude sur le programme puisque celui qui ne vient pas, dont l’absence est annoncée il y a quelques heures, est-il l’apporteur de la Romanée Conti 1945 ? Dilemme. Nous dînons au restaurant de l’Hostellerie de Levernois. La carte des vins est copieuse et intelligente, puisqu’on y trouve des prix qui donnent envie de boire. L’apéritif se fait avec un Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1995 d’un accomplissement réjouissant. Le vin est fumé, avec de belles évocations de fruits confits. Il est profond, intense. C’est un régal. Nous commandons un Chambolle-Musigny Les Amoureuses domaine Roumier 2007 dont nous savons que l’année est frêle, mais nous voulons profiter de sa délicatesse. Sur le risotto à la truffe noire, à la sauce d’une belle réduction, il apparaît que c’est le champagne qui est de loin le meilleur accompagnateur, alors que l’on aurait pu imaginer que le vin rouge eût convenu. Le terrain d’excellence du rouge, c’est le délicieux pigeon d’une qualité de chair remarquable. Mais une fois que l’on a vanté la délicatesse de ce vin tout en subtilité, force est de constater que ce n’est pas le manque de puissance qui gêne, puisque nous voulions cette année légère, mais c’est le manque de complexité. Et je dois dire que ce Roumier m’a un peu déçu. Et c’est sans doute la raison pour laquelle, alors que nous avons demain un programme surhumain, nous avons succombé au point d’aller dans le déraisonnable. Le chariot magnifique arrive et mon œil tombe sur le bleu de Termignon. Je fais une « fixation » chronique sur ce fromage qui me rend fou. Et j’ai l’intuition que ce qu’il nous faut, c’est un Château Grillet. La carte des vins a fort justement un 1987. Le bleu de Termignon avec le Château Grillet 1987, c’est une des preuves de l’existence de l’Himalaya gastronomique. Le vin est un chef d’œuvre et je dois bien avouer que jamais je n’aurais attendu un 1987 de Grillet a ce niveau stratosphérique. Le sommet de ce dîner, c’est le Château Grillet d’un équilibre que l’on croirait celui d’un riesling, d’une fraîcheur invraisemblable, et d’un équilibre hors norme. Ce vin fluide, droit, coulant comme une douceur coupable est une bénédiction. Je suis sûr que c’est lié à l’instant et que le même vin, un autre jour, n’apporterait pas la même émotion gustative. Mais il fut là, au bon moment, sur un bleu de Termignon exceptionnel. Alors, demain c’est l’inconnu du programme sur la Romanée Conti. Autant dormir et faire de beaux rêves.

3 – dégustation au domaine de la Romanée Conti
Le programme du week-end des inscrits au dîner de ce soir, commence par une visite au domaine de la Romanée Conti. Arrivé en avance, je bavarde avec Aubert de Villaine qui me demande combien nous serons. Lorsque je lui dis : « une quinzaine », il sursaute et me dit qu’il est exclu de boire les vins en fût si nous sommes quinze, car la distribution du vin à la pipette prendrait un temps trop long et serait difficile du fait de l’étroitesse des allées en cave. Dans la salle de réunion du siège du domaine, les visiteurs se présentent. Il y a des danois au sein desquels je reconnais avec plaisir Peter Siesseck, le vigneron propriétaire du célèbre vin espagnol Pingus, des italiens, des suisses, et peu de français.  Aubert de Villaine tient un aimable propos de bienvenue et nous conduit dans la cave où se tiennent traditionnellement les dégustations. A part Peter et Tomo, je ne connais personne et je fais la connaissance de René, danois vivant à Bâle, qui est en fait l’organisateur de la manifestation qui n’est pas un dîner comme je le croyais il y a quelques jours, mais un vrai week-end complet où le groupe, réuni sous la bannière du « White Club« , va boire les vins du programme et d’autres hors programme en trois repas officiels et trois repas informels.

Le seul vin qu’annoncera Aubert de Villaine, c’est le Vosne Romanée Domaine de la Romanée Conti 2004, car les autres seront bus à l’aveugle. Ce vin a un joli nez, un peu piquant et poivré. Il est de belle structure. C’est un vin généreux mais de petite longueur.

La Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 2006 a un nez plus intense et une bouche plus voluptueuse. C’est un vin raffiné, riche de bel équilibre. Je ressens sa finesse. Aubert de Villaine  dit qu’il est dans un moment d’adolescence. Il parle avec poésie de la colère du vin qui se sent enfermé dans sa bouteille et a envie de s’exprimer. J’aime beaucoup ce vin.

L’Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1999 est d’un style très différent. Il est plus court que le précédent mais plus riche. Je ressens de la verdeur dans le final. Le vin est un peu rêche mais l’on sent la finesse de la trame et du velouté.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1992 a un nez très joli. Aubert de Villaine  nous dit que l’année a été condamnée par les critiques. On sent un vin plus vieux, très délicat. Il a de la rondeur, mais il est servi froid, ce qui limite un peu le plaisir. On sent quand même son beau fruit et sa belle complexité. C’est un vin que j’ai toujours apprécié.

En sentant à l’aveugle la Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1956, j’ai une illumination. Alors que je ne pratique pas la dégustation à l’aveugle et que je n’y excelle pas, cette illumination est incroyable : je suis sûr d’avoir reconnu le vin que nous buvons. Et ce qui est curieux, c’est que je n’ai pas le moindre doute. J’ose dire : « je sais ce que c’est » et c’est bien la Romanée Conti 1956 que j’ai déjà bue. Le nez est pour moi totalement Romanée Conti, avec cette suggestion de pétales de roses fanées. Le final est extraordinaire. Ce vin rebouché en 1995 est absolument immense. Son élégance est extrême. Aubert de Villaine  nous dit que c’est un vin dont la chair a disparu, qui vit dans une autre dimension, celle de l’esprit du vin. Pour moi, c’est l’âme de la Romanée Conti.

Le Montrachet Domaine de la Romanée Conti 1977 a une couleur déjà marquée par l’âge. Le nez me gêne un peu. L’attaque en bouche est citronnée, très jolie, avec un petit manque de vivacité. Il faut attendre qu’il se réchauffe, car le miel apparaît. Le vin s’améliore et devient même grand. J’ai senti qu’Aubert de Villaine  était heureux de retrouver ces vins dont certains n’avaient été ouverts par lui qu’il y a longtemps. Tout le monde a apprécié la justesse et la pertinence de ses propos sur ses vins et son domaine. Chacun a été sensible a sa grande  générosité.

4 – déjeuner dans un petit château à Mercurey
En groupes dispersés nous nous rendons dans une grande demeure bourgeoise à Mercurey, qui loge tout le groupe à l’exception de mon mentor le négociant en vin, Tomo et moi.

Dans le grand salon aux papiers peints exotiques évoquant des richesses tropicales à la Douanier Rousseau, je vois sur une table un Chateau Palmer double magnum 2003 qui est ouvert. Alors que ce vin n’était pas inscrit au programme, j’imagine volontiers que nous irons de surprise en surprise. Je ne fus pas trompé ! Boire ce Palmer après la visite à la Romanée Conti, ce n’est pas un service à lui rendre ! Car le vin a des tannins très durs et fait un peu rustaud après les vins du domaine. On voit ainsi l’influence des conditions de dégustation.

L’apéritif, c’est en fait le Champagne Comtes de Champagne Taittinger Magnum 1985. Ce qui vient en premier avec ce champagne, c’est l’acidité. Quelques minutes plus tard, c’est le dosage qui apparaît. Ce champagne est normalement meilleur que celui que nous buvons ici.

Nous passons à la salle à manger où une grande table a été apprêtée, avec des verres de la maison Lalique dont le propriétaire fait partie du groupe. Il est l’un des sponsors de « White Club« , comme un fabricant de montres suisses et un producteur d’eau minérale, ce qui est pour le moins original.

Le repas est joliment réalisé, mais on ne cherche aucun rapport avec les vins. C’est un support de nourriture. Les vins sont servis en séries de cinq.

