Voici quelques renseignements sur ce salon, à jour à la date du 13/11 :
communiqué de presse : lire
liste des exposants : lire
Listeexposantsprsentsau23_10.pdf
les master class : lire
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Le Grand Tasting, c’est un salon de dégustation de vins ouvert au public, qui se tiendra au Carrousel du Louvre les 30 novembre et 1er décembre.
Ce salon est animé et dirigé par Michel bettane et Thierry Desseauve.
On s’inscrit et on voit le programme sur leur site : Grand Tasting
Ce salon fait la suite du Salon des Grands Vins rebaptisé Le Grand Tasting. Vous pouvez aller consulter les comptes-rendus des précédentes éditions de ce salon en utilisant l’outil de recherche de ce blog.
J’ai exposé des bouteilles vides à ce salon, j’y ai même eu un stand (raconté dans ce blog).
Voici une photo d’une des vitrines d’exposition de mes bouteilles :
Je serai assez souvent auprès de Michel Bettane à la tribune des Master Class. Cela me donnera l’occasion de rencontrer des amateurs amis.
L’académie du vin de France, présidée par Jean-Pierre Perrin du Château de Beaucastel tient des séances de travail qui sont suivies chaque année par un dîner de gala auquel on me fait l’honneur de me convier. Les plus grands vignerons français sont présents, ainsi que des journalistes, des restaurateurs et quelques gastronomes bons vivants que l’on reconnaît au tour de taille dont j’ai le calibre. Ce dîner se tient au siège de l’académie, le restaurant Laurent, car chacun se plait à reconnaître en Philippe Bourguignon une excellence qui convient à celle des vins des académiciens.
A 19heures, au premier étage, sont alignés en quatre salles tous les vins qui font rêver les amateurs, généralement de l’année 2005 qui connaîtra un jour la renommée de 1990. Il y a les champagnes et les blancs, et j’adore la subtilité d’un Chablis de Raveneau 2005, d’un Corton Charlemagne Bonneau du Martray 2005 et un tonitruant Meursault Clos de la Barre Comtes Lafon 2005. Les blancs sont particulièrement brillants. La salle suivante est consacrée aux vins rouges qui ne sont pas de Bordeaux, et je suis très agréablement impressionné par le vin rouge du Château d’Arlay 2005. L’Hermitage rouge Chave 2005 est puissant, mais je le trouve serré en ce moment, moins chaleureux que le joyeux Hermitage blanc Chave 2005 que j’avais goûté dans l’autre salle. Le Beaucastel rouge 2005 est plus plaisant que le Chave à ce stade de sa croissance, plus harmonieux. Mais le vin qui remporte tous les suffrages, de cent coudées, c’est le Romanée-Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 2004. Je souris, parce que ma passion pour les vins de DRC est telle que je suis probablement partial. Force est de constater que ce vin est absolument immense, d’une subtilité poivrée combinant raffinement, délicatesse et soleil. J’en complimente Aubert de Villaine qui reconnaît qu’il est bien fait. Dans la salle des bordeaux le Corbin Michotte 2005 me plait beaucoup, le Gazin 2005 est très bien fait, et le Montrose 2005 paresse en robe de chambre.
Dans un tout petit bureau il y a trois vins, mais quels vins ! Un Vouvray 2005 de Huet a une verdeur et une acidité qui sont la promesse d’un vin succulent et grandiose dans une trentaine d’années. Alexandre de Lur Saluces a apporté Château de Fargues 2003 élégant, pondéré, qui doit attendre encore avant de nous offrir toutes les merveilles qu’il cache encore. Mais c’est le dernier vin qui est un uppercut à l’âme. Le Gewurztraminer Hugel 2005 dont je n’ai pas noté s’il est sélection de grains nobles est merveilleux en bouche. La valse de la douceur entraînée par l’acidité se prolonge dans un final virevoltant quasi infini. Quelle promesse ! Si je dois voter pour quelques vins, alors que l’esprit de cette présentation n’est pas à comparer mais à profiter, je citerais en premier le Romanée Saint-Vivant DRC 2005, puis le Gewurztraminer Hugel 2005 et le Meursault Comtes Lafon 2005. Tous les autres, dégustés avec leurs propriétaires, sont de grands vins.
Nous passons à table et Jean-Pierre Perrin fait comme d’habitude un discours puissant, engagé, solennel. Le menu conçu par Alain Pégouret, chef sensible de grand talent, avec Philippe Bourguignon est un chef d’œuvre de cuisine et d’harmonie et Jacques Puisais, l’inénarrable raconteur des vins et des mets, signala que ce fut la plus belle réussite qu’il ait connue en cet endroit.
Voici le menu : Huîtres spéciales « Gillardeau » n° 2 lutées dans leurs coquilles, bouillon de mousserons citronné et fleurette au bacon. / Foie gras de canard grillé posé sur une cracotte, figues et amandes fraîches / Carré de chevreuil et son toast de légumes d’automne au mascarpone / Munster fermier et pain au carvi / Canons de chocolat, l’un finement cacahouèté et l’autre : cerises, oranges amères confites et sauge. Je m’amuse à classer mes préférences, le bouillon de mousserons est divin et la cuisson du foie gras est unique. L’accord le plus éblouissant est sans doute celui du foie gras et du riesling.
