146ème dîner de wine-dinners – les vins jeudi, 24 mars 2011

Champagne Bollinger Grande Année rosé 1990

Champagne Salon 1985

Montrachet Marquis de Laguiche Joseph Drouhin 1996

Pétrus 1983

Château Ducru-Beaucaillou 1934

Romanée Saint-Vivant Marey-Monge Domaine de la Romanée Conti 1983

Volnay Santenots Lucien Chouet 1966

Chateauneuf-du-Pape Paul Jaboulet 1966

Château Chalon Fruitière Viticole de Voiteur 1966

Château Rieussec 1961

Château d’Yquem 1978

146ème dîner de wine-dinners au restaurant Ledoyen jeudi, 24 mars 2011

Le 146ème dîner de wine-dinners se tient au restaurant Ledoyen. Les vins ont reposé dans la cave du restaurant pendant une semaine et ont été redressés la veille. A 17 heures, la salle du restaurant bruisse de l’aspirateur, aussi est-ce un bon prétexte pour aller attendre que le ménage soit terminé dans le joli jardin où les jonquilles promettent le printemps.

Le Montrachet 1996 a un bouchon qui vient aisément. L’odeur du vin est riche et prometteuse. Pensant que le Pétrus 1983 est encore très jeune, je veux lever le bouchon au limonadier, mais c’est une erreur car il se brise en deux morceaux, le deuxième étant levé avec ma mèche miracle. En sentant le vin, je pense à la discussion que j’avais eue avec un amateur qui me disait que Pétrus 1983 est connu, dans les guides, pour être un Pétrus faible. Le velouté charmant de ce Pétrus, avec une trace de chocolat décelée par Vincent, le sommelier qui nous accompagnera ce soir, et une belle trace de truffe noire qui remplit mes narines donne tort aux guides, du moins à ce stade du premier nez. L’intérêt de mes dîners est justement de montrer que ce qu’on appelle les petites années sont nettement meilleures que ce qui est proclamé par des gourous qui ont tendance à extrémiser les écarts entre les millésimes.

En extirpant le bouchon de la Romanée Saint-Vivant 1983, très serré dans le goulot, l’éclosion du parfum me donne un large sourire. J’imagine tout-à-fait le voleur de coffres forts, au moment où le dernier clic libère les gonds. J’ai un peu de cette joie intime qui signifie : "encore un qui est réussi". Car toute l’imagerie du Domaine de la Romanée Conti cachée dans mon cerveau se libère instantanément. Et je suis bien. Je suis extrêmement étonné de la qualité absolue du bouchon du Chateauneuf-du-Pape Paul Jaboulet 1966. Car ce bouchon est parfait, souple, idéal. Félicitations à l’acheteur chez Jaboulet de ces bouchons de qualité. L’odeur du vin est plus rustique que celle du bourguignon, mais elle est sacrément charmeuse. Nous verrons. Le Volnay 1966 au niveau bas a un nez de terre et de poussière, avec un bouchon très sec et noir dans sa partie haute. Attendons de voir ce que ce vin simple nous dira.

Le bouchon du Ducru-Beaucaillou 1934 vient en mille miettes. Rien ne veut sortir. Donc j’extirpe et j’extirpe. Les miettes remplissent une assiette. Et j’ai l’explication en promenant mon doigt dans le goulot : il y a un resserrement du verre en haut du goulot qui doit être de près de quatre millimètres pour le rayon. Ce qui veut dire que le diamètre du bas du bouchon doit se resserrer de près d’un centimètre pour pouvoir sortir. Comme c’est impossible, il vient en lambeaux. L’odeur du vin est prometteuse, souhaitons-lui de tenir. Elle évoque la truffe, le café et les bois noirs.

Les deux sauternes sont insolemment parfaits, le Rieussec, moins tonitruant, me semblant plus subtil que l’Yquem. Un beau match en perspective. Est-ce lié ou ne l’est-ce pas, mais je trouve que la couleur du Château Chalon 1966 s’est troublée au moment où j’ai libéré le bouchon. L’odeur première est comme une bouffée de tabac, qui disparaît tout de suite et lentement, les effluves que j’aime de ces vins que je révère font comme la belle au bois dormant, une bise à mes rêves.