Le Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1989 a un nez assez fermé. Il faut dire que les verres Lalique, à mon avis, enferment les parfums au lieu de les épanouir. La bouche est d’une extrême délicatesse. C’est grand.

Le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1996 est très joli, plus précis, plus tendu, plus vif.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 2003, c’est le charme, l’élégance. Il est enjôleur, envoûtant. Il est plus strict dans le final. C’est à l’attaque qu’il gagne les cœurs. Quand il s’étend dans le verre, il est d’un velours extrême. Ce vin est fantastique.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 2003 me frappe par sa profondeur. Il y a une belle complexité et la rose fanée que l’on n’est pas obligé de chercher. Elle est là. C’est incroyable comme elle est déjà expressive et longue. C’est une très belle réussite. Ce vin, c’est la longueur et la profondeur. Sa rémanence en bouche est infinie. La Tâche 2003 est plus généreuse et a un final plus glorieux, mais le vin est moins profond que la Romanée Conti 2003.

La Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 2005, c’est la joie de vivre, la tension extrême. Ce vin claque. Il n’est pas féminin, il fonce. Son final est magnifique.

Nous passons à la deuxième série.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1959 a un nez un peu évolué. Le vin est un peu coincé et je sens qu’il faut attendre, car la complexité est encore un peu timide. Elle est un peu décevante, car on en attend trop, un peu comme le Richebourg 1959 que j’ai ouvert récemment et qui m’a déçu. Mais quand il s’étend, il montre qu’il est grand.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1957 a un nez plus vivant. Le vin est plus vivant que le 1959. Sa trame est très belle. Le vin est très beau, vivant et expressif. Le vin est toutefois nettement moins émouvant que le 1956 ouvert à la dernière minute et froid dans les caves du domaine.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1947a un nez très beau. Sa bouche est d’une extrême présence. Il est un peu abîmé dans le final mais c’est un très beau vin. Quand il s’épanouit, il devient fantastique et je note : « ce vin vaut plus de 100 points ». Je note encore : « ce vin est fou ». C’est probablement l’un des plus grand vins de ce voyage dans la Romanée Conti. Son velours est légendaire. Je note toutefois que ce vin est moins complexe que la Romanée Conti 2003 qui me plait énormément.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1944même si elle est fatiguée est intéressante. Sa couleur est très brune. C’est un très beau vin avec un peu de café dans le goût.

La Tâche Romanée Chevillot négociant 1928 est un vin qui m’est totalement inconnu. C’est un vin mis en bouteille par un négociant, qui avait le droit d’embouteiller La Tâche et l’appelle Tâche Romanée. La couleur est très brune. Le nez est de charbon et de terre. La bouche est superbe, qui contraste avec l’œil et le nez. Le final est un peu vieux, mais le milieu de bouche est très émouvant. Le vin est très joli, même s’il a un peu de fatigue, car le message est intact et la trame est riche. Toutefois, ce vin est plus historique que réel.

Nous passons à la troisième série.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1997 est très généreuse et très Romanée Conti. C’est une Romanée Conti « naturelle », facile à vivre. Ce vin est « top ». Il est si facile !

Le vin joker est très joli. Je trouve des similitudes avec le vin précédent de 1997. C’est un  vin très beau et lui aussi très naturel. Je ne l’ai pas reconnu. C’est un Vosne Romanée  Cros Parantoux Henri Jayer 1988 un peu serré.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1978 a un bel équilibre et une belle opulence. Le vin est un peu torréfié et je commence a éprouver mes limites de dégustateur. Je le trouve lui aussi un peu serré.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti magnum 1982 magnifique est un vin généreux et opulent. Elle est très domaine de la Romanée Conti. C’est un vin magique. Quand il s’épanouit il devient fantastique. Il a l’âme du domaine de la Romanée Conti. Il est émouvant au possible.

Le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1963 a un nez intense de truffe. C’est un joli vin. Au fil du temps il montre un peu sa fatigue. Au troisième passage, son final est fatigué.

