Déjeuner au restaurant Passage 53 mardi, 21 avril 2015

Un ami m’invite à déjeuner et me demande en quel restaurant j’aimerais me rendre. Je réponds le restaurant Passage 53. Par une journée ensoleillée qui fait pousser les jolies filles sur les grands boulevards et rend plus animé le Passage des Panoramas, je me présente au restaurant et je demande Guillaume Guedj, le maître des lieux. Or il est en face de moi. Je ne l’ai pas reconnu avec son nœud papillon et une nouvelle coiffure. L’ami a eu l’heureuse idée de convier aussi son épouse que j’ai eu la chance de côtoyer lors de plusieurs dîners de wine-dinners.

La décoration du lieu est lumineuse, toute de blanc comme au Japon. Le chef Shinishi Sato, ancien de l’Astrance et d’autres prestigieuses maisons, officie à l’étage dans une cuisine d’une propreté exemplaire.

Nous prenons le menu dégustation : amuse-bouche, déclinaison de la carotte / caviar de Sologne, gnocchis et mascarpone / œuf mollet, crème de haddock, betterave / toast au tourteau, mousse au xérès / asperges blanches, comté et œuf mimosa / turbot, asperges vertes, sauce petits pois / entremets, pomme verte et oseille / veau de lait, sauce au vin jaune et morilles / agneau de Lozère, algues et épinards / déclinaison du citron et crumble / glace Mélilotus, riz au lait / fraises des bois, Panna Cotta laurier / tartelette chocolat noir.

Nous commençons le repas avec un Champagne Taittinger Comtes de Champagne 2005, suggestion de Guillaume Guedj que j’ai approuvée, car je l’avais adoré hier. Et cette bouteille confirme l’impression de la veille. C’est un champagne ample, joyeux, riche qui envahit le palais de bonheur. C’est une magnifique réussite pour Comtes de Champagne.

Le vin de la suite du repas lorsque le Taittinger est terminé est un Riesling Clos Sainte Hune Trimbach 2006. Mon ami aurait aimé un Chave blanc qu’il adore mais il n’y en a pas sur la carte aussi l’ai-je orienté vers ce beau riesling. Lorsqu’on m’a fait goûter, j’ai agréé la bouteille, mais j’avais eu une petite hésitation. Car le vin, même s’il est lumineux et précis, manque un peu d’énergie. Il n’est pas aussi vif que ce qu’un Sainte Hune doit être. Il a été agréable tout au long du repas grâce à la richesse et la fluidité d’un vin fruité et citronné, et mon ami qui le découvrait l’a apprécié, mais il m’a manqué une petite étincelle de génie, comme si le vin n’avait pas desserré son frein à main. Ma remarque est à la marge, car d’un Sainte Hune, on ferait son ordinaire sans hésitation.

Le repas m’a enchanté. Le caviar est idéal pour le champagne et vibre bien. La crème de haddock, fumée, excite bien l’œuf mollet qui toutefois finit un peu en sourdine lorsque l’on atteint le fond de l’œuf. Le plat miraculeux, c’est le plat d’asperges. Il est d’une précision et d’une justesse exemplaires. Le veau de lait est une merveille, le turbot est gourmand et à chaque fois, c’est la précision des saveurs qui m’enchante. Les desserts sont légers et de goûts affirmés. En un mot cette cuisine est exemplaire. Il y a une grande originalité des choix de saveurs très cohérentes et surtout une extrême lisibilité de la structure du plat. La présentation des assiettes avec les mets aux couleurs pastel est d’un grand esthétisme. Le service est attentionné et Guillaume Guedj vient faire des remarques très pertinentes.

On ne peut qu’applaudir à la prestation dont nous avons été les heureux bénéficiaires dans une ambiance chaleureuse.

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Déjeuner au restaurant l’Oiseau Blanc de l’hôtel Peninsula lundi, 20 avril 2015

Au sixième étage de l’hôtel Peninsula, il y a une magnifique terrasse donnant une vue exceptionnelle sur le Sacré Cœur ou sur la Tour Eiffel. A l’intérieur, le restaurant Oiseau Blanc évoque le souvenir de l’avion de Nungesser et Coli, dont une reproduction serait prête à s’envoler dans le ciel parisien.