Il est temps de mettre les vins au frais, car il fait chaud dans la pièce. Je sens une dernière fois les vins. Tous entament le lent travail de l’oxygénation lente. Curieusement, c’est le Montrachet qui s’est refermé, comme s’il voulait se cacher. Attendons ce soir.

Christian Le Squer vient me saluer, et nous discutons du rouget que j’ai voulu absolument associer au Pétrus. Christian a prévu une eau acidulée poivrée avec le rouget, mais je ne la sens pas. Je demande une tapenade à côté de la chair pure du rouget. Christian est d’accord. Je suis ravi.

Patrick Simiand, directeur du restaurant, avait prévu que le foie gras serait servi en même temps et à côté de l’anguille. Il me semble préférable de les servir en décalé. Tout me semble au point. Je m’habille de frais. Les premiers convives arrivent. Hélas, la gent masculine fait mentir toutes les lois sur la parité, car aucune beauté féminine ne viendra illuminer notre table. Deux seulement des dix convives sont des nouveaux. La finance, les services et les activités intellectuelles ou culturelles forment notre panel.

Le menu composé par Christian Le Squer est : Nougatine chocolatée de foie gras / Anguille pomme verte / Lamelles de Saint-Jacques marinées à cru, écume de mer / Rouget snacké, tapenade / Grillade de Pigeon aux fleurs de navets, jus de riquette / Semoule d’agneau au parfum d’olives / Vieux Comté / Raviole de Fruits Exotiques.

Le foie gras est quelque chose d’assez surréaliste : il commence par un goût de foie gras confortable, puis le chocolat s’installe et pousse le foie gras hors de la place qu’il avait prise, et enfin le poivre règle le compte des deux saveurs précédentes en les chassant. Ce parcours en bouche est étonnant. Et le Champagne Bollinger Grande Année rosé 1990 met de l’ordre dans toutes ces composantes, assurant la cohérence du plat, ce dont on peut lui être reconnaissant. C’est un bon champagne, mais j’aurais tendance à dire que ce n’est qu’un bon champagne. Il ne crée pas l’émotion que l’on pourrait attendre d’une année de grande qualité. Il est bon, il coordonne le plat. Mais il ne va pas au-delà.

En revanche, le Champagne Salon 1985 nous fait grimper de dix étages. Car tout en lui est subtil, complexe et romantique. Ce champagne n’a pas d’âge. Sa couleur est claire, sa bulle est percutante, et son goût est follement jeune. Mais il est merveilleusement assemblé, et nous transporte d’aise par sa complexité. Il est difficile d’imaginer champagne plus brillant que celui-ci. La portion d’anguille est un peu chiche et c’est dommage, car l’accord créé par l’acidité de la pomme verte avec le Salon est un des plus raffinés de ce repas.

Le nez du Montrachet Marquis de Laguiche Joseph Drouhin 1996, c’est les trompettes de la renommée. Une bouffée de puissance et de complexité. Les Saint-Jacques sont présentées de façon remarquable, avec une belle subtilité, qui met en évidence l’insolente sérénité du montrachet conquérant. Cette bombe d’arômes plus divers les uns que les autres où la minéralité et le fruité joyeux dominent est un vrai bonheur. L’accord serein et délicat est un des plus beaux.

Pétrus 1983, c’est Clark Gable dans Autant en Emporte le Vent. La séduction exsude de tous les pores de la peau. Le vin a un nez velouté, tout en douceur comme un coussin profond. En bouche, il est subtil, délicat, mais avec une force de proposition affirmée. Cette année n’a pas la noblesse des 1989 et 1990 pour Pétrus, mais ce vin est grand, sans aucun doute possible. Je suis fier de "mon" accord, puisque je l’ai suscité, car le mariage Pétrus et rouget est diabolique. Il y a une résonance particulière, et le poisson donne de la "râpe" au vin. L’accord avec la tapenade donne de la truffe au vin.

