déjeuner au restaurant la Tante Marguerite vendredi, 21 décembre 2012

Notre club 2043 est comme la langue française : une règle ne peut se concevoir que s’il y a des exceptions. Olivier est l’exception puisque c’est le seul à ne pas avoir notre âge. Il est en charge du déjeuner. Le restaurant est la Tante Marguerite du groupe Loiseau. Nous sommes dans une petite salle privée où l’acoustique rend difficile les discussions de groupe. Le bruit isole au lieu de rassembler. L’apéritif est un Champagne Deutz brut rosé sans année qui manque franchement d’inspiration. Avec l’accord de l’invitant je cherche dans la carte des vins où curieusement Deutz jouit d’un monopole. Il y a un Champagne Amour de Deutz blanc de blancs 2003 qui attire mon regard. C’est une bonne pioche, car il y a une vibration qui fait un saut qualitatif majeur par rapport au rosé. C’est un très beau champagne.

Le menu préparé pour notre table est : carpaccio de dorade marinée, compotée d’oignon au curry de Madras, ananas et citron vert / quasi de veau rôti, frite de panisse, oignon rouge au balsamique et navet glacé au jus / assiette de fromages affinés /paris-brest au praliné.

Le Meursault d’Alain Gras 2009, simple meursault, est extrêmement plaisant car il est très pur et authentique. Il se marie bien à la dorade goûteuse. Le Nuits-Saint-Georges Clos de la Maréchale Jacques-Frédéric Mugnier 2009 est une merveille de délicatesse. J’adore ce domaine élégant et ce vin en est la preuve. La deuxième bouteille du même vin va nous réserver une grande surprise. Autant le premier est subtil et délicat, autant le second est tannique et d’un lourd alcool. Comment deux bouteilles du même lot, qui ont partagé les mêmes caves aux mêmes moments peuvent-elles être si dissemblables ? C’est un des mystères du vin. Avec le Chambertin Clos de Bèze Armand Rousseau 2004 on monte une nouvelle marche sur le chemin de l’excellence. Bien que le millésime 2004 ne soit pas l’un des plus grands, ce vin montre des qualités exceptionnelles. Tout en lui est excellent. Il est subtil, complexe et généreux, vin de grand plaisir raffiné. Nous étions d’humeur gourmande, aussi ce vin a été de nouveau doublé, sans qu’il y ait la moindre différence gustative pour celui-ci. Ce vin est un plaisir de chaque gorgée.

Notre repas s’est conclu sur un excellent Champagne Cuvée William Deutz 1999 à la personnalité très affirmée, goûteux et de grande empreinte.

La cuisine de ce restaurant est fort agréable sur un registre traditionnel. Le sommelier a bien accompagné notre voyage avec de grands vins. Notre petite confrérie a terminé son année 2012 sur un beau repas de fête.

A 12h 12mn et 12 secondes le 12/12/12 mercredi, 12 décembre 2012

Dans mon entreprise industrielle, à 12h 12mn et 10 secondes, j’avais le bouchon en main. J’essaie de le tourner. Trop serré, je n’arrive pas à l’ouvrir.
Un collaborateur prend les choses en mains et l’ouvre, mais à 12h 12mn et 24 secondes.
A 12 secondes près, on ne va pas chercher la petite bête.

Par un hasard non calculé, nous étions douze à boire le Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1996 en magnum.

Tout le monde a apprécié ce champagne intense, au fruit fort, aux saveurs de citron confit. Un champagne que j’aime beaucoup.

Je suis heureux d’avoir célébré ainsi cette conjonction unique : 12/12/12 à 12:12:12.

Que faire en ce jour quand on s’appelle Audouze ? mardi, 11 décembre 2012

Quand j’étais gamin, on m’a appelé des milliers de fois "au treize" et le plus surprenant est que chacun croyait qu’il était le premier à avoir inventé ce surnom !

Alors, quand le calendrier m’offre une date qui est 12/12/12, je me sens concerné !

A 12 heures 12, il va falloir que je me recueille.

Que vais-je faire ? Vais-je y penser ?

