Archives de catégorie : billets et commentaires

un champagne qui m’est inconnu samedi, 23 août 2025

Parmi les vins que j’avais pris dans ma cave principale pour boire en été dans le sud, il y avait un Champagne Paul Bara Bouzy 1990. Je ne connaissais pas Paul Bara et les seuls vins que j’avais bus de Bouzy étaient des vins non effervescents. Le prix était attractif, alors je l’ai acheté. C’était en 2019.

Quelle surprise ! Sa maturité est parfaite. J’aurais dit, en dégustation à l’aveugle, que c’était un champagne des plus grands vignerons.

Avec ma fille, nous l’avons dégusté avec plaisir, très surpris de trouver une telle qualité. Avec la poutargue, c’était un délice.

Comme on dit, le hasard sourit aux audacieux.

apéritif de voisins mercredi, 20 août 2025

Les voisins de notre avenue, que nous avions invités chez nous, nous invitent pour que nous fassions connaissance avec d’autres riverains. J’ai apporté avec moi un Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs magnum 1996. C’est un champagne que j’adore d’une sérénité totale et d’un calme serein. Ce champagne a été abandonné par la maison Henriot au profit d’un champagne d’un autre style. Les plus grands Enchanteleurs que j’ai bus sont 1959 et 1964, du temps où ils étaient faits comme un Enchanteleurs mais ne portaient pas encore ce nom. Ce 1996 fait partie des très grandes années de ce champagne.

la Grande Dame mardi, 12 août 2025

Dans les marches que je fais en vacances, je croisais assez souvent un monsieur avec qui j’ai bavardé. Entendant mon nom il me dit : êtes-vous le frère de Jean Audouze ? J’ai dit oui. C’est un astrophysicien qui a bien connu mon frère. Lorsqu’il est mort, je suis allé présenter mes condoléances à sa veuve elle-même astrophysicienne et j’ai apporté un champagne à partager avec ses enfants. J’ai eu envie de la revoir cette année avec l’un de ses enfants et j’ai apporté un Champagne La Grande Dame de Veuve Clicquot 1998.

Ni son fils, ni elle, ne pouvaient imaginer qu’il y ait des champagnes de cette qualité. Leur étonnement m’a fait plaisir car je leur ai montré qu’au-delà du monde des vins de tous les jours, il existe un autre monde de passionnantes saveurs.

Dom Pérignon 1990 mardi, 5 août 2025

En été, les apéritifs succèdent aux apéritifs, même si nous avons un désir de modération. Sur du jambon espagnol de grande qualité, nous allons boire un Champagne Dom Pérignon 1990 magnum.

Normalement, mes Dom Pérignon préférés sont ceux des années 60, avec les millésimes 1966, 1962, 1964, 1969 et 1961. Mais ce 1990 au dégorgement d’origine est extraordinaire. Immense et tellement bien construit.

Le pschitt était une explosion qui m’a étonné. Ses bulles sont très actives, sa robe dorée est d’une grande beauté.

Quel plaisir, quel équilibre ! J’ai été très surpris qu’il soit aussi grand. Je le pensais trop jeune pour être bu et je n’avais pas réalisé qu’il avait 35 ans.

Un restaurant émouvant samedi, 22 février 2025

L’anecdote qui va suivre n’a rien à voir avec le vin, mais je l’ai trouvée tellement hors du commun que je vais la raconter. Une de mes cousines de la génération de mes parents vient de mourir à l’âge de 104 ans, ce qui est extrêmement respectable. Mon frère aîné viendra à son enterrement. C’est donc une occasion que nous déjeunions ensemble avant la messe qui est à 14 heures.

Je sais que mon frère a des difficultés à marcher aussi vais-je choisir un restaurant très proche de l’église. Je vois sur Internet un restaurant qui s’appelle restaurant Le Saint Cyrille. Le nom est beau. J’appelle au téléphone pour réserver une table et la voix de ma correspondante m’indique qu’elle est très vieille et chevrotante. Elle me remercie de ma réservation et voudrait raccrocher aussi je lui dis que ce ne serait pas inutile qu’elle note mon nom pour savoir qui a appelé. Elle met un certain temps pour noter mon nom.

Le jour venu, je vois mon frère qui arrive alors que je suis déjà devant la porte du restaurant tellement faiblement éclairé que l’on penserait qu’il est fermé. Je franchis la porte le premier et un monsieur âgé nous reçoit. Je lui dis que j’ai réservé et il me répond : je sais, sans que j’aie besoin de donner mon nom. Nous comprendrons plus tard que je dois être la seule personne au monde qui a pris la précaution de réserver en ce lieu.

Nous nous asseyons. Le monsieur nous tend les cartes et on peut voir que la cuisine n’a rien de française. Le monsieur nous explique que c’est une cuisine égyptienne.

Arrive une dame d’un âge certain qui est certainement celle qui m’a répondu hier au téléphone. Autant le monsieur est renfermé et discret autant la dame est souriante. Nous commandons une entrée égyptienne à base de légumes pour deux, et le plat de viande de bœuf du boucher.

Les plats sont copieux et se mangent agréablement. C’est d’une simplicité pharaonique (plutôt que biblique). Le déjeuner est accompagné d’une bière Leff très convenable et de café.

Une seule personne entrera pour déjeuner. La recette pécuniaire du restaurant sera de trois repas. La dame nous dira que l’autre convive ayant vu mon frère, trouvait que son visage ressemblait fortement au visage de son père. Il avait demandé à la dame s’il pourrait photographier mon frère. Il n’en eut pas le droit.

