Archives de l’auteur : François Audouze

déjeuner à l’hôtel du Castellet mardi, 26 juillet 2011

Lorsque j’étais allé à l’hôtel du Castellet il y a un mois, j’avais discuté avec le chef Christophe Bacquié, meilleur ouvrier de France et avec son sommelier, Romain Ambrosie, de cuisine et de vin. Dans le restaurant San Felice, qui n’est pas le restaurant gastronomique mais jouit d’une vue exceptionnelle, il y a une exposition de grands formats du Château Vannières, un Bandol renommé que Jean-Philippe, notre talentueux ami, nous avait fait découvrir dans sa version 1983 chez Marc Veyrat à la Ferme de mon Père à Megève. Cette bouteille m’avait marqué aussi ai-je demandé à Romain s’il pouvait se la procurer, ce qu’il fit.

Nous arrivons à sept, ma femme et moi avec deux de nos enfants, mon gendre et deux de nos petits-enfants. Sur la terrasse du bar, nous commençons par un Champagne Krug Grande Cuvée sans année peu âgé. Le vin est racé, grand, mais une légère amertume me gêne, qui s’estompera sur de la nourriture. C’est un grand champagne mais sa vibration ne m’a pas suffisamment atteint.

Le menu est simple, tranches de jambon Jabugo, côtelettes d’agneau et côte de bœuf que nous nous partageons. Les viandes sont superbes et goûteuses. Pour que la confrontation soit intéressante, j’ai prévu d’associer le Vannières à un Rayas 2000.

Le Château Vannières Bandol 1983 a une couleur très foncée, presque opaque tant il semble avoir de la matière. Le nez est riche mais discret. C’est en bouche qu’il explose d’un velouté extraordinaire. Ce vin sublime la notion de Bandol. On est dans des impressions que donnent les grandes Côtes Rôties de Guigal. C’est assez envoûtant. Avec les olives noires de l’apéritif, c’est un régal.

Le Château Rayas Chateauneuf-du-Pape 2000 est l’opposé de ce vin. Sa couleur est d’un rubis rose clair, le nez est d’une subtilité exceptionnelle et ma femme qui ne boit pas, préfère de loin le Rayas à son parfum. Hélas, le Rayas commandé au dernier moment, alors que le Vannières nous attendait en salle, provient d’une cave ou d’une armoire beaucoup trop froide et je sens le coup de froid qui agit sur le vin comme un lac gelé sur la virilité d’un nageur. Et j’ai attendu longtemps qu’il se reconstitue. Mon gendre et surtout mon fils vibrent au Rayas qui est grand. Je suis beaucoup plus sur la réserve. Le vin est indéniablement un grand vin, avec des évocations bourguignonnes fortes et une profondeur de message dans les compotes de quetsches qui sont évidemment plaisantes, mais il manque toujours quelque chose pour me faire plaisir. Car le Vannières est la sérénité absolue. Le qualificatif qui me vient est « serein comme un Guigal ».

Les deux vins ne se contredisent pas tant ils sont différents, et mon cœur penche pour le Vannières à l’équilibre et à la cohérence saisissants. Plusieurs minutes après le dessert, je reviens sur les deux verres. Le Rayas a retrouvé du pep et de la cohérence. Il montre enfin du panache et fait jeu égal avec le Bandol. Il est beaucoup plus complexe. Mais on ne refait pas une partie après la fin du match. La vedette de ce repas, c’est un Vannières 1983 éblouissant de sagesse et de sérénité, au velouté envoûtant.

Le cadre de l’hôtel du Castellet est propice au farniente et à la méditation devant une nature d’une rare beauté. Ce fut un beau moment autour de ce déjeuner. L’étape suivante sera le restaurant gastronomique.