L’intérêt des vins surprise, c’est qu’ils donnent une grande humilité au dégustateur. On reconnait assez facilement que c’est un bordeaux. A un moment, j’ai pensé Cheval Blanc, mais je n’ai pas gardé l’idée, car je ne le trouvais pas assez grand. Or il s’agit d’un vin mythique, Chateau Cheval Blanc 1982. Il faut dire qu’après des bourgognes, les choses ne sont pas faciles. Je ne peux pas dire que j’ai capté en le buvant ce qu’il représente en fait.

Et un nouveau point d’interrogation nous est servi. Le nez un peu camphré me fait penser à celui de l’Yquem 1941 que j’avais écarté, tant il me déplaisait, mais ici, le vin n’a pas souffert. Je pense à Lafaurie Peyraguey 1964, car il y a une richesse de botrytis qui me fait penser à ce vin. Et j’ai tout faux, car il s’agit de Chateau d’Yquem 1929. Honte sur moi. Mais il faut dire que je n’ai pas l’émotion que porte normalement ce vin immense.

5 – dîner à l’hostellerie de Levernois
Il est tard dans l’après midi après cette éblouissante présentation de vins rares. J’aurais aimé faire une sieste à l’hôtel, mais le devoir m’appelle, car je vais devoir ouvrir un très grand nombre de vins pour le dîner de ce soir. Nous rentrons Tomo et moi à Levernois. J’ai à peine le temps de me retirer dix minutes, et le plus invraisemblable amoncèlement de vins du Domaine de la Romanée Conti va passer entre mes mains, pour l’ouverture des bouchons. Si la qualité des bouchons des années récentes est irréprochable, il n’en est pas de même des bouchons anciens avec lesquels j’ai bataillé au point d’avoir très mal aux doigts de la main droite qui est celle qui tire doucement les bouchons. Pour la Romanée Conti 1983, le bouchon est aussi serré que tous ceux que j’ai ouverts et il me faut lutter comme un fou pour arriver à le sortir. Je suis bien évidemment intéressé par les deux vins que j’ai apportés. La Romanée Conti 1922 sent affreusement mauvais. Je suis triste car elle me semble perdue. La Romanée Conti 1944 au contraire a un parfum qui me plait. Souvenez-vous de ce que vous venez de lire, car le monde des vins anciens est un monde à surprises.


Et la Romanée Conti 1945, où est-elle ? Car c’est pour elle que je me suis inscrit. Lorsque nous étions à la Romanée Conti, Aubert de Villaine avait posé des questions sur son origine et René, l’animateur de White Club l’avait rassuré. Mais je ne la vois pas. Romain, le négociant qui m’avait fait m’inscrire à ces repas me demande de rejoindre René, qui m’explique que la bouteille qui lui a été vendue n’étant pas conforme à la photo de la bouteille qu’il voulait acheter, il l’a laissée sur place pour se faire rembourser. Conscient que je m’étais inscrit pour la 1945, il me promet qu’il fera un autre repas où figurera une 1945. Tout m’incite à faire confiance, et je continue à ouvrir les vins. Alors que je n’ai pas fini, les membres du groupe qui logent à Mercurey arrivent. Ma sieste passe aux oubliettes.

J’ai à peine le temps de me changer et je redescends dans un caveau où tout le monde prend l’apéritif avec un Champagne Perrier-Jouët jéroboam 1961. Puisqu’on est dans l’excès, pourquoi pas un jéroboam ! La couleur est trouble. Le champagne n’est pas désagréable, mais il n’est pas du tout ce qu’il devrait être. Je n’y touche qu’à peine, car il ne me plait pas. Avec Peter Sisseck, nous disons en plaisantant que c’est un vin qui a dû être stocké en évidence dans une boîte de nuit où il a souffert de la chaleur.

