Archives de l’auteur : François Audouze

rencontre d’amis, 60 ans après… mercredi, 3 décembre 2025

Mon frère organise une rencontre avec des amis d’enfance, que je n’ai pas vus depuis plus de soixante ans. Cette idée est excitante.

Je propose que nous nous retrouvions à huit au restaurant Le Petit Sommelier car les amis, généralement bretons, reprendront un train à la gare Montparnasse. J’aime ce restaurant de Pierre Vila Palleja car la carte des vins est une des plus belles de Paris.

Pour ne pas passer trop de temps à choisir les vins en fonction des plats de chacun, car nous nous rencontrerons pour évoquer le passé et le présent, j’ai suggéré à mon frère que j’offrirais les vins du repas, ce qui évitera tout problème de choix et fera gagner du temps.

Je suis donc arrivé à 11h30, avec une heure d’avance, et j’ai pu étudier la carte des vins qui propose un nombre élevé de vins tentants. J’ai noté sur un carnet au moins quatre vins par couleur entre champagnes, blancs, rouges et liquoreux.

Les amis arrivent. Je reconnais certains instantanément mais pour d’autres, c’est plus difficile. Nous sommes tous heureux de nous revoir. Le menu est proposé sur un panneau de bois où il est écrit à la craie en vraiment très petits caractères. Les choix sont assez regroupés et plusieurs ont comme moi demandé le foie gras en entrée et le lièvre à la royale comme plat.

Nous commençons à boire un Champagne Charles Heidsieck Brut sans année qui a une belle bulle et un joli parfum et surtout une belle longueur. Nous apprécions tous ce beau champagne.

Pour le foie gras j’ai demandé un Champagne Philipponnat Blanc de Noirs Extra-Brut 2018. C’est un champagne raffiné, plus strict et plus volontaire que le Charles Heidsieck, et qui convient parfaitement au foie gras délicieux, de belle personnalité.

Pour le lièvre à la royale, la jeune charmante serveuse avait repoussé chacune de mes propositions qu’elle trouvait trop légères pour le plat, sachant que j’avais choisi avant de savoir que nous prendrions du lièvre. J’ai donc demandé la carte des vins et j’ai choisi une Côte Rôtie Chapoutier 1985. La serveuse une fois de plus me dit que cela n’ira pas. J’ai décidé de persister et de signer pour ce vin qui s’est révélé exceptionnel, d’un charme et d’une douceur spectaculaires, et parfait avec le lièvre à la royale.

Un café gourmand a permis de conclure ce beau repas. La résurgence de moments anciens était d’une fraîcheur émouvante. Je respirais des bouffées de souvenirs avec un bonheur rare. Chacun était souriant et joyeux. De tels moments ne sont que du bonheur. Quelle chance !

Bulletins du 2ème semestre 2025, du numéro 1063 à … lundi, 1 décembre 2025

Bulletins du 2ème semestre 2025, du numéro 1063 à …

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(bulletin WD N° 1076 251203)    Le bulletin 1076 raconte : déjeuner d’anniversaire en famille et 304ème dîner à Reims, la première fois à l’Assiette Champenoise d’Arnaud Lallement.

(bulletin WD N° 1075 251119)    Le bulletin 1075 raconte : dîner au restaurant l’Ecu de France où un jeune italien a eu un plaisir émouvant, dîner au restaurant Hakuba de l’hôtel Cheval Blanc et déjeuner au restaurant Pages, le déjeuner Enigma, 303ème repas de wine-dinners.

(bulletin WD N° 1074 251111)    Le bulletin 1074 raconte : le 302ème dîner de wine-dinners au restaurant Maison Rostang Nicolas Beaumann, déjeuner du dimanche en famille, déjeuner au Yacht Club de France et déjeuner « couscous » avec des amis d’école au restaurant Harissa.

(bulletin WD N° 1073 251029)    Le bulletin 1073 raconte : déjeuner au restaurant Le Sergent Recruteur avec des vins d’Algérie et le 301ème de mes dîners au restaurant Astrance.

(bulletin WD N° 1072 251021)    Le bulletin 1072 raconte : un champagne de Bouzy inconnu, déjeuner à l’Assiette Champenoise pour préparer un futur dîner, déjeuner au restaurant Pierre Gagnaire, dîner au restaurant Hanada et déjeuner au restaurant Pages avec un vin australien de 1883.

(bulletin WD N° 1071 251009)    Le bulletin 1071 raconte : déjeuner au restaurant de l’hôtel Lilou, trois déjeuners au restaurant l’Aventure, déjeuner au restaurant A.M. d’Alexandre Mazzia, une « battle » entre Salon 2008 et 2015 et déjeuner d’amis dans ma cave.

(bulletin WD N° 1070 250930)    Le bulletin 1070 raconte : déjeuner au restaurant l’Aventure, apéritif chez des voisins, arrivée des premiers convives du 15 août, déjeuner au restaurant d’Alexandre Mazzia et 300ème repas de wine-dinners dans ma maison du sud.

(bulletin WD N° 1069 250923)    Le bulletin 1069 raconte : comparaison de deux champagnes Salon, réception de voisins, déjeuner au restaurant l’Aventure, déjeuner avec des vins algériens exceptionnels, apéritifs d’été et déjeuner au restaurant Brise Marine.

(bulletin WD N° 1068 250911)    Le bulletin 1068 raconte : apéritif au restaurant Rouge, dîner au restaurant de l’hôtel Lilou, comparaison de champagnes, dîner au restaurant Rouge et plusieurs repas au restaurant l’Aventure.

(bulletin WD N° 1067 250903)    Le bulletin 1067 raconte : 299ème dîner au restaurant Le Doyenné situé à Saint-Vrain, déjeuner au restaurant l’Aventure dans le sud, et déjeuner au restaurant de l’hôtel Lilou à Hyères.

(bulletin WD N° 1066 250825)    Le bulletin 1066 raconte : dégustation de vins de Bourgogne organisée pour le club d’amateurs de vins d’une grande société internationale de conseil et déjeuner au restaurant La Maison Arthur Dubois.

(bulletin WD N° 1065 WD 250818)    Le bulletin 1065 raconte : 298ème dîner, imaginé et créé sous le signe d’une totale extravagance et déjeuner au restaurant Le Doyenné à Saint-Vrain où se tiendra un futur dîner.

(bulletin WD N° 1064 250715)    Le bulletin 1064 raconte : compétition de dégustation à l’aveugle au siège de la maison Bollinger pour 14 écoles de commerce, déjeuner avec les élèves et 297ème dîner de wine-dinners au restaurant Maison Rostang Nicolas Beaumann.

(bulletin WD N° 1063 250702)    Le bulletin 1063 raconte : dégustation de vins anciens pour les élèves de l’Association Grands Crus HEC et 296ème repas de wine-dinners au restaurant Plénitude Arnaud Donckele avec 17 vins dont 12 premiers grands crus classés de Bordeaux, pour célébrer la classification de 1855.

déjeuner de famille dimanche, 30 novembre 2025

Nous recevons à déjeuner nos deux filles et l’une de nos petites-filles. J’ai trouvé en cave une bouteille de champagne dont le papier de l’étiquette est fatigué, avec des parties déchirées, ce qui ne me permet pas de savoir si le champagne est millésimé ou non.

