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Message de Jean-Marc Quarin sur les bordeaux rouges 2016 lundi, 13 mars 2017

L’extraordinaire grandeur des Bordeaux rouges 2016 et leurs différences avec 2005, 2009, 2010 et 2015 .

(12 mars 2017)

 

Ce millésime tient du génie, de l’inhabituel et de l’inexplicable. Une fabuleuse et très rare combinaison à l’équilibre parfait entre une fantastique qualité des tanins, des degrés d’alcool modérés et des acidités soutenues mais imperceptibles.

 
– Quand on habite Bordeaux et que l’on observe depuis des années chaque jour la météo de l’été et que l’on trouve celle de 2016 sans cesse favorable de juillet à octobre et très sèche.
– Quand on se déplace d’une propriété à l’autre pendant les vendanges, que l’on goûte le raisin depuis des années, et que l’on observe qu’en 2016 chacun ramasse tranquillement selon la maturité de chaque parcelle, au point d’avoir les dates de vendange les plus étalées de l’histoire. Alors, on est fondé à croire que pendant les vinifications il devrait se passer quelque chose de différent et même d’inconcevable, à priori, dans le goût de ces vins.
– Quand on pénètre les chais librement et que l’on goûte depuis des années pendant les fermentations alcooliques jusqu’aux malolactiques et encore après, sans cesse en 2016, parce que le résultat vous éblouit et que vous vous pincez pour savoir si vous ne rêvez pas .
– Quand du coup, on file d’une rive à l’autre, sur tous les terroirs, sur tous les cépages pour vérifier.
Alors oui, je peux vous dire qu’après trois mois à ce rythme et plus de 300 échantillons dégustés, Bordeaux tient actuellement dans ses chais le plus grand millésime jamais fait depuis 1982 (j’y étais).
 
Ce millésime tient du génie, de l’inhabituel, du fantastique et de l’inexplicable.
Les vins rouges sont denses, très parfumés, riches, pleins, avec un toucher de bouche moelleux, velouté et une grande profondeur de saveurs. Le tout si savoureux, si éclatant de fruit, si raffiné dans le grain du tannin, avec une note plaisir si forte que 2016 va faire passer les 2010 que j’adore pour des vins rustiques !
Difficile à croire n’est-ce pas ? Et pourtant !
 
1/ Des couleurs parfaites .
Les couleurs sont superbes très sombres, (signe de la densité des vins)  pourpres, profondes et vives.
 
2/ Une qualité du fruité parfaite .
La qualité du fruit est excellente, au nez comme en bouche, bien mûre, pas surmûre, avec beaucoup d’éclat et aucune note végétale, à l’exception des vignes qui ont souffert de la sècheresse. Mais en général ces lots ont été éliminés de l’assemblage du grand vin.
 
3/ Des structures de bouche fabuleuses.

Et voici pourquoi.
 
– Des degrés d’alcool plus bas !

Le génie commence ici. Comment murir des tanins sans monter le degré d’alcool et donc alourdir les vins ? Et même si Bordeaux par sa position géographique est favorisé dans ce processus, cet équilibre n’a jamais été aussi parfait qu’en 2016. Les degrés d’alcool sont bons mais moindres qu’en 2009, 2010 et 2015. Et sur les deux rives ! En conséquence, on ne ressent aucun effet de chaleur en fin de bouche. Au contraire, il apparait une sensation de précision qui laisse la bouche fraîche et pousse à l’envie d’avaler. 
 
– Une fantastique qualité des tannins

Ils sont si parfaitement mûrs qu’ils ne se montrent jamais comme âpres ou tanniques. Au contraire, ils induisent une sensation de velouté, de soyeux, particulièrement forte. Pourtant les 2016 offrent un corps dense, puissant, mais le tout se révèle particulièrement fondant. Cette association entre la puissance et le raffinement est extrêmement rare dans des vins si jeunes sauf en 1982. C’est la grande différence avec 2005 et 2010 !
 
Mais il y a mieux encore ! Plus inédit, plus magique, plus inexplicable : des pH bas.

Les pH des Bordeaux 2016 sont bas et largement en dessous de la moyenne. Un pH bas signifie une sensation acide élevée. Et une acidité élevée devrait renforcer l’âpreté des tannins. Or, nul ne saurait dire pourquoi, il n’en est rien. C’est la grande différence  avec 2005. L’avantage de cette acidité présente, mais qui ne se sent pas, qui ne durcit pas le tannin, est de provoquer une immense sapidité, fraîcheur, buvabilité et des structures riches, mais sans lourdeur, non solaires où le fruité s’en trouve éclatant et même jaillissant. Du coup la note plaisir de ces vins est très forte alors qu’ils sont très puissants, mais cette puissance est particulièrement harmonieuse. Cette matière charnue, mais fraîche est la grande différence avec 2009 et 2015 !
 
Cette qualité n’est pas réservée qu’à l’élite de la production

Plus fort et plus inédit ! C’est l’ensemble de la production qui profite de la grandeur du millésime.

Cette sensation de pulpe joyeuse se retrouve sur toutes les catégories de sol (moins sur les sols sableux avec les jeunes vignes). Et c’est encore ça l’extraordinaire. Habituellement les sols les moins qualitatifs sont ceux qui possèdent une importante réserve en eau. Or, avec la sècheresse de l’été 2016, ces sols ont protégé la vigne des blocages de maturité. De fait, il existe de grandes réussites sur les terroirs réputés moyens, y compris au sein d’une même propriété où la hiérarchie entre les terroirs s’inverse.

De façon tout à fait incompréhensible, le résultat est aussi très bon sur les grands terroirs traditionnels plutôt chauds, surtout ceux dotés d’un sous-sol argileux ou calcaire. Ainsi, c’est l’ensemble de la production qui profite de la grandeur du millésime. Vu le niveau de satisfaction de tous, c’est toute une région qui va pousser pour valoriser le rendu de ces vins.
 
Les seuls points de faiblesse et d’hétérogénéité concernent les jeunes vignes en particulier sur les sols sableux, les propriétés très touchées par le mildiou (bien que celui-ci ait joué un rôle dans l’abaissement du rendement) et l’excès de production. En effet, 2016 est le millésime le plus productif depuis 2004. Après le petit volume de 2013, il ne fait aucun doute que certains producteurs voudront se rattraper en volume avec le 2016,  privilégiant la quantité à la qualité dans leur premier vin.
 
Dans quelques jours à l’ouverture officielle des dégustations, je pense qu’une onde de choc va parcourir le vignoble, les palais, les chais et les marchands. A juste titre, tous les esprits vont s’enflammer et tous les excès sont à craindre. Alors, réservez, réservez, réservez ! Jamais je n’ai goûté d’aussi grands vins, riches, nobles, profonds, complexes, juteux et néanmoins incrachables à Bordeaux sauf en 1982. Une pluie de notes extraordinaires va s’abattre sur Bordeaux.
 
Compte tenu de cette situation, un message d’alerte sera spécialement envoyé dès que la note atteindra 100 (déjà 4 crus bénéficient de cette mention) ou que le cru se présentera comme le plus grand jamais fait.

Pour recevoir mes notes et commentaires, vous pouvez me suivre ici : /fr/abonnements/tout-quarin-com_-b.html#.WMWvcyj5Zyc​

 

Bien cordialement.

Jean-Marc Quarin
Critique indépendant des vins de Bordeaux

www.quarin.com

Présentation des vins du groupe Vega Sicilia mardi, 21 février 2017

Comme chaque année la société Vins du Monde invite à venir déguster les derniers vins mis en bouteilles de la Bodega Vega Sicilia. Les vins seront présentés Gonzalo Itturiagga le nouveau directeur de l’œnologie des cinq domaines du groupe présidé par Pablo Alvarez, qui représente un volume de l’ordre de 1,5 million de bouteilles.

L’Oremus Dry Mandolas Hongrie 2015 fait de furmint a un nez de vin jeune où pointe le caramel. Il a une belle attaque de réglisse et fleurs blanches. Il est consistant et a un finale solide. Ce qui frappe c’est la solidité et la cohérence. Il a une belle fraîcheur qui combine les fleurs blanches et le caramel. Je connaissais déjà ce vin qui est une très agréable surprise à un prix très doux.

Le Macan Clasico Rioja 2013 a un nez chaud de raisins très mûrs. C’est un vin très accueillant et peu complexe. Dans le final il y a du fenouil et de l’artichaut ce qui le rend agréable, voire chaleureux. Il a un très bel équilibre et peu de complexité. Il a l’aspect sauvage de la jeunesse, de belle râpe. J’aime ce vin gourmand paysan.

Le Macan Rioja 2013 est à 100% en tempranillo. Il a un nez charmeur et doux. Il est sensuel et beaucoup plus consensuel. Le finale est de jus de cassis. Il raconte moins de choses que le Clasico. Fluide c’est un vin de table gratifiant, mais on trouverait de par le monde beaucoup de vins de ce calibre. Je préfère l’équilibre du Clasico.

Le Pintia Toro 2012 a un nez très élégant et profond. Il est très enjôleur et son parfum est prometteur. Il est servi frais et c’est volontaire car il est plutôt lourd en bouche, voire lourdaud, ce qui contraste totalement avec l’impression olfactive. Il est trop gourmand, pas assez fluide et je ne l’aime pas.

Le Alion Ribera del Duero 2013 a un nez plus ferme, noble et affirmé. C’est un vin raffiné, mis en valeur par le précédent. Il a de beaux fruits rouges et noirs et un finale très beau, de cassis et de fruits frais. Il claque en bouche. Il est très long et porte 14,5° d’alcool. Il est très fruité, tannique mais il sait ajouter de la fraîcheur, avec un peu d’anis dans le finale. Gonzalo nous dit qu’il aime travailler les vins des années fraîches comme 2013.

Le Valbuena 5° Ribeira del Duero 2012 a un nez riche et noble. Le nez accueillant donne envie. La bouche est douce, doucereuse et le finale a de la pâte de fruit, du poivre et de la framboise. Tout en ce vin est doucereux. Ce vin agréable qu’aime beaucoup Gonzalo manque de tension. On dirait un porto sec. On le sent gastronomique mais il faudra l’attendre au moins dix ans pour qu’il gagne en vivacité. L’année 2012 est la première où ce vin a été fait sans merlot, avec 100% de tempranillo. Dans le finale, il reste du poivre sur la langue.

Le Vega Sicilia Unico Ribera del Duero 2005 a un nez magique. Je reconnais ce vin que j’adore, l’emblème du groupe Vega Sicilia. Quel raffinement ! Il a la fraîcheur, la finesse, des petites baies fines de cassis que l’on croque. Quelle promesse ! Il est encore trop jeune et tout fou et l’on sent qu’il va se renfermer bientôt, mais quel bonheur. Il est fluide et ne donne aucune impression d’alcool. Il a une belle acidité et un finale frais et fluide. C’est un très grand vin qu’il faut attendre au moins dix ans. Il est follement sensuel, il donne soif ! On a envie d’en reprendre.

L’Oremus 3 Puttonyos Tokaji 2010 a un nez de citron et de pomelos. Il est très beau, avec un beau fruit sucré, du litchi. Le finale est sucré avec la belle acidité d’un bonbon acidulé. C’est un vin de belle fraîcheur qui dans sa jeunesse est gastronomique.

On sent que Gonzalo le nouveau directeur de l’œnologie est un passionné. Les vins sont intéressants mais mon cœur est sélectif. Si certains vins sont à 100% tempranillo, mon cœur est 100% Vega Sicilia Unico, vin exceptionnel.

