Déjeuner au restaurant A.T. du chef Atsushi Tanaka mardi, 15 décembre 2015

Un ami me dit : « tu devrais essayer le restaurant A.T. du chef Atsushi Tanaka ». Je n’éprouve pas le besoin de suivre toutes les idées, mais l’ami est un gastronome et je suis assez intrigué de voir à quel point les cuisiniers japonais envahissent Paris.

Le lieu est petit, la décoration est minimaliste. On dirait que l’on a jeté sur le murs des bâtonnets géants de Mikado. Ce n’est pas laid, mais c’est assez brouillon. Lorsque j’entre, le responsable de salle, Simon Thibaut, me dit : « bonjour M. Audouze ». ça fait plaisir d’être reconnu et de plus cela permet de discuter de façon plus ouverte. La carte des vins est composée de vins nature, mais surtout très jeunes aussi mon choix sera-t-il d’un verre de Champagne brut nature André Beaufort 2010. Le dernier vin que j’ai bu étant un sublime magnum de Veuve Clicquot 1947, il faut une certaine souplesse d’échine pour s’adapter à celui-ci. Je ne le jugerai pas, mais ce n’est pas le sens de mes recherches, surtout du fait de son âge.

Le menu choisi est : poireau et beurre noisette / salsifis et fleurs / bulot et navet / foie gras, poivre long, meringue /camouflage de chinchard, genièvre et persil / rouget, romanesco, coques / bœuf et betteraves / myrtilles, Hinoki / piment de Jamaïque.

Voici quelques impressions au fil du repas : le poireau est trop ferme, la saveur serait plus raffinée sur le cœur tendre du poireau. La recherche de saveur est raffinée. Le salsifis est croquant, de belle mâche, c’est agréable. Le fait que l’on mange avec les doigts ces deux entrées alors qu’il y a des crèmes ne me plait pas trop. Les bulots sont très fermes. L’association avec les navets est pertinente, la sauce n’apporte rien. L’approche du plat de foie gras est très originale et commence par un camouflage. Les lamelles de meringues sont comme de la porcelaine brisée et recouvrent le foie. Le foie est bon, mais trop suapoudré de poivre. La meringue est délicieuse et suffisamment légère pour ne pas étouffer le foie.

Le camouflage du chinchard est très original, comme si le poisson était placé sous des morceaux de carton déchirés, noyés sous une neige. On entre enfin dans un plat à la fois goûteux et talentueux. Ce sera le plus beau plat du repas. Le rouget manque un peu d’âme. Je l’aurais aimé plus vibrant. Le bœuf est superbement goûteux, de bonne mâche et la betterave s’accorde bien.

La présentation du dessert est graphiquement assez phénoménale. Le chef est un artiste graphique. Tous les tons du dessert sont de gris clair. Le plat est bon, mais on constate une dominante dans cette cuisine : elle est graphique, avec talent et elle est plus intellectuelle que goûteuse.

Je me garderais bien de considérer mon jugement comme définitif, car un restaurant ne se juge pas en une fois. Mais il manque à cette cuisine de la gourmandise, notamment pour les sauces, qui ne relèvent pas l’excitation du plat. Le chef n’était pas là, ce qui ne m’a pas permis de faire sa connaissance. Il y a dans la cuisine exécutée par des chefs japonais une recherche d’élégance qui mérite d’être signalée.

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196ème dîner de wine-dinners à l’Hôtel du Marc de Veuve Clicquot lundi, 14 décembre 2015

Le 196ème dîner de wine-dinners se tient à l’hôtel du Marc, demeure de réception de la maison de champagne Veuve Clicquot Ponsardin, au centre de Reims. La raison du choix de ce lieu est que je vais ouvrir l’une des bouteilles de la mer Baltique que j’ai acquises lors d’une vente aux enchères en 2012, bouteille trouvée par 48 mètres de profondeur en 2010 et datée d’avant 1840.

Les bouteilles du dîner ont été livrées il y a trois semaines lorsque je suis venu à l’hôtel du Marc pour mettre au point le menu du dîner avec le chef Christophe Pannetier.

J’arrive en début d’après-midi à l’hôtel du Marc pour accueillir les premiers invités. Notre table sera cosmopolite puisqu’il y aura deux américaines, de Boston et de Miami, deux américains, de San Diego et de la Napa Valley, un lituanien, une finlandaise, un japonais et quatre français dont un cadre de direction de la division Moët Hennessy du groupe LVMH et nôtre hôte, Dominique Demarville, chef de cave de Veuve Clicquot. Nous aurions pu compter aussi un anglais et un mauricien qui furent empêchés au dernier moment. Les activités des uns et des autres sont extrêmement diverses, le corps médical ayant trois représentants, la restauration ou l’hôtellerie deux, une Master of Wine, un journaliste, un homme d’affaires, etc.

Nous prenons possession de nos chambres, nous prenons un café dans le salon de réception de l’hôtel du Marc, des photographes arrivent, et lorsque Dominique Demarville nous rejoint, nous descendons tous en cave pour assister à l’importante opération qui est l’ouverture des vins. Avec Dominique nous déterminons combien de temps à l’avance il faudra ouvrir les champagnes.

Nicolas le sympathique et efficace sommelier a disposé en cave les bouteilles sur une table de telle façon que nous puissions tous prendre des photos des vins. Dominique Demarville se souvient qu’il y a trois semaines il avait été décidé d’ajouter au programme un magnum sans étiquette et sans signe distinctif sauf une poussière qui indique un âge avancé. En pleine discussion sur les heures d’ouverture Dominique touche le bouchon de cette bouteille qui lui reste dans la main. Il n’y aura donc aucun dilemme pour l’heure d’ouverture de celle-ci. Dominique la sent et déclare la bouteille morte. Je la sens aussi et j’exprime un espoir car le parfum est délicat. On me propose de goûter un peu de ce liquide rouge foncé et force est de constater que c’est du vinaigre. On lui laissera quand même une chance de se reconstituer pour le dîner et Dominique pense déjà à ce qu’il pourrait ajouter au dîner alors qu’il y a beaucoup de vins. Pour la bouteille de la Baltique, je recommande une ouverture au dernier moment car elle avait été rebouchée lors de sa sortie de l’eau en 2010 avec un bouchon neuf. J’ai peur d’un évanouissement si on ouvre trop longtemps en avance. Dominique approuve ce choix.

Il est temps d’ouvrir les autres vins. Ce qui est particulièrement gratifiant pour moi, c’est que les parfums de tous les vins que j’ai apportés sont magnifiques, les plus beaux étant ceux du Château Chalon 1921, de l’Yquem 1911 et du Clos de la Roche 1990. Le parfum de La Tâche 1990 est un peu discret mais pur. Certains bouchons ont résisté, certains se sont brisés en menus morceaux, mais tous sont sortis sans la moindre chute de copeaux dans la bouteille.

L’ambiance en cave est celle de passionnés qui sont avides de savoir comment se comporteront les vins. Nous allons nous changer car à 18 heures commencera la présentation du dîner. En attendant ceux qui s’habillent, Nicolas nous verse un Champagne Veuve Clicquot Carte Jaune base 2009 qui est particulièrement agréable à boire, vif, fait de citron et de miel. C’est une belle mise en bouche.

Nous sommes maintenant dans le grand bar à la décoration très avant-gardiste. deux écrans posés sur deux murs opposés permettent de suivre la présentation de mes dîners, quelques statistiques sur ce que j’ai bu et la présentation du dîner de ce soir. Après cette introduction chacun se présente et Fabienne Moreau, l’historienne de Veuve Clicquot Ponsardin présente deux petits films sur la découverte des vins du bateau échoué en mer Baltique ainsi que les moyens pour dater le champagne que nous allons boire. Avec des gants blancs elle découvre devant nous une archive du temps de madame veuve Clicquot qui montre que le miroir du bouchon (la face inférieure qui est au contact du vin) de la bouteille trouvée dans la Baltique est le même que celui des archives qui concernent la mise en bouteilles en 1841. Ces précisions historiques avec les documents d’origine nous passionnent.