Les vins ont été nommés dans le menu qui nous est remis non pas du nom du domaine mais du nom de celui qui représente son domaine ou celui qui a fait le vin. L’attention est charmante.
Il faut bien vite prendre en premier le Chablis Grand Cru « Valmur » Jean Marie Raveneau 2000 pour goûter sa fraîcheur et son message floral et minéral, car le Meursault Premier Cru « Goutte d’Or » Dominique Lafon 2000 est du genre Terminator, à ne pas aimer partager la vedette. Et c’est le plat qui va permettre aux deux de briller d’égale façon, car l’huître seule préfère le Chablis quand les mousserons adorent le Meursault. Les huîtres lutées sont goûteuses à souhait.
Le Riesling Grand Cru « Rangen de Thann » Clos Saint-Urbain 2000 Léonard Humbrecht, quand on le boit seul fait un peu surmaturé, et l’amertume est un peu forte. Mais le foie gras joue un rôle déterminant car il transforme complètement le riesling qui se civilise, s’arrondit pour devenir le gendre idéal du foie.
La juxtaposition de deux monstres sacrés promet d’être passionnante. Comme le dira plus tard Jacques Puisais, ces deux frères ennemis vont en fait se mettre en valeur mutuellement. L’Hermitage rouge Gérard Chave 1998 a une attaque puissante, virile, mais derrière cette façade, il y a de jolies variations sur le fruit. Le Chateauneuf-du-Pape Château de Beaucastel rouge Jean-Pierre Perrin 1998 paraît plus subtil et plus complexe, mais lorsque l’on passe de l’un à l’autre, on se prend à aimer celui que l’on boit. Après de multiples allers et retours, mon cœur penche pour le Beaucastel dont j’aime le romantisme. Mais je suis prêt à adorer les deux.
Le Gewurztraminer Grand Cru « Hengst » Léonard Humbrecht 2000 se prête avec bonheur au jeu des deux munsters, le plus jeune et le plus affiné. Sa jeunesse est quand même un handicap car je sais ce qu’il offrirait avec vingt ans de plus. Venant de boire il y a quelques jours un banyuls de 1925, j’accueille le Banyuls « la Coume » Jean Michel Parcé rimage 1985 avec amitié, sensible à son fruit exubérant. Mais là aussi, il faut à ces vins des décennies de plus pour qu’on en goûte la substantifique moelle.
Le repas fut une réussite spectaculaire. Le service et l’atmosphère sont uniques. Alain Pégouret fut fortement applaudi. J’ai revu des amis avec des milliers de promesses de se rendre visite. Cette fête de l’amitié vigneronne est un grand moment, cher à mon cœur.
Imaginons qu’un coup de baguette magique ait permis d’assister au même repas, avec les mêmes plats et avec les mêmes vins qui auraient, chacun d’eux, vingt ans de plus. Nous aurions gravi deux échelons de plus dans l’échelle du plaisir. Il serait impossible de rassembler autant de bouteilles d’un même millésime ancien pour autant de monde. Mais quel enjeu !
Beaucastel 2005 et Hermitage Chave 2005, c’est l’aristocratie du Rhône bue avant le dîner.
Crozes Hermitage la Guiraude de domaine Alain Graillot et Chateau Simone 2005
Jurançon sec du domaine Cauhapé 2005 et sur la photo : Champlain, le célèbre caviste canadien, probablement le plus grand collectionneur de Romanée Conti en grands formats, François Audouze et Alexandre de Lur Saluces propriétaire de Fargues.
Les huîtres lutées sont très belles et le foie gras (à droite) est goûteux à souhait.
Merveilleuse cuisine élégante d’Alain Pégouret.
Depuis de très nombreuses années, la maison familiale de champagne Laurent-Perrier décerne un prix «Grand Siècle Laurent-Perrier» à une personnalité éminente qui par son engagement et ses qualités humaines marque son époque. Cette année, c’est un historien polonais, Bronislaw Geremek, député européen, qui a entre autres participé activement à la création de Solidarnosc. Ce qui me plait le plus dans ces grandes soirées, c’est le discours du récipiendaire. Plus l’homme est grand, et plus le discours est humble, humain, mêlant sensibilité et sérénité. En l’écoutant, on se sent fier d’être européen. Le mécène, Bernard de Nonancourt, n’est pas présent, mais est représenté par sa famille, active dans la société. L’apéritif au Pavillon d’Armenonville se fait au champagne Laurent Perrier Grand Siècle en magnum, ce qui titille suffisamment les papilles pour que l’on discute avec toutes les célébrités présentes, du monde du spectacle, de la politique, du journalisme ou du domaine caritatif. Et bien sûr, les amis de Laurent-Perrier. Nous passons à table et je suis assis près d’un cardiologue retraité de Singapour, que j’avais rencontré au dîner de la Bacchus Society au château Pichon Longueville Comtesse de Lalande, grand collectionneur de vins, qui sillonne le monde pour visiter les grands vignerons et fréquenter les plus belles tables. A la même table présidée par Didier Depond, président de Salon-Delamotte, le président de la chaîne hôtelière Relais & Chateaux et Pierre Hermé, le célèbre pâtissier et sa compagne.
