En confinement, un beau Mouton 1929 mercredi, 8 avril 2020

Juste après le 243ème dîner, la pandémie du coronavirus devenant le seul sujet dont on cause, je décidai de me confiner avant même l’annonce qui sera faite quatre jours plus tard. Ce repli sur soi ne fut interrompu, avant l’annonce, que par les élections municipales. Cette retraite s’annonçant certainement très longue, je me suis dit que ce serait l’occasion de faire régime, ce qui impose de bannir tout grignotage, et de faire abstraction de tout vin. Le Château La Tour Blanche 1928 est donc le dernier vin que j’ai bu avant mon abstinence.

Ma sagesse nouvelle est aussi encouragée par ce que colportent les médias, que l’on abandonnerait à leur sort les personnes de plus de 75 ans. L’idée que la France abandonne ses anciens me choque au plus haut point. Un pays qui ne respecte pas ses anciens n’est pas respectable. Ma diète devenait encore plus nécessaire, si je devais combattre seul cette terrible agression virale.

Seul avec ma femme dans une grande maison entourée d’un grand jardin, du moins grand pour la proche banlieue parisienne, nous avons profité du temps estival et nous n’avons pas à nous plaindre. J’en ai profité pour commencer à inventorier la cave de la maison dont je n’avais que des bribes d’inventaire. Au 26ème jour de mon jeûne, je prends en main une caisse en bois marquée Mouton Rothschild 1980. Je regarde et que vois-je, sept demi-bouteilles de vins très anciens et un souvenir me revient. Il y a environ 35 ans j’avais acheté et j’en étais fier, quatre demi-bouteilles de Château Palmer 1900. Je les avais probablement mis dans cette caisse, car à l’époque le mode de rangement sur les supports en fer qui serpentent ne convenait qu’aux bouteilles. Il y a sans doute trente ans, j’ai voulu en goûter une. Je prends dans la caisse une demi-bouteille et, oh horreur, le vin s’était évaporé. Il ne s’agissait pas d’une baisse de niveau mais d’une véritable évaporation. Tellement triste, je n’ai pas osé regarder les autres, car une perte était déjà une trop grande tristesse.

Depuis, je ne savais pas où elles étaient stockées. Les revoilà et hélas, à des niveaux divers, aucune n’a gardé plus de la moitié de son contenu. Affreux. Dans la caisse il y a des demi-bouteilles de Château Margaux 1929. Les niveaux ne sont pas brillants, comme s’il y avait eu contagion, et l’une d’elles a un niveau sous l’épaule, mais mérite qu’on l’essaie. J’ai donc décidé de briser mon jeûne au 26ème jour, pour goûter ce Margaux 1929.

Je remonte la bouteille et j’extirpe le bouchon en beaucoup de miettes car paradoxalement, alors qu’il y avait eu une perte de volume, le bouchon est très serré dans le goulot. Une forte odeur de bouchon exhale de la demi-bouteille. Y aurait-il un retour à la vie ? En sentant plusieurs fois de suite, cela me paraît compromis. Dans mon rangement, j’avais inventorié quatre demi-bouteilles de Château Mouton-Rothschild 1929. C’est l’occasion d’en goûter une. J’ouvre cette bouteille et le bouchon vient entier. Le parfum est prometteur, d’une grande subtilité.

Ma femme a préparé du poulet. Je verse le Château Margaux demi-bouteille 1929. Le nez est affreusement bouchonné. Mais à ma grande surprise, l’attaque du vin et sa première présence en bouche n’ont aucune trace de bouchon. Le vin est rond, velouté. Ce n’est qu’en fin de bouche qu’une amertume forte rappelle le bouchon. J’ai essayé plusieurs fois de le goûter et l’absence de trace de bouchon pendant la moitié de la dégustation est vraiment surprenante. Je n’ai pas poussé plus loin l’analyse car au total le plaisir n’est pas là.

Le Château Mouton-Rothschild demi-bouteille 1929 offre un parfum beaucoup plus plaisant, noble et subtil et généreux et joyeux. En bouche le vin est moins large que le Margaux mais il a tellement de qualités que la comparaison ne peut pas aller plus loin. Ce vin a du velours, du raffinement et une présence qui rappelle tout ce que l’année 1929 à Bordeaux offre de grandeur. On sent que l’on est sur un millésime mythique. Je jouis grandement de ce noble bordeaux qui a toutes les caractéristiques d’un grand 1929. Il avait montré dans les trois premières gorgées une petite acidité dans le finale, qui a disparu dans la suite de la dégustation. Un comté de plusieurs mois d’affinage m’a permis de finir ce vin délicieux.

Le fait de compenser une tristesse par un grand vin, ce Mouton 1929 compensant la vision de quatre Palmer 1900 morts, me fait penser à une autre compensation. Lorsque j’avais cassé en cave une bouteille de Château Margaux 1900, j’avais tenu à ouvrir une bouteille d’Ausone 1919 et cet Ausone s’est montré un vin totalement exceptionnel, la plus grande émotion d’un Ausone, même au-dessus d’années légendaires.

Je vais reprendre le jeûne et l’inventaire de ma cave que j’ai sans doute trop oubliée au profit de la plus grande cave, car elle est inventoriée.

La lie du Mouton

Collapse of Bordeaux and explosion of champagnes in my consumption dimanche, 29 mars 2020

Collapse of Bordeaux and explosion of champagnes in my consumption.

I have made a study of what I drink for the last 20 years, because I have a data base on that, for 16285 wines drunk. I chose a criteria of age which is : drunk when the wine has less than 20 years, or when the wine has 20 years or more. It is not a study on millesimes, but a study on age of consumption. To understand well what it means, let us take the year 1990. The wines of 1990 that I drank on the period 2000 – 2009 are in the category ‘less than 20 years’ and the wines of 1990 that I drank on the period 2010 – 2020 are in the category ’20 years or more’.

