conseil de caviste, suite mercredi, 8 août 2007

L’histoire du caviste a une suite. Le niveau du stock de rosés ayant eu une légère tendance à la décrue, mon gendre partit chez le même caviste et lui acheta quelques vins. Il demanda comme je l’avais fait : « avez-vous un vin à me conseiller ? ». Et avec la même assurance on lui suggéra une « Fiole » de Châteauneuf-du-Pape du Père Anselme 2001. Nous passons à table après avoir fêté les nombreux anniversaires de cette période de l’année et nous commençons par un rosé Domaine Tempier 2005 plaisant, que suit un rosé Pibarnon Bandol 2006 qui est le meilleur rosé que nous ayons goûté. Il arrive que le rosé soit aussi du vin.

Il restait un peu de Cornas de la veille, qui s’est agréablement civilisé et tempère mon jugement un peu sévère, l’Hermitage Gambert de Loche 2001 me plait de plus en plus, et la « Fiole » de Châteauneuf-du-Pape du Père Anselme 2001, vin d’assemblage de Chateauneuf de diverses provenances n’est pas inintéressant, mais n’est pas intéressant non plus. Il peut y avoir deux conclusions à cette expérience : soit de ne plus poser de question à ce nouveau caviste, soit, hypothèse cruelle, de lui demander quel vin il préfère pour éviter de l’acheter. Comment puis-je avoir de si mauvaises pensées ?

Un très bel Hermitage sur un saumon mardi, 7 août 2007

Dîner après le sport, dont la pièce maîtresse est un saumon cuit au barbecue. L’apéritif avec sa variété de cochonnailles met en valeur un Domaine Tempier Bandol rosé 2005. J’avais éreinté le rouge. Le rosé se place bien.

Sur le saumon cuit à la perfection le Cornas « les Eygats » Domaine Courbis 2000 montre un modernisme assez agressif, même si on le boit avec plaisir. Mais la démonstration de son jeu excessif vient de l’Hermitage Gambert de Loche, caves de Tain l’Hermitage 2001 qui est éblouissant d’exactitude. C’est un vin qui est fait comme il doit l’être, sans concession aux modes. L’opposition au style du Cornas le rend encore plus appréciable. Ce vin généreux et authentique me ravit. Une tablette de chocolat s’ouvre pour finir le Maury 1998 avant que Morphée ne m’ouvre ses bras.

Un immense salon 1990 et un bel essai sur la mirabelle dimanche, 5 août 2007

Un ami fidèle, grand amateur de vins anciens, nous rend visite. Pour l’honorer, je pense ouvrir un champagne Salon 1990. Je n’aime pas que le vin vedette soit le premier aussi l’apéritif débutera par un autre champagne. Le champagne Dom Pérignon 1998 me plait toujours autant. Il m’évoque des fleurs blanches, délicates et frêles. C’est un grand champagne qui est gentiment excité par des olives noires et un jambon espagnol Serrano que l’on découpe en tranches de tailles diverses tant les outils adéquats de coupe manquent. Quand arrive le champagne Salon 1990, je suis réellement et physiquement pris de frissons. Car au-delà du nez intense, ce champagne expose instantanément son absolue perfection. Ce qui frappe, c’est la forte personnalité. Y reconnaît-on du miel, du muscat, des confitures de fruits variés, peut-être, mais ce n’est que l’écume de ce que le champagne affirme, qui n’a pas d’équivalent. Par rapport à la précédente bouteille du même, je le trouve un peu plus fumé et un peu plus à maturité. Il dévoile des pistes de ce que sont les grands Salon historiques. Le Salon est accompagné par des foies de lotte très goûteux. Mon gendre a préparé un coulis à base d’orange qui avantage le foie en extirpant son essence mais qu’il faut éviter avec le champagne. Une belle côte de bœuf aux pommes de terre et fenouil accueille le cadeau de mon ami, un Bonnes Mares Lionel Bruck 1966. A l’ouverture on percevait un léger coup de chaud normal pour la saison. Quand il est servi, c’est un vin chaleureux, velouté, qui est quand même un peu torréfié. Même s’il a quitté la définition stricte du Bonnes Mares, ce qui compte c’est qu’il est bon, gouleyant et joyeux.