Le traiteur Potel & Chabot a réalisé une prestation de première grandeur. Pour cinq cents convives environ, c’est une brigade d’au moins quatre-vingt personnes en habit et gants blancs, qui arrivent en procession avec les vins tous servis en magnums, et qui servent à la française, avec un rare raffinement. La cuisine est succulente. En voici le menu : consommé de volailles, éclats de truffe / soufflé de brochet beurre blanc / noix de joue de veau Rossini, tatin de tomate, crème de potimarron / macaronade aux framboises, sorbet au champagne rosé. Délicat, goûteux, c’est un véritable exploit de traiteur.
Les vins n’étaient pas en reste : le champagne Laurent Perrier Grand Siècle en magnum est un élégant compagnon de gastronomie, avec une flexibilité qui lui permet de mettre en valeur les saveurs subtiles. Le Château Rauzan-Ségla 1996 en magnum, que j’avais bu récemment au sein d’une verticale fort instructive indique au nez que son oxygénation a été parfaite. Le vin est généreux, épanoui, et montre un équilibre joyeux. Le champagne Laurent Perrier rosé cuvée Alexandra en magnum arrive trop froid. Sa couleur est très saumonée, intense. Dès qu’il s’ouvre, il dégage un charme aussi délicieux et intelligent que celui de sa marraine. C’est un très beau rosé expressif et vineux auquel le sorbet donne un coup de fouet excitant.
Cette soirée mondaine sera contée dans les tabloïds. Elle fut un grand moment humain et une belle prestation gastronomique.
Impressionnante brigade défilant avec mets et vins. Le service se fait à la française.
Une cuisine délicieuse.
Ce service raffiné me fascine.
Le George V (Four Seasons) a trouvé une formule extrêmement intéressante d’un dîner autour d’un livre et son auteur et d’un vin et son auteur. L’écrivain est interviewé par Olivier Barrot et le vigneron est présenté par Eric Beaumard avec sa verve légendaire et des commentaires sur les mets et les vins d’une justesse éclairante et d’une poésie radieuse. Comme la chance sourit aux meilleurs, Philippe Claudel venait de recevoir la veille le Prix Goncourt des lycéens pour son livre « Le rapport de Brodeck ». C’est l’indice d’une aptitude à captiver la jeunesse. Sa deuxième chance est d’être invité en même temps que le Château Latour présidé par Frédéric Engerer, qui est à la tête de la propriété appartenant à François Pinault depuis une quinzaine d’années. Chance supplémentaire, Frédéric Engerer est particulièrement généreux sur le choix des années et sur les quantités. La chance encore quand Philippe Legendre fait un repas d’une excellence rare dont voici le menu : petits amuse bouche dont langues d’oursins, huîtres chaudes et Saint-Jacques crues cuites / pâté en croute traditionnel de palombe, gelée à l’aigre doux / tarialini à la truffe d’Alba / homard fumé et rôti à la choucroute fraîche et aux graines de moutarde / royale d’aubergine à la truffe noire / millefeuille glacé à la mandarine et nougatine comme un vienetta / café et mignardises.
C’est du grand Legendre et la royale d’aubergine est un des plats les plus subtils que l’on puisse goûter, d’un niveau dépassant largement la norme du trois étoiles. Cela annonce, je l’espère, un retour proche en tête de classe.
Le champagne de bienvenue est un Diebolt-Valois de Cramant ce qui me fait plaisir car j’avais eu la chance de visiter la cave où des 1953 et 1976 furent de petites merveilles. Avec les amuse-bouche, c’est un festival d’accords joyeux.
Les vins sont servis en trois séries de deux, avec la faculté d’être resservi ce qui est un luxe apprécié.
Le Forts de Latour 2005 a un nez de vin vraiment très jeune, et l’écart de senteur avec le Château Latour 2005 est spectaculaire. Il y a dans le Latour 2005 une race et une noblesse remarquables. Le goût du Forts de Latour est très franc, charnu, un peu amer. Le Château Latour que j’aurais attendu trompetant est calme, moins exubérant que je n’imaginais. J’aurais bien vu plus de puissance, mais la sagesse de ce vin est exemplaire.
Le nez du Forts de Latour 2003 est de pierre à fusil. Le Château Latour 2005 après quelques minutes se referme un peu mais montre l’esquisse d’une structure énorme. Un peu de poivre apparaît en fin de bouche. Le Forts de Latour a des tannins forts alors que le Château Latour 2005 est un vin plus enlevé.
Le Forts de Latour 2003 trompe son monde. J’imagine volontiers qu’à l’aveugle, il en remontrerait à beaucoup de premiers vins. C’est une bombe, et c’est bon. Il y a toujours une signature d’amertume, comme pour le Forts de Latour 1996 qui a aussi un nez soufré. Le 2003 est taillé pour lutter avec les plus grands. Il est éblouissant. Le 1996 me paraît plus limité même s’il est intéressant. Je lui trouve quelques notes végétales. L’âpreté des trois Forts de Latour est une constante. Je suis assez impressionné par le 2003, même si Frédéric Engerer me dit que c’est le Forts de Latour 2005 qui va terrasser toute compétition. Ce 2003, si on laisse de côté la signature d’amertume, a une élégance assez spectaculaire.