Quand on voit les choses en grand, ça vaut aussi pour la nourriture. Voici le menu dont ma balance se souvient encore, deux jours plus tard : huitre Gillardeau et Panna cotta d’oursin au caviar osciètre / marinière de coquillages et croustillant mimosa / l’œuf parfait aux cèpes, jambon Belotta et crème de poule faisane / coquilles Saint-Jacques aux truffes, poireau et céleri / homard cuit en carapace, Paccheri de King crabe au citron confit et artichauts / risotto Acquarello à la moelle et truffes noires / boudin blanc de perdreau aux châtaignes, foie gras de canard des Landes en infusion de cèpes / lièvre à la royale, chartreuse de chou et champignons des bois / fromages frais et affinés / variation de poire comice et caramel confiseur / tarte au chocolat Manjari, crème brûlée vanille Bourbon et glace ivoire.

Ce repas n’a pas du tout été pensé pour les vins, mais les plats ont été délicieux et bien exécutés. Ce fut largement trop copieux, mais nécessaire pour soutenir le rythme des vins.

Le programme n’avait prévu que des vins rouges et c’eût été difficile avec le début du menu, aussi René a ouvert un Montrachet Domaine de la Romanée Conti 2007. Il est magnifique et l’on sent le lait et la pâtisserie. Il est riche, généreux, au final gourmand. Ce vin a une longueur extrême. Il est l’élégance incarnée.

Le Montrachet Domaine de la Romanée Conti 2008 a un nez très élégant. Il est plus pétrole. Il est plus minéral et a plus de botrytis que le 2007. Ce vin est profond. On sent le miel. Autant le 2007 est prêt à boire maintenant avec plaisir autant il faut garder encore les 2008.

Les bouteilles que j’avais ouvertes étant manipulées dans tous les sens, je demande à René de les ranger dans l’ordre qu’il a prévu. Il y a sur une table 27 vins du domaine de la Romanée Conti. Nous nageons dans l’irréel.

Et, comme pour en ajouter une couche, René nous sert un vin mystère. Il est bu à l’aveugle par une table de quinze amateurs. Pratiquement tous ceux qui se sont exprimé ont proposé Pétrus. Et pour Pétrus, la plupart ont proposé 1961. Mon ami Tomo a proposé Pétrus 1998 et j’ai proposé Pétrus 1990. Quand on a la réponse, quelle surprise !!!  C’est Château Margaux 1900, à l’étiquette de Barton & Guestier, rebouché en 1999 sans que le nom Margaux ne figure sur le bouchon ce qui est curieux. Peter Siesseck me dit : ce vin est tellement jeune que si ce n’est pas Margaux 1900, il faudrait donner une médaille au vigneron qui a pu fabriquer un vin jeune aussi phénoménal.

Force est de dire que ce vin est hors du commun. C’est du 100/100 Parker, de façon évidente, mais c’est plus que cela. Equilibre, émotion, longueur, profondeur, tout y est. Et effectivement, je me suis trompé sur l’âge, mais ce n’est pas la première fois que des vins sublimes du passé bluffent tout le monde. Ce qui a conduit à Pétrus, c’est cette sensation de truffe, d’une rare précision. C’est une belle leçon et un vin splendide. Il a une perfection inimitable et une élégance absolue. Il pourrait bien être le gagnant de cette journée.

La Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 2007 a un nez très domaine de la Romanée Conti. La bouche est élégante mais aussi stricte et mesurée. C’est un vin élégant qui reste mesuré et courtois. C’est un grand vin.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 2002 a un nez puissant de folle jeunesse. En bouche il est joyeux, tout en charme, mais aussi puissant. Il a tout à fait le style du domaine. Ce vin est glorieux.

L’Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1993 a un nez discret. La bouche se marie magnifiquement avec les cèpes. Ce vin est élégant, sans avoir la personnalité de La Tâche. Avec le temps il gagne du corps.

La Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 1997 reste stricte mais très domaine de la Romanée Conti.

Le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1990 a un nez d’une pureté remarquable. Il est d’une élégance extrême. Il marie accomplissement et cohérence. Ce vin est dans un état de grâce. Il a une longueur infinie.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1983 a un nez subtil. Sur la Saint-Jacques à la truffe, le vin est glorieux. Il a une longueur infinie. J’aime cette Romanée Conti que j’ai bue de nombreuses fois. On voit que ce n’est pas une année de puissance mais le vin a une élégance à la Coco Chanel. La rose et le sel sont là.

La Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 1981 a un très joli nez. C’est beau en bouche même si l’on est très loin de la Romanée Conti 83.

La Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 1975 a un nez très domaine de la Romanée Conti. Il y a beaucoup de sel. En bouche le vin est beaucoup plus gourmand que ce que le nez suggère. Ce vin se comporte nettement au dessus de ce qu’on en attendrait.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1973 a un nez très joli et une bouche gourmande. Quelle belle surprise pour un vin de cette année ! Les quatre derniers vins sont surprenants, car de petites années et brillants. La Romanée Conti 1983 a quelque chose de plus que les autres par la complexité de son final. Mais le plus incroyable et le gagnant de ces quatre est pour moi le 1975, contre toute attente et je suis ravi de voir qu’autour de la table, on pense comme moi.

Le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1956 a un nez très domaine de la Romanée Conti avec une puissance rare. Il a des points communs avec la Romanée Conti 1956 de ce matin, mais servi à table, il est plus opulent. Il a un peu d’amertume en fin de bouche, mais le vin est très joli.

Le nez de la Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1954 n’est pas parfait. En bouche, il est un peu fatigué, un peu « amantillado ». Il fait brûlé, mais il a quand même quelque chose à dire, ce qui rend la 1956 plus vivante encore.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1944 qui est mon apport a une couleur bien moche. Le nez est un peu vinaigre. En bouche le vin n’est pas stupide mais il est notoirement insuffisant. On sent un peu de chocolat. Il n’est pas mort en bouche, mais je suis furieux.

Le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1945 a un nez un peu camphré. La bouche est belle même si un peu chimique. René est beaucoup plus tendre avec ce vin que je ne le suis. Cette série de quatre vins est faible, le 1956 étant le plus vivant, très beau.

Le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1943 ajouté pour me faire plaisir puisque c’est mon année a une belle couleur. Le nez a du champignon, dont l’intensité ne va jamais baisser. Il faut attendre pour le goûter, mais il ne deviendra jamais ce que j’ai connu de ce vin, un des plus grands du Domaine de la Romanée Conti que j’aie bu. L’odeur de champignon empêche de l’aimer.

Le Richebourg Domaine de la Romanée Conti magnum 1940 a une couleur très brune. Le nez est correct mais limite. Le vin n’est pas mal, mais montre un peu trop de fatigue. Le final est trop fatigué.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti magnum 1940a une couleur aussi très fatiguée. Le nez est meilleur. En bouche, c’est très buvable même si c’est un peu fatigué. Le final est très limité.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1937 a une couleur beaucoup plus belle, même si elle est un peu trouble. Il y a un peu de tabac dans le nez de ce vin. Le vin a une belle attaque et un final un peu imprécis à ce stade.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti Van der Meulen 1929 a une couleur foncée. Le nez est très joli. On sent un vin un peu fortifié, un peu torréfié. C’est un beau vin, mais ce n’est pas la légende.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti Van der Meulen 1923 a une couleur aussi foncée. Le nez est très velouté et c’est le premier vin dont je sens la fraîcheur mentholée. C’est le 1929 en nettement mieux. C’est un très grand vin et l’expression d’un vin préphylloxérique.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1922 qui est mon deuxième apport a une couleur claire. Il est magnifique. C’est le meilleur des vins de cette série à quatre Romanée Conti. Il a la fraîcheur et une tension extrême. Je suis tellement content que ce vin rattrape le 1944.

La Romanée Conti 1937 s’améliore et on peut constater que les 22 et 37 ont des couleurs claires et sont définitivement ce que la Romanée Conti doit être, alors que les 23 et 29 ont des couleurs plus foncées et donnent l’impression que les vins ont été fortifiés par Van der Meulen. Le 1937 s’est amélioré et ressemble beaucoup au 1922 qui est maintenant royal. Si on se souvient bien, le 1922 sentait la mort et le 1944 avait un beau parfum. Les voies du vin sont impénétrables.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1935 a un très joli nez de Romanée Conti. En bouche, c’est une très grande Romanée Conti. Le match est ouvert entre 1922, 1935 et 1937. C’est peut-être le 1935 qui est le plus riche, mais il est peut-être aussi légèrement fortifié. C’est donc le 1922 qui gagne devant 1937 et 1935 cependant que le 1923 devient de plus en plus charmant.