12 heures, 12 minutes, 12 secondes le 12/12/12, je crois que ça s’arrose.

A vérifier.

heurs et malheurs en cave jeudi, 6 décembre 2012

Le rangement en cave continue avec un ami fidèle. A la pause du midi, il faut soutenir le moral du combattant. Des bouteilles à niveau bas ou à incident grave ont été mises de côté. Je repère une bouteille d’Arbois à la jolie étiquette, dont le volume a baissé de moitié. Pourquoi de pas essayer quand on est sans illusion ? Dès que je décapsule le Vin d’Arbois Emile Nevers 1947, le bouchon glisse. Je tente de le rattraper mais il va plus vite que moi et plonge. Je verse deux verres et à ma grande surprise les arômes sont purs. Le vin n’est pas désagréable mais je conseille quand même à Emmanuel de cracher ce qu’il boit. Les trois ou quatre gorgées sont vivantes d’un vin qui a des intonations de vin rouge, mais il lasse vite.

J’ouvre alors une demi-bouteille de Mazy-Chambertin Maison Thomas Bassot 1945 au niveau très bas. Le bouchon résiste car il a aussi la volonté de plonger, mais je l’extrais. Le cri du bébé accouché est une puanteur que je connais, car elle disparaîtrait si nous avions quatre heures devant nous. Comme nous n’avons pas le temps, ce vin possible est aussi écarté. Je fais une nouvelle tentative avec une demi-bouteille de Château Longueville Baron 1956 qui est basse épaule mais dont le bouchon nage depuis un temps indéterminé. Là, le verdict est sans appel, nous sommes au rayon des vinaigres.

Ma patience ayant des limites, je prélève un Hermitage rouge Jean Louis Chave 2001 qui a au moins le mérite d’être du vin. Si j’avais mis cette bouteille de côté c’est que la baisse de volume, de cinq ou six centimètres est tout-à-fait anormale pour un 2001. Le bouchon ne montre aucun signe de faiblesse et n’apporte aucune explication. Le vin n’en souffre pas, plein de vitalité, avec de beaux fruits rouge foncé et de beaux tannins. La longueur est belle et joyeuse. Après trois cadavres, notre plaisir de revenir dans le monde des vivants n’en est que plus grand. Bien sûr, si l’on pousse l’analyse, il y a un léger goût torréfié qui signerait peut-être un coup de chaud avant l’arrivée dans ma cave, mais le bilan de ce vin est tout à son avantage.

Fort heureusement le nombre de bouteilles abîmées est faible, mais c’est toujours dommage de constater que l’on n’est jamais à l’abri de déconvenues. Le rangement de ma cave aidera à diminuer ce risque. Tant mieux.

Dîner au restaurant Lasserre mardi, 4 décembre 2012

Entrer au restaurant Lasserre, c’est arrêter la pendule aux années cinquante. L’accueil est chaleureux. Nos amis prennent une coupe de champagne dans le petit salon du rez-de-chaussée. Nous prenons l’ascenseur piloté par un groom en livrée rouge, et dans la salle les maîtres d’hôtel sont en habit. Une pianiste asiatique joue discrètement des standards, créant une atmosphère d’hôtel des années trente. Inutile de dire que j’aime beaucoup cette vision surannée du luxe. Antoine Pétrus ajoute sa touche de jeunesse qui sied bien au lieu. On se sent bien.

Avec Antoine nous décidons de garder deux des vins que je viens d’apporter et nous commençons par le Champagne Agrapart Terroirs Blanc de Blancs Extra Brut sans année d’Avize. Ce champagne est d’une grande personnalité. Sa tension, sa vivacité n’excluent le charme et l’équilibre.