C’est un Champagne Taittinger Brut probablement années 50. A l’ouverture, il a eu, au moment où j’ai essayé d’extraire le bouchon, une esquisse de pschitt, expulsant quelques bulles. C’est une belle surprise. Au service des premières gouttes on voit une belle couleur de mangue claire et de petites bulles discrètes. En bouche, je suis subjugué. Ce champagne a une personnalité affirmée, un fruit expressif, et un goût de rêve. Quel grand champagne ! Il est gourmand, joyeux. Un rêve. Il joue dans la cour des plus grands champagnes anciens. Avec une terrine de jambon persillé, c’est un bonheur rare.

J’ai choisi en cave un Gevrey-Chambertin Charles Viénot 1949 de niveau assez bas. Le risque existe mais il faut toujours donner une chance au vin. Le bouchon vient en charpie, ayant perdu toute cohérence. L’odeur me fait penser à un mot que je ne veux jamais prononcer, le mot « madérisé », car il est souvent utilisé à contre sens. Un vin évolué n’est pas madérisé. Et ce mot qui m’était venu en tête n’est pas approprié car servi sur un délicieux poulet le vin de Bourgogne montre une intéressante personnalité de vin ancien. C’est un vin qu’il faut savoir lire. Si on s’en tient à sa fatigue, on ne verra pas qu’il a des accents nobles d’un vigneron qui a compté dans l’histoire du vin. Et à vrai dire, avec tous ses défauts, je l’adore car entre les lignes, le message est d’un grand intérêt. Il est plus que probable que je ne le mettrais pas dans un de mes dîners, mais en famille, ce vin se libère de ses faiblesses.

Ma fille a apporté des merveilleux, ces gourmands desserts. Je pense à ouvrir un Champagne Krug Private Cuvée années 60 d’un groupe de vins achetés ensemble qui m’ont souvent fait d’immenses plaisirs. Mais avant le dessert nous mangeons un camembert Jort avec une étiquette sur fond en carton qui est censé être moins bon que celui au couvercle en bois. Celui-ci semble ne pas respecter la différence hiérarchique car il est divin. Et l’accord Krug et Jort fonctionne aussi bien que l’accord Jort et champagne Salon.

L’accord avec le merveilleux au chocolat que j’ai choisi est agréable et facile. Le Krug est une petite merveille. Le champagne noble et strict est frais et intense, d’une fluidité en bouche étonnante. Mais j’ai quand même une préférence pour le Taittinger de ce repas, qui offrait un fruit beaucoup plus rond et charmeur.

Les réunions de famille me permettent d’oser ouvrir des vins plus difficiles car plus risqués et comme dit l’adage, la fortune sourit aux audacieux.

43ème Académie des Vins Anciens jeudi, 27 novembre 2025

L’académie des vins anciens, pour sa 43ème édition, se tient au restaurant Macéo qui est le lieu privilégié depuis de nombreuses années. L’abondance des apports a été extrême au point que pour 30 convives, il y a eu 31 vins apportés par des académiciens généreux. Pour une première fois, j’aurais pu n’ajouter aucun vin de ma cave. Mais il se trouve que les plus généreux, qui sont invités à ma table, remplissaient à eux seuls ce que pouvaient boire deux tables.

Pour faire trois tables cohérentes, j’ai décidé d’ajouter 14 vins, ce qui fait que l’abondance existerait pour toutes les tables.

Voici les vins qui seront bus à l’apéritif et à chacune des tables.

Apéritif pour tous les participants : Magnum Perrier-Jouët Grand Brut NV (# 1970 à 1980) – Magnum Champagne Charles Heidsieck Brut réserve # 1985 – 3 bouteilles de Champagne Canard Duchêne 1973.

Vins de la table 1 : Champagne Dom Pérignon 1978 – Champagne Cristal Roederer 1947 – Vouvray Clovis Lefèvre 1959 – Château Laville Haut-Brion Blanc 1948 – Double magnum Château Gazin Pomerol 1975 (partagé) – Château Mauvezin Saint-Emilion 1937 – Château Mouton-Rothschild  1929  – Cos d’Estournel Saint-Estèphe 1929 – Château Trotanoy Pomerol 1943 – Vosne-Romanée non-identifié 1903 – Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1972 – La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1972 – Châteauneuf-du-Pape Bessac Monopole 1933 – Châteauneuf du Pape, cardinal de Saint-Ange 1937 – Cru de Coy Enclave Yquem 1923.

Vins de la table 2 : Champagne Roederer années 50 – Champagne Dom Pérignon 1982 – Pinot gris Vins de Moselle 1981 – Double magnum Château Gazin Pomerol 1975 (partagé) – Château du Glana Saint Julien 1952 – Chateau Cantenac Brown Margaux 1959 – Château Soutard Saint-Emilion 1955 – Château Figeac Saint-Emilion 1955 – Beaune Henry Girodit 1937 – Corton Hospice de Beaune 1967 – Château Lange Sauternes 1966 – Château d’Arche Pugneau Sauternes 1923.

Vins de la table 3 : Champagne Ruinart années 50 – Vouvray Clovis Lefèvre 1959 – Clos de la Coulée de Serrant Mme Joly 1983 – Meursault Genevrières domaine Latour Giraud 1987 – Double magnum Château Gazin Pomerol 1975 (partagé) – Château Canon Saint-Emilion 1971 – Château Trottevieille 1945 – Aloxe Corton Successeurs Girodit Henry 1934 – Amarone della Valpolicella 1947 – Gewurztraminer Spaetlese 1970 – Château Lafaurie Peyraguey Sauternes 1970.

Si la table 1 a plus de vins que les autres c’est parce que les plus généreux des convives ont vu leurs vins partagés dans les deux autres tables et comme les apporteurs aiment boire les vins qu’ils ont apportés, j’ai dû leur laisser à la table 1 un plus grand nombre de leurs apports.

Comme à chaque académie j’avais fixé des dates limites pour s’inscrire, pour payer sa participation et pour apporter ses vins aux lieux prévus, et comme d’habitude les dates limites ne sont pas respectées, ce fut une fois de plus le cas. C’est la vie !

Il est intéressant de voir les millésimes qui seront bus à chaque table :

Table 1 : 1903 – 1923 – 1929 – 1933 – 1937 – 1937 – 1943 – 1947 – 1948 – 1959 – 1972 – 1972 – 1975 – 1978 – 1985.

Table 2 : 1923 – 1937 – # 1950 – 1952 – 1955 – 1955 – 1959 – 1966 -1967 – 1975 – 1981 – 1982.

Table 3 : 1934 – 1945 – 1947 – # 1950 – 1959 – 1970 – 1970 – 1971 – 1975 – 1983 -1987.

Jamais nous n’aurons eu à l’académie autant de millésimes mythiques, avec 23 vins d’avant 1960. C’est vraiment une académie de vins anciens.

Béatrice, l’amie qui range les bouteilles vides dans la grande salle où je garde les plus belles m’a aidé à rassembler tous les vins de cette séance que j’avais reçus. Elle va aider à l’ouverture des vins et ensuite fera le service des vins d’une des tables, en complément du service fait par Adrian Williamson, le directeur du restaurant et l’un des serveurs.

Des amis me rejoignent pour l’ouverture des vins. Beaucoup de bouchons sortent déchiquetés car il y des goulots non cylindriques dont les surépaisseurs déchirent le liège. Quelques vins ont des odeurs de bouchon qui disparaîtront peut-être. Les bouchons des deux vins du domaine de la Romanée Conti sont les plus durs à tirer. L’un d’eux tombe dans le liquide et Béatrice arrivera à l’extraire et à remettre le vin dans la bouteille.

