les vins du dîner du 24 janvier 2008 jeudi, 24 janvier 2008

Champagne Laurent Perrier Grand Siècle (ancien)

Champagne La Grande Dame, Veuve Clicquot Ponsardin 1990

Champagne Dom Ruinart Blanc de Blancs 1961

Riesling Clos Sainte Hune Trimbach 1990

Montrachet Bouchard 1999

Pétrus 1994

(l’étiquette est détachée)

Château Mouton-Rothschild 1964

Morgon Champy 1970

Osmara Dom. De Feudeck, Comte Hubert d’Hespel Prop. à Jemmapes (Algérie) 1945

Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1974

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1964

Château d’Yquem 1985

Château d’Yquem mise Van der Meulen 1918

 

 Il est à noter que ce qui est écrit est Chateau Yquem et pas Chateau d’Yquem, ainsi que la mention "premier des grands crus", qui n’a jamais été revendiquée par Yquem.

déjeuner au Cinq du George V avec un amateur australien mercredi, 23 janvier 2008

Il est des instants où l’on se félicite d’écrire sur des forums. Ce déjeuner est une récompense. Un australien, son épouse et leur adorable petit bout de fille se promènent en France et visitent des producteurs de vins. Il est collectionneur de vins depuis fort longtemps et pousse son amour du vin de Bourgogne au point d’acheter une maison avec une belle cave voûtée dans un village emblématique de la zone des grands crus. Il déjeune avec Didier Depond, président de Salon. Mon nom est évoqué et Didier m’appelle sur mon portable et me dit : « je te passe Anthony ». Suis-je libre à déjeuner dans deux jours ? La réponse est oui. 

Dans la belle salle à manger du Cinq de l’hôtel George V, nous allons partager un repas tous les quatre, lui, elle, le petit bout de chou et moi. Comme j’étais arrivé en avance, j’ai étudié la carte des vins. Cette carte a l’intelligence que lui confère la science d’Eric Beaumard, mais elle a la tarification d’un bandit de grand chemin. On ne voit pas pourquoi l’hôtel se priverait de rançonner le touriste pour qui le prix d’un vin n’a aucune importance. Mais cela met en quarantaine l’amateur français. J’ai repéré quelques pépites et constaté que la plupart des vins que j’aime sont irrémédiablement inaccessibles. Il y a toujours un sentiment complexe quand on se rend compte qu’on devient petit joueur.

Le service du Cinq est un modèle du genre et l’on voit que tout a été pensé pour atteindre la perfection. Bien qu’étant invité, j’ai suggéré le champagne pour qu’on évite la culbute des grandes cuvées. Nous avons bien fait car le champagne blanc de blancs Diebolt-Vallois est plein de charme. Il n’est pas très complexe mais il est franc, pur, gentiment vineux. Il répond du tac au tac aux petits amuse-bouche dont un crustacé cru qui l’excite particulièrement.

Le menu que j’ai pris est composé de : tarte d’artichaut et de truffes noires du Périgord / poulette de Bresse et homard George V en cocotte lutée / millefeuille allégé à la vanille de Bourbon rafraîchi aux kumquats.

Le sommelier nous apporte sur la tarte un verre de Madère Boal d’Oliveras 1922 mais je ne suis pas convaincu. La continuité gustative existe, mais le vin est beaucoup trop fort. Il écrase la subtilité de l’artichaut. Le plat est délicat mais j’aurais aimé que l’artichaut soit mis un tout petit peu plus en valeur. Il se montre plus sur le champagne.

La poulette est délicieuse et cohabite de belle façon, grâce à la sauce, avec le homard. Le Bâtard-Montrachet Domaine Leflaive 2005 arrive un peu coincé, mais dès qu’il s’ébroue, c’est un vin magnifique d’une rare sérénité. J’ai un faible pour les Bâtard de Leflaive. Les chairs sont belles et le vin leur répond. C’est surtout sur la purée que le vin s’épanouit car elle chauffe le palais qui tressaute sur le Bâtard. Nous ferons la même expérience un peu plus tard sur le deuxième service du plat où des morceaux de poulet et de homard concassés dans une sorte de ravioli sont noyés dans un bouillon. C’est le bouillon qui complexifie le goût vif de ce blanc de Bourgogne adoré.