Nous passons commande et compte tenu des vins il paraît assez évident de prendre le macaroni, truffe noire et foie de canard, suivi du lièvre de Picardie, le filet juste pané, poivre / genièvre, la panoufle à la Périgourdine. Le Château de Pibarnon Bandol 2007 réagit de façon admirable au macaroni à la truffe. Il est charmant, enveloppeur, de grande séduction poivrée et truffée. L’accord est un bonheur et le plat divinement dosé. Le Clos des Fées Hervé Bizeul 2010 est d’une grande puissance. Il est un peu envahissant, mais il est domestiqué par le lièvre. Et la respiration que j’avais trouvée avec le céleri qui était un appel à reprendre du chevreuil, dans l’Atelier Gourmet du Grand Tasting, je le retrouve ici avec la panoufle, qui apaise le palais et redonne envie de reprendre du lièvre et du vin. On aurait dit que j’avais choisi précisément ces vins pour coller idéalement avec ces deux plats.

Mon ami prend les crêpes flambées qui sont préparées avec le cérémonial d’antan par un maître d’hôtel en habit et en gants blancs. Nous finissons le champagne délicieux.

Lorsque nous quittons l’ascenseur, nous félicitons Christophe Moret qui a réalisé deux plats de grande saveur, d’un beau classicisme et d’une belle réalisation.

les crèpes flambées à l’ancienne

Entre le Grand Tasting et le restaurant Lasserre mardi, 4 décembre 2012

J’avais réservé une table pour le soir même au restaurant Lasserre. Hier, Antoine Pétrus, directeur de ce restaurant était venu rendre visite aux élèves de l’école internationale des arts de la table, le Cordon Bleu, qui ont fait un service des vins des Master Class digne d’éloge, sous l’autorité efficace du directeur de l’école. Il m’a annoncé qu’il était au courant de ma réservation et qu’il serait là. Cet après-midi, alors que je suis en master Class, il m’envoie un SMS : "si vous voulez apporter un vin de votre cave, ce sera avec plaisir". Je n’ai pas le temps de passer à ma cave. Ce pourrait être l’occasion de mettre en valeur tel ou tel vin d’un vigneron que j’apprécie. Ainsi, à la fin du salon, je me vois me comporter comme ces jeunes vautours qui cherchent à capturer les bouteilles restantes pour arroser un peu plus leur taux d’alcoolémie. Me voir demander des bouteilles, ça me fait une drôle d’impression. Mais tout naturellement, Eric de Saint-Victor me donne une bouteille de Pibarnon 2007 et Hervé Bizeul me donne une bouteille de Clos des Fées 2010 plus un vin d’une de ses cuvées particulières au nom poétique.

Avec ces emplettes je quitte le Carrousel du Louvre avec le sentiment d’avoir vécu un Grand Tasting de haut niveau, grâce à la qualité des vins présentés, mais aussi grâce à la présence de nombreux vignerons qui viennent apporter leur support à l’un des plus grands rendez-vous du vin.

Entre le Grand Tasting et le restaurant Lasserre mardi, 4 décembre 2012

J’avais réservé une table pour le soir même au restaurant Lasserre. Hier, Antoine Pétrus, directeur de ce restaurant était venu rendre visite aux élèves de l’école internationale des arts de la table, le Cordon Bleu, qui ont fait un service des vins des Master Class digne d’éloge, sous l’autorité efficace du directeur de l’école. Il m’a annoncé qu’il était au courant de ma réservation et qu’il serait là. Cet après-midi, alors que je suis en master Class, il m’envoie un SMS : « si vous voulez apporter un vin de votre cave, ce sera avec plaisir ». Je n’ai pas le temps de passer à ma cave. Ce pourrait être l’occasion de mettre en valeur tel ou tel vin d’un vigneron que j’apprécie. Ainsi, à la fin du salon, je me vois me comporter comme ces jeunes vautours qui cherchent à capturer les bouteilles restantes pour arroser un peu plus leur taux d’alcoolémie. Me voir demander des bouteilles, ça me fait une drôle d’impression. Mais tout naturellement, Eric de Saint-Victor me donne une bouteille de Pibarnon 2007 et Hervé Bizeul me donne une bouteille de Clos des Fées 2010 plus un vin d’une de ses cuvées particulières au nom poétique.

Avec ces emplettes je quitte le Carrousel du Louvre avec le sentiment d’avoir vécu un Grand Tasting de haut niveau, grâce à la qualité des vins présentés, mais aussi grâce à la présence de nombreux vignerons qui viennent apporter leur support à l’un des plus grands rendez-vous du vin.