Tasting at Krug, Krug lunch at the Crayères dimanche, 19 février 2017

1 – champagne tasting at Krug’s headquarters

For years I met Margareth Henriquez, the president of the Maison Krug, in various wine events and we promised to meet at the Krug headquarters to taste the champagnes of her prestigious house together. Finally, the opportunity presents itself. It is planned that I will go to the headquarters one Friday at 11 am and then we will have lunch at the restaurant of the hotel Les Crayères. The idea comes from extending the stay at the hotel with my wife. As she does not drink, she will not go to Krug’s house but will share the planned lunch with the president who is commonly known as Maggie.

On the appointed day, after taking my wife to the hotel, I was greeted at the headquarters of the Krug House by Maggie, Eric Lebel the oenology director and cellar master and by Olivier Krug who will not stay with us because he will be traveling. In the reception room we have a Champagne Krug Grande Cuvée 163rd edition which logically must have been marketed after a disgorgement in 2013. This champagne enjoys a nice acidity. He is round, noble and rich.

We then go into the tasting room, Maggie, Eric and me, to taste seven wines from a high level program. The list of wines is written in chalk on a board with their identification number, which first contains the number of the quarter of the year of disgorgement, then the two digits of the disgorgement year and finally three figures which are certainly representing a lot.

The Champagne Krug Clos d’Ambonnay Blanc of Noirs 2000 has for identification 4 13 063. It was therefore disgorged in the fourth quarter 2013. It has a very discrete nose. In the mouth I feel rather shy, but it will assert itself. It is of great finesse and a beautiful elegance, all in suggestion.

The Champagne Krug Clos du Mesnil Blanc de Blancs 2000 has for identification 2 13 033. I recognize myself much more in this wine of nice acidity and in the finale very surprising of red fruits. More used to the wines of the Côte des Blancs, I am more at ease with this superb champagne.

L’Ambonnay is an aesthetic wine, very subtle. It is difficult but great. Le Mesnil is very noble with charm. It has a nice salty side and a beautiful citrus signature.

The Champagne Krug 2000 has an identifier 1 14 009. The nose is superb. It combines minerality and a toasted side. Its complexity is extreme. It is wide. It is nice for me to taste without Maggie or Eric imposing what I have to find in each wine, which does not prevent discussion. Eric says of the Krug 2000 that it is characterized by balance and precision. Its breadth and width are more assertive than for the previous two 2000. He has everything for him. I love it.

What fascinates me is that the evocation of red fruits of the Clos du Mesnil is that of the raspberry that is sometimes found in very old burgundy of the 10s, of the 20th century of course. And even more curious, the glass of Eric does not have this evocation of red fruits. The fullness of the Krug 2000 is impressive.

Thanks to her phone, Maggie can order on the Krug website the music that accompanies each of the champagnes. The association music and wine is very subjective and personal but one can really feel when a music is in harmony with a champagne and when it is not, which occurs little since musicians worked with the winemakers to arrive at these musical suggestions. We compared our emotions with pleasure.

The Champagne Krug Grande Cuvée 156th edition has an identifier 4 06 001. It is made on the basis of champagnes of 2000 which makes its presence consistent with previous champagnes. It’s immense. It is very beautiful, accomplished with evocations pastry, It is very sharp.

The Champagne Krug Grande Cuvée 157th edition has an identifier 3 07 001. It has much less volume and width. I definitely prefer the 156th. If we are to compare them we could say that the 157th is romantic and the 156th is a warrior.

The Champagne Krug 2002 has a superb nose. It is a comfortable and brilliant champagne. It has a nice fluidity and a great ease. For this champagne I suggested a dance by Fred Astaire and Ginger Rogers. The musical accord was relevant.

The Champagne Krug Grande Cuvée 158th edition has an identifier 1 08 002. It is joyous, glorious. It evokes a bolero. Its fruit is superb, gilded. It is done on a 2002 basis.

My ranking of this brilliant series would be: 1 – Krug 2000, 2 – Clos du Mesnil 2000, 3 – Great Cuvée 158th and 4 – Krug 2002. But each champagne is a marvel.

I am very impressed with the way Krug’s president, who ran South American LVMH companies, appropriated the history and philosophy of Krug House. She bases her vision of the champagnes of her house on the principles erected by Joseph Krug more than a century and a half ago. Eric Lebel is also in this guideline and the champagnes I have tasted are located in the Champagne elite. There are undoubtedly more sensual champagnes but we are here in the aristocracy of Champagne.

Eric abandons us because he is busy with other programs. We go Maggie and I to the Hotel des Crayères for a lunch prepared by the house Krug and Philippe Jamesse, to which I will add some surprises of my cellar.

2 – lunch at the Crayères restaurant

After the tasting at Krug House we will have a lunch, Margareth Henriquez, President of Krug, and I at the restaurant of the Hotel Les Crayères. My wife will attend lunch, but she will not drink. I told Maggie I would bring some surprises but I had not specified anything. When I go to the table I see that a menu is printed and includes the following wines: Krug 2003, Krug Grande Cuvée 159th edition, Krug rosé and Krug Collection 1990.

It happens that this morning, before the visit to the headquarters of Krug, I had given my wines to Philippe Jamesse the sommelier of Les Crayères. Seeing them, he told me that with what was planned, it was going to cause problems. We are therefore faced with a choice between the four wines on the menu and the three that I brought, which are a Krug Grande Cuvée of the 90s, another Krug Grande Cuvée of the 80s and a very rare bottle, a Krug Private Cuvée vintage 1964.

Moreover, we brought from the tasting made at the headquarters, the bottle of Clos du Mesnil 2000 and that of the Krug 2000. Four and three make seven and two make nine. Nine wines for two is excluded. The choice is difficult. I suggest that we drink: Clos du Mesnil 2000, Krug 2000, Krug Collection 1990, the Krug Grande Cuvée of the 80s and the Krug Private Cuvée vintage 1964.

As we completely change the champagnes of a meal made for other wines, I suggest that the champagnes will all be served together, each of us choosing to drink those he wants and compare them as he pleases. The program is launched, Maggie having a little trouble imagining that we drink all the wines at the same time.

There is also the problem of glasses. Philippe Jamesse, sommelier but also creator of glasses has put on table his biggest glasses. Maggie and I would be more favorable to smaller glasses. At our convenience we can taste the champagnes in the two glasses. The Clos du Mesnil 2000 will be much better in the large glass, which reinforces the suggestion of Philippe Jamesse but for the Private Cuvée 1964 it is the small glass that suits the best.

The menu prepared for the initial list of wines is: tartare locust lobster, iodized caviar plum juices / black truffle squash risotto, shells gently grilled / salmon cod pickled in half-salt butter, mosaic Beets and truffles / pig’s back cooked gently on the grill, organic vegetables cooked in salt crust under the embers / crispy chestnuts, fresh grapefruit, brown emulsion and maple syrup.

It is an impressive menu, intended to show the gastronomic flexibility of champagne wines.

The Champagne Krug Clos du Mesnil Blanc de Blancs 2000 is much more lively and dynamic when it is drunk with dishes than when it was tasted in the tasting room. It is more fruity in the large glass than in the small one. It has a sovereign charm, magic on the langoustine tartare. Its aerial complexities give it a certain romanticism.

The Champagne Krug 2000 confirms the richness he delivered in the tasting room a short time ago. He is powerful, assertive, righteous and noble. It is solid as a rock.

The three other champagnes will bring us into the fascinating world of champagnes at maturity. The Champagne Krug Collection 1990 was disgorged two years ago. It is wonderful because it has a crazy youth combined with material of high maturity. His balance is splendid. It is fluid, its fruit is asserted. It twirls in the mouth like fireworks.

Philippe Jamesse opens my wines. He shows me the corks of rare beauty. The smooth, clean and healthy cylinders are a pleasure to see. The Champagne Krug Grande Cuvée of the early 80’s is miraculous. It has a charm and a chew that pianote exotic fruits that are confusing. Its fullness on the palate is spectacular. It was with this champagne that I wanted to convince Maggie, the president of Krug, of the necessity of letting the « Grande Cuvée » grow older than any standard for having sublime wines. The evidence is there, in our glasses. This Champagne is at the top of what Champagne can give.

When Philippe pours into my glass the first drops of the Champagne Krug Private Cuvée vintage 1964, I know that it is won. The color of the champagne is of a rare purity, magically gilded. In the mouth this wine fills me with ease and pride. Not that I have any responsibility in making this champagne, but I am glad that it allows me to show to the one who decides the future of Krug how well age makes successful champagnes. This joyful plenitude with its beautiful golden fruit is a consecration.

I have Philip taste the two champagnes I brought. For me, the 1964, because of its rarity and perfection, won the vote, with a generous and opulent fruitiness and extreme complexity. But like Philippe I am obliged to note that it is the Krug Grande Cuvée of the 80s which is the most glorious, the most sensual, the most joyfull champagne.

It is interesting to make some considerations about this meeting and this experience. I wanted to meet Margareth Henriquez to show her by example that the Krug house should make his Grande Cuvée grow old much longer to offer them to wine lovers in their fullness. The wines that I brought here are the brilliant demonstration. But I could see that the movement is moving. From the moment that Krug writes on the labels the order number of the edition of the Grande Cuvée, we will differentiate all the Grandes Cuvées and obviously the wine market will seize it. Prices will inevitably explode, as the 158th edition will be worth more than the 163rd, for example, but the amateur will be able to favor the editions that he wants to drink. The market will bubble with this revolution. Maggie will pursue a policy of stock retention which, paradoxically, was virtually non-existent. Beautiful days are expected for this champagne, except perhaps for our wallets. But taste will triumph.

There is another teaching in the opposite direction for me. I came to defend the thesis of the constitution of stocks of champagnes with disgorgement of origin, so that we keep the champagnes in the version of their first delivery to the market. I am in fact more favorable to the initial disgorgements than to the recent disgorgements. During this meal, the Champagne Krug Collection 1990, which was disgorged two years ago, showed a vivacity and vigor that justifies that Krug should also make these champagnes « Collection » which rejuvenate Champagnes preserved on lees. It is probably necessary in the long-term storage policy to encourage the storage of the two versions, in similar proportions.

During this meal we discussed a thousand things. My ranking would be: 1 – Grande Cuvée year #80, 2 – Private Cuvée 1964, 3 – Collection 1990, 4 – Clos du Mesnil 2000, 5 – Krug 2000. But I would gladly ex-aequo the first and the second because the 1964 is very dear to my heart, and ex aequo the fourth and fifth because Krug 2000 is a wonderful achievement.

The food is brilliant, the service is attentive and competent. Philippe Jamesse makes a perfect wine service. This meal with immense wines will be a very great memory.

3 – dinner at the Crayères

It was not necessary to pray for a long time so that I would take a nap after these feasts. At twenty o’clock precisely we went down my wife and I to dine in the beautiful dining room of the Hotel Les Crayères. The choice of the wines will be quite easy since it remains of almost all the champagnes of the lunch.

The menu says « royal lobster in tartare and black truffle, fritot and creamy truffle with walnut water », but my wife and I prefer as at lunch to see this dish treated with caviar. We then take the pigeon of Onjon Lacquered Coteaux Champenois, the second filet under a roast of filling au gratin.

The four wines that remain, since the Clos du Mesnil 2000 was finished at lunch, have grown in size and are still as dashing, but it is me who is less dashing so it seems to me more judicious than the team of Crayères takes advantage of what remains of these miraculous champagnes.