Le Château Latour 2001 a un nez très subtil. On sent une très grande structure. En bouche, il est charpenté, grand et prometteur. Frédéric Engerer dit avec raison que ce 2001 est dans la ligne historique de Latour. Il est velouté, de très bel équilibre.
Avant de passer au dernier vin, je reviens au Château Latour 2005 qui a une opulence calme de vin très complet. Le Château Latour 1990 a curieusement aussi un nez soufré. En bouche, ne cherchons plus, c’est cela que nous voulons boire. C’est tout simplement exceptionnel. C’est un vin géant qui a encore beaucoup à développer car malgré ses dix-sept ans, il va mûrir encore. La royale d’aubergines d’une subtilité raffinée propulse encore le Château Latour 1990 à des hauteurs infinies. La fragilité florale du plat rehausse toutes les qualités du vin. On lui sent un potentiel quasi infini. Il est fruité, complexe, multiple. Je le trouve assez fabuleux. Le contraste avec le 2005 auquel je reviens est saisissant. Ce bambin joue sur le calme, la fraîcheur aérienne, contre tous les canons de l’époque. C’est courageux et cela paiera quand le vin sera prêt à trôner sur les tables.
Faire un classement de ces vins est assez difficile, car doit-on juger en potentiel ou sur ce que l’on a dans le verre ? Le 2005 est handicapé si l’on n’examine que l’immédiat, car Latour est connu pour avoir une maturation beaucoup plus longue que tous les autres grands vins de Bordeaux. Sur le goût immédiat, je classe : Château Latour 1990, Château Latour 2001, Forts de Latour 2003, Château Latour 2005, Forts de Latour 2005 et Forts de Latour 1996. En considérant le potentiel, les deux 2005 remontent dans le classement.
L’ambiance était chaleureuse, car mêler les échanges sur la littérature et sur les grands vins est fécond. Eric Beaumard a un enthousiasme, une joie de vivre et des mots tellement justes qu’il donne à chacun l’impression d’être devenu un expert. Le cadre du Salon Anglais, un service impeccable et une grande cuisine sur un grand vin, que demander de mieux ?
Here is the entrance of the restaurant, within Hotel MGM Grand, and the Atelier is just next door !
The decoration is lovely.
Bipin Desai, on the right, with a Swiss friend, born in Hamburg. The lovely table set.
They have, among many breads, the real French baguette that I adore !
To see which courses are shown, please read the report on this dinner.
Gil who has organised this wonderful dinner, with his lovely wife.
After the incredible verticals of Cheval Blanc and Yquem in Los Angeles, I was supposed to fly back to Paris to attend a tasting by Jaboulet followed by a dinner by restaurant Pic where I would have met Anne-Sophie Pic whom I appreciate fondly. A friend who lives in Las Vegas and who attended the verticals in L.A. told me : “you should come to Las Vegas as we will make a fabulous dinner by Joël Robuchon”. I said no, as I had promised to go to Valence, but the occasions to make mad things in life are not so frequent. I asked for the advise of my wife who was in Paris, and she said : “do it”. The use of internet to change flights, book flights, and reserve hotel is a great help.
I knew Las Vegas and its excess, but reality is always above what is kept in mind. To check in hotel Bellagio, I am just behind some 300 people waiting for the same purpose. To reach my room needs a serious training for Marathon.
My room is quite comfortable. My friend calls me and says : be ready for 6 pm. He explains just a little and when I see his car, who is in the car ? Pierre Lurton president of Cheval Blanc and Yquem. When I had met Pierre the day after the verticals, by a true hazard, I had told him that I would go to Valence and not to Las Vegas, so the surprise was for both of us. We leave the town and arrive in an industrial quarter and we park along a nice industrial building. By the entrance in big letters, “welcome to Pierre Lurton”. We are welcomed by Larry Ruvo, « senior managing director » of « Southern Wine Spirits of Nevada », a dynamic sexagenarian who is in a meeting room with a particularly pretty woman, tasting wines while eating a plate of mushrooms. Larry talks with abundance about a project of a research Center for Parkinson and Alzheimer diseases which will be built by the architect who made the Guggenheim museum in Bilbao, Frank Gehry. Someone brings for us champagne Perrier Jouët Belle Epoque. Larry thanks for long minutes Pierre, as Bernard Arnault supports the project. Larry, as I understand, has helped to raise funds through a gigantic dinner with an auction which brought 24 million dollars. A house for four dogs designed by Frank Gehry was sold for 350,000 dollars. When it concerns charity, generosity is there. We enter a board room where 40 people will share a dinner. The menu is made by the chef attached to the company, who uses a kitchen which is larger than the one of Guy Savoy in Paris multiplied by three. In the room another message : « Southern Wine and Spirits welcomes Pierre Lurton ». In front of each seat there are six empty glasses. The menu is : Coriander seared Hamachi on a bed of pumpkin risotto / Roasted crispy skinned pheasant with a medley of chanterelles and truffle oil / grilled tenderloin of bison with baby Dutch potatoes and a Barolo emulsion / lavender poached Bartlett pears / Poppyseed-cinnamon ice and sautéed strawberries.
It was absolutely delicious and elegantly matched the wines. The level of such a cook is not far from one star, which is spectacular within a company.