I studied that per region or per color of wine.

Having made this study I found that over the time, there is a collapse of Bordeaux and an explosion of champagnes in my consumption.

Let’s first look at general consumption in three periods: 2000 to 2007, 2008 to 2013 and 2014 to 2020 (as of March 15). These are periods of 417 weeks, 313 weeks and 324 weeks, of which the numbers of wine drunk are fairly close: 5357 – 5973 – 4955 (line 1).

In the first period I was still active in my industrial companies, which explains a lower consumption, or at least, I drank in my industrial activity wines for which I did not always take notes. The second period is one of full activity in my hobby. The pace drops a bit in the third period, and it’s not impossible that age plays a role.

The distribution of consumption between wines of ’20 years and more’ and wines of ‘less than 20 years’ is fairly stable, the percentage of 20 years and more evolving thus: 51% – 50.3% and 52.3%. Note that I drink more than one wine per day over twenty years, which is important. But the wines of my dinners are shared between ten or eleven people and those on other occasions are drunk between three and ten people, and the wines drunk at the winemaker’s place or in the salons are served in portions for about twenty people, this which makes my consumption is relatively low, to which is added the use of a timpani to spit out what I drink, except the champagnes.

Second note, it is generally said that I drink only old wines, but young wines represent 48,8% of what I drink, because there are many occasions in which young wines are served like winemaker’s place or restaurants, or dinner in friends’ homes.

Now let’s look at the situation of the red Bordeaux, which shows a particular collapse. Consumption of red Bordeaux fell from 3 per week to 1.6, which is almost halved. And compared to general consumption, the red Bordeaux decreased from 23.2% to 10.6%. It has dropped by more than half. For Bordeaux under 20 years, it is a great collapse, with a division by three, of 1.2 wine per week to 0.4. This is certainly voluntary, since I find that the red Bordeaux of less than 20 years are far from having reached what they are able to express. But it is also linked to the fact that after buying the 2000 vintage, I stopped buying Bordeaux for two reasons: on the one hand, their price, since for many wines the price of old wines is lower than the price of recent wines from great years and secondly because it is unlikely that I will drink the young Bordeaux in my lifetime. I have only kept purchases of recent wines when I benefit from allocations which require me to buy all vintages. I am surprised that the old Bordeaux wines, which I adore, fell by one third in my consumption over the period 2014-2020 because I have stocks in my cellar that would have allowed me to drink them, even without purchasing. The reason is probably the rise of champagnes.

My consumption of champagnes has almost tripled, with consumption per week of 1.8 – 4.9 and 5.2 bottles per week. The consumption of old champagnes has almost increased fivefold. I drink almost twice as much old champagnes as old red bordeaux, whereas I drank three times less in the first period.

If we look at what is neither champagne nor red bordeaux we see a set of great stability, which seems to show that there has been a phenomenon of communicating vases between red bordeaux and champagnes, for reasons that are not of substitution, because the construction of wine’s types accompanying the meals is little changed but it is due to a love for champagnes and especially old champagnes and a disenchantment for the young red bordeaux which reflected on the old ones too.

What can be taken from this study? I am not really a normal consumer, so my experience cannot be taken as general. But contrarily to people who write on wines, I never drink a wine because I have an obligation to drink it because I will publish a study. I drink a wine because I want to drink it and I am fully free.

I have discovered old champagnes lately, in the 90ies, and my love of old champagnes has dramatically expanded. But why has it only affected my love for red Bordeaux. I think that I have been influenced by the evolution of the prices at the beginning of the 21st century. Crazy prices (for my opinion) when buying and crazy prices in restaurants.

I could have thought that the decrease of Bordeaux would have helped a development of Rhône. It is not the case. And despite a very strong explosion of Burgundy prices, Burgundy has not decreased.

The more probable explanation of the collapse of red Bordeaux is that I am a disappointed lover of red Bordeaux.

Effondrement des bordeaux et explosion des champagnes dans ma consommation dimanche, 29 mars 2020

Effondrement des bordeaux et explosion des champagnes dans ma consommation.

Ayant fait une étude de ce que je bois par grandes régions ou par couleur en distinguant ce que j’ai bu de moins de 20 ans au moment où je les bois et de 20 ans et plus, j’ai constaté qu’au fil du temps, il y a un effondrement des bordeaux et une explosion des champagnes dans ma consommation.

Regardons d’abord la consommation générale en trois périodes ; 2000 à 2007, 2008 à 2013 et 2014 à 2020 (au 15 mars). Ce sont des périodes de 417 semaines, 313 semaines et 324 semaines, dont les nombres de vins bus sont assez proches : 5357 – 5973 – 4955 (ligne 2).

Dans la première période j’étais encore en activité dans mes sociétés industrielles, ce qui explique une moindre consommation, ou du moins, je buvais dans mon activité industrielle des vins pour lesquels je n’ai pas toujours pris des notes. La seconde période est celle d’une pleine activité dans mon hobby. Le rythme baisse un peu dans la troisième période, et il n’est pas impossible que l’âge joue un rôle.

La répartition des consommations entre vins de 20 ans et plus et vins de moins de 20 ans est assez stable, le pourcentage des 20 ans et plus évoluant ainsi : 51 % – 50,3% et 52,3%. A noter que je bois plus d’un vin de plus de vingt ans par jour, ce qui est important.

Remarque : les vins de mes dîners sont partagés entre dix ou onze personnes et ceux dans les autres occasions sont bus entre trois et dix personnes, et les vins bus chez les vignerons ou dans les salons sont servis en portions pour une vingtaine de personnes, ce qui fait que ma consommation est relativement faible, à quoi s’ajoute l’usage d’une timbale pour cracher ce que je bois, sauf les champagnes.