Les amis des ouvreurs sont généreux. L’un ouvre un Pouilly-Fuissé Pascal Renaud Vieilles Vignes 2021 simple mais agréable à boire. Un autre a apporté un Puligny-Montrachet Clos de la Garenne Alvine Pernot 2022 que je trouve gourmand, rond et joyeux. Un autre ami a apporté un Riesling allemand Fritz Schäfer 1970 qui a le charme des vins doux allemands. Un autre a apporté un Chassagne-Montrachet Caroline Morey 2022 délicat. C’est la débouche de générosité.

Un fidèle académicien a apporté un comté 36 mois et un camembert à la truffe noire qui ont mis en valeur les vins jeunes de cette séance d’ouverture des vins.

Comme si nous manquions de vins alors que l’apéritif n’est pas encore lancé, nous ouvrons l’un des trois Champagne Canard Duchêne 1973 que j’ai apportés et je le trouve beaucoup plus charmant que ce que j’attendais.

Les participants arrivent et sont à l’heure ce qui permet de lancer l’apéritif.

Le Magnum Champagne Charles Heidsieck Brut réserve # 1985 est de belle présence mais il apparait que le Magnum Perrier-Jouët Grand Brut NV (# 1970 à 1980) est beaucoup plus élégant et fin, de grand plaisir et le Champagne Canard Duchêne 1973 est le plus gourmand.

Nous passons à table. Le menu préparé par le chef du Macéo est : Saint-Jacques en carpaccio, vinaigrette de clémentine, huile basilic et endive rouge / foie gras de canard mi-cuit, condiment coing, pain de campagne / canette de barbarie et topinambour caramélisé, oignons au vin rouge / trio de fromages de saison de Jean-Yves Bordier / tarte Tatin, feuilletage maison.

Mis a part le carpaccio de Saint-Jacques d’une acidité difficile à supporter pour les vins, le menu bien exécuté a servi de support élégant pour tous les vins.

Le premier vin du repas est le Champagne Dom Pérignon 1978. Il est large et plaisant, si facile à boire car il est convaincant.

Le Champagne Cristal Roederer 1947 a une couleur très foncée. Lorsqu’on s’habitue à son goût on comprend que ce champagne est raffiné, un peu fatigué, mais porteur d’une belle élégance. On l’aime.

Le Vouvray Clovis Lefèvre 1959 a un nez de bouchon qui n’apparaît pas trop en bouche. Le vin qui hésite entre vin sec et vin doux a relativement peu d’intérêt.

Le Château Laville Haut-Brion Blanc 1948 est fortement ambré ce qui est curieux pour ce vin qui garde le plus souvent une couleur claire sans aucun signe d’âge. Le vin est bon mais pas complètement parfait.

Un ami a apporté un Double magnum Château Gazin Pomerol 1975 qui est partagé entre toutes les tables. Je le trouve élégant, précis et de grand plaisir. C’est un pomerol de belle race et agréable à boire.

Le Château Mauvezin Saint-Emilion 1937 a tout le charme des vins de 1937. Il est extrêmement élégant et a conservé une belle jeunesse.

Le Château Mouton-Rothschild 1929 est un grand vin solide et noble. Quel beau cadeau de l’ami qui l’a apporté.  Il est servi en même temps que le Cos d’Estournel Saint-Estèphe 1929 que je trouve plus brillant et plus profond que le très beau Mouton. Avoir ces deux vins de 1929 dans un dîner de l’académie est un privilège lié à la générosité des académiciens.

Je savais depuis longtemps que le Château Trotanoy Pomerol 1943 est un vin brillant. Et il l’est. Quel plaisir et quelle jeunesse ! Il est d’une grande précision raffinée.

Un ami a apporté le vin le plus vieux du repas, un Vosne-Romanée non-identifié 1903. En le goûtant, je ressens un choc. Ce vin me fait entrer dans le monde des ‘vrais’ vins anciens, dans ‘mon’ monde et je suis complètement ému. Mon cerveau voyage dans ce monde avec émotion et j’adore ce vin, de quelque domaine qu’il vienne. C’est un choc de bonheur.

Lors du discours du début de repas, j’avais dit que la générosité est comme le jeu de Jokari. Quand on lance la balle très fort et très loin, elle revient très fort et très loin. Un jeune ami, pour sa première académie, avait apporté un vin de la Romanée Conti de 1972. J’ai renvoyé la balle en apportant aussi un vin de la Romanée Conti de 1972. Le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1972 de ma cave est hélas peu convaincant, fatigué et imprécis.

Heureusement, La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1972 du jeune nouveau est beaucoup plus agréable à boire. Il a de légers signes de fatigue, mais on le boit avec plaisir.

Ce qui est fascinant avec les vieux Châteauneuf-du-Pape c’est qu’ills ne montrent aucun signe d’âge et restent joyeux et gourmands. Le Châteauneuf-du-Pape Bessac Monopole 1933 est un vin de pur plaisir, qui se boit avec bonheur. Il a tout pour séduire.

Le Châteauneuf du Pape, cardinal de Saint-Ange 1937 n’a pas le caractère brillant du 1933 mais il est extrêmement agréable à boire lui aussi.

J’ai voulu répondre à la générosité de mes voisins de table en apportant un vin que j’adore, le Cru de Coy Enclave Yquem 1923. La robe est très foncée, la bouteille soufflée est très ancienne et la capsule dorée était brillante comme un bijou. Ce sauternes est miraculeux. Il est large est complexe, gourmand et très long. Il est mis en valeur par la tarte Tatin. C’est un bonheur pur.

Je crois que nous n’avons jamais eu un programme aussi riche que celui-ci. Il y a eu quelques vins faibles, mais très peu.

Mon classement serait : 1 – Vosne-Romanée non-identifié 1903, 2 – Cru de Coy Enclave Yquem 1923, 3 – Cos d’Estournel Saint-Estèphe 1929, 4 – Château Trotanoy Pomerol 1943, 5 – Châteauneuf-du-Pape Bessac Monopole 1933, 6 – Double magnum Château Gazin Pomerol 1975.

Ce qui est intéressant c’est le nombre de très jeunes amateurs qui se passionnent pour les vins anciens. La relève de ce que j’ai créé avec cette académie sera sans doute présente, au moment où je me retirerai pour que se perpétue l’amour des vins anciens. Il n’y a pas eu d’académie aussi généreuse que celle d’aujourd’hui.

déjeuner passionnant au restaurant Pages vendredi, 21 novembre 2025

Vianney Establet est d’une famille de vignerons qui fait des Châteauneuf-du-Pape. Il a vu que j’ai bu plusieurs des vins de sa famille et que j’en ai fait l’éloge. L’un de ces vins a même été le gagnant du classement des vins d’un de mes dîners, le 264ème. Nous avions envisagé de nous voir dans le sud pendant l’été 2024 et j’avais apporté dans le sud les vins d’Establet qui me restent. Ce rendez-vous n’avait pas pu se faire aussi nous l’avons reporté à Paris ce jour.

Persuadé que mes vins étaient à Paris car j’avais oublié le rendez-vous du sud, je n’ai pas vérifié dans ma cave parisienne. La veille du rendez-vous, je cherche et je ne trouve aucun des vins prévus pour notre déjeuner. Panique ! Vianney avait prévu d’enregistrer la dégustation des vins de sa famille. Honte sur moi. J’ai envie de me faire pardonner et je choisis des vins que j’apprécie.

