Déjeuner au restaurant Matsuhisa de l’hôtel Royal Monceausamedi, 24 novembre 2018

Richard Geoffroy, l’homme qui a fait Dom Pérignon de 1996 à 2018 a passé le flambeau à Vincent Chaperon. Avant son départ effectif, Richard est fêté partout dans le monde où il est considéré comme une idole. Nous avions prévu de déjeuner tous les deux ensemble et je suis sensible à cette preuve d’amitié.

Richard me donne rendez-vous au restaurant Matsuhisa au sein de l’hôtel Royal Monceau. Chaque fois que nous nous rencontrons, c’est une débauche de grands vins aussi, sans savoir ce que Richard a prévu, j’ai apporté un Côtes du Jura blanc de 1911. Il y a dans ce choix trois clins d’œil. L’année 1911 a été particulièrement fêtée en 2011 par le groupe Moët & Chandon car le 11 novembre 2011 à 11h du matin dans 11 capitales mondiales on a vendu aux enchères des caisses de 11 bouteilles de Moët 1911. Le deuxième clin d’œil est que le vin a 107 ans ce qui évoque le fait que je ne voulais pas attendre 107 ans avant de revoir Richard. Le troisième clin d’œil est le plus important : lorsque je suis allé à l’abbaye d’Hautvillers pour la première fois, en 2007, à l’invitation de Richard, au moment où nous allions goûter le Champagne Dom Pérignon Œnothèque 1959 dégorgé en 1999, j’ai ouvert un Château Chalon 1947 qui a créé une symbiose unique qui a marqué nos esprits tant elle était irréellement parfaite.

Je suis arrivé en avance et lorsque Richard me rejoint, il me dit : je reviens de Londres où a eu lieu une verticale unique de Dom Pérignon sur plus de vingt ans alors ce midi, je suis désolé mais je boirai de l’eau. Je sors alors ma bouteille, en espérant que Richard va se laisser tenter mais il est inflexible, il boira de l’eau. On peut imaginer ma déception. Nous commandons le menu sushi du déjeuner qui comprend : assortiment de sushis / mesclun de salade, sauce yuzu / crabe des neiges, creamy spicy / soupe miso. Le menu est de bonne qualité mais peut-être pas du niveau que l’on attendrait d’un hôtel qui vise le plus haut dans le domaine du luxe.

Pour tromper ma tristesse, je bois au verre du Champagne Dom Pérignon 2009. Il m’avait conquis il y a un an et il a pris de l’ampleur, du corps et se montre expressif et tout-à-fait dans la ligne historique de Dom Pérignon. Il n’a pas le génie du 2008, mais il est extrêmement confortable. Nous avons longuement bavardé de milliers de choses dont les projets de Richard dans le domaine du saké. Il est enthousiaste comme dans tout ce qu’il a fait jusqu’alors avec succès.

L’avantage de la sobriété de Richard, c’est que je vais garder la bouteille de 1911 pour lui, pour une prochaine rencontre.

le restaurant

la bouteille que je vais garder pour Richard