Archives de l’auteur : François Audouze

Encore un déjeuner aux vins d’Algérie mercredi, 24 septembre 2025

Un ami suisse a créé une école de dégustation et organise des événements à thèmes avec des vins de haute renommée. Cela faisait bien dix ans que nous ne nous étions pas retrouvés autour de bons vins.

Il m’appelle et me dit qu’il serait à Paris et aimerait bien goûter des vins d’Algérie car de tels vins sont introuvables en Suisse.

Il m’annonce ses apports : un vin toscan, Sangiovese IGT, Gianfranco Soldera 2007 et un vin de la collection Massandra, un Muscat Rose Livadia 1932.

Mes apports algériens seront Kebir Rosé Frédéric Lung probablement 1947 et un Clos Adélia Vin fin d’Algérie 1949. Comme j’ai eu récemment des repas dont certains vins n’ont pas été totalement bus, j’apporterai le reste d’un Krug Grande Cuvée étiquette crème bu il y a deux jours, le reste d’un Beychevelle 1982 bu il y a trois jours et celui d’une Malvoisie des Canaries 1828 bue il y a deux jours.

Nous nous retrouverons au restaurant le Sergent Recruteur. Dominique a ouvert ses vins hier au restaurant et les a rebouchés. J’arrive à 11 heures pour ouvrir mes vins en présence de Dominique. Aurélien ayant quitté le restaurant après quatre ans de présence pour vivre d’autres aventures, c’est Thibaut qui le remplace et m’accueille avec le sourire.

Le bouchon du Kebir Rosé se déchire car le verre du haut du goulot est en surépaisseur par rapport au goulot.

Nous faisons le menu avec le chef Alain Pégouret. Nous commencerons par la rillette de poisson puis il y aura un plat de cèpes, suivi d’une sole et d’un poulet. Pour le dessert j’ai demandé à la jeune pâtissière des financiers et par ailleurs un plat au chocolat.

Le Krug Grande Cuvée étiquette crème bu il y a deux jours est riche et convainquant. Le pétillant est à peine plus faible qu’il y a deux jours. C’est un champagne exceptionnel de sérénité, de complexité et de richesse. Avec la rillette l’accord est brillant.

Le Kebir Rosé Frédéric Lung # 1947 a une couleur très sombre et un parfum de café. En bouche il combine café et thé, riche et en même temps de grande fraîcheur. Ce goût original et inhabituel nous séduit. C’est un grand vin qui se marie bien aux cèpes. Sa longueur est quasi infinie.

Je sers en même temps le Château Beychevelle 1982 qui n’a pas perdu une once de puissance et je le trouve même plus confortable que lorsque je l’avais bu il y a trois jours. Ce vin riche et noble est vraiment grand.

Le Sangiovese IGT, Gianfranco Soldera 2007 est un vin généreux et grand, mais du fait de son âge il manque un peu de longueur et d’expression. On sent qu’il sera grand.

Le Clos Adélia Vin fin d’Algérie 1949 est totalement exceptionnel. Il est large puissant, expressif et intense et à le boire on prend conscience que c’est un vin de la plus haute élite. Dominique pense qu’il pourrait se confronter à tous les plus grands vins français de 1949. Il se trouve que j’avais bu un Clos Adélia 1948 que j’avais trouvé totalement exceptionnel. J’ai la même sensation avec ce vin grandiose. Ce vin est presque noir tant il est riche.

Le Massandra Muscat Rose Livadia 1932 me fait un choc au cœur. Il est d’une grande fraîcheur et d’une grande émotion. Il y a des accents de framboise dans sa fluidité fragile. Il se boit comme si l’on suçait du sucre trempé dans un jus de framboise. Jamais je n’aurais imaginé autant de légèreté dans ce vin de la collection Massandra car généralement ces vins sont plus lourds.

La Malvoisie des Canaries 1828 a un parfum indélébile et a gardé la complexité et l’intensité que j’avais aimées. Ce qui est amusant c’est que Dominique a eu strictement la même réaction que l’australien avec qui j’avais bu un vin fortifié de 1883. Il a dit : « dans 200 ans, il serait le même ». Mes deux convives ont pris conscience de la perfection naturelle de ce grand vin, fait pour l’éternité. C’est la huitième fois que je bois ce vin que j’avais acheté en même temps que les Chypre 1845.