Le millefeuille est un dessert stratosphérique. Il est immense. La délicatesse du kumquat le rafraîchit effectivement, comme il est dit dans le texte du menu. Le Champagne Diebolt-Vallois 1997 est un champagne particulièrement strict. Très sec, cistercien, il cache sous sa rigueur de belles qualités. Il permet de finir ce repas délicieux dans de belles conditions. Ce nouvel ami a commencé à collectionner les vins il y a plus de trente ans, quand il était encore adolescent. Il possède quelques vins anciens d’Australie qui sont aujourd’hui des trésors. Nous avons échafaudé de futures agapes pour partager certaines de nos pépites.

les photos du déjeuner au George V mercredi, 23 janvier 2008

délicieux Diebolt-Vallois blanc de blancs

 crustacé cru …

 

Jolie tarte d’artichaut un peu écrasée par le madère de 1922

 

Si la photo de droite est apparemment floue, c’est que j’ai voulu capter la vapeur qui s’échappe à l’ouverture de la cocotte lutée

 

 

homard et poulette reliés par la délicieuse sauce

 

deuxième service du plat et le merveilleux Bâtard Montrachet Domaine Leflaive 2005

 

miraculeux millefeuille

 

fleurs, luxe et confiserie…

esquisse de contact avec la Chine mardi, 22 janvier 2008

Quelqu’un m’ayant demandé de trouver une entreprise du monde du vin qui pourrait créer à Pékin un bar à vins, vitrine de l’œnologie française, j’ai, par un concours de circonstances, initié un contact entre un négociant en vins chinois et une femme française qui va ouvrir une galerie d’art à Pékin, destinée à promouvoir l’art français. Un dîner impromptu s’organise chez moi avec le négociant chinois et des amis, et nous commençons à boire un champagne Léon Camuzet 1979 vin de Vertus, champagne consommé par ma famille depuis deux générations. C’est le champagne de famille, celui qui marque le goût futur. Le vin est splendide. L’âge a arrondi le champagne qui a des tonalités de fruits roses. Long en bouche, il accompagne très bien des petites sardines.

Le repas devant être frugal, nous dégustons des tagliatelles au foie gras et à la truffe sur un Corton Charlemagne Bouchard Père & Fils 1997. Que je suis heureux de ne pas vouloir approcher le vin de façon objective ! Si ce 1997 était en comparaison, de doctes sages trouveraient un millésime plus puissant. Mais je n’avais pas besoin de puissance à ce moment-là. J’ai adoré ce vin à cet instant précis. Juteux, changeant en bouche, avec des ondulations canailles, ce vin s’amuse sur le palais.

Sur une fine tarte aux pommes j’ai servi une Fine Bourgogne Domaine de la Romanée Conti 1979 d’un rare équilibre, moins virile que la Fine Parent vers 1904 d’il y a peu de jours, plus joyeuse en bouche. Mon hôte chinois m’a fait un portrait des perspectives qu’offre la Chine en ce qui concerne les vins anciens. On comprend que le soleil se lève à l’Est.

buveur d’étiquettes ou non ? lundi, 21 janvier 2008

Un correspondant d’un forum me suggérant de répondre à une question posée sur un autre forum, j’y suis allé. Et, comme cela arrive souvent, je fais l’objet de critiques sur ce que je bois.

Une critique souvent exprimée est que je serais un buveur d’étiquettes. Alors, j’ai voulu explorer cette notion.

Il faut d’abord définir ce qui est « vin d’étiquette ». J’ai retenu les vins suivants, sachant que la liste est très imparfaite, mais comporte du « lourd » :

Pétrus, Yquem, Cheval Blanc, Latour, Haut-Brion, Mission Haut-brion, Laville Haut-Brion, Château Margaux, Lafite-Rothschild, Mouton-Rothschild, Domaine de la Romanée Conti, Domaine Armand Rousseau, Coche-Dury (Grands Crus), Henri Jayer, Comtes Lafon (GC), Domaine de Vogüé (GC), quelques vins de Bouchard d’avant 1870, Trimbach (uniquement Clos Sainte Hune) Harlan Estate, Penfold Grange, Vega Sicilia Unico, Constantia d’Afrique du sud d’avant 1900, champagnes Krug (millésimé) et Salon, trois Côtes Rôties de Guigal, Rayas rouge, Hermitage La Chapelle (seulement 1929, 1961 et 1978), Chave rouge, Beaucastel (seulement Hommage).