Pendant tous ces échanges, nous buvons un Champagne Veuve Clicquot Ponsardin La Grande Dame Jéroboam 1990. Le nez de ce vin est explosif. Une bombe de fragrances. En bouche le champagne est incroyablement tonique. Ça pulse ! Il est riche, intense profond, conquérant. C’est un champagne qui saura vieillir et l’on peut penser que malgré ses 25 ans, on le boit trop jeune. C’est sans doute l’effet du jéroboam. Tout en étant puissant il est facile à vivre et nous y revenons avec plaisir. On nous apporte du jambon Pata Negra, des gougères au parmesan, des toasts au foie gras et c’est surtout avec des tartines à la truffe que le champagne prend son envol et montre à quel point il peut être brillant.

Le menu mis au point par le chef Christophe Pannetier est : Tiradito de Saint-Jacques au caviar de Sologne / Grosse langoustine saisie à la plancha, écume de mer / Homard bleu laqué aux sucs de carapaces / Pigeonneau de Racan, salsifis fondants / Noisettes de biche aux trompettes de la mort, pommes purée / Truffe en croûte briochée / Mangue dorée à la fleur de thé et fruits du mendiant.

Le Champagne Veuve Clicquot Ponsardin Vintage magnum 1955 montre exactement ce que pourrait être la Grande Dame 1990 que nous venons de boire. Car tout en ce champagne est coordonné. Il a atteint une forme d’équilibre qui fait qu’il n’a pas d’âge tant il est cohérent. Il se marie à merveille avec le sucré de la coquille Saint-Jacques et le salé de l’excellent caviar. Alors que le chef a magnifiquement épuré sa cuisine, j’aurais volontiers enlevé le trait de jus de citron qui a un peu bridé le sucré, sans nuire vraiment à l’accord. La sérénité du champagne est enthousiasmante.

Le Montrachet Domaine des Comtes Lafon 2001 est l’opulence même. Ce vin est glorieux, à un niveau de perfection incroyable. Il est riche, il est grand, on ne sent même pas qu’il est jeune car il a apprivoisé sa jeunesse. La langoustine est superbe et forme un accord de rêve car la sauce intense provoque et titille le vin. C’est un grand moment de gastronomie.

Le homard accompagne deux vins rouges et je vois l’étonnement de beaucoup devant un accord qui paraît improbable et osé et qui se révèle, une fois qu’on l’a essayé, d’une totale évidence.

Le Château Margaux 1er Grand Cru Classé 1947 est d’une richesse extrême. Ce vin, on dirait du plomb ou de la truffe. Il est riche et noble en même temps. A côté de lui, le Château Latour 1er Grand Cru Classé 1947 à la couleur plus claire, fait plus romantique. Alors qu’on dit souvent que Château Margaux est féminin, dans ce couple de deux 1947, c’est le Margaux qui est le mâle dominant. Les deux vins sont parfaits, déclinant de très belles complexités, le Margaux vers la truffe et le Latour vers des fruits rouges. Le corps du homard se marie avec le Margaux et les pinces avec le Latour. C’est la sauce renforcée aux carapaces pilées qui parachève l’accord avec les deux vins.

Le pigeon est une merveille de force et de douceur. Le Clos de la Roche Domaine Armand Rousseau 1990 est tellement extraordinaire que je m’écrie : « le couple pigeon et Clos de la Roche est orgasmique ». Car il y a une séduction dans le vin qui est poussée au-delà de l’imaginable. Le vin est suave, envoûtant, mais il est aussi pleinement bourguignon avec une jolie râpe. Je vis un moment d’extase avec un vin au charme infini.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1990 avait un nez un peu fermé à l’ouverture. Le nez est beau maintenant mais le vin ne se délivre pas vraiment. Il a tout ce qui fait de lui un vin de légende, mais comme le bernard-l’hermite, il se cache dans sa coquille. Certains convives adorent ce vin. J’en ai bu d’autres de ce millésime beaucoup plus expansifs. L’accord avec la biche est pertinent, le chef nous gratifiant d’une cuisine exemplaire.

J’avais choisi de mettre ensemble sur la truffe le vin de la Baltique et le Château Chalon Maison Jean Bourdy 1921. Ce vin qui avait un parfum éblouissant à l’ouverture l’est tout autant en bouche. C’est vin jaune triomphant, magique, royal. Sa complexité trouve un écho dans la truffe.

J’ouvre maintenant le Champagne Veuve Clicquot Ponsardin # 1840 et je ne peux pas masquer ma grimace. Une épouvantable odeur d’étable envahit mes narines. Cette odeur tenace accompagnera notre dégustation au point qu’à un moment je demande qu’on change nos verres pour des verres évasés, pour que l’odeur soit moins concentrée, lorsqu’on approche ses lèvres du verre. Ai-je eu tort d’ouvrir le vin aussi tard ? Non, car l’odeur sera encore présente le lendemain matin dans le reste de la bouteille et sur le bouchon. Si l’on fait abstraction de ce handicap, le vin en bouche est sucré, riche, avec beaucoup de complexité et une grande persistance aromatique. La sucrosité très présente est élégante. J’avais acheté cette bouteille sur la foi des affirmations d’un grand expert mondial du champagne qui avait goûté les vins au moment de leur rebouchage. L’odeur si intense était-elle présente au moment du rebouchage ? Je ne me prononcerai pas mais je suis déçu que le champagne ne corresponde pas aujourd’hui à la description qui en avait été faite il y a trois ans. Autour de moi, on est peut-être un peu moins sensible à l’odeur insistante et on se préoccupe plus du vin, dont la douceur est belle, la complexité s’ouvrant sur une belle longueur qui pourrait être raffinée. D’ailleurs, deux convives classeront ce vin comme premier dans leurs votes.

Dominique Demarville avait fait monter le « vinaigre » inconnu. Je goûte à nouveau ce qui pourrait être un Bouzy rouge Veuve Clicquot Ponsardin années 1930. L’impression est beaucoup moins désagréable mais c’est encore un vinaigre qui ne justifie pas qu’on insiste.

Dominique Demarville avait pensé remplacer le Bouzy par une autre bouteille. C’est un Champagne Veuve Clicquot Ponsardin Rosé magnum 1937 qui apparaît maintenant. Il est un peu abîmé par le temps, mais de façon sympathique. Il y a énormément de dépôt très noir, le rose est gris, mais le goût me plait car il y a encore une belle fraîcheur. On peut considérer que c’est un beau cadeau, car c’est une bouteille rare.

Après ces émotions, le Château d’Yquem 1911 est un soleil radieux. Ce vin illumine nos visages. Il est porteur de bonheur. Le nez est riche d’agrumes subtils, pénétrants. En bouche on sent que le vin a mangé un peu de son sucre mais il reste suffisamment de doucereux. C’est sa complexité qui est époustouflante ainsi qu’une longueur qui n’en finit pas. Le dessert est un peu trop sucré mais les ingrédients sont pertinents pour accompagner cet Yquem glorieux, un des tout grands dans l’histoire d’Yquem.

Nous passons au salon pour nous raconter encore et sans fin nos émotions de ce dîner. Le Champagne Veuve Clicquot Ponsardin Cave Privée rosé 1979 est le champagne idéal pour une fin de soirée. Il a du charme, une extrême vivacité, il est comme le gendre idéal.

Mais Dominique Demarville n’a pas dit son dernier mot. Il veut encore nous faire plaisir et va chercher en cave un Champagne Veuve Clicquot Ponsardin Vintage magnum 1947. Quel dommage que nous ayons déjà voté pendant que nous buvions le rosé, car tout le monde s’accorde à dire que ce dernier champagne devrait être le numéro un sur nos votes. Le nez du champagne est la perfection absolue. Il est difficile de concevoir qu’un parfum de champagne puisse être plus grand et en bouche ce vin est un accomplissement. Je serais bien en peine de le décrire tant il est la synthèse de ce qu’un champagne pourrait être. C’est un régal absolu à l’équilibre indestructible.

Des propos qui s’échangent, je comprends que tout le monde est ravi et que la contreperformance du vin de la Baltique est oubliée.

Nous sommes onze à voter pour nos quatre vins préférés au sein de douze vins puisque le dernier champagne de 1947 a été servi après nos votes. Six vins ont eu l’honneur d’être nommés premier dont le Clos de la Roche 1990 trois fois, le Château Margaux 1947, l’Yquem 1911 deux fois ainsi que le Veuve Clicquot 1840 aussi deux fois, deux convives étant plus sensibles au témoignage historique et au goût complexe perçu, et Latour 1947 et La Tâche 1990 nommés chacun une fois premier.

