verticale de Léoville Barton et Langoa Barton au restaurant Taillevent vendredi, 15 décembre 2006

Je revois le lendemain Bipin Desai qui organise au restaurant Taillevent un dîner en l’honneur d’Eva et Anthony Barton, propriétaires du Château Léoville-Barton et du Château Langoa-Barton. Nous participerons à seize convives, la fine fleur de ceux qui parlent du vin, à une de ces verticales dont Bipin a le secret. Je reconnais beaucoup d’habitués. Bipin demande à trois personnes de commenter les vins présentés en trois séries, Raoul Salama de la Revue du Vin de France, Jancis Robinson, la célèbre critique œnologique et votre serviteur. Je sors donc mon petit carnet pour prendre des notes et, comme le lecteur y est habitué, dans ces grandes séries de vins, les notes sont prises à la volée, sans recherche littéraire, car le temps est compté. L’apéritif se prend dans l’intimiste salon chinois, avec un champagne Taillevent fait par Deutz qui s’inscrit avec les gougères dans le théorème « pain vin saucisson » : chaque composante appelle les autres dans une ronde sans fin.

Nous passons à table pour un repas toujours aussi raffiné dont les sauces sont subtiles et d’une précision extrême : épeautre du pays de Sault en risotto, cuisses de grenouilles dorées / coquilles Saint-jacques dorées, mousseline de céleri et velouté de cresson / canard de Challans rôti aux épices, potiron et betterave au jus / Ossau Iraty, confiture de cerises noires / feuille à feuille au chocolat et au marrons.

La première série de vins comprend Léoville Barton 1985 – 1986 – 1993 – 1995 et Langoa Barton 1966 – 1986 – 1996 – 2001.

Le Langoa Barton 2001 a un nez intense et dense. Il est astringent, montre quelques limites. Un certain manque de largeur de vues. Le Langoa Barton 1996 a un joli nez, moins acide. En bouche, il a le même aspect astringent. Il est à peine plus ouvert, comme si c’était le même vin. Le Léoville Barton 1995 a un nez fermé. Il convient de dire que dans chaque série, les premiers vins que l’on découvre sont les moins ouverts dans le verre. En bouche après un aspect un peu aqueux, on sent que le vin va se découvrir et s’ouvrir, vin plus riche et plus complexe.

Le Léoville Barton 1993 a un nez plus flatteur, plus ouvert. Il démarre assez bien, mais dévie assez vite vers un vin un peu plus fatigué. Le Langoa Barton 1986 a un joli nez de 1986. Il est très subtil et commence à s’ouvrir, même si les vins sont encore froids. Le Léoville Barton 1986 a un nez plus confituré, plus chou rouge. En bouche il est d’une belle finesse, élégant. Le Léoville Barton 1985 au nez qui donne envie de boire est plus tenu, plus avancé, il met en valeur le 1986. Le Langoa Barton 1966 a un nez plus évolué mais extrêmement joli. En bouche il est très beau, à peine amer, bien typé.

Le jugement change lorsque l’oxygène fait son œuvre. J’aime beaucoup le 2001, à la jolie épice, qui s’exprime bien. Le 1993 est facile à boire aujourd’hui, élégant, de bel équilibre. Le 1985 devient de plus en plus élégant et le 1966 est très plaisant. Je fais mon petit classement personnel : 2001 / 1985 / 1966 / Langoa Barton 1986. Raoul Salama donne une analyse très documentée sur les évolutions et les progrès qui ont été accomplis aux châteaux et donne des préférences qui ne sont pas les miennes. Les discussions passionnantes autour de la table avec les avis de Clive Coates, David Peppercorn, Serena Suttcliffe et d’autres montreront que tous nos avis différent, ce qui est un grand compliment à faire à ces deux vins.

La deuxième série comporte Léoville Barton 1950 – 1982 – 1989 et Langoa Barton 1955 – 1982 – 1989.