Larry asks everyone to present himself. There are many customers of the company, sommeliers of great restaurants, owners of restaurants, wine shops and people involved in the Research Center project. I sit next to a man who is an example of the American dream. He came from China with 2 dollars in his pocket some 26 years ago, and owns now a group of 11 wine shops with $80 million sales. He asks me immediately how many cases of Cheval Blanc 2000 are in my cellar. Business is business. On my right it is a lawyer of the East Coast who abandoned his job to create a restaurant and a wine shop in Las Vegas.
Now, we are going to taste Château Cheval Blanc 2000 – 1998 – 1990 – 1989. I see immediately that the wines, opened for a longer time, served a little warmer than what we had in Los Angeles perform largely better. It is obvious for the smell and is confirmed in mouth. What appears clearly is that the 1998 is the best and that the 1989 is the weakest of the group. It must be said that at this level, a weaker wine is a great wine. The 2000 is a great wine of course, but the 1998 has something more which creates a real difference. The 1990 offers some chocolate and truffles and has a very airy final. The 1989 is dryer, woody, with green pepper. The four wines are more generous than what appeared in Los Angeles. I rank so : 1998 – 1990 – 2000 – 1989. But I observe something very curious. The 2000 climbs to the summit with an incredible speed. For which reason does this wine improves so quickly, I am unable to say. But it is clear that now, before we leave the flight of red wines, the 2000 tends to look like its reputation.
The two Yquem which are served : Yquem 2001 – 1988 have a higher temperature and are opened earlier than by the tasting of Los Angeles. The 2001 is still a baby but the delicious dessert with pears and lavender (a very elegant combination) helps a lot to make it shine. It is obvious that this wine should no more be consumed for many years. The divine surprise comes from the 1988 which if full of glory as it was never in L.A. As it is now, it comes back to the position that it had before for me, as the first in the trilogy 88 – 89 – 90.
When we were in the office of Larry Ruvo, he had said to Pierre : you “must” go to the show in the MGM hotel. So Larry announced to all his guests, that our small group would leave the table and visit the warehouse and go to the show “KA”. The warehouse is highly impressive. Every night, 40,000 cases of wines, beers, spirits and water come out of the place, so we visited surrounded by an incredible number of fork lifts.
My friend drives us with an incredible speed to be in time at the theatre. What amazes me in the American efficiency is that in front of the entrance, a member of the staff of Larry’s company was waiting for us, tickets in hand. Amazing. Amazing as the show, with a gigantism that exists only in Las Vegas. After the show, we go and say hello to the staff of the restaurant Joël Robuchon where we will have dinner tomorrow. The sommelier offers us a champagne Bruno Paillard NV which has a structure that I did not imagine at this level, as it is the first time that I drink one. My friend drives me to the Bellagio, at a different door than the one I had used. It took me half an hour to find my room.
After a quiet day I arrive at 7 pm in the restaurant Joël Robuchon in MGM hotel. The decoration is extremely elegant, showing a taste for a delicate luxury. We are a group of around 12 to 14 people, spread around three tables, with Pierre Lurton being the guest of honour. I recognise some people whom I know. Bipin Desai attends the dinner too. Some great buyers of wines are there for what is named : “tasting of Chateau Cheval Blanc and Chateau d’Yquem, dinner on November 8, imagined by Joël Robuchon”.
The menu is written in French : L’avocat – Dans une infusion juste prise aux herbes et une caillebotte à l’huile d’olive / Les crustacés – La langoustine truffée à l’étuvée de chou vert, le homard rôti à la citronnelle avec une semoule végétale, l’oursin accompagné d’une purée de pomme de terre au café / Le Matsukaté – Aux capucines en ravioli, escorté d’un bouillon parfumé au gingembre / Le thon blanc – Confit à l’huile pimentée et relevé d’une nage d’endives aux pistils de safran / Le veau de lait – En mille-feuille de tofu aux délices d’Alba sous une voilette parmesane / Le bœuf de Kobe – Grillé aux matsukatés, cristalline au poivre, cresson en tempura, raifort à la moutarde / La poire William – Glacée aux saveurs fruitées et confite à la crème de cassis / Le Victoria – Ananas parfumé au praliné- noisette givré de thé au jasmin.
I was mainly interested by the discovery of the restaurant, but the wines are worth the trip. It must be said that I was addict to the talent of Joël, as I went regularly every three months to his restaurant, with an automatically revolving reservation. And when Joël retired from his activity, I have never visited his Atelier. For me, God had retired. So I was very curious to check if my God was operative again at the same level of perfection. By the standing aperitif, with a champagne Dom Pérignon 1999, the small canapés convinced me that the unique tastes that Joël is able to create were back. I am not a great fan of the DP 1999 which I find less emotional than other years.
We go to our tables and the avocado is sublime. The langoustine is marvellous, and the Asiatic tendencies which appear in the cook of Joël are nicely integrated in what I call a “cuisine bourgeoise”, the traditional historical nice French cuisine. The champagne Dom Pérignon 1996 is largely more seductive, and gives emotions that the 1999 does not give. I find the urchin a little too shy, and the Maine lobster is rather conventional.