Le menu choisi est : carpaccio de daurade au sel citronné, crème de fenouil au wasabi / cabillaud rôti, morilles au café, champignons de Paris réglissés / tarte citron yuzu revisitée, pain de Gènes à l’amande, confit de citron, meringue.

Le Champagne Taittinger Comtes de Champagne 2005 est puissant, rond et grand. Il a énormément de charme et c’est un plaisir de le boire. Il est joyeux, d’un bel équilibre et fait la fête avec les plats tant il est capable de s’adapter. Ce champagne est de grand bonheur.

Le carpaccio est noyé par la crème et les radis et perd de son intérêt. Le plat n’est pas lisible, certains goûts étouffant les autres. Le cabillaud est très plaisant et le dessert est réussi. Le service n’est pas très attentif car si beaucoup de personnes s’affairent, elles ne regardent pas la salle d’une taille qui peut facilement se dominer.

L’espace est agréable, la décoration originale et les matériaux utilisés sont d’une rare richesse. C’est un restaurant assez conventionnel d’hôtel où, en voulant plaire à tous les publics, on perd en originalité.

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Malbec World Day avec dégustation de vins argentins samedi, 18 avril 2015

C’est à l’Ambassade de l’Argentine à Paris que se tient la cinquième édition du « Malbec World Day ». Au premier étage de l’immeuble de l’ambassade, on peut découvrir des malbecs argentins de divers producteurs.

Dans la bibliothèque de l’ambassade, Jean-Guillaume Prats, président directeur général de Estates & Wines, la société du groupe LVMH qui regroupe tous les vignobles de Moët Hennessy, présente des malbecs argentins de son groupe.

Le Terrazas Single Vineyard Malbec Argentine 2010 titre 15°. Le nez est de cassis, marqué par un peu de poussière. La bouche est aussi cassis et le final est de punaise, poussiéreux comme au nez. Mais il faut que le vin s’ouvre dans le verre et le fruit prend le dessus, le vin devenant plutôt plaisant, même si cette expression du vin international n’est pas l’objet de mes recherches. Le final devient feuille de cassis, un peu rêche.

Le Terrazas Malbec 2012 a un nez de cassis avec beaucoup plus d’épices. Il est plus rond, avec des fruits épicés. On sent le clou de girofle. Le final est un peu astringent.

Le Cheval des Andes 2010 a une attaque très fraîche, de cassis, pruneau, quetsche fraîche. Le final est astringent. L’attaque est très belle de fraîcheur mais le final est lourd et plombant.

Le Cheval des Andes 2008 a un nez voluptueux, très séduisant, tout en épices orientales. La bouche est moins précise, partant dans toutes les directions, avec une sensation de lacté. Le final est frais et rafraîchissant. On a donc un profil à l’opposé du 2010.

Le Cheval des Andes 1999 a une approche subtile et raffiné, mais très vite on constate un léger goût de bouchon, qui n’empêche pas de sentir ce qu’il pourrait être, avec une belle structure de maturité.

Ces vins ont sans doute une clientèle, car beaucoup de pays font les mêmes vins, lourds, boisés, alcoolisés, porteurs de cassis à volonté. J’avoue que j’ai du mal à mordre à de tels vins dont je pense qu’ils doivent être peu digestes. Leur qualité est d’être très lisibles, rassurants. Il semble qu’ils se vendent bien.

L’accueil fut charmant dans ce bel immeuble. Il est de toute façon intéressant de savoir ce qui se fait dans le monde. Avec l’amélioration des démarches, allant vers moins de bois et d’extraction, l’Argentine produira des vins de garde. A suivre.

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12.333 vins racontés sur le blog jeudi, 16 avril 2015

voici les années qui ont jalonné mon parcours depuis fin décembre 2000, car avant, je ne prenais pas de notes, hélas ! Lorsque le millésime n’est pas lisible, j’ai estimé une année avec un « # ».

tous millésimes bus

l’année la plus bue est 1990 (416) et parmi les années anciennes, c’est 1959 (246)

Déjeuner au restaurant Toyo mardi, 14 avril 2015

On m’a conseillé d’aller au restaurant Toyo, tenu par Toyomitsu Nakayama, ex-cuisinier du couturier Kenzo. On a le choix de déjeuner soit à une table, soit au comptoir où l’on peut voir la préparation des plats. Ce sera le comptoir. La salle est décorée sobrement et agréablement.

A la carte je choisis : saumon confit / homard et bouillon / omble chevalier à la plancha / glace et sorbets.