Si je mets la Malvoisie de côté car hors catégorie, je classerais en premier le Clos Adélia 1949, en deuxième le Massandra Muscat Rose Livadia 1932 et en troisième le Kebir Rosé vers 1947.

Dominique est un dégustateur expert qui a bu des vins dont je rêve tels que Yquem 1811 et 1847 et le Porto Quinta do Noval Nacional 1931. Et alors que je me sentais fier il y a deux jours d’avoir bu des vins de tous les millésimes de 1883 à 2023, Dominique m’a dit qu’il a tout bu depuis 1855 sauf un trou de 1873. Il y a toujours meilleur que soi. Bravo Dominique.

merci Instagram ! mardi, 23 septembre 2025

Instagram est un atout précieux pour créer des événements inoubliables. Ayant gardé en mémoire tout ce que j’ai bu depuis 2000, j’avais remarqué que j’avais bu tous les millésimes de 1885 à 2022. Un ami, ayant lu cela sur Instagram, m’a proposé d’apporter un Léoville Las Cases 1884. J’ai gagné un an dans ce trajet particulier, lors d’un déjeuner fort sympathique.

Récemment, j’ai indiqué sur Instagram que je serais ravi de boire un vin de 1883 et un Australien de Sidney m’a contacté en me disant qu’il possédait une bouteille d’un vin australien de 1883. Il a ajouté que la bouteille ne contenait que 10 ml, mais l’important pour moi était de boire un 1883.

Nous nous sommes rencontrés au restaurant Pages. J’avais apporté un Krug Grande Cuvée étiquette crème et un La Tâche 2002, laissant Scott choisir l’un des deux. Il a choisi le Krug car il souhaitait un champagne plus mature que celui qu’il consomme.

J’avais également apporté un Malvoisie des Canaries 1828, car j’imaginais qu’il s’accorderait avec son vin : un Para SEPPELTSFIELD tawny fortifié 1883 titrant 16,7 degrés.

Le menu que je mets au point avec le chef Ken est : amuse-bouches / carpaccio de bar / lieu jaune, sauce umami / wagyu / financiers à la rose.

Le Krug Grande Cuvée étiquette crème est élégant, complexe et noble. Un grand champagne, qui brille sur le poisson cru et aussi sur la sauce umami.

La Malvoisie des Canaries 1828 possède un parfum incroyable, intense et puissant. En bouche, il est incroyable, à la fois doux et sec, et offre une fraîcheur fantastique grâce à son acidité. Scott affirme que ce vin est fait pour durer des siècles, car il est impossible d’imaginer qu’il puisse décliner.

J’ai l’intuition qu’il s’accordera avec le wagyu. C’est un accord original, mais qui marche bien.

Le Para SEPPELTSFIELD tawny fortifié Australie 1883 titrant 16,7 degrés avait un parfum timide à l’ouverture, mais celui-ci se développe avec le temps. Ce vin est plus lourd que le Malvasia, extrêmement concentré, mais il présente des similitudes avec la malvoisie.

Le 1828 est plus élégant et charmant. Le 1883 est plus intense et puissant. L’association des deux est un pur plaisir. Les financiers à la rose sont exactement ce qu’il faut pour ces riches vins fortifiés.

Pierre Alexandre, le gérant de Pages, souhaitait nous offrir un Armagnac. J’ai refusé, car je voulais garder en bouche le souvenir de vins si merveilleux.

Merci Instagram. Merci Scott. J’ai maintenant bu tous les millésimes de 1883 à 2023, sans aucun manque. Cela fait 141 millésimes d’affilée.

Comme j’ai un vin de 1882 dans ma cave, il faudra que je le boive !

Dîner au restaurant Hanada vendredi, 19 septembre 2025

Un de mes amis se tient informé des nouveautés culinaires et me propose de dîner avec son épouse au restaurant HANADA. A l’adresse indiquée, aucune enseigne. Un jeune couple est comme moi circonspect devant la porte noire fermée sans indication. Heureusement un employé du restaurant ouvre la porte.

Nous serons huit attablés devant le lieu où le chef Masayoshi Hanada va officier. Nous sommes du service de 19 heures et il y aura un deuxième service après notre départ.

La salle est totalement noire, sans aucune décoration. Le chef arrive lorsque nous sommes tous installés et prépare la place où il va réaliser les plats. Il a un long couteau qu’il va utiliser tout le temps pour la préparation des plats.