Ceci est mon trois millième message lundi, 3 décembre 2012

Trois mille messages sur deux cent pages de ce blog, c’est plus de dix mille vins racontés et des milliers et des milliers de photos, probablement plus de dix mille. C’est évidemment beaucoup de travail mais c’est aussi un témoignage sur des vins que peu de gens ont la possibilité d’approcher.

Il serait dommage de ne pas en garder la mémoire. C’est ce que j’essaie de faire sur ce blog, lu en moyenne par environ 400 personnes par jour.

Merci de votre fidélité.

19ème séance de l’ académie des vins anciens vendredi, 30 novembre 2012

La 19ème séance de l’ académie des vins anciens se tient au restaurant Macéo. Nous sommes 38 et nous nous partagerons 55 vins, répartis en trois groupes de dégustation. A 16h30, je commence l’ouverture des vins, rejoint par plusieurs académiciens qui viennent m’aider et participent à cette importante opération. L’ambiance est joyeuse et active, car beaucoup de bouchons résistent. Les odeurs des vins sont très variables, avec de bonnes et de mauvaises surprises.

Les vins sont répartis en trois groupes sauf les champagnes d’apéritif (les vins précédés d’une astérisque proviennent de ma cave) : deux *Champagne du Château de Germigney 1/2 bt sans année élaboré par Leclère – deux Champagne Taittinger brut – Champagne Ruinart Blanc de Blancs – Champagne Ruinart Brut – *Champagne Charles Heidsieck années 80.

Les vins du Groupe 1 : Champagne Grand Réserve Damien Coutelas SS A – *Domaine de la Trappe Vin d’Algérie rosé 1949 – Vin d’Algérie rosé Frédéric Lung 1942 – *Château d’Arlay Côtes du Jura 1973 – Château Latour-Figeac 1970 – Château Moulin Riche 1914 – *Chambolle-Musigny Domaine Faiveley magnum 1973 (commun à deux groupes) – Corton Jules Régnier 1961 – *Nuits-Saint-Georges Clos des Corvées Général Gouachon 1945 – Chateauneuf-du-Pape Domaine du Banneret 1989 – *Chateauneuf-du-Pape Veuve H.-M. Avril 1957 – *Rioja Ollauri Paternina 1928 – Vin d’Algérie rouge Frédéric Lung 1938 – *Château Chalon Fruitière Viticole de Château Chalon 1959 – Château Rabaud 1947 – Château Rayne Vigneau 1945

Les vins du Groupe 2 : Champagne Grand Réserve Damien Coutelas SS A – Château Mont-Redon Chateauneuf-du-Pape Blanc 1976 – *Château d’Arlay Côtes du Jura 1969 – Château Léoville Poyferré 1985 – Château La Conseillante 1969 – Clos l`Eglise pomerol 1959 – Clos des Jaubertes 1964 – Château d’Arsac 1925 – *Chambolle-Musigny Domaine Faiveley magnum 1973 (commun à deux groupes) – *Volnay Namont de Marcy 1961 – *Beaune Marconnets Remoissenet 1937 – Châteauneuf du Pape Camille Chandesais 1962 – *Rioja Ollauri Paternina 1928 – Vin Jaune Désiré Petit 1964 – *Château Chalon Fruitière Viticole de Château Chalon 1959 – Château Doisy-Daëne 1975 – Cru Le Buhan Cérons 1962

Les vins du Groupe 3 : Champagne Grand Réserve Damien Coutelas SS A – Château La Louvière Pessac Léognan Blanc 1979 – Mosel Wein 1964 – *Château d’Arlay Côtes du Jura 1969 – Château Mouton Rothschild 1976 – Château Canon Saint-Emilion 1966 – Corton Bressandes Tollot Beau 1988 – Château Malescot Saint-Exupéry 1961 – *Bonnes Mares Mommessin 1972 – *Vosne Romanée S.A. Leroy & Cie 1959 – Chassagne-Montrachet rouge Joseph Drouhin 1959 – Châteauneuf du Pape Faye et Cie Négociant 1958 – *Rioja Ollauri Paternina 1928 – Côtes du Jura Bury 1964 – *Château Chalon Fruitière Viticole de Château Chalon 1959