L’amuse-bouche est goûteux, ce qui est de bon augure. Le saumon est délicieux, très joliment préparé. Le homard m’a moins convaincu, un peu fade et le bouillon est très bon. L’omble chevalier est parfait, avec la peau croquante à souhait. C’est une cuisine de bonne exécution, sur des produits de bonne qualité, sauf peut-être le homard.

La carte des vins a trop de lignes qui sont barrées. Il faudrait de temps en temps la réimprimer. Elle est relativement courte. Le Champagne Gosset Célébris Extra Brut 2002 est solide, bien construit, de belle acidité. Il accompagne tout le repas sans difficulté mais on en arrive presque à l’oublier tant il est flexible. Il a un joli final. Très consensuel, il est le champagne de toutes les situations.

Il y avait très peu de monde dans le restaurant, ce qui est toujours triste. Il faudrait peut-être que ce restaurant, comme le champagne, s’encanaille un peu.

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un Chambertin Armand Rousseau 1938 de bas niveau dimanche, 12 avril 2015

Dans ma cave, une bouteille donne des signes de perte de volume. Il faut la boire vite. C’est avec mon fils que je tiens à boire ce vin emblématique. C’est un Chambertin Armand Rousseau 1938. Il arrive une chose étrange. Je peux lever le bouchon de quelques millimètres avec le tirebouchon limonadier qui fait levier. Et avec la longue mèche, il est impossible de le lever. Il est comme coincé et je suppose que le goulot de la bouteille est resserré en haut, ce qui empêche de le remonter. Alors j’émiette le bouchon et je tire de nouveau. Et malgré le raccourcissement du bouchon, je n’arrive toujours pas à l’extirper. Et cela va durer encore, presque jusqu’au bout. Ce qui est incompréhensible, c’est que je goulot n’est pas resserré, ce qui semble indiquer que le bouchon était comme collé au verre du goulot.

La première odeur est engageante et me laisse de l’espoir. Le vin est laissé tranquille pendant trois heures. Lorsque je le verse, la couleur n’est pas très belle, d’un brun clair. Le parfum est très agréable et n’indique aucun défaut. En bouche, on sent que le vin est déstructuré. Mon fils l’aime assez, beaucoup plus tolérant que moi. On peut s’imaginer des arômes et des saveurs, mais à aucun moment je n’éprouve du plaisir, même avec la lie plus concentrée.

On a parfois avec des bourgognes de bas niveaux des belles surprises, mais ce chambertin, bien que buvable, puisque nous avons fini la bouteille, ne m’a pas apporté ce qu’il pouvait représenter. C’est dommage et triste. Mais c’est quasiment inévitable quand on a une cave de vins anciens.

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Match entre deux Dom Pérignon, 1988 et 1985 au restaurant Pages dimanche, 12 avril 2015

A la suite d’un achat de champagnes Dom Pérignon, j’ai bu avec mon fils, il y a deux jours, un Dom Pérignon 1988 qui s’est montré glorieux. Devant dîner ce soir au restaurant Pages avec ma femme, ma fille aînée et mon fils, j’aimerais comparer deux Dom Pérignon, le 1988 et le 1985. J’ai un a priori favorable au 1988 et c’est une bonne occasion de vérifier.

Nous arrivons au restaurant et qui vois-je ? Un vigneron bourguignon pour lequel on pourra dire : « jamais deux sans trois ». Car il y a quelques années, allant avec mon fils et ses enfants déjeuner sur une plage de Miami, qui est là ? Ce vigneron. Et, lors d’un séjour à Casa del Mar en Corse, partant déjeuner dans un petit restaurant dans un coin perdu, loin de tout, c’est encore ce vigneron que je rencontre. La probabilité de se retrouver un samedi soir au restaurant Pages était infime. C’est la loi des hasards. Je le rencontrerai à nouveau dans deux jours lors de la présentation des vins des domaines familiaux de Bourgogne, mais là, le hasard ne jouera plus.

La salle est pleine et l’assistance semble composée d’amateurs de bonne chère et de vins. Comme d’habitude, nous allons vivre le menu « à l’aveugle », car nous ne connaissons pas le programme.