Avec cette définition j’ai exploré mon fichier des vins dégustés sur les sept dernières années, qui comprend 5.357 vins. J’ai bu 1.056 « vins d’étiquette » (VE) et 4.301 vins « normaux » (VN). J’ai bu chaque semaine presque 3 vins d’étiquette. A ce titre, je pourrais être buveur d’étiquettes. Mais comme j’ai bu près de 12 vins « normaux » par semaine, cela fait de moi un non-buveur d’étiquettes.

Dans les dîners officiels que j’ai faits, il y a eu 973 vins, dont 236 VE et 737 VN. Il y a eu 24% de VE dans mes dîners contre 19% de VE dans tout ce que j’ai bu. L’écart n’est pas flagrant. Je ne fais donc pas de dîners où on ne tape que dans le clinquant si tant est que des grands vins soient clinquants.

Si l’on regarde les VE pour quelques groupes d’années :

1928 + 1929 : 16 VE sur 172 vins bus

1945 + 1947 : 24 VE sur 180. La somme des deux fait 40 VE sur 352 vins bus.

1989 + 1990 : 83 VE sur 353 vins bus.

A ce propos, quand on pense que je bois surtout des vins anciens, on peut remarquer que j’ai bu autant de vins de 1989 + 1990 que je n’ai bu de 1928 + 1929 + 1945 + 1947.

Regardons un instant les vins « normaux » que j’ai bus de 1928 et 1929 :