On nous demande de ne pas faire de photos. L’atmosphère est assez monacale. Le chef parle peu ou pas et les plats sont annoncés par l’homme qui nous avait ouvert.

Voici le menu qui n’est pas distribué à l’avance : navet ‘lazio’ poché au sel / tofu de sésame frit, caviar osciètre et sauce ponzu / rouget, gelée d’irizaké, pois gourmands et wasabi / Chawan mushi, sabayon de jaune d’œuf, aonari et edamames / joue de raie, bouillon dashi, poireaux, shiitake et épices shichimi / encornet du jour / pageot, une semaine / langoustine vivante ce matin / chinchard du jour / ushiojiru fumet de poisson traditionnel / ventrèche de thon, deux semaines / thon gras deux semaines / thon rouge deux semaines / sériole une semaine / truite deux semaines / maquereau du jour / akadashi soupe au miso rouge / futomaki de thon tamago / sorbet de riz, sel et huile d’olive, raisins nebbiolo.

Les poissons sont magnifiques et les préparations très pures. Voir le chef préparer les assiettes ou coupelles de chacun est un spectacle fascinant. On se parle en chuchotant pour ne pas perturber cette prestation théâtrale.

La carte des vins est petite, mais le restaurant démarre. Les prix des grands vins sont très élevés. Mon ami me demande de choisir un vin et commande un Champagne Laurent-Perrier Cuvée Grand Siècle Edition 26 qui est totalement approprié à cette cuisine, frais, précis, délicat et accueillant aux plats. Un bonheur.

Quand nous avons fini ce délicieux champagne, nous changeons pour un Champagne Billecart-Salmon Cuvée Louis Salmon Blanc de Blancs 2012. A l’ouverture, ce champagne est moins profond et moins large que le Grand Siècle, mais au fil de la dégustation il s’élargit et s’adapte bien aux mets. C’est un bon champagne qu’il faut sans doute encore attendre, pour qu’il s’étoffe.

Que penser de cette expérience ? Les produits sont brillants, les plats simples, subtils et raffinés sont délicieux. Les plats de thon sont plus qu’excellents. C’est un grand repas. Mais l’atmosphère monacale est un peu pesante. On aimerait un peu plus de décontraction. C’est, de toute façon, une grande expérience.  

déjeuner au restaurant Pierre Gagnaire mardi, 16 septembre 2025

Un ami me convie à rejoindre un petit groupe d’amis pour un déjeuner au restaurant Pierre Gagnaire près de l’Etoile.

Nous allons prendre le menu suggéré pour le déjeuner, qui est plus de deux fois moins cher que le grand déjeuner. A la fin du repas, lorsque nous aurons constaté l’invraisemblable accumulation de plats, nous n’osions pas imaginer ce qui se serait passé si nous avions pris le grand repas.

Voici ce que nous avons mangé : gelée d’algues sauvages des côtes du Croisic : coquillages, crevettes grises, chair de tourteau / pascaline de féra du lac Léman au Macvin, pousses d’épinard, oseille et côtes de blettes, julienne de radis roses / soupe onctueuse de tomate, brandade de morue, pétale de lieu jaune, peaux de tomates craquantes, steak de cœur de bœuf voilé d’une eau de citron, nectavigne et navet kabu, crevettes impériales de David Hervé / poêlée de tomates cerise, encornets, Paris boutons et magret de canard gras au basilic / lapin de Bourgogne : râble farci des rognons, enrobé de lard blanc de Bigorre, rôti sarriette et ail frais, crème de maïs, grenailles fumées. La cuisse en fricassée avec giroles, oignons nouveaux et oignons doux des Cévennes. Le foie poêlé en bigarade, aubergine de Florence. Glace à la moutarde Fallot, haricots verts et betterave rouge / le grand dessert de Pierre Gagnaire.

La cuisine du chef est d’une imagination sans limite et les saveurs s’ajoutent aux saveurs, formant des kaléidoscopes de goûts.

La profession d’un des convives est d’être l’agent de vente des vins de nombreux domaines, aussi prend-il en charge le choix des vins.

Le Champagne Laherte Frères Ultradition Extra Brut est un champagne de belle construction, frais et direct, et il n’a pas la rigidité de quelques extra bruts, offrant un aimable message.