Le vote du consensus serait : (Champagne Veuve Clicquot Ponsardin Vintage magnum 1947 hors vote et hors catégorie), 1 – Château Margaux 1er Grand Cru Classé 1947, 2 – Château d’Yquem 1911, 3 – La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1990, 4 – Clos de la Roche Domaine Armand Rousseau 1990, 5 – Montrachet Domaine des Comtes Lafon 2001.

Mon vote est : (Champagne Veuve Clicquot Ponsardin Vintage magnum 1947 hors vote et hors catégorie), 1 – Clos de la Roche Domaine Armand Rousseau 1990, 2 – Château d’Yquem 1911, 3 – Château Chalon Maison Jean Bourdy 1921, 4 – Montrachet Domaine des Comtes Lafon 2001.

Que retenir de ce dîner ? Les convives s’étaient inscrits en grande partie pour le vin de la Baltique. Le dîner aurait pu être assombri par le défaut du vin. Il n’en fut rien. Car la générosité de Veuve Clicquot, via Dominique Demarville, l’exceptionnelle performance des autres vins et le talent magique du chef qui a réalisé des accords qui sont parmi les plus beaux que nous ayons eus dans ces dîners, ont contribué à faire de ce 196ème dîner un événement inoubliable.

En rédigeant ce compte-rendu, ces moments de grâce absolue chantent dans ma tête. Ce dîner sera un très grand souvenir.

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au bar de l’hôtel du Marc, on peut jouer au baby-foot

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dans ma chambre, une impertinente jeune femme me fait des grimaces et s’installe sur mon lit !

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les vins

Champagne Veuve Clicquot Ponsardin La Grande Dame Jéroboam 1990

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Champagne Veuve Clicquot Ponsardin Vintage magnum 1955

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Montrachet Domaine des Comtes Lafon 2001

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Château Margaux 1er Grand Cru Classé 1947

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Château Latour 1er Grand Cru Classé 1947

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Clos de la Roche Domaine Armand Rousseau 1990

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La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1990

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Château Chalon Maison Jean Bourdy 1921

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Champagne Veuve Clicquot Ponsardin circa 1840 found in 2010 in the Baltic sea

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Bouzy rouge Veuve Clicquot Ponsardin années 1930 que tient Dominique Demarville. On note le bouchon rongé par un parasite

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Champagne Veuve Clicquot Ponsardin Rosé magnum 1937

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Château d’Yquem 1911

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Champagne Veuve Clicquot Ponsardin Cave Privée rosé 1979

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Champagne Veuve Clicquot Ponsardin Vintage magnum 1947

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Les photos prises en cave. Les convives sont heureux de photographier

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on a rapproché pour des photos la bouteille de 1840 du dîner et celle qui appartient à Veuve Clicquot (celle qui sera bue est à gauche sur la première photo et à droite sur la deuxième : elle touche la bouteille de Château Chalon)

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pour le plaisir, les bouteilles sont présentées sur des caisses d’archives. Les deux bouteilles de la Baltique sont proches de caisses de 1834 et de 1844, se situant en date entre les deux

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les archives ayant permis de dater les bouteilles

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Nous entrons dans la salle à manger

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menu VCP 151214 196è WD 001 (2) menu VCP 151214 196è WD 001

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photos de fin de repas

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Les votes

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lendemain petit déjeuner frugal (on ne voit pas tout !)

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les bouteilles vides rassemblées :

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Malchance et chance déjeuner de famille dimanche, 13 décembre 2015

Du jamais vu ! Au déjeuner de famille j’ouvre un Champagne Dom Pérignon 1996. Il est bouchonné. L’odeur de bouchon progresse et devient entêtante. En bouche, le goût de bouchon va osciller, devenant plus ou moins présent, avec parfois des lueurs de pureté, mais il est inutile de persévérer.

Je vais chercher en cave un Champagne Pommery Brut 1990. Et là, stupeur, le champagne est aussi bouchonné. Alors que les bouteilles bouchonnées sont très rares parmi toutes celles que j’ouvre, deux bouchonnées coup sur coup, c’est du jamais vu. Les deux bouteilles étaient au frais au même endroit mais seulement depuis peu et n’avaient pas été rangées précédemment dans les mêmes zones de cave. Il ne peut pas y avoir une cause commune à ce goût de bouchon. C’est donc le fruit du hasard.

Alors, la bouteille qui doit être le clou de ce repas sera-t-elle marquée par la même malchance ? Lorsque j’ai ouvert la bouteille du Châteauneuf-du-Pape La Bernardine Chapoutier 1949, le nez montrait une petite acidité sous-jacente. Au service, elle a disparu et le parfum est royal, opulent et riche. En bouche ce n’est que du bonheur. Le vin emplit la bouche de façon gourmande. On a l’impression de croquer de gros grains de raisins bien rouges. La mâche est large, le vin a une belle râpe de vin rhodanien, et tout en lui est solaire. On sait que l’on boit un vin qui a de l’âge, puisque les saveurs sont un peu fumées ou léchées de tisanes, mais le vin, par sa force de caractère n’est en aucun cas un vin vieux. Il n’est que de plaisir. Ce vin est vraiment émouvant car il représente une forme joliment évoluée d’un vin rhodanien plus que d’un Châteauneuf-du-Pape.

Pour l’apéritif nous avions une quiche lorraine qui devait convenir aux champagnes. La pintade à la purée de pomme de terre est parfaite avec le vin de Chapoutier qui confirme que dans le Rhône 1949 est une grande année, hélas plus difficile à trouver que dans d’autres régions.

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Dîner de famille au champagne vendredi, 11 décembre 2015

Lorsque mon fils vient de Miami, c’est un rituel pour le premier soir où il est fatigué par le voyage : jambon Pata Negra, foie gras et fromages, pour qu’il se sente en famille et un peu Frenchie. Cela me permet d’ouvrir des champagnes.

Le Champagne Mumm Cuvée Renée Lalou 1976 est un divin plaisir. Tout en ce champagne est suggéré. Il est d’une subtilité rare, avec des petits fruits roses, des fleurs printanières, et surtout un discours courtois. Il joue sur le registre du Dom Pérignon 1975 que j’ai bu hier, avec un peu moins de force pénétrante, mais au moins autant de charme. C’est un plaisir ravissant. Le champagne est plus à l’aise avec le foie gras qu’avec le jambon fort goûteux et gras. Il prend de l’assurance sur un brie de Meaux truffé, grâce à la truffe qui lui convient bien. Il s’accorde aussi à un excellent camembert.

Comme il fait soif, j’ouvre un Champagne Delamotte Blanc de Blancs Collection 1985 et ce n’est vraiment pas un cadeau à lui faire. Si l’ordre des champagnes avait été inversé, le blanc de blancs se serait exprimé avec sa force de conviction et nous nous serions laissés aller ensuite au romantisme du Mumm. Mais là, ce discours un peu brutal arrive au mauvais moment car le Delamotte est un peu trop rigide après les sonnets galants du Mumm. Tant pis, il faudra revenir au Delamotte en le présentant comme il convient.

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195ème dîner de wine-dinners au restaurant Pages jeudi, 10 décembre 2015

Le 195ème dîner de wine-dinners se tient au restaurant Pages. J’y ai organisé beaucoup de dîners privés, et c’est le premier dîner de wine-dinners en ce lieu que j’apprécie pour la cuisine élégante du chef Teshi. Nous nous sommes rencontrés il y a une semaine pour mettre au point le menu et l’adaptation des recettes aux vins.

La première surprise à l’ouverture des vins à 16 heures, c’est le Château Olivier 1953. Je l’ai considéré comme un vin blanc, car sa capsule jaune d’or m’y incite mais vu à travers le verre blanc de la bouteille le vin paraît rosé ou bien un vin rouge qui serait légèrement dépigmenté. A l’ouverture le nez du vin indique un vin blanc évolué que certains diraient madérisé. Vincent, le directeur du bistrot 116, le restaurant qui jouxte Pages, qui le sent avec moi, dit qu’en fait c’est un vin différent. Et je pense déjà qu’il s’accordera avec l’ormeau que le chef Teshi prépare divinement. Il est à noter que le bouchon de l’Olivier, d’une porosité invraisemblable doit être extirpé au bilame, tant il colle à la paroi. Sa médiocre qualité n’a pas empêché que le niveau soit dans le goulot, ce qui est remarquable pour un vin de 62 ans !