Peut-on imaginer que nous venons de boire six vins de Romanée Conti de vignes préphylloxériques : 1922, 1923, 1929, 1935, 1937, 1944 ! Le 1935 a une grande puissance, de l’alcool, mais c’est un beau vin, le 1923 devient plus élégant, poivré, c’est un grand vin même s’il a été un peu aidé. Le 1922 est l’élégance absolue, avec le raffinement et la pureté de la Romanée Conti. Le 1937 est la délicatesse, le petit frère du 1922 même s’il est un peu moins beau. La fraîcheur mentholée du 1935 est étonnante car inhabituelle.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1962 a une couleur entre brun et rouge. Le nez est grandiose. Le vin est doux mais profond. C’est un très grand vin mais ce n’est pas la légende que j’attendais.

La dernière goutte du 1922 est de la rose pure. Je suis ému.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1959 a la même couleur que le 1962. Le nez est imparfait. La bouche est beaucoup plus gourmande. Il est généreux mais il n’est pas parfait. Décidément, je n’ai pas de chance avec les 1959.

Ce qu’on peut constater, c’est que tous les vins jeunes et les plus vieux sont spectaculairement bons. Ce sont les vins des âges intermédiaires des années 40 et 50 qui ont posé des problèmes. Quand on constate que la Romanée Conti 1956 bue en cave est sans doute l’une des plus belles de ce jour, cela montre qu’il y a un vrai problème de conservation des vins des années des décennies 40 et 50. Mais le positif gagne tellement devant le négatif que je vis un moment unique.

René, en mal de générosité, demande si nous avons encore de l’énergie. Je dis oui. Et arrive le vin que j’appelle « le vin John Wayne ». Dans tous les westerns de cet acteur américain, la victoire arrive toujours au dernier moment du film.  Eh bien, la Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1969, c’est un peu ça. Elle a une couleur claire, un nez authentique de Romanée Conti. Elle est parfaite, élégante, belle, même s’il y a un petit manque de tension. Au point où nous en sommes, elle cohabite avec le dessert au chocolat, mais à ce stade, nous sommes capables de nous consacrer au vin uniquement, l’un des plus beaux de ce soir.

6 – commentaires et conclusions
Un tel rythme est tellement déraisonnable que j’avais annoncé que je ne viendrai pas au déjeuner du lendemain prévu au programme pour lequel je m’étais engagé. L’idée d’abandonner un repas où 17 vins du Domaine de la Romanée Conti vont être ouverts incluant La Tâche 1990 pourrait paraître de la folie. Mais la folie eût été de m’y rendre.

Que retenir de cette extravagance absolue ? Voici un groupe cosmopolite de fondus de vins qui ont les moyens financiers pour affronter les plus rares vins de la planète. Quand on a les budgets, on peut chasser l’étrange et le rare. C’est la profusion qui commande, plus que la mesure. On peut critiquer, mais René l’a fait avec une telle générosité que son sens du partage ne peut qu’être respecté.

Il y a bien sûr l’absence de la Romanée Conti 1945, qui était le motif de mon inscription. Si une autre Romanée Conti 1945 est ouverte, ce sera un plaisir de plus.

Ce qui reste pour moi, c’est surtout cette plongée unique dans l’histoire du goût de la Romanée Conti. J’ai maintenant des notes sur plus de 300 vins du domaine, en près de 70 millésimes différents. J’ai donc conforté une vision assez pénétrante des vins de ce domaine. J’en suis profondément reconnaissant aux auteurs de cet événement unique. Je ne l’aurais jamais fait comme cela. Mais vive la différence. Et vive la Romanée Conti.