Il se trouve que lors de la présentation du livre 1855 chez Christie’s j’ai rencontré un expert en authentification des vins et en protection des données des vins avec lequel j’ai sympathisé. Je l’ai invité à se joindre à nous ce qui me permet d’ouvrir plus de bouteilles. J’apprendrai plus tard que lui aussi est d’une famille de vignerons.

J’arrive au restaurant Pages très tôt, à dix heures du matin. Il me faut bien deux tasses de chocolat chaud pour me réchauffer en ce matin frais. J’ouvre en premier le Château Rayas blanc 1973 dont la capsule était percée et dont le bouchon avait glissé de plusieurs millimètres, recouvert de poussières et très sale. Son parfum est encourageant.

J’ouvre ensuite le Dom Pérignon 1964 et à ma grande surprise, il offre un pschitt peu puissant mais réel. Le nez est superbe.

Ayant demandé à Vianney s’il voulait venir voir l’ouverture des vins à 11heures, j’attends son arrivée en mangeant deux toasts de pain du restaurant qui est croquant et délicieux.

A l’arrivée de Vianney j’ouvre le Chante Alouette 1949 au nez superbe et le Kébir Rosé probablement de 1947 car tous mes achats des vins de Frédéric Lung sont soit de 1945 soit de 1947. Le nez du vin est spécial et Vianney prononce le mot ‘madérisé’ que je réfute car c’est un contresens. Nul mot ne me heurte autant que lorsqu’on annonce de façon péremptoire qu’un vin est ‘madérisé’. Je sens du café et du cigare dans ce vin qui promet beaucoup. Et je n’en veux pas à mon ami.

Avant que Vianney ne vienne j’ai mis au point avec le chef Ken le menu de notre repas qui comportera trois poissons différents en carpaccio, un poisson sauce umami, de la pintade, du wagyu et nous aurons des financiers préparés par un nouveau pâtissier.

Louis arrive à l’heure dite et ce sera la première fois que nous déjeunerons ensemble.

L’idée qui m’est venue est de boire un peu du Old Taylor Kentucky Straight Bourbon Whiskey 43° que j’avais ouvert il y a plusieurs mois pour préparer le palais à goûter le Champagne Dom Pérignon 1964. L’introduction faite par le Bourbon permet au champagne de montrer sa largeur en bouche mais pas sa longueur. C’est de toute façon un caprice amusant. Le 1964 est un magnifique champagne en plénitude absolue. Mes convives sont conquis par ce champagne.

Il est intéressant de noter que le poisson cru qui accompagne divinement le champagne accepte aussi de se marier au Bourbon.

Le Château Rayas Châteauneuf-du-Pape Blanc 1973 est d’un accomplissement qui fait plaisir. J’avais été subjugué par le Rayas Blanc 2010 exceptionnel. Je suis aussi ravi de ce blanc de grande tension et d’une intensité forte. C’est un grand vin blanc qui est aussi à l’aise sur la sauce umami du délicieux poisson.

Quand le Chante-Alouette Hermitage Blanc 1949 arrive sur scène, la foule en délire (nous sommes trois) se lève et fait chapeau bas. Car l’équilibre de ce vin qui n’a pas d’âge et sa grande puissance donnent un vin ensoleillé et joyeux. Une merveille. Malgré la performance remarquable du Rayas, c’est l’Hermitage qui vole le trophée. Sur la pintade les deux vins blancs sont joyeux mais c’est sur le poisson à la sauce umami qu’ils ont développé leurs extrêmes complexités.

A ce stade, mes deux amis sont bouche bée, car ils n’avaient jamais approché des vins de ce calibre. Ils vont maintenant aller dans l’inconnu. Le Kebir Rosé Frédéric Lung Algérie # 1947 est un rosé très foncé. Le nez de cigare et de café est subtil, déroutant et d’une force certaine. Le wagyu lui donne une ampleur particulière. Je suis évidemment aux anges car j’adore les vins algériens notamment parce qu’ils sont déroutants. Ils ont aussi la force que donnent les ceps qui n’ont pas connu le phylloxera.

J’avais ouvert il y a quelques années une Fine de Mouton qui provenait directement de la cave de Philippe de Rothschild puisque c’était marqué sur le carton dans lequel était la bouteille. Cela donne une idée de l’âge de cette fine que l’on peut situer dans les années 60. Elle a gardé sa vivacité et ponctue, sur des financiers ‘à ma façon’ un repas amical dont je peux être fier du fait des choix de vins et du talent du restaurant Pages.

Lancement du livre 1855 jeudi, 20 novembre 2025

Nicolas Kenedi et Jean-Maurice Sacré ont créé un beau livre appelé « 1855 » Culte et Cultures, dont le sujet est la classification des grands vins du Médoc en 1855 faite à l’occasion de l’Exposition Universelle de Paris de 1855 pour vanter les vins de Bordeaux. Le livre raconte cette classification en publiant des menus historiques qui ont jalonné la vie de cette classification.

Le dernier repas montré dans ce livre est celui que j’ai fait au restaurant Plénitude de l’hôtel Cheval Blanc Paris, le 296ème de mes repas.

J’arrive dans les locaux de la maison de vente Christie’s à Paris où Nicolas a invité plus de trois cents personnes pour la présentation du livre par Jean-Maurice Sacré. Je rencontre en ce lieu des vignerons qui ont apporté leurs vins à déguster dans des années autour du millésime 2015. Je bavarde avec des amateurs de vins nombreux et je montre bien sûr le menu que j’ai créé pour la classification de 1855. C’est de la relation publique que je fais bien volontiers pour mes amis créateurs du livre.  

Deux jours plus tard un grand dîner est organisé par Nicolas au restaurant Le Grand Véfour, où je suis accueilli par le chef Guy Martin très souriant. Le thème expliqué sur le menu est « le grand dîner bordelais & les six légendes de Médoc et Sauternes – Célébration de la sortie de l’ouvrage 1855 Culte et Cultures ». Nous sommes au ‘salon des Artistes’ du premier étage où j’ai eu l’occasion de faire quelques dîners avec Guy Martin.

Il y a deux tables d’une douzaine de convives chacune, avec des grands amateurs de gastronomie dont plusieurs avocats, des vignerons et des personnalités publiques. L’accueil est accompagné d’un Rare Champagne 2012. Ce champagne a été créé par Piper-Heidsieck en 1976 et vit maintenant sa propre vie avec ce seul nom et ne produit des champagnes que dans les années jugées exceptionnelles. Je découvre ce champagne qui est une vraie réussite. Noble et fin, très raffiné, ce champagne subtil est grand. Il accompagne magnifiquement de délicieuses gougères.

Nous passons à table où l’on nous sert un Rare Champagne Rosé 2014 sur une langoustine, souvenir d’Antonin Carême. Le champagne rosé est très fermé et manque d’ampleur. La bisque qui accompagne la langoustine est à se damner tant elle est gourmande. J’en boirais des litres ! La langoustine un peu trop cuite a un goût aimable.

L’un des convives parle anglais et s’est installé à Mesnil-sur-Oger pour faire un champagne exclusif qui ne sera vendu qu’à des abonnés à sa production. Il nous fait goûter son champagne qui ne sera mis en vente qu’en 2029. Je ne sais pas si je peux en parler puisqu’il n’a pas été nommé dans le menu que nous avons reçu. Je serai donc discret mais j’ai trouvé que ce champagne se distingue par une grande énergie très plaisante, une acidité bien contrôlée et une noblesse avenante. Il promet.  