Entre les deux 1989, c’est le Léoville Barton qui est plus profond au nez. Mais je trouve en bouche un charme énorme au Langoa Barton et j’inscris sur mon carnet : « que du plaisir ! ». Le Langoa Barton 1982 est bouchonné et par manque de chance on le remplace par un autre bouchonné. Cela donnera lieu à un incident d’alcôve qui émouvra Jean-Claude Vrinat plus qu’il n’eût fallu, car nous sommes capables d’admettre ces petits incidents de parcours. Le Léoville Barton 1982 est un très beau vin. Il a une profondeur qui me plait. Le Langoa Barton 1955 est un vin déjà un peu évolué découvrant son alcool et un goût de prune. Il est assez joli. Le Léoville Barton 1950 me trouble par son côté bonbon anglais et confiture de rose. Le nez est doucereux et la bouche est très fruit rouge. Il me rappelle avec insistance cette étoupe que j’avais sentie dans la cave de Clos de Tart il y a un an. Le Langoa Barton 1989 est un vin de plaisir quand le Langoa Barton 1989 est plus structuré mais plus strict. Le Léoville Barton 1982 est un grand vin est je classe Léoville Barton 1982, Langoa Barton 1989 et Langoa Barton 1955.

La troisième série comporte : Léoville Barton 1959 – 1990 – 2000 – 2003 et Langoa Barton 1949 – 2000 ainsi que des magnums de Langoa Barton 1948 – 1961. Je me concentre, car je dois en parler.

Le Léoville Barton 2003 a un nez d’une rare séduction. En bouche, il est brutal, tout fou, attendant d’être dompté. Un vin qu’il faut attendre. Le Langoa Barton 2000 est plus humain, plus terrien, il sent les épices raffinées. Un vin de plaisir absolu. Le Léoville Barton 2000 est dans la logique des vins, mis en valeur par son compère. Le Léoville Barton 1990 m’évoque une promenade en forêt, le cassis. Je l’aime. Le Langoa Barton 1961 est charmant, fruité, vin de plaisir. Il ressemble beaucoup au Léoville Barton 1950.

Le Léoville Barton 1959, ça, c’est du vin, avec des évocations de café. C’est tout à fait le goût que j’aime. Le Langoa Barton 1949 est joli mais discret. Il évoque un peu le Porto. Un peu trop doux pour mon goût. Le Langoa Barton 1948 est un peu avancé, mais authentique. J’y vois de la menthe. Il est charmant, avec mêmes des notes bourguignonnes. Revenant de l’un à l’autre je leur trouve plus de charme. Mon classement change souvent. Je le stabilise à : Léoville Barton 1959 / Langoa Barton 1961 / Langoa Barton 1949 / Léoville Barton 1990.

Beaucoup d’experts voteront pour le 1948. Ce qui m’a frappé, c’est que le Léoville Barton n’a jamais vraiment dominé le Langoa Barton. Ces deux Saint-Julien sont de grandes expressions de leur terroir et des symboles de leur appellation. Les boire sur de belles années et sur la cuisine de Taillevent donne des démonstrations convaincantes.

dîner des amis de Bipin Desai jeudi, 14 décembre 2006

J’ai déjà abondamment parlé de Bipin Desai, ce scientifique américain qui organise les dégustations thématiques les plus grandioses de la planète. Chaque année depuis six ans, il me charge d’organiser un déjeuner ou un dîner amical, à vins et frais partagés, qui lui permette de rencontrer des amis ou de nouvelles connaissances. Ces dîners étant comptés au sein des dîners de wine-dinners, même si les vins ne viennent pas en totalité de ma cave, ce sera donc le 80ème dîner de wine-dinners.

Bipin m’ayant prévenu très tard, des participants fidèles comme Alexandre de Lur Saluces, Aubert de Villaine ou Didier Depond ne pourront être présents. Ce sera l’occasion d’accueillir de nouveaux amis comme Jean-Jacques Bonnie, propriétaire de Malartic-Lagravière, Jean Hugel, de la maison alsacienne éponyme, Richard Geoffroy, le magicien qui fait Dom Pérignon, ainsi que l’ami qui fut le déclencheur du fabuleux dîner à l’Astrance où figurait le légendaire Cheval Blanc 1947. Les deux habitués sont Bernard Hervet, qui va rejoindre ou a rejoint Faiveley, et mon fils.