Vincent qui a fait un service remarquable veut servir le Château Ducru-Beaucaillou 1934 en même temps que le Pétrus, mais ce serait de l’assassinat. Aussi est-il servi en deuxième lever de rideau. Une acidité très présente trahit un vin fatigué. Je suis content car l’un des nouveaux convives, amoureux des vins anciens, a pris le soin de "lire" le message du vin derrière l’acidité et a senti ce qu’il y avait d’authentiquement 1934 dans ce Ducru. C’est une belle évocation mais un vin fatigué. Il a bien réagi à la tapenade.

Lorsque mon nez se rapproche du verre qui m’est servi de Romanée Saint-Vivant Marey-Monge Domaine de la Romanée Conti 1983, c’est bien la première fois que des sels me feraient m’évanouir. Car ce vin, d’une année cataloguée elle aussi dans les petites, est diabolique de perversité. Capable d’une absence totale d’objectivité, je suis au bord du climax rien qu’en sentant ce vin. Quel grand vin ! Je me pâme. Le pigeon est d’une rare audace avec cette sauce verte d’une salade qui est la cousine montagnarde de la roquette. En tant que tel, le plat est passionnant. Avec le vin, cela devient très intellectuel. Le vin de la Romanée Conti est assez clairet. En bouche, la salinité du domaine s’expose avec évidence, comme si l’on suçait un galet frotté de sel. Le vin est merveilleux. Comme pour les bordeaux, j’ai fait servir avec un décalage le Volnay Santenots Lucien Chouet 1966. Et contrairement à ce qui venait de se passer, le Volnay se place remarquablement bien et dans un moment fulgurant, il a délivré un message de roses rares, qui fut un pur ravissement. Ce flash instantané de roses pures m’a ému.

Un ami très cher, brillant amateur, est d’une dureté extrême envers le plat qui évoque le couscous. Et c’est vrai que le plat, sans viande pure et uniquement avec des farces, a du mal à trouver sa place dans ce repas. Mais je suis beaucoup moins critique que mon ami. Car la résonance s’est quand même faite avec le Chateauneuf-du-Pape Paul Jaboulet 1966 beaucoup plus raffiné que ce qu’on attendrait. C’est un vin simple et joyeux, jouant sa partition un ton au dessus de ce qu’il devrait. Ce vin naturellement plaisant nous a conquis.

Le comté de 36 mois est magnifique car il ne fait pas trop affiné. Le Château Chalon Fruitière Viticole de Voiteur 1966 crée un de ces accords dont on ne se lasse pas. Mais c’est du vin que je me suis un peu lassé, car il a joué "en dedans" de ce qu’il pourrait donner.

Alors que le programme prévoyait que l’on finisse sur l’Yquem, en goûtant les deux sauternes il m’apparaît qu’il faut commencer par l’Yquem et attendre avant de boire le Rieussec, dont les propriétaires, dans le passé, étaient les grands parents de l’un des convives.

Le dessert, alors que j’ai toujours peur des sorbets pour la préservation du palais, est idéal pour le Château d’Yquem 1978. C’est un Yquem plein et joyeux, mais comme pour le Bollinger de début de repas, je trouve qu’il ne joue pas au niveau qui est le sien. Et je pense qu’il faut aujourd’hui oublier d’ouvrir ce millésime qui connaîtra une vocation tardive. Je le vois bien suivre un parcours comme celui du Filhot 1935 maintes fois mis dans mes dîners, qui est éblouissant depuis qu’il a dépassé ses 60 ans.

Le plus jeune sauternes ne peut pas voler la vedette au Château Rieussec 1961 diabolique de séduction et d’un raffinement rare. L’Yquem est encore un jeune non encore décoffré, alors que le Rieussec est un Vert Galant. Tout en lui est élégance, avec des mangues, des fruits exotiques pleins son panier.