Anjou  "Rablay" Caves Prunier  1928 – Anjou « Maison Prunier » – 1928 – Anjou Caves Prunier – 1928 – Anjou Caves Prunier 1928 – Anjou Rablay Maison Prunier 1928 – Banyuls Brut de l’Etoile – 1928 – Beaune Avaux Bouchard Père et Fils – 1928 – Beaune Camille Giraud – 1928 – Beaune Camille Giroud 1928 – Champagne Veuve Clicquot rosé R.D. – 1928 – Château Beychevelle – 1928 – Château Carbonnieux 1928 – Château Carbonnieux 1928 – Château Carbonnieux rouge 1928 – Château Carbonnieux, Graves – 1928 – Château Carbonnieux, Graves – 1928 – Château Carbonnieux, Graves – 1928 – Château Carbonnieux, Graves rouge en magnum – 1928 – Château Chalon Jean Bourdy 1928 – Château Chalon Jean Bourdy 1928 – Château Chalon, Bourdy  – 1928 – Château Climens – 1928 – Château Cos d’Estournel 1928 – Château Desmirail Margaux – 1928 – Château Filhot – 1928 – Château Filhot – 1928 – Château Filhot – 1928 – Château Gruaud Larose – 1928 – Château Gruaud Larose Saint Julien – 1928 – Château Gruaud Larose Sarget 1928 – Château Gruaud-Larose 1928 – Château Junayme – 1928 – Château Junayme – 1928 – Château La Gaffelière – 1928 – Château La Gaffelière Saint-Emilion – 1928 – Château La Lagune – 1928 – Château La Tour Blanche, sauternes 1928 – Château Lafaurie Peyraguey – 1928 – Château Lagrange – 1928 – Château Léoville Las Cazes Saint Julien – 1928 – Château Loubens Sainte Croix du Mont 1928 – Château Millet Graves blanc – 1928 – Château Palmer – 1928 – Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande – 1928 – Château Sigalas Rabaud Sauternes 1928 – château Suduiraut – 1928 – château Suduiraut – 1928 – château Suduiraut – 1928 – Château Suduiraut 1928 – Coteaux du Layon – 1928 – Côtes d’Agly – Roussillon – hôtel Claridge – 1928 – Gevrey Chambertin « Clos Saint-Jacques » – 1928 – Gruaud Larose Faure-Bethmann 1928 – Hermitage blanc Paul Etienne – 1928 – Maury Domaine et Terroirs du Sud 1928 – Meursault Fortier-Picard maison Bichot 1928 – Montrachet Chauvenet – 1928 – Montrose – 1928 – Morey Saint Denis Chauvenet et Fils – 1928 – Moulin à Vent Coron Père et Fils – 1928 – Musigny Chevillot 1928 – Musigny Chevillot 1928 – Musigny Coron Père & Fils – 1928 – Richebourg Noëllat – 1928 – Tokay Hugel 1928 – Volnay Coron Père et Fils – 1928 – Volnay Faiveley – 1928 – Banyuls Grand Sivir – 1929 – Beaune Clos du Roi Bouchard Père & Fils – 1929 – Beaune Marconnets Nicolas – 1929 – Beaune Masson – 1929 – Cahors Clos de Gamot (Jouffreau) 1929 – Chablis Maison Bichot 1929 – Chambertin Clos de Bèze Corcol – 1929 – Chambertin Clos de Bèze Joseph Drouhin – 1929 – Champagne Pommery Brut – 1929 – Champagne Roederer – 1929 – Château Bouscaut blanc  – 1929 – Château Bouscaut en magnum – 1929 – Château Caillou, Barsac, crème de tête 1929 – Château Calon, Montagne Saint Emilion – 1929 – Château Carbonnieux rouge – 1929 – Château Chalon Bourdy et Fils – 1929 – Château Chalon, Bourdy  – 1929 – Château Chauvin – 1929 – Château Chauvin Saint Emilion – 1929 – Château Chauvin Saint Emilion – 1929 – Château Climens – 1929 – Château Climens – 1929 – Château Climens 1929 – Château d’Issan – 1929 – château de Tastes Ste Croix du Mont – 1929 – Château du Peyrat Capian – 1929 – Château Fanning La Fontaine – 1929 – Château Filhot – 1929 – Château Filhot – 1929 – Château Filhot – 1929 – Château Filhot 1929 – Château Gadet Médoc – 1929 – Château Gadet Médoc 1929 – Château Galan «Land limited by Saint-Julien » Vve Bordessoulles 1929 – Château Haut-Bages Averous – 1929 – Château La Gaffelière – 1929 – Château La Gaffelière Naudes 1929 – Château Léoville Poyferré – 1929 – Château Lynch-Bages  – 1929 – Château Pape Clément – 1929 – Château Petit Gravet 1929 – Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande – 1929 – Château Raymond Lafon Sauternes – 1929 – Château Suduiraut 1929 – Clos Capitoro blanc – Ajaccio – 1929 – Clos de Vougeot Château de la Tour Morin Père & Fils – 1929 – Clos Saint-Robert Barsac – 1929 – Clos Saint-Robert Barsac – 1929 – Cognac Adet – 1929 # – Corton "cuvée B" Brossaud – 1929 – Corton L. Soualle et E. De Bailliencourt – 1929 – Corton L. Soualle et E. De Bailliencourt – 1929 – Côte Rôtie Paul Etienne – 1929 – Côtes du Jura blanc, Bourdy  – 1929 – Crémant de Cramant Pierre Gimonod  – 1929 – Fleurie Domaine Poncié – 1929 – Grand Anjou – 1929 – Grand Chambertin domaine Régnier de Sosthène de Gravigny – 1929 – Grand Chambertin domaine Régnier de Sosthène de Gravigny – 1929 – Jurançon Le Trouilh Paul Roustille – 1929 – Jurançon Nicolas 1929 – Jurançon sec Nicolas – 1929 – Jurançon sec Nicolas – 1929 – Langoiran – 1929 # – Langoiran – 1929 # – Langoiran – 1929 # – Mercurey « Clos du Roy » Coron – 1929 – Monbazillac 1er Grand Cru Domaine Theulet et Marsallet – 1929 – Montrachet Maxim’s – 1929 – Montrose – 1929 – Musigny "Grand Vin de Bourgogne" 1929 – Musigny « grand vin de Bourgogne » négoce AMG (fondé en 1862) 1929 – Pommard " Grand vin d’origine " 1929 – Pommard Epenots Joseph Drouhin 1929 – Pommard Epenots Joseph Drouhin 1929 – Pommard Rugiens Bouchard Père & Fils – 1929 – Pouilly Fuissé Colcombet – 1929 – Pouilly Fuissé de Joncq – 1929 – Quarts de Chaume Beaulieu Vins Fins à La Membrolle Sur Choisille 1929 – Rauzan-Ségla 1929 – Richebourg Charles Noëllat – 1929 – Richebourg provenance inconnue – 1929 – Saint-Nicolas de Bourgueil Nicolas – 1929 – Santenay Louis Grivot – 1929 – Sauternes générique 1929 – Sauternes générique appellation contrôlée – 1929 – Volnay Caillerets ancienne cuvée Carnot Bouchard Père & Fils 1929 – Vouvray d’origine 1929 – Vouvray d’origine – 1929.

