les vins du repas d’anniversaire vendredi, 29 avril 2011

Champagne Léon Camuset à Vertus magnum sans année (vers 1998)

Champagne Deutz double magnum 1993

Champagne Mumm magnum 1990

"Y" d’Yquem 1988

Nuits Saint Georges 1er Cru les Boudots Charles Noëllat magnums 1978

Côtes du Rhône Bouchard Père & Fils double magnum 1943 (chose incroyable, ce vin réconcilie trois régions, car la capsule porte la mention : "Bouchard père et Fils, Bordeaux") !!!

Domaine de La Passion Haut-Brion 1978

Château de Beaucastel Chateauneuf-du-Pape double magnum 1998

Château d’Yquem 1985

dîner d’anniversaire – photos vendredi, 29 avril 2011

La veille, je viens ouvrir les doubles magnums au restaurant Laurent.

On m’offre une coupe de champagne Bruno Paillard Blanc de Blancs

Le bouchon du Beaucastel est impressionnant car il était tellement serré qu’il s’est dilaté à l’ouverture. A gauche la capsule du Rhône 1943

La jolie salle du restaurant Laurent

La jolie terrasse avec de belles perspectives sur Paris

les plats

le beau saint-nectaire

quelques photos d’ambiance

dîner à la campagne photos samedi, 23 avril 2011

Champagne Henriot 1996 et Champagne Bollinger Grande Année 2002

Chateau Haut-Brion blanc 1990

Pétrus 1974 en 1/2 bouteille qui est peut-être allée aux USA. La capsule porte « Chateau »

Chateau la Conseillante 1989

la sardine de 2007

les plats et le « chef »

Rivesaltes Domaine Puig Parahy 1989

journée d’anniversaire avec de beaux vins samedi, 23 avril 2011

Un artisan aux mille talents est devenu au fil des ans presque un ami. Il passe à la maison le jour de mon anniversaire. Sans lui signaler que cette date est particulière, j’ouvre un Champagne Krug Grande Cuvée qui me fait extrêmement plaisir, car acheté il y a environ un an, il est déjà agréable à boire alors que la Grande Cuvée nécessite toujours quelques années de plus en cave pour atteindre le charme qui fait sa renommée. Il a une belle personnalité, non encore typée mais sensible, avec un léger fumé et des fruits jaunes d’or. Sur du foie gras que l’on tartine, c’est un casse-croûte impromptu fort plaisant. Ce champagne se boit avec facilité et glisse bien en bouche.

Nous nous rendons dans la maison de campagne de ma fille cadette, à l’orée de la forêt de Fontainebleau. Il fait depuis trois semaines un temps estival qui rend obsolète le conseil de nos ancêtres : « en avril ne te découvre pas d’un fil ». Les chants des oiseaux occupent l’espace sonore et le soir au coucher du soleil, j’ai pu profiter d’un spectacle que je n’avais jamais revu depuis un demi-siècle. Quand j’étais gamin, ma mère nous faisait rentrer à la maison lorsqu’arrivait un nuage de hannetons, car ils s’accrochaient dans les cheveux. Ce soir, ils sont plus petits, volent à plus haute altitude, et de beaux souvenirs d’enfance me reviennent.

Le Champagne Henriot 1996 est d’un bel or déjà ambré. Le nez est joyeux, la bulle est fringante et en bouche le premier étonnement vient de son évolution. On lui donnerait facilement quinze ans de plus. Ce champagne est follement agréable, joyeux, plein, avec de jolis fruits dorés par le soleil. J’adore les champagnes qui gardent leur jeunesse tout en commençant à devenir des champagnes anciens. Il y a deux clans, ceux qui comme moi goûtent des tranches de saucisson avec le champagne, nommons-les les prolétaires, et ceux qui, comme mon gendre et mon épouse goûtent un délicieux foie gras, nommons-les des gens « de la haute ». Par un réflexe républicain rassembleur, je décide de tartiner du foie gras sur une tranche de saucisson. Cette réconciliation sociale va-t-elle réussir ? J’en avais l’intuition et le résultat est au dessus de toute espérance. Le foie gras est sublimé par le saucisson dont le goût se fait plus discret, plus modeste, alors que le foie gras gagne nettement en saveur. Je laisse à chacun faire les interprétations politico-sociales de cette expérience qui peut être facilement refaite. Elle est convaincante. Inutile de dire que le champagne accompagne ces expériences avec une pertinence remarquable.

Mon gendre ouvre le Champagne Bollinger Grande Année 2002 qui est une bombe. Il est d’une puissance, d’une virilité qui s’impose au palais. Incroyable à quel point il est tendu, attaquant, envahisseur. C’est un très grand champagne qui ira loin. On note une petite note d’évolution fort agréable vers un peu de fumé, mais c’est surtout son aspect vineux conquérant qui n’exclut pas les fruits jaunes qui marque une trace indélébile. Nous l’essayons avec des sardines de 2007 et si la sardine est délicieuse, elle ne crée pas de réel accord.