Nous allions quitter le restaurant et la femme voyant ce qui restait dans nos assiettes nous dit qu’il était hors de question que nous ne gardions pas ce qui restait. Elle confectionna deux barquettes remplies des restes de chacun qu’il nous faudrait emporter. Nous lui avons dit qu’aller à l’église avec ces barquettes était impossible. Elle nous a dit de revenir après la messe chercher nos paquets incluant des sauces et la bouteille d’eau.

La messe eut lieu avec une particularité. Ce ne sont pas les enfants de la défunte qui ont lu des textes sur elle, mais ses petits enfants de plus de quarante ans. Mon frère ne voulait pas reprendre son panier au restaurant. Il préférait aller à la mise en terre que personnellement je ne pouvais pas suivre.

Je suis retourné au restaurant et en entrant j’ai vu des piles de barquettes prêtes à recueillir les restes des plats des rares clients du restaurant. La dame m’a donné les deux paquets et de sa petite voix tremblante elle me dit : j’ai oublié de vous compter les deux cafés. Je les ai immédiatement payés.

Voilà un restaurant qui, du fait de son éclairage plus que discret, doit avoir peu de clients, tenu par deux égyptiens de plus de 75 ans, pour qui laisser une assiette non vide est quasiment un sacrilège et qui doit vivoter. Cela m’a ému au point que je veuille raconter cette anecdote. C’est surtout le sourire de cette femme et ses yeux qui gardent espoir qui m’ont impressionné.

Revue de la société Amorim – don des bouchons mardi, 23 avril 2024

Revue de la société Amorim – don des bouchons

La société Amorim a accueilli ma collection de bouchons dans une grande salle qui sert de musée du bouchon. Ils sont heureux d’avoir reçu ce témoignage de bouchons de tous les âges. Ils en parlent dans leur revue.

cliquer sur ce lien :

AMORIM – Article Guardian of Memories

Le calvados de camionneur frappe encore dimanche, 7 avril 2024

Je vais changer d’ordinateur et l’informaticien de mes différentes entités vient à la maison pour le faire. Il y aura du travail pour toute la journée aussi je prépare un petit encas pour le déjeuner. On ne boira pas de vin et je propose une bière croyant que j’en ai deux. En fait il y a une bière, qu’il choisit et un cidre bio. On parle de cidre donc de Normandie et l’informaticien me dit que sa famille est agricultrice en Normandie.

Je lui dis : voulez-vous que je vous fasse goûter un calvados extraordinaire et je raconte l’histoire d’un conducteur de camion d’une entreprise que nous utilisions dans les années 70 pour livrer des aciers, chauffeur d’un poids et d’un volume plus que conséquents, qui gardait sous son siège deux bouteilles de calva, l’une pour son propre usage quand le temps se faisait trop long, et l’autre pour offrir, ce qu’il fit à mon égard ce jour-là.

L’informaticien m’écoute et je sens que mon récit lui fait douter du caractère exceptionnel de mon calvados. Sa mine évoque : « cause toujours ».

Je verse deux petits verres et tout-à-coup je vois que l’informaticien est éberlué. Il n’y croit pas. Jamais de sa vie il n’aurait pu imaginer qu’un calvados de camionneur puisse être aussi grand. Il est subjugué. Jamais il n’a bu un calvados de ce niveau. Je lui ai demandé de raconter cette histoire à son père.

C’est la fête des 500.000 samedi, 13 janvier 2024

C’est la fête des 500.000 sur Instagram

Sur Instagram, la vidéo que j’ai publiée des vins du dîner au château d’Yquem du 16 novembre 2023 vient d’atteindre 500.000 vues.

Sur Instagram en 2023 mes messages ont eu 508.000 petits cœurs (des likes) ce qui est aussi une belle marque de sympathie des 61.000 personnes qui me suivent.

Quel plaisir !

Damned samedi, 28 octobre 2023

Cet article date du 17 juin 2009 après la parution du dictionnaire amoureux du vin de Bernard Pivot. Je viens de le relire par hasard. je trouve ce texte amusant et j’ai envie de le partager à nouveau.

Comme beaucoup de jeunes, j’ai découvert le mot « damned » dans Tintin en Amérique.

Et ce mot dit bien ce qu’il veut dire.

Bernard Pivot m’a fait l’extrême plaisir de me faire comprendre qu’il aime lire mes bulletins. Leur lyrisme l’étonne.

Aussi, lorsque dans son dictionnaire amoureux du vin Bernard Pivot dit de moi : « c’est le Bossuet des vieux flacons », tel le corbeau de la fable qui ne se sent plus de joie, j’ai imaginé qu’il me voyait en aigle de Meaux ou de mots, en brillant orateur, brillant prêcheur.

Hélas, mille fois hélas, ce n’était pas ça. Bernard pensait que mon rapport aux vins anciens était, au mieux, une sorcellerie qui faisait ressusciter des vins cliniquement morts, au pire un lyrisme aveugle qui me poussait à déclarer vivants des vins défunts.

Et j’ai compris que ce que Bernard Pivot avait retenu de Bossuet, ce n’était pas le talent d’orateur mais les sujets, les oraisons funèbres et l’art d’imaginer vivants des cadavres largement post mortem.

J’étais donc celui qui croyait voir dans des encéphalogrammes plats des réminiscences de vibrations.

Je croyais que Bernard me voyait en Martin Luther King de l’armée des vins anciens. Il me voyait en aboyeur de cimetière.

Chaque fable a sa morale.

Si je déchante (tout est relatif) en découvrant l’image que Bernard avait de moi, je bois mon miel en sachant que Bernard vient de découvrir que mes propos recouvrent une vérité.

Une piqure de rappel s’impose au plus vite.  Car le corbeau ne veut plus lâcher son fromage.

Bernard, ce récent dîner appelle une confirmation.