Le repas s’est passé dans les rires et nous avons le plus souvent été éblouis par la pertinence des accords. Il est temps de voter et ce n’est pas si simple. Nous sommes dix à voter pour cinq vins préférés.

Sur les onze vins, neuf ont eu des votes, ce qui me plait toujours, et je suis heureux que les fantassins, le Volnay ait eu quatre votes et le Chateauneuf-du-Pape ait eu trois votes. Encore un autre sujet de satisfaction, cinq vins ont eu des votes de premier, ce qui est assez extraordinaire et montre à quel point les préférences des convives sont liées à des multitudes de critères différents. Cela relativise les jugements péremptoires de gourous qui voudraient nous dire "la" vérité des vins. Le Rieussec a eu quatre votes de premier, le Salon et le Montrachet deux votes de premier, la Romanée Saint Vivant et le Volnay (eh oui !) ayant un vote de premier.

J’ai proclamé un peu vite les résultats en plaçant en tête le Rieussec aux quatre places de premier, alors que le Pétrus, qui n’a pas eu de place de premier a eu cinq places de second et trois places de troisième, seul vin à figurer dans les dix feuilles de votes.

Le classement du consensus serait : 1 – Pétrus 1983, 2 – Château Rieussec 1961, 3 – Montrachet Marquis de Laguiche Joseph Drouhin 1996, 4 – Champagne Salon 1985, 5 – Romanée Saint-Vivant Marey-Monge Domaine de la Romanée Conti 1983.

Mon vote est : 1 – Romanée Saint-Vivant Marey-Monge Domaine de la Romanée Conti 1983, 2 – Pétrus 1983, 3 – Château Rieussec 1961, 4 – Montrachet Marquis de Laguiche Joseph Drouhin 1996, 5 – Champagne Salon 1985.

Nous avons exploré de nombreuses régions de France avec des vins de grand prestige mais aussi des fantassins qui ont tenu leur place crânement. Le plus bel accord, pour mon goût, est celui de Pétrus et du rouget, qui est, on me le pardonnera, ma petite coquetterie. Les Saint-Jacques avec le Montrachet ont formé un accord très naturel alors que l’accord anguille et Salon est totalement excitant. La riquette avec la Romanée Saint-Vivant fait partie de ces audaces qu’il faut tenter.

Nous avons eu mille raisons de nous réjouir, dans une ambiance chaleureuse et souriante. Le service du restaurant Ledoyen est parfait. On s’y sent bien. Ce fut un grand dîner.

Homage to Mouton in a dinner to make in 2011 mardi, 22 mars 2011

This is a mad dinner. I hope to make it in 2011 with wines of 50 years, 100 years and 200 years of age.

And with two wines of 1900.

Champagne Salon 1964

Chateau Mouton-Rothschild 1911

Chateau Mouton-Rothschild 1900

Chateau Mouton-Rothschild 1928

Chateau Mouton-Rothschild 1945

Hermitage La Chapelle Paul Jaboulet aîné 1961

Chateau d’Yquem 1900

Cognac réserve de l’Empereur au chateau de Fontainebleau 1811

l’union des crus classés de Graves présente les 2008 jeudi, 17 mars 2011

Sortant de table à une heure qui est presque encore politiquement correcte, je me rends au ministère de l’agriculture où l’union des crus classés de Graves fait goûter ses 2008. Entrer dans des lieux où les ors le disputent aux trésors architecturaux en se disant "c’est nous qu’on paie" donne des envies de Grand Soir.

L’esprit citoyen reprend le dessus et dans une belle salle plus haute que large aux peintures agrestes et aux lambris lourds, des vignerons prestigieux font goûter leurs vins. Je commence par serrer des mains, comme si j’étais déjà en campagne pour les présidentielles, et le premier vin que je bois, à tout seigneur tout honneur, est le Château Haut-Brion rouge 2008. C’est objectivement un très grand vin. Par contraste le Château La Mission Haut-Brion 2008 est beaucoup plus rond, plus fruité et déjà très agréable à boire. On a donc deux vins qu’il est inutile de comparer, puisqu’ils n’ont pas appuyé sur la pédale de l’accélérateur au même moment.