Le menu composé par Ryiuji Teshima est : dauphine d’agneau, crème au curry / pain soufflé, crème au chou Kale / tartare de lieu jaune façon ceviche / chips de légume // bœuf Ozaki poché, bouillon de racines / cromesquis de foie gras fumé au Bincho, purée de topinambour / asperge verte de Sylvain Erhardt, sabayon et ventrèche / turbot, jus de coque, yuzu et citron Meyer / poulette de Pascal Cosnet, jaune d’œuf, quinoa, petits pois, mousse à la reine des prés / bœuf : la normande 4 semaines et le Simmenthal 5 semaines de maturation, l’Ozaki grillé au charbon Bincho / Pina Colada, Panna Cotta au thé Hojicha, profiterole à la poire aux agrumes et chocolat / granité d’oseille / mi-cuit au chocolat, sablés aux amandes caramélisées.

Je suis extrêmement favorable à cette belle cuisine raffinée et délicate, sur de beaux produits. Les plats sont si différents qu’il est difficile de les hiérarchiser. J’ai un faible pour la poulette, tendre et fondante, surtout à cause de l’œuf qui apporte une touche très gourmande. Ensuite il y a les trois viandes, dont la magnifique viande d’Ozaki. L’asperge est splendide, croquante à souhait. Les autres plats sont superbes, dont le délicieux granité d’oseille ou le turbot, mais les trois plats qui émergent sont poulette, trois viandes de bœuf et asperge.

Lorsque le sommelier verse les deux champagnes, nous avons deux magnifiques couleurs légèrement ambrées et des bulles très actives sur les deux. En les buvant, je me dis que les différencier ne va pas être facile, car ils ont beaucoup de similitudes, sentiment que partage le sommelier. Il faut bien les différencier. Mes deux enfants placent en premier le Champagne Dom Pérignon 1988. Alors que j’avais un a priori en faveur de ce 1988, je mets en premier le Champagne Dom Pérignon 1985.

Tout d’abord, le 1988 que nous buvons, même grand, n’a pas la même splendeur que celui que j’ai bu il y a deux jours avec mon fils. Ensuite, ce qui différencie les deux, c’est que le 1988 a un parcours très linéaire en bouche, tranchant, alors que le 1985 s’élargit en bouche avec une belle plénitude. Le 1988 est plus vif et le 1985 est plus charmeur. Mais ces différences sont tellement à la marge que lorsque l’on boit les deux champagnes à la suite, c’est le plus souvent le second qui semble meilleur, renforcé par la trace du premier bu qui, lui, a la mémoire du plat.

Comme ma fille n’est pas très champagne, nous prenons un Pommard 1er Cru Les Pézerolles domaine de Montille 2008. J’adore ce vin délicat, subtil, tout en suggestions et très bourguignon dans ses complexités. Il convient aux trois tranches de bœuf pour notre plus grand plaisir. Le 2008 atteint déjà un joli niveau de maturité.

J’ai fait porter des verres des deux champagnes aussi bien au chef qu’à mon ami vigneron. Le consensus est en faveur du Dom Pérignon 1985. Plus généreux, plus charmeur, il n’a peut-être pas la richesse vineuse du 1988, mais il gagne par sa flexibilité et son adaptabilité. Force est de constater que les deux sont de magnifiques champagnes, avec des évocations de miel, de noisettes, et à l’acidité superbe qui amplifie l’effet de la bulle. Les meilleurs accords des deux ont été avec l’asperge et avec le turbot.

Comme nous avons fini les deux champagnes, nous avons pris chacun un verre de Champagne 738 Jacquesson extra-brut. Ce champagne apporte la preuve que les deux Dom Pérignon sont au sommet du champagne que le Jacquesson, très agréable, n’est qu’au niveau des humains.

Le service est charmant et attentionné, le ballet des cuisiniers, dans un silence total, est comme chorégraphié. On se sent bien au restaurant Pages.

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le chef me fait signe

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Dîner avec mon fils et Krug années 50 et Hermitage 1929 vendredi, 10 avril 2015

Mon fils fait sa visite habituelle à Paris pour gérer l’entreprise industrielle que j’ai gardée. Je lui demande : « veux-tu que ce soir on ouvre du grand ?». L’avantage de ces questions, c’est qu’elles n’ont qu’une seule réponse. Ma femme et mon fils ont fait chacun de leur côté des emplettes aussi est-ce un repas où l’on va picorer plus qu’un repas à menu.