Un grand Cristal rosé 1999 dimanche, 24 juillet 2011

Ma fille et mon gendre sont maintenant installés dans la villa qu’ils louent à deux pas de chez nous. C’est l’occasion de fêter cela avec du lourd. Le mistral est encore très fort, les vagues sont puissantes, organisées en rouleaux bruyants. Contre toute attente le Champagne Henriot magnum 1996 ouvert il y a deux jours n’a pas la moindre trace de fatigue. La couleur est la même, la bulle a la même vivacité et le goût n’a pas pris la moindre trace d’acidité. Et on ne peut même pas dire qu’il s’est assagi, car il a la même tension que précédemment.

J’ai tenu à frapper fort, car j’ai apporté un Champagne Cristal Roederer rosé magnum 1999. Ce champagne est connoté bling-bling, a un prix russe, il faut donc vérifier s’il justifie tout le bla-bla médiatique qui l’entoure. La couleur est d’un jaune de pêche. Discrète, élégante et raffinée. La bulle est belle, fine active, mais pas envahissante. Et ce qui frappe à la première gorgée, c’est la précision du champagne. Le contraste est saisissant entre l’image des rappeurs californiens qui boivent ce champagne dans leurs Lamborghini avec des pinups fessues, ou celle de russes ventrus qui font couler ce vin sur la croupe de naïades tarifées et la réalité d’un champagne strict, structuré, qui ne cherche pas à briller mais qui montre une élégance rare. C’est un grand rosé droit, ferme, architecturé, qui ne montrera tout au long de sa dégustation aucun signe de faiblesse. Ce champagne n’est pas très typé, mais il est droit, précis et parfait. Il tient donc son rang et sa réputation, jamais sur le show, mais surtout par sa précision doctrinaire.

Mon gendre a voulu confronter deux vins de régions que tout oppose. Nous commençons par un Château de Pibarnon Bandol rouge 2005. Tout dans ce vin respire l’été avec la tapenade et le fenouil qui transparaissent dans un vin râpeux et chaleureux. J’avoue que j’en attendais un peu plus.

Le Château Trotanoy Pomerol 1999 a un parfum d’une rare complexité, très pomerol. D’emblée, on le situe au dessus du Pibarnon, par la complexité, par la longueur et par ce côté riche qui emplit la bouche de délices. Mais au fil du temps, le froid du soir venant s’installer sur notre table en extérieur, c’est le Pibarnon qui se trouve le plus à son aise. Il fallait juxtaposer ces deux vins différents. Le Bandol jouant à domicile a marqué plus de buts. Mais la prime à la complexité revient au bordelais.

Cette soirée fut illuminée par un rosé impérial, le Cristal rosé 99 est un vin de grande race, qui justifie son aura.

Mémoire du champagne Dom Ruinart rosé 1990 dimanche, 24 juillet 2011

Je n’imaginais pas l’avoir bu autant de fois. Ici un Dom Ruinart rosé 90 bu avec Richard Juhlin chez Ruinart :

Alors que je suis assez peu fanatique des champagnes rosés, je suis interdit comme sur un uppercut par le Dom Ruinart rosé 1990. le nez est incroyablement séducteur et en bouche, quelle élégance après les blancs ! Passionnant. Mais le Dom Ruinart rosé 1988 allait me plaire plus encore par un fruité excitant. Je l’ai préféré au 1990, contre l’avis de mes amis qui ont plébiscité le 1990. Mais ce fruité m’allait bien. Le Dom Ruinart rosé 1986 moins ouvert, plus conventionnel, fut vite doublé, sur un froncement de cil de Richard Juhlin, par un magnum du même millésime. Malgré une nette amélioration, ce champagne ne me fit pas vibrer.

Un Dom Ruinart rosé 1990 est une splendeur. Des arômes incroyablement flexibles, qui s’adaptent aux saveurs qui lui sont proposées. Un magnifique champagne, avec des variations extrêmement éclectiques.