Les autres vins ne posent aucun problème et la grande inconnue est celle du Filhot 1891. Comment va se présenter ce vin de 124 ans, dont la couleur à travers le verre blanc est d’un glorieux acajou clair ? Le niveau est à deux millimètres sous la base du goulot, ce qui est incroyable pour un vin au bouchon d’origine. Le bouchon sort bien, le beau liège sent bon. Le parfum immédiat du vin est parfait. Ce parfum est un concentré de grâce avec des fruits d’une délicatesse extrême. On peut tout y trouver, pomme, groseille, coing, et beaucoup d’autres senteurs exotiques mais aussi de la rose. Ce qui est fascinant, c’est que cette odeur est éternelle. Il est impossible de dire que ce vin a la moindre fatigue. C’est la magie du vin et j’y vois la confirmation de ce que j’affirme sans cesse : le vin est éternel s’il n’est pas confronté aux défauts du bouchon.

Je fais sentir ce 1891 à toute l’équipe de cuisine, y compris le chef pâtissier pour que l’on adoucisse la pomme prévue, afin que le Filhot puisse briller dans sa délicatesse.

Il est 17 heures, j’ai trois heures devant moi, aussi vais-je au bistrot 116 pendant que notre table se dresse au restaurant Pages. On me propose une bière japonaise avec des fèves japonaises edamame. Ce sont des cosses qui ont deux ou trois fèves, saupoudrées de sel. On croque la cosse pour extraire avec ses dents les fèves et on ne mange pas la cosse. On ne mange que les fèves et le sel. Inutile de dire que rapidement on demande une autre bière. Vincent me dit que ces fèves sont un multiplicateur de son chiffre d’affaires.

Ce soir nous devions être dix ou onze, la table ayant été organisée par un homme de la finance pour ses clients. Des défections de dernière minute portent le chiffre à huit, alors que toutes les bouteilles ont été ouvertes.

L’apéritif se prend avec le Champagne Dom Ruinart magnum 1998. C’est un champagne confortable qui profite bien du format magnum, qui lui donne une belle ampleur. Agréable et consensuel, ce champagne gagnerait à être un peu plus canaille.

Le menu du chef Ryuji Teshima dit Teshi est ainsi composé : Saint Jacques et caviar de Sologne / Ormeau et truffes Noires du Périgord / Tourte de langoustine / Pigeon, Feijoa / Bœuf de Galice 85 jours, Simmenthal 30 jours de maturation, bœuf Ozaki poêlé sur la fonte et sur le Bincho / Stilton / Tarte aux pommes à la bergamote.

Le Champagne Dom Pérignon 1975 transforme les visages de mes convives. Nul n’attendait un champagne de quarante ans à ce niveau de charme et de séduction. Car il est sacrément séducteur le bougre ! Le champagne est floral, avec de belles fleurs blanches et roses, mais il est aussi pénétrant, avec une longueur quasi infinie, faite de beaux fruits d’été et une vinosité vive. Avec la coquille crue au goût sucré, le champagne est picoté mais c’est surtout avec le caviar mêlé à la coquille que l’accord devient transcendantal.

Le Château Olivier Grand Cru Classé de Graves blanc 1953 ne correspond à aucun repère. Il n’est pas madérisé, il serait plutôt fumé comme une infusion. Ses saveurs sont charmantes déroutantes et avec la belle mâche de l’ormeau, l’accord se trouve merveilleusement bien. On est sur des infusions végétales et vineuses, sans acidité sensible. J’adore cet accord et la truffe n’apporte pas grand-chose au vin. C’est la douceur ferme de l’ormeau qui le fait briller.

La tourte de langoustine est originale, avec une sauce faite avec les carapaces pilées, un peu comme une sauce Nantua légère. Deux vins l’accompagnent. Le Pavillon Blanc de Château Margaux 1979 est d’un équilibre extrême. Nul ne pourrait lui donner d’âge. Sa couleur est d’un jaune citron mâtiné de jaune d’or, le nez est franc et direct et le goût est d’une grande plénitude, joliment citronné mais aussi blés d’or. Il est joyeux, et si l’on devait lui faire un reproche, c’est qu’il est trop « bon élève », celui qui récite bien ses leçons. On en ferait volontiers son ordinaire mais à côté de lui l’Hermitage Jean-Louis Chave blanc 1986 est majestueux. Les trompettes de la renommée devraient chanter sa gloire car il est d’un accomplissement total. Il a la puissance, la longueur, l’équilibre et la complexité d’un grand vin. Il y ajoute une vibration extrême. Il emplit la bouche d’un liquide qui virevolte. Il y a la fluidité d’un cours d’eau de montagne, des allusions végétales, des vibrations de litchi. C’est surtout la sauce qui crée avec l’Hermitage un accord fusionnel majeur. Je suis conquis.

Le pigeon est un bijou de finesse et de tendreté qui convient parfaitement aux deux bordeaux délicats. Le Château Haut Brion 1er Grand Cru Classé de Graves 1967 est d’un équilibre rare. Il est courtois, racé, et montre qu’il est grand. Il est tout velours et truffe.

Le Château Latour 1er Grand Cru Classé Pauillac 1956 est manifestement un grand vin mais a moins d’équilibre que le Haut-Brion. Il y a aussi une petite acidité qui gêne le plaisir. Les deux vins sont grandement avantagés par la chair fine et gourmande du pigeon.

Les trois bœufs en dés de belle taille sont accompagnés de deux bourgognes dont les nez sont tout en douceur. C’est la grâce et la séduction. L’Aloxe-Corton Louis Latour 1955 est magnifique de générosité, d’aplomb et de subtilité. Ce vin n’a pas d’âge alors qu’il a soixante ans. Son équilibre et sa sérénité sont rares.

Comme pour les deux bordeaux le Château de Pommard Laplanche propriétaire 1962 est marqué par une acidité excessive, malgré un message délicat. C’est un beau bourgogne, féminin, mais la petite trace acide me gêne. Encore une fois la viande supporte bien les deux vins.

Alors que le Château Filhot Sauternes 1976 a 39 ans, l’âge du chef, je le perçois comme un gamin. Il a une belle puissance riche, goûteuse de fruits exotiques. Avec le stilton, l’accord n’est que du bonheur.

Vient maintenant le clou du dîner. J’avais été impressionné à l’ouverture par le parfum élégant du Château Filhot Sauternes 1891. Ce parfum est toujours aussi délicat. Mais la grosse surprise est que le vin a mangé son sucre au point de paraître très sec. Or le parfum ne l’indiquait pas. Derrière la sécheresse, l’élégance et la subtilité sont là. On retrouve des fruits oranges et bruns mais comme en infusion. La longueur est belle et la tarte aux pommes se marie bien. Boire ce vin de 124 ans demande du recueillement, car il y a des complexités qu’il faut aller découvrir, de rose, de tabac, d’un soupçon de miel et de légers zestes. La magnifique couleur du vin est un régal. C’est un souvenir que garderont longtemps les convives.

Nous sommes huit à voter pour nos quatre préférés parmi les onze vins. Neuf vins ont figuré dans au moins un vote et il y a une certaine logique à l’oubli de deux vins. Ce sont les plus classiques et ceux qui ressemblent le plus à ce que l’on a l’habitude de boire, le Dom Ruinart 1998 et le Pavillon blanc de Château Margaux 1979. Ce n’est donc pas une sanction de leur valeur mais le fait qu’ils font moins voyager vers des saveurs inconnues.

Quatre vins ont été nommés premiers, le Dom Pérignon quatre fois premier, l’Hermitage Chave deux fois et le Haut-Brion et le Filhot 1891 une fois chacun. Le Dom Pérignon a figuré dans les huit votes et le Filhot 1891 dans six votes.

Le classement du consensus serait : 1 – Champagne Dom Pérignon 1975, 2 – Château Filhot Sauternes 1891, 3 – Hermitage Jean-Louis Chave blanc 1986, 4 – Aloxe-Corton Louis Latour 1955, 5 – Château Haut Brion 1er Grand Cru Classé de Graves 1967.

Mon classement est : 1 – Hermitage Jean-Louis Chave blanc 1986, 2 – Champagne Dom Pérignon 1975, 3 – Château Filhot Sauternes 1891, 4 – Aloxe-Corton Louis Latour 1955.

