dîner de wine-dinners au restaurant Laurent dimanche, 23 avril 2006

L’histoire commence il y a un an quand un groupe d’américains vint visiter quelques châteaux bordelais. L’un de ces amateurs m’avait demandé d’organiser un wine-dinner pour lui et l’un de ses fils à la fin de son voyage. Il m’avait dit qu’il apporterait un magnum de Haut-Brion blanc 1949. Cette générosité appelant la réciproque j’avais ajouté au programme un vin de Chypre 1845. J’ai raconté ce dîner où figurait aussi un magnum de Pétrus 1964 dans le bulletin 145. En ce début d’année, cet ami californien m’annonce sa visite en France, et indique les vins qu’il compte apporter à un dîner wine-dinners. J’estime que tant de générosité exclut le moindre paiement. Le repas aura la structure d’un wine-dinner, et ce sera le 69ème, mais il aura une forme différente sur deux points : ce sera un repas familial, avec ses enfants et les miens, sans budget, et avec des vins apportés par nous deux.

La mise au point de la liste fut d’ailleurs amusante, chacun améliorant son apport quand l’autre ajoutait une rareté, comme en une joute amicale. Après trois ou quatre rounds le programme avait pris forme, avec des vins qui sont des témoignages de l’histoire magique du vin.

Steve, Michael, Justin et Wesley viennent visiter ma cave, avec quelques exclamations admiratives, puis nous nous rendons tous au restaurant Laurent où je vais ouvrir les bouteilles selon le rituel classique. La seule bouteille qui représente une interrogation gustative est le Pétrus 1947 au bouchon sec en haut et noir et gras en bas qui se pulvérise à l’ouverture. Le nez un peu amer doit normalement disparaître. La vraie énigme est celle du Lafite 1865. Un bandeau provenant du château indique un rebouchage en 1986. Or, en extrayant le bouchon qui reste complet, il me parait impossible qu’il soit de 1986. Il fait beaucoup plus vieux que cela. Alors, que s’est-il passé ? Le Gewurztraminer 1934 a été rebouché en 1979 et son bouchon parait d’hier. Les bouteilles au bouchon d’origine sont le Laville 1955, le Vouvray 1929, le Pétrus 1947, le Château Chalon 1864 (bouchon tout rabougri protégé par la cire craquelée) et Filhot 1929. Les vins rebouchés sont Latour 1924, sans doute dans les années 80, Lafite 1865 annoncé rebouché en 1986 et le Gewurztraminer en 1979.

Mes amis repartent se changer à leur hôtel après avoir trinqué d’un champagne Jacqueson 1996 très agréable et délicieusement frais que Patrick Lair nous a offert, pour célébrer l’ouverture de ces beaux flacons. Pensant que mes amis américains, qui ne connaissent pas les vins du Jura, pourraient commettre un contresens, je demande qu’on me prépare un Château Chalon 1976 de la carte du restaurant avec du Comté de 24 mois et du Salers que nous goûterons dans le joli jardin du restaurant car il fait très beau.

En attendant leur arrivée, ma femme et moi goûtons le dessert prévu, car la crème glacée me fait peur. Je demande qu’on sépare cette partie du dessert de la seule rhubarbe. Je sens que cela contrarie Patrick, pour l’esthétique de la présentation, mais cette décision fut la bonne.

Tout le monde est là, et le Château Chalon 1976 plait beaucoup aux américains dans l’association avec le Comté suisse. Le Salers n’a pas sa place avec ce vin. Steve m’offre une bouteille de Climens 1943 car c’est mon anniversaire. Cet ami est d’une rare générosité, comme il le fut avec les vignerons qu’il était allé visiter pendant toute la semaine.

Nous passons à table, et voici le menu intelligent, solide, chaleureux qui a été conçu par Philippe Bourguignon : cuisses de grenouilles juste rissolées, pointe de curry / araignée de mer dans ses sucs en gelée, crème de fenouil / foie gras de canard poêlé et primeurs en aigre-doux / carré d’agneau de lait des Pyrénées caramélisé, côtes de romaine, fève et morilles / épaule confite dans son jus, fleurs de courgettes croustillantes / comté 18 mois / rhubarbe cuite au naturel, sablé craquant à la cardamome et crème glacée au nougat / café mignardises et chocolat.