On nous sert des vins de Pauillac, le Château Mouton Rothschild 2015 et le Château Lafite Rothschild 2015 sur un filet de canette à la rouennaise (plat servi lors d’un repas de 1896 dont le menu est présent dans le livre). Quel contraste entre ces deux vins ! Le Lafite est d’une précision extrême et d’un accomplissement absolu. Alors que Lafite met toujours de longues années avant de s’exprimer, voici un Lafite parfait aussi grand que les grands millésimes du passé.

A côté de lui, le Mouton n’est pas encore assemblé. On sent qu’il se cherche et qu’il lui faudra quelques années avant qu’il n’exprime sa personnalité joyeuse. Je suis étonné que certains convives aient pu préférer le Mouton Rothschild.

Trois vins vont accompagner le Parmentier Napoléon III, sauce Second Empire aux truffes melanosporum. Il y a Château Haut-Brion 2014 seul grand cru classé qui n’est pas médocain mais de Pessac-Léognan, Château Latour 2015 et Château Margaux 2016. Le plat est d’une générosité en truffes comme je n’en ai jamais vues ce qui est un bonheur pur, mais la truffe anesthésie tout autre goût du plat. Elle accapare notre palais.

Le Haut-Brion est aussi exceptionnel que le Lafite. Tout en lui est précis, structuré et parfait. C’est un très grand vin. Le Margaux est élégant, délicat et féminin comme il l’est souvent et, alors que je suis un amoureux de Château Latour, je trouve que ce 2015 se cherche comme le Mouton et n’a pas encore trouvé son envol. Il était compréhensif qu’on puisse choisir entre Margaux et Haut-Brion, mais pour moi, des cinq vins rouges deux émergeaient nettement, Lafite et Haut-Brion. Gabrielle Vizzavona, experte en vins et rédactrice du livre 1855 pense exactement comme moi, émerveillée par ces deux vins exceptionnels pour leur jeune âge.

Nicolas est un grand gastronome et il a eu une idée de génie en associant à ce moment du repas le Château d’Yquem 2015 avec une raviole de foie gras « Palais Royal ». Quel bel accord alors qu’il ne faut surtout pas associer Yquem et foie gras quand le foie gras est froid et servi en début de repas.

Il a cédé quand même à l’appel des pâtes bleues en annonçant : ‘Puis une lichette de bleu, quand même…’ en prenant un roquefort, alors que la vérité est avec le stilton. Mais il est pardonné.

Nicolas m’avait annoncé un vin qu’il chérit, un Vino Alchemico G. Mercandelli Spumante Golem 2020 sur un entremets au citron du Royaume des Deux-Siciles et j’avoue que je n’ai rien compris. Ce vin présente une forte bulle envahissante, qui empêche de sentir le goût s’il y en a un. Je suis peut-être passé à côté du message, mais je n’ai rien ressenti du tout.

Nous avons eu l’honneur de goûter un Cognac Camus Collection Privée Légion d’honneur sur des chocolats et mignardises, servi par Cyril Camus, le propriétaire de ce merveilleux cognac très fin et précis.

Nicolas aime surprendre et un détail m’a fait approuver son aimable folie : au lieu d’avoir un verre d’eau rempli d’eau, chacun a un verre de Château du Moulin-à-Vent ‘Champ de Cour’ 2014. C’est amusant et rebelle. Je l’ai goûté sur la bisque de la langoustine puisque le rosé ne me plaisait pas et j’ai trouvé ce vin simple très pertinent sur ce plat.

Nicolas et Jean-Maurice ont réussi le lancement de leur livre 1855 qui est le quatrième de leur collection qui comprend : Menus de Légende – de Gaulle à table – Versailles, The Gastronomic Revolution – et maintenant 1855 dans lequel un de mes repas a eu l’honneur de figurer.

Longue vie à ce livre et merci à nos hôtes généreux. Une petite remarque significative. Lorsque j’ai quitté le salon des artistes, je suis passé par la grande salle si célèbre du Grand Véfour. Vers 23h15 cette salle est vide. Où est le temps où l’on festoyait dans les grands restaurants ? 

des vins grandioses à l’Ecu de France vendredi, 7 novembre 2025

Un ami néerlandais a travaillé au sein de groupes du domaine du vin en Champagne. Il a compris en lisant mes bulletins que le restaurant l’Ecu de France a de belles bouteilles de vins. Nous y sommes allés ensemble pour déguster de grands vins.

Il me propose de nous rencontrer à déjeuner. Nous choisissons ensemble les vins. Il y aura un Champagne Substance de Selosse. J’avais adoré Rayas Blanc 2010 et j’avais bu la dernière bouteille de ce millésime aussi l’idée de goûter le Rayas blanc 2011 s’impose.

Monsieur Brousse, le propriétaire du restaurant, a noté sur un papier des vins oubliés qui n’ont pas été vendus. Parmi les trois qu’il annonce, nous choisissons le Chambertin Clos de Bèze Armand Rousseau 2002.

Le menu sera : ragout de langoustines à la citronnelle et à la coriandre, garniture forestière à l’estragon, œufs de hareng fumés et iodés, émulsion safranée au champagne et pignons de pin torréfiés / bœuf en double cuisson de bœuf Simmental rôti à la sarriette, joue confite au vin rouge, jus réduit au poivre de Penja, gratin dauphinois et mini carotte.

Il me suffit de sentir le Champagne Selosse Substance pour que je sache que nous sommes en face d’un champagne exceptionnel. La bulle est active, la couleur est ambrée et le goût de ce champagne est inimaginable de perfection. Quel champagne racé ! Dans mes notes, j’ai raconté 65 champagnes Substance. Je suis sûr que celui-ci est le plus grand de tous. Une telle perfection est irréelle. Chaque subtilité de ce vin est unique.

J’avais adoré le Rayas blanc 2010. Le Châteauneuf-du-Pape Rayas blanc 2011 est totalement différent. Il a des accents fumés, et sa richesse inhabituelle est un plaisir. Ce vin est attachant, par sa singularité alors que le 2010 était la forme accomplie de ce qu’est Rayas blanc.

Ces deux vins sont tellement bons et parfaits que je me demande si la pleine lune n’a pas une influence sur ces deux vins. Les langoustines sont idéales avec le vin blanc.

C’est maintenant l’arrivée du Chambertin Clos de Bèze Armand Rousseau 2002. Il est tellement parfait que cela devient suspect. L’hypothèse de la pleine lune prend de plus en plus de consistance. Le chambertin est un bijou de précision. Elégant et subtil il montre un aboutissement délicat du fait de ses 23 ans. Ce vin est exceptionnel. Ses amertumes sont un vrai raffinement.

Le Brie de Meaux avec des brisures de truffes est idéal avec le vin blanc, lui donnant un caractère onctueux qui montre sa flexibilité.

Je ne pense pas avoir bu trois vins aussi parfaits en un repas qu’en ce jour. Une armada d’environ cent cinquante cormorans nageait à contrecourant sur la Marne et repartait en volant dans l’autre sens. Tout nous était bonheur.  

déjeuner d’amis au restaurant Pages jeudi, 6 novembre 2025

Un ami amateur de Vega Sicilia Unico que je voyais du temps des Casual Friday me dit qu’il aimerait que nous déjeunions ensemble, car il a un Haut-Brion 1943 qu’il aimerait partager avec moi. Peu de temps après un ami me propose de déjeuner ensemble, pour comparer deux Léoville Poyferré séparés de cinquante ans. Puis quelque temps plus tard un autre ami aimerait déjeuner avec moi accompagné d’un autre ami. Je propose de fusionner ces désirs et j’appelle un autre ami qui viendra avec un autre ami.