L’exercice qu’a accompli le chef Teshi mérite les applaudissements. Il a abandonné pour un soir le style de sa cuisine habituelle pour se concentrer sur le produit de base du plat en épurant tous les à-côtés qui sont pourtant d’une rare cohérence dans ses menus. L’accord de la sauce de la tourte de langoustine avec l’Hermitage blanc 1986, l’accord de l’ormeau avec le Château Olivier 1953, l’accord du pigeon avec le Haut-Brion 1967 sont les trois plus beaux accords, suivis par le Dom Pérignon 1975 avec Saint-Jacques et caviar.

Dans une atmosphère joyeuse, nous avons passé une excellente soirée épicée par un Filhot 1891 très émouvant.

Champagne Dom Ruinart magnum 1998

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Champagne Dom Pérignon 1975

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Château Olivier Grand Cru Classé de Graves blanc 1953

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Pavillon Blanc de Château Margaux 1979

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Hermitage Jean-Louis Chave blanc 1986

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Château Haut Brion 1er Grand Cru Classé de Graves 1967

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Château Latour 1er Grand Cru Classé Pauillac 1956

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Aloxe-Corton Louis Latour 1955

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Château de Pommard Laplanche propriétaire 1962

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Château Filhot Sauternes 1976

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Château Filhot Sauternes 1891

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le vin entre le château Olivier et l’Hermitage n’a pas été inclus et n’était pas au programme. Il a été remplace par le Pavillon Blanc de Château Margaux 1979 non présent sur la photo de groupe.

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photos des plats. j’ai photographié les trois bœufs alors que j’avais mangé plus de la moitié du plat !

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Départ de Philippe Bourguignon du restaurant Laurent mardi, 8 décembre 2015

Son sourire est si jeune que l’on ressent comme une absurdité d’évoquer son départ à la retraite. Or ce sera le cas au 1/1/2016. Ses immenses qualités seront à juste titre louées. Il me suffira de dire qu’il n’existe aucun autre restaurant où je me trouve aussi bien, comme en famille, qu’au restaurant Laurent. J’y ai fait de nombreux repas familiaux, fêté des anniversaires dans les beaux salons du premier étage, fait de nombreux repas professionnels, participé aux dîners de l’académie du vin de France, organisé des dîners de grands vins et des dîners de vignerons. Avec Philippe, il n’existe aucun problème qui n’ait sa solution. Tout se passe sans heurt et dans la bonne humeur, avec efficacité.

Edmond Ehrlich avait une autorité de fer qui se sentait. Philippe Bourguignon met tout le monde à l’aise en toute circonstance. Au fil du temps, malgré la réserve que lui impose sa fonction, une complicité est née.

Philippe aura marqué l’histoire du Laurent et il n’est pas mauvais de resituer ce qu’a été le Laurent depuis la création en 1842 du Café du Cirque. Voici ce que j’ai trouvé :

Le restaurant Laurent à Paris

Le restaurant a été construit sur l’emplacement d’un bâtiment plus ancien, pavillon de chasse de Louis XIV ou guinguette de la Révolution. Lors de récents travaux, on a retrouvé dans la partie Est du Laurent les restes d’un mur en colombage et torchis qui démontrent l’existence d’une construction antérieure à 1842, date à laquelle l’architecte Jacques-Ignace Hittorff a construit la partie centrale et rectangulaire de l’édifice actuel.

Jacques-Ignace Hittorff, d’origine allemande, est né en 1792 à Cologne. Il sera l’élève de Charles Percier, architecte de Napoléon 1er et promoteur du style Empire. Tout ce qui est grec, égyptien et romain passionne Hittorff. Il part étudier en Sicile et sera le premier à démontrer que les temples grecs étaient polychromes. En 1840, Louis-Philippe lui demande un projet pour la transformation de la place de la Concorde et la création d’une voie triomphale jusqu’à l’Etoile. « C’est à Hittorff que revient le soin de faire de ce vaste espace encore agreste une sorte de parc d’attractions destiné aux amusements populaires et contenant d’un côté de nombreux restaurants en plein air, une rotonde de panorama et un cirque », écrivent Karl Heimer et Albert-Roulhac dans la revue « Bâtir » de 1970. Le cirque d’été sera construit par Hittorff en 1841 et démoli en 1899. Il en reste un grand bac à sable où jouent les enfants, à deux pas du Laurent. Le panorama sera construit en 1883, par Charles Garnier de l’Opéra, transformé en théâtre en rond en 1894 et deviendra en 1925, le théâtre Marigny.

En 1842, l’année où il est naturalisé français, Hittorff construit donc un café, le Café du Cirque. Partisan des techniques modernes, il élève un bâtiment en charpente métallique et en brique, tout en conservant ce qu’il peut de l’ancienne construction en bois et en torchis. Pilastres, colonnes, chapiteaux de style antique, habillent les façades et l’intérieur du bâtiment. Fidèle à la polychromie, Hittorff fait peindre le tout : « la peinture distribuée sur un monument en fait ressortir les formes et en valorise les détails », écrit-il.

Le Café du Cirque ouvre en 1842 sous la direction de Monsieur Guillemin. En 1845, Victor Bouton, dans son livre « La Table de Paris », raconte la promenade d’un friand à travers les rues de la capitale.

« Le Café du Cirque nous ouvrit sa table (…) Notre dîner fut beau (…) Nous manifestâmes à Monsieur Guillemin notre gratitude pour la tenue de sa maison et la beauté de son service (…) Pas d’utopie s’il vous plaît. Ici l’on mange ami, mais pour son argent ! ». Le moins qu’on puisse dire, c’est que, dès son ouverture, le futur Laurent n’était pas donné et que le bon peuple ne devait pas y venir tous les jours. L’endroit était plutôt réservé à la belle Caroline Otéro, vedette du cirque voisin et à ses nombreux admirateurs.

Devenu le Café de Guillemin, l’établissement est repris en 1845 par Monsieur Renaud, qui le cède en 1860 à un certain Monsieur Laurent. Pourquoi ce Laurent va-t-il laisser son nom à la postérité en le donnant pour toujours au restaurant qu’il dirige ? Mystère. Dix-neuf ans plus tard, Monsieur Besse reprend ce qui est donc pour toujours le restaurant Laurent et, en 1906, il le cède à Monsieur Cage. Celui-ci entreprend de rénover, d’embellir et d’agrandir le Laurent. C’est lui qui va lui donner son aspect actuel : deux ailes en demi-rotonde sont ajoutées aux extrémités du bâtiment de Hittorff. Construites en charpente métallique, elles sont entièrement vitrées.

L’entrée est couverte d’un auvent entouré de grilles et d’une haie de buisson. Le bâtiment restera dans cet état jusqu’en 1957.

Monsieur Forray succède à Monsieur Cage en 1913 et en 1926 Monsieur Sécheresse en prend la direction. En 1939, Laurent ferme pour dix ans. En 1949, Monsieur Bos reprend la concession de la ville de Paris, et rénove le bâtiment abandonné. Trois grandes portes vitrées agrandissent l’entrée sur le jardin, les petits salons du premier étage, si chers aux restaurants du XIXème siècle mais inadaptés à l’époque actuelle, disparaissent et font place à une grande salle. Des terrasses sont aménagées au-dessus des demi-rotondes du rez-de-chaussée. Pendant l’été, couvertes d’une toile qui en épouse la forme, elles donneront au Laurent un inimitable parfum de Côte d’Azur en plein Paris.

En 1976, Monsieur Edmond Ehrlich, nommé Directeur Général par le financier franco-britannique, Sir James Goldsmith, supervisera d’importants travaux. A l’occasion du nouveau millénaire, une fois encore le Laurent fait peau neuve : ravalement de la façade, décoration intérieure et nouvelle conception des cuisines. Monsieur Ehrlich assure la direction jusqu’à la fin 2001 et, début 2002, est remplacé par Monsieur Philippe Bourguignon, son adjoint depuis de nombreuses années. Le Chef, Alain Pégouret, élève de Joël Robuchon, met en valeur et avec beaucoup de talent des produits de grande qualité. Et le grand charme du Laurent, c’est bien évidemment son jardin-restaurant, caché derrière les haies, à côté de la fontaine de Hittorff. L’été venu, quand Paris redevient vivable pour quelques temps, déjeuner là et paresser l’après-midi sous les marronniers est un vrai bonheur. L’harmonie des hommes et des lieux concourt à faire de votre passage chez Laurent un moment privilégié.

(Source : annuaire-des-arts.fr)

25ème séance de l’académie des vins anciens au restaurant Macéo jeudi, 3 décembre 2015

La 25ème séance de l’académie des vins anciens se tient au restaurant Macéo. Nous serons quarante académiciens et il y aura 57 vins apportés par les membres. Nous serons répartis en trois tables, chacune goûtant de 18 à 20 vins.

Dès 15h30 je suis à pied d’œuvre au restaurant pour ouvrir les vins . Ils ont été rangés dans ma cave après la séance de photos et classés dans six caisses. J’ai apporté par ailleurs huit paniers de 16 verres, soit 128 verres Riedel pour compléter l’apport du restaurant et avoir suffisamment de verres sur table. Au moment où j’ai fini de déballer les vins et de les ranger sur le comptoir du bar dans leur ordre de service, un ami, qui m’avait prévenu, arrive pour m’aider, mais aussi pour soutenir le moral du travailleur. Il sort de son sac, devinez quoi, un Champagne Dom Pérignon 1959. Voilà de quoi décupler mon énergie.

La bouteille de niveau bas est à peu près à moitié pleine, le bouchon sort facilement et sent bon. La couleur du vin est sans défaut. Le nez est avenant et le vin commence par être amer. Marc Williamson, le propriétaire du restaurant à qui je fais goûter le vin, n’est pas très convaincu. Mais le vin s’aère, s’étend, et devient splendide. Quel bonheur de goûter ce champagne à la fois doux et vif, velouté et profond, à la forte trace aromatique. Il y a des fruits un peu compotés et charmants.

Un autre ami nous rejoint assez vite et lui aussi a apporté le réconfort du soldat. C’est un Vin de Savoie Abymes Domaine de Termont probablement de 1968 car la bouteille correspond à celle qui fut utilisée pour les Jeux Olympiques de 1968. Il est assez difficile pour ce vin d’apparaître après le si joli Dom Pérignon. Le vin est buvable mais assez plat. C’est plus une évocation de vin de Savoie qu’un vrai plaisir.

Quelques bouteilles n’avaient pas été livrées et arrivent au dernier moment, ce qui ne devrait pas se produire. Elles sont ouvertes. Au cours de ces opérations de débouchage il y a classiquement des bouchons qui se brisent en mille morceaux et quelques uns qui plongent dans le liquide au moment où le tirebouchon veut se piquer. Il faut alors carafer le vin et enlever le bouchon pour que le vin reprenne sa place dans la bouteille.

L’apéritif se prend debout. Une bouteille de Champagne Charles Heidsieck mis en cave en 1997 n’a plus de bulle et le vin est passé. Deux autres sont superbes, leur vin agréable et fluide se buvant comme un vin de soif. Le Champagne François Giraux Brut sans Année est un peu plus dosé, plus carré. C’est un champagne sans histoire. A l’inverse, le Champagne Palmer & Cie Blanc de Blancs 1985 est d’un vivacité extrême. C’est un champagne qui exprime la joie de vivre, de belle facture.

Nous passons à table. La mienne est la table 1. Les vins sont listés ici, y compris les champagnes d’apéritif.

Groupe 1 : Champagne Charles Heidsieck mis en cave en 1997, Champagne Legras et Haas Exigence n° 8 Grand Cru Vieilles Vignes base 2009, Champagne Dom Pérignon 1966, domaine de la Trappe de Staouëli Grande Réserve vin fin rosé Alger 1957, Côtes du Jura Fruitière Vinicole de Voiteur 1959, Frédéric Lung blanc Algérie 1947, Château La Mission Haut-Brion 1936, Château Ducru Beaucaillou 1934, Château Léoville Poyferré 1929, Morgon Namun de Marcy 1961, Bogeda Lagarde Cabernet Sauvignon Reserve , Mendoza Argentine 1974, F. Lung Frédéric Lung rouge Alger 1942, Vin d’Inde York Shiraz 2012, Vin d’Inde Grover Vineyard cabernet Shiraz 2011, Cérons 1919, Chateau du Breuil Coteaux du Layon 1953, Sauternes 1931, Maury Grenache Fruitière Vinicole de Maury 1960 #, Maurydoré Paule de Volontat magnum 1948.

Groupe 2 : Champagne Charles Heidsieck mis en cave en 1997, Champagne Legras et Haas Chouilly Grand Cru Blanc de Blancs ss A, Champagne Palmer & Cie Blanc de Blancs 1985, Muscadet Sèvre et Maine Marcel Sautejeau 1961, Château Carbonnieux blanc Léognan 1961, Y d’Yquem Graves blanc 1966, Château Du Breuil Haut Médoc 1967, Château Moulin De Biguey St Emilion 1961, Château Pichon Longueville Baron 1/2 bt 1956, Château Pichon Longueville Baron 1/2 bt 1956, Château La Louvière 1ères Graves Léognan Daniel Sanders 1937, Château Pichon Longueville Baron 1985, Châteauneuf-du-Pape Léonce Amouroux Neg. 1969, Châteauneuf du Pape Armand Girardin 1953, Châteauneuf-du-Pape Château Fortia Tête de Cru 1985, Château Vannières Bandol 1985, Château Mayne Bert Haut Barsac 1939, Château Suduiraut 1924, Maurydoré Paule de Volontat magnum 1948.

Groupe 3 : Champagne Charles Heidsieck mis en cave en 1997, Champagne François Giraux Brut ss A, Champagne Pol Roger Chardonnay 1996, Muscadet Sèvre et Maine Marcel Sautejeau 1961, Batard-Montrachet Alexis Lichine Neg. 1969, Château Lynch Bages 1948, Château Lynch Bages 1978, Château Léoville Poyferré 1966, Château Léoville Las Cases 1922, Château Figeac 1967, Château Pichon Longueville Baron 1985, Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1955, Domaine des Justices Bordeaux Supérieur René Médeville 1950, Monthélie 1er cru Roger Rossignol 1965, Clos vougeot Club français du Vin à Bordeaux année supposée 1949, Fleurie Albert Bichot 1949, Vouvray Moelleux Domaine Allias 1970, Château Climens 1973, Massandra 1945, Maurydoré Paule de Volontat magnum 1948.

Le menu composé par le chef du Macéo est : tartare de Saint-Jacques / déclinaison de carottes et gingembre / pavé de bar nacré à l’ail doux / bœuf du Bourbonnais confit au jus, mousseline de pommes de terre et sauce Périgueux / fromages apportés par des membres / millefeuille au chocolat tendre / clémentines caramélisées en vacherin.

Devant m’occuper de l’organisation de cet événement et faire honneur à mes convives de table, je n’ai pris aucune note. Les impressions seront donc sommaires. Ces écrits essaieront de retracer mes émotions.

Le Champagne Legras et Haas Exigence n° 8 Grand Cru Vieilles Vignes base 2009 est fait de huit millésimes différents. Il a un nez étonnamment puissant. Il est rond, solide et très convaincant.

Le Champagne Dom Pérignon 1966 est un bonheur. Celui qui l’a apporté savait que j’adore ce champagne, l’un des plus expressifs et émouvants des Dom Pérignon. Il y a dans ce 1966 toute la noblesse de Dom Pérignon, avec un beau fruit, une belle empreinte, une jolie amertume et une grande persistance. Je suis aux anges.

Le Domaine de la Trappe de Staouëli Grande Réserve vin fin rosé Alger 1957 est appelé rosé à cause de sa couleur ambrée mais ce pourrait être un vin blanc car rien n’est indiqué sur l’étiquette. Nous sommes sans repère devant ce goût un peu torréfié, riche en alcool, un peu muscaté et doucereux, qui étonnamment se marie bien avec les dés de Saint-Jacques crues.

Le Côtes du Jura Fruitière Vinicole de Voiteur 1959 est glorieux. C’est un vin fantastique du fait de sa complexité et de la vigueur de sa vibration. Là aussi je suis aux anges.

Un ami m’avait demandé de le joindre, ce que j’ai fait, pour qu’il soit confronté au Frédéric Lung blanc Algérie 1947 d’une belle couleur claire. Le nez est imprégnant, le vin est carré, solide, indestructible. C’est un vin gratifiant qui est en dehors des repères habituels des blancs. La juxtaposition des deux vins algériens et du vin du Jura est un enchantement, du fait de leurs différences extrêmes. Il convient de signaler que deux académiciens, connaissant mon amour pour les vins d’Algérie des années quarante, se sont cotisés pour acheter ce vin, pour qu’il soit bu à l’académie. Quelle gentillesse !

J’avais annoncé que le Château La Mission Haut-Brion 1936 avait une odeur désagréable à l’ouverture et que son retour à la vie était improbable. Et je suis surpris qu’il ait amorcé un tel retour à la vie. Il est loin d’être parfait, mais loin de ce que j’avais imaginé. S’il n’y avait pas autant de vins, on se serait intéressé à lui, car un retour complet à la vie n’était plus exclu, mais la suite ne peut pas attendre.

Le Château Ducru Beaucaillou 1934 a une imprécision et une déviance qui limitent le plaisir alors qu’il a quasiment tout pour faire un grand vin. Il souffre d’un mauvais assemblage de ses saveurs.

Le Château Léoville Poyferré 1929 est une merveille absolue. Ce vin a atteint une forme de perfection. Ce qui me fascine, c’est son grain. La mâche de ce vin me ravit. De petites pointes de fruits noirs et de truffes sont exquises, mais c’est l’équilibre parfait du vin charnu qui emporte les suffrages.

Le Morgon Namun de Marcy 1961 venant après le 1929, je n’ai pas gardé de souvenir de ce vin.

Le Bogeda Lagarde Cabernet Sauvignon Reserve , Mendoza Argentine 1974 est une rareté. Comme pour le vin de la Trappe, nous n’avons pas de repère. Le vin est carré, peu expansif et peu vibrant, mais il est un beau témoignage d’une vinification sérieuse, sans excès. C’est un vin qui se boit avec plaisir. On aimerait que les vins argentins actuels aient cette pureté et cette intelligence.

On ne pourrait pas me faire plus de plaisir que d’apporter des vins comme ce F. Lung Frédéric Lung rouge Alger 1942. Il a de fortes traces de café qui sont la marque de fabrique de ces vins des côtes de Mascara. Le vin est fort, puissant, à l’alcool sensible, et dégage une sérénité que j’adore. Il est assez sec. Notre table est gâtée.

A notre table, une femme indienne que j’avais rencontrée à l’ambassade de l’Inde à Paris s’était inscrite pour l’académie. N’ayant aucun vin ancien elle m’a proposé deux vins indiens jeunes. On est complètement en dehors des critères de l’académie, mais j’ai accepté que les académiciens puissent découvrir ces vins.

Le Vin d’Inde York Shiraz 2012, et le Vin d’Inde Grover Vineyard cabernet Shiraz 2011 sont tellement hors du radar de l’académie que je ne leur ai pas porté l’attention que j’aurais dû, d’autant que j’étais abreuvé de vins des autres tables. Ces vins droits méritent de vieillir.

Le Cérons 1919 est pour moi un vin symbolique de l’académie. Aucun nom de domaine ne figure sur l’étiquette, la bouteille est splendide, au niveau superbe et à la couleur magiquement belle. Là où on attendrait d’un Cérons qu’il soit un peu frêle et plat, on se trompe, car la vigueur de ce Cérons si doux est surprenante. Le vin est vibrant, joyeux, séducteur, un régal. Anonymat et millésime mythique, c’est ce qu’on aime trouver à l’académie.

Comme pour le Mission 1936, j’avais annoncé la mort du Château du Breuil Coteaux du Layon 1953, surtout du fait de sa couleur passée. Mes prévisions sont déjouées, car ce vin, sans être flamboyant, a une belle rondeur et une sucrosité mesurée.

Comme le Cérons 1919 d’un académicien, le Sauternes 1931 de ma cave n’a aucune indication d’origine. Il est une divine surprise, car il a la grâce et la légèreté d’un sauternes bien fait. C’est un régal.

Un ami a ajouté à la liste des vins un Maury Grenache Fruitière Vinicole de Maury 1960 #
la datation se supposant grâce au graphisme de l’étiquette. C’est un beau Maury, avec de jolies évocations de pruneaux, mais il va y avoir mieux.

Le Maurydoré Paule de Volontat magnum 1948 est superbe. J’ai vu le tonneau dont il est tiré. Il y a des pruneaux et des cerises au kirsch et tout est suggéré et assemblé de la plus délicate façon. Ce vin est velours, terriblement gourmand.

Au fil du repas, des verres sont venus jusqu’à moi avec cette invite : « goûte-moi ça ! ». Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour les analyser et mes impressions sont au lance-pierre de la dégustation.

Le Muscadet Sèvre et Maine Marcel Sautejeau 1961 est bien fluide et équilibré, beau vin sans signe d’âge.

Le Château Carbonnieux blanc Léognan 1961 est au sommet de sa gloire, un vin éblouissant.

L’Y d’Yquem Graves blanc 1966 a un soupçon de botrytis qui fait que l’on pense à Yquem en le goûtant, vin de belle mâche et de plaisir.

Le Château Du Breuil Haut Médoc 1967 est une belle surprise, vin inattendu à ce niveau.

Le Château La Louvière 1ères Graves Léognan Daniel Sanders 1937 est lui aussi une belle surprise. Tant d’équilibre et d’accomplissement est rare.

Le Château Léoville Poyferré 1966 est un bon vin, bien plein, mais se situe en dessous du 1929 qui m’a tant plu. On m’a dit qu’à sa table, certains l’ont préféré au 1929. Je maintiens ma position.

Le Fleurie Albert Bichot 1949 a le charme et la grâce des grands beaujolais de cette décennie. La sérénité de ce vin est fascinante.

Le Massandra 1945 est agréable, mais un peu trop modéré, car j’attendais un peu plus de coffre de ce vin.

Il convient de remarquer que la cuisine du Macéo a fait des prouesses ce soir. Le poisson et la viande ont été des plats très réussis. Le service est toujours attentionné et habitué aux exigences de ce type de dîner à plus de cinquante vins.

De ce que j’ai bu ce soir, je retiendrais, mais ce n’est pas limitatif, Le Léoville Poyferré 1929
exceptionnel, le Côtes du Jura 1959, le Dom Pérignon 1966, le Dom Pérignon 1959, Le Lung rouge 1942 et le Lung blanc 1947.

Au titre des curiosités, je retiendrais le vin de la Trappe 1957, le Cérons 1919 et le sauternes 1931.

Il y a eu tant de surprises et de bons vins que l’on pourrait classer cette 25ème séance de l’académie parmi les toutes premières, mais c’est surtout l’ambiance festive, les joies et les échanges entre personnalités de tous horizons et la générosité générale, qui ont fait de cette académie un moment de bonheur au souvenir impérissable et pour tous les participants une occasion unique de pouvoir accéder à des vins chargés d’histoire. Il est à noter qu’en 25 réunions, plus de 1.100 vins anciens ont été partagés. Cette réunion est un encouragement à poursuivre dans cette voie.

les vins dans ma cave, pour former les groupes

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Champagne Dom Pérignon 1959 (on voit le niveau bas)

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Vin de Savoie Abymes Domaine de Termont # 1968

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VINS DU GROUPE 1

Champagne Charles Heidsieck mis en cave en 1997

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Champagne Legras et Haas Exigence n° 8 Grand Cru Vieilles Vignes base 2009

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Champagne Dom Pérignon 1966

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Domaine de la Trappe de Staouëli Grande Réserve vin fin rosé Alger 1957

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Côtes du Jura Fruitière Vinicole de Voiteur 1959

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Frédéric Lung blanc Algérie 1947

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Château La Mission Haut-Brion 1936

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Château Ducru Beaucaillou 1934

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Château Léoville Poyferré 1929

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Morgon Namun de Marcy 1961

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Bogeda Lagarde Cabernet Sauvignon Reserve , Mendoza Argentine 1974

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F. Lung Frédéric Lung rouge Alger 1942

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Vin d’Inde York Shiraz 2012

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Vin d’Inde Grover Vineyard cabernet Shiraz 2011

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Cérons 1919

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Château du Breuil Coteaux du Layon 1953

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Sauternes 1931

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Maury Grenache Fruitière Vinicole de Maury 1960 #

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Maurydoré Paule de Volontat magnum 1948

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les vins du groupe 1

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VINS DU GROUPE 2

Champagne Charles Heidsieck mis en cave en 1997

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Champagne Legras et Haas Chouilly Grand Cru Blanc de Blancs ss A

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Champagne Palmer & Cie Blanc de Blancs 1985

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Muscadet Sèvre et Maine Marcel Sautejeau 1961

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Château Carbonnieux blanc Léognan 1961

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Y d’Yquem Graves blanc 1966

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Château Du Breuil Haut Medoc 1967

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Château Moulin De Biguey St Emilion 1961

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Château Pichon Longueville Baron 1/2 bt 1956 / Château Pichon Longueville Baron 1/2 bt 1956

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Château La Louvière 1ères Graves Léognan Daniel Sanders 1937

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Château Pichon Longueville Baron 1985

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Chateauneuf-du-Pape Léonce Amouroux Neg. 1969

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Châteauneuf du Pape Armand Girardin 1953

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Chateauneuf-du-Pape Château Fortia Tête de Cru 1985

Château Vannières Bandol 1985

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Château Mayne Bert Haut Barsac 1939

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Château Suduiraut 1924

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Maurydoré Paule de Volontat magnum 1948

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les vins du groupe 2

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VINS DU GROUPE 3

Champagne Charles Heidsieck mis en cave en 1997

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Champagne François Giraux Brut ss A

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Champagne Pol Roger Chardonnay 1996

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Muscadet Sèvre et Maine Marcel Sautejeau 1961

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Batard-Montrachet Alexis Lichine Neg. 1969

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Château Lynch Bages 1948

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Château Lynch Bages 1978

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Château Léoville Poyferré 1966

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Château Léoville Las Cases 1922

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Château Figeac 1967

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Château Pichon Longueville Baron 1985

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Château Pichon Longueville Baron 1955

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Domaine des Justices Bx Supérieur René Médeville 1950

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Monthelie 1er cru Roger Rossignol 1965

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Clos Vougeot Club français du Vin à Bordeaux année supposée 1949

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Fleurie Albert Bichot 1949

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Vouvray Moelleux Domaine Allias 1970

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Château Climens 1973

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Massandra 1945

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Maurydoré Paule de Volontat magnum 1948

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les vins du groupe 3

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j’apporte les vins au restaurant. Voici les papiers d’emballage !

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les vins sont disposés sur le bar du 1er étage par groupe et dans l’ordre pour réaliser les ouvertures

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mes outils, en double pour partager

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« Singin’ in the Rain » et quelques huîtres samedi, 28 novembre 2015

Ma femme a toujours pensé que mon addiction aux comédies musicales américaines est une énigme. Mes sourires béats devant ces spectacles qui pour elle sont de guimauve et d’eau de rose provoquent parfois sarcasmes et soupirs. A l’occasion de mon anniversaire, ma fille aînée avait offert deux places, les meilleures, celles de la première rangée au centre, juste au-dessus du crâne du chef d’orchestre, pour la première soirée de reprise de « Singin’ in the Rain » au Théâtre du Châtelet.

C’est donc plus pour honorer le cadeau de sa fille que ma femme m’accompagne. La qualité de la musique de l’orchestre Pasdeloup, le talent des chanteurs, leur sens de la danse, les magnifiques costumes de couleurs exquises, tout a ravi ma femme. Quant à moi, je n’ai pas quitté une seule seconde mon sourire béat, emporté par la drôlerie et l’émotion des situations d’un scénario qui n’a d’autre prétention que de divertir. Bien sûr, quand on a vu des dizaines de fois le film, l’ombre de Gene Kelly plane comme une épée de Damoclès, mais le spectacle est réussi, sans la moindre réserve.

Venir à une comédie musicale américaine juste deux semaines après le terrible drame du Bataclan ne laisse pas indifférent, aussi, en sortant du théâtre, l’envie de croquer des huîtres est impérative. Nous allons à la Brasserie l’Européen, juste en face de la Gare de Lyon, où la décoration aurait tout à envier aux décors du Châtelet. Les gens qui ont agencé le lieu ne devraient jamais avoir le droit de s’appeler décorateurs. Mais peu importe, l’ambiance est très brasserie, le service est attentif et compétent. Nous goûtons de belles huîtres, ma femme prend une sole et je fais une folie en prenant une choucroute royale. Le Champagne Dom Pérignon 2004
n’a pas le niveau que je connais. Il est assez plat. Est-ce le lieu, est-ce l’atmosphère, est-ce la bouteille ? C’est probablement la troisième hypothèse. Le champagne se réveillera un peu avec des moments où il ressemble à ce que j’attendrais. Très gentiment le serveur me donne un bouchon et un petit sac pour que je puisse vérifier demain si le champagne se retrouve.

Vivre à Paris d’un beau spectacle et d’une brasserie typiquement française, qu’y a-t-il de plus beau, à protéger coûte que coûte pour que les générations futures puissent aussi en profiter ?

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nous surplombons l’orchestre et le pupitre du chef

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Livre « L’ADN du Vin » de l’Académie Amorim et colloque samedi, 28 novembre 2015

L’Académie Amorim fête ses vingt-cinq ans. Cette académie, fondée par Jacques Puisais et quelques autres personnalités du vin avec le soutien de la famille Amorim, propriétaire du plus grand bouchonnier mondial, a pour but de soutenir l’œnologie et de contribuer à une meilleure connaissance du vin et de son environnement. A l’occasion de cet anniversaire, un livre, ouvrage collectif a été publié aux éditions « France Agricole », sous le nom « L’ADN du Vin » et sous-titre « Science, marché, loi et culture ».

J’avais eu la chance qu’une étude que j’avais faite sur les bouchons des vins anciens soit couronnée d’un prix de l’Académie Amorim en 2006. C’est sans doute la raison pour laquelle j’ai eu l’honneur qu’on me demande de contribuer à cet ouvrage dans l’un des trois chapitres, « Vin et Culture ».

Le jour du lancement, un colloque est organisé par l’Académie Amorim dans l’un des salons du Sénat avec trois tables rondes, donnant lieu à débat. C’est toujours passionnant d’écouter des experts disserter sur des aspects du vin qui sont assez loin de mes préoccupations d’hédoniste du vin, tels que l’influence du réchauffement climatique sur les choix de cépages, la législation des appellations et la protection des marques, etc. Écouter cet aréopage de savants est d’un grand intérêt.

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la couverture du livre et la première page de mon article

L ADN du vin 001

L ADN du vin 002

Académie des Vins Anciens (AVA) – 25ème séance du 3 décembre 2015 vendredi, 27 novembre 2015

Académie des Vins Anciens (AVA) –  25ème séance du 3 décembre 2015
Règles et informations  (à lire avec attention)
Date et heure : 3 décembre 2015 à 19h30
Lieu :
RESTAURANT MACEO 15 r Petits Champs 75001 PARIS 01 42 97 53 85
Participation financière :
120 € par personne si l’inscrit apporte une bouteille de vin ancien (1) agréé par François Audouze
240 € par personne si l’inscrit vient sans bouteille
(1) si l’inscrit n’a pas de vin assez ancien, un « troc » est possible avec François Audouze, qui mettra au programme un vin ancien, contre une (ou plusieurs) bouteille de vin jeune qui présente un intérêt pour lui.
Paiement :
Aucun chèque ne sera remis en banque avant le 20 novembre 2015. Il n’y a donc aucune raison de retarder l’envoi du chèque de paiement. On peut l’envoyer des maintenant.
Le chèque doit être remis avant le 2 novembre à François Audouze. L’ordre du chèque est : « François Audouze AVA »
Chèque à envoyer à François Audouze Société ACIPAR, 44 rue André Sakharov 93140 BONDY (attention, cette adresse est nouvelle)
Livraison des vins :
Les vins doivent être proposés et agréés par François Audouze. Les bouteilles sont à déposer chez Henriot 5 rue la Boétie 75008 Paris – 2ème étage – 01.47.42.18.06. Notre contact sur place est Martine Finat : mfinat@champagne-henriot.com . Aucune bouteille ne devrait être livrée après le 15 novembre. Merci d’attendre le 15 octobre pour commencer à remettre votre bouteille chez Henriot sauf en me prévenant avant envoi.
Une variante est de m’envoyer par la poste la bouteille à l’adresse : François Audouze Société ACIPAR, 44 rue André Sakharov 93140 BONDY

Pour que l’organisation de cet événement soit fluide, il est recommandé de ne pas attendre avant de proposer les vins, les livrer et payer.
Remarque sur les niveaux des vins :
On peut envisager qu’un académicien propose une bouteille de bas niveau, à la condition que cette bouteille soit une bouteille supplémentaire et non pas la bouteille principale.
Veillez à la qualité de vos apports. Les groupes de dégustation seront créés en fonction de la qualité des apports.