Tous les rouges que je bois, Haut-Bailly, Carbonnieux, domaine de Chevalier, Malartic Lagravière, sont remarquablement faits, avec bien évidemment des différences, mais avec une constante : en cette année 2008, les vins sont élégants et n’en font pas trop, ce qui les rendra à terme extrêmement plaisants. Je suis très impressionné par leurs belles qualités, car j’aime moins les vins jeunes qu’une année puissante extrêmise. Le seul blanc que je bois me suffit, car il est tellement riche et complexe que je n’ai pas besoin de le confronter. C’est Château Laville Haut-Brion 2008, un très grand vin.

Trois jours à peine après avoir goûté les plus grands des vins de Bourgogne de 2008, ces grands crus classés de Graves de haut niveau me montrent que l’année 2008 correspond à mon tempérament, en offrant des vins qui n’en font pas trop et jouent sur la délicatesse et l’élégance.

déjeuner au restaurant Jean François Piège jeudi, 17 mars 2011

Trois fois par an, nous nous réunissons pour déjeuner, ma sœur, mon frère et moi. Aujourd’hui, pour le 102ème anniversaire de la naissance de notre père, j’invite au restaurant Jean-François Piège de l’hôtel Thoumieux, que je visite pour la première fois. Arrivant peu après midi, on me fait comprendre que le restaurant gastronomique n’est pas encore ouvert. J’attendrai donc en silence. Je vais aux toilettes, qui n’ont pas été préparées pour ce service, et quand je demande la carte des vins, on me répond qu’elle n’est pas disponible. A ma deuxième demande, on me dit que c’est parce que l’on est en train de mettre à jour les prix. N’ayant rien d’autre à faire, je sors sur le trottoir en me disant que ce premier contact n’est pas le meilleur possible. Lorsque nous sommes au complet, il faut récupérer les manteaux, car nous sortons sur le trottoir pour entrer par une porte voisine au restaurant gastronomique du premier étage. Lorsque l’on pénètre dans la salle du restaurant, on se demande : "est-ce bien là", car aux tables déjà occupées, les gens sont attablés, sans nappe, sans couverts et sans verre. Nous sommes quatre à une belle table fermée par deux canapés profonds et nous nous calons avec des coussins. La décoration est très originale et elle me plaît. Deux petites nappes sont posées sur notre table et le service se montre attentionné. La carte des vins est très complète et mérite des compliments, car si certaines bouteilles sont margées lourdement, il y a de quoi trouver de bonnes pioches dans toutes les régions.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill 1998 est d’une sérénité redoutable. Il est aussi confortable que nos canapés profonds. On se sent bien, ravis de goûter un champagne qui est l’archétype du grand champagne. Il est fruité, emplit la bouche de mille saveurs sans faire perdre le confort. Les amuse-bouches sont délicieux. Ils sont la carte de visite de Jean-François Piège car on sent tout le talent du chef. L’articulation du menu est très intelligente, puisque sur la base de sept plats, on peut composer un menu avec des plats plus ou moins nombreux. L’idée est bonne. Jean-François Piège venu nous saluer nous suggère un vin blanc, de simple appellation, dont il pense qu’il deviendra grand. Nous suivons la suggestion du chef. Le Bourgogne Aligoté Anne Boisson 2008 aura du mal à faire oublier qu’il est jeune et vert, mais Jean-François a eu raison de le suggérer, car son fruité est très agréable. Je ne l’aurais évidemment pas choisi sans cette suggestion.

Les asperges sont divines, croquantes à souhait, et s’accordent bien avec la verdeur du vin blanc. Les langoustines sont merveilleusement préparées, avec des arômes débordants de générosité. Le foie gras poêlé qui accompagne est une pure gourmandise, fondant à souhait.

