déjeuner au restaurant Alain Ducasse de l’hôtel Plaza vendredi, 7 septembre 2012

Je suis invité au restaurant Alain Ducasse de l’hôtel Plaza. En franchissant le seuil de l’hôtel, on sait que l’on entre dans le monde des ennemis du quinquennat actuel. Les hôtesses sont jolies et juste ce qu’il faut d’obséquieusement parisiennes. Dans la belle salle à la décoration au classicisme un peu rigide, ce qui illumine, c’est le sourire du sommelier.

Nous commençons par un Champagne Henriot 1996 dont le parfum est d’une rare expressivité. Il est intense, miellé et toasté. En bouche, il est carré, puissant, affirmatif. C’est un très bon champagne droit dans ses bottes, qui peut aussi se faire canaille comme avec des cuisses de grenouille panées trempées dans une sauce verte.

Nous choisissons un pâté chaud de pintade et un homard aux "pommes de mer " car on nous vante le design du plat "cockpot" dans lequel il est servi. Le Chateauneuf-du-Pape Cuvée des Célestins Henri Bonneau 2001 a un nez chaleureux qui ensoleille nos sourires. En bouche, il est "the right wine in the right place". Authentique, chaleureux, sans aucun chichi inutile, il est d’un rare plaisir. Droit, naturel, aisé, c’est un vin de bonheur. Il est plus à l’aise sur l’excellent pâté que sur un homard un peu conventionnel et politiquement correct, même s’il est excellent.

Le dessert à la framboise est devancé par un pré-dessert lui aussi à la framboise, ce qui est curieux.

Le service est compétent et n’est pas guindé. Le sommelier est parfait dans son rôle. La nourriture est excellente. On aimerait que le lieu s’encanaille un peu tout en gardant le niveau d’excellence qu’il a atteint.

Philippe Faure Brac fête les 20 ans de sa nomination vendredi, 7 septembre 2012

Au Bistrot du Sommelier, Philippe Faure-Brac fête les vingt ans de sa nomination à la distinction enviée de meilleur sommelier du monde.

La foule est tellement dense, envahissant le trottoir, qu’il faut jouer des coudes pour féliciter l’heureux jeune « ancêtre » de cette élite du vin. On peut déguster une myriade de vins des meilleurs vignerons venus épauler le brillant sommelier restaurateur. Le chef que je rejoins en coulisse me prépare des petits fours que je grignote en cachette.

Etre ami de Philippe Faure-Brac, ce n’est pas faire partie d’un cercle restreint. C’est une véritable tribu. Bravo l’ami.

dégustation de champagnes Delamotte au Purgatoire vendredi, 7 septembre 2012

De retour à Paris, la première manifestation est la présentation des nouveaux habits des bouteilles des champagnes Delamotte. Didier Depond, président des champagnes Salon et Delamotte nous reçoit dans un espace très accueillant qui s’appelle le Purgatoire. On y accède par la rue de Paradis, ce qui est un cheminement qui n’est pas très catholique.

Le Champagne Delamotte brut sans année se boit bien, mais il n’est pas dans mes recherches actuelles.

Le Champagne Delamotte blanc de blancs sans année est beaucoup plus dans mes goûts. Il a une vivacité rare.

Bien sûr, le Champagne Delamotte 2002 est d’une classe supérieure, mais je trouve que la tension du blanc de blancs le rend plus gastronomique. Didier Depond préfère le champagne sur des huîtres plates alors que je le préfère sur des huîtres creuses. Sur un Pata Negra Belota très peu salé, l’accord du 2002 est merveilleux.

Delamotte lance la commercialisation de bouteilles anciennes de ses caves, « collection ». En voici deux exemples :

dernier dîner d’été dans le sud, avec une grande diversité de vins dimanche, 2 septembre 2012

Gerhard, l’ami autrichien qui avait organisé la spectaculaire verticale de la Romanée Liger-Belair en juin dernier, célèbre aussi pour sa chute impromptue dans la piscine d’Yvan Roux lors d’un repas, vient dîner à la maison du sud pour un dîner de vins avec sa femme, ses deux fils et l’un de ses amis, Wolfgang. Nous choisissons les vins au sein de nos différents apports et vers 17h30, j’ouvre les bouteilles retenues. Les nez les plus superbes sont celui du Clos des Lambrays et du Banyuls. Le Corton très vieux est encore incertain et le Châteauneuf rouge a un bouchon qui sent le bouchon.