Regardons maintenant la situation des bordeaux rouges, qui montrent un effondrement particulier.

La consommation de bordeaux rouges est passée de 3 par semaine à 1,6 (ligne 3), ce qui fait une baisse de presque moitié. Et en rapport à la consommation générale, le bordeaux rouge est passé de 23,2% à 10,6% (ligne 4). Il a baissé de plus de moitié.

Pour les bordeaux de moins de 20 ans, c’est l’effondrement, avec une division par trois, de 1,2 vin par semaine à 0,4. Cela est certainement volontaire, puisque je trouve que les bordeaux rouges de moins de 20 ans sont loin d’avoir atteint ce qu’ils sont capables d’exprimer. Mais c’est aussi lié au fait qu’après les achats du millésime 2000, j’ai arrêté d’acheter des bordeaux, pour deux raisons : d’une part leur prix, puisque pour de nombreux vins le prix des vins anciens est plus bas que le prix des vins récents de grandes années et d’autre part parce qu’il est peu probable que je boirai les jeunes bordeaux de mon vivant. Je n’ai conservé des achats de vins récents que là où je bénéficie d’allocations qui imposent d’acheter tous les millésimes, comme c’est le cas en Bourgogne.

Je suis étonné que les bordeaux anciens, que j’adore, aient baissé d’un tiers dans ma consommation sur la période 2014-2020 car je possède des stocks en cave qui m’auraient permis d’en boire, même sans achat.

La raison est probablement la montée en puissance des champagnes.

Ma consommation de champagnes a presque triplé, avec des consommations par semaine de 1,8 – 4,9 et 5,2 bouteilles par semaine. La consommation de vieux champagnes a presque été multipliée par cinq, passant de 0,5 par semaine à 2,3 (ligne 7). Je bois presque deux fois plus de vieux champagnes que de vieux bordeaux rouges, alors que j’en buvais trois fois moins dans la première période.

Si on regarde ce qui n’est ni champagne ni bordeaux rouge on voit un ensemble de grande stabilité, ce qui semble montrer qu’il y a eu un phénomène de vases communicants entre bordeaux rouge et champagnes, pour des raisons qui ne sont pas de substitution, car l’équilibre des repas est peu changé mais tient à un amour pour les champagnes et les vieux champagnes et un désamour pour les jeunes bordeaux rouges qui a rejailli sur les anciens aussi.

Analyse des vins que j’ai bus quand ils ont plus ou moins 20 ans mercredi, 25 mars 2020

Les vins que j’ai bus sur 20 ans

Depuis l’an 2000 je prends des notes de ce que je bois. J’ai eu envie de recenser les vins que j’ai bus en faisant deux classes : ceux que j’ai bus qui avaient 20 ans et plus quand je les ai bus et ceux qui avaient moins de 20 ans. Ce n’est donc pas une analyse sur les millésimes mais une analyse sur l’âge des vins. Pour comprendre ce concept, prenons l’année 1990. Avant 2010 cette année fait partie des vins de moins de vingt ans et à partir de 2010, elle fait partie des vins de 20 ans et plus.

J’ai bu 517 vins de 1990. Ceux bus ayant moins de 20 ans sont au nombre de 274 et ceux de 20 ans et plus au nombre de 243.

Pourquoi faire cette analyse ? Les plus grands experts ont des devoirs de boire tous les vins car ils publient leurs analyses. J’ai la chance de n’avoir aucune contrainte et de ne boire que ce que j’ai envie de boire. Je n’ai aucun devoir de résultat. De ce fait mon témoignage est celui de quelqu’un qui aime le vin et particulièrement les vins anciens. Je peux aimer exagérément tel ou tel domaine et avoir des oublis coupables de certains autres. Mais ma démarche est libre. Je bois ce que je veux boire.

On imagine souvent que je ne bois que des vins anciens. C’est faux.

Tout

âge > = 20 ans

âge < 20 ans

total

Nombre

8 332

7 953

16 285

%

51,2%

48,8%

100,0%

âge

52,0

8,6

30,8

 

Presque la moitié de ce que je bois a moins de 20 ans. C’est lié à plusieurs facteurs comme les visites chez des vignerons, sachant que j’en fais très peu, les repas au restaurant où l’on prend le plus souvent des vins très jeunes. J’ai été étonné que les vins de moins de 20 ans aient une moyenne de 8,6 ans. Spontanément, j’aurais volontiers dit autour de 12 ans.

Les vins de plus de 20 ans ont une moyenne de 52 ans. Avoir bu 8332 vins de plus de 20 ans constitue une base de donnée importante.

J’en profite pour rassurer ceux qui lisent ce texte. Ce que j’ai bu représente plus de 2 vins par jour. Mais les vins sont partagés. Si la moyenne est qu’ils soient bus à cinq, cela représente 0,45 bouteille par jour. Mais depuis vingt ans j’utilise une timbale pour cracher ce que je bois, sauf champagnes, ce qui rassure les autorités médicales au vu de mes analyses de sang. Fermons la parenthèse.

Bordeaux

âge > = 20 ans

âge < 20 ans

total

Nombre

2 774

1 234

4 008

% tranche âge

69,2%

30,8%

100,0%

âge

56,4

8,8

41,7

% sur total vins

33,3%

15,5%

24,6%

 

Les vins de Bordeaux représentent le quart de ce qui a été bu, mais le tiers des vins bus à 20 ans et plus. Presque 70 % des bordeaux bus ont 20 ans et plus. Et leur âge moyen est de 56,4 ans ce qui est important, aidé par les sauternes.