J’ai eu peur que les légumes verts qui accompagnent le bar n’empêchent de profiter de l’accord avec le Pommard 1er Cru les Pézerolles domaine de Montille 2006. J’ai donc demandé qu’on mette le bar sur une assiette séparée pour que je profite d’un Pommard d’une délicatesse infinie, jouant sur sa pureté et son authenticité. Tout en lui est délicat, et tellement loin de certaines tendances qui font oublier qu’un vin léger peut aussi être racé. En fait, la sauce truffée permet à la salade de s’accorder au vin.

Les desserts sont très élégants et raffinés. La cuisine du chef est d’un épanouissement serein. On sent qu’il aime ce qu’il fait. Il est bien chez lui. Matthieu a fait un beau service ainsi que notre jolie serveuse. En quittant le restaurant, le seul commentaire qui s’impose est : "on y revient !".

déjeuner J.F. Piège – photos jeudi, 17 mars 2011

la salle du rez-de-chaussée dont la décoration fait trop géométrique

les plats délicieux – j’ai mis en gros la photo de la baguette, car ça, c’est du génie. Tous les pains plus compliqués les uns que les autres, c’est bien, mais la baguette, c’est mieux

Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill 1998

Bourgogne Aligoté Anne Boisson 2008

Pommard 1er Cru les Pézerolles Domaine de Montille 2006

photos de Rayas mercredi, 16 mars 2011

Voici quelques bagues de millésimes

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sur le forum de la passion du vin une discussion s’est lancée sur des faux Rayas 1978. La mention "0,75" sur l’étiquette serait l’indice de faux Rayas.

Voici l’achat de 4 Rayas que je viens de faire :

D’abord, les quatre contre étiquettes, dont on remarque que la droite n’est pas dans l’axe du triangle :

la typographie est proche de l’étiquette du 1970

Les capsules des 1978

Par comparaison les capsules de trois 1988 achetés au même moment et qui semblent avoir plus souffert

les étiquettes des quatre 1978

Au vu de ces bouteilles, j’ai beaucoup de mal à imaginer qu’ils s’agisse de faux. Car les capsules ont "vécu" et les étiquettes, dont deux sont en lambeaux, ne peuvent pas avoir été collées récemment. Quand aux bagues de millésimes, elle semblent collées depuis longtemps.

Rajoutons à cela la couleur des vins, qui semble d’époque. Alors vrai ou faux ?

Une journée particulièrement « vineuse » lundi, 14 mars 2011

Une journée particulièrement "vineuse"

1 – présentation de vins de Bourgogne 2008

Chaque année "Les Domaines Familiaux de Tradition" de Bourgogne présentent un nouveau millésime. Aujourd’hui c’est 2008. Alors que j’arrive assez tôt, la grande salle du rez-de-chaussée du Pavillon Ledoyen est noire de monde. Il faut dire que cette présentation de vins est "le" grand moment du monde du vin. Voici quelques impressions picorées de-ci, de-là.

Le Corton Charlemagne Bonneau du Martray 2008 est comme toujours un vin précis et de grande sécurité. Le Corton Grand Cru rouge Bonneau du Martray 2008 est un vin que j’apprécie beaucoup. Il va falloir qu’il s’ouvre encore pour montrer la forte personnalité que j’aime.

J’ai beaucoup apprécié le Morey-Saint-Denis 1er cru Les Monts Luisants domaine Dujac 2008, alors que le Clos de la Roche domaine Dujac 2008, plus grand dans l’absolu est dans une phase un peu ingrate. Le Mazis-Chambertin domaine Faiveley 2008 est d’une belle fraîcheur. C’est un vin que j’aime pour son élégance. Le Pommard 1er Cru Grands Epenots Michel Gaunoux 2008 est bien agréable. Le Clos Vougeot du Château de la Tour 2008 est solide et relativement classique.