Une date est choisie et nous serons sept à déjeuner au restaurant Pages. J’ai demandé que les vins soient livrés la veille chez Pages pour que je puisse ouvrir les vins vers 10 heures et deux amis proposent gentiment d’aider aux ouvertures.

J’avais annoncé un Krug Private Cuvée, un chablis Grand Cru, un Château Chalon et un Rivesaltes ouvert il y a peu de temps pour mes enfants dont il restait les trois quarts. Et ce matin, je vois dans ma cave une bouteille de sauternes dont la couleur m’attire. Il n’y a aucune indication, le niveau est bas mais ce vin me tente. Sa couleur m’évoque les années 20

L’ouverture avec deux amis se passe normalement. Une surépaisseur dans le goulot du sauternes fait que des morceaux se déchirent, ce qui empêche de voir sur le bouchon de quel sauternes il s’agit. Le Chambolle-Musigny 1947 a une vilaine odeur, presque chimique qui me laisse à penser qu’elle ne disparaîtra pas. C’est la seule odeur désagréable.

Comme les vins peuvent être des mystères, ce sera ce vin qui gagnera dans les votes en fin de repas. Boire des vins anciens offre souvent des surprises.

Le menu construit avec le chef Ken est : carpaccio de barbue / carpaccio de daurade / carpaccio de wagyu / poisson maigre sauce vin rouge / canard de Challans sauce vin rouge, champignons / deux versions du wagyu / comté / financier.

Nous commençons par le Champagne Krug Clos du Mesnil 2009 qui vient juste d’être mis sur le marché. Je suis ébloui par sa finesse, sa subtilité et son charme équilibré. C’est un champagne brillant dès à présent et qui sera probablement emblématique. Je suis absolument conquis. Les poissons crus sont idéaux pour mettre en valeur les champagnes.

Le Champagne Krug Private Cuvée années 50-60 a offert un pschitt à l’ouverture, discret mais présent. Sa couleur fraîche est d’une rare beauté. Le champagne est d’un accomplissement convainquant. On voit que par rapport au 2009 il est plus large, complexe et épanoui. C’est un pur plaisir, c’est le sommet de la hiérarchie du champagne. Logiquement, j’aurais dû voter pour ce champagne devant le Clos du Mesnil, mais j’ai été tellement séduit par ce jeune Krug que je j’ai classé devant son ancien.

Sur le carpaccio de wagyu nous avons deux vins blancs. Le Chablis Grand Cru Les Clos Laroche 1988 fait un peu timide alors que le Meursault 1er cru les Charmes Comtes Lafon 1999 est beaucoup plus joyeux, généreux et opulent. Mais il va se passer quelque chose d’étonnant, c’est qu’au bout de plusieurs minutes le chablis s’élargit, s’étoffe et justifie son statut de Grand Cru. Je l’adore car il est vivant, charmant et complexe. Je pense que le wagyu cru que nous avons eu aurait mieux été mis en valeur par des vins rouges.

L’accord du Château Léoville Poyferré 1953 et du Château Léoville Poyferré 2003 avec le poisson sauce vin rouge est le plus brillant de ce repas, même si nous avons eu par la suite des wagyus de haute qualité. Alors que je suis un amoureux des vins anciens, c’est le 2003 qui m’a le plus touché par la richesse de son goût conquérant, large et dynamique.

C’est probablement à cause de la présence du Château Haut-Brion 1943 que le Léoville Poyferré 1953 m’a moins enthousiasmé. Le Haut-Brion 1943 que l’ami qui l’a apporté avait acheté en pensant à le partager avec moi est l’archétype du grand Haut-Brion. Quand Haut-Brion est grand, il est grand. Il a de l’aisance, du calme et une justesse de ton qui m’émeut. Sa longueur est quasi infinie.

C’est dur pour le Pommard « Cuvée Roland » Domaine Thévenin 1943 de passer après son conscrit. Il est plaisant mais l’émotion est limitée. Dans un autre contexte on l’aurait apprécié.

La grande surprise, c’est que le Chambolle Musigny Domaine Cabet Frères 1947 a totalement effacé ses mauvaises odeurs, ce dont je doutais. Il est agréable, de belle intensité. Je l’ai classé quatrième de mon vote alors que l’ensemble de la table l’a mis premier.

L’ami qui a apporté le Vega Sicilia Reserva Especial fait de 1962, 1964 et 1968 est un fan de Vega Sicilia. Je le suis aussi. Ce Vega mis en bouteille en 1979 est grand mais je lui ai trouvé un léger manque de longueur ce qui ne diminue pas le plaisir de le boire. Les deux wagyus que nous avons mangés sont très différents. Le premier n’est pas persillé. La chair est pure, sans graisse. Alors que l’autre regorge de nervures de gras. Comparer les deux est passionnant et les vins lourds s’en régalent. J’ai une préférence malgré tout pour le wagyu traditionnel, car le gras fait décupler le goût des vins.

A mon grand étonnement le Château Chalon Fruitière Viticole de Voiteur 1969 se distingue par sa légèreté fluide et non pas par sa puissance et c’est une prestation originale et agréable.

Le Sauternes inconnu années 20 a une couleur très sombre mais quand on le sert il a des notes d’un or jaune brillant. Le nez est intense. En bouche, on sent un peu de fatigue, mais les financiers lui donnent une belle longueur et une belle énergie. Il fallait laisser sa chance à ce sauternes qui restera inconnu. Par son style je dirais volontiers Lafaurie-Peyraguey.

Le Rivesaltes Gérard Bertrand 1974 m’avait plu il y a quelques jours car je l’avais trouvé beaucoup plus complexe que ce que j’attendais. Il a gardé sa belle présence et les financiers le propulsent dans des plaisirs sucrés.

L’ambiance de notre groupe est particulièrement joyeuse. Il est temps de classer les vins comme lors de mes dîners. Cinq vins ont été classés premiers, ce qui pour une table de sept convives montre une belle diversité. Le Chambolle Musigny Domaine Cabet Frères 1947 et le Château Haut-Brion 1943 ont eu chacun deux votes de premier et ceux qui ont eu un vote de premier sont le Champagne Krug Clos du Mesnil 2009, le Champagne Krug Private Cuvée années 50-60 et le Meursault 1er cru les Charmes Comtes Lafon 1999.

Le classement de l’ensemble de la table est : 1 – Chambolle Musigny Domaine Cabet Frères 1947, 2 – Champagne Krug Private Cuvée années 50-60, 3 – Vega Sicilia Reserva Especial fait de 1962, 1964 et 1968, 4 – Château Haut-Brion 1943, 5 – Champagne Krug Clos du Mesnil 2009, 6 – Meursault 1er cru les Charmes Comtes Lafon 1999.

Mon vote est : 1 – Château Haut-Brion 1943, 2 – Champagne Krug Clos du Mesnil 2009, 3 – Champagne Krug Private Cuvée années 50-60, 4 – Chambolle Musigny Domaine Cabet Frères 1947, 5 – Vega Sicilia Reserva Especial fait de 1962, 1964 et 1968.