Lorsque j’avais ouvert le Château Haut-Brion blanc 1990 de mon gendre, j’avais eu peur d’un parfum beaucoup trop discret. Heureusement les choses se sont arrangées et le vin est glorieux, le plus grand des vins blancs secs de Bordeaux. Avec le risotto aux copeaux de truffe noire, le blanc trouve un propulseur dans le riz. Mais peu à peu apparaît une fatigue qui tient à la bouteille qui a probablement connu un stockage avec des variations de température. Le vin est grand et mon gendre l’apprécie. Mais il n’est pas aussi flamboyant que ce qu’il pourrait être.

Nous allons connaître la situation inverse avec le Pétrus 1974 en demi-bouteille dont il est à signaler que la capsule rouge sur laquelle est dessiné le château à trois tours pointues porte la mention « Château Pétrus ». Ce vin au parfum envoûtant et à la couleur noire est d’un velouté extraordinaire. Il est impossible de dire que ce vin n’est pas d’une grande année, tant il représente la force d’expression d’un grand Pétrus. Les évocations de truffe sont présentes, mais c’est le velouté qui est le plus impressionnant ainsi qu’une trace en bouche indélébile.

Le deuxième pomerol que j’ai apporté, avec l’espoir d’une belle prestation, est Château la Conseillante 1989. Sachant ce que Pétrus donne sur ce millésime, j’attendais que La Conseillante fasse un tabac. Hélas, même si le vin est bon, il n’est que l’ombre de ce que j’imaginais. Il a des arômes de truffe délicieux, mais il fait torréfié. J’avais ce vin en cave depuis plus de quinze ans aussi suis-je déçu d’une prestation qui n’est pas suffisante. Le vin est bon, et ma femme adore son parfum. Mais il fait scolaire et limité. Alors, bouteille ou non ? Il faudra l’essayer à nouveau.

Les deux pomerols sont goûtés sur un agneau cuit plus de dix heures à basse température. Les deux ont bien réagi à cette viande goûteuse et fondante, le Pétrus étant sublimé.

Sur la rituelle Reine de Saba de mon épouse, un Rivesaltes Domaine Puig-Parahy 1989 a apporté sa touche de charme fait de griottes et de pruneaux pour un final délicat.

Le classement des vins de ce dîner est : 1 – Pétrus 1974, 2 – Bollinger Grande Année 2002, 3 – Henriot 1996, 4 – Haut-Brion blanc 1990. Les deux premiers se sont révélés au dessus de mes attentes, le plus triste étant La Conseillante 1989. Ce repas familial à la campagne fut un grand plaisir.

San Sebastian photos dimanche, 17 avril 2011

au restaurant Rekondo, la cave aux 100.000 bouteilles

la salle de dégustation

l’une des allées

quelques doubles-magnums de Mouton

de vénérables Vega Sicilia Unico des années 20

l’apéritif

sur la carte des vins, deux pages uniquement pour Marquès de Riscal

les vins

les couleurs sont très proches : à gauche le Valbuena 1998 et à droite le vega Sicilia Unico 1960

les plats

Une étrange façon d’ouvrir les bouteilles de vin dimanche, 17 avril 2011

Au restaurant Rekondo à San Sébastian, à la cave de plus de 100.000 bouteilles dont une collection impressionnante de Marquès de Riscal et de Vega Sicilia Unico nous prenons à deux une bouteille de Vega Sicilia Unico 1960. Nous avons bien fait car cela nous donnera l’occasion de voir la plus étrange des méthodes pour ouvrir une bouteille de vin.

Le sommelier arrive avec un petit réchaud à gaz avec un support qui garde verticale une immense tenaille terminée pas des mâchoires en demi-cercle. La tenaille reste sur le feu pendant cinq bonnes minutes.

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Puis le sommelier prend la tenaille toujours verticale et enserre le goulot de la bouteille pendant trois minutes. Il enlève la tenaille et il suffit d’asperger d’eau fraîche pour que le goulot se sectionne sur une coupure très nette. Il badigeonne avec un pinceau pour enlever un éventuel copeau de verre et la bouteille sectionnée en bas du goulot peut être servie. C’est très étrange, mais ça marche.

J’adore ouvrir des curiosités parfois folles samedi, 2 avril 2011

Un ami danois vit à Las Vegas. Il est expert en vin. Un de ses amis danois est un pourvoyeur significatif de ma cave. Dans le périple qu’ils font ensemble auprès de vignerons français, il y a la place pour une visite de ma cave. J’apprends que mon fournisseur danois est un collectionneur, à titre personnel, aussi fou que moi. Je leur montre mes vins et ils peuvent sentir certaines bouteilles vides que j’ai gardées dont ces vins de Chypre qui ont encore un parfum entêtant, mêmes plusieurs années après avoir été bues et un whisky tourbé du 19ème siècle ouvert il y a cinq ans qui explose de tourbe comme un whisky nouveau-né.