Mon gendre est en compétition avec ma femme pour la confection de la mousse au chocolat. Il a réussi celle de ce soir à merveille. Le Mas Amiel Cuvée Charles Dupuis 1998 est totalement adapté, avec un boisé exotique canaille. En faisant les courses ce matin (si, si, ça m’arrive), j’avais pensé que des mirabelles se marieraient avec la mousse et le vin. Et j’ai eu l’intuition que le fruit devait se découper au couteau pour le mordre sans que les lèvres ne touchent le noyau, ce qui fait une différence de goût spectaculaire. Et l’on se rend compte que le Mas Amiel réagit beaucoup mieux sur la mirabelle qui suit le chocolat que sur le chocolat lui-même. J’adore ces expériences qui font penser à celles d’Hervé This, le pape de la gastronomie moléculaire.

un bijou de l’Ott dimanche, 5 août 2007

Mon fils et ma bru arrivent avec leurs enfants pour les vacances. A peine arrivés, je les retiens à déjeuner. Nous trinquons à leurs vacances avec un rosé Domaine d’Ott 2006 qui claque bien sur la langue. Voilà enfin un rosé expressif, au nez engageant, et qui en bouche chante un hymne à l’été. Ne lui demandons que cela, car il le fait bien.

Faut-il croire les cavistes ? samedi, 4 août 2007

Faut-il croire les cavistes ? La caviste la plus proche de ma maison du sud a vendu son fonds à un jeune caviste qui a gardé l’essentiel de l’achalandage judicieux de cette cave. J’étais assez fidèle au magasin, aussi, je m’y suis présenté et après avoir fait quelques achats, je lui ai demandé s’il me recommandait un vin. Il m’indiqua un vin rouge qui a obtenu une médaille d’or à Paris en 2006 dans la catégorie bio, le Château Margüi 2004. C’est un Coteaux varois. J’ai demandé si je pouvais aimer ce vin et le caviste me dit que je pouvais acheter sans le moindre souci.

Je l’ai offert à mon gendre qui l’a ouvert en mon absence et le lendemain, j’ai demandé à le goûter. Il faut que j’admette que les vins modernes, c’est pour moi comme le rap. J’ai du mal à m’y faire. Le nez et l’attaque sont tellement marqués par une sensation  de liqueur de mûre que cela crée un blocage. Il est hautement probable que les conversations avec ce nouveau caviste porteront plus sur le beau temps qui perdure que sur ses préférences.

Je ne devais pas avoir de chance ce soir ou pas de palais affûté, car le « R » rosé de Rimauresq 2006 ne m’a pas inspiré. Alors que j’apprécie beaucoup le domaine Rimauresq, ce rosé qui évoque la grenadine ne m’a pas parlé. Ce n’était pas mon jour.

Un intéressant vin espagnol dans un cadre féerique vendredi, 3 août 2007

Nous avions rencontré chez des amis des personnes fort sympathiques qui nous invitent en leur maison de la presqu’île de Giens. Je n’ai jamais vu une maison qui jouisse d’un aussi beau panorama. Au soleil couchant, c’est proprement féerique. La terrasse où nous sommes reçus est comme un amphithéâtre cerné de plantes tout droit sorties d’un jardin botanique. Chaque détail est raffiné. Ne connaissant pas les compétences de mes hôtes en matière oenologique, je leur demande en leur montrant le vin que j’ai apporté, un château Lafaurie-Peyraguey 1991 : « connaissez-vous ce vin ? ». Francis, maître de maison, sourit et me dit : « venez voir ». Et dans un seau, je vois château Lafaurie-Peyraguey 1999, prêt à être servi. Aurais-je un don pour les coïncidences ?

Les deux sauternes, le plus jeune en tête, accompagneront l’apéritif. Sur du Pata Negra Belota, l’accord est très amusant. Sur du foie gras, c’est un plaisir. Le 1999 est encore très jeune, assez massif alors que le 1991, nettement plus ambré est aérien. Il a un final d’une délicatesse et d’une fraîcheur rares. La juxtaposition de deux expressions si disparates du même vin alors que seulement huit ans les séparent est extrêmement intéressante.

Il y a autour de la table un américain, une autrichienne et un couple de français vivant à Madrid qui ont offert à leur fils un vignoble de Toro. La première cuvée faite par le fils s’appelle el Titan Dominio del Bendito, Toro 2004 et annonce sur la bascule la bagatelle de 15°. Je m’attends à ce que ça décoiffe. Or en fait, contrairement au Tempier de 14,8° récent, s’il y a le poids de toutes les techniques nouvelles, c’est ici parfaitement maîtrisé. Le vin est furieusement espagnol, et je perçois des analogies aux accents des vins de la Ribera del Duero, et malgré la lourde charge, le vin se boit bien. Nous en assécherons quelques flacons de forme fort jolie. Ce vin connaîtra certainement un beau succès commercial. Sur une crème d’ail doux, c’est délicieux et sur des magrets de canard aux pêches, l’accord se fait naturellement.

Les cannelés de Sylvie, attentive maîtresse de maison, sont de pures merveilles. Nous sommes encore parfaitement lucides pour jouer au billard américain. Est-ce pour pouvoir gagner que Francis me sert un marc du Domaine Ott fort goûteux, souhaitant sans doute que ma précision s’en ressente ? Il eût gagné sans cela.

divers vins dans le sud, de niveaux très différents mercredi, 1 août 2007

Tous les prétextes sont bons pour ouvrir une bouteille de champagne Salon 1996. Frais, délicat, nous l’essayons sur de la charcuterie corse et diverses tapenades et autres crèmes. C’est sur une crème de sardine que le Salon chante le mieux.

(voici le prétexte le plus fréquent)

Des amis viennent dîner à la maison. C’est l’occasion de tester des bouteilles que l’on m’avait offertes. Le champagne Mumm Cordon Rouge brut sans année bu en ayant la mémoire du Salon, cela fait tout drôle. Le champagne Mumm Cordon Rouge brut millésimé 1999 est beaucoup plus civilisé. Il a sans doute encore des progrès à faire, mais il se boit. Un Rimauresq Côtes de Provence rosé 2006 chante comme les cigales une mélodie très simple mais de saison. Sur un agneau de Sisteron, nous commençons par un Domaine des Baguiers, Bandol 1989. Une fois de plus, il se confirme que ces vins du Sud vieillissent remarquablement. Quel agréable goût où une trace d’olives noires excite le palais. Ce vin de soleil est aguichant.

Nous poursuivons par un vin qui fait peur, car il titre 14,8° d’alcool. C’est un Domaine Tempier, Bandol, cuvée spéciale la Tourtine 2000. Ce vin résume les directions prises depuis quelques années pour plaire à Robert Parker. Ce vin « boum-boum » plaira au consommateur international, car on reconnaît son goût mille fois reproduit dans tous les pays. Il a tout simplement oublié d’être un Bandol. Comme il fait encore soif dans le calme douillet de la nuit, un champagne Salon 1996 vient remettre les pendules à l’heure. Tout dans sa vinosité est parfait et son charme agit. Comme disait Aimé Jacquet à son équipe de France, il faut revenir aux fondamentaux. Mais je suis prêt à admettre que j’ai tort, si mon goût est politiquement minoritaire.

visites du blog en juillet 2007 mercredi, 1 août 2007

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Le rythme des visites a ralenti en fin de mois, mais il s’agit d’un très beau score, et du record en termes de "succès".

Champagne et fraises dimanche, 29 juillet 2007

Le médecin attitré de ma fille vient aussi contempler la huitième merveille du monde. Un flan de courgette, un risotto à la poutargue imposent un Champagne Laurent Perrier Grand Siècle en magnum. C’est incroyable de constater à quel point le risotto stérilise le goût de la poutargue qui doit se manger seule. Le champagne, tel Baden Powell et ses millions de continuateurs, est toujours prêt à s’adapter à chaque mets. Mais c’est avec les fraises Mara des bois que l’accord me pâme d’aise. Le champagne léger et floral, qui glisse si bien en bouche, lèche la fraise pour prendre des tonalités de rose. Et la fraise conserve son goût de friandise, exhaussé par la bulle vivante du champagne. C’est une délicatesse.