La forme du magnum de champagne Krug 1976 est d’une grande beauté. La couleur est d’un blanc à peine rosi, le bulle est lourde et pèse sur la langue. Les senteurs de ce champagne sont d’une impressionnante variété. Il y a du doucereux et du strict, un charme féminin presque sensuel. En bouche, le champagne s’impose par une personnalité extrême. On imagine toutes les cuisines qu’il pourrait accueillir. Magnifique expression d’un champagne parfait. La pointe de curry est d’une intelligence absolue avec ce champagne envoûtant.

Le Château Laville Haut-Brion blanc 1955 a une jolie couleur discrètement dorée. Son nez est parfait, et en bouche, c’est le blanc de Bordeaux porté à son plus haut niveau. Steve, mon ami, qui collectionne ce vin rare et en possède 43 millésimes différents, pense que cette année est plus belle que toutes les autres. Sur ce qu’on boit, je suis prêt à le croire, car c’est d’une exactitude absolue. Malheureusement, la crème qui coiffe le crabe raccourcit le vin. Il faut piocher sous la crème pour avoir un accord délicieux, la chair de l’araignée se mariant merveilleusement bien.

Je n’avais pas du tout remarqué que le Vouvray d’origine 1929 avait un nez bouchonné. Fort heureusement, il n’y a aucun soupçon de trace de bouchon au goût. Ce Vouvray discrètement doux est magnifique de complexité. On peut citer tous les fruits de toutes les latitudes du globe, et on en trouvera la trace dans ce vin. Il est subtil, adorable, magique. Avec la merveilleuse chair aérienne du foie gras, c’est un plaisir absolu. La chair prolonge le vin délicatement. C’est peut-être le plus bel accord de ce dîner.

Patrick Lair, qui aura fait ce soir un travail d’une motivation et d’une sens des nuances qui méritent les remerciements les plus vifs jouit de nous voir profiter de ces vins dans les rires, la bonne humeur et la décontraction d’amis observait l’évolution de nos plaisirs. Il nous apporta un Vouvray de 1951 aimable mais limité qui eut le mérite de montrer à quel point le 1929 était dense et complet.

Le carré d’agneau est un plat d’une solidité qui plait aux vins émouvants qui arrivent. En goûtant la première gorgée du Pétrus 1947, je suis affreusement déçu. Je demande si l’on veut que je fasse ouvrir le Pétrus 1971 que j’avais apporté à titre de sécurité. Justin et Wesley, les deux enfants de Steve  disent : « on ouvre ». Je goûte à nouveau et la surprise est extrême, car le vin a instantanément ressuscité. Steve a cru que j’ai joué avec mes convives en proposant d’ouvrir le 1971, comme si je voulais les piéger, mais j’étais sincère en croyant détecter un problème qui n’existe pas. A coté du Pétrus est servi Château Latour 1924. Comment est-il possible que la couleur de ce vin soit d’un rubis aussi jeune ? C’est la couleur d’un 1986. Le vin est très Latour. Très jeune, solide, structuré complet. Mais j’ai les yeux de Chimène pour le Pétrus, d’une subtilité de ton invraisemblable. C’est son nez d’une grande discrétion qui m’envoûte par ce charme rare. Je ne retrouve pas la force habituelle de Pétrus. Mais la subtilité est telle qu’on en reste sans voix.

Sur l’épaule goûteuse, le Château Lafite 1865 mérite le respect. Lui aussi a une couleur plus jeune que celle du Pétrus, seul rouge au bouchon d’origine. Le goût est très Lafite, caractéristique de sa pureté. On boit ce vin avec la plus grande considération pour l’histoire. Ce vin est long, plein, riche comme un vin des années 40 du 20ème siècle. Comme on a les trois rouges devant soi, c’est nettement le Pétrus 1947 qui capte mon émoi. Avoir devant soi trois verres avec Latour 1924, Pétrus 1947 et Lafite 1865 ne peut en aucun cas laisser indifférent.

Je suis à peu près sûr que j’ai commis une erreur d’analyse avec le Château Chalon Clos des Logaudes 1864, le plus vieux de mes vins du Jura. J’en attendais énormément, puisqu’à l’ouverture, c’est celui qui de loin m’a le plus ému. Je suis probablement passé à côté. Et mon épouse m’a fait le reproche de l’avoir dit, ce qui influence forcément mes convives, alors que tous aimaient ce vin, mon gendre appréciant sa grande finesse. Un autre signe confirme mon contresens : Wesley, le jeune fils de Steve avait participé au dîner de l’an dernier, et au moment des votes, il avait voté strictement comme moi, ce qui est très peu fréquent. En fin de repas, je lui demande quel vin est son préféré. Et il me dit : Château Chalon. Je m’en veux doublement en écrivant ces lignes : trop d’attente et erreur de jugement. Je lui trouvais un goût de voile et de poussière. Je ne saurai pas pourquoi je ne l’ai pas aimé comme sans doute il le méritait.