Nous prenons l’apéritif debout en commençant par le Champagne du Château de Germigney 1/2 bouteille sans année élaboré par Leclère, qui m’a été offert lors des séjours en cet hôtel au moment de la percée du vin jaune. Le champagne a quelques années et cela lui va bien. C’est une heureuse surprise que de voir une personnalité aussi affirmée. Le Champagne Taittinger brut est plus conventionnel et classique. Il est un peu trop dosé à mon goût. Le Champagne Ruinart Blanc de Blancs et le Champagne Ruinart Brut sont frais et agréables pour discuter entre amis. Le premier a une belle tension.

Nous passons à table. Le menu composé par le restaurant Macéo est : risotto de cocos tarbais, crème légère au citron vert / croustillant de volaille, tartare d’avocat, sauce aigre doux / gambas sautées au chorizo ibérique, risotto au piquillos / magret de canard, sauce épices, étuvée de choux et poireaux / ananas rôti, crème Chantilly / tiramisu aux quetsches. Il a fort agréablement accompagné la profusion de vins.

Le Champagne Grand Réserve Damien Coutelas sans année est une belle découverte. Pur, de belle personnalité, il a de grandes aptitudes à la gastronomie.

Le Vin d’Algérie rosé Frédéric Lung 1942 est jugé comme un blanc par certains convives de ma table, mais c’est bien un rosé, car j’en ai ouvert un de 1940 du même coloris. Quand je bois ce vin, je suis ému. Il est beau, de grande personnalité, racé et équilibré. Il raconte beaucoup de choses. J’ai ajouté le Domaine de la Trappe Vin d’Algérie rosé 1949 au programme car l’ami qui a apporté le 1942 d’Algérie et un 1938 a fait un grand cadeau à l’académie. Comme j’adore les vins d’Algérie de cette époque, j’ai fait cette ajoute. Le 1949 est plus lourd, avec plus d’alcool, mais il est bien fait. Il est étrange et nous n’avons pas de repères pour un tel vin. Malgré cela, je prends un grand plaisir. Le Château d’Arlay Côtes du Jura 1973 qui est servi en même temps que les deux algériens est beaucoup plus complexe. Il a des fruits, il est gouleyant ce qui est paradoxal pour un vin du Jura. Il est de grande longueur. C’est une belle surprise.

Le Château Latour-Figeac 1970 est lui aussi une belle surprise, car très au dessus de ce que j’attendais. C’est un bordeaux joliment épanoui, de grand plaisir. Le Château Moulin Riche 1914 est un peu plat, mais encore bien vivant. Il est agréable à boire et c’est ce genre de témoignage qui est dans la ligne de l’académie des vins anciens.

On m’apporte d’une autre table le Château Malescot Saint-Exupéry 1961, solide, imperturbable. Ce vin est comme un ticket gagnant : on est sûr qu’il sera bon pour longtemps.

Le Chambolle-Musigny Domaine Faiveley magnum 1973 est une divine surprise. Jamais je n’aurais cru que ce vin serait aussi expansif. Follement bourguignon, je l’aime parce qu’il ne cherche pas à séduire.

Le Corton Jules Régnier 1961 est intéressant, mais il n’est pas parfait, surtout au nez. On attendrait plus de cette belle année.

Le Nuits-Saint-Georges Clos des Corvées Général Gouachon 1945 est fatigué. Il évoque des tas de saveurs bien sûr, mais ce vin tasteviné au niveau bas n’est pas satisfaisant.

Le Beaune Marconnets Remoissenet 1937 que j’ai ajouté au programme d’une autre table vient à moi. Malgré un niveau bas, il se montre adorable. C’est un bonheur et à mon sens le plus beau bourgogne de ceux que j’ai bus ce soir.

Le Corton Bressandes Tollot Beau 1988 m’est proposé par son apporteur d’une autre table. Il est jeune, solide, aimable, mais par sa jeunesse il est à la limite du champ de recherche de l’académie.