L’apéritif se prend avec un Champagne Salon magnum 1995 d’une belle maturité. Avec le Cecina de Léon l’accord est fusionnel. Il y a une multiplication de goût de l’un par l’autre, la viande fumée de bœuf donnant au champagne, en plus de sa trace citronnée, une évocation de noisettes et d’amandes. Le lomo ibérique est superbe et étire en longueur le champagne, mais sans la fusion précédente. Nous comparons le lomo à un filet de porc fumé autrichien apporté par Gerhard. Les deux sont différents et également plaisants, bien suivis par le Salon. De l’andouillette de Guémené grillée appelle un rouge, aussi ouvrons-nous le Chateauneuf-du-Pape Barne Rac M. Chapoutier vers 1970 cuvée spéciale numérotée mais non millésimée. Hélas, le vin est horriblement bouchonné, aussi j’ouvre le Château La Conseillante 1966. Ouvert sur l’instant, le pomerol nous offre sa fraîcheur et sa spontanéité. Ce vin est un « waow » vin. Car on ne pourrait pas concevoir qu’il puisse être meilleur. Riche, tannique, il est éblouissant et se marie bien à l’andouillette particulièrement virile. Nous finissons l’apéritif avec du Pata Negra délicieux qui ne trouve aucun écho avec le bordeaux, mais excite merveilleusement le Salon 1995 que je trouve d’une belle plénitude. Il est très grand.

Le menu que j’ai mis au point pour permettre la mise en valeur des vins est : Camerone juste rôtie et coulis de butternut sans crème / pavé de mérou cuit à basse température, écrasée de pomme de terre roseval a l’huile d’olive douce et basilic / grenadin de veau dans le filet, ail confit et pommes de terre rattes confites / onglet de bœuf, oignons blanc doux des Cévennes, compotée au vinaigre de xérès / camembert Jort, saint-nectaire, Cantal / moelleux au chocolat.

Le Corton Charlemagne Thorin 1966 décline des complexités frêles et subtiles, alors que le Chateauneuf-du-Pape Les Cabanes blanc 1969 est un guerrier puissant. Les deux sont le jour et la nuit et nous plaisent tout autant. Sur la crevette, c’est le bourguignon qui se distingue alors que le vin du Rhône brille sur la chair dense du poisson.

Le Clos des Lambrays 1978 avait un nez superbe à l’ouverture. Il est absolument grand et l’année lui va bien. Ce vin qui se présente dans une bouteille à l’étiquette ancienne est précieux, délicat, avec une présence en bouche très forte et une grande longueur. C’est un beau bourgogne. Le Corton Bouchard P&F sans année, très ancien pourrait être des années 10 ou des années 20. Situons-le autour de 1923, sans certitude. Il a une trame très riche et nous rions tous, car plutôt qu’hermitagé, il semble dopé au vin africain. Le résultat est très riche, très fort en alcool, mais très plaisant et velouté. A côté, le Corton Grand Cru Domaine Rapet Père & Fils 1990 est d’une grande précision. Il a la jeunesse et l’authenticité. La juxtaposition est intéressante et le Rapet est un bel exemple de Corton, aidé par une belle année.

Lorsque j’avais annoncé que j’ouvrirais un Banyuls Magnères Rancio sec vieux 1913, les fils de Gerhard m’ont demandé pourquoi je n’attendais pas d’ouvrir ce vin pour son centenaire. J’ai expliqué que Wolfgang ayant annoncé un vieux porto, je voulais apporter un vin doux ancien qui ne soit pas porto. A l’ouverture, le nez du Banyuls était incroyablement expansif et séduisant, alors que le nez du porto était plus que discret. Le Banyuls est très charmeur, long en bouche et envahissant. Le Porto Fonseca 1963 forme un contraste de même nature que pour les vins blancs secs. Car le porto est solide, charpenté, sérieux, avec une belle fraîcheur. C’est un grand porto alors que le Banyuls est plus folâtre, et soutient bien la comparaison. C’est même lui qui convient mieux au moelleux au chocolat.