Là je ne peux pas résister à la tentation de mettre un passage totalement bling-bling ! :

Raffinement suprême, quand le crépitement du feu d’artifices cessa, à travers le nuage gris qui retombait, le château fut percé par l’éclairage de toutes les fenêtres, d’un ton orange strictement de la couleur du Yquem 1967. Si c’était voulu, c’est un magistral clin d’œil. Eblouis par les saveurs intenses de ce sublime repas on cherchait autour de soi avec qui partager ses impressions. Michael Broadbent était tout sourire, Philippine de Rothschild était aux anges. Une coupe de Dom Ruinart rosé 1990 allait préparer le retour vers nos voitures dans des allées où des torches remplaçaient les rosiers qui ponctuent les rangs de vignes.

Là, ça redevient plus popu, car c’est à l’occasion d’une partie de belote :

Lors d’une revanche aux cartes, le champagne Dom Ruinart 1990 rosé confirme, s’il en était besoin, l’impression et l’admiration que j’avais ressenties lorsque je l’avais découvert lors d’un dîner au siège de Dom Ruinart. Magnifique rosé joyeux et dense.

Rebelote :

Un champagne Dom Ruinart rosé 1990 est un dessert à lui tout seul. Il chante dans le verre. Il s’est amusé de diverses expressions de desserts et a confirmé que 1990 est particulièrement réussi. Je n’étais pas du camp des gagnants à la belote. L’important était à table et dans nos verres.

Re, rebelote :

mais c’est un champagne Dom Ruinart rosé 1990 qui montre où se trouve la vraie grandeur. Savoir que la belote n’est qu’un jeu, d’accord. Mais aligner les humiliations, même avec Dom Ruinart rosé, ça casse, double casse, comme on dit à Nice.

le Champagne Dom Ruinart rosé 1990 fut placé ici comme une pause entre deux plats. Quel choix judicieux ! Ce champagne est un vent de fraîcheur. J’ai été immédiatement frappé par l’élégance de sa construction. C’est un immense champagne rosé, très au dessus de la mémoire que j’en avais. Un grand moment de charme.

Le Champagne Dom Ruinart rosé 1990 séduit déjà par son flacon particulièrement élégant. Dans le verre, la couleur rose saumonée est une invitation à la luxure. Et sur le lait caillé, étrange et délicieux, nous sommes embarqués dans un monde inexploré. J’adore la confrontation du plat et du vin dont aucun ne ressort indemne. Il y a une interpénétration redoutable. Nous discutons avec Alain de la transformation que subit le champagne. Point n’est besoin de savoir ce qu’il vaudrait intrinsèquement car ce dont il faut jouir, c’est de ce qu’il nous offre maintenant, dans un accord étrange, rare, important.

Mon gendre qui avait un événement à fêter a apporté un Champagne Dom Ruinart rosé 1990. D’une couleur de pêche jaune rose, ce champagne est un vrai bonheur, qui combine la complexité et la facilité. D’une bulle très active, il trouve un joli partenaire dans les tranches d’une pomme à peine acide, cuites à l’extérieur mais crues à l’intérieur.

Deux interprétations de la pêche blanche accompagnent un magnum de Champagne Dom Ruinart rosé 1990. La couleur d’un rose de nacre intense réjouit les yeux. La bulle est très active et le champagne est d’un charme surhumain. C’est un des plus grands champagnes rosés que l’on puisse imaginer, de la même race que le rosé Dom Pérignon 1990 en magnum lui aussi. Ce champagne a du chien, de la race, et une sensualité raffinée et l’on se demande si ce rosé ne dame pas le pion au Salon 1995. Ce champagne de classe se sirote dans le calme d’une nuit paisible au rythme des conversations interminables.

dîner chez des amis samedi, 23 juillet 2011

Chez des amis, un Champagne Bollinger Spéciale Cuvée magnum sans année est sympathique, solide et rassurant, mais il lui manque un peu d’imagination et d’émotion. Quand il s’épanouit, il se structure et devient de plus en plus plaisant.

Le Champagne Salon magnum 1997 qui le suit est largement mis en valeur par le précédent. Ce qui frappe, c’est sa complexité et son extrême longueur. Fleurs délicates, fruits blancs, et subtilité caractérisent cet excellent champagne qui est une version de Salon moins guerrière que des millésimes plus vineux. J’aime beaucoup cette version élégante et délicate.

Le Terrebrune Bandol rouge 2007 est extrêmement plaisant. C’est vraiment un vin d’été, avec ses évocations de truffe, d’anis et de fenouil. Il est gouleyant et généreux.

Le nez du Château Figeac 2001 est une petite merveille. Quelle race ! Ce Figeac puissant ne fait pas très bordelais, mais il est d’une complexité gourmande et se boit bien. La maîtresse de maison exécute avec talent des recettes complexes de Thuriez magasine. Des discussions passionnantes nous ont entraînés tard dans la nuit.

coup d’envoi des vacances (2) vendredi, 22 juillet 2011

Un vendredi soir, mon fils arrive par le train et mon gendre arrive par l’avion. Gendre et fille ont loué une villa à moins d’un kilomètre de chez moi. La tentation est grande de les accueillir au champagne. Ce sera chez mon gendre. Les petites tartines sont déjà prêtes et les prélèvements se feront sur le stock de mon gendre. Le champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1996 est une leçon de champagne. Dans un registre très classique, ce champagne se positionne à un niveau de grande qualité. On ne peut qu’aimer ce champagne rassurant, plaisant, facile à vivre mais racé. Sur des toasts à la tapenade, à la crème de sardine et sur des jambons aussi fins que des crêpes Suzette, c’est un régal.

Est-ce le mistral insistant, on ne sait, mais le niveau dans les verres baisse vite, et il faut vite doubler avec un Champagne Dom Ruinart 1990. Le saut qualitatif est sensible, ce qui n’enlève rien à la pertinence de l’Enchanteleur. Le vin est d’une précision extrême, avec des évocations de fleurs blanches et roses. Ce champagne est noble. Une crème de saumon tartinée lui plait bien. C’est un grand champagne, expressif, buriné, ciselé, qui malgré sa puissance extrême, conserve le caractère floral d’un élégant romantisme. On sent qu’il a pris un peu de maturité, et ça lui va bien.

Mais une fois encore, le mistral, les conversations passionnées d’un début de vacances pour les nouveaux arrivants pousse à ouvrir autre chose. Nous savons que nous n’irons pas au bout d’un magnum, mais il n’y aura aucun mal à le finir demain. Le Champagne Henriot magnum 1996 est un solide guerrier. Il n’a pas la finesse des deux précédents, mais il se place bien en bouche. Il est carré, solide, plaisant, mais une trace de liqueur de fruit entrave mon plaisir. Alors qu’il n’est pas trop dosé, on ressent la trace de la liqueur de dosage. Dans le calme du soir éreinté d’un insistant mistral, ce champagne est vraiment agréable à boire, même s’il souffre un peu d’être servi après deux très grands champagnes.

archives d’Yquem mercredi, 20 juillet 2011

Entre parenthèses, le n° du bulletin qui parle du vin.

Les 264 Château d’Yquem :

1861 (174) – 1874 (412) – 1876 – 1889 (225) – 1890 (382) – 1890 (437) – 1891 (224) – 1893 – 1893 – 1893 (225) – 1899 (225) – 1899 (248) – 1899 (382) – 1900 – 1900 (285) – 1904 (276) – 1906 (324) – 1906 (111) – 1908 (12) – 1908 (26) – 1917 (16) – 1918 (261) – 1921 – 1921 – 1921 (101) – 1921 (212) – 1921 (248) – 1923 (310) – 1927 (355) – 1928 (365) – 1928 – 1928 (54) – 1929 (206) – 1929 – 1929 (350) – 1931 (149) – 1932 (40) – 1933 (77) – 1934 (113) – 1934 (248) – 1935 (182) – 1935 (397) – 1936 – 1936 (176) – 1936 (262) – 1937 (169) – 1937 – 1937 – 1937 (87) – 1937 (248) – 1938 (221) – 1939 (335) – 1939 (231) – 1940 (145) – 1941 (382) – 1941 (382) – 1941 (141) – 1942 (54) – 1942 (119) – 1944 (442) – 1945 – 1945 (248) – 1947 – 1947 (248) – 1948 (213) – 1948 (32) – 1948 (248) – 1949 (157) – 1949 (357) – 1949 – 1949 (248) – 1949 (350) – 1949 (408) – 1950 (173) – 1950 (208) – 1953 (182) – 1953 (248) – 1954 (212) – 1954 (235) – 1955 (267) – 1955 – 1955 (119) – 1955 (230) – 1955 (248) – 1957 (174) – 1958 (297) – 1959 (172) – 1959 (277) – 1959 – 1959 – 1959 (248) – 1959 (350) – 1960 (167) – 1961 (174) – 1961 (279) – 1961 (297) – 1961 (321) – 1961 (248) – 1961 (331) – 1962 (163) – 1962 (250) – 1962 (255) – 1966 (283) – 1966 (81) – 1966 (92) – 1966 (313) – 1966 (399) – 1967 (176) – 1967 (369) – 1967 (424) – 1967 – 1967 – 1967 – 1967 (41) – 1967 (148) – 1967 (248) – 1967 (317) – 1967 (412) – 1968 (270) – 1969 (369) – 1969 (384) – 1969 (441) – 1970 (398) – 1970 (248) – 1970 (381) – 1973 (19) – 1975 (265) – 1975 – 1975 (248) – 1976 (202) – 1976 (236) – 1976 (256) – 1976 (259) – 1976 (393) – 1976 (53) – 1976 (248) – 1977 (268) – 1978 (256) – 1978 (125) – 1978 (428) – 1979 (102) – 1980 (327) – 1980 – 1981 (193) – 1981 (9) – 1981 (210) – 1982 (341) – 1982 (9) – 1982 (84) – 1982 (248) – 1983 (196) – 1983 – 1983 (146) – 1983 (226) – 1983 (248) – 1983 (300) – 1983 (83) – 1984 (277) – 1984 (160) – 1984 (251) – 1985 (261) – 1985 (361) – 1985 (285) – 1985 (434) – 1986 (245) – 1986 – 1986 (2) – 1986 (228) – 1986 (229) – 1986 (248) – 1986 (370) – 1986 (385) – 1987 (193) – 1987 (199) – 1987 (240) – 1987 (54) – 1987 (60) – 1987 (374) – 1988 (250) – 1988 (187) – 1988 (238) – 1988 (270) – 1988 (282) – 1988 (321) – 1988 (394) – 1988 – 1988 (11) – 1988 (24) – 1988 (62) – 1988 (68) – 1988 (127) – 1988 (192) – 1988 (248) – 1988 (249) – 1988 (292) – 1988 (302) – 1988 (430) – 1989 (176) – 1989 (217) – 1989 (298) – 1989 (363) – 1989 (202) – 1989 – 1989 (113) – 1989 (248) – 1989 (350) – 1990 (323) – 1990 (388) – 1990 – 1990 (98) – 1990 (147) – 1990 (248) – 1990 (97) – 1991 (192) – 1991 (34) – 1991 (42) – 1991 (104) – 1994 (252) – 1994 (155) – 1995 – 1995 (1) – 1995 (9) – 1995 (248) – 1996 (250) – 1996 (220) – 1996 (235) – 1996 (298) – 1996 (298) – 1996 (363) – 1996 (51) – 1996 (54) – 1996 (133) – 1997 (267) – 1997 (32) – 1997 (175) – 1997 (248) – 1998 (235) – 1998 (84) – 1998 (115) – 1998 (133) – 1998 (248) – 1999 (213) – 1999 (298) – 1999 (363) – 1999 (133) – 1999 (144) – 2000 (248) – 2001 (250) – 2001 (160) – 2001 (382) – 2001 (174) – 2001 (225) – 2001 (248) – 2001 (249) – 2002 (212) – 2002 (220) – 2002 (225) – 2002 (424) – 2003 (225) – 2003 (248) – 2005 (298) – 2007 (382) – 2009 (382) – 2010 (430)

Le vin rouge d’Yquem

1997 (225)

Les 28 vins blancs secs d’Yquem :

1912 (225) – 1959 (398) – 1960 – 1960 – 1962 (155) – 1964 (24) – 1968 (270) – 1978 (255) – 1980 (13) – 1980 (41) – 1980 (53) – 1980 (319) – 1985 (149) – 1985 (171) – 1985 (175) – 1985 (198) – 1985 (77) – 1985 (327) – 1988 (98) – 1988 (434) – 1988 (301) – 1988 (403) – 2000 (32) – 2000 (220) – 2002 (113) – 2006 (363) – 2006 (374) – 2007 (382)

des notes pour 8.812 vins mercredi, 20 juillet 2011

Je viens de mettre à jour mes notes sur 8.812 vins. Pour chaque vin, il y a l’indication du bulletin qui en parle, ce qui donne ceci, par exemple, pour Lafite-Rothschild :

1844 (387) – 1858 (387) – 1865 (180) – 1868 (224) – 1900 (324) – 1900 (383) – 1900 (443) – 1900 (305) – 1919 – 1919 (1) – 1919 (32) – 1919 (343) – 1922 (443) – 1922 (393) – 1924 (273) – 1928 – 1928 (369) – 1934 – 1934 (181) – 1934 (263) – 1934 (268) – 1943 (395) – 1943 (317) – 1945 (114) – 1945 (257) – 1948 (443) – 1948 (262) – 1949 (228) – 1949 (263) – 1950 (263) – 1953 (182) – 1955 (27) – 1955 (55) – 1955 (203) – 1959 (351) – 1961 (443) – 1962 (53) – 1962 (62) – 1962 (376) – 1963 (186) – 1964 (155) – 1964 (321) – 1965 (201) – 1965 (271) – 1969 (78) – 1969 (97) – 1969 (425) – 1970 (409) – 1971 (443) – 1971 (173) – 1979 (148) – 1980 (63) – 1981 (149) – 1981 (126) – 1981 (127) – 1981 (284) – 1983 (92) – 1984 (348) – 1985 (83) – 1985 (332) – 1986 (28) – 1986 (220) – 1986 (324) – 1987 (55) – 1987 (165) – 1988 (129) – 1988 (209) – 1990 (443) – 1990 (381) – 1990 (83) – 1997 (360) – 1998 (209) – 1998 (215) – 2001 (234) – 2003 (209).

Si donc on veut savoir ce que j’ai écrit sur Lafite 1990, on peut se reporter dans la catégorie « bulletins » aux n°s 443, 381 ou 83.

Je peux faire une telle liste pour chacun des vins que j’ai bus.

vins de vacances mardi, 19 juillet 2011

Champagne Cristal Roederer rosé magnum 1999 – une merveille

Chateau de Pibarnon Bandol 2005 et Chateau Trotanoy Pomerol 1999

Domaine de l’Angueiroun, Côtes de Provence rosé « Prestige » 2010

Chateau Sainte Anne Bandol 1998

coup d’envoi des vacances lundi, 18 juillet 2011

De bon matin après le dîner coréen, direction le sud. Les six petits-enfants sont au complet, avec quatre sur six de leurs parents. De quoi agiter la maison de rires et de pleurs, de caprices et de tendresse. C’est le coup d’envoi des vacances, alors, ça s’arrose. Le lecteur assidu de ces bulletins sait que tout est prétexte à ouvrir de bons vins quand on est au bord de l’eau.