Si l’on lit cette liste, peut-on réellement considérer que je suis un buveur d’étiquettes ? J’ai la faiblesse de penser que non.

Pour 1989 + 1990, la liste des vins normaux (271) serait trop longue. Elle est extrêmement diversifiée avec un nombre de vins différents considérable et toujours supérieur au nombre de vins d’étiquette. Pour Bordeaux, 64 VN contre 28 VE, pour Bourgogne, 42 VN contre 12 VE, pour le Rhône, 27 VN pour 10 VE et pour les liquoreux, 20 VN pour 11 VE.

Voici seulement la liste des vins dits normaux de Bourgogne de 1989 et 1990 :

Bâtard Montrachet Antonin Rodet – 1989 – Bâtard Montrachet Antonin Rodet – 1989 – Bâtard Montrachet Sauzet – 1989 – Chambertin Grand Cru Camus Père & Fils – 1989 – Chambertin Grand Cru Camus Père & Fils – 1989 – Chevalier Montrachet Bouchard Père & Fils – 1989 – Chevalier Montrachet Bouchard Père & Fils – 1989 – Mazoyères Chambertin Grand Cru Camus Père et Fils 1989 – Mazoyères-Chambertin Camus – 1989 – Meursault Perrières Domaine Jacques Prieur – 1989 – Nuits-Saint-Georges Clos des Forêts Saint Georges Domaine de l’Arlot 1989 – Pommard " Les Rugiens " Hubert de Montille 1989 – Saint Véran maison Bichot 1989 – Saint-Véran Bichot – 1989 – Saint-Véran, Bichot – 1989 – Volnay Cailerets Ancienne cuvée Carnot Bouchard Père & Fils – 1989 – Vosne Romanée Cros Parantoux Emmanuel Rouget – 1989 – Vosne Romanée Cros Parantoux Méo Camuzet – 1989 – Vosne Romanée Mugneret Gibourg – 1989 – Bâtard Montrachet Blain Gagnard 1990 – Beaune du Château Bouchard Père & Fils 1990 – Beaune Grèves Vigne de l’Enfant Jésus Bouchard Père & fils – 1990 – Chambertin Clos de Bèze Faiveley 1990 – Chassagne Montrachet Fontaine Gagnard – 1990 – Chevalier Montrachet Bouchard Père & Fils 1990 – Clos de Tart – 1990 – Corton Bouchard Père & Fils 1990 – Corton Charlemagne Bouchard Père & Fils – 1990 – Corton Charlemagne Bouchard Père & Fils – 1990 – Corton Charlemagne Domaine Bonneau du Martray – 1990 – Corton Renardes Michel Gaunoux – 1990 – Côtes de Beaune Maranges Gilles Gaudet – 1990 – Griottes Chambertin Domaine Ponsot en magnum – 1990 – Meursault Perrières Coche-Dury – 1990 – Meursault Santenots Marquis d’Angerville – 1990 – Montrachet Bouchard Père & Fils 1990 – Musigny G. Roumier – 1990 – Pommard premier cru Michel Gaunoux – 1990 – Pommard-Rugiens 1er cru JM Boillot en magnum 1990 – Ruchottes-Chambertin Grand Cru Domaine Mugneret – 1990 – Volnay Caillerets Ancienne cuvée Carnot Bouchard Père & Fils – 1990 – Vosne Romanée Cros Parantoux Emmanuel Rouget – 1990.

Tout porte à croire que la variété des vins bus interdit de me classer comme un adorateur des seuls vins d’étiquettes. Je parle quatre fois plus souvent de vins normaux que de vins d’étiquette. Mais la mémoire ne conserve sans doute que les plus prestigieux d’entre eux. Or mon univers est peuplé de quatre fois plus de vins en dehors des vins phare.