Alsace Grand Cru Schœnenbourg Marcel Deiss 2007 est le vin d’un vigneron remarquable et atypique. Ce vin est très doux, voire trop doux, puisqu’il est servi avec des plats qui ne lui conviennent pas. Il aurait pu être un vin de dessert ce qui aurait mis en valeur sa pureté.

L’Anjou blanc Thibaud Boudignon est extrêmement intéressant, d’une brillante vivacité. C’est un vin qui me plait beaucoup par sa fraîcheur et sa pureté. Il est très jeune, mais d’une belle richesse d’expression.

Le Chambolle-Musigny Jacque Frédéric Mugnier 2010 est un bijou de délicatesse et de subtilité. On est tellement bien avec ce vin racé et aimable. Un bonheur. On pense à l’amour courtois qui évoque l’élégance de ce vin.

Nous finissons avec les desserts accompagnés d’un Madère Henriques & Henriques Boal 10 ans d’âge qui est un régal à l’alcool très maîtrisé et une douceur idéale pour la diversité des saveurs des desserts infinis.

C’est un repas copieux, voire trop copieux, avec une exploration de goûts d’une grande imagination. Un beau moment. Le chef est venu nous saluer tout souriant. Sa cuisine est épanouie et l’on sent qu’il est heureux.

à l’Assiette Champenoise d’Arnaud Lallement samedi, 13 septembre 2025

Dans un peu plus d’un mois, je vais faire un de mes dîners à l’Assiette Champenoise d’Arnaud Lallement. Je me rends à son restaurant pour préparer le menu de ce dîner.

Nous nous connaissons depuis des décennies et nous avons souvent ensemble mis au point des dîners ou déjeuners mais jamais selon le format de mes dîners, ce qui justifie que je vienne sur place pour mettre au point le menu.

J’ai apporté avec moi un vin qui est une curiosité. La bouteille est magnifique, avec des textes très longs sur une étiquette très belle avec des dorures. Il s’agit d’un Vin Nature Laurent Perrier qui au goût est très difficile à situer. Je le verrais dans une plage de temps assez large, des années 20 jusqu’aux années 50.

Lorsque je suis arrivé au restaurant, j’ai fait ouvrir cette bouteille qu’aucun sommelier ne connait, comme moi, et nous le buvons. Aucun de nous n’a de repère. Ce vin qui s’appelle aujourd’hui « Coteaux champenois » a une forte personnalité. Très précis, intense, sec, il est d’une belle longueur. Il est vraiment gastronomique et c’est surtout sur des fromages qu’il montre sa générosité et sa complexité.

Au repas, j’ai pris la langoustine royale rôtie, huile d’olive Vale Douro et émulsion des carapaces puis le homard bleu, « hommage à mon papa », jus des têtes. Ces deux plats sont au sommet de ce que font les chefs trois étoiles.

Après le repas, j’ai eu une discussion avec Arnaud Lallement et son fils Brice et nous avons mis au point le menu du futur repas, avec une compréhension mutuelle exemplaire.

Ce repas fut superbe et le vin s’est montré inattendu et enrichissant.

déjeuner dans ma cave vendredi, 12 septembre 2025

Un jeune ami, grand dégustateur et normalien a obtenu un poste très important dans l’administration. Je lui avais dit que s’il l’obtenait, j’ouvrirais pour lui un grand vin.

Nous déjeunerons dans ma cave. Je cherche dans ma cave et je vois une bouteille qui conviendrait car c’est probablement mon vin « fétiche ».

Le Nuits-Saint-Georges Les Cailles 1915 est un vin que j’ai bu 14 fois dont 9 fois dans des dîners. Dans les neuf diners, le vote du consensus a été : 3 fois premier, 4 fois second et seulement 2 fois non classé dans les 5 premiers. Quant à mes votes, j’ai nommé ce vin 4 fois premier, 2 fois deuxième, 2 fois troisième, et une seule fois non classé dans les cinq premiers. C’est donc un vin en qui j’ai une confiance absolue.

Comme il s’agit d’un vin cher à mon cœur, j’ai invité aussi un ami qui est le plus fidèle actuel de mes dîners.

Il se trouve que souvent lorsque je reçois des amis dans ma cave, j’ouvre des liquoreux, mais tous ne sont pas finis sur le moment et je les garde. L’idée d’en ajouter à ce repas me paraît appropriée.