Dans le délicieux hall d’entrée Empire du restaurant Laurent, nous découvrons un magnum de Dom Pérignon Oenothèque 1966 dégorgé fin 2004. Un dégorgement de deux ans lui va bien, nous indique Richard. Ce champagne est spectaculaire, et nous laisse quasi sans voix. Le boire avec les commentaires de Richard Geoffroy et ses mises en perspective rajoute énormément à notre plaisir. Les premières évocations vont vers le salin, iodé, Richard dit feuilles vertes comme le troène. Puis arrivent les fleurs blanches comme le jasmin et les fruits roses. Le champagne s’étend lascivement dans le verre, et les fleurs blanches s’ouvrent. Les fruits se densifient. Le message se structure et se simplifie. Et Richard, qui a le même enthousiasme que nous en le goûtant, adore cette simplification qui est le gardien du message historique de Dom Pérignon. Il explique sa démarche qui doit être fondée sur la recherche de la qualité totale, dans le cadre de la continuité décennale du goût. Ce champagne qui ne cesse de s’ouvrir et de dévoiler des myriades de séductions est impressionnant pour tous. Je pense qu’il serait à l’aise avec des plats qui vont dans son sens et des plats qui le provoquent. Ainsi des huîtres et des coques exploiteraient sa tendance iodée, quand un fromage de tête l’exciterait pour exacerber ses arômes.

Nous passons à table dans la jolie salle à manger, et curieusement, notre belle table oblongue ne permettra pas aux conversations d’être générales, mais seulement en petits groupes. C’est sans doute la forêt de verres qui en est la cause.

Philippe Bourguignon a élaboré avec Alain Pégouret un menu très intelligent dont les sauces vont être, ce soir, de vraies vedettes. Saint-jacques marinées au citron, betteraves rouges cuites et fumées au feu de bois / filet épais de gros turbot cuit au naturel, ventrèche et condiments, jus iodé / jarret de veau cuit doucement, légumes d’automne en cocotte, rehaussés d’un jus acidulé / filet de chevreuil relevé au poire de Sarawak, « späzle » à la poêle / vacherin Mont d’Or et reblochon fermier / mousse un peu sucrée de marrons ardéchois en mille-feuille croustillant, brisures de châtaignes grillées. La magie de Laurent a de nouveau fonctionné, avec un service attentif et exemplaire.

Décidément, les vins de Didier Depond n’auront pas de chance. Pour l’académie des vins anciens, Didier avait expédié des vins qui étaient bien arrivés mais avaient été égarés. Pour ce dîner où Didier ne pouvait se rendre, sa gentillesse l’avait poussé à nous offrir un magnum de Delamotte 1985. Redoutant que deux magnums de champagnes soient excessifs, j’avais échangé ce cadeau contre un Salon 1988 qui avait été retrouvé après son absence à l’académie. Hélas, son champagne Salon 1988 est bouchonné. Que d’aventures ! Heureusement, le nez troublant n’empêche pas la bouche d’être passionnante, car si l’on a la sagesse d’accepter un voile un peu astringent et amer, le discours du Salon 1988 se positionne très bien. Nous en convenons volontiers avec Richard qui fait preuve en la matière d’une totale ouverture d’esprit. La combinaison de la mer et de la terre du plat un peu épicé est une belle trouvaille et aurait dû faire chanter ce Salon qu’il faudra vite goûter pour retrouver son charme et sa puissance.