La rhubarbe arrive, d’un goût exactement adapté au Gewurztraminer Sélection de Grains Nobles Hugel 1934. C’était le plus beau nez à 17 heures à l’ouverture. Là, quelques heures après, le nez est éblouissant de soleil, de tropiques. Ce vin d’Alsace est exceptionnel. Surtout, il met à l’aise par la générosité naturelle de sa palette de saveurs. Quel grand vin ! Il ne méritait que la rhubarbe et le sablé. Bel accord. J’avais déplacé ce vin jugé puissant, initialement prévu sur le foie gras, car sa force aurait tué le Vouvray. J’ai bien fait.

Le Château Filhot 1929 a une couleur plus sombre que d’autres que j’ai. Il était prévu pour être un dessert à lui tout seul, sauf si l’on voulait goûter les palmiers du restaurant Laurent qui sont les meilleurs de la planète. Mais c’est évidemment tout seul qu’il fallait apprécier ce sauternes immense. Je pense qu’il est d’une perfection absolue. Il a tout pour lui. Je ne fais jamais de comparaison en mettant deux Sauternes côte-à-côte, mais je pense que ce Filhot se situerait très haut dans la hiérarchie des sauternes de 1929.

Je n’ai pas fait voter, car il était tard et ces infatigables américains voulaient fumer un cigare au bar Hemingway du Ritz. Mon vote personnel est en faveur des blancs qui ont montré qu’ils sont clairement et naturellement parfaits, même si boire Pétrus 1947 ne se produira pas souvent, avec cette subtilité de goût et cette émotion raffinée.

J’ai ainsi choisi : 1- Filhot 1929, 2- Gewurztraminer Hugel 1934, 3- Krug 1976, 4- Vouvray 1929. Le restaurant Laurent a réalisé une cuisine dont la simplicité et la qualité technique sont l’exact accompagnement de ces grands vins. Christèle nous a servis avec compétence et Patrick Lair a organisé le déroulement de cet événement avec talent. Il nous a dit : « vous savez, il y a beaucoup d’amateurs qui auraient aimé être à votre table ». Il a bien raison. Rappelons les années, juste pour le plaisir : 1864, 1865, 1924, 1929, 1929, 1934, 1947, 1955, 1976, 1976. A mémoriser pour la vie.

un renfort de poids samedi, 22 avril 2006

Lorsque j’ai annoncé l’arrivée de Londres de la bouteille de Lafite 1865, voici ce qu’a écrit Robert Parker sur son forum :

Well a magnum of 1864 Lafite from the Glamis castle …original cork…served at the unforgettable Robuchon dinner in Tokyo in December,2004, brought me to tears….and I don’t cry easily… not with respect to wine…..I think Broadbent had called it the "greatest wine of the 19th century’…..but he couldn’t have tasted every wine made that century….as I recall…even Robuchon was misty-eyed over this amazing wine……hope your bottle is as memorable…

ça fait plaisir !

ma cave est filmée jeudi, 20 avril 2006

Ma cave a été filmée par une équipe de Télé Monte-Carlo. Apparemment le sujet passera en juillet 2006, et sera repris sur la chaîne Odyssea. Le cameraman est un amoureux des vins anciens car ses parents avaient un magasin de vente de vins. Il a abondamment salivé. j’ai ouvert en fin de séance un Aloxe Corton Joseph Drouhin 1961.

Margaux 1937 so-so jeudi, 20 avril 2006

Il y a des jours où l’on se précipite dans la gueule du lion en faisant tout pour cela. Je vais livrer les vins pour deux prochains repas. Je passe au restaurant Ledoyen où Patrick Simian m’accueille. Nous avons discuté du menu, aussi je goûte la fourme, que je trouve trop forte pour un Sainte-Croix du Mont 1927, et j’essaie le dessert au pamplemousse. Patrick me dit qu’il a été fait spécialement pour Pierre Lurton pour accompagner Yquem. Malgré ce brevet, je demande qu’on supprime le sorbet qui raccourcit la bouche et qu’on augmente le volume de chair rose. Nous décidons de simplifier la recette des langoustines. Le cœur rassuré sans avoir eu la moindre crainte, je vais au restaurant Laurent où Patrick Lair reçoit les bouteilles d’un futur immense dîner, et la gueule du lion s’ouvre : « vous ne voulez pas manger un petit morceau ? ». Je savais qu’on me le demanderait. Et je savais que je cèderais. Mon épouse est encore dans le Sud. La perspective d’une carotte râpée devant un Sudoku est moins attirante que les ors et les stucs de cet élégant palais. Patrick me propose d’ouvrir pour moi un Château Margaux 1937 bouteille qui est en cave depuis toujours et dont j’ai déjà asséché quelques congénères avec des fortunes diverses. Va pour le Margaux. A une table voisine un ami amateur de vin célèbre l’anniversaire de sa fille de 12 ans. J’irai lui porter un verre du 1937 pour lequel nous aurons la même analyse.