A côté de ce vin je choisis un vin blanc de bel aspect, de bon niveau et de belle couleur mais que je ne peux situer. La capsule indique nettement J. Faiveley et l’étiquette est quasiment illisible. J’ajoute une Veuve Clicquot 1904 qui a perdu deux tiers de son volume, un Bâtard Montrachet Bouchard Aîné 1955 de niveau bas et de couleur peu sympathique. J’aligne donc 15 bouteilles, espérant qu’il y ait suffisamment de belles choses pour trois personnes.

Mes amis arrivent. Tous les trois nous avons des emplettes : rillettes, jambons divers, pâtés de poissons divers, fromages et autres mets. Nous ne mourrons pas de faim.

Le Champagne Veuve Clicquot Ponsardin 1904 a une couleur acceptable qui va foncer de plus en plus puisque les sédiments en suspension sont plus denses dans le bas de la bouteille. Quelle surprise ! Ce champagne est non seulement buvable, mais il est expressif et intense. Avec la rillette, c’est un régal.

J’avais déjà remarqué que les champagnes qui perdent du volume sont moins affectés que les vins non pétillants. Nous en avons la preuve avec ce beau 1904.

Le Bâtard-Montrachet Bouchard Aîné et Fils 1955 a une vilaine couleur et un goût déstructuré. Inutile d’insister.

J’avais bon espoir pour le Vin blanc inconnu Faiveley qui pourrait être un Meursault de belle couleur et de beau niveau. L’attaque est très plaisante et on se prépare à l’aimer, mais le finale est trop imprécis. Nous n’allons pas insister.

J’ouvre un Champagne Salon 1999 qui fait un beau pschitt. J’aime ce champagne très minéral, solide, puissant qui nous permet de profiter des jambons espagnols, des crèmes à base de poissons et d’autres finesses marines.

C’est maintenant le moment de l’entrée en piste du Nuits-Saint-Georges Les Cailles Morin P&F 1915. J’étais venu ce matin à 8 heures pour l’ouvrir et son parfum méritait du temps pour s’épanouir. Et là, c’est le grand choc. Ce vin est d’une pureté d’une précision, d’une richesse, qui en font un vin que j’adore, que je vénère. Quelle beauté, quel fruit expressif. C’est incroyable qu’un vin de cent dix ans soit aussi parfait. Je sens que mes amis sont aussi émus que je le suis. Ce vin est un miracle et il est éternel, car j’ai l’impression qu’il est meilleur que les quatorze précédents.

Nous allons boire maintenant les vins doux et liquoreux qui sont de très bas niveaux, restes d’agapes antérieures. En premier un Monbazillac années 40 avec une étiquette générique qui n’indique aucun domaine. Je suis surpris qu’il soit si bon et si riche. J’avais acheté du Stilton et du Shropshire. Les deux se marient au vin avec un avantage pour le Shropshire.

Le Château Rayne-Vigneau est probablement un 1923 que j’avais ouvert plusieurs mois auparavant. Quelle surprise ! Car je pensais que le Monbazillac jouait dans la cour des grands, mais en fait le Rayne Vigneau le transcende. Quelle complexité. Il s’accorde mieux au Stilton.

Nous buvons maintenant deux Vins de Chypre. J’en ai de deux millésimes, 1869 et 1870. Le fait qu’ils soient si différents indique donc que les deux années sont représentées. L’un est doux, l’autre est brutal, intense et percutant. Je préfère le plus pointu des deux, qui est immense avec le stilton.

Une bouteille très ancienne, peut-être du 18ème siècle offre un vin qui est assez neutre. Il est bon, mais pas excitant.

En revanche, le Malaga 1872 est une merveille absolu. J’ai l’impression de goûter le côté blanc de la peau d’un citron. Le vin est vif, percutant, d’une complexité qui m’émeut. Quel moment ! Avec un fondant au chocolat Baulois, une perfection.

Le Sherry du Cap 1862 a perdu un peu de son énergie, mais il est très grand, original et complexe.

Le Cognac Navarre 1925 que j’avais servi au 300ème dîner mais qui avait déjà été ouvert avant est d’une puissance extrême. Je suis impressionné par sa précision préservée.

Le Rhum Nady probablement années 20 ou 30 n’a plus de personnalité excitante.

En revanche le Black Head RUM Cazanove probablement années 1890 a gardé toute sa puissance. C’est un grand rhum totalement plaisant.