Le directeur du restaurant Pages Pierre-Alexandre a accompagné notre repas avec talent. Le Chef Ken a créé des plats d’une pureté idéale avec des cuissons parfaites comme celle du canard et surtout du poisson maigre, le plus brillant des plats. Nous nous sommes quittés joyeux, heureux de ce grand moment d’amitié.

L’un des amis est venu avec une Eau de Vie de Chartreuse de 1932. On ressent beaucoup plus l’aspect eau de vie que l’aspect Chartreuse, mais c’est une plaisir très grand. Que de folies !

Vincroyable realised a brilliant dinner in Brussels samedi, 1 novembre 2025

A wine lover living in Brussels had participated in one of my dinners at the Apartment Moët Hennessy two and a half years ago. He had undoubtedly appreciated the form of my dinners to the point that he created a company that organizes dinners in the spirit of my dinners.

Recently, he sent me the schedule for one of his future dinners, explained to me that he was inspired by my dinners and would like me to register. The program is extremely attractive and I will enjoy a «friend price» that helps to persuade me. I tell him that I am very happy that he makes meals like mine because the most important thing is that great wines are drunk. He had announced that we would be eight but the reality will be quite different.

It had been fifteen years since I had gone to the Gare du Nord, and I notice a certain change in the population that walks the aisles of this large station. All the populations of the world are represented. The station is much cleaner than I remembered.

The train I travel on is more spacious than the trains I take from Paris to Toulon. I arrive in Brussels in a very short time. I am staying in a large hotel in an area whose shops indicate that it is rather luxurious.

I arrive shortly after 7pm at the restaurant Comme Chez Soi that I knew in the 80s when the boards of directors of the company I chaired were held in Brussels. Lionel Rigolet, son-in-law of previous chef Pierre Wynants is the restaurant’s chef. Throughout the evening we will see how much we feel a family atmosphere and it is extremely pleasant.

I am greeted by Wouter, whom I had received at one of my dinners, and by Pieter, his partner in the company Vincroyable that they founded to offer fine wine dinners.

We go down to the restaurant’s cellar where a Champagne Dom Pérignon 2015 is served to the dinner participants who are all already there.  We introduce ourselves and chat among the participants. The appetizers that accompany the champagne are very sophisticated. The champagne is extremely soft and pleasurable. While the Dom Pérignon is not excessively dosed, it gives an ideal and silky comfort.

We will then take a photo in the kitchen and go up one floor to go into the private dining room very nicely decorated.

I had remembered that we would be eight but we will be twelve, with four wines that will be added over the meal. The menu is presented as follows: terrine-brioche foie gras / scallop – Shiitake ravioli – autumn truffle / veal sweetbreads, mushroom emulsion – butter rubbed/ saddle of hare – creamy Pomerol sauce, potato/ three cheeses blue paste/ numerous and diverse desserts.

The first wine service includes Champagne Jacques Selosse Original Version without year and Champagne Jacques Selosse Ambonnay, Le Bout du Clos without year. The juxtaposition is interesting because we see how much Ambonnay’s white of blacks has a masculine personality, when the Original Version has a more romantic expression. The two wines, very precise, have beautiful expressions. The pairing with foie gras is ideal.

Three white wines will appear now, the third being served without us knowing what it is. The Montrachet Domaine de la Romanée Conti 1996 surprises me because it is all smooth, wonderfully subtle while most often it is conquering. I really like this different expression.

The 2006 Corton Charlemagne Domaine Coche-Dury is a marvel. I love this expression of incredible power and elegant energy so much. I am conquered when drinking this wine.

The Domaine Leflaive Puligny Montrachet Les Pucelles 2007 is the most charming of the three wines but I measure that it does not have the complexity of a Grand Cru unlike the other two. The agreement of the three with the scallops is perfect.

The next step is with three red wines of which the third is not known. Everyone is obviously excited by the presence of the Cros Parantoux Domaine Henri Jayer 1993 of extreme subtlety. This wine just speaks with a certain talent. What a great archetypal wine.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1998 is very expressive and has the soul of Romanée Conti. It is very characteristic of the very square side of La Tâche.

The Richebourg Domaine Méo Camuzet 1998 is also a subtle and well-balanced wine. I was looking for which wine and I did not recognize the Richebourg which plays in the same category as the other two great wines.

The two organizers wanted us to return to younger wines before moving on to Bordeaux. The Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2000 and the Richebourg Domaine de la Romanée Conti 2000 are a bit young for me but they present themselves as they should be. I was very pleasantly surprised by the extent of the Grands Echézeaux.

It is now that two large Bordeaux wines from 1945 appear. While traditionally I serve the Bordeaux before the Bourgognes, I found that the arrival of these two wines was very relevant.

The Château Cos d’Estournel 1945 is a great wine absolutely balanced and has no age as it is full of energy. But I have such a love for Château Lafite-Rothschild 1945 that Alexandre de Lur Saluces had made me discover during a private dinner at the Château de Fargues that I adore his rich, solid and at the same time seductive expression. It’s a deep wine.

The sweetbreads seemed too strong to accompany these two splendid wines.

For the Château d’Yquem 1983 three blue cheeses are presented. It is absolutely obvious that stilton is the most suitable cheese. This 1983 is perfect, with a beautiful coherent and charming expression, without excessive power.

I brought a Rancio domain of Volontat which must be one year between 1880 and 1920. I am very surprised that it is so powerful but above all complex, more complex than the Yquem.

We are then overwhelmed with desserts, each more greedy than the other. In Brussels, we feel that the greed is limitless.

I suggested that we vote as in my dinners and it was accepted. Five wines were named first, which is little for 14 wines, but it’s because of the wine by Henri Jayer who had six first-prize votes, followed by the Montrachet from Romanée Conti and the Lafite 1945 with two first-prize votes each, then from Corton Charlemagne Coche Dury and from Cos d’Estournel 1945 with a first-place vote.

The vote of the entire table is: 1 – Domaine Henri Jayer Cros Parantoux 1993, 2 – Château Lafite-Rothschild 1945, 3 – Domaine de la Romanée Conti Montrachet 1996, 4 – Domaine de la Romanée Conti La Tâche 1998, 5 – Domaine Coche-Dury Corton Charlemagne 2006, 6 – Château Cos d’Estournel 1945.

My vote was: 1 – Domaine Coche-Dury Corton Charlemagne 2006, 2 – Château Lafite-Rothschild 1945, 3 – Domaine Henri Jayer Cros Parantoux 1993, 4 – Domaine de la Romanée Conti Montrachet 1996, 5 – Domaine de la Romanée Conti La Tâche 1998.

All the participants are passionate. The Chef made a high quality meal and what seduced me is the family character of this restaurant that gives extra pleasure. Some drank alcohol and at one o’clock in the morning we were still at the table.

It was the son of chef Lionel Rigolet who escorted me back to my hotel by car. In which restaurant would I find such attention? Vincroyable has a bright future ahead of him. So much the better.

Vincroyable organise un dîner magnifique à Bruxelles samedi, 1 novembre 2025

Un amateur de vins vivant à Bruxelles avait participé à l’un de mes dîners à l’Appartement Moët Hennessy il y a deux ans et demi. Il avait sans doute apprécié la forme de mes dîners au point qu’il a créé une société qui organise des dîners dans l’esprit de mes dîners.