Mon repas commence par des cuisses de grenouille dont l’accompagnement est infiniment trop épicé et typé. Je m’en ouvre à Patrick qui réagit instantanément : quelques minutes plus tard, une assiette de cuisses justes poêlées, aillées, avec un court jus de viande constitue un plat divin, à cent coudées au dessus de la précédente version.

Le Château Margaux 1937 a un nez convenable et une jolie couleur grenat qui ne trahit pas son âge. Mais le vin semble engoncé dans un habit de poussière. En bouche, c’est du savon et de la poussière qui masquent le message. Mais, par un de ces caprices irrationnels, sur la deuxième préparation des cuisses de grenouille, comme s’il avait compris mon enthousiasme, le vin s’est mis à devenir brillant, un vrai et beau Margaux.

Puis, estimant son effort suffisant, malgré le délicieux pied de porc, il retourne dans ses saveurs de grenier. Mon ami confirmera : poussiéreux, mais une lueur, l’espace d’un instant. Il est certain que le résultat eût été tout autre avec quatre heures d’oxygène de plus, tant cet adjuvant fait des miracles.

Pendant ce temps, Patrick faisait mes relations publiques auprès de Philippins qui organisent des événements d’exception. Je ne me fis pas prier quand on me demanda d’être photographié auprès d’une ravissante femme au visage de pure perfection qui semblait boire mes paroles lorsque je racontais les vins de mes dîners.

Le dessert dut pris à la table de mes amis au moment où les cadeaux se distribuaient. Un vin liquoreux allemand de 2004, perlant comme un vin de la veille est franchement trop jeune pour mon palais.

Ce Margaux 1937 ne marquera pas ma mémoire, mais la gentillesse de ce restaurant, oui.

an immense Henri Jayer wine and a so-so Coche-Dury by Michel Bras dimanche, 16 avril 2006

I have celebrated with my wife the anniversary of 40 years of our wedding. We went to Laguiole, in the hotel and restaurant of Michel Bras.
To go to Laguiole is a real adventure as this hotel is in the middle of nowhere.
The building is extremely modern and expresses the personality of Michel Bras, the son of this difficult and poor region.
We spent two days, which gave us two opportunities to discover the way of cooking of Michel Bras. In a recent study, classifying the chefs, he was named number six in the world, and second French, just after Gagnaire.
The way of cooking has a high level of perfection. But the will to show many different tastes in the same preparation does not correspond too much to my personal search. So, compared with a Marc Veyrat whose creation is endless, I must say that I was more attracted by the style of Veyrat than by the very proper and justified style of Michel Bras.
The greatest splendour of the place is the wine list.
I complain with the Parisian wine lists which have insane prices. There the prices are absolutely normal and show a very appreciable approach.
In such a case, I want to show a sign by ordering nice wines, to give, at my modest level, a reward to their attitude.
So, the first dinner I ordered a Vosne Romanée Cros Parantoux Henri Jayer 1992. I had almost tears of pleasure with that incredible wine. I would be happy to know if some people who have drunk this wine have had the same impression.
The nose has the smell of a jam of red berries. It is sweet, candied fruits, smells of jam of roses. It is like a perfume. And in mouth this is the ultimate form of an easy wine. The wine tastes as if it was a new born wine, just taken from the barrel. And it is a easy as a village wine. It is so pure, so direct as if it were just pressed. It is, for my opinion, the definition of a pure wine, as the David of Michel-Angelo is the pure definition of the proportions in a human body. I was pleased at an immense level, saying every minute to my wife how I enjoyed this wine. It is certainly my best ever Henri Jayer.
The second day, I ordered a Corton-Charlemagne J.F. Coche-Dury 1997. By the first smell, I knew that it did not please me. The first smell was mineral, like petrol, but this petrol disappeared. The wine, for me, was too much. There was power, and not elegance. Of course it is a great wine, but after the seduction of the Henri Jayer, this wine, much worked, did not please me. I cannot be suspected to have anything against Coche-Dury, as I have adored the CC 96 and the 90. But this wine was too much. And I was desperate, as it was our wedding anniversary. I felt trapped by this wine. So, I drank it as I felt that it would have been too much to change for another wine, as it represents a great wine.
And my patience was rewarded, as at the moment of the cheese course, I saw a local cheese, a Laguiole of 6 months, which is like a Cantal, a little softer. And the CC plus the cheese went wonderfully together.
The cook of Michel Bras, made of very authentic tastes, with a regional expression was marvellously enlarged by the authenticity of the Henri Jayer wine. The Coche-Dury, more civilised than authentic, more urban modern style, was not adapted to this cook.
So, one great wine at an unbelievable level. A great wine not giving me the pleasure I was looking for. The world of wine is full of surprises.