Deux vins que tout oppose vont cohabiter sans se nuire. Le Corton Charlemagne Bonneau du Martray 1985, cadeau de Jean-Charles de la Morinière qui ne pouvait venir à ce dîner, se présente un peu fermé. On dirait qu’il peine à ouvrir sa porte pour nous accueillir. On reconnaît cependant, mais en cherchant, tout ce qui fait la noblesse de ce grand vin. En revanche, le Meursault Perrières Coche-Dury 2004 est une bombe. Le nez minéral intense envahit l’espace. Et Richard jubile car il y a dans ce vin les goûts qu’il recherche. Et c’est vrai que le Dom Pérignon, association souvent égale entre le chardonnay et le pinot noir, porte en son chardonnay des intonations que l’on retrouve ici. Comme Richard m’explique, je le ressens beaucoup mieux. Ce Meursault est puissant, expressif, typé, et forme avec la ventrèche un de ces accords qui ravissent le palais, chaloupé par tant d’audace si bienvenue.

Le Château Malartic-Lagarvière 1961 de Jean-Jacques Bonnie arrive en scène avec le soupçon d’un petit voile de poussière. Mais  on sent qu’il va disparaître, et il le fait très vite. Et le doucereux presque sucré, les pain d’épices, moka, café de ce vin s’intègrent magnifiquement. Ce vin épanoui est joyeux. Le jarret de veau est un bonbon fondant dans la bouche, d’une jouissance rare. Mais c’est avec la sauce que le Malartic aime se confondre pour un accord délicat.

Plus de quarante ans séparent le doyen de la table, Jean Hugel aux 82 ans d’une tonicité invraisemblable et les deux jeunets Jean-Jacques et mon fils Frédéric. Et ça ne dérange pas, comme l’écart de plus de soixante ans cette fois entre les deux rouges qui cohabitent sur le gibier. Le Chambertin Clos de Bèze Faiveley 1990 est un vin jeune à qui il manque juste d’être un peu plus assemblé. Prometteur, l’alcool fonçant en avant, on en profite en se disant qu’il ferait mieux de dormir encore un peu en cave. Mais il a de l’avenir. A côté de lui, affichant une couleur d’une rare jeunesse, le Pommard Epenots Joseph Drouhin 1929 confirme à mes voisins Richard et Jean-Jacques tout ce que je racontais sur ma « main verte » ou mon « magic touch » qui les faisaient sourire. Car ce vin est éblouissant et exact au rendez-vous. Ouvert par Patrick Lair ou Christèle, la jolie et souriante sommelière il y a plus de six heures, ce vin explose de jeunesse, sérénité, joie de vivre, naturel. Tout en lui paraît tellement facile. Riche, onctueux, velouté, il forme lui aussi avec la sauce du chevreuil un accord éblouissant.

Une discussion s’instaure entre Richard Geoffroy et Bernard Hervet qui me donne un bonheur immense. Ces deux vignerons se racontent leur compréhension de l’année 2003 et les choix de vendanges qu’ils ont dû faire. Et à partir de là, toute la concordance de leurs analyses s’étale voire s’imbrique. Nous assistons à leur plaisir de constater l’unité de leurs deux visions, à l’avant-garde de ce qui se pratique. J’écoute, tel l’enfant qui laisse parler les grands. Rassurez-vous, Jean Hugel n’allait pas leur laisser la parole. Car quand le Jean est lancé, rien ne peut l’arrêter. Mais il dit des choses remarquablement sensées, et l’âge lui permet de raccourcir le propos sans politesse inutile. Alors, c’est passionnant. Et Jean peut parler, car ses vins lui en donnent la légitimité.

Le vacherin accompagne le deuxième vin que j’ai inclus parce que j’aurais bien aimé que Jean-Pierre Perrin assiste lui aussi à ce dîner qu’il a déjà fréquenté. C’est une bouteille très rare : Châteauneuf-du-Pape Domaine de Beaucastel blanc 1955. Un vin doré d’un cuivre discret, un nez intense d’une rare précision. En bouche, je me pâme, car ce vin a tout pour lui. Les évocations de tous les fruits possibles et imaginables sont là, mangues, ananas, kaki, mais aussi beaucoup de bois précieux. Le message du vin n’est pas dispersé. Il est précis, prononcé, typé, et montre que ces vins vieillissent avec un succès remarquable. 