 

Bourgogne

âge > = 20 ans

âge < 20 ans

total

Nombre

1 851

1 980

3 831

% tranche âge

48,3%

51,7%

100,0%

âge

51,6

7,1

28,6

% sur total vins

22,2%

24,9%

23,5%

 

En Bourgogne, il y a un peu plus de vins de moins de 20 ans. Cela tient à l’influence des vins blancs que l’on boit toujours plus jeunes. La Bourgogne représente un petit quart de chaque tranche d’âge. Si l’âge moyen des vins de 20 ans et plus est de 51,6 ans, il y a l’influence des blancs qui ne se boivent pas aussi anciens que les rouges.

Rhône

âge > = 20 ans

âge < 20 ans

total

Nombre

445

729

1 174

% tranche âge

37,9%

62,1%

100,0%

âge

39,1

9,1

20,5

% sur total vins

5,3%

9,2%

7,2%

 

Le Rhône pèse peu dans la consommation avec 7,2% des vins bus dont seulement 5,3% des vins anciens.

Champagne

âge > = 20 ans

âge < 20 ans

total

Nombre

1 526

2 429

3 955

% tranche âge

38,6%

61,4%

100,0%

âge

38,2

9,9

20,8

% sur total vins

18,3%

30,5%

24,3%

 

Les vins de la Champagne pèsent un quart, un peu comme la Bourgogne, avec plus de 30% des vins jeunes bus. Près de 40% des champagnes bus ont plus de 20 ans, ce qui est, à mon avis, assez rare.

La région « autres » comprend le reste, c’est-à-dire hors de Bordeaux, Bourgogne, Rhône et Champagne. On y trouve le Centre, la Provence, l’Alsace, le Jura, le sud-ouest et le Languedoc mais aussi tous les autres pays dont l’Espagne, les Amériques, la Hongrie l’Allemagne et l’Autriche. C’est donc très hétéroclite.

Autres

âge > = 20 ans

âge < 20 ans

total

Nombre

1 736

1 581

3 317

% tranche âge

52,3%

47,7%

100,0%

âge

61,2

7,7

35,7

% sur total vins

20,8%

19,9%

20,4%

 

Cet assemblage comporte environ un cinquième de ce qui est bu, ce qui n’est pas négligeable. L’âge des plus anciens est de 61,2 ans, le plus élevé de tous les groupes, ce qui tient à la présence du Portugal, de Madère, de la Hongrie et de Chypre.

 

On peut faire la même analyse non pas par région mais par couleur. D’abord les rouges :

Rouge

âge > = 20 ans

âge < 20 ans

total

Tout

3 890

3 284

7 174

% tranche âge

54,2%

45,8%

100,0%

âge

52,3

8,0

32,1

% sur total vins

46,7%

41,3%

44,1%

Près de la moitié des vins anciens que j’ai bus sont des rouges, avec une moyenne d’âge de 52,3 ans. On peut le détailler par région :

Rouge

âge > = 20 ans

âge < 20 ans

total

Tout

3 890

3 284

7 174

Bordeaux

1 719

882

2 601

Bourgogne

1 367

1 120

2 487

Rhône

380

589

969

Champagne

11

4

15

Autres

413

689

1 102

Bordeaux plus Bourgogne sont une majorité écrasante dans les rouges anciens et il y a très peu de bordeaux de moins de 20 ans qui ont été bus.

Blanc

âge > = 20 ans

âge < 20 ans

total

Tout

1 313

1 658

2 971

% tranche âge

44,2%

55,8%

100,0%

âge

47,3

7,6

25,1

% sur total vins

15,8%

20,8%

18,2%

 

Il y a nettement moins de vins blancs bus que de vins rouges, et trois fois moins pour les vins anciens.

Blanc

âge > = 20 ans

âge < 20 ans

total

Tout

1 313

1 658

2 971

Bordeaux

240

110

350

Bourgogne

478

856

1 334

Rhône

59

127

186

Champagne

9

5

14

Autres

527

560

1 087

Par région, la Bourgogne fait la moitié des vins bus, mais ce sont les autres régions qui sont en tête pour les vins anciens et cela tient à l’Alsace et au Jura qui font à elles deux 60% des « Autres ».

 

Liquoreux

âge > = 20 ans

âge < 20 ans

total

Tout

1 324

500

1 824

% tranche âge

72,6%

27,4%

100,0%

âge

68,3

9,0

52,0

% sur total vins

15,9%

6,3%

11,2%

Les liquoreux sont bus majoritairement vieux, 2,6 fois de plus, et ils sont bus vieux, avec 68,3 ans de moyenne. Pour voir ce que cela représente cela veut dire qu’en 2020, c’est en moyenne un vin de 1952 que l’on boirait. Les liquoreux représentent environ un sixième de ce que je bois, ce qui est très important.

Liquoreux

âge > = 20 ans

âge < 20 ans

total

Tout

1 324

500

1 824

Bordeaux

813

241

1 054

Bourgogne

  

  

  

Rhône

2

5

7

Champagne

  

3

3

Autres

509

251

760

Les liquoreux ne proviennent que de Bordeaux et du « Autres », dont Alsace, Hongrie, Portugal, Madère et Chypre représentent la moitié des vins vieux, avec un âge moyen de 85 ans.

 

L’évolution dans le temps de la consommation de chaque région, tous vins confondus, jeunes et vieux est assez spectaculaire. J’ai regroupé les années en trois périodes de consommation assez semblables.