Les trois blancs du domaine Comte Lafon le Meursault, le Meursault Clos de la Barre et le Meursault Charmes 2008 sont de solides gaillards, en pleine possession de leurs moyens. Par contraste la puissance des vins du domaine Leflaive est assez spectaculaire : le Puligny-Montrachet, le Puligny-Montrachet Clavoillons et le Puligny-Montrachet Pucelles 2008.

Le Clos Vougeot Méo Camuzet 2008 est un beau vin bien construit. Le Pommard Les Rugiens domaine de Montille est un vin dont j’aime la délicatesse qui ne cède à aucune mode.

Tous les vins du domaine Georges Roumier sont des modèles de précision, même s’ils ne sont pas tous dans le même état d’épanouissement. Le Chambolle Musigny est bon, le Morey-Saint-Denis Clos de la Bussière est un peu en dedans, j’aime beaucoup de Chambolle Musigny les Cras et le Bonnes Mares Georges Roumier 2008 est très prometteur.

Tout me plait dans le domaine Rousseau, même le Gevrey-Chambertin villages qui est très gourmand. J’aime beaucoup le Gevrey-Chambertin Clos Saint-Jacques de beau caractère, un peu moins le Charmes-Chambertin moins épanoui, et j’adore -évidemment – le Chambertin Clos de Bèze Armand Rousseau 2008.

Sur les fromages de la fromagerie Loiseau, j’ai goûté un Beaune Clos des Mouches Jospeh Drouhin 2006 fort plaisant.

Autour de moi les commentaires étaient mitigés, plusieurs personnes critiquant les rouges de ce millésime. Mon impression est plutôt que les vins sont remarquablement faits, car tous ces domaines travaillent merveilleusement bien, mais que plusieurs vins sont encore dans une phase ingrate et s’épanouiront progressivement. Il me semble qu’on se félicitera naturellement de ce millésime en blancs, mais que ce sera aussi le cas pour les rouges dans quelques années.

2 – déjeuner au restaurant laurent

Sortant du Pavillon Ledoyen je vois des vignerons qui se demandent où ils vont déjeuner. Un groupe est prêt à se former. Nous pensions être cinq, mais en fait nous ne serons que trois à déjeuner au restaurant Laurent.

Je choisis la palette de légumes raves relevés d’huiles aromatiques et épicées et un dos de cabillaud cuit au naturel, brandade truffée. L’un des vignerons voulait choisir un Saint-Joseph 2009 mais voyant ma moue devant la jeunesse du millésime il porte son choix sur une Côte Rôtie R. Rostaing Côte Blonde 2004. Personne ne dit rien, mais le vin est assez décevant. On dirait un vieux bourgogne qui a mal vieilli. Il n’a franchement pas grand-chose à dire, manquant de précision et relativement amer. Les légumes sont bons mais la sauce assez vinaigrée n’est pas l’amie des vins, alors que le cabillaud est magistral et cohabite bien avec le vin rouge qu’il réveille. Nous avons évidemment parlé de vins, et ce fut un bien agréable déjeuner impromptu avec deux grands vignerons.

3 – présentation des vins du domaine Antinori

A peine sorti du restaurant je me présente à l’hôtel Royal Monceau où Piero Antinori présente les vins de son domaine, le domaine Antinori. La décoration de l’hôtel est toute récente, et comme dans beaucoup d’hôtels nouveaux, ce sont les tons de bois marron qui dominent, les éclairages créant les atmosphères recherchées. De sculpturales hôtesses sont vêtues de marron pour que seul le rouge de leurs lèvres illumine le chemin à suivre vers les salles de réception. Leurs stilettos rehaussés de semelles épaisses les font apparaître encore plus grandes. Indépendamment de la présentation générale des vins, les V.I.P. du monde du vin sont reçus dans une salle de dégustation où chaque place est dotée de nombreux verres de dégustation très efficaces et très coûteux. L’atmosphère est studieuse.

Piero Antinori explique qu’il représente la 27ème génération de sa famille à la tête du domaine Antinori. Cette constance familiale vaut à son entreprise d’être classée parmi les Hénokiens, mais il m’explique qu’il s’en est un peu écarté car il s’occupe d’autres organisations de vignerons.