Jean m’avait annoncé avant de l’envoyer qu’il subodorait que le Riesling Vendanges Tardives Hugel 1966 serait devenu presque sec. Le reblochon se justifie donc mieux que le roquefort qu’aurait aimé voir Bipin, en se fiant seulement au nom du vin. En fait, le choix est bon, même si Jean n’aime pas les fromages avec ses vins, car ce Riesling bien sec est délicat, soyeux, doucereux, calme, et demande une saveur confortable et lisible pour montrer toute la subtilité de ses épices et agrumes suggérés.

Le contraste avec le Gewurztraminer Sélection de Grains Nobles 1997 est assez spectaculaire. J’avais déjà bu ce vin chez Jean et je m’en souviens comme d’une bombe. Elle est toujours là, donnant au nez autant de souffle que l’on en aurait à l’oreille si l’on était coincé en concert entre Miles Davis et John Coltrane. La puissance est au rendez-vous, mais c’est un David Douillet. C’est-à-dire que ce vin a une force tranquille qui n’a aucun besoin de parader. Le vin est remarquablement construit et n’a pas de nécessité d’en faire de trop.

Quand je demande que l’on vote, les vignerons présents hésitent, car il est toujours embarrassant de voter pour son propre vin. Le Dom Pérignon est consacré roi de la soirée par quatre votes de premier sur huit, sans avoir besoin du vote de Richard. Le Pommard 1929 a deux votes de premier, le Meursault 2004 un vote de premier, ainsi que le Riesling 1966. Tous les vins ont des votes sauf le Salon, naturellement. Le vote du consensus est assez difficile à faire car les votes ont été très dispersés. Ce serait : Dom Pérignon Oenothèque 1966 en magnum, Pommard Epenots Joseph Drouhin 1929, Beaucastel blanc 1955 et Riesling VT Hugel 1966.

Je n’ai pas eu la retenue de Richard et j’ai voté pour mes deux vins aux deux premières places pour une raison simple : je n’ai aucune raison d’avoir la pudeur du vigneron qui fait les vins, mais aussi parce que j’ai mis ces vins pour faire plaisir à mes amis. Il fallait donc que je les aime déjà ! Mon vote est : 1- Pommard Epenots Joseph Drouhin 1929, 2 – Beaucastel blanc 1955, 3 – Dom Pérignon Oenothèque 1966 en magnum, 4 – Riesling VT Hugel 1966.

Nous étions huit dont quatre vignerons de quatre régions distinctes. La joie des discussions, la densité du contenu, la force de l’amitié, ont été considérables. Philippe Bourguignon et ses équipes ont une fois de plus réussi le tour de force de satisfaire tout le monde. Beaucoup de rendez-vous se sont pris, des promesses de se revoir. Grands vins et grande amitié : un grand moment.

Vogue Espana parle de ma passion dimanche, 10 décembre 2006

J’ai reçu un exemplaire de cette grosse revue avec une mention d’un quart de page sur ma passion.

En voici une preuve :

L’article se poursuit, sous une jolie photo de Carole Bouquet. Je voulais surtout montrer le nom de Vogue.

Je n’ai eu qu’une fois un mannequin étheré à l’un de mes dîners, venue avec un américain. Elle a fait un sans faute dans la dégustation : elle n’a strictement rien bu.

galerie 1805 vendredi, 8 décembre 2006

Il s’agit de deux bouteilles de Lacrima Christi, vin de Naples. A gauche 1805 et à droite 1780. Il faut évidemment que je fasse confiance à l’expert qui a désigné ces deux bouteilles. le 1780 était beaucoup plus frais et vivant que le 1805, deux vins extraordinaires.

un très beau jugement sur les vins phares de 1961 jeudi, 7 décembre 2006

Dominique Fornage dirige l’école Nobilis, qui apprend la dégustation. Il vit en Suisse, et j’ai eu le plaisir de le rencontrer à de prestigieuses dégustations. Son jugement est très sûr. Voici ce qu’il a écrit sur les grands vins de 1961. je trouve cela pertinent et passionnant.