L’intérêt de ces questions est de me pousser à analyser un peu plus précisément ce que je bois. A ce titre, cette étude était intéressante.

Corton Charlemagne Coche Dury 1998 à La Cagouille mercredi, 16 janvier 2008

Le Président de Château Latour, Frédéric Engerer, vient sur Paris présenter certains de ses vins. Je suis informé de l’événement auquel je ne pourrai me rendre. Je lui demande s’il est libre à déjeuner avant ou après. Il l’est. Il me demande de lui proposer un lieu mais après quelques échanges, je sens qu’il souhaiterait de la nouveauté. Jean-François Coche-Dury, grand vigneron de Bourgogne, m’avait suggéré d’aller à La Cagouille, restaurant de poisson. C’était l’occasion. Nous nous y retrouvons. J’arrive en avance et je me présente à André Robert le tonique propriétaire des lieux. Lorsque je dis qui m’avait suggéré l’adresse, son visage s’éclaire. Il se sent honoré qu’un tel vigneron ait pensé à le recommander. Il cherche avec quel vin trinquer avec moi, demande la carte des vins et choisit un Meursault Coche-Dury 2001 qui fera le début de notre repas. Nous trinquons joyeusement et je vais m’attabler. Le vin a une acidité citronnée très plaisante et un nez soufré qui n’est pas désagréable. Le vin se place bien sur la langue. Je regarde la carte des vins et je m’étonne qu’il n’y ait pas de Corton Charlemagne de Coche-Dury. André Robert m’explique qu’il les garde pour lui. Il voit ma mine, ce qui l’attendrit et il me dit : « bon, je ferai une exception si vous me proposez un prix qui me convient ». Je lui réponds : « si je suis hors cible, surtout, ne le prenez pas mal, je ne mets aucune intention dans le fait de taper trop haut ou trop bas ». Il acquiesce et je lance un prix qui lui sied. L’affaire est conclue.  Je lui demande alors seulement quel est le millésime. C’est 1998.

Pour commencer, je prends des huîtres « pousse en claire » de David Hervé, fort goûteuses, qui se marient bien avec le Meursault. Belle salinité, expressivité forte, ce sont des huîtres délicieuses d’un calibre supérieur à ce que je choisis habituellement. Les langoustines juste saisies sont délicieuses et appellent le Corton Charlemagne Coche-Dury 1998. Le nez est très pétrolé, l’attaque est belle et virile. Le vin frais, carafé mais encore peu oxygéné a une belle acidité faite d’agrumes confits. Le final est marqué mais encore peu rebondissant. Cela viendra plus tard avec l’oxygène et un ou deux degrés de plus. Nous avons pris un bar entier de un kilo pour deux dont la cuisson est parfaite. C’est un plat remarquable. Le Coche-Dury vit sa vie dans son coin, car même s’ils font un bout de chemin ensemble, le vin et le poisson ne se parlent pas beaucoup. Le Corton Charlemagne aurait besoin de provocations plus fortes. C’est en effet un vin charnu qui appelle un combat gustatif. J’adore ce Corton Charlemagne, même s’il explose un peu moins que d’autres que j’ai bus.

Le chef apporte un Cognac Paul Giraud, grande champagne « très rare », d’une quarantaine d’années. C’est délicieux et sans aspérité. Nos discussions se poursuivent dans une ambiance amicale. Nous sommes heureux tous les deux d’avoir découvert un restaurant accueillant, au patron plus que sympathique, qui fait une cuisine juste, sans chichi, respectueuse du produit. Une adresse à ne divulguer à personne, pour se la garder.