La première dégustation porte sur les Tignanello situés au cœur du Chianti Classico. Nous goûtons 1997, 2001, 2004 et 2007 après avoir bu un blanc, un Castello Della Sala 1999 de la région d’Ombrie. Le vin blanc a un nez très riche, très "vieilles vignes". Ce vin lourd au fort alcool est typé et très minéral. L’âge lui donne de l’équilibre.

Pour les rouges, ma préférence va vers le plus jeune, vin gourmand, marqué par la douceur.

Alors que nous étions en train de déguster les vins, Philippine de Rothschild vient s’asseoir à l’une des tables pour participer à la dégustation. Elle nous explique qu’elle est venue pour témoigner son amitié à Piero Antinori. C’est une attention toute particulière et d’une grande amitié et c’est assez surprenant de voir la baronne assise comme une écolière, puisque la disposition des tables donnait l’ambiance d’une salle de classe.

On nous demande de prendre une pause d’un quart d’heure pour permettre la mise en place de la salle pour la deuxième dégustation, celle des Solaia. Ne pouvant pas rester puisque le devoir m’appelle, je triche en me faisant verser un Solaia 2001. Quel grand vin ! Le saut qualitatif est immense et ce vin me plait. Il fait partie des grands vins italiens.

4 – présentation de vins d’Alsace

Ayant promis d’aller à une présentation de vins d’Alsace, je me précipite à l’hôtel d’Evreux, sur la place Vendôme, magnifique bâtisse. Dans une grande salle, le nombre de vignerons est très important. Et, comme seuls les alsaciens savent le faire, les victuailles typiquement alsaciennes sont de grande qualité.

Il est d’une évidence criante que le riesling est un vin blanc d’une immense noblesse. Sa précision et sa fraîcheur en font un vin de plaisir. Les variations selon les terroirs sont considérables, mais il faut absolument succomber à ce cépage divin.

Jean-Michel Deiss est toujours aussi passionnant à écouter parler avec passion des vins de son domaine. J’ai butiné rapidement sur quelques stands, saluant des vignerons que je connais.

5 – conférence dégustation à l’Institut Supérieur du Marketing du Luxe

Et très vite, je quitte une assemblée joyeuse et nombreuse pour aller à l’Institut Supérieur du Marketing du Luxe pour animer une conférence dégustation sur les vins anciens.

Le directeur a fait les choses avec un grand sérieux, car les 25 élèves présents ont dû, pour être acceptés à cette séance, justifier leur motivation à y participer. Les étudiants se sont présentés, et il y a dans cette assemblée très cosmopolite beaucoup de beaux projets et d’expériences. La semaine précédente, j’étais allé à la Maison du Chocolat pour choisir deux chocolats, un plus amer et un plus typé. Et j’ai présenté deux vins, un Rivesaltes 1974 et un Maury 1947 des vignerons de Maury. Et l’idée de l’expérience est de comparer les deux vins bus seuls, puis bus avec chacun des chocolats.

Il est apparu que bus seuls, c’est le Maury qui plait le plus du fait de l’équilibre que lui donne son âge, le Rivesaltes évoquant le pruneau, quand le Maury évoque la griotte. Le Rivesaltes s’associe bien avec le premier chocolat et profite de cette association. Le Maury s’associe mieux avec le second chocolat, mais n’en profite pas tant que cela, car nous préférons le Maury seul. Une grande unanimité est apparue sur chaque vote, ce qui n’est pas si fréquent.

J’adore converser avec des jeunes qui représentent des forces d’avenir, et ont envie de réussir. Certains d’entre eux participeront à la prochaine académie des vins anciens.

Laurent et Antinori – photos lundi, 14 mars 2011

au restaurant Laurent avec deux vignerons, une Côte Rôtie R. Rostaing 2004

les vins proposés à déguster par Antinori

une étonnnate ressemblance entre les armoiries sur les verres de dégustation et sur le cahier de dégustation fourni par Antinori