Deux Chave Cuvée Cathelin au restaurant Pagesdimanche, 19 janvier 2025

Il y a longtemps que nous n’avions pas partagé de belles bouteilles avec mon ami Tomo. Il propose comme thème les vins d’Henri Jayer. Je suis plutôt favorable à l’idée de goûter des cuvées Cathelin de Chave et c’est ce qui est retenu. Tomo me propose qu’un troisième amateur se joigne à nous. Nous échangeons longuement pour composer un programme cohérent.

J’arrive à 11h30 au restaurant Pages pour ouvrir mon vin et un autre que j’offre en surprise. Les vins de Tomo avaient déjà été ouverts par Pierre Alexandre le dynamique directeur.

L’ouverture des vins donne du temps pour composer le menu, avec les suggestions de Tomo, du chef Ken et les miennes. Ce sera : amuse-bouches / carpaccio de wagyu / poisson cru / homard / veau / truffe en croûte / wagyu / fromage / financiers. L’idée majeure est de se faire plaisir.

Le Champagne Krug Clos du Mesnil 2000 est clair et offre de fines bulles. Le parcours en bouche du champagne très sec est comme le sillage d’une pirogue avec de gracieuses ondulations, et le finale est brillant comme un saut de carpe. C’est dans le finale que le goût explose. Ce 2000 est un grand vin cistercien de la stricte observance qui pousse à la méditation. Il est très grand.

Le Meursault Domaine d’Auvenay 2011 est un vin de niveau Villages mais c’est une bombe, comme tous les vins blancs d’Auvenay que j’ai eu l’honneur de goûter. On dirait que l’on a jeté du marc de Bourgogne dans les cuves pour donner cette puissance guerrière. Le vin est gourmand, puissant, dominant le palais et d’une expression remarquable. Avec le homard, c’est un régal de grand vin.

J’ai envie de goûter l’Hermitage Chave Cuvée Cathelin 2000, qui est mon apport, avec le homard. Mes amis me regardent comme si j’étais un envoyé du diable, mais en fait l’accord se trouve aussi avec le vin rouge. Il me semble que le Cathelin met plus en valeur le homard, alors que dans l’accord avec le meursault, c’est le homard qui met en valeur le vin.

Sur le veau délicieux et riche nous buvons l’Hermitage Chave Cuvée Cathelin 2009 de Tomo en même temps que le mien. Sur le veau, j’ai tendance à préférer le 2009, plus rond, plus confortable et plaisant. Sur la truffe le 2000 prend son envol. Il est droit, rectiligne, long, strict et sans concession et j’adore ce vin car il ne veut pas séduire. Il veut qu’on l’aime pour lui-même. Et c’est le cas.

Le wagyu accueille volontiers les deux Hermitage, et c’est vraiment la truffe qui a illuminé le brillant 2000. Ces deux vins de 2009 et 2000 sont des vins d’une richesse noble qui justifie l’aura dont ils sont entourés.

J’ai acheté il y a maintenant environ un quart de siècle une collection de vins de Chypre et de nombreux autres vins liquoreux parmi lesquels quelques Malvoisie des Canaries 1828. Lorsque je verse le vin, la couleur brille comme celle d’un bijou. Il y a du jaune, du brun et de l’or chatoyant. Le parfum est magique, riche, voluptueux, à se damner. En bouche c’est un élixir irréel tant il est accompli, parfait et éternel. Son acidité est divinement dosée. La pensée qui me vient est que ce vin, s’il était ouvert dans 200 ans, serait dans le même état qu’aujourd’hui. C’est un immense moment.

Nous allons goûter deux chartreuses anciennes et les indications d’années m’ont été fournies sur Instagram lorsque j’ai mis les photos des deux flacons. La Chartreuse dite Tarragone mais en fait Voiron de la période 1936 – 1941 est très claire comme une chartreuse blanche mais c’est une jaune, délicate, subtile et à la longueur infinie.

La Chartreuse Tarragone 1951 est d’un jaune plus foncé. Elle est puissante mais moins charmeuse que la plus vieille. Terminer un repas sur des chartreuses, c’est finir sur un petit nuage à la droite du Père.

Pour nous tous, le gagnant est de loin la Malvoisie 1828. C’est un vin immortel d’une longueur infinie. Le deuxième pour moi est la Tarragone jaune clair et le troisième le Cathelin 2000.

Tomo a le même gagnant et son deuxième est le Cathelin 2000, suivi en troisième par le Meursault d’Auvenay.

En fait, tous les vins étaient parfaits et c’est incroyable de rencontrer une telle perfection mais aussi une telle diversité de grandes personnalités qui vont de celle du Clos du Mesnil à celle de la Malvoisie.

L’équipe de cuisine a suivi nos émerveillements. Le repas fut sublime. Ce fut un grand moment de gastronomie.