Le Vosne Romanée S.A. Leroy & Cie 1959 que j’ai ajouté au programme d’une autre table est un très joli vin bien droit et solide, mais pas aussi complexe que ce que j’aurais souhaité.

Il y a à peine dix jours, j’étais venu au restaurant Macéo pour une dégustation de Chateauneuf-du-Pape. Un vigneron présent m’avait donné une bouteille du Chateauneuf-du-Pape Domaine du Banneret 1989 pour l’académie. C’est un beau cadeau, car le vin est magnifique d’équilibre. Très épanoui, très beau, c’est un grand Chateauneuf-du-Pape jeune lui aussi, de grande qualité.

Le Chateauneuf-du-Pape Veuve H.-M. Avril 1957 a une odeur camphrée très désagréable. C’est une déception pour moi, car j’en avais déjà bu un qui m’avait enthousiasmé.

J’ai apporté pour les groupes trois bouteilles de Rioja Ollauri Paternina Réserve 1928 aux niveaux parfaits ou presque parfaits. Hélas une table a eu une bouteille morte, alors que les deux autres tables, dont la mienne, ont eu un vin magnifique de vivacité, d’un équilibre simple mais très convaincant. C’est un grand vin gourmand.

Face au Vin d’Algérie rouge Frédéric Lung 1938 je confesse volontiers que je n’ai aucune objectivité, parce que ce type de vins m’émeut. Il est rond, joli, ne tient pas la distance, mais qu’importe, il a été ouvert.

Le Vin Jaune Désiré Petit 1964 est intéressant mais je suis moins enthousiaste que ceux qui l’ont bu à une autre table. Le Côtes du Jura Bury 1964 est un vin délicat, subtil, manquant un peu de force.

Comme pour le Rioja, j’ai apporté trois Château Chalon Fruitière Viticole de Château Chalon 1959. Certains n’ont pas été convaincus à une table. Celui que j’ai bu est superbe et profond, à tous points de vue.

Lorsque j’ai voulu faire les photos des bouteilles, deux jours avant la réunion, j’ai eu la mauvaise surprise de constater que le bouchon du Château Rabaud 1947 d’un académicien avait glissé dans le liquide. La menace était forte. La bouteille a été transportée verticalement jusqu’au restaurant. A l’ouverture le nez était très pur. Force est de constater que le vin n’a pas de réel défaut au point d’être plus vivant et plus apprécié que le Château Rayne Vigneau 1945 de belle présentation mais qui offre un service minimum, politiquement correct, ce qui ne l’empêche pas d’être beau.

Le nombre de nouveaux académiciens est ce soir très important, ce qui est un signe encourageant. L’ambiance est amicale, enjouée, tonique, et chacun communie avec les autres à ces vins d’âges canoniques. Nous sommes donc dans l’esprit de l’académie. Le service du Macéo, qui est bien rodé, est efficace. Sur 55 vins, il y a eu, comme on peut s’y attendre, plusieurs déchets. Mais ce qui compte, ce sont les belles performances des autres vins, largement majoritaires. Même si je n’ai pas ressenti une étincelle de génie d’au moins l’un des vins, il y a suffisamment de belles performances pour faire de cette réunion l’un des plus belles des 19 que nous avons faites.

Avec le Vin d’Algérie rosé Frédéric Lung 1942, le Chambolle-Musigny Domaine Faiveley magnum 1973, le Beaune Marconnets Remoissenet 1937, le Chateauneuf-du-Pape Domaine du Banneret 1989, le Rioja Ollauri Paternina Réserve 1928, le Château Chalon Fruitière Viticole de Château Chalon 1959 et le Château Rabaud 1947, il ne sera pas difficile de garder de cette soirée un souvenir des plus positifs.

J’ai insisté sur le fait que chacun des membres doit essayer de pousser la qualité des vins vers le haut, pour notre plus grand plaisir.

Les bouteilles rassemblées dans ma cave (il en manque une dizaine)

les vins du groupe 1 (pas tous)

les vins du groupe 2

les vins du groupe 3 (les autres en arrière plan)

les bouchons

quelques photos de plats