Récemment, il m’envoie le programme d’un de ses futurs dîners, m’explique qu’il s’est inspiré de mes dîners et aimerait que je m’inscrive. Le programme est extrêmement attractif et je jouirai d’un « prix d’ami » qui aide à me persuader. Je lui dis que je suis très heureux qu’il fasse des repas comme les miens car le plus important est que les grands vins soient bus. Il avait annoncé que nous serions huit mais la réalité sera toute autre.

Il y avait bien quinze ans que je n’étais pas allé à la Gare du Nord, et je constate un changement certain de la population qui arpente les allées de cette grande gare. Toutes les populations du monde sont représentées. La gare est beaucoup plus propre que ce dont je me souvenais.

Le train dans lequel je voyage est plus spacieux que les trains que je prends de Paris à Toulon. J’arrive à Bruxelles en un temps très court. Je loge dans un grand hôtel dans un quartier dont les commerces indiquent qu’il est plutôt luxueux.

J’arrive peu après 19h au restaurant Comme Chez Soi que j’ai connu dans les années 80 lorsque les conseils d’administration de la société que je présidais se faisaient à Bruxelles. Lionel Rigolet, gendre du précédent chef Pierre Wynants est le chef du restaurant. Tout au long de la soirée on verra à quel point l’on ressent une atmosphère familiale et c’est extrêmement plaisant.

Je suis accueilli par Wouter, que j’avais reçu à un de mes dîners et par Pieter, son associé dans la société Vincroyable qu’ils ont fondée pour faire des dîners de grands vins.

Nous descendons dans la cave du restaurant où un Champagne Dom Pérignon 2015 est servi aux participants du dîner qui sont déjà tous là.  Nous nous présentons et bavardons entre participants. Les amuse-bouches qui accompagnent le champagne sont très sophistiqués. Le champagne est d’une douceur extrême de grand plaisir. Alors que le Dom Pérignon n’est pas excessivement dosé, il donne un confort idéal et soyeux.

Nous allons ensuite faire une photo en cuisine et nous montons d’un étage pour aller dans la salle à manger privative très joliment décorée.

J’avais retenu que nous serions huit mais nous serons douze, avec quatre vins qui seront ajoutés au fil du repas. Le menu est ainsi présenté : foie gras terrine-brioche / coquille Saint-Jacques – Shiitake ravioli – truffe d’automne / ris de veau, émulsion de champignons – beurre baratté / selle de lièvre – sauce crémeuse au pomerol, pomme de terre / trois fromages pâte bleue / desserts nombreux et divers.

Le premier service de vin comprend le Champagne Jacques Selosse Version Originale sans année et le Champagne Jacques Selosse Ambonnay, Le Bout du Clos sans année. La juxtaposition est intéressante car on voit à quel point le blanc de noirs d’Ambonnay a une personnalité masculine, quand le Version Originale a une expression plus romantique. Les deux vins, très précis ont de belles expressions. L’accord avec le foie gras est idéal.

Trois vins blancs vont apparaître maintenant, le troisième étant servi sans que nous sachions ce qu’il est. Le Montrachet Domaine de la Romanée Conti 1996 me surprend car il est tout en douceur, merveilleusement subtil alors que le plus souvent il est conquérant. J’aime beaucoup cette expression différente.

Le Corton Charlemagne Domaine Coche-Dury 2006 est une merveille. J’aime tellement cette expression d’un puissance inouïe et d’une énergie élégante. Je suis en pamoison en buvant ce vin.

Le Domaine Leflaive Puligny Montrachet Les Pucelles 2007 est le plus charmeur des trois vins mais je mesure qu’il n’a pas la complexité d’un grand cru contrairement aux deux autres. L’accord des trois avec les coquilles Saint-Jacques est parfait.

L’étape suivante est avec trois vins rouges dont le troisième n’est pas connu. Tout le monde est évidemment excité par la présence du Cros Parantoux Domaine Henri Jayer 1993 d’une subtilité extrême. Ce vin parle juste avec un talent certain. Quel grand vin archétypal.

Le La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1998 est très expressif et a l’âme de la Romanée Conti. Il est très caractéristique du côté très carré de La Tâche.

Le Richebourg Domaine Méo Camuzet 1998 est lui aussi un vin subtil et de bel équilibre. Je cherchais quel vin et je n’ai pas reconnu le Richebourg qui joue dans la même catégorie que les deux autres grands vins.

Les deux organisateurs ont voulu que l’on revienne à des vins plus jeunes avant de passer aux bordeaux. Le Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2000 et le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 2000 sont un peu jeunes pour moi mais se présentent comme ils doivent être. J’ai été très agréablement surpris pas l’ampleur du Grands Echézeaux.

C’est maintenant qu’apparaissent deux grands bordeaux de 1945. Alors que traditionnellement je fais servir les bordeaux avant les bourgognes, j’ai trouvé que l’arrivée de ces deux vins s’est passée d’une façon fort pertinente. Le Château Cos d’Estournel 1945 est un grand vin absolument équilibré et n’a pas d’âge tant il est plein d’énergie. Mais j’ai un tel amour pour le Château Lafite-Rothschild 1945 que m’avait fait découvrir Alexandre de Lur Saluces lors d’un dîner privé au château de Fargues que j’adore son expression riche, solide et en même temps séduisante. C’est un vin profond.

Le ris de veau m’est apparu trop fort pour accompagner ces deux vins splendides.

Pour le Château d’Yquem 1983 trois fromages bleus sont présentés. Il est d’une évidence absolue que le stilton est le fromage le plus adapté. Ce 1983 est parfait, d’une belle expression cohérente et charmante, sans puissance excessive.

J’ai apporté un Rancio domaine de Volontat qui doit être d’une année entre 1880 et 1920. Je suis très surpris qu’il soit aussi puissant mais surtout complexe, plus complexe que l’Yquem.

Nous sommes ensuite submergés de desserts plus gourmands les uns que les autres. A Bruxelles, on sent que la gourmandise est sans limite.

J’ai suggéré que l’on vote comme dans mes dîners et ce fut accepté. Cinq vins ont été nommés premiers ce qui est peu pour 14 vins, mais c’est à cause du vin d’Henri Jayer qui a eu six votes de premier, suivi du Montrachet de la Romanée Conti et du Lafite 1945 avec deux votes de premier chacun, puis du Corton Charlemagne coche Dury et du Cos d’Estournel 1945 avec un vote de premier.

Le vote de l’ensemble de la table est : 1 – Domaine Henri Jayer Cros Parantoux 1993, 2 – Château Lafite-Rothschild 1945, 3 – Domaine de la Romanée Conti Montrachet 1996, 4 – Domaine de la Romanée Conti La Tâche 1998, 5 – Domaine Coche-Dury Corton Charlemagne 2006, 6 – Château Cos d’Estournel 1945.

Mon vote a été : 1 – Domaine Coche-Dury Corton Charlemagne 2006, 2 – Château Lafite-Rothschild 1945, 3 – Domaine Henri Jayer Cros Parantoux 1993, 4 – Domaine de la Romanée Conti Montrachet 1996, 5 – Domaine de la Romanée Conti La Tâche 1998.

Tous les participants sont des passionnés. Le Chef a fait un repas de grande qualité et ce qui m’a séduit, c’est le caractère familial de ce restaurant qui donne un plaisir supplémentaire. Certains ont bu des alcools et à une heure du matin nous étions encore à table.

C’est le fils du chef Lionel Rigolet qui m’a raccompagné en voiture à mon hôtel. Dans quel restaurant trouverais-je une telle attention ? Vincroyable a un bel avenir devant lui. Tant mieux.