Il y aura des crevettes grises, des queues d’écrevisses, du jambon Pata Negra, du foie gras et de nombreux fromages. Mon choix de vin n’a pas été concerté.

J’ai pris en cave un Krug Private Cuvée probablement années 50. Pour dater, j’ai croisé ce que je peux observer de la couleur des étiquettes, de la couleur de la capsule et de la forme du bouchon et ces indices suggèrent que ce vin pourrait être des années 60 ou 50, mais plus probablement des années 50.

Le pschitt est faible mais la bulle est là. La couleur m’étonne, car le vin n’est quasiment pas ambré. En bouche, ce champagne est colossal. Car il y a une myriade de fruits, entre des jaunes et des rouges, et surtout, une combinaison entre fruits frais et fruits confits. Le vin est vif, incroyablement vivant et complexe, avec en plus une rondeur et une cohérence que seul l’âge peut donner. Fascinant, envoûtant, c’est un champagne de haute volée. Un vrai bonheur.

Il n’a peut-être pas la tension de certains champagnes plus vifs, mais sa rondeur et sa complexité extrême en font un champagne mémorable, dans le club très fermé des très grands champagnes.

Mon deuxième choix est un vin qui m’émeut car il est très peu probable que je retrouve un jour sur ma route un autre Hermitage Marquise de la Tourette Audibert et Delas rouge 1929. J’ouvre la bouteille qui a un niveau un peu bas. Le bouchon se brise en de nombreux morceaux, le bas du bouchon étant gras et noir. En l’ouvrant au dernier moment avant qu’on la boive, je sais que l’on prend un risque. Le premier nez est un peu torréfié. Et puis, c’est comme le soleil qui se lève à l’aube, nous allons vivre une éclosion ahurissante.

Le vin se caractérise par une densité de trame extraordinaire. C’est un vin lourd, charpenté, mais aussi ciselé. Et c’est cela qui est remarquable. Mais il y aussi une chose qui me fascine, c’est que malgré sa densité, le vin est d’une grande fraîcheur. Et cela signe un grand vin. Il a du fruit, de la truffe, et c’est sa richesse en bouche qui est hallucinante. Quand je me suis versé le fond de la bouteille, presque noir, je n’ai quasiment pas eu de lie et le vin gardait une grande pureté.

A l’analyse on pourrait chercher tel ou tel défaut, mais la densité de la trame, plus la fraîcheur, conduisent à se dire que l’on est face à un immense 1929. C’est vraiment une année exemplaire, l’année que je chéris le plus avec 1900.

Ouvrir ces raretés avec mon fils est un accomplissement. C’est la récompense de ma passion.

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un bon fromage superbe sur le Krug

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Dîner avec Dom Pérignon 1988 vendredi, 10 avril 2015

Le lendemain, le programme du dîner promet d’être sage. Ma femme a voulu un repas tout orange : des tomates oranges avec des petites écrevisses nichées dans des feuilles d’endives et une fleur comestible et bio, une pensée orange, du saumon presque cru en dés, et une salade de mangues avec des kumquats confits. Le thème de l’orange est brisé deux fois, pour la salade roquette puis pour les fromages. L’eau est au programme mais j’ouvre un Champagne Dom Pérignon 1988. Dans ma mémoire vive, l’année 1988 est une immense année en champagne. Et ce n’est pas ce champagne qui me fera dire le contraire, car il est exceptionnel. Il est une forme quasi idéale d’un rêve de champagne. Il a un dosage que l’on ressent mais en même temps il a une acidité rafraîchissante et pénétrante. Il a aussi bien du miel que du beurre, des agrumes, mais ce n’est pas la peine de chercher car on est conquis par sa structure glorieuse. Richard Geoffroy a récemment créé le concept de « plénitude » qui s’applique à des Dom Pérignon qui sont dégorgés à un moment de leur vie qui est un pic d’excellence. Alors que ce concept concerne des dégorgements tardifs, le mot plénitude s’impose pour ce 1988 au sommet de son art. J’aurais volontiers tendance à dire que ce 1988 est un Dom Pérignon idéal, comme on parle de « gendre idéal ». Deux heures après le repas, j’ai encore l’empreinte indélébile en bouche d’une magnifique acidité et de beaux agrumes.

C’est un champagne emblématique, au sommet de son art, glorieux et idéal. Une forme ultime du champagne dans le registre des champagnes chaleureux.

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symphonie d’orange

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