Le 15 décembre nous avions fait un « pré-Noël » avec nos trois enfants, puisque notre fils allait fêter le ‘vrai’ Noël en famille à Miami. De ce fait notre dîner de Noël se fera avec nos deux filles et leurs enfants.
Le repas prévu par ma femme est : gougères, boudin blanc, gouda à la truffe / pommes de terre à la truffe d’été / pigeon, purée de châtaigne, truffe et cranberry / wagyu / brillat-savarin / bûche au chocolat.
J’ai ouvert les vins de tôt matin, sans aucun problème particulier. Quand les enfants et petits-enfants arrivent, ce ne sont que rires et embrassades car l’une de mes petites filles poursuit ses études dans l’Illinois et une autre en Suisse. Elles ont tant de choses à se dire !
Le Champagne Comtes de Champagne Taittinger 1973 avait un bouchon qui s’est sectionné lorsque j’ai voulu le faire tourner. Le bas du bouchon était venu sans pschitt. La couleur dans le verre est assez foncée. Il n’y a pas de bulles, mais le pétillant est bien là. Le champagne est très agréable, rond, puissant et aux complexités très bien intégrées. C’est un champagne noble et plaisant, qui trouve un accord avec chacun des trois composants de l’apéritif. La gougère a probablement été créée par un amateur de champagne, car l’un est fait pour l’autre. La persistance de la truffe dans le gouda excite le champagne alors que le boudin crée un accord sensuel.
J’avais prévu un Champagne Krug Grande Cuvée 1ère Génération avec des vins autour de 1975 mais il est préférable de le reporter au dessert car le programme est lourd.
Le Château Haut-Brion blanc 1934 est légèrement foncé. Le nez est droit. En bouche on sent la grandeur de ce vin qui montre quand même quelques signes de fatigue. C’est un vin que j’ai déjà bu cinq fois. Celui-ci est probablement le plus fatigué des six. Nous le buvons bien sûr, puisqu’il est agréable, mais le plaisir n’est pas au niveau que j’espérais, malgré une truffe d’été très gourmande avec la pomme de terre.
Le Château Palmer 1989 accompagne le pigeon. Le niveau dans la bouteille était dans le goulot, ce qui est parfait. Le nez est intense et en bouche, ce vin est une bombe. Il est tellement long et puissant. Il emporte le palais dans son aventure. Avec les pigeons l’accord est raffiné. C’est un grand vin dans une belle jeunesse. On est loin de l’image féminine que l’on donne aux vins de Margaux.
Le Volnay Caillerets ancienne cuvée Carnot Bouchard Père & Fils 1959 est à l’opposé du Palmer. Le bordeaux est un guerrier fonceur. Le bourgogne est un charmeur. Ce vin est tout en douceur, ce qui convient parfaitement au wagyu et ensuite au brillat-savarin. Ce vin n’est pas très puissant, bien que d’une année glorieuse, mais est d’une distinction et d’un charme certains.
J’avais prévu pour la bûche au chocolat un Ermitage de Consolation Banyuls 1925 mais comme j’avais ouvert le Champagne Krug Grande Cuvée 1ère Génération avec des vins autour de 1975, c’est lui qui sera le vin de dessert. Bien sûr ce champagne n’est normalement pas fait pour accompagner un dessert sucré, mais la douceur et l’absence de saveurs brutales de la bûche a permis de profiter de ce très grand champagne, noble, fort et d’une grande complexité. Un champagne aristocratique.
Si je devais classer ces vins je dirais que le Palmer 1989 est le plus impressionnant, que le Volnay 1959 est d’un charme fou et que le Krug est d’une grande noblesse.
L’ambiance de Noël est toujours spéciale, car il y a les cadeaux mais surtout le plaisir d’être ensemble, en famille, avec de forts moments de bonheur.