%

TOUT

BORDEAUX

BOURGOGNE

RHONE

CHAMPAGNE

AUTRES

2000 – 2007

100,0%

34,7%

20,5%

7,1%

14,1%

23,5%

2008 – 2013

100,0%

22,2%

28,2%

7,3%

25,6%

16,7%

2014 – 2020

100,0%

16,5%

21,2%

7,2%

33,7%

21,4%

TOTAL 20 ANS

100,0%

24,6%

23,5%

7,2%

24,3%

20,4%

 

Les vins de Bordeaux sont passés de 34,7 % de ce que je buvais à 16,5 %. C’est un effondrement de plus de moitié en pourcentage. Les explications pourraient être les suivantes : je n’achète quasiment plus de Bordeaux depuis l’an 2000, du fait de l’explosion des prix. Dans les restaurants, les prix des bordeaux n’incitent pas à en commander. Tout cela explique un désintérêt croissant pour le vin de Bordeaux, sauf pour les très anciens rouges et liquoreux.

Le relais a été pris par le champagne, qui est passé de 14,1% à 33,7%, faisant un chemin inverse à celui des bordeaux. On peut penser à quelques raisons : mon goût de plus en plus prononcé pour les vins de Champagne et surtout les anciens. Ensuite vient un phénomène lié à mon âge : les champagnes sont beaucoup plus digestes, ce qui joue un rôle quand l’âge s’avance. Enfin, à prix égal pour un bordeaux, un bourgogne et un champagne, c’est le champagne qui offre la plus belle complexité et le plus grand plaisir.

Les régions Bourgogne, Rhône et « Autres » ont conservé leurs parts dans la consommation.

 

Il est à noter que mon amour pour les vins anciens ne faiblit pas :

 

> = 20 ANS

2000 – 2007

51,0%

2008 – 2013

50,3%

2014 – 2020

52,3%

TOTAL 20 ANS

51,2%

 

Il est même légèrement croissant.

Que dire de tout cela ? Si j’ai l’image d’un buveur de vins anciens, car je parle le plus souvent d’eux, près de la moitié de ce que je bois a moins de 20 ans. L’âge moyen des vins de 20 ans et plus varie selon les régions avec des régions à 40 ans, des régions à 50 – 55 ans et des régions à plus de 60 ans comme l’est « Autres » qui n’est pas négligeable avec 20% des vins anciens que je bois.

Les années bues plus de cent fois, en ne comptant que lorsqu’elles ont été bues avec 20 ans et plus sont : 1959 (320) – 1947 (263) – 1961 (263) – 1985 (253) – 1990 (243) – 1964 (238) – 1982 (223) – 1955 (219) – 1929 (208) – 1989 (207) – 1966 (195) – 1976 (195) – 1988 (194) – 1983 (185) – 1949 (172) – 1979 (170) – 1928 (168) – 1978 (167) – 1945 (161) – 1970 (152) – 1969 (151) – 1934 (144) – 1975 (136) – 1971 (131) – 1943 (125) – 1962 (125) – 1967 (121) – 1953 (120) – 1973 (106) – 1937 (105) – 1981 (104) – 1950 (100). Toutes les années les plus belles du vingtième siècle sont représentées avec plus de cent vins bus quand ils avaient plus de 20 ans.

Cette expérience est assez rare et je suis content d’avoir gardé les notes sur plus de 16.000 vins, ce qui pourra intéresser les jeunes générations qui n’auront probablement pas autant d’accès que ceux que j’ai pu avoir à des vins qui font l’histoire du vin.

 

243ème dîner de wine-dinners au restaurant Maison Rostang vendredi, 13 mars 2020

Le 243ème dîner de wine-dinners se tient au restaurant Maison Rostang. Les vins ont été livrés il y a une semaine et redressés hier en cave par Jérémie, l’un des sommeliers. La circulation automobile étant fluide, je suis arrivé avant 16 heures. Il me faut gérer les vins à affecter au dîner car depuis hier trois inscrits ont annulé leur participation pour cause de crainte du coronavirus. J’enlève trois bouteilles et commence la cérémonie des ouvertures. Stéphane Manigold, le nouveau propriétaire du restaurant Michel Rostang, qu’il a acquis en partenariat avec le chef Nicolas Beaumann qui officie en cuisine depuis douze ans, vient me saluer et assiste à l’ouverture des vins. Les bouchons ne me posent pas de problème sauf un, celui du Musigny Tasteviné Hospices de Beaune Faiveley 1959 dont j’avais vu en préparant la livraison des vins en cave qu’il pourrait tomber dans le liquide. Au moment où je décapsule, le bouchon tombe. Je suis obligé de carafer le vin, d’extirper le bouchon de la bouteille et de carafer à nouveau le vin dans sa bouteille. Cette opération est très éloignée de l’oxygénation lente mais mérite d’être faite car le parfum du vin est prometteur et n’a pas été affecté par la faiblesse du bouchon, venu en charpie lorsque je l’ai retiré de la bouteille.

Les plus beaux parfums à l’ouverture sont le sauternes La Tour Blanche de 1928, le Meursault Goutte d’Or 1988, le Vega Sicilia 1974 et le Santenay Gravières 1928. Aucune odeur n’est rebutante. Je bavarde longuement avec Stéphane Manigold qui a deux autres restaurants dont les noms sont ceux de cuvées spéciales de la maison Jacques Selosse, clin d’œil à leur amitié. Lorsque les convives sont arrivés, sans se serrer la main et sans embrassade, virus oblige, Stéphane nous propose de nous offrir un champagne de bienvenue avant le premier champagne prévu au programme qu’il avait eu le temps de sentir. Dans le verre le champagne a une belle couleur ambrée d’un beau cuivre et n’a pratiquement aucune bulle. Stéphane me demande de deviner l’année et j’annonce : autour de 1990. C’est en fait une cuvée créée par Guillaume Selosse d’un vin nouveau : Champagne Guillaume S dégorgé en novembre 2017. Ce champagne est superbe, mature alors qu’il est jeune, et constitue une parfaite entrée en matière le champagne d’apéritif. Stéphane Manigold a eu une bonne intuition et m’a fait connaître cette cuvée originale de grand intérêt.