Classer les vins est difficile mais je le ferais ainsi : 1 : Château La Conseillante 1966 pour sa plénitude, 2 : Clos des Lambrays 1978 pour son équilibre, 3 : Champagne Salon magnum 1995 pour sa maturité, 4 : Banyuls Magnères Rancio sec vieux 1913 pour son originalité. Par un froid quasi sibérien, à 20° de moins qu’il y a une semaine, nous avons bu des vins de grande qualité.

Dîner au restaurant Grand Baie sur la presqu’île de Giens dimanche, 2 septembre 2012

Dîner au restaurant Grand Baie sur la presqu’île de Giens, avec une vue magnifique sur le tombolo, les marais salants et la langue de terre qui relie Giens au littoral. C’est sans prétention et la langouste est fort bonne. Un Champagne Mumm Cordon Rouge est sans histoire et le Château de l’Aumérade Cuvée Sully Côtes de Provence blanc 2011 est trop jeune et trop brut de forge pour susciter la moindre émotion.

Dîner belote avec un bel amour (de Deutz) dimanche, 2 septembre 2012

Dîner belote chez des amis. Le Champagne Amour de Deutz 2000 est très élégant, racé, de belle facture. Il se boit bien, avec plaisir. Il est suivi d’un Champagne Ruinart magnum sans année qui souffre d’être servi à la suite. Car s’il est agréable, il montre ses limites. Un Château du Glana Saint-Julien 1999 est agréable, mais sans grande imagination. A la belote, les hommes ont gagné mais de peu. Il est des moments où l’on ne veut pas entendre parler de parité.

dîner par un soir de canicule dimanche, 26 août 2012

Des amis viennent dîner par une journée de canicule. Quel que soit le menu, je m’oriente vers le champagne, compte tenu de la température ambiante. Ce sera le Champagne Pierre Péters Cuvée des Chétillons magnum 2002. Il est droit, bien fait et rassurant. Il m’évoque tout ce que j’aime dans les vins de Mesnil-sur-Oger. Il a toutes les caractéristiques pour bien vieillir et il est aujourd’hui porteur de plaisir. Avec des crevettes roses, de grosses gambas et des filets de loups, il est un agréable compagnon. C’est un beau champagne de soif, un peu classique et très plaisant. Le reste de la bouteille, bu un jour plus tard, a perdu beaucoup de sa bulle et révèle le très beau caractère vineux de ce grand champagne.

Salon 1997 magnum le lendemain mercredi, 22 août 2012

J’ai pu vérifier dès le lendemain. Il restait suffisamment du Champagne Salon magnum 1997 pour faire un diagnostic différent de celui de la veille. Un jour de plus a diminué la force de la bulle. Mais instantanément, la grâce et la force vineuse reviennent. Le champagne a repris une forte personnalité et je l’aime. Est-ce à dire qu’il faut boire ce champagne après plusieurs heures d’aération au frais ? L’expérience s’impose.

Un Salon manque son rendez-vous, fait rare mercredi, 22 août 2012

Il n’y a plus d’enfant ou de petits-enfants. Nos partenaires habituels de belote viennent pour jouer et dîner. Le Champagne Dom Pérignon magnum 1998 frappe d’emblée par sa joie de vivre. Il a des fleurs blanches et des fruits roses. Il emplit bien la bouche et son épanouissement me ravit. C’est probablement le meilleur des Dom Pérignon 1998 que j’ai bus. Sa complexité florale est réjouissante. Nous allons constater qu’un champagne n’a pas toujours la réponse à nos attentes. Car le Champagne Salon magnum 1997 que j’ouvre maintenant ne nous parle pas. Il donne l’impression d’être muet. Bien sûr c’est un bon champagne, mais il n’a pas du tout l’inspiration que je souhaitais. Alors, quand on n’a pas ce qu’on attend, on le trouve plat, sans âme. Comme pour les êtres humains, ce champagne était sans doute dans un jour « sans ». Il faudra vérifier cela au plus vite.