A noter que je n’étais pas présent. J’indique cette analyse à cause de la richesse de l’information :

CHATEAU MARGAUX 1961

Couleur rouge rubis légèrement tuilé. Au nez, on ressent une récolte très mûre. Notes de pruneau, de cuir, de fougère et de fruits rouges. Beau classique avec une certaine élégance. Vin riche en alcool, mais un peu "décharné". La finale est assez strict au niveau des tannins. L’ensemble paraît très délicat et avoir dépassé le maximum de ses possibilités. Le vin est agréable mais n’a pas la tenue des meilleurs crus de ce millésime.

 CHÂTEAU L’EVANGILE 1961

Couleur rouge assez foncé avec le disque un peu tuilé. Arômes généreux et volumineux. Les fruits mûrs se présentent en toute élégance accompagnés d’une belle touche vanillée. Le vin est riche et velouté. Le gras est proche de la douceur durant l’attaque de bouche. Les tannins sont encore musclés, mais le fruit semble bien mûr. La finale, assez longue, révèle des notes végétales assez étonnantes pour ce millésime.

 CHÂTEAU TROTANOY 1961

Couleur rouge dense tirant sur le noir, presque sans vieillissement. Les arômes sont resplendissants sur les fruits jeunes parfaits de récolte. Touche d’humus et de bois noble qui lui confère de la complexité et de l’élégance. Le vin est suave, riche et concentré. Le fruit très charnu donne une certaine "sensualité". L’équilibre des composantes est vraiment remarquable. C’est un vin superbe avec une persistance très longue. Ses qualités se révèlent pleinement à l’heure actuelle, mais elles sont construites pour durer encore longtemps.      

CHÂTEAU LAFLEUR 1961

Couleur rouge rubis dense, très jeune. Les arômes sont tout dans les fruits rouges "comme à la récolte". Il s’en dégage une sorte de perfection et d’intemporalité. La parfaite élégance s’allie à une force peu commune. Le vin est concentré et puissant, sans être lourd. Des notes fumées et minérales y rajoutent complexité et personnalité. L’équilibre est impressionnant. La persistance est d’une formidable densité et ne faiblit pas avant longtemps. Ce fantastique vin est encore beaucoup trop jeune.    

CHÂTEAU PETRUS 1961

Magnifique couleur rouge rubis. Le nez envoûtant et sensuel du Pétrus parfait. Aucun arôme tertiaire n’apparaît encore: on reste sur des fruits rouges denses et frais. Le Merlot se donne dans toute sa splendeur. Le vin est étonnant de jeunesse et de perfection avec un fruit charnu et des tannins superbes. La concentration du millésime en fait de l’essence de Pétrus. Les composantes remarquablement équilibrées donnent un vin agréable actuellement, mais le temps doit encore accomplir son oeuvre pour les magnifier.      

CHÂTEAU LATOUR A POMEROL 1961

Couleur rouge très foncé tirant sur le noir. Nez de récolte extrêmement mûre, d’une énorme amplitude. On y ressent des fruits noirs comme le cassis ou la myrtille. Un aspect minéral fumé semble retenir le plein développement des arômes. Le vin est baroque et expansif, avec une chair veloutée et concentrée au possible. La finale est étonnamment stricte après ce déferlement de vagues fruitées et onctueuses. Certains ont pensé à un bouchon qui aurait très légèrement entaché ce formidable vin. 

CHÂTEAU CHEVAL BLANC 1961

Couleur rouge rubis dense et profond. Nez expansif et typé des Cheval Blanc de millésimes exceptionnels, tout dans l’exubérance et la sensualité. Le fruit est si mûr qu’il tire sur le pruneau d’Hagen, mais il en ressort en même temps un aspect d’une jeunesse étonnante. Le vin est onctueux et suave au possible. La finale est déroutante puisqu’elle présente une forte acidité quasi citronnée qui vivifie le palais. La persistance est très concentrée et interminable. Elle est un peu marquée par la richesse de l’alcool mais la structure compense tout. Un grand vin baroque qui peut faire penser à du Porto. C’est un petit frère du mythique 1947.