Nous sommes sept, avec une absence totale de parité. Un seul convive n’avait jamais assisté à l’un de ces dîners. Le champagne de bienvenue est un Champagne Dom Pérignon 1952. Il a été ouvert une demi-heure avant l’arrivée des convives et il a fallu extraire la lunule de bas de bouchon au tirebouchon. Le champagne est d’une couleur d’un or clair et la bulle est rare. Le vin est rond, solaire, joyeux, charmeur. C’est un champagne très équilibré. Le traditionnel toast à la truffe est fort goûteux mais ne donne pas un aussi bel accord que le très fort toast à la sardine, en symbiose totale avec le beau champagne. Les autres petits amuse-bouches que l’on prend debout font moins vibrer le Dom Pérignon 1952 qui se montre d’un très haut niveau.

Le menu mis au point avec le chef Nicolas Beaumann et réalisé par lui avec son équipe est : millefeuille Saint-Jacques et truffe / turbot confit et condiments, artichauts rôtis / homard bleu, topinambour fumé et jus de la presse / volaille de Bresse à la mode dauphinoise / canard au sang / saint-nectaire / soufflé à la truffe.

Le Champagne Salon 1982 ouvert en même temps que le Dom Pérignon avait un bouchon qui résistait aux efforts successifs de moi-même puis Jérémie le sommelier, puis Stéphane Manigold. C’est le chef lui-même, venu au secours, qui a su faire sortir le bouchon collé au goulot. Le champagne est à peine ambré, à la bulle présente. Au premier contact je trouve que ce champagne n’a pas la vivacité et la vibration que j’adore de ce millésime de Salon. Il est grand et complexe mais il lui manque le pep qu’il devrait offrir. La portion de Saint-Jacques est petite et un peu frustrante pour qu’on puisse jouir de l’accord pertinent coquille, truffe et Salon.

Le Meursault Goutte d’Or Domaine Monceau Boch Blanc 1988 est une très belle surprise, car il a une puissance olfactive extrême et une rondeur en bouche remarquable. Le poisson et les artichauts conviennent exactement au vin d’une largeur et d’une présence remarquables. C’est un grand vin qui se situe au-dessus de ce qu’on pourrait attendre.

A l’ouverture, le parfum du Château Palmer 1964 était très prometteur, annonçant une densité superbe. Le homard est exceptionnel et va former avec le margaux le plus bel accord du repas. Le vin est d’une rare élégance, ciselé et précis avec un joli grain de truffe. Vin à la fois élégant et puissant, noble à la longueur extrême, il va recueillir en fin de repas des votes qui sont un plébiscite.

Le Santenay Gravières Jessiaume Père et Fils 1928 est servi en même temps que l’Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1988. Alors que soixante ans les séparent, les couleurs sont très proches, particulièrement jeune pour le 1928. En buvant les deux sur la délicieuse volaille, on voit que l’Echézeaux est plus noble et précis, mais que le Santenay a plus de présence, de cohérence et de charme, ce qui est dû à la perfection de son millésime qui ne cesse de se montrer éblouissant. Mes amis présents ne se sont pas laissé influencer par l’étiquette du plus noble des deux car les votes pencheront vers le Santenay, d’un velours charmeur comme seul 1928 peut en offrir.

Le Musigny Tasteviné Hospices de Beaune Faiveley 1959 a une couleur légèrement trouble du fait des transvasements qu’il a subi. Sa couleur est un peu tuilée. Il est agréable mais ne peut masquer une infime fatigue. Il est bon, mais n’a pas la pureté de goût des vins précédents. Le canard au sang est une merveille ce qui me pousse à faire servir le vin suivant normalement prévu pour le fromage.

Le Vega Sicilia Unico Ribeira del Duero 1974 avait à l’ouverture un nez surpuissant. Il m’éblouit maintenant par sa fraîcheur incroyable. On dirait un vin qui a moins de dix ans alors qu’il en a quarante-cinq. Je suis tellement frappé par sa jeunesse gouleyante et par sa fraîcheur vive que je le mettrai premier dans mon vote. Jamais je n’attendais une telle jeunesse dans ce grand vin.

La surprise de mes convives en voyant la bouteille de Château La Tour Blanche Sauternes 1928 m’a amusé. Ils ne voulaient pas croire qu’un vin aussi sombre, presque noir, puisse être un sauternes. Il a suffi qu’ils soient servis pour qu’ils s’extasient devant un vin au parfum ensorcelant. Qu’y at-il de plus parfumé qu’un grand sauternes ? Il est riche avec un caramel maîtrisé, des accents de fruits exotiques gourmands. C’est un magnifique sauternes riche et long en bouche. L’accord avec le soufflé à la truffe est possible, mais ce 1928 aurait gagné à se marier avec de la mangue, ce compagnon naturel des sauternes de cet âge.

Il est temps de voter, à sept pour désigner les quatre préférés de neuf vins. Le Palmer rafle la mise avec quatre votes de premier. La Tour Blanche est dans six feuilles de vote et a un vote de premier, comme le Santenay 1928 et le Vega Sicilia 1974.

Le vote du consensus est : 1 – Château Palmer 1964, 2 – Château La Tour Blanche Sauternes 1928, 3 – Santenay Gravières Jessiaume P et F 1928, 4 – Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1988, 5 – Vega Sicilia Unico Ribeira del Duero 1974, 6 – Meursault Goutte d’Or Domaine Monceau Boch Blanc 1988.

Mon vote est : 1 – Vega Sicilia Unico Ribeira del Duero 1974, 2 – Santenay Gravières Jessiaume P et F 1928, 3 – Champagne Dom Pérignon 1952, 4 – Château La Tour Blanche Sauternes 1928.

Il est intéressant que dans les votes, les vins moins prestigieux comme le Santenay et le Meursault aient autant été cités.