Le rapport avec le vin : plaisir ou domination ? vendredi, 14 avril 2006

La dégustation à l’aveugle, ou le besoin de noter, correspondent à un rapport d’autorité avec le vin. Avez-vous remarqué les gens qui ont un chien? Il y a ceux qui entretiennent avec leur chien un rapport confiant. Le chien est vraiment l’animal de compagnie. Et il y a ceux qui ne voient en leur chien qu’un objet de domination. « Ici », « couché », « non », « tranquille », « rapporte », … Ces comportements d’autorité compensent certainement un mal être.

Peut-on pousser l’analogie avec le vin ? Pourquoi ce besoin de noter, de juger, de proclamer qu’un petit vin à deux sous vaut plus gustativement qu’un grand cru encensé ? Est-ce pour compenser un mal-être par rapport au coût des vins ? Est-ce pour justifier que n’ayant pas les moyens d’acheter les plus grands vins, il faut une désacralisation des idoles ? C’est peut-être aller trop loin, mais ce besoin de juger, de montrer qu’on domine le vin au point de le noter, de le classer, d’en faire un bon ou mauvais élève procède d’un manque de sérénité.

On ne mange jamais trois gigots en même temps pour dire quel est le meilleur. Pourquoi ne pas profiter d’un vin pour lui-même ? Sans ce besoin de domination qui donne à l’amateur le sentiment qu’il est le juge suprême. On gagnerait beaucoup à bien séparer la fonction achat, dans laquelle il est logique et judicieux de comparer de la fonction plaisir, où le fait de boire un vin doit être une rencontre entre le message d’une terre, d’une appellation, d’un vigneron, d’un vinificateur et d’un dégustateur.

Je rêverais de commentaires où celui qui a bu dit : « c’est bon ».

Dom Pérignon 1998 and a surprising Lafite 1981 jeudi, 13 avril 2006

I am in my house in the South.

I have just received my new jet ski, so it was an occasion to celebrate that.

I invite two friends with my wife and we go to a small restaurant directly on a beach.

I think that to begin with Dom Pérignon would be a bad thing as our mouth is not prepared, so I order a Champagne Mumm Cordon Rouge.

After the week-end I spent with Moët & Chandon this champagne makes me a shock : no personality.

But slowly the Mumm broadens and becomes civilised. Not to jump to the ceiling, but drinkable.

The contrast is what I wanted : the Dom Pérignon 1998 shows immediately the huge difference. A loveable champagne. Not really drinkable at this age, but already very enjoyable. A very great length and a promising complexity.

I had brought with me Chateau Lafite-Rothschild 1981, just opened when I arrived, so having only 1.5 hours of breathing, a fill in the neck, and immediately a sensual smell that I would never expect from a 1981.

There is a seriousness which belongs to Lafite, but a very deep structure, a joy of life, an expansion in the mouth that surprised me as I did not expect as much from that wine. One would have told me that it was a 1986, I would not have been too surprised.

On a fish (loup or bar in French), it was purely delicious.

Wanting to be nice, the owner of the place offered me a marc de provence.

Almost as ugly as the ugliest grappa. Something which, when you drink it, makes holes in your shoes’ soles.

A very enjoyable dinner, with a surprising Lafite 81.

galerie 1899 samedi, 8 avril 2006

Blanc vieux d’Arlay Bourdy Père & Fils 1899.

Ce vin est exceptionnellement bon. Je suis amoureux de cette étiquette à la simplicité évocatrice de perfection.

 Chateau de la Sauque 1899, vin de Graves qui a sans doute disparu. Bouteille d’un ami ouverte lors d’un dîner de lancement de wine-dinners, avant le N° 1, en décembre 2000.

Nuits 1899