Que dire de cette folie ? Elle démontre que les vins liquoreux anciens offrent de grands plaisirs même plusieurs mois après leur ouverture, elle montre que les champagnes de bas niveaux méritent qu’on les déguste et elle montre que le Nuits Cailles 1915 est pour moi, toutes proportions gardées, comme la Venus de Milo ou la Victoire de Samothrace, un marqueur de la perfection.

Mon classement a été : 1 – Nuits-Saint-Georges Les Cailles Morin P&F 1915 pour sa perfection éternelle, 2 – le Malaga 1872 pour sa fraîcheur, sa jeunesse et l’émotion qu’il offre et 3 – Champagne Veuve Clicquot Ponsardin 1904 étonnant champagne au plaisir certain.

Il faut donner à chaque vin l’opportunité de nous éblouir.

Règles pour la 43ème séance de l’académie des vins anciens du 27 novembre 2025 mercredi, 10 septembre 2025

Règles pour la 43ème séance de l’académie des vins anciens du 27 novembre 2025

Cette séance est ouverte aux amateurs de vins anciens avec ou sans apport de vins.

1 – participants sans vin

Les confirmations d’inscriptions sont prises dans l’ordre des demandes. Le prix est de 300 € par personne, à payer avant le 24 octobre.

2 – participants avec vins

  • proposer un vin ancien et fournir tous éléments sur le vin, dont le niveau dans la bouteille (chaque photo ne devra pas dépasser 500 Ko et devra être lisible. Elle sera en pièce jointe et non pas dans le corps du texte)
  • Obtenir mon approbation pour la ou les bouteilles proposées
  • Respecter les critères d’âge :
  • Champagnes : avant 1997
  • Vins blancs : avant 1991
  • Vins rouges et liquoreux : avant 1972

Les modes de livraisons figurent ci-après.

Livraison des vins entre le 13 octobre et 7 novembre.

Les confirmations d’inscriptions sont prises dans l’ordre des demandes. Le prix est de 190 € par personne, à payer avant le 24 octobre.

3 – lieu de la réunion

Le restaurant Macéo au 15 rue des Petits Champs 75001 PARIS

Rendez-vous à 19h. Fin de réunion à minuit.

4 – Mode de paiement

Paiement par virement à FRANCOIS AUDOUZE AVA

RIB / FR7630003030000005024474342

5 – mode de livraison

  1. – par envoi postal à François Audouze, société ACIPAR, 44 rue Andrei Sakharov, 93140 BONDY.
  2. – par livraison au 10 Place des Vosges 75004 Paris. Téléphoner à la concierge Madame PUREZA PEREIRA 07.64.88.30.66, prendre rendez-vous avec elle et l’appeler quand vous êtes arrivé, en donnant mon nom. Elle n’est pas joignable au téléphone entre 12h et 17h.

Respectez les dates limites, c’est fondamental.

dernier repas à l’Aventure dimanche, 31 août 2025

Ce sera le dernier déjeuner au restaurant l’Aventure de mon séjour de trois mois dans le sud. Nous aurons les traditionnelles moules et tempuras de gambas. Je prends une langouste un peu plus grosse que ce qui serait raisonnable, mais c’est le dernier repas.

Le Champagne Dom Pérignon 1996 fait un joli pschitt à l’ouverture par John, le si aimable chef des serveurs. La couleur est un or royal. Je ne me souvenais pas que 1996 pouvait avoir une telle énergie. C’est un très grand Dom Pérignon, plutôt sec et minéral, noble et de grande personnalité.

Il fallait un champagne de ce niveau pour finir une période de trois mois faite d’amitié et d’affection, qui restera un grand souvenir.

un champagne qui m’est inconnu samedi, 23 août 2025

Parmi les vins que j’avais pris dans ma cave principale pour boire en été dans le sud, il y avait un Champagne Paul Bara Bouzy 1990. Je ne connaissais pas Paul Bara et les seuls vins que j’avais bus de Bouzy étaient des vins non effervescents. Le prix était attractif, alors je l’ai acheté. C’était en 2019.

Quelle surprise ! Sa maturité est parfaite. J’aurais dit, en dégustation à l’aveugle, que c’était un champagne des plus grands vignerons.

Avec ma fille, nous l’avons dégusté avec plaisir, très surpris de trouver une telle qualité. Avec la poutargue, c’était un délice.

Comme on dit, le hasard sourit aux audacieux.