La cuisine de Nicolas Beaumann est d’une très haute qualité et d’une exécution exemplaire. C’est de la grande cuisine. Ses sauces sont des régals. Le homard et le canard au sang méritent tous les éloges, mais aussi la chair du turbot et de la volaille. Le service de salle et de sommellerie est extrêmement attentif et motivé. Le fait d’être sept à table conduit à ce que tout le monde participe à la même discussion ce qui est fort agréable, d’autant que se sont révélées de nombreuses passions communes entre les participants.

Malgré la morosité contagieuse qui nous entoure, liée au virus, nous avons passé une excellente soirée.

 

Le vin offert par le restaurant pour notre entrée en matière

j’ai supposé 2017 comme année de dégorgement.

Les photos des vins en cave avec trois bouteilles qui n’ont pas été servies puisque nous étions trois de moins

de gauche à droite Vega Sicilia, Echézeaux DRC, Santenay, La Tour Blanche, Palmer, Meursault et Musigny

l’ananas a été remplacé par un soufflé à la truffe après discussion au dernier moment le jour même.

Ce qui est curieux dans ce vote c’est qu’un vin a soit un classement dans une zone de vote, soit rien. Le Palmer est soit premier soit non classé. L’Echézeaux est presque toujours second, La Tour Blanche presque toujours 3ème ou 4ème. Le Santenay est soit 1er une fois, soit second ou rien. Ceci veut dire que si on aime un vin au point de voter pour lui, on l’aime à un certain niveau. Très intéressant à constater.

 

Un dimanche où tout est bonheur dimanche, 8 mars 2020

En ce dimanche, ma fille aînée vient déjeuner avec sa fille aînée. Nous prenons l’apéritif avec un Champagne Laurent Perrier Grand Siècle qui doit être des années 80. Le bouchon me résiste et la lunule du bas du bouchon ne tourne pas en même temps que le bouchon. Elle se cisaille et je suis obligé de l’extraire au tirebouchon. Le pschitt est inexistant mais dans les verres la bulle est fine et présente. La couleur est d’un or pâle. Le champagne est éblouissant. Il est d’une perfection facile. C’est Cary Grant, le séduisant séducteur qui ne fait rien pour séduire. Le champagne a une belle puissance, toute en rondeur, un beau fruit doré et une longueur en bouche joyeuse. C’est un champagne de plaisir raffiné.

Ma fille avait commandé un veau Orloff au four servi avec du riz très simple. J’ai ouvert un Pétrus 1977 au niveau à la base du goulot. Lorsque j’étais jeune, je n’avais pas beaucoup de moyens, mais je voulais m’intéresser aux grands vins. J’ai donc acheté des grands vins dans les petites années et je possède ce Pétrus 1977 depuis quarante ans environ. Oserai-je dire qu’il s’agit d’un Pétrus parfait ? Il n’a pas la puissance (quoique…) mais il a la subtilité et la grâce qui en font un vin d’un infini plaisir. Je suis tellement heureux quand les petites années brillent ainsi, car elles montrent que les grands vignerons font grand, même lorsque le climat ne les aide pas.

L’accord avec le veau est d’une rare grâce mais nous avons succombé au péché d’un moelleux au chocolat tout en douceur qui donne au Pétrus un parfum incroyable.

Il est des jours comme celui-ci où tout marche à la perfection.

Dernier dîner en France de mon fils samedi, 7 mars 2020

C’est le dernier soir de mon fils en France aussi j’ouvre un Champagne Dom Pérignon 1993 dont l’étiquette très abîmée n’indique pas le millésime que l’on peut lire sur la contre-étiquette placée à l’arrière de la bouteille. La cape du bouchon est anormalement déchirée et le muselet est fortement rouillé. Cette bouteille a subi des outrages qui ne devraient pas exister à cet âge. Je le savais lorsque je l’ai achetée. J’enlève les déchirures de la cape et quand le muselet s’élargit, à peine ai-je amorcé une rotation que le bouchon vient sans effort, encore coiffé du muselet. Il n’y a pas de pschitt et je constate que le bouchon est très chevillé.

Que va-t-on boire ? La couleur est très claire ce qui est un bon signe. La bulle est quasiment inexistante. Le premier contact est excellent. Il s’agit d’un beau champagne rond, au fruit doré, plein de grâce. C’est un champagne encore très jeune et très expressif mais qui a perdu sa bulle, ce qui ne gêne en rien. Sur d’excellentes rillettes et sur du foie gras, on se régale.

Ma femme a préparé un curry de crevettes et légumes divers qui est délicieux mais le curry n’est pas le bon compagnon du champagne qui trouvera de meilleures alliances avec le camembert et le chaource bien affinés.

J’ouvre un Champagne Krug Grande Cuvée étiquette crème dont les vins qui le composent ont probablement plus de trente ans. Il est beaucoup plus foncé que le Dom Pérignon. Il est noble et montre une acidité un peu marquée. C’est étonnant de voir à quel point ces deux champagnes sont dissemblables. Le Krug joue sur sa noblesse et de sa rectitude. Il a mis les habits de sa noble condition, alors que le Dom Pérignon est tout en charme et en rondeur. Ce soir, dans le contexte de ce repas, c’est le Dom Pérignon 1993 que je préfère, ce qui est propre à ce repas et n’a pas valeur de référence tant ils sont différents. Les deux champagnes sont des seigneurs dans leur monde. Ma femme les a accompagnés par des pains perdus réussis et gourmands.

Ce fut une bonne façon de finir la semaine du séjour parisien de mon fils. Il a préféré cette semaine le Champagne Veuve Clicquot Carte Or 1982 et le Vieux Château Certan 1967. Je le rejoins bien volontiers dans ce choix.