Of the two meals, the dish that emerges and undoubtedly deserves the status of three stars, is the pigeon, gourmand, firm, original and tasty. Philippe Mille has created a pigeon that deserves to be in the annals of gastronomy.

After a night filled with beautiful dreams and a breakfast of good food I still had beautiful bubbles of joy that sang in my head the memory of this communion with the champagnes of a great maison de champagne.

(pictures are in the article just below)

Dégustation chez Krug, déjeuner de Krug aux Crayères dimanche, 19 février 2017

1 – dégustation de champagnes au siège de Krug

Cela faisait des années que je rencontrais Margareth Henriquez, la présidente de la maison Krug, dans diverses manifestations du vin et nous nous promettions de nous retrouver au siège de Krug pour goûter ensemble les champagnes de sa prestigieuse maison. L’occasion se présente enfin. Il est prévu que je me rende au siège un vendredi à 11 heures et qu’ensuite nous déjeunions au restaurant de l’hôtel Les Crayères. L’idée me vient de prolonger le séjour à l’hôtel avec mon épouse. Comme elle ne boit pas, elle n’ira pas au siège de Krug mais partagera le déjeuner prévu avec celle que l’on surnomme communément Maggie.

Le jour dit, après avoir conduit mon épouse à l’hôtel, je suis accueilli au siège de la maison Krug par Maggie, Eric Lebel le directeur de l’œnologie et chef de cave et par Olivier Krug qui ne pourra rester avec nous car il part en voyage. Dans le salon de réception, nous trinquons avec un Champagne Krug Grande Cuvée 163ème édition qui doit logiquement avoir été commercialisé après un dégorgement en 2013. Ce champagne jouit d’une belle acidité. Il est rond, noble et riche.

Nous passons ensuite dans la salle de dégustation, Maggie, Eric et moi, pour goûter sept vins d’un programme de haut niveau. La liste des vins est écrite à la craie sur un tableau avec leur numéro d’identification qui comporte en premier le numéro du trimestre de l’année de dégorgement, puis les deux chiffres de l’année de dégorgement et enfin trois chiffres qui sont sans doute ceux d’un lot.

Le Champagne Krug Clos d’Ambonnay Blanc de Noirs 2000 a pour identifiant 4 13 063. Il a donc été dégorgé au quatrième trimestre 2013. Il a un nez très discret. En bouche je le ressens assez timide, mais il va s’affirmer. Il est d’une grande finesse et d’une belle élégance, tout en suggestion.

Le Champagne Krug Clos du Mesnil Blanc de Blancs 2000 a pour identifiant 2 13 033. Je me reconnais beaucoup plus en ce vin de belle acidité et au finale très étonnant de fruits rouges. Plus habitué aux vins de la Côte des Blancs, je suis plus à l’aise avec ce champagne superbe.

L’Ambonnay est un vin d’esthète, très subtil. Il est difficile mais grand. Le Mesnil est très noble avec un charme fou. Il a un joli côté salin et une belle signature d’agrumes.

Le Champagne Krug 2000 a un identifiant 1 14 009. Le nez est superbe. Il combine minéralité et un côté toasté. Sa complexité est extrême. Il est large. Il est agréable pour moi de déguster sans que ni Maggie ni Eric ne m’imposent ce que je dois trouver dans chaque vin, ce qui n’empêche pas de discuter. Eric dit du Krug 2000 qu’il se caractérise par équilibre et précision. Son ampleur et sa largeur sont plus affirmées que pour les deux 2000 précédents. Il a tout pour lui. Je l’adore.

Ce qui me fascine, c’est que l’évocation de fruits rouges du Clos du Mesnil est celle de la framboise que l’on trouve parfois dans de très vieux bourgognes des années 10, du 20ème siècle bien sûr. Et plus curieux encore, le verre d’Éric n’a pas cette évocation de fruits rouges. La plénitude du Krug 2000 est impressionnante.

Grâce à son téléphone, Maggie peut commander sur le site de Krug les musiques qui accompagnent chacun des champagnes. L’association musique et vins est très subjective et personnelle mais on peut vraiment sentir quand une musique est en harmonie avec un champagne et quand elle ne l’est pas, ce qui se produit peu puisque des musiciens ont travaillé avec les vignerons pour arriver à ces suggestions musicales. Nous avons comparé nos émotions avec plaisir.

Le Champagne Krug Grande Cuvée 156ème édition a un identifiant 4 06 001. Il est fait sur la base de champagnes de 2000 ce qui rend sa présence cohérente avec les champagnes précédents. Il est immense. Il est très beau, accompli avec des évocations pâtissières, Il est très fin.

Le Champagne Krug Grande Cuvée 157ème édition a un identifiant 3 07 001. Il a beaucoup moins d’ampleur. Je préfère nettement le 156ème. Si l’on doit les comparer on pourrait dire que le 157ème est romantique et le 156ème guerrier.

Le Champagne Krug 2002 a un nez superbe. C’est un champagne confortable et brillant. Il a une belle fluidité et une grande aisance. Pour ce champagne j’ai suggéré une danse de Fred Astaire et Ginger Rogers. L’accord musical s’est montré pertinent.

Le Champagne Krug Grande Cuvée 158ème édition a un identifiant 1 08 002. Il est joyeux, glorieux. Il m’évoque un boléro Son fruit est superbe, doré. Il est fait sur une base de 2002.

Mon classement de cette série brillante serait : 1 – Krug 2000, 2 – Clos du Mesnil 2000, 3 – Grande Cuvée 158ème et 4 – Krug 2002. Mais chaque champagne est une merveille.

Je suis très impressionné par la façon dont la présidente de Krug, qui gérait des sociétés d’Amérique du Sud du groupe LVMH, s’est approprié l’histoire et la philosophie de la maison Krug. Elle fonde sa vision des champagnes de sa maison sur les principes érigés par Joseph Krug il y a plus d’un siècle et demi. Eric Lebel est lui aussi dans cette ligne directrice et les champagnes que j’ai goûtés se situent dans l’élite de la Champagne. Il y a sans doute des champagnes plus sensuels mais on est ici dans l’aristocratie de la Champagne.

Eric nous abandonne car il est occupé à d’autres programmes. Nous nous rendons Maggie et moi à l’hôtel des Crayères pour un déjeuner préparé par la maison Krug et Philippe Jamesse, auquel je vais ajouter quelques surprises de ma cave.

2 – déjeuner au restaurant des Crayères

Après la dégustation faite au siège de la maison Krug nous allons déjeuner, Margareth Henriquez, présidente de Krug, et moi au restaurant de l’hôtel les Crayères. Ma femme participera au déjeuner, mais elle ne boit pas. J’avais dit à Maggie que j’apporterais des surprises mais je n’avais rien précisé. En passant à table je vois qu’un menu est imprimé et prévoit les vins suivants : Krug 2003, Krug Grande Cuvée 159ème édition, Krug rosé et Krug Collection 1990.

Il se trouve que ce matin, avant la visite au siège de Krug, j’avais donné mes vins à Philippe Jamesse le sommelier des Crayères. Les voyant, il m’avait dit qu’avec ce qui était prévu, cela allait poser des problèmes. Nous sommes donc face à un choix entre les quatre vins prévus sur le menu et les trois que j’ai apportés, qui sont un Krug Grande Cuvée des années 90, un autre Krug Grande Cuvée des années 80 et une bouteille très rare, un Krug Private Cuvée millésimé 1964.

De plus, nous avons apporté de la dégustation faite au siège, la bouteille de Clos du Mesnil 2000 et celle du Krug 2000. Quatre et trois font sept et deux font neuf. Neuf vins pour deux, c’est exclu. Le choix est cornélien. Je suggère que nous buvions : Clos du Mesnil 2000, Krug 2000, Krug Collection 1990, le Krug Grande Cuvée des années 80 et le Krug Private Cuvée millésimé 1964. Comme nous changeons complètement les champagnes d’un repas fait pour d’autres vins, je suggère que les champagnes soient tous servis ensemble, chacun de nous choisissant de boire ceux qu’il veut et de les comparer à sa guise. Le programme est ainsi lancé, Maggie ayant un peu de mal à imaginer que l’on boive tous les vins en même temps.

Se pose aussi le problème des verres. Philippe Jamesse, sommelier mais aussi créateur de verres a fait poser sur table ses plus grands verres. Maggie et moi serions plus favorables à des verres plus petits. A notre convenance nous pourrons goûter les champagnes dans les deux verres. Le Clos du Mesnil 2000 sera nettement meilleur dans le grand verre, ce qui conforte la suggestion de Philippe Jamesse mais pour le Private Cuvée 1964 c’est le petit verre qui convient le mieux.

Le menu préparé pour la liste initiale des vins est : langoustine de casier en tartare, les sucs de pinces iodés de caviar / risotto de courge à la truffe noire, Saint-Jacques dorée au sautoir / cabillaud saisi au beurre demi-sel, mosaïque de betteraves et truffes / dos de cochon cuit doucement sur le grill, légumes bio cuits en croûte de sel sous la braise / croustillant à la châtaigne, fraîcheur de pamplemousse, émulsion de marron et sirop d’érable.

C’est un impressionnant menu, destiné à montrer la flexibilité gastronomique des vins de champagne.

Le Champagne Krug Clos du Mesnil Blanc de Blancs 2000 est très nettement plus vif et dynamique lorsqu’il est bu avec des mets que lorsqu’il a été dégusté en salle de dégustation. Il est plus fruité dans le grand verre que dans le petit. Il a un charme souverain, magique sur le tartare de langoustine. Ses complexités aériennes lui donnent un romantisme certain.

Le Champagne Krug 2000 confirme la richesse qu’il avait délivrée en salle il y a peu de temps. Il est puissant, affirmé, racé et noble. Il est solide comme un roc.

Les trois autres champagnes vont nous faire entrer dans le monde fascinant des champagnes à maturité. Le Champagne Krug Collection 1990 a été dégorgé il y a deux ans. Il est merveilleux car il a une folle jeunesse combinée à matière de haute maturité. Son équilibre est splendide. Il est fluide, son fruit est affirmé. Il virevolte en bouche comme un feu d’artifice.

Philippe Jamesse ouvre mes vins. Il me montre les bouchons d’une rare beauté. Les cylindres bien lisses, propres et sains sont un plaisir à voir. Le Champagne Krug Grande Cuvée du début des années 80 est miraculeux. Il a un charme et une mâche qui pianote des fruits exotiques qui sont confondants. Sa plénitude en bouche est spectaculaire. C’est avec ce champagne que je voulais convaincre Maggie, la présidente de Krug, de la nécessité qu’il y aurait à laisser vieillir les « Grande Cuvée » au-delà de toute norme pour avoir des vins sublimes. La preuve est là, dans nos verres. Ce Champagne est au sommet de ce que peut donner la Champagne.

Lorsque Philippe verse dans mon verre les premières gouttes du Champagne Krug Private Cuvée millésimé 1964, je sais que c’est gagné. La couleur du champagne est d’une pureté rare, magiquement dorée. En bouche ce vin me remplit d’aise et de fierté. Non pas que j’aie une quelconque responsabilité dans la confection de ce champagne, mais je suis heureux qu’il me permette de montrer à celle qui décide de l’avenir de Krug à quel point l’âge réussit aux champagnes bien faits. Cette plénitude joyeuse au beau fruit doré est une consécration.