The Matsutake is delicious and works very well with Petit Cheval 2001. If this wine were alone for the dinner, we would find it lovely with its expressive nose and its nice taste even if a little dry. But the Cheval Blanc 2001 is too big for it. The Cheval Blanc 2001 is really a great wine, and promises a very bright future. I am not extremely convinced by the white tuna, but the veal is shining, and helps the Cheval Blanc 1989 and the Cheval Blanc 1990 to express all their qualities. As I had seen already two times that the 1990 is highly above the 1989, I found today that the match is more open. Today, I would put the two wines at the same level, the 1990 being elegant and charming and the 1989 being more powerful and massive.
The Kobe beef is extraordinary for my taste. It goes with two stars, the Cheval Blanc 1998 and the Cheval Blanc 2000. Do we live today a revolution? The 1989 appeared equal to the 1990 and now the 2000 seems to play a better game than the wonderful 1998. What happens? Despite the nice performances of tonight I continue to think that 1990 is above 1989 and that 1998 is above 2000. The 1998 is in the historical line of Cheval Blanc, exactly as Petrus 1998 is more in the historical line than the legendary Petrus 2000.
The desserts of Joël Robuchon are very inventive to match the Yquem. As usual, every component made with red or black fruits do not cope with Yquem. The Yquem 1996 is rather limited for my taste. The Yquem 1988 confirms its come back at the top of its form, generous, glorious, and sunny. The Yquem 2001 has still its great potential, but my love at first sight seems to have been eroded after three tries in one week.
The Yquem which comes now in magnum is an Yquem for aficionados, as it requires a specific knowledge to enjoy it as it should. The Yquem 1962 has tea and apricot. It is complex, enigmatic. It is a wine which surprises by every sip. In a comparative tasting, it would probably not get nice notes has it has lost a part of its sweetness. And the suggestions of tea make it a little bitter. But the incredible freshness makes it a tantalising Yquem for the one who knows how to “read” it. One needs patience and serenity to appreciate this enigmatic and puzzling expression. I have adored. The 1988 is in a phase of joy and expansion. The 1962 is esoteric and enigmatic. This is true happiness.
While I was making my report in French the next day, I was eating the delicious cake given by the restaurant, which recreates a tradition which existed when I used to come to the Parisian restaurant. When we went out of the restaurant, my friends asked me how I judged the level of the restaurant, and I said that I have found tastes that Joël is the only one in the world to make with such exactitude. The place deserves without any problem three stars in the Michelin guide. But I find that the distance which existed between Joël and the others is not as big as before. He is among the greatest, but many chefs have improved since he was at the top of his glory. Has he changed, or is it me who has changed, as time has passed, I cannot say. In any case, it is one of the greatest restaurants in the world, and it is worth the trip.
I have discovered this place with wonderful Cheval Blanc and Yquem. What would I need more ?
I spent a day more in Las Vegas, and I invited my friend of Las Vegas and another person for a dinner at restaurant Picasso in hotel Bellagio. We had a table on the terrace in front of the pond on which hundreds of jets of water played according to the surrounding music. In the room inside, tens of paintings of Picasso create a unique decoration. The chef, Julian Serrano made a wonderful menu : filet de flétan, sauce safran et mousseline de chou-fleur / salade tiède de caille, salade frisée à la truffe et cœur d’artichaut / pigeon rôti, asperges vertes, risotto de riz sauvage et pignons de pin / mignon d’agneau, ragout de flageolets au jus / assortiments de fromages, saint-marcellin, époisses, camembert, fleur de maquis, manchego, cabrales / symphonie de desserts Las Vegas.
On that, we drank wines of the restaurant and wines brought by my friend. A champagne Laurent Perrier rosé NV works wonderfully with Oscietra caviar. Then, a Puligny-Montrachet 1er cru le Cailleret, domaine de Montille 2004 is pleasant, rich and with a great length. We drink three red wines blind, and I find rather well the region, but makes a mistake of 20 years on the vintages. The Château Grand Puy Lacoste 1962, the Château Croizet-Bages 1961 and the Château La Tour Figeac 1961 are very nice. I am very impressed by the accomplished and velvety taste of the La Tour Figeac, and this Croizet-Bages is the best that I have ever drunk. The 1962 is a little more strict than the two 1961. With the desserts, we drink a Pedro Ximenez Emilio Lustau 1961 very comfortable and with no surprise.
Through the window inside the room we could see a table with two men and four women who represent a certain category of women who let the men with dropped jaws when they cross the room. The body perfectly sculptured by a permanent care and the use of efficient silicones, sun tanned with the precision of a boiled egg, the clothes too tight which every man hopes will explode, the heavy smile which indicates the height of the midnight gift. My friends were stuck to the vision of these beauties, whose spontaneousness in their emotions are tariffed. This was the last exuberant image of a stay in the most excessive city of the world, which is highly sympathetic. The two verticals of Cheval Blanc and Yquem that I have added to my trip to California were worth the trip.