Le Champagne Laurent-Perrier Cuvée Grand Siècle magnum sans année montre par son bouchon qu’il a plus d’une dizaine d’années. Sa sérénité est spectaculaire. Ce qui frappe, avec la mémoire de la verticale de Bollinger, c’est que le Grand Siècle est féminin, floral, romantique, gracile, délicatement tactile, alors que le Bollinger est vineux, masculin et joue sur la richesse. Et nous sommes heureux de constater que ces deux conceptions se complètent au lieu de se combattre. Il y a la place pour deux. Les fleurs blanches, les évocations subtiles avec une longueur extrême sont un véritable bonheur et donnent bien le coup d’envoi d’un été qui sera chaud. La boutargue cette année est qualitativement meilleure que celle de l’an dernier, plus grasse, plus moelleuse, et s’accorde merveilleusement au champagne.

Un jour plus tard, mon gendre sait qu’il doit repartir le lendemain par le premier avion. On ne va pas le laisser partir comme cela. Aussi, c’est un Champagne Henriot magnum 1996 qui est ouvert sur la boutargue mais aussi sur un foie gras qui se tartine sur des galettes à la châtaigne. Je suis frappé de voir à quel point le passage entre la boutargue et le foie gras aussi bien que l’inverse se font sans la moindre difficulté. Cela vient du fait que la boutargue est moelleuse et très peu salée. Le champagne est d’une grande pureté et il représente pour moi un champagne orthodoxe. Si l’on devait définir ce qu’est le champagne classique de grand niveau, ce serait celui-ci, car il est équilibré et ne cherche pas à éblouir en étant typé. Il est champagne, il l’assume, et le vit bien.

La mûre, toujours la mûre lundi, 18 juillet 2011

La mûre, toujours la mûre

La mûre est certainement le fruit le plus intelligent que je connaisse.

Les premiers fruits noirs sont apparus, le long de ma balade quotidienne, vers le 4 juillet. La majorité des ronces avaient leurs baies encore vertes, et certaines avaient même encore leurs fleurs, mais un bouquet de ronce, contre toute attente, avait quelques baies noires.

Contre toute attente, pourquoi ? Parce que quand j’étais un petit bonhomme passant ses vacances dans la Manche, à portée de vue du Mont Saint-Michel, les ronces ne donnaient des fruits noirs qu’à la fin août ou en septembre, à la fin des vacances.

Chaque jour, je viens picorer à ce groupe de ronces, qui a l’intelligence de garder des baies vertes, des baies rouges, et de m’offrir quelques noires, la juste provision de force pour la marche, sachant que je peux compter sur des rouges ou des noires claires pour être noires et mangeables demain.

Rares sont les arbres ou arbustes fruitiers dont la maturité des fruits s’étale autant dans le temps. Je sais que dans la zone que je longe pendant ma marche, j’aurai sans doute une dose équilibrée quotidienne pendant un mois et demi. Quelle intelligence ! Quelle générosité.

La mûre, c’est aussi une école de philosophie. Lorsque les baies seront bien mûres, grosses et grasses, ce sont toujours celles qui sont inaccessibles car trop hautes ou trop enfoncées dans l’entrelacs des branches piquantes qui seront les plus belles. Est-ce que ça ne ressemble pas au vin ?

La mûre forge aussi nos comportements ou en est le miroir. Sur mon chemin, je ne suis pas le seul marcheur. Voici une belle mûre. Elle pourrait être parfaite demain. Mais je sais que si je la laisse grandir encore pour la cueillir demain, un promeneur l’aura prise avant moi. Alors, je mange mes mûres trop jeunes, de peur de ne pas les retrouver demain. Est-ce égoïste ? L’expérience m’a montré que comme dans la fable du héron de La Fontaine, attendre trop c’est perdre tout.

Vive la mûre, j’aime la mûre, car sa générosité quotidienne est d’une intelligence rare.

Parlez moi de mûre, redites-moi des choses tendres….