Je fais goûter à Philippe les deux champagnes que j’ai apportés. Pour moi, le 1964, du fait de sa rareté et de sa perfection, emporte les suffrages, avec un fruité généreux et opulent et une complexité extrême. Mais comme Philippe je suis obligé de constater que c’est le Krug Grande Cuvée des années 80 qui est le champagne le plus glorieux, le plus sensuel, le plus joyeux.

Il est intéressant de faire quelques considérations sur cette rencontre et cette expérience. Je voulais rencontrer Margareth Henriquez pour lui montrer par l’exemple que la maison Krug devrait faire vieillir sa Grande Cuvée beaucoup plus longtemps pour offrir aux amateurs des vins dans leur plénitude. Les vins que j’ai apportés en sont la démonstration éclatante. Mais j’ai pu constater que le mouvement est en marche. A partir du moment où Krug écrit sur les étiquettes le numéro d’ordre de l’édition de la Grande Cuvée, on va différencier toutes les Grandes Cuvées et bien évidemment le marché du vin va s’en emparer. Les prix vont forcément exploser, car la 158ème édition vaudra beaucoup plus que la 163ème, par exemple, mais l’amateur saura privilégier les éditions qu’il a envie de boire. Le marché va bouillonner avec cette révolution. Maggie va mener une politique de rétention de stock qui, paradoxalement, était quasi inexistante. De beaux jours s’annoncent pour ce champagne, sauf peut-être pour nos portemonnaies. Mais c’est le goût qui triomphera.

Il y a un autre enseignement en sens inverse pour moi. Je venais défendre la thèse de la constitution de stocks de champagnes au dégorgement d’origine, pour que l’on garde les champagnes dans la version de leur commercialisation. Je suis en effet plus favorable aux dégorgements initiaux qu’aux dégorgements récents. Or au cours de ce repas, le Champagne Krug Collection 1990 qui a été dégorgé il y a deux ans s’est montré d’une vivacité et d’un vigueur qui justifient que l’on fasse aussi ces champagnes « Collection » qui rajeunissent des champagnes conservés sur lies. Il faut sans doute dans la politique de stockage à long terme encourager le stockage des deux versions, dans des proportions voisines.

Au cours de ce repas nous avons discuté de mille choses. Mon classement serait : 1 – Grande Cuvée année 80, 2 – Private Cuvée 1964, 3 – Collection 1990, 4 – Clos du Mesnil 2000, 5 – Krug 2000. Mais je mettrais volontiers ex-aequo le premier et le second car le 1964 est très cher à mon cœur, et ex-aequo le quatrième et cinquième car Krug 2000 est une magnifique réussite.

La cuisine est brillante, le service est attentionné et compétent. Philippe Jamesse fait un service du vin parfait. Ce repas avec des vins immenses sera un très grand souvenir.

3 – dîner aux Crayères

Il n’a pas fallu me prier longtemps pour que je fasse une sieste après ces agapes. A vingt heures précises nous descendons ma femme et moi pour dîner dans la belle salle du restaurant de l’hôtel les Crayères. Le choix des vins sera assez facile puisqu’il reste de presque tous les champagnes du déjeuner.

Le menu indique « langoustine royale en tartare et truffe noire, fritot et crémeux de truffe à l’eau de noix », mais ma femme et moi préférons comme au déjeuner de voir ce plat traité avec du caviar. Nous prenons ensuite le pigeon d’Onjon laqué de Coteaux Champenois, le deuxième filet sous une rôtie de farce à gratin.

Les quatre vins qui restent, puisque le Clos du Mesnil 2000 a été fini au déjeuner, ont pris de la largeur et sont toujours aussi fringants, mais c’est moi qui le suis moins aussi me paraît-il plus judicieux que l’équipe des Crayères profite de ce qui reste de ces champagnes miraculeux.

Des deux repas, le plat qui émerge et mérite sans aucun doute possible le statut de trois étoiles, c’est le pigeon, gourmand, ferme, original et savoureux. Philippe Mille a créé un pigeon qui mérite d’être dans les annales de la gastronomie.

Après une nuit peuplée de beaux rêves et un petit déjeuner de bonne gourmandise j’avais encore de belles bulles joyeuses qui chantaient dans ma tête le souvenir de cette communion avec les champagnes d’une grande maison.

Le carnet de Joseph Krug

le tableau donnant le programme (en anglais) qui ne sera pas suivi à la lettre

les verres dans la salle de dégustation

le Krug Grande Cuvée années 80

Le Krug Private Cuvée 1964

le repas initialement prévu

le repas que nous avons eu

le dîner

les vins du midi

le pigeon

le petit déjeuner du lendemain

Dîner de champagnes à l’hôtel Les Crayères de Reims dimanche, 12 février 2017

Deux amis de l’académie des vins anciens qui vivent en Champagne ont décidé de créer un événement inspiré de l’académie. Ils l’ont intitulé « les Antiquaires du champagne ». Jérôme est vigneron à Chouilly et Pierre est entrepreneur et vend du vin. Ils ont formé une table de dix amateurs dont neuf hommes et la compagne de Pierre. Il y aura deux amateurs de champagne suédois, un écossais que je rencontre très souvent lorsque le champagne est le centre de l’intérêt, un autre vigneron de Champagne qui a quitté sa profession parisienne pour venir exploiter les vignes de la famille de sa femme, un autre ami de l’académie des vins anciens, un élu des Ardennes, Guillaume, et moi.

Le dîner se tiendra à l’hôtel Les Crayères de Reims, et on nous propose de faire la visite de la cathédrale de Reims commentée par Guillaume, le jeune élu des Ardennes. Guillaume est passionnant et nous décrit les motifs des nombreuses représentations sculpturales, qui racontent l’histoire de nos rois. Guillaume est passionnant mais il fait un tel froid, aussi bien devant la cathédrale que dans la nef que je suis obligé de supplier que l’on abrège ces vivants récits tant je me momifie. De retour à l’hôtel je me recroqueville dans mon lit pour essayer de retrouver un semblant de forme humaine tant je suis devenu un manchot non empereur.

A 19h30 nous nous retrouvons au salon du bar de l’hôtel autour d’un Champagne Legras et Haas Chouilly Grand Cru Blanc de Blancs non millésimé, très agréable, fluide, beau champagne d’une belle soif. Les tuiles au parmesan se marient bien avec ce champagne agréable.

Nous nous rendons dans un salon privé qui immédiatement fait resurgir des souvenirs professionnels lointains, lorsque, travaillant avec les sidérurgie belge et luxembourgeoise, nous choisissions de nous retrouver pour des repas de travail à mi-chemin. La salle est belle, bien décorée et de taille idéale pour notre groupe de dix.

Le menu mis au point par Philippe Mille le chef, Philippe Jamesse, l’excellent sommelier, Jérôme et Pierre, nos deux hôtes, est : tartare de gambas blanches au caviar, pommes céleri et agrumes / homard de casier de Montmartin au parfum d’estragon, lentillons de la Champagne et royale d’oignons doux / entrecôte de veau rôti au beurre demi-sel, pommes fondantes et champignons au palomino / brillat-savarin farci de truffe noire, dentelle de pain croustillante / dans l’esprit d’une tarte à l’orange, granité traditionnel et sablé agrumes.

Le Champagne José Michel ‘Spécial Club’ Vintage 1976 a été dégorgé en 1982. C’est un beau témoignage de la maison qui appartient à la famille du beau-père du vigneron ex-parisien. Un tel champagne doit lui donner envie de continuer dans cette belle voie car le champagne, sans être parfait, offre de belles évocations fruitées.

Le Champagne Louis Roederer ‘extra dry’ 1976 est beaucoup plus ambré et sombre que son conscrit. Il est manifestement madérisé mais sur une crème de topinambour, il va se reconstituer et offrir des lueurs plaisantes. Il devient même bon, dans cette forme trop évoluée pour son âge.

Le Champagne Mumm Cuvée René Lalou 1979 que je connais particulièrement bien est grand mais un peu poussiéreux. Il a tout pour plaire mais manque un peu de séduction.

Ces trois champagnes ont accompagné la délicieuse entrée aux gambas et au caviar, plat qui aurait gagné à être plus copieux tant on l’adore. Une discussion est intervenue sur les verres. Philippe Jamesse a inventé une collection de verres pour les champagnes que je trouve exceptionnelle. Mais pour ces champagnes anciens il a choisi ses plus grands verres. Or ces verres, s’ils exhaussent les parfums et les arômes d’une belle façon, amplifient aussi les défauts lorsqu’il y en a et le vieillissement. Un des suédois avait demandé des verres plus petits et il était clair que les petits défauts du Roederer étaient largement atténués avec les verres plus petits.

Le Champagne Charles Heidsieck ‘La Royale’ 1975 est un vin absolument superbe, d’un équilibre absolu et très vif.

Le Champagne Charles Heidsieck 1973 à côté du 1975 apparaît très bon mais sans le côté brillant de la belle cuvée La Royale. Il fait un peu pataud à côté du cinglant 1975.

Le Champagne Pommery & Greno 1949 dont l’étiquette montre qu’il a été servi au mariage de Grace Kelly le 19 avril 1956 est absolument princier sur les lentilles. C’est un immense champagne.

Le Champagne Moët & Chandon Brut Impérial 1934 est aussi un grand champagne mais n’a pas la perfection du 1949. Le plat de homard est une merveille de gourmandise, surtout grâce aux intelligentes lentilles.

Le Sillery Rouge Pommery & Greno 1942 a un niveau bas qui n’amplifie pas ses défauts. Je le trouve intéressant.

Le Bouzy Rouge Pommery & Greno 1942 est superbe. C’est un très beau vin gourmand et de belle vivacité qui se marie bien à la tendreté du veau.

Le Bouzy Rouge Paul Sévès 1970 est agréable mais n’a pas le niveau du 1942. Ces trois vins rouges par leur côté salin rappellent un peu les bourgognes. Ils tiennent bien leur place dans ce repas.

Le Champagne Dom Pérignon 1964 est un de mes apports à ce repas. C’est un vin que j’adore et qui se présente bien, mais n’est pas au sommet que j’ai l’habitude de trouver en ce grand Dom Pérignon.

Il faut dire que le Champagne Dom Pérignon 1947 au niveau très bas dans sa bouteille est extraordinaire. Il est d’une précision inégalable et d’un charme tout en douceur. C’est un champagne de rêve.

J’avais apporté pour le cas où une deuxième bouteille. L’ambiance enjouée et amicale me pousse à demander qu’on l’ouvre. Le Champagne Lanson Red Label 1971 et superbe, à son optimum, très grand champagne expressif.

Mon quarté des champagnes de ce soir sera : 1 – Dom Pérignon 1947, 2 – Pommery & Greno 1949, 3 – Lanson red label 1971, 4 – Charles Heidsieck ‘La Royale’ 1975.

La cuisine a été de très haut niveau, la palme revenant au homard aux lentilles. Le service de l’équipe du restaurant est attentionné et compétent, rendant le diner encore plus agréable. Le dîner s’est tenu en français et en anglais, dans une ambiance amicale, joyeuse mais aussi attentive à découvrir les mille complexités de ces vins anciens originaux.

Pour une première des « Antiquaires du champagne » Jérôme et Pierre ont réussi un coup de maître.