Je dois retourner en France pour aller participer à une dégustation au siège de Jaboulet, suivie par un dîner au restaurant Pic à Valence. J’ai une grande sympathie pour Anne-Sophie Pic et son parcours valeureux. Un ami vivant à Las Vegas et lié au monde du vin me dit : « laisse donc cette invitation et viens à un dîner fabuleux que j’organise chez Joël Robuchon à Las Vegas ». Je commence par dire non puis je rumine. Les occasions pour aller en ce lieu où Joël réinvente le Robuchon que j’ai adoré il y a bientôt plus de vingt ans sont rares. Le menu qui est prévu me semble assez spectaculaire. Je pèse le pour et le contre. L’envie de faire cette folie me chatouille. Je dis oui. En ces temps de communication instantanée les changements et ajoutes de billets d’avion se font rapidement. Mon ami me réserve une chambre au Bellagio. Je vais voir sur le site internet de l’hôtel. Ça ne paraît pas mal. Me voilà parti.
De l’avion on voit que l’on traverse des régions désertiques d’une rare sécheresse. Et soudain, non loin d’un lac de belle taille on voit cette oasis où fleurissent des gratte-ciels au milieu d’un quadrillage de maisons résidentielles. L’aéroport de Las Vegas est immense et l’on ne cesse de marcher. Dès l’entrée, les premières machines à sou tentent les joueurs. Quand on attend ses bagages devant le carrousel, d’immenses écrans projettent toutes les attractions auxquelles il serait possible de succomber. La liste d’attente des taxis est fort longue et j’entends un touriste américain crier Bellagio. Il cherche un complice pour partager le prix du taxi. Cela me fait gagner de nombreuses places. J’accepte son offre.
Arrivé à l’hôtel Bellagio, je vais au comptoir d’enregistrement. Pas moins de 300 personnes font la queue pour se faire enregistrer à l’un des quinze ou vingt comptoirs. Mon ami avait réservé pour moi et le préposé trouve mon nom. Je connaissais Las Vegas pour y être venu plusieurs fois et je suis prévenu du gigantisme. Mais là, c’est assez renversant. Cet hôtel compte 10.800 personnes à l’effectif. C’est inimaginable. Les préposés aux bouquets de fleurs sont au nombre de 70. Pour atteindre ma chambre, c’est un parcours qui vaut bien quatre ou cinq trous de golf. Inutile de prévoir son jogging matinal, cet hôtel suffit. La décoration des chambres est très convenable, d’un luxe standardisé mais acceptable. Ce n’est plus la personnalisation de l’hôtel Bel Air avec un service surabondant. Ici tout est « managé ». Mon ami m’appelle et me dit, sans autre forme de procès : « je te prends à 6 heures pour aller dîner chez un grossiste en vins ». Quand il arrive, je reconnais dans sa voiture Pierre Lurton à qui j’avais dit que je ne viendrais pas à Las Vegas lorsque je l’avais croisé par hasard à la sortie de son hôtel dans Beverly Hills. Nous partons en dehors de Las Vegas et nous arrivons dans une zone industrielle où une entreprise « Southern Wine Spirits of Nevada » a installé son siège et son entrepôt. Le luxe se respire dès l’entrée. Une immense affiche annonce : « welcome to Pierre Lurton ». Des gens boivent du Perrier Joët Belle Epoque. Nous montons dans le bureau du « senior managing director », Larry Ruvo, sexagénaire dynamique qui goûte dans une salle de réunion quelques vins avec Maureen, une très jolie femme qui va rejoindre un projet que Larry nous expose tout de go. Il nous montre une maquette d’un immeuble qui sera construit selon les plans de l’architecte du Guggenheim de Bilbao. La construction est faite de cubes entassés comme un jeu d’enfant, couverts d’une chiffonnade en acier inoxydable sensée représenter les circonvolutions du cerveau. Car il s’agit d’un centre de recherche pour les maladies d’Alzheimer et de Parkinson. Il remercie mille fois Pierre Lurton car Bernard Arnault a été l’un des donateurs, et nous expose comment il a levé des fonds avec cette méthode très américaine d’organiser un repas de 2000 personnes au cours duquel on vend aux enchères des choses totalement folles comme une niche de chien conçue par le même architecte et adjugée à 350.000 dollars. La soirée aurait rapporté 20 millions de dollars. Au Nevada, on ne badine pas avec l’argent. Larry n’arrête pas de commenter ce projet et l’on ne sait toujours pas quel rôle il joue dans tout cela. Pierre se fait mille fois féliciter par de larges accolades. C’est américain. Nous allons rejoindre une immense salle de conseil dressée pour une quarantaine de couverts. Tout le monde est déjà là et nous serrons des mains. Au mur, il est écrit : « Southern Wine and Spirits welcomes Pierre Lurton ». Six verres sont devant chaque place.
Voici le menu : Coriander seared Hamachi on a bed of pumpkin risotto / Roasted crispy skinned pheasant with a medley of chanterelles and truffle oil / grilled tenderloin of bison with baby Dutch potatoes and a Barolo emulsion / lavender poached Bartlett pears / Poppyseed-cinnamon ice and sautéed strawberries. Larry nous a montré sa cuisine dont la taille est plus grande que celle de Guy Savoy additionnée de celle de l’Astrance. Rappelons que nous sommes en zone industrielle. Il a un chef à demeure qui a réalisé une cuisine que beaucoup de chefs dotés d’une étoile pourraient envier. De plus la sophistication des plats est spectaculaire.