Un Charlemagne, beaujolais blanc 1943 exceptionnel samedi, 12 janvier 2008

Après des journées bien tristes sous un ciel chargé de pluie, c’est le retour à Paris. Le pied à peine à terre, nous accueillons mon fils, sa femme, et une gentille troupe de cinq enfants. Mon fils pose sur la table un argument de poids : dans un linge dépassant des bords d’un cageot, un kilo de truffes s’offrent à notre regard. Je m’inquiète de savoir s’il n’y aura pas demain dans les journaux un écho au titre accrocheur : « le casse du siècle », car il n’est pas possible d’avoir chapardé un tel monceau de tubercules sans avoir défénestré ses détenteurs. Dans la table de la cuisine, sur une planche, un couteau découpe des tranches épaisses, que l’on oint dans une huile salée, qui s’empilent en liasses sur une baguette croustillante. Je prends conscience de la notion d’infini, car il y en a tellement que l’on peut tartiner sans limite. Le goût intense nous imprègne. Tout ceci se mange sans boire car nous sommes au milieu de l’après-midi. L’exercice continue au moment de l’apéritif sur un champagne Bollinger Grande Année 1990. La couleur s’est orangée, la bulle s’est calmée, et je n’attendais pas que ce champagne ait pris une telle maturité. Les Salon et Krug de la même année semblent des gamins. Mais le champagne est subtil, expressif, d’un fruit joyeux. On a en bouche un champagne riche, heureux, précis, patiné, mais qui n’a pas la complexité des Salon et Krug. La vitesse à laquelle la marée s’est retirée indique que nous l’avons aimé.

Pour les pommes de terre aux truffes, j’ai pensé à un vin blanc, pour changer du dernier essai, et j’ai prélevé en cave un Charlemagne, appellation contrôlée, Jacques Bouchard 1943. Ce n’est pas un Corton Charlemagne, mais un Charlemagne, vin blanc du Beaujolais. Au moment où je saisis la bouteille qui est présente dans ma cave depuis plus de vingt ans, je constate que le bouchon flotte dans le liquide. Je vais immédiatement carafer et je sens une odeur particulièrement plaisante. Le bouchon devait être à sa bonne place, et a glissé au moment où j’ai saisi la bouteille,  sans polluer le contenu. Quand nous le buvons à table, je constate de nouveau une odeur précise et précieuse, une couleur d’un ambré presque rose plutôt que gris, et en bouche, je suis frappé par la perfection du vin. Même si l’on cherche le moindre indice de fatigue, on ne trouve pas le moindre défaut. Le vin a une magnifique acidité citronnée, un fruit riche et un final enlevé. On ne peut pas dire que ce vin est jeune car il fait son âge. Ce qui frappe au lieu de la jeunesse, c’est la vivacité. Je dirais très volontiers que c’est un vin parfait. Avec la truffe et sa pomme de terre à la crème, la cohabitation est quasi inexistante. Aucun des deux n’ajoute quoi que ce soit à l’autre, du plat et du vin. Il reste un peu de ce blanc pour accompagner un poulet fermier farci avec une abondante truffe. La chair du poulet vibre remarquablement avec le vin. Pour le volatile j’ai prévu Pétrus 1974. Mais c’est surtout la présence de truffes qui a guidé mon choix. Le niveau dans la bouteille est dans le goulot, le bouchon est d’une qualité exemplaire. Le nez du vin est clair, précis, et en bouche on est heureux. Le vin est assez discret dans son attaque, et quand il s’étend en bouche il décline une palette raffinée. C’est son final qui me ravit, vif, enjoué, d’un beau panache. Ce vin est l’exemple le plus convaincant de l’intérêt qu’il y a à ne pas juger ou comparer les vins. Car on a la bonne surprise que ce vin se comporte mieux que ce que l’on attend d’un 1974. Et on a une belle expression de Pétrus, que l’on aurait sans doute critiquée si elle était comparée à un autre Pétrus. Là, sans obligation de noter ou de comparer, on a un beau Pétrus qui nous rend bien l’hommage que nous lui faisons, car sur la farce à la truffe, Pétrus devient truffe, phénomène que j’ai très souvent remarqué. L’ambiance étant festive J’ai exhumé une vieille bouteille de Liqueur de la Vieille Cure qui doit bien avoir 70 ans. Les parfums champêtres et les douceurs sucrées ponctuent le retour familial en capitale.

dîner avec un Beaujolais blanc de 1943 samedi, 12 janvier 2008

L’arrivée des truffes. Puis leur découpe.

 

Champagne Bollinger Grande Année 1990.

Pomme de terre à la crème et à la truffe.

 Le "Charlemagne" 1943 Jacques Bouchard et Cie négociants à Beaune et Paris, concessionnaires exclusifs du château de Poncié

La mousse au chocolat de mon épouse. Un monument !

 

Liqueur de la vieille Cure.