Visite de la maison de cognac Hennessy et dégustations jeudi, 2 février 2017

La maison de cognac Hennessy invite une quinzaine de personnes à visiter ses installations et goûter ses cognacs lors d’un programme étalé sur deux jours. Notre groupe est très cosmopolite. De France les invités viennent d’Amiens, de Paris et de Charente. S’ajoutent des indiens, des écossais, un suisse, un malaisien et une singapourienne. Nous nous retrouvons à plusieurs dans le même TGV de Paris à Angoulême et les discussions vont bon train.

Nous sommes conduits dans la distillerie des cognacs Hennessy, distillerie du Peu, du nom du lieu-dit, accueillis par un apéritif à base de cognac V.S. « on the rocks », avec des feuilles de menthe et des kumquats. Un sirop donne une saveur sucrée qui évoque un peu les bourbons. Ce breuvage qui se boit bien est traître, car il a une belle charge d’alcool. Les petits fours sont absolument délicieux.

Après les explications qui nous sont données sur les alambics et les processus de distillation nous déjeunons dans la grande salle des alambics. Le menu élaboré par le chef David Fransoret, chef du château de Bagnolet, propriété d’Hennessy est : Saint-Jacques poêlées, fumet au beurre noisette, mousseline de chou-fleur / pavé de cabillaud, Tatin de panais et potimarron, sauce cassis / Linzer agrumes meringué.

Le déjeuner est accompagné d’un Puligny-Montrachet 1er Cru Les Louves Domaine des Lambrays 2012 joyeux, fruité, très agréable, qui s’accorde bien aux noix de Saint-Jacques. J’ai la chance d’être assis à côté de Maurice Hennessy, qui est de la huitième génération de la famille des fondateurs en 1765 de cette célèbre maison, comme Yann Fillioux, maître de chai, représente la septième génération de sa famille à occuper depuis 1802 cette fonction de maître de chai. Le dessert est accompagné d’un Cognac X.O. Hennessy très expressif.

Nous nous rendons ensuite à la Sarrazine, la tonnellerie de réparation des tonneaux de Hennessy pour assister à une démonstration de confection d’un tonneau. Cet atelier est crucial car la maison Hennessy a un stock de 380.000 tonneaux et en utilise 20.000 par an. Ces chiffres donnent le vertige.

Nous sommes ensuite conduits au « cellier du fondateur » acquis en 1774 qui est l’un des celliers où dorment des fûts de tous âges. Au-delà d’un siècle environ le chêne n’apporterait plus rien à l’alcool aussi les plus anciens cognacs sont en dame-jeanne, les plus vieilles étant de 1800. Nous avons l’insigne honneur de goûter sur fût un Cognac Hennessy 1910 Petite Champagne Hennessy Divers que je trouve d’une fraîcheur confondante, fluide, romantique émouvant, au finale gracieux. Nous goûtons ensuite un Cognac Hennessy 1908 Petite Champagne Hennessy Divers plus viril, plus rêche et plus court et à ma grande surprise une majorité des membres de notre groupe préfèrent le 1908 alors que je trouve le 1910 infiniment plus vibrant. Des goûts et des couleurs…. Je dis à Stanislas, notre cornac, que le 1910 à lui seul, valorise et justifie le voyage que nous faisons.

Olivier Paultes, le maître des lieux, directeur des distilleries, nous parle avec émotion de ce stock spectaculaire sur lequel il règne, qui permet de concevoir les cognacs les plus rares, le Paradis Impérial étant, par exemple, l’assemblage de plus d’une centaine des alcools qui dorment ici et dans les nombreux autres celliers.

Nous nous rendons au siège de la maison Hennessy et visitons la salle du comité de dégustation qui comprend six membres plus deux stagiaires qui n’ont pas le droit de s’exprimer et seront en stage pendant dix ans. Olivier qui fait partie de ce comité qui se réunit tous les jours boit de l’ordre de 10.000 cognacs par an. Le rôle du comité est de préparer les assemblages pour les cognacs à commercialiser mais aussi à détecter les jeunes eaux-de-vie qui composeront les cognacs les plus prestigieux dans un demi-siècle. Le comité travaille pour l’immédiat et pour le futur.

Dans la salle de dégustation pour les invités, nous avons devant nous sept cognacs dont quatre numérotés 1, 2, 3, 4, dont deux numérotés A et B et le dernier n’ayant pas de numéro, qui est le Paradis Impérial.

Le cognac n° 1 est une nouvelle eau de vie transparente dont Olivier nous dit qu’au nez, elle sent la fleur de vigne. Pour moi elle sent plus l’alcool pur, sans trace de bois. En bouche il y a du fruit, du bonbon anglais, de la mirabelle et de la colle à l’amande.

Le cognac n° 2 est un Cognac Hennessy 2005 vieilli dans un fût de plus de huit ans et le n° 3 est aussi de 2005, vieilli dans un fût neuf. C’est le 3 qui est le plus foncé. Le 2 a un nez très doux, de vanille. En bouche il est très sec. Le 3 a un nez aussi très doux, plus boisé. En bouche il est très doux. Le 2 est très équilibré mais à ce stade de leurs vies je préfère le 3.

Le cognac n° 4 est un Cognac Hennessy 1996. Il n’est pas encore prêt pour entrer dans un assemblage nous dit Olivier. Il a un nez qui est déjà agréable, fort. La bouche est un peu lactée.

Les qualités des cognacs sont dans l’ordre décroissant : grande champagne, petite champagne, borderie, fins bois, bons bois et bois ordinaires. Les quatre que nous venons de boire sont des fins bois et le cognac A que nous goûtons maintenant est un Cognac Hennessy Grande Champagne 1996 de la même année que le 4, mais en grande champagne. Olivier nous dit que le « A » a le potentiel pour entrer dans la composition du Paradis Impérial. Pour que nous comprenions ce que cela représente, il nous dit que sur 10.000 alcools testés sur une années, dix seulement seront jugés aptes à entrer dans la composition du Paradis Impérial.

Le cognac B est une Cognac Hennessy Grande Champagne 1965. Olivier Paultes nous dit que cet alcool mériterait d’être à lui tout seul un Paradis Impérial, mais ce n’est pas possible car cet alcool doit obligatoirement être le produit d’un assemblage. Cela veut dire qu’Olivier considère ce 1965 comme étant au plus haut niveau de qualité. En le buvant, je lui trouve un superbe équilibre. Je ressens des fruits blancs et du muguet. Il est beau et romantique un peu comme le 1910 bu dans le cellier. Le « B » est facile à boire, de belle longueur et délicat. Il est très charmeur. Olivier dit qu’il mérite dès maintenant d’entrer dans le Paradis Impérial, car il n’a pas besoin d’un vieillissement supplémentaire.

Je trouve que le parfum du A est plus cognac que le parfum du B. Mais en bouche c’est le B qui est d’un raffinement total. Il est temps de goûter le 7ème cognac présenté, le Cognac Hennessy Paradis Impérial. Sa couleur est superbement ambrée. Le nez est magnifique, superbe et expressif, un peu fumé et délicat. En bouche on sent à quel point il est complexe. Les évocations sont innombrables, zestes d’orange, tarte Tatin, etc. Le finale est grand et le cognac fait de plus d’une centaines d’eaux-de-vie est relativement calme. Le concept de Paradis Impérial date de 2010 alors que le concept de Paradis est plus ancien.

Les cognacs s’épanouissent en cours de dégustation, devenant beaucoup plus accueillants et ouverts et le nez du B que je trouvais moins cognac que le A s’épanouit grandement. Le Paradis Impérial distribue généreusement fragrances et arômes. C’est un cognac subtil.

Après cette dégustation, nous rendons au château de Bagnolet, demeure de réception de la maison Hennessy. C’est une très jolie maison bourgeoise décorée à l’ancienne. Après un court assoupissement bien nécessaire nous nous retrouvons dans le jardin d’hiver aux plantes tropicales pour l’apéritif nommé Hennessy X.O. Ice. Ce cognac sur glaçons est très agréable mais un peu monotone après quelques gorgées. Fort heureusement les petits amuse-bouche dont une anguille très typée excitent très bien le cognac glacé.

C’est Olivier Paultes qui est notre hôte à la belle table du château. Le dîner se fera au cognac, sur un menu « Précision » créé par le chef Guy Martin du Grand Véfour pour le cognac Paradis Impérial et exécuté par le chef du château David Fransoret : magret de canard Tataki, petits légumes croquants / pot au feu, jeunes légumes glacés / consommé, tartine de moelle à la truffe / mangue, papaye, fruits de la passion, biscuit aux amandes.

Je suis un peu sur la défensive en pensant que nous allons faire tout le repas au même Cognac Paradis Impérial. Le premier plat confirme mes craintes car, même si le cognac est servi frais, il est beaucoup trop puissant pour le gras du magret. Il étouffe le plat. Mes craintes vont s’estomper car le pot-au-feu délicieux colle parfaitement au cognac, qui s’adapte aussi bien à la chair délicieuse de la viande qu’au bouillon. On tient là un accord très bien conçu.

Il en est de même de l’accord du cognac avec le consommé très réduit et concentré et de l’accord avec le toast à la truffe. Ces deux plats valident la création de Guy Martin. Le dessert est aussi en harmonie avec le cognac. Le Paradis Impérial est d’une grande longueur, en évocations subtiles et non agressives. Si l’expérience montre que c’est possible, la démonstration n’est pas faite que l’on ait envie de recommencer ou de la faire chez soi. Car le même cognac tout au long d’un repas est monotone, et les accords, même s’ils se montrent pertinents, seraient surpassés par d’autres, avec des vins ou des champagnes. Ce repas que j’approuve dans son envie de convaincre, conforte plutôt l’idée que le cognac doit garder sa place en fin de repas, comme un point d’orgue, du moins dans la conception européenne ou française des repas. Les chinois et les asiatiques prouvent que le cognac peut être présent partout, comme en ce repas. Je leur laisse bien volontiers ce choix.

Après le repas on nous sert dans le jardin d’hiver le Cognac Hennessy Paradis, beaucoup plus foncé, plus rustique et de plus faible longueur. C’est évidemment un grand cognac mais la saturation existe, sauf pour certains fumeurs qui ont continué tard dans la nuit à rendre hommage aux cognacs de la maison Hennessy.

Après une nuit courte nous prenons le petit-déjeuner dans la belle salle à manger. Les groupes se séparent. Du fait du retard d’un des convives au départ de la navette, ceux qui comme moi repartaient vers Paris ont dû courir sur les quais, le train étant sur le point de partir.

L’accueil de la maison Hennessy est généreux et le service au château est exemplaire, tout le monde étant attentif à nos désirs. Si l’expérience d’un repas au cognac est intelligemment réussie, cela reste malgré tout un exercice de style qui sera difficile à reproduire. Mais le Paradis Impérial, élégant cognac, me donne envie de le mettre plus souvent à sa place attitrée, selon mes critères, celle du point d’orgue d’un repas de gastronomie.

En réfléchissant à cet exercice de style et en prenant en compte ma vision des repas, je verrais bien un dîner en l’honneur du cognac avec un cognac glacé en apéritif, un plat qui convienne à un riche vin blanc, un peu comme nous l’avons fait à la distillerie, puis un plat comme le toast à la moelle et à la truffe pour le cognac Paradis Impérial, puis un plat pour un riche vin rouge, un dessert préparé pour aller aussi bien avec un champagne rosé qu’avec un cognac, l’après dessert revenant au cognac seul. Cette forme de repas serait à l’honneur du cognac en trois reprises, plus facile à appréhender qu’un repas dévoué en totalité au cognac. Je serais heureux d’en faire l’expérience.

1- à la distillerie :

avec M. Hennessy

2 – à la tonnellerie

3 – le cellier du fondateur

4 – le siège de la maison Hennessy et la salle du comité de dégustation

5 – la dégustation

6 – le dîner au château de Bagnolet

Fargues à Toulouse 22 avril 2017 mercredi, 11 janvier 2017

Le Club Œnophile du Midi organise le 22 avril 2017 une dégustation de plusieurs millésimes du Château de Fargues, en présence d’Alexandre de Lur Saluces.

Cela se fera le 22 avril 2017 à La Cour des Consuls Hôtel et Spa 46 rue des Couteliers 31000 Toulouse.

Le lendemain, une vente aux enchères est organisée sur place.

Les deux dépliants ci-joints donnent toutes les précisions utiles concernant les horaires et les modalités d’inscription.

Boire Fargues 1989 en compagnie du propriétaire du château, qui a réussi ce millésime aussi bien que son Yquem 1989 est une occasion rare à ne pas manquer.

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Dégustation de vins anciens avec « Rhône Vignobles » lundi, 9 janvier 2017

Le groupement « Rhône Vignobles » a été fondé par une bonne quinzaine de vignerons pour faire ensemble des opérations de promotion de leurs vins. Régulièrement, ils organisent une manifestation « vieux millésimes » sur deux jours. Le premier jour, les vignerons sont seuls et boivent des vins anciens de toutes régions dans une séance de dégustation puis à la suite lors d’un dîner. Le deuxième jour, ils invitent leurs grands clients, notamment restaurateurs et cavistes, pour une dégustation de millésimes anciens de leurs propriétés et un déjeuner gastronomique dans l’un de leurs domaines.

Pour la troisième fois je me joindrai à eux à l’ensemble des événements, seul non vigneron admis avec un caviste lyonnais truculent, Georges Dos Santos. Nous sommes là tous les deux dès le premier jour car nous animons la dégustation des vins anciens. J’avais prévu d’apporter 17 vins mais au cours du transport en avion une de mes bouteilles s’est cassée, un Mascara P. Sorensen 13° blanc ou gris Algérie 1947. Quel dommage ! En ouvrant ma valise un parfum capiteux a envahi tout l’espace et imprégné fortement les affaires que j’avais apportées. Ce parfum doucereux m’a donné des regrets car il aurait brillé lors de cette soirée.

Le rendez-vous est donné à la Bastide de Capelongue à Bonnieux, hôtel Relais & Châteaux tenu par Edouard Loubet qui cuisinera les repas des deux jours. A l’arrivée je me préoccupe d’ouvrir mes vins en attendant que les vignerons et Georges n’apportent les leurs. La salle du restaurant est très longue, voûtée, flanquée de deux cheminées aux deux extrémités de la longueur. Comme il fait très froid des chauffages additionnels surchauffent la pièce aussi je préfère ouvrir mes vins dans ma chambre.

Les vignerons arrivent alors que j’ai ouvert sept de mes vins et nous allons regrouper toutes les bouteilles pour les affecter soit à la dégustation, soit au dîner, et ensuite les classer par ordre de service. Cette tâche m’incombe. Il y a au total 56 vins. Avec Georges nous ouvrons toutes les bouteilles. Quelques odeurs sont peu hospitalières et certains vins doivent être carafés car les bouchons tombent. Il faut dire que ces ouvertures sont faites à un rythme très rapide qui empêche d’avoir tout le soin qui conviendrait. Pour encourager les « travailleurs » qui extirpent les bouchons, on me tend un verre de Champagne Louis Roederer brut simple mais qui convient bien pour donner du cœur à l’ouvrage.

La dégustation commence à 18 heures. Nous sommes plus de 25. Georges qui fera un service du vin absolument remarquable ne servira que 17 verres pour chaque vin, les membres d’une même famille de vignerons buvant dans un seul verre. Nous boirons 25 vins, les autres étant réservés au dîner. J’indiquerai par une astérisque les vins que j’ai apportés quasi exclusivement affectés à la dégustation.

L’air est chaud, lourdement chargé d’odeurs de cheminée qui piquent parfois les yeux. Tout attaché au bon déroulement de la dégustation je n’ai pas pris de notes aussi mes commentaires seront-ils succincts et peut-être une fois ou deux ma mémoire aura fait défaut.

Le *Kebir Rosé Frédéric Lung année probable 1945 est d’une couleur très soutenue. Le vin est lourd, porteur de beaux fruits et intense. Il est hautement gastronomique. C’est une très agréable surprise. Il a des arômes de noix en fin de bouche. Il est d’une belle fraîcheur que jamais son âge ne laisserait imaginer..

Le *Montrachet Grand Cru Domaine Roland Thévenin 1945 est lui aussi une belle surprise car il se présente beaucoup mieux que ce que je pensais. Il manque un peu du gras et de la largeur que l’on attend d’un montrachet mais il est précis et d’une belle complexité, même en étant un peu évolué.

L’Hermitage, Mure de Larnage blanc M Chapoutier 1974 est un vin agréable avec un beau fruit vivant. Il est expressif, de belle fraîcheur. Un vigneron dit qu’il aurait passé de trois à dix ans en barrique, ce qui explique peut-être une pointe de salinité et d’épices.

L’*Hermitage Chante-Alouette blanc M Chapoutier 1955 est un vin large, agréable et gastronomique. Il emplit la bouche de belles complexités. Il est d’un grand équilibre et d’une belle fraîcheur, avec une belle longueur.

L’*Étoile Domaine Veuve Jean Bassard 1976 a tout le charme des beaux vins jaunes. Il est vif, large, fort, imprégnant. Lui aussi est gastronomique, avec une grande ampleur en bouche.

J’avais voulu avec les quatre blancs précédés d’une astérisque montrer des vins de quatre régions distinctes afin de faire un voyage dans le monde des blancs anciens. Je n’avais pas imaginé que le résultat serait aussi brillant car il n’y a eu aucune mauvaise surprise sur ces 5 vins blancs, différents mais beaux.

Nous passons aux rouges avec un *Côtes du Jura Domaine Jean Bourdy 1945. Ce vin va surprendre tout le monde. Car il a une invraisemblable jeunesse et un fruit rouge intact. Il est strict, droit, mais sait ajouter une touche de plaisir grâce à son fruit.

Le Château Clinet Pomerol 1970 est légèrement bouchonné et ne suscite pas beaucoup d’intérêt.

Il en est de même du Moulin à Vent Coron Père & Fils 1964, hélas bouchonné. On cherche à lui trouver des qualités car nous avons le souvenir de superbes beaujolais bus lors d’une récente dégustation en commun.

Le Fleurie Clos de la Roilette Maurice Crozet 1946 a dû être carafé car la bouteille contenait une lie extrêmement fournie. Paradoxalement, malgré cette présentation peu flatteuse, le vin est agréable et vivant. Il a des évocations complexes de café et de sel. Il a un beau fruit rouge et une belle fraîcheur.

Le Grands Échézeaux Ed. Loiseau 1953 est une mauvaise surprise. La bouteille est défectueuse, impossible à boire et lorsqu’on verse, on s’aperçoit qu’il y a un deuxième bouchon au fond de la bouteille, mais qui n’a pas donné de goût de bouchon. Un vigneron suggère que c’est au moment de l’embouteillage qu’un deuxième bouchon a été poussé.

Le *Gevrey Chambertin Duthu père & fils 1949 a une jolie bouteille de vin ancien. Le vin me plait beaucoup, très bel exemple de la Bourgogne. Il m’émeut car il est typiquement bourguignon avec une amertume et une râpe superbe. C’est un vin typé immense d’équilibre et de précision.

Le Bonnes Mares Jacques Sourdillat 1962 est un vin assez déroutant, ne dégageant pas beaucoup d’émotion.

Le *Côte de Beaune Domaine Champy 1945 est un vin qui m’a toujours plu et d’une grande année. Qu’un simple vin Villages soit aussi riche est une belle récompense. Il est agréable sans être complexe.

Le *Pommard Marius Meulien 1923 est une bouteille que je chéris. Comme avec le Côtes du Jura 1945, tout le monde est étonné de voir en ce vin une telle richesse et une telle vivacité. Un participant dit qu’à l’aveugle il situerait ce vin dans les années 70. C’est une des plus belles surprises et c’est un vin que j’ai acheté sur un coup de cœur lorsque j’ai entrevu cette belle bouteille.

Le *Côtes du Lubéron, cave du Lubéron probable 1990 est un petit clin d’œil que j’ai voulu faire à notre hôte de demain, le vigneron du domaine de la Citadelle à Ménerbes, en plein cœur de l’appellation. A l’ouverture ce vin était poussiéreux, avec un nez coincé. Maintenant, même si ce vin ne brille pas par sa complexité, je le trouve très acceptable.

Le *Châteauneuf du Pape domaine de la petite Gardiole 1965 est bouchonné, mort.

Le *Châteauneuf du Pape David & Foillard 1947 est un peu liégeux mais en bouche, on est dans le domaine du possible. Et l’année 1947 le révèle assez bien.

Le *Châteauneuf du Pape Domaine Paul Jean 1971 est très bouchonné.

Le *Châteauneuf du Pape Les Olivets Domaine Roger Sabon 1971 est un vin sympathique qui compense la mauvaise série précédente. Il est d’une belle fraîcheur, avec des évocations de Rhône nord, vin riche et fumé.

La *Côte Rôtie Brune et Blonde M Chapoutier 1949 est un vin solide et riche. Il est très agréable à boire. Il est fin, élégant, c’est un grand vin. Il pinote comme un bourgogne. C’est une très belle bouteille.

Le Chianti Pillo 1958 dans un joli flacon ressemblant à une petite dame-jeanne d’environ trois litres avec verseur est hélas mort.

J’ai été moins attentif aux trois vins espagnols, sauf le plus vieux, le Viña Réal Rioja 1981, le Cune Rioja clarete 1928 que j’ai trouvé superbe et élégant, lui aussi un grand vin et le Gran Coronas Reserva Torres 1962 aussi très agréable.

Terminer par le *Royal Kebir Frédéric Lung Algérie 1947 après avoir commencé par un rosé de la même maison est une coquetterie de ma part pour montrer que le monde des vins anciens doit être exploré tous azimuts. Ce vin est superbe, riche, avec de jolies évocations de café, un peu comme le Vega Sicilia Unico espagnol dont c’est la signature.

A la lecture de ce qui précède, on voit que le taux de vins à problème est significatif, mais cela n’a dérangé personne. Nous avions 25 vins. Les quinze meilleurs suffisent pour faire de cet événement un grand moment dont émergent le Côte du Jura rouge 1945, le Pommard 1923, le Côtes de Beaune 1945, le Royal Kébir 1947, le Gevrey-Chambertin 1949 et le curieux rosé algérien des années 40.

Au cours de la dégustation, Edouard Loubet, intéressé par ce que nous faisions et nos commentaires, nous a fait porter des assiettes de charcuteries, de délicieuses petites tartes en forme de pizza à la truffe noire goûteuse, et des pissaladières.

Il est temps de faire une pause et de laisser préparer la table du repas. Georges ouvre un Champagne Dom Pérignon magnum 1959. Ce champagne est un rayon de soleil, subtil et facile à vivre. Un très grand champagne, noble et de belle longueur. Nous poursuivons par un Champagne Mumm Cuvée René Lalou 1985 dans un état glorieux. Il est au sommet de son art.

Au dîner nous sommes plus de trente et il n’y a pas loin d’une trentaine de vins encore à boire. Comme nous sommes tous autour de la même table, nous ne boirons pas les mêmes vins et nous ne portons pas autant d’attention aux différents vins qui nous sont servis. De beaux canards ont accompagné des vins de tous horizons comme un joli magnum de Château Talbot 1950, quelques vins espagnols et beaucoup de vins que je n’ai pas notés. J’aurais bien aimé goûter le Bandol domaine d’Ott blanc 1985 à la jolie couleur claire, le Clos Joliette 1979 et le Mouton Baron 1961 mais ces bouteilles ne sont pas venues jusqu’à ma place.

J’avais apporté aussi un *Vieux Marc du Clos des Lambrays 40 ans d’âge 41,8° d’avant 1970. C’est un très beau marc, viril, sans concession, de très belle qualité. Le restaurant nous offre de goûter une Chartreuse verte V.E.P. J’ai commis l’erreur de succomber au charme de cette liqueur. Ces deux alcools et une chambre assez froide du fait du gel qui entoure l’hôtel ont eu un effet assez néfaste sur mon sommeil. Aussi quand je me présente le lendemain matin pour prendre mon petit déjeuner, j’apprends que tous les vignerons sont déjà partis.

Par un grand froid ensoleillé, je me rends au Domaine de la Citadelle à Ménerbes qui est la propriété de Yves Rousset-Rouard et exploité par son fils Alexis. Il y a déjà une foule importante de clients des vignerons qui peuvent goûter des vins anciens de tous les domaines. Les millésimes vont de 2008 à 1977. Cette dégustation est intéressante car on peut approcher des vins qui sont réellement prêts à boire. Un Châteauneuf-du-Pape blanc Jéroboam La Janasse 2006 est absolument excellent et profond. Une Côte Rôtie du domaine Gérin 1985 est superbe. Un Châteauneuf-du-Pape blanc domaine Beaurenard 1986 est aussi très goûteux et épanoui. Les vins de Courbis, Cuilleron, Villard, Voge, Gérin, et tant d’autres sont superbes.

D’une façon générale, tous les vins présentés sont d’un grand intérêt et leur âge les épanouit. Il faut espérer que cela donne envie aux cavistes et restaurateurs présents de vendre des vins prêts à boire. J’ai fait une visite rapide du musée du tirebouchon qui possède une collection impressionnante de tirebouchons historiques et Yves Rousset-Rouard m’a emmené sur une colline de sa propriété où il est en train de créer un jardin botanique de plantes aromatiques, médicinales et étranges qui sera bientôt mis à la disposition du public à des fins éducatives et ludiques. C’est aussi une façon de mettre en valeur son domaine.

Le déjeuner se tient dans le chai où deux tables interminables permettent à environ deux cents personnes de s’asseoir. Tous les vignerons font goûter leurs vins dans des flacons de grands formats. Les jéroboams et magnums abondent. On passe d’un vin à l’autre tant les vignerons sont heureux de faire goûter leurs vins.

Le menu conçu par Edouard Loubet est remarquablement exécuté pour cette foule immense. Il y a des petits oiseaux accompagnés de tartines de crèmes d’abats et d’aulx, puis une pièce de cerf très généreuse, un fromage de chèvre frais et un dessert au chocolat accompagné de Rasteau et de vins mutés des participants dont un du domaine Delubac fait de grains de raisins abandonnés quinze ans dans un fût de chêne. Une petite merveille.

Ce qui me plait en Rhône Vignobles, c’est la gentillesse, la générosité, la joie de vivre et le sens de l’accueil de tous les vignerons. Avec de telles qualités, on ne peut faire que du bon vin. Longue vie à Rhône Vignobles et bravo pour l’intérêt marqué pour les vins anciens, que j’essaie, grâce à leur amitié, d’entretenir.


tout d’abord photos de mes vins pris en cave parisienne

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le Mascara hélas cassé dans l’avion

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mon chouchou de 1923

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photo en cave de Paris des vins à ce stade

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apports de ma cave du sud

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mes vins photographiés dans ma chambre

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l’hôtel et ma chambre (arcade de gauche)

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la vue de ma chambre

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tous les vins de la dégustation :

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les vins y compris ceux du dîner (en arrière plan sur la table)

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les vignerons studieux pendant la dégustation de vins anciens

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les canards du dîner

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visite du jardin des plantes aromatiques et médicinales du domaine de la Citadelle

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les tables du déjeuner et les vins préparés par les vignerons

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Tasting of very old wines in two days with winemakers of “Rhône Vignobles” lundi, 9 janvier 2017

Tasting of very old wines in two days with winemakers of « Rhône Vignobles »

The group « Rhône Vignobles » was founded by a good fifteen winegrowers to do together operations to promote their wines. Regularly, they organize an « old vintage » event over two days. On the first day, the winemakers are alone and drink old wines of all regions in a tasting session and then following at a dinner. On the second day, they invite their big customers, including restaurateurs and wine merchants, for a tasting of old vintages of their properties and a gourmet lunch in one of their estates.
For the third time I will join them in all the events, only non-winegrower admitted with a truculent wine merchant of Lyon, Georges da Costa. We are there both from the first day because we animate the tasting of the old wines. I had planned to bring 17 wines but during the transport by plane one of my bottles broke, a Mascara P. Sorensen 13 ° white or gray Algeria 1947. What a pity! By opening my suitcase a heady perfume invaded all the space and strongly impregnated the stuff that I had brought. This sweet perfume gave me regrets because it would have shone during this evening.
The appointment is given at the Bastide de Capelongue in Bonnieux, Relais & Châteaux hotel run by Edouard Loubet who will cook the meals of the two days. On arrival I worry about opening my wines while waiting for the winemakers and Georges to bring theirs. The dining room is very long, vaulted, flanked by two chimneys at both ends of the length. As it is very cold the additional heaters overheat the room so I prefer to open my wines in my room.
The winemakers arrive when I have opened seven of my wines and we will regroup all the bottles to assign them either to the tasting or to the dinner, and then to classify them in order of service. That is my duty. There are a total of 56 wines. With Georges we open all the bottles. Some odors are hospitable and some wines must be decanted because the corks fall. It must be said that these openings are made at a very fast pace that prevents to have all the care that would suit. To encourage the « workers » who extirpate the corks, I am handed a glass of Champagne Louis Roederer Brut simple but which is well suited to give heart to the work.
Tasting starts at 6pm. We are more than 25. Georges who will make an absolutely remarkable wine service will only serve 17 glasses for each wine, members of the same family of winegrowers drinking in a single glass. We will have 25 wines, the others reserved for dinner. I will indicate by an asterisk the wines that I brought almost exclusively assigned to the tasting.
The air is hot, heavily loaded with smells of chimney that sometimes bite the eyes. All attached to the smooth running of the tasting I did not take notes so my comments will be succinct and maybe once or twice my memory will have failed.
The * Kebir Rosé Frédéric Lung probable year 1945 is of a very sustained color. The wine is heavy, beautiful and intense. It is highly gastronomic. It is a very pleasant surprise. It has nut aromas in the finale. It is a beautiful freshness that his age would never let imagine.
The * Montrachet Grand Cru Domaine Roland Thévenin 1945 is also a nice surprise because it looks much better than what I thought. It lacks some of the fat and the width that one expects of a montrachet but it is precise and of a beautiful complexity, even being a little evolved.
The Hermitage, Mure of Larnage white M Chapoutier 1974 is a pleasant wine with a beautiful lively fruit. It is expressive, beautifully fresh. A winegrower says that it would have spent three to ten years in barrels, which may explain a tip of salinity and spices.
The * Hermitage Chante-Alouette white M Chapoutier 1955 is a wide, pleasant and gastronomic wine. It fills the mouth with beautiful complexities. It is of great balance and freshness, with a good length.
* L’Étoile Domaine Veuve Jean Bassard 1976 has all the charm of beautiful yellow wines of Jura. It is lively, broad, strong, impregnating. It is also gastronomic, with a large volume in mouth.

I had wished with the four whites preceded by an asterisk to show wines from four distinct regions in order to make a journey into the world of the old whites. I had not imagined that the result would be as brilliant as there were no unpleasant surprises on these 5 white wines, different but beautiful.

We pass to the reds with a * Côtes du Jura Domaine Jean Bourdy 1945. This wine will surprise everyone. For he has an unbelievable youth and a red fruit intact. He is strict, straight, but knows how to add a touch of pleasure thanks to his fruit.

The Château Clinet Pomerol 1970 is slightly corked and does not attract much interest.

It is the same with the Moulin à Vent Coron Père & Fils 1964, alas corked. We seek to find him qualities because we have the memory of beautiful old Beaujolais drunk during a recent tasting in common.

The Fleurie Clos de la Roilette Maurice Crozet 1946 had to be decanted because the bottle contained extremely important lees. Paradoxically, despite this unflattering presentation, the wine is pleasant and alive. It has complex evocations of coffee and salt. It has a beautiful red fruit and a nice freshness.

The Grands Échézeaux Ed. Loiseau 1953 is a nasty surprise. The bottle is defective, impossible to drink and when we pour it, we see that there is a second cork at the bottom of the bottle, but that did not give a corky taste. A winegrower suggests that it was at the time of the bottling that a second cork was pushed.

The * Gevrey Chambertin Duthu father & son 1949 has a pretty bottle of ancient wine. The wine I like very much, very beautiful example of Burgundy. It moves me because it is typically Burgundy with a bitterness and a superb rasp. It is an immense typified wine of balance and precision.

The Bonnes Mares Jacques Sourdillat 1962 is a wine quite confusing, not releasing much emotion.

The * Côte de Beaune Domaine Champy 1945 is a wine that has always pleased me and a great year. Whether a simple Villages wine is so rich is a fine reward. It is pleasant without being complex.

The * Pommard Marius Meulien 1923 is a bottle that I cherish. As with the Côtes du Jura 1945, everyone is astonished to see in this wine such richness and vivacity. One participant said that blindly he would situate this wine in the seventies. This is one of the most beautiful surprises and it is a wine I bought on a heart stroke when I glimpsed this beautiful bottle .

The * Côtes du Lubéron, Lubéron cellar probable 1990 is a little wink I wanted to make our host of tomorrow, the winemaker of the estate of the Citadelle in Ménerbes, in the heart of the appellation. At the opening this wine was dusty, with a stuck nose. Now, even if this wine does not shine by its complexity, I find it very acceptable.

The * Chateauneuf du Pape domaine de la Petite Gardiole 1965 is corked, dead.

The * Châteauneuf du Pape David & Foillard 1947 is a bit corky but in the mouth, one is in the realm of the possible. And the year 1947 reveals it quite well.

The * Châteauneuf du Pape Domaine Paul Jean 1971 is very corked.

The * Châteauneuf du Pape Les Olivets Domaine Roger Sabon 1971 is a sympathetic wine that compensates the previous bad series. It is of a beautiful freshness, with evocations of Rhone north, rich and smoky wine.

La * Côte Rôtie Brune and Blonde M Chapoutier 1949 is a solid and rich wine. It is very pleasant to drink. It is fine, elegant, it is a great wine. He « pinotes » like a burgundy. It’s a very nice bottle.

The Chianti Pillo 1958 in a pretty bottle resembling a small dame-jeanne of about three liters with pourer is alas dead.

I was less attentive to the three Spanish wines except the oldest : the Viña Real Rioja 1981, the Cune Rioja clarete 1928 which I found superb and elegant, also a great wine and the Gran Coronas Reserva Torres 1962
also very pleasant.

Finishing by the * Royal Kebir Frédéric Lung Algeria 1947 after starting with a rosé of the same property is a coquetry on my part to show that the world of ancient wines must be explored all over the world. This wine is superb, rich, with pretty evocations of coffee, a little like the Spanish Vega Sicilia Unico whose it is the signature.

On reading the above, we see that the level of problematic wines is significant, but it did not bother anyone. We had 25 wines. The fifteen best are enough to make this event a great moment from which emerge the Côte du Jura red 1945, the Pommard 1923, the Côtes de Beaune 1945, the Royal Kebir 1947, the Gevrey-Chambertin 1949 and the curious rosé Algerian of the 1940s.

During the tasting, Edouard Loubet, interested in what we did and in our comments, brought us plates of delicatessen, delicious little tarts in the shape of pizza with tasty black truffle, and pissaladières.

It’s time to take a break and let the meal table be prepared. Georges opens a Champagne Dom Pérignon magnum 1959. This champagne is a ray of sun, subtle and easy to live. A very large champagne, noble and beautiful length. We continue with a Champagne Mumm Cuvée René Lalou 1985 in a glorious state. He is at the top of his art.

At dinner we are more than thirty and there are not far from thirty wines still to drink. As we are all around the same table, we will not drink the same wines and we do not pay as much attention to the different wines that we are served. Beautiful ducks accompanied wines from all horizons such as a pretty magnum of Château Talbot 1950, some Spanish wines and many wines that I have not noted. I would have liked to taste the Bandol domaine d’Ott blanc 1985 with the pretty light color, Clos Joliette 1979 and the Mouton Baron 1961 but these bottles did not come to my place.

I had also brought a * Vieux Marc of Clos des Lambrays 40 years of age 41.8 ° before 1970. It is a very beautiful marc, virile, uncompromising, very beautiful quality. The restaurant offers us to taste a Green Chartreuse V.E.P. I have made the mistake of succumbing to the charm of this liquor. These two spirits and a rather cold room due to the freezing surrounding the hotel had a rather bad effect on my sleep. Also when I introduce myself the next morning to have breakfast, I learn that all the winemakers have already left.

By a great sunny cold, I go to the Domaine de la Citadelle in Ménerbes which is owned by Yves Rousset-Rouard and operated by his son Alexis. There are already a large number of winegrowers’ customers who can taste old wines from their properties. The vintages go from 2008 to 1977. This tasting is interesting because one can approach the wines that are really ready to drink. A Châteauneuf-du-Pape white Jeroboam La Janasse 2006 is absolutely excellent and deep. A Côte Rôtie of Domaine Gérin 1985 is superb. A Châteauneuf-du-Pape white Domaine Beaurenard 1986 is also very tasty and flourishing. The wines of Courbis, Cuilleron, Villard, Voge, Gérin, and so many others are superb.

In general, all the wines presented are of great interest and their age flourishes. It is hoped that this will inspire the wine merchants and restaurateurs present to sell wines really ready to drink. I made a quick visit of the museum of corkscrew which has an impressive collection of historical corkscrews and Yves Rousset-Rouard took me on a hill of his property where he is creating a botanical garden of herbs, medicinal plants and which will soon be made available to the public for educational and recreational purposes. It is also a way of highlighting his Domaine.

Lunch is held in the cellar where two endless tables allow about two hundred people to sit. All winegrowers let taste their wines in large size bottles. Jeroboams and magnums abound. One passes from one wine to the other so much the winegrowers are happy to make taste their wines.

The menu designed by Edouard Loubet is remarkably executed for this immense crowd. There are small birds accompanied by tartines of offal creams and garlic, then a very generous deer filet, a fresh goat cheese and a chocolate dessert accompanied by Rasteau and mutated wines of the participants including one of the domain Delubac made from grapes of grapes abandoned fifteen years in an oak barrel. A little wonder.

What I like in Rhône Vignobles is the kindness, the generosity, the joy of living and the sense of welcome of all the winemakers. With such human qualities, one can only make good wine. Long life for Rhône Vineyards and bravo for the interest marked for the old wines, which I try, thanks to their friendship, to maintain and develop.

(the pictures can be seen on the same subject in the French article)

Tasting the 2013 of Romanée Conti with Aubert de Villaine samedi, 17 décembre 2016

I go to the headquarters of the company Grains Nobles where, as every year, the presentation of the last vintage put in bottles of the Romanée Conti wines is made by Aubert de Villaine himself. It is the only presentation of this kind he makes in France, due to friendship for the former owners of this company but also for the current ones. Pascal Marquet welcomes me and I see that an American, Bill, has preceded me, to have the place of choice at one of the tasting tables, just facing Aubert de Villaine. Being ahead, I will have the other place of choice that faces.

The tasting starts at 7:30 pm with some faithful whom I recognize. At the table of speakers there is Aubert de Villaine, surrounded by Michel Bettane and Bernard Burtschy. We will taste the 2013 of the domain of Romanée Conti. 2013 is a tough vintage with a sullen start to the season. Spring was bad with 350 millimeters of rain versus about 200 usually. The vintage was chaotic, especially at the beginning. The mildew was hard to manage, with a lot of dripping, grapes spinning and berries that abort. It was soon very certain that a small crop with a late bloom on June 25, with at least three weeks delay. Fortunately the weather was fine in mid-July. There was a beautiful summer with a bit of heat wave. Catastrophic storms affected the Côte de Beaune, which suffered its third consecutive year of hail, while the Côte de Nuits was not affected. At the end of September there was already a good maturity. The Montrachet was hailed and was harvested first because of the botrytis. The Corton was harvested on 3 October followed by stormy rains on 4 and 5 October. The harvest resumed on 6 October and there, a miracle occurred, it was cold, which stopped the botrytis. The harvest ended on 13 October and we witnessed a very high rise of degrees despite the cold. It took a lot of selection and vinification was easy. The key to this vintage is the low yields of 15 to 20 hectoliters per hectare. It was necessary to fight and biodynamics helped to fight. Aubert points out that there were many millerand grapes, that is to say, very small grains, which had to be sorted. As every year, there have been periods of great fear and nature reserves some miracles that save the crops.

We prepare our glasses and our palate with a Vosne-Romanée Vieilles Vignes Dominique Laurent 2013 and if the attack of this wine is pleasant, the final is rough, harsh, and I do not appreciate it.

The Corton Grand Cru Prince Florent de Mérode Domaine de la Romanée Conti 2013 is a wine made by Domaine de la Romanée Conti since 2009. There are three cortons, the Clos du Roy, the Renardes and the Bressandes which are vinified together and Michel Bettane would not recommend that DRC makes three separate wines, whereas Aubert de Villaine had mentioned the possibility a few years ago. The nose is a bit sweet. The attack is also sweet. The finish is beautiful fruit. The wine is gourmand, good, young and solid. It also has purity and floral character. It is very good, already on the fruit.

The Echezeaux Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2013 has a beautiful color. The nose is noble, pure and discreet. The attack surprises me as it is powerful. I would never have expected that. It is a great peppered wine that has great finesse in the final. It has a bright future but surprises me to be so expansive.

The Grands-Echézeaux Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2013 has a very rich and attractive nose. The mouth is more bitter. It is more bitter than the previous one. The touch in mouth is very close to that of the Echezeaux but because of the bitterness, I prefer the Echezeaux.

La Romanée Saint-Vivant Grand Cru «Marey-Monge» Domaine de la Romanée Conti 2013 has a very powerful nose. The attack is pleasant. This wine is made of density and charm. I love this wine that will age well but it does not have the romantic grace that I love so much. I am also a little troubled because the three wines at this stage are solid warriors, which is not their usual attitude. Is it due to low yields? In any case, these are wines to wait for at least twenty years.

The Richebourg Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2013 has an impressive nose of richness. What power! The attack is that of an immense fruit. The fruit is fine, precise and joyful. The wine is sweet, very open. It combines power and finesse. It is a genius Richebourg who is at this moment in a phase of absolute grace.

La Tâche Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2013 has a very noble nose. The wine is noble and perfect. How good it is! Aubert de Villaine will often use the word « transparent ». The purity is incredible and the wine is fluid. It is elegant and for me very much above the other wines.

La Romanée Conti Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2013 has a fine and elegant nose. It is a refined wine. But it has more carbon dioxide than the others. There is the richness of the fruit, spices at the end of the mouth but it is less easy to drink because of the gas. The wine is more saline than the others. It is the wine that is the most typical of the domain of all that we have drunk, but it is not nowadays ready to drink contrary to the Richebourg and not as friendly as is La Tâche. The last drop is unfortunately the most beautiful.
While I defend the Romanée Conti beak and nails I must say that my ranking of this day is: 1 La Tache, 2 Richebourg, 3 Romanée Conti. It is necessary to make an appointment in twenty years so that the Romanée Conti takes the first place.

The Montrachet Grand Cru Domaine de la Romanée Conti 2013 is of a botrytis vintage, but frankly, I do not feel it at all. The nose has petroleum accents and no botrytis. The mouth is dry, citrus fruit. Michel Bettane says that its botrytis is very noble, but I do not feel it. It is a wine that is not opulent and does not evoke the fat or butter that is often found. It is mineral, fresh, noble. We’ll have to wait before we drink it during meals.
The discussions went well with extremely technical questions to which Aubert de Villaine replied with good grace with the support of Michel Bettane and Bernard Burtschy.
I was surprised by this tasting because the Romanée Conti and the Montrachet are more discreet than I expected while conversely the other reds are much more exuberant.

According to tradition, Pascal Marquet invites a few people to dinner, including Aubert de Villaine, Michel Bettane, Bernard Burtschy, one or two friends and Claire Gibourg who ran Grains Nobles a few years ago and now lives in Washington. The atmosphere of this dinner is always friendly and the food is excellent.
The Champagne Fallet-Gouron white of extra-brut whites has a hard time passing after what we drank, very hard for an extra-brut which has an inaccurate final.
The Meursault Désirée Domaine des Comtes Lafon 2002 is very pleasant, hospitable, gourmand with a nice vibration of the fruit. It is not a classified growth but it is a wine of pleasure drunk in honor of Christian, habitual participant of these dinners and who brought almost systematically wines of the Comtes Lafon and could not be present.
The Châteauneuf-du-Pape Clos des Papes 2005 has a franchise, a readability and a drinking pleasure that is particularly appreciated. It is a pleasure to drink this successful and gourmand wine. To put at one’s table absolutely.
The Coteaux du Languedoc Clos des Cistes Peyre Rose 1995 is a very nice discovery because the wines of Marlene Soria that I have drunk are from the 21st century. This wine of twenty years is pleasant. It does not have an extreme complexity and length but it has a balance between acidity and bitterness that makes it appealing and pleasant to drink.
The Coteaux du Languedoc Mas Jullien 2001 has a style that I like more because there is a complexity and a vibration that speak more to me. The wine is more lively and pleasant.
The lamb comes with purple potatoes whose chew is superb. It is time to go to sleep because my tiring stay in London immediately followed this beautiful tasting and this friendly dinner impose my rest.

Hearing Aubert de Villaine talking with Michel Bettane and Bernard Burtschy and understanding how much they are on the same wavelength with infinite skill and culture is a treat for me that almost surpasses the pleasure of drinking these great wines of the Domaine which are far from having achieved what they are going to give in four or five quinquennials.