Déjeuner de conscrits à l’Automobile Club de France à Paris samedi, 7 mars 2020

Un des amis de notre club de conscrits nous reçoit à l’Automobile Club de France à Paris. Ayant lu l’invitation trop rapidement, j’ai confondu l’ACF avec l’YCF aussi me suis-je présenté au Yacht Club de France, m’étonnant d’être le premier, très en avance. Il m’a fallu sauter dans un taxi pour rejoindre mes amis dans le si joli décor de cet immeuble de la Place de la Concorde.

La décoration a été refaite de belle façon. Nous prenons l’apéritif dans le salon des Membres avec un Champagne qui je crois est un Perrier-Jouët brut sans année, agréable et sans histoire.

Nous passons à table dans un petit salon dont la double fenêtre offre une vue imprenable sur l’Assemblée Nationale et l’Obélisque. La cuisine est de haute qualité et je ne me souviens pas avoir aussi bien mangé en ce club. Le menu est d’œufs mollets à la truffe et une biscotte légère, suivi d’une caille magnifiquement présentée.

Le Château Tronquoy-Lalande 2006 est un vin riche et puissant mais assez renfermé qui n’a pas encore atteint l’âge où pouraient s’exprimer les qualités de l’appellation Saint-Estèphe.

Le Château Rauzan-Ségla 2004 en revanche est beaucoup plus urbain, large et facile à vivre, séducteur comme un Margaux. Ce repas de conscrits dans cet « autre » club fut réussi.

Deux repas avec mon fils mais en France cette fois samedi, 7 mars 2020

Par les hasards du calendrier, mon fils revient à Paris juste deux jours après l’avons quitté à Miami. Le premier soir, nous sommes encore marqués par le décalage horaire, aussi le dîner est-il frugal et sans vin. Le second dîner s’inscrit dans la ligne des agapes traditionnelles car j’ouvre un Champagne Veuve Clicquot Ponsardin Carte Or 1982. Le bouchon est superbe et a bien joué son rôle car le pschitt existe, discret mais présent. La couleur du champagne est d’un or blond très joli comme l’or de la capsule du bouchon.

Ayant la bouche non préparée par de la nourriture je ressens une petite acidité, mais dès que nous commençons à manger du foie gras, le champagne s’installe dans une zone de plaisir. Il est fort d’un fruit jaune puissant. Il est glorieux, équilibré, ouvert au dialogue. C’est un champagne très différent des Salon ou Krug, plus champagne qu’eux. J’aime beaucoup son équilibre et sa longueur.

Comme il a été terminé assez rapidement je suis allé chercher un champagne curieux qui m’intriguait car j’avais oublié d’où il venait. Il m’aurait suffi de lire l’étiquette pour comprendre. Le Champagne Delaboss Brut 2011 est élaboré par Paul Louis Martin à Bouzy. La bouteille noire montre un puma fortement musclé et une fleur de lys stylisée qui me rappelle les fleurs de lys du restaurant l’Ecu de France. Car Peter Delaboss est le chef cuisinier de ce restaurant, qui a décidé de créer un champagne à son nom. Evidemment, c’est assez difficile pour ce champagne de passer après le Veuve Clicquot, mais il est suffisamment franc et de bonne soif pour qu’on le boive agréablement. Il en restera pour le lendemain.

Le lendemain ma femme a prévu des tagliatelles et des petits morceaux de filets de poulets cuits à la crème sur l’instant. Je cherche en cave un vin rouge et je vois des bouteilles emballées dans de fines feuilles de papier, légères et de couleur mauve. C’est assez difficile à ouvrir sans déchirer ces fines feuilles. J’ouvre une bouteille et je vois que le bouchon est très descendu. Il tient encore au bouchon mais à peine.

Une fois remontée, je décapsule cette bouteille et à peine ai-je pointé mon tirebouchon que le bouchon tombe. Il faut carafer et l’odeur du vin est particulièrement désagréable. Ce Vieux Château Certan 1967 est mort.

En cave je prends une deuxième bouteille. Le bouchon est à sa place et le niveau est excellent. Le bouchon très sain vient sans problème. Le parfum du vin est peu marqué et la bouche est très fraîche. Mon fils doit trouver à l’aveugle et il annonce pomerol, ce qui est bien et une année entre 1980 et 1985. Il a raison dans son estimation car ce 1967 qui dépasse la cinquantaine est d’une belle jeunesse. Il a un goût de truffe très intense, une trame très dense, mais il sait aussi apporter de la légèreté. C’est un très beau vin, loin des années superbes comme 1964 ou 1955, mais très agréable à déguster.

Le Champagne Delaboss 2011 s’est montré agréable, simple et franc. Le repas s’est conclu sur les pâtisseries meringuées aux pépites de chocolat rendues célèbres dans le film « qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ». Nous rions de choses simples…

Goût de/Good France 2020 – événement le 16 avril 2020 vendredi, 6 mars 2020

Je reçois cette annonce d’un dîner exceptionnel le 16 avril sur les Champs-Elysées sous l’égide de Goût de/Good France 2020, parmi des centaines d’autres événements.

Voici ce qu’on m’a envoyé.

C’est officiel, Goût de/Good France 2020 aura lieu jeudi 16 avril prochain !

Temps fort culinaire sans pareil dans le monde, Goût de/Good France réunira des centaines de milliers de personnes sur 5 continents lors de milliers de « dîners à la française » !

Cette 6e édition, c’est aussi :

•    Les 10 ans du repas gastronomique des Français

•    La région Centre-Val de Loire à l’honneur, et le chef Christophe Hay pour ambassadeur

•    La suite du Livre blanc de la gastronomie responsable avec 2 nouveaux chapitres sur la formation et la responsabilité sociale

•    Des évènements pluriels dans le monde entier !

Dossier de Presse Goût de France 2020pdf