Repas impromptu avec un Pommery 1964samedi, 22 août 2020

Les amis du 15 août qui résident non loin de chez nous appellent au téléphone. Ils ont fait la veille un repas créole et il leur reste tellement de nourriture qu’ils nous invitent à en profiter, car ils doivent partir à l’étranger sous peu. Entre amis proches on peut lancer ainsi une invitation qui consiste en fait à manger des restes. Je suis d’humeur à sortir de belles bouteilles et nous nous rendons chez ces amis.

J’ouvre une bouteille de Champagne Pommery 1964. La bouteille est assez sale, mais la couleur vue par transparence m’avait plu. Le bouchon vient entier, au cylindre droit qui va se rétrécir plus tard. Le nez du champagne est absolument superbe, tout en douceur. Il n’y a pas eu de pschitt, mais le pétillant est là et le champagne à la couleur ambrée, mais moins que ce que j’attendais, est d’une belle ampleur, riche, avec un finale qui évoque des fruits confits. Au début il montre une certaine amertume, mais c’est parce qu’il vient d’être ouvert il y a peu, car très vite, l’amertume disparaîtra, le champagne se montrant d’une grande complexité et d’une grande douceur. Mon ami dit que ce 1964 est très au-dessus des quatre champagnes de 1973 que nous avions ouverts. Je le rejoins volontiers.

Nous boirons à la suite un Champagne Pommery Cuvée Louise 2004 élégant, vif et de plein épanouissement, et cette conjonction permet de mesurer à quel point les champagnes anciens comme ce 1964 ont une dimension supplémentaire aussi bien pour la complexité que pour le plaisir. Tant mieux.

On ne peut pas parler de restes, car si notre amie n’avait rien dit nous ne l’aurions pas remarqué, tant les mets sont copieux, généreux et gourmands. Ayant été prévenu que les plats seraient très épicés, j’ai apporté un Vega Sicilia Unico 2003. Lui aussi est ouvert au dernier moment. Quel vin magique ! Son nez est de fruits noirs, comme s’il s’agissait d’un concentré de fruits. En bouche, tout n’est que plaisir. J’aime les Vega Sicilia Unico des années 60 et 70 car ils sont brillants, mais j’adore aussi les jeunes comme ce 2003, simple, direct, pointu et diablement plaisant. Bien évidemment, il soutient avec facilité la confrontation avec les épices, poivres et autres piments.

Mon ami avait un Bandol 2007 ouvert de la veille, mais je me suis concentré sur le vin espagnol. Ce dîner impromptu fut un grand moment d’amitié, et les vins que j’ai apportés nous ont comblés de plaisir.