CHÂTEAU HAUT-BRION 1961

Couleur rouge rubis profond un peu tuilé. Arômes de récolte mûre et concentrée. On y retrouve du cacao, du moka, du bois noble et du tabac. Tout est dans la subtilité et la finesse sans manquer de caractère. Le vin a une trame très serrée avec un fruit dense et des tannins extraordinairement fins et veloutés. Le glycérol est si dense qu’il donne une impression quasi sucrée durant toute l’évolution de bouche. La finale est d’une grande fraîcheur et la persistance énorme. L’ouverture amplifie toutes les composantes. Un très grand Haut-brion avec encore un grand potentiel.

CHÂTEAU LA MISSION HAUT BRION 1961

Couleur rouge sombre. Arômes très généreux de tabac, de cuir et de sous-bois. On y ressent aussi le pruneau d’Hagen et le nougat, preuve d’une récolte surmûre. Le caractère est marqué mais l’élégance est bien là. Le vin est riche et concentré avec des tannins si musclés qu’on pourrait les mâcher. L’onctuosité accompagne toute l’évolution de bouche et la très longue persistance. La richesse alcoolique est présente mais elle ne nuit pas à l’équilibre. Un Mission d’anthologie marqué au maximum par son terroir.

CHÂTEAU LATOUR 1961

Couleur rouge très foncé et dense. La récolte miraculeuse s’exprime tout naturellement au nez. C’est de l’essence de Pauillac avec ce caractère fort et cette race des plus grands Latour. On y trouve des fruits noirs, un boisé vanillé très fin et la splendide note minérale du terroir. Le vin est extraordinaire de dynamisme et d’équilibre. Le fruit est parfait dans son développement et sa densité. Les tannins sont forts et nobles. L’ensemble est si jeune que l’on se croirait sur un vin en fin de cuvaison! Un Latour mythique qui peut attendre encore des décennies.    

HERMITAGE LA CHAPELLE, JABOULET, 1961

Une cinquantaine de magnums du millésime 1961 ont été produits. Aucun ne fut jamais mis sur le commerce. Il s’agit donc d’une première mondiale puisque c’est le premier magnum ouvert depuis cette date. Couleur rouge dense légèrement tuilé. Le développement des arômes est monumental. Le type du cépage, bien que perceptible, est relégué au second plan par la qualité exceptionnelle de la récolte et par le terroir. On y ressent des fruits noirs comme la myrtille ou le cassis. Les notes "terreuses-minérales" sont celles que l’on ne retrouve que sur les meilleurs crus. Le vin est élégant et généreux. La richesse et la structure développent un volume de bouche impressionnant. Mais cette puissance ne rend pas le vin lourd. Le fruit est dense et charnu comme à mâcher. Fruits, glycérol, tannins, …toutes les composantes se marient parfaitement à l’heure actuelle pour donner un vrai vin de plaisir qui tiendra encore longtemps. Toutes les notes élogieuses qui lui ont été attribuées depuis de nombreuses années par les rares chanceux qui en on bu sont largement méritées.        

CONCLUSIONS

– Le millésime 1961 prouve à chaque fois que la chance nous est donnée d’en déguster qu’il est vraiment exceptionnel parmi les millésimes exceptionnels. Pratiquement chaque cru bordelais a produit un vin d’anthologie pour le domaine cette année-là. Aucun autre millésime ne peut se targuer d’avoir connu une réussite aussi régulière durant tout le 20ème siècle.

– Cette dégustation met à mal l’idée que le Merlot produit des vins à maturité plus rapide que le Cabernet-Sauvignon: les meilleurs Pomerol n’ont pratiquement pas encore développé d’arômes tertiaires ou très peu. Cependant, la plupart des vins présentés ont encore un énorme avenir.

– La différence entre les crus de la rive droite et de la rive gauche est bien perceptible. Les vins de la rive droite ont beaucoup de fruit et d’opulence. Ils sont plus faciles d’approche et plaