Archives de catégorie : vins et vignerons

visite de la maison Niepoort à Porto samedi, 7 octobre 2023

(commencer la lecture trois sujets plus bas et remonter ensuite)

Le troisième jour de mon séjour à Portugal est une visite de la maison Niepoort l’une des plus prestigieuses maisons de porto. Carlos de Jesus vient me chercher à mon hôtel et étant un peu en avance nous allons regarder la ville de Porto par les fenêtres d’un salon haut perché de l’hôtel Hilton. Nous allons ensuite rencontrer Dirk Niepoort de la cinquième ou sixième génération de cette maison fondée au milieu du 19ème siècle. C’est un homme de haute taille, dynamique et entreprenant. Il a tenu à ce que sa cave reste dans l’esprit de ce que ces ancêtres ont voulu. Lorsque nous visitons sa cave aux trésors, je lui dis que bien souvent, j’ai l’impression que c’est une bouteille qui me demande de la choisir plutôt que mon choix. Il me répond qu’il a la même impression.

Il me demande ma date de naissance et après la visite de cave, nous commençons à boire un Porto Niepoort 1943. C’est à mon sens la définition archétypale du porto, tout en douceur, cohérent et riche d’émotion. Il est charme et plaisir. Dirk ouvre ensuite un porto de 1900 qui n’est pas de son domaine, vin plus sec et fluide.

En un mouvement de générosité infinie Dirk ouvre un Porto Niepoort 1863 qui a été considéré comme le plus grand du monde. En ce porto, tout est exponentiel. Il est plus frais que tout, plus vif que tout, plus expressif, plus long, plus riche. C’est la forme la plus absolue du porto. Quel aboutissement.

J’avais évoqué lors de nos discussions le 2017, que j’avais bu il y a quelque temps et qui m’avait subjugué par sa perfection et sa fraîcheur. Dirk m’a dit qu’il considère 2017 comme le millésime qu’il a le plus réussi et me propose de goûter une cuvée spéciale encore meilleure que celle que j’avais bue. Il s’agit du Porto Niepoort Bioma 2017. Il est effectivement riche et idéal pour un jeune porto, mais je pense que celui que j’avais bu il y a quelques années était plus frais et mentholé que celui-ci. Et le boire après le 1863 est difficile.

Un groupe de six personnes travaillant pour une société suisse de produits de luxe vient déjeuner sur la grande table et nous nous joignons à eux. Des huîtres et des tranches de jambon seront accompagnées d’un Vinho Branco Gonçalves Faria 2013 et d’un autre vin blanc. Les plats que l’on grignote sont délicieux mais mon esprit est encore sous le charme du porto 1863 qui m’a subjugué.

Antonio Amorim vient nous rejoindre ce qui me fait un grand plaisir. J’aurai eu la chance de rencontrer ce grand dirigeant trois jours de suite. C’est un grand privilège.

Je rejoins l’aéroport de Porto l’esprit joyeux, impressionné par la générosité et la gentillesse de toutes les personnes que j’ai rencontrées. Ces trois jours ont été très enrichissants.

Interviews sur ma collection de bouchons et dîner chez Antonio Amorim samedi, 7 octobre 2023

L’heure est venue des contacts avec des journalistes qui vont m’interviewer dans la salle où sont exposés les bouchons. Antonio Amorim est avec moi et répond lui aussi aux questions. L’ambiance est agréable et les journalistes compétents.

Je retourne à l’hôtel et à l’heure dite Carlos de Jesus me conduit dans la maison d’Antonio Amorim. Les murs extérieurs font au moins six mètre de haut. Le large portail a la même hauteur et le jardin luxuriant de plantes exotiques est d’une grande beauté. Nous arrivons au seuil d’une grande maison construite en 1605. La salle d’accueil a des azulejos très similaires à l’azulejos qui existe dans ma maison.

Antonio Amorim a invité trois des plus grands experts du porto. Un anglais expert en porto et deux propriétaires ou maîtres de chais de maisons de porto. Ce qui est fascinant c’est que dès les premiers mots, nous nous comprenons comme si nous étions amis depuis des décennies. Quel plaisir de discuter avec des experts si compétents.

La salle à manger est d’une décoration raffinée avec une table en acajou d’une grande beauté. Les fleurs et l’agencement sont d’un goût certain. Nous commençons par un Champagne Dom Ruinart 2010 dont Antonio nous dit qu’il a été gardé avec un élevage sur liège au lieu de capsule comme on le fait généralement. Il estime que si ce champagne a été désigné meilleur champagne de 2010, c’est à cause de l’élevage sur liège.

Les petits fours sont délicieux et le chef cuisinier attaché à la maison d’Antonio a un talent certain qui atteindra son point culminant avec un canard présenté sous une cloche en pâtisserie.

Le menu tel qu’il est écrit : le pétoncle poêlé aux trois caviars (jaune, noir rouge) (citron, esturgeon, tomate / soupe au melon et jambon croustillant / la salade russe aux crevettes / le canard sous une cloche de pain / deux fromages portugais et toasts, le S. Jorge – Azorès : affinage 7 mois, lait de vache et le Serra Estrela Nord : affinage 40 mois, lait de brebis / mousse au citron jaune / kaki de saison / café et chocolats.

Nous buvons deux vins blancs, un Morgado de Santa Catherina Bucelas 2003 et un autre blanc de 1995. Pour un plat de crevettes aux crèmes complexes, Antonio a prévu un Ribeiro & Ferreira Vinho Tinto 1955, croyant que j’aimais le vin rouge sur les crevettes, et je suis obligé de corriger en rappelant que j’avais parlé de langouste et non de crevettes. L’accord n’est pas là mais qu’importe, la richesse de nos discussions dépasse ce détail.

Nous avons ensuite un Vinho de Collares dont j’ai oublié l’année et un Vinho Pera-Manca Tinto 1995 et un Ferreirinha Tinto Barca Velha 1985. Ces vins pour lesquels je n’ai pas de repères montre que le vin rouge du Portugal a de grandes qualités. Celui qui me plait le plus est le 1955 qui montre que ces vins rouges vieillissent bien.

Tout dans ce repas est fluide et élégant. Vient maintenant l’heure des vins doux. Le Taylor’s Vintage Port 1994 bottled in 1996 est un pur plaisir raffiné. Quelle élégance dans cette jeunesse. C’est David, mon voisin de table qui a fait ce vin de plaisir.

Mon autre voisin de table, ancien rugbyman, n’a pas fait le Porto Van Zellers & Co 1888, mais ce sont ses ancêtres. Ce porto est d’un charme infini et d’un raffinement subtil inimitable.

J’ai apporté un Vin de Chypre 1870 pour honorer Antonio. Il est sec et profond, d’une rémanence infinie. Mais mon cœur ira vers le 1888 beaucoup plus riche et joyeux.

Nous avons bavardé jusqu’à une heure du matin. Ce fut une rencontre passionnante avec des experts du porto et une réception de haute qualité.

Visite au domaine Rimauresq vendredi, 11 août 2023

Lors d’un récent déjeuner j’avais ouvert un Rimauresq 1983 superbe. Un ami présent a eu envie d’acheter des vins de ce domaine. Il me propose d’aller au domaine avec lui. Un rendez-vous est pris. Ayant plusieurs fois parlé de ce domaine sur Instagram, je sais que je suis suivi. L’ami ayant annoncé ma venue, je suis reçu comme un Messie. Pierre Duffort le régisseur est tout sourire comme Jérémy qui reçoit les clients de passage.

Pierre Duffort nous explique le domaine et les choix pertinents qu’il a eus dans la gestion du terroir. Son discours est simple et pertinent. Nous passons ensuite à la dégustation et nous sommes traités comme des rois, car une telle dégustation n’a pas été faite depuis plus de quinze ans. Voici les notes prises à la volée. Nous n’avons goûté que les rouges.

R. de Rimauresq 2020 : nez joliment fuité, bouche agréable mais légère. Manque de force, mais beau finale de garrigue.

R. de Rimauresq 2919 : nez moins flatteur, plus austère et pour moi, moins Rimauresq mais Pierre pense le contraire.

Rimauresq 2018 : nez magnifique, le vin est tout en douceur et manque un peu de longueur.

Rimauresq 2017 : nez discret. La bouche est joyeuse. La râpe du vin est géniale. Le vin est typé et gourmand (il va briller ce soir).

Rimauresq 2016 : son nez de café rend le vin beaucoup moins plaisant. Sans doute problème de bouteille.

R. de Rimauresq 2001 : nez peu épanoui, vin trop tranchant virant vers le porto. Un peu fatigué (lui aussi va briller ce soir).

Rimauresq 1990 : nez frais, bouche fraîche. Superbe, bouche ronde. Vin très complet, accompli et garrigue. Pierre avait convié Jérémy et deux collaboratrices à participer à la dégustation. Jeanne n’avait pas aimé le 1990 que j’adore aussi je lui ai expliqué pourquoi. Voir Jeanne émue en buvant ces vins et si heureuse de participer à nos commentaires est un bonheur absolu. Je l’ai sentie heureuse.

Rimauresq 1988 : nez légèrement café. Le vin est très viril et j’aime cette expression tranchante.

Rimauresq 1986 : la couleur n’est pas belle. Le vin est discret. La bouche n’est pas parfaite mais plaisante. C’est un vin assez gourmand dont la structure n’est pas parfaite.

Rimauresq 1985 : nez subtil. La bouche est gourmande et le vin est joyeux.

J’ai retenu trois vins de cette dégustation : le 2017 très prometteur, le 1990 fabuleux, d’une grande élégance, le gagnant et le 1985 solide.

Je demande à Pierre : que faire de ces bouteilles ? Pierre est surpris de ma demande et me dit : « vous gardez tout ». Je lui réponds : « gardez au moins le 1990 qui est le plus grand ». Pierre fait mine d’acquiescer, mais en fait il aura mis toutes les bouteilles dans une caisse sauf les plus jeunes. Quelle générosité.

La dégustation s’est faite dans une ambiance chaleureuse et souriante. Pierre est un hôte parfait, car il ne cherche pas à imposer sa vision. L’équipe était heureuse de participer à ce grand moment.

Nous avons prévu de nous revoir car cette visite fut vraiment amicale et émouvante, un grand bonheur.

Nous avons acheté quelques bouteilles. Nous avons emporté les bouteilles entamées. Avant de revenir à la maison nous avons fait quelques courses pour préparer un dîner impromptu sur le thème de Rimauresq.

Je suis sûr que Jeanne, Jérémy et l’autre collaboratrice auront fait de beaux rêves.


une bouteille signée par une équipe sportive

l’offre de vins et de whiskies

les vins que nous allons déguster

une relique

avec Pierre Duffort

les vins bus

Dîner à Saint-Tropez avec Moët Hennessy mercredi, 19 juillet 2023

Moët Hennessy possède un appartement à Paris pour recevoir leurs clients les plus importants. J’ai déjà organisé deux repas en ce lieu, les n°s 268 et 271. Pour une partie du mois de juillet, Moët Hennessy a loué une gigantesque villa au centre de Saint-Tropez pour recevoir sa clientèle internationale. Je suis invité à venir dîner en ce lieu et j’aurai l’honneur de rencontrer le président de Moët Hennessy et des membres de la direction.

Venir de ma maison du sud à Saint-Tropez est une punition en voiture, car la circulation est d’une densité extrême. Lorsque l’on doit suivre une voie, des énormes voitures de toutes nationalités viennent doubler les voitures disciplinées, car leurs conducteurs se croient tout permis.

Par manque d’indications sur cette villa, j’ai marché plus d’une heure en tournant en rond sur la Place des Lices, alors que la villa était à moins de dix mètres du parking où j’avais garé ma voiture.

Stanislas, qui a eu la gentillesse de m’inviter, vient me secourir et enfin j’entre dans cette imposante bâtisse sur quatre étages et des sous-sols, dont l’architecture des escaliers est très originale mais coûteuse en volume. Dans un des sous-sols, dans une salle immense, trône une de ces voitures de luxe dont le prix se compte en millions d’euros et dont l’une des principales fonctions pour le propriétaire est de se montrer en garant sa voiture devant le casino de Monte-Carlo.

Lorsque j’arrive, je rencontre Bill, le maître distillateur du whisky Glenmorangie. Immédiatement le contact se crée tant cet homme est passionnant. On me propose de descendre dans une salle au sous-sol où je peux déguster des whiskys Glenmorangie. J’en goûte deux résolument différents. L’un est chaleureux comme un Bourbon et accueillant. L’autre est plus strict et distingué. Tous les deux sont complexes et de longueurs infinies. On mesure l’importance des barriques de vieillissement qui ont servi à faire mûrir des bordeaux, des chardonnays, des portos et autres. Ce sont ces barriques qui créent le goût.

Pour le plaisir, j’ai apporté avec moi un Champagne Dom Pérignon 1962, d’une année que j’adore. Je pensais le boire en petit comité après le repas, mais le président de Moët Hennessy qui venait d’arriver me suggère qu’on le boive dans la salle où j’avais goûté les whiskys. Nous sommes cinq et serons rejoints par deux autres invités.

Il me faut de gros efforts pour dévisser le fil de fer de trop grosse épaisseur et lorsque le fil se détache un peu je vois apparaître des petites bulles entre le bouchon et le goulot, ce qui me semble être un signe très positif. Le bouchon s’enlève sans la lunule du bas, qui viendra avec un tirebouchon. Il n’y a pas de pschitt ou à peine. Le nez est expressif et superbe et la couleur est beaucoup plus claire que ce que j’attendais, signe de jeunesse.

Le champagne est délicieux, rond, cohérent plein d’énergie et de grandeur. Je le sens gastronomique et gourmand. Certains des participants de cette dégustation non prévue ont peu d’expérience des champagnes anciens et comprennent qu’il s’agit d’un autre monde que les champagnes jeunes. Ils perçoivent l’intérêt de ce monde, qui donne envie de recommencer.

Une grande table d’une trentaine de personnes accueille des professionnels et des amateurs de vins de plusieurs nationalités, Allemagne, Italie, Royaume Uni, et même Russie et d’autres. Le menu qui a été réalisé par le traiteur Potel & Chabot est : poulpe grillé, salade de pommes de terre nouvelles à la vinaigrette citrique et ciboulette ciselée / suprême de canard légèrement fumé, ananas carbonisé, kale rôti, purée de poivrons rouges rôtis au feu, gingembre et citronnelle / tarte à la cassonade avec raisins pochés, glace au gingembre tige et garniture d’amandes fumées en dés.

Ma grande surprise est de découvrir que c’est un repas au whisky, ce dont je n’avais pas été prévenu. Il y aura quatre whiskys et l’intarissable Bill, pétri d’humour, nous présentera chaque whisky en nous donnant envie. Nous aurons le Glenmorangie Tuiga, chaleureux et doucereux, le Glenmorangie édition n° 9 plus droit, subtil, qui ne devient ample qu’en fin de bouche. Je constate que les essais de mariage de whisky avec des plats est une gageure, car ces whiskys sont des alcools de méditation. Ils avaient plus de longueur lorsque je les ai bus sans manger, alors que les plats raccourcissent leur discours.

Le premier plat a été servi avec le premier whisky et avec un Cloudy Bay Chardonnay 2021 que j’ai trouvé délicieusement précis et bien fait, mais que l’on ne devrait pas trouver sur le marché avant qu’il ait acquis une certaine maturité.

Le deuxième plat a accueilli un Termanthia 2015 vin espagnol de la région de Toro fait de Tinta de Toro et Tempranillo qui titre 14,5°. Après avoir bu le Vega Sicilia Unico 1995, l’écart qualitatif paraît considérable, mais nous serons plusieurs à constater qu’après quelque temps, le vin s’épanouit et délivre des saveurs qu’il avait cachées jusqu’alors et apporte du plaisir.

Le problème des traiteurs, c’est qu’ils ont envie de faire plaisir en offrant de multiples talents. Mais lorsqu’on essaie de marier le vin espagnol avec le canard et qu’on croque un peu de l’ananas, le palais devient comme le parachutiste qui a oublié son parachute, c’est la chute libre.

C’est alors qu’arrive un de ces moments d’émotion que je chéris. Avec le dessert on verse un whisky Ardberg 25 ans d’âge dont le parfum de tourbe est intense et allume un souvenir fort. J’avais acquis en 2006 un whisky de la cave parisienne du Duc de Windsor au parfum tourbé impressionnant. Je retrouve le même. C’était, comme l’indique l’étiquette un « the finest scotch whisky, very great age, John Dewar and sons ltd, Perth rs » que j’avais situé vers 1860. L’odeur qualifiée volontiers de punaise est un bonheur parfait. Quelle émotion de retrouver le même.

Nous avons fini le repas avec un Ardberg Islay Single Malt plus jeune offrant un agréable parfum tourbé mais moins extrême que le précédent, qui a créé un très bel accord avec du roquefort.

Autant un cognac trouve une place naturelle en fin de repas car il peut être un point final savoureux, autant le whisky a du mal à prendre sa place dans un repas, et je pense que ce doit être un alcool de méditation qui se déguste pour lui-même. Mais rien n’empêche de tenter.

Nous sommes montés au dernier étage sur une belle terrasse. Je n’ai pas pu résister au plaisir de goûter un excellent cigare en devisant avec des gens sympathiques. Je reverrai très probablement Bill, le distillateur passionnant de Glenmorangie car nous avons des visions communes sur la gastronomie.

Ce fut une belle et originale soirée.


les photos sont nombreuses pour montrer l’orateur de talent, maître de chais de Glenmorangie

une voiture dans le sous-sol de la villa

mon cadeau aux organisateurs

la terrasse où l’on peut deviser en buvant un beau whisky et en fumant un grand cigare

Un Champagne Krug Private Cuvée années 60 éblouissant lundi, 5 juin 2023

Après une visite chez un vigneron d’Ambonnay, je retourne à l’Assiette Champenoise pour goûter un champagne avec Arnaud Lallement. Il s’agit d’un Champagne Krug Private Cuvée années 60. J’avais dit à Arnaud, avant ouverture, que je considère ce champagne comme une synthèse de la perfection du champagne. Il faut être courageux ou intrépide pour dire une telle chose.

Sébastien, le sommelier chef du restaurant apporte la bouteille à la table située dans la cuisine immense du restaurant. Je retire des morceaux de la fine cape du bouchon et tout-à-coup le bouchon me saute des mains et monte de quelques centimètres et retombe. Quelle surprise de voir qu’un champagne de plus de 60 ans a gardé une telle pression.

Dans les verres, le vin a gardé de belles bulles et sa couleur est d’un jaune doré. Le nez est impressionnant d’énergie. En bouche, le miracle est là. Ce champagne est d’une ampleur extrême. Il est tellement cohérent. Je confirme mon propos initial : ce vin est la synthèse de ce que l’on souhaite d’un champagne parfait. Il dépasse tous les critères possibles.

Arnaud me dit que du fait de son amitié avec la maison Krug, il a pratiquement tout bu de la production de cette belle maison, mais jamais il n’a jamais bu un champagne comme celui-ci. Sébastien est ému et dit qu’il n’a jamais bu un Krug aussi parfait. Je sens qu’il est impressionné.

Malgré l’apéritif dînatoire de la famille Coutier à Ambonnay, je souhaite quelque chose de plus complexe que le gourmand comté de 36 mois et Arnaud fait réchauffer un pigeon à se damner, l’un de ses plats emblématiques. Et je vis un moment de bonheur pur avec ce Krug aux qualités infinies.

Visite d’un vigneron d’Ambonnay lundi, 5 juin 2023

Marcello, un amateur italien, avait organisé il y a un an une extraordinaire dégustation de vins italiens qui nous avait permis de déguster côte à côte un Barolo 1920 et un Vega Sicilia Unico 1920, le plus vieux Vega Sicilia de ma cave. Il voulait faire une nouvelle dégustation de vins italiens qui aurait pour vedette un Barolo 1908.

Comme l’an dernier il souhaitait que j’ouvre avec lui tous les vins. L’événement étant un déjeuner un samedi à l’Assiette Champenoise d’Arnaud Lallement, nous avons prévu de commencer l’ouverture des vins à 9 heures. J’ai donc décidé de coucher à Reims.

J’arrive dans l’après-midi du vendredi à l’Assiette Champenoise où je suis accueilli avec de larges sourires de tout le personnel. Je demande à pouvoir parler à Arnaud Lallement et comme il est occupé, je ne le verrai qu’un peu plus tard.

Il se trouve que j’ai eu l’occasion d’acheter un lot de Champagne Krug Private Cuvée des années 60 d’un état de préservation absolument parfait. Chaque bouteille bue était magique. Je sais qu’Arnaud est un grand amateur de Krug et que son restaurant a le statut d’Ambassadeur de Krug. Je lui annonce donc que je voudrais partager une bouteille avec lui. Nous avons prévu de nous voir en cuisine à la fin du service du dîner.

Je vais rejoindre Marcello à Ambonnay pour une visite de la maison de Champagne Coutier qu’il connait bien. La maison Coutier fait du champagne depuis trois siècles et la charmante maison est d’une jolie décoration de meubles et objets de famille de plusieurs générations.

Nous allons faire une visite des vignes en voiture avec Antoine Coutier qui vinifie depuis 2014. Le paysage vallonné est d’une grande beauté. Nous allons ensuite en cave pour goûter les vins en vieillissement, les vins de fûts et ensuite, de retour à la maison nous goûtons une variété de champagnes très crayeux, un Champagne Grand Cru Blanc de Blancs Coutier 2016, un Champagne Grand Cru Blanc de Noirs Coutier 2017, un Champagne Grand Cru Coutier 1978 dégorgement à la volée fait de 70% de pinot noir et de 30% de chardonnay et nous finissons avec un Vin rouge d’Ambonnay 1976
à l’attaque superbe, énigmatique et passionnant.

Un apéritif dinatoire a accompagné cette visite auprès de vignerons absolument charmants faisant des vins d’une région viticole bénie des dieux.

Marcello est resté avec ses amis et a couché à Ambonnay tandis que je rentrais à l’Assiette Champenoise pour retrouver Arnaud Lallement.

Dégustation des 2022 de la Romanée Conti mardi, 16 mai 2023

Luis, un participant espagnol de mes dîners m’a donné il y a quelques semaines, lors d’un dîner, un livre du 18ème siècle écrit en français afin que je le donne à Aubert de Villaine, co-gérant de la Romanée Conti. Il me semble évident que je ne dois pas être seul à remettre ce cadeau et que nous devrions, Luis et moi, le remettre à Aubert de Villaine.

Nous avons rendez-vous à 15 heures au siège de la Romanée Conti. Aubert m’avait envoyé un message me demandant si ça me dérangerait qu’une jeune chinoise de Hong-Kong participe à la dégustation en cave. Ma réponse fut évidente.

Tandis que j’attends qu’Aubert soit disponible, on m’annonce l’arrivée de Mme de Villaine. Quelle joie de la revoir, elle qui lit chacun de mes bulletins que je lui adresse par courrier. Elle vient accompagnée de la jeune chinoise et son compagnon. Nous serons donc six à la dégustation, Aubert et Pamela de Villaine, les deux jeunes hongkongais, Luis et moi.

Avant de descendre en cave nous allons dans une belle salle de réunion pour que Luis offre le beau livre particulièrement riche d’indications sur l’histoire de la Bourgogne et de belle conservation. Luis en profite pour donner un parchemin datant de 1609, relatant les relations entre des provinces espagnoles et la Bourgogne, du temps de Louis XIII.

Il y a bien longtemps que je n’étais pas venu faire la dégustation des vins sur fûts car je trouvais que la présentation des vins qui viennent juste d’être embouteillés faite chaque année par Aubert suffisaient. J’ai sans doute eu tort car l’ambiance en cave est porteuse d’une émotion particulière.

Nous irons dans les deux caves, celle de la cuverie et celle sous le siège de la société, plus ancienne et plus émouvante.

C’est Aubert qui manie la pipette pour remplir nos verres. Je souhaite prendre des notes et lorsque je commence à écrire sur l’Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2022, je mets le mot ‘riche’ et j’entends Aubert dire : ‘ce vin est riche’. Si ce mot est le premier qui vient à l’esprit d’Aubert et de moi, cela signifie probablement quelque chose.

Voici les notes succinctes que j’ai prises, sachant qu’en cave où il n’y a que des tonneaux, et tenant en main mon verre, écrire est un exercice délicat.

Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2022 : riche, fort, solide et aussi de belle fraîcheur. Fin de bouche agréable. Vieillira très bien. Très pur.

Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2022 : nez plus complexe, bouche plus ronde et souple, finale de forte personnalité. Plus fruité. L’écart entre les deux vins est plus marqué que pour d’autres millésimes.

Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 2022 : nez subtil et en bouche, ce vin est romantique, raffiné. Tout est subtil. Pureté. Très grand vin et belle réussite. Ce vin est tellement fluide.

Aubert nous dit que le millésime 2022 dispose à la fois d’une grande qualité et d’une grande quantité ce qui le fait ressembler au millésime 1959. Jamais les caves de la cuverie n’ont été aussi pleines.

Richebourg Domaine de la Romanée Conti 2022 : nez très expressif, qui n’est pas seulement lié à la puissance. Le fruit est riche et joyeux. Ce vin est large. Il est énergique et joyeux sans avoir à montrer sa puissance. Je l’adore car il est franc.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 2022 : nez glorieux. Ce vin est tellement grand. Tout est superbe. Ce vin est une synthèse. Il sera immense. Le final est superbe, très fort. Il me vient un éclair : je pense que ce vin a la perfection que j’avais trouvée dans Les Gaudichots 1929 de la Romanée Conti qui est le plus grand vin de la Romanée Conti que j’aie bu. Comme nous sommes en cave et parlons anglais, je note : « so good ».

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 2022 : c’est la grâce. Tout est rond. On s’émerveille. Il est très équilibré, mais il est en devenir. Il est plus en devenir que la Tâche qui est immédiatement aimable.

A ma demande, nous goûtons ensuite le Corton Rouge Domaine de la Romanée Conti 2022. C’est ce vin qui est normalement bu en premier. A la suite de la Romanée Conti, on voit qu’il est plus rustre et dans une philosophie très différente, mais je le trouve percutant, enthousiaste, « pushing ».

J’avais apporté avec moi deux vins déjà ouverts que je souhaitais faire goûter à Aubert de Villaine mais aussi aux autres participants et le fait de les boire dans la vieille cave du domaine va ajouter de l’émotion.

Il y a le Château Rayne-Vigneau 1928 si élégant et raffiné et le Malaga 1872 qui combine le doux et le salé. Le boire ici alors que je vénère le sel, marqueur des vins de la Romanée Conti, cela m’émeut encore plus. Luis est aussi très ému de boire ce vin de 150 ans.

Nous avons longuement bavardé. Luis est reparti vers de nouvelles aventures, heureux d’avoir pu faire un beau cadeau à Aubert de Villaine et d’avoir pu entrer dans le saint des saints ou le sein des seins, là où s’élabore le vin le plus recherché de la planète. Je suis heureux d’avoir pu être l’entremetteur de cette belle rencontre.

dans les caves

Dégustation de 7 itérations de Laurent Perrier Grand Siècle mercredi, 15 mars 2023

Le lendemain matin, avec Lucie Pereyre de Nonancourt et Edouard Cossy nous nous rendons au siège de la maison de champagne Laurent-Perrier. Après une visite des caves et des chais nous entrons dans la très jolie salle de dégustation pour un voyage dans le monde du Grand Siècle, guidé par Maximilien Bernardeau.

Nous allons boire sept Itérations portant les numéros 24, 23, 22, 21 en bouteilles et les numéros 20, 17 et 15 en magnums.

L’Itération 24 est faite de l’assemblage de 2007, 2006 et 2004 dans les proportions 60 – 20 – 20 %. Le champagne est salin, frais, large et un peu court. Ce champagne a été commercialisé en 2019.

L’Itération 23 est faite de l’assemblage de 2006, 2004 et 2002 dans les proportions 60 – 25 – 15 %. Le champagne a été dégorgé en 2022. Il est en bouteille et nous l’avons bu en magnum hier à Louvois. Il est plus riche que le précédent et on sent la craie. Il est plus strict que le n° 24. Le n° 24 est plus gourmand et le n° 23 est plus dynamique.

L’Itération 22 est faite de l’assemblage de 2004, 2002 et 1999 dans les proportions 55 – 30 – 15 %. Il a un nez très expressif. Il est large, agréable, accueillant, salin. Il se boit avec plaisir. Dégorgé en 2017, il est plus gourmand et d’une couleur plus dorée.

L’Itération 21 est faite de l’assemblage de 2002, 1999 et 1997 dans les proportions 60 – 25 – 15 %. Il a une extrême fluidité, une belle clarté. Ce champagne dégorgé en 2017 est noble et très grand.

Nous passons maintenant aux Grand Siècle présentés en magnums.

L’Itération 20 est faite de l’assemblage de 1999, 1997 et 1996 dans les proportions 60 – 20 – 20 %. Il a été dégorgé en 2019. Le nez est fabuleux, incomparable aux nez précédents. Le vin est très affirmé, large et gras tout en ayant un trajet très affuté.

La bulle est de belle énergie et le finale est superbe. Il a une belle fraîcheur. Il est grand. Il devient de plus en plus large et charmeur lorsqu’il s’échauffe dans le verre.

L’Itération 17 est faite de l’assemblage de 1995, 1993 et 1990 dans les proportions 60 – 20 – 20 %. Ce sont les premières ‘Les Réserves’ de Grand Siècle. Sa couleur est encore très claire et le parfum est discret. La largeur à l’attaque est saisissante. Ce champagne est absolument parfait et je trouve en lui le romantisme que j’adore.

Ce champagne très équilibré est parfait, gourmand et grand.

L’Itération 15 est faite de l’assemblage de 1990, 1988 et 1985 dans les proportions qui sont probablement de 60 – 20 – 20 %. Il a été dégorgé en 2021. Le nez est superbe et expressif, l’attaque est gourmande. Le vin est plein. Je ressens un peu de pain d’épices. Il est profond, très cohérent, superbe. Je le sens gastronomique et assez viril. Le finale est beau et très long. C’est un vin vif, équilibré et salin.

Que dire de cette dégustation ? Elle est faite en salle dans une atmosphère sérieuse, et nos émotions ne sont pas comparables à celles que nous avons eues au château. C’est un exercice plus chirurgical.

Tous les champagnes sont grands et l’on voit l’influence du vieillissement. Plus ce champagne vieillit et plus ses qualités s’élargissent ainsi que sa personnalité. Les trois préférés sont les plus anciens servis en magnum car l’effet du volume du flacon est déterminant. J’ai un faible pour le numéro 20, puis le 15 et enfin le 17 trois vainqueurs si différents.

Le Champagne Grand Siècle est un grand champagne qui mérite de vieillir dans la cave de celui qui en a acquis, car l’effet du temps est magique. J’ai découvert sur ces deux événements que le Grand Siècle qui correspond à une volonté d’excellence est capable d’une variété d’expression que je n’attendais pas, montrant que l’assemblage de trois millésimes n’exclut pas la diversité.

Voilà, au château et en cave, deux grands moments d’immersion dans le monde du Grand Siècle.

En cave :

vers la dégustation

Dîner au château de Louvois pour une expérience Grand Siècle mercredi, 15 mars 2023

Je suis invité par Lucie Pereyre de Nonancourt et Edouard Cossy au Château de Louvois pour un dîner et une expérience autour du Champagne Grand Siècle de Laurent Perrier. Au moment où je sonne au portail du château, avant même que je ne dise un mot, on me dit : « bonjour M. Audouze », ce qui fait plaisir à entendre.

Lorsque je gare ma voiture, David vient m’accueillir et me dit : « lorsque vous étiez venu, vous aviez apporté un Côtes du Jura de 1959 ». Ceci remonte à 2014. Quelle mémoire !

A l’heure de l’apéritif on sert à Lucie, Edouard et moi le Champagne Grand Siècle Laurent Perrier Itération n° 23 Magnum. Le champagne Grand Siècle est fait de l’assemblage de trois millésimes dont la participation dans l’ensemble est pensée pour essayer d’atteindre un champagne parfait dont la somme des qualités sera supérieure à celles de chacun des trois vins. Cette philosophie déterminée par Bernard de Nonancourt, le dirigeant iconique de Laurent Perrier, exprime une volonté absolue d’excellence.

Le numéro 23 est gracieux et élégant et profite des petits amuse-bouches élégants.

Le sujet de ce soir est de prendre connaissance du Champagne Grand Siècle Laurent Perrier ‘Les Réserves’ Itération n° 20 Magnum. ‘Les Réserves’ indique que le Grand Siècle Itération n° 20 a été gardé pendant vingt ans en cave. C’est donc une édition faite de vins qui ont mûri plus longtemps. Elle est destinée à des amateurs de champagnes anciens.

Nous allons goûter Les Réserves mais aussi l’Itération n° 20 d’origine et aussi goûter les trois vins qui font partie de l’assemblage de cette Itération, les 1996, 1997 et 1999.

A mon arrivée j’ai apporté en cuisine deux vins, dont un à ouvrir tout de suite, un Château Chalon Jean Bourdy 1942 et une autre bouteille qui sera ouverte en fin de repas.

Le menu créé par Valérie Marchandise est : bisque de langoustines / tourte de tartoufle et truffes noires / entre la poire et le fromage.

Le Champagne Grand Siècle Laurent Perrier Itération n° 20 d’origine est d’une fraîcheur de folie. Il a l’esprit Grand Siècle, champagne que je considère comme romantique.

Le Champagne Grand Siècle Laurent Perrier ‘Les Réserves’ Itération n° 20 Magnum est imposant, avec un nez confondant de puissance. Le champagne est éclatant, immense, glorieux.

Le Champagne Laurent Perrier 1999 est atypique, hors norme, ne faisant rien pour être aimé et donc on l’aime pour son côté fugueur rebelle. J’adore quand un vin ou un champagne me surprend par son côté sauvage, pirate, hors norme.

Le Champagne Laurent Perrier 1997 est tout en puissance et sans défaut, mais contrairement au pirate, il offre moins d’émotion.

Le Champagne Laurent Perrier 1996 est d’un équilibre total, d’une réussite absolue.

Le Château Chalon Jean Bourdy 1942, d’une grande année, est large et profond, intense et gastronomique. Il a bien accompagné les champagnes, mais n’a pas eu l’effet fécondant que je rencontre assez souvent dans ces associations, peut-être parce que j’étais concentré sur la compréhension des champagnes si variés.

La bisque de langoustines a été parfaite pour mettre en valeur les deux Itération n° 20. La tourte est tellement gourmande et la truffe tellement intense que tous les champagnes et le vin du Jura en profitent amplement, trouvant des largeurs nouvelles.

Ce qui est particulièrement intéressant, c’est à quel point les deux Itération 20 sont des champagnes différents. L’un est dans la grâce pure et le charme et l’autre, le ‘Les Réserves’ est en puissance glorieuse. Ils ont donc deux vies différentes et peuvent se compléter. C’est une incitation à les ouvrir ensemble.

J’ai classé les champagnes dans cet ordre : l’Itération 20 en premier, suivi du 1999 si hors norme, puis le ‘Les Réserves’ pour sa complexité, ensuite le 1996 si parfait et le 1997 complexe mais moins charmeur que les autres.

J’ouvre en cuisine le Vin de Chypre 1869 au bouchon court, au parfum diabolique et au goût de poivre, de sel, de réglisse et d’agrumes sagement acides, vin d’une intensité infinie.

Notre dîner au château de Louvois a été particulièrement agréable. Nous avons parlé de mille et une choses et j’ai été heureux de l’honneur qui m’a été fait de goûter ces champagnes nobles.

la lettre d’invitation portait un timbre particulièrement chic !

les domaines familiaux de Bourgogne mercredi, 15 mars 2023

La dégustation organisée par les domaines familiaux de Bourgogne est l’événement le plus prestigieux des manifestations où le vin est concerné. Lorsque j’arrive au Pavillon Ledoyen, la queue s’étend à l’extérieur du bâtiment pour valider les réservations. Il y a à l’heure où j’ai été invité un grand nombre de sommeliers des restaurants les plus prestigieux, ainsi que les professionnels et amis des domaines.

Commencer une dégustation par les vins du domaine Armand Rousseau, suivie peu après par les vins du domaine Georges Roumier est quelque chose de peu banal. Je vais à cet événement beaucoup plus pour saluer des vignerons amis que pour juger de la qualité du millésime 2020 qui s’annonce absolument exceptionnel.

Je suis frappé par la qualité de tous les vins, qui me semblent réussis sans la moindre faute pour tous les stands que j’ai visités. Et les qualités intrinsèques des domaines, leurs personnalités et leurs volontés s’expriment avec une grande clarté. Mes coups de cœur iront au domaine Marquis d’Angerville, au domaine de Villaine et son Bourgogne La Digoine, les domaines Trapet, Rousseau, Méo-Camuzet, Jacques Frédéric Mugnier, Roumier, les domaines Leflaive, Lafarge, Dujac Henri Gouges.

Tous ne proposent que du bonheur. La Bourgogne exprime de mieux en mieux son génie.