Quand on ose un vin ordinaire, ça ne marche pas chaque foisvendredi, 4 janvier 2008

Mon gendre va travailler à Paris et revient deux jours après car il devra reconduire femme et bébé à la capitale. Ce sera ce soir une joue de bœuf aux carottes. Pour l’apéritif, un champagne Ruinart non millésimé a des accents de miel. Il est agréablement typé. Ayant acheté près d’Orange une cave à un particulier – ce que je ne referai plus, car c’est un métier, pas un caprice – il faut bien que l’on ouvre ce que j’ai acquis où nous avons fait d’assez bonnes pioches. Je jette mon dévolu sur un « Réserve de Prévallée », grand vin de Bourgogne sans année, appellation bourgogne contrôlée qui doit dater du milieu des années soixante si l’on se fie au reste de la cave. Ce vin est vendu par « l’agence centrale de distribution des grands vins », qui est parisienne, mais il y a un petit tampon qui recouvre cette mention, d’un caviste de La Rochelle. Le vin a été embouteillé par la SA Valette à Charenton, où l’on a pris la précaution d’indiquer sur la bouteille, gravé dans le verre, qu’il ne doit pas être réutilisé, et tous ces périples après le passage à Orange se finissent chez moi. Le vin n’ira pas plus loin et c’est un bien. La bouteille, délicieusement ringarde d’un vin plus qu’ordinaire, a belle allure. Le bouchon se brise en plusieurs  morceaux et le bouchon sent bon, comme le vin dans le goulot. Je verse deux verres et nous trinquons. Nous ne pousserons pas l’expérience très loin, car le vin est torréfié comme après un coup de chaud en cave. Ce vin est mort. Il offrira un nez agréable le lendemain mais rien ne me motive à l’essayer. J’avais prévu une possible faiblesse de ce bourgogne. Le Côtes de Provence La Courtade 1990, vin de l’île de Porquerolles, est une surprise plus qu’agréable. Il se confirme chaque fois que l’âge profite aux vins de Provence. Le vin est solide, présent en bouche, d’une longueur acceptable, et ce qui est le plus significatif, c’est qu’il joue juste. Il a très plaisamment accompagné le bœuf aux carottes. Ce n’est que plus tard, près d’une heure après, que j’ai pris conscience que la trame de ce vin n’a pas la profondeur des grands vins du Rhône que nous avons bus. C’est intéressant, car sur la viande, il jouait d’un charme remarquable.