Nous nous asseyons et Larry demande à chacun de se présenter. Ce sont les sommeliers des plus grands restaurants de Las Vegas, des propriétaires de restaurants et des personnes impliquées dans ce projet humanitaire dont nous avons vu la maquette. Je suis assis à côté de Hae Un Lee, exemple du miracle américain car il est arrivé il y a 26 ans avec deux dollars en poche et dirige maintenant onze boutiques de vins réalisant 80 millions de dollars de ventes. A ma droite, c’est un avocat de l’est américain qui a tout abandonné pour créer un restaurant et une boutique de vins à Las Vegas.
Les vins que nous goûtons sont Château Cheval Blanc 2000 – 1998 – 1990 et 1989. D’emblée on sent que les vins, aérés depuis longtemps, servis à la température de pièce, sont infiniment plus généreux et ouverts que lors des dégustations que nous avons faites à Los Angeles. Au nez, et ce sera confirmé en bouche, il apparaît que celui qui sort du lot est le Cheval Blanc 1998 et que le plus faible est le Cheval Blanc 1989. Le 2000 est un grand vin bien sûr, puisqu’il a été gratifié de 100 points par Robert Parker. Mais le 1998 le précède de cent coudées. Le Cheval Blanc 1990 a des accents de chocolat et de truffe et son final est aérien. Le 1989 est plus sec, boisé et poivre vert. Une chose est à signaler, c’est que les quatre vins sont des vins immenses, ce qui ne paraissait pas aussi évident lors des dégustations de Bipin Desai.
Mon classement est : 1998 – 1990 – 2000 – 1989. Mais j’observe alors un curieux phénomène. Le 2000 fait une ascension vers le somment à un rythme étourdissant. Pourquoi se met-il à s’améliorer aussi vite, je suis incapable de le dire. Je quitte cette série de vins rouges en assistant au fait que le Cheval Blanc 2000 se met à justifier ses 100 points.
Les deux Yquem sui nous sont servis à température plus élevée qu’à Los Angeles sont épanouis. L’Yquem 2001 est encore un bébé dans ses langes, mais la poire à la lavande le débride complètement. C’est un grand vin qu’il faut attendre. La belle et divine surprise vient d’Yquem 1988 qui est joyeux comme jamais il ne le fut à Los Angeles. Là, sous cette présentation tonitruante, il reprendrait la tête de la trilogie 88 – 89 – 90.
Lorsque nous étions dans le bureau de Larry Ruvo, il nous avait suggéré avec insistance d’aller au show de l’hôtel MGM, le « KA », cirque du soleil. Il annonce à ses invités que nous quittons le repas pour visiter l’entrepôt et ensuite aller à ce show. Un chiffre montrera le gigantisme américain : de cet entrepôt sortent chaque nuit quarante mille caisses de vin. Le stock comporte plus de 16.000 références et le nombre de caisses se compte en millions. Nous faisons un tour en voiture électrique, klaxonnant pour ne pas se faire heurter par une armée de chariots élévateurs en plein travail.
Mon ami met son détecteur de radar pour nous emmener à plus de cent miles à l’heure à l’hôtel MGM. Pendant le trajet nous pouvons voir dans la nuit noire que les avions qui vont se poser à Las Vegas s’alignent à la queue-leu-leu dans le ciel comme les cyclistes dans une échappée contre le vent. On dira ce qu’on voudra d’un accueil un peu sirupeux, grandiloquent, excessif de notre Tycoon du Nevada, mais derrière tout cela, il y a de l’efficacité. Car devant la porte d’entrée du théâtre, il y a un collaborateur de Larry qui nous attend avec nos billets. Chapeau bas. Nous assistons à l’un de ces spectacles extraordinaires qu’on ne trouve qu’à Las Vegas. La machinerie pour animer tous ces plateaux qui bougent dans l’espace est totalement invraisemblable. C’est un chatoiement de couleurs, des acrobaties aériennes orchestrées par une chorégraphie élégante et osée.
Les yeux encore brillants de cette féerie, nous entrons au restaurant de Joël Robuchon qui est dans l’hôtel MGM. Nous sommes accueillis par le directeur et par le sommelier qui nous propose au bar un champagne Bruno Paillard non millésimé. Je n’en ai jamais bu et je suis plutôt favorable à son final enlevé et aérien. Je picore quelques mignardises qui restent en fin de service sur le chariot. Caque saveur est à se damner. La décoration du lieu est d’une belle distinction mais surtout d’une opulence qui marque les esprits. L’Atelier de Robuchon est voisin du restaurant aussi le chef de l’Atelier vient nous dire bonjour. Pierre Lurton dispose d’une immense suite à l’hôtel MGM et nous souhaite une bonne nuit. Mon ami me dépose au Bellagio à une entrée qui n’est pas celle que je connaissais. Il me faudra une demi-heure pour regagner ma chambre après avoir traversé des milliers et des milliers de tables de jeu où une population incroyablement nombreuse s’adonne à la drogue du jeu. Un ami suisse qui était de la partie ce soir et loge au même hôtel est un accro du jeu. Il m’a montré des jetons dont la valeur individuelle ferait frémir dans d’autres lieux que cette oasis de l’invraisemblable.
Tout ici est folie et gigantisme, tout dépasse l’imagination. Cette immersion est un dépaysement absolu qui me ravit par l’exubérance inattendue. Laissons à après-demain le retour au quotidien.