Conférence dégustation pour des étudiants d’HECdimanche, 18 mai 2025

Un cercle d’élèves d’HEC réunis dans l’Association Grands Crus HEC m’a invité à venir faire une conférence dégustation pour trente élèves.

La réunion se tient dans un hôtel particulier très chic du 8ème arrondissement, où l’étudiant qui m’accueille n’était jamais venu. J’arrive à 16 heures alors que la conférence démarre à 19h30, pour que les vins aient le temps de s’épanouir.

J’ouvre les vins dont les bouchons résistent, surtout ceux des Moulin à Vent dont les goulots n’ont rien de cylindrique. La partie pincée du goulot empêche le bouchon de remonter entier. J’ai donc utilisé le tirebouchon Durand et non mes outils habituels. Les ouvertures se sont bien passées.

Je présente aux élèves ma vision de l’intérêt des vins anciens et je n’avais pas conscience à quel point ils n’avaient jamais approché ce monde. En effet ce club reçoit des vignerons parmi les plus célèbres, mais jamais les vins qu’ils boivent n’ont plus de dix ans. Aussi la dégustation que nous allons faire les entraîne dans un monde inconnu.

Alors que les vignerons commentent les vins qu’ils présentent, je laisse chacun être attentif aux émotions qu’ils ressentent. C’est inhabituel pour eux.

Nous commençons par le Pomerol Bourgneuf-Vayron 1961 qui est d’une grande année et représente un pomerol typique, riche et dense. Il a des accents de truffe et ce qui impressionne, c’est sa densité, son équilibre et sa longueur. Je le trouve particulièrement bon. Je ressens que les élèves sont assez troublés par des goûts inconnus.

J’avais envie d’oser en choisissant un Moulin à Vent Union des Viticulteurs de Romanèche-Thorins et Chénas 1969 dont la couleur est plutôt claire. Je suis moi-même troublé, car il y a des notes sucrées en ce vin complexe et doucereux. S’agit-il vraiment d’un rosé ? Pourquoi pas. Ce qu’on peut noter, c’est le goût cohérent et un aspect gourmand marqué. J’avais choisi un vin inhabituel. J’aurais peut-être dû être plus conventionnel.

Nous allons maintenant comparer deux Vouvray moelleux, un jeune et un ancien. Le Vouvray moelleux Réserve Clos Naudin Philippe Foreau 1997 est beaucoup plus foncé que le Clos Du Bourg Vouvray Moelleux Huet 1959. La démonstration est édifiante, car le 1959 est parfait, charmeur, cohérent et agréable à boire alors que le 1997, plus sombre est plus rigide.

J’avais prévu une surprise pour les élèves qui est de boire un Maury la Coume du Roy domaine de Volontat 1925. Ce vin de grande douceur, au parfum envoûtant et à la longueur infinie est un miracle. Montrer à ces jeunes amateurs qu’un vin de cent ans peut avoir des subtilités et une jeunesse infinie est une surprise très grande. A lui tout seul, ce vin validait mes théories sur le fait que le vin a un appel vers l’éternité.

Je ne m’en suis pas rendu compte mais nous avons bavardé pendant quatre heures avec des amateurs avides de connaissances nouvelles.

Ce fut une très agréable soirée avec ces étudiants sympathiques. J’ai senti qu’ils ont été heureux de cette expérience très différente de celles qu’ils vivent dans le monde du vin.