Ma femme a préparé un foie gras, et sur l’excellente baguette de mon boulanger habituel, nous tartinons. Pendant la visite, j’avais pris en mains une demi-bouteille très ancienne au verre soufflé qui pourrait être du début du 19ème siècle. La bouteille est sans capsule et sans étiquette et le bouchon est noir, poussiéreux sur le dessus et hérissé comme la chevelure d’un punk. L’expert connaît beaucoup de choses, mais là, c’est impossible à trouver. Je lance : "on essaie ?" et sur une réponse positive j’ouvre la bouteille, pensant qu’il me faudrait sans doute ouvrir quelque autre vin par la suite du fait de l’incertitude. Le bouchon est court. Il est noir sur une toute petite partie et il est très souple sur le reste, confirmant un âge canonique dépassant vraisemblablement les 120 ans. Je porte mon nez sur le goulot de la bouteille ouverte et je pousse un "wow" avec un grand sourire. Le parfum de ce vin est tout simplement merveilleux. Je verse le vin dans les verres et l’or du liquide est profond. C’est un or flamboyant et noble.

Ceux qui goûtent avec moi ne sont pas des perdreaux de l’année. Ils ont un pédigrée solide. L’ami lance : "sauternes" et à l’évidence c’est un sauternes. Et il poursuit en disant qu’un tel vin ne peut provenir que d’une année de grande puissance, voire une année exceptionnelle. Puisant dans mes souvenirs, je pense à 1893 qui est une année que j’adore, mais ce pourrait être plus vieux et mon fournisseur évoque 1847 l’année mythique que je n’ai pas goûtée. Ce vin n’est sûrement pas Yquem et j’hésite entre Climens et Rayne-Vigneau. Lequel est-ce ? N’allons pas plus loin car notre divination n’aura pas de vérification possible. Ce qui compte, c’est l’absolue perfection du vin qui gardera son équilibre pendant tout le temps où nous grignotons le foie gras. J’ai bu le fond de la bouteille et il n’y avait que d’infimes parcelles de lie. Nommons-le pour mes archives : Sauternes (Climens ou Rayne Vigneau) # 1893.

Etre tombé sur une aussi bonne pioche m’étonne moi-même. Comme j’avais prévu une tarte aux pommes légère, je me suis promené dans les allées et je tombe (virtuellement seulement) sur une demi-bouteille de Clos des Meyssonniers Appellation Côtes du Rhône Contrôlée Jaboulet Vercherre 1945. La bouteille est magnifique, je n’ai jamais bu ce vin et je suis prêt à parier que ces deux danois n’ont jamais vu ou bu pareille bouteille. Je leur demande s’ils aimeraient boire ce vin et quand je sens que leur curiosité est éveillée, j’ouvre la bouteille. Le bouchon est impeccable, encore souple et sain. La couleur dans le verre est joyeuse. Il n’y a pas un gramme de tuilé dans ce rouge vif. Le nez est engageant et en bouche le vin est plus que plaisant. Il y a un peu d’acidité volatile et une légère poussière mais qui n’empêche pas de profiter d’un vin riche anobli par l’année 1945. Je dis qu’à l’aveugle j’aurais eu du mal à trouver qu’il s’agit d’un vin du Rhône et mon ami me dit : on sait immédiatement que ce n’est pas bordeaux et que ce n’est pas bourgogne. Donc le côté garigue du goût pousse naturellement vers le Rhône. J’aimerais bien avoir de ces déductions "naturelles". Le vin est très agréable et se marie bien à la délicieuse tarte aux pommes à la fine pâte d’amande. Nous constatons que le vin est en train de s’évanouir. La partie est-elle finie ? Eh bien non, car au lieu de glisser sur une pente descendante le vin se stabilise et redevient charmant.

Comme je suis heureux que nous ayons eu de bonnes surprises, je fouine ici et là et je fais sentir des bouteilles vides de muscats mis en bouteille en 1889. Et je prends en main un madère dont l’étiquette dit : Madère vieux mis en bouteilles 1893. Il est donc âgé de pas loin d’un siècle et demi, si le madère a été embouteillé avec quelques décennies de fût. La bouteille sent encore bon, alors qu’elle a été ouverte il y a plusieurs années. Fou comme je suis, je veux goûter le fond de liquide. Mes amis n’osent refuser. Etonnamment c’est encore du madère avec une longueur extrême et une belle complexité. Mais il y a quand même un sale goût poussiéreux qui me suivra pendant plusieurs heures.

Mes amis lavent les verres et les couverts et je range les reliefs de cette petite dinette. J’adore ouvrir ainsi des bouteilles mystérieuses, pour découvrir des goûts et des sensations nouvelles et inconnues.

Photos des vins :

on note la belle capsule intacte du 1945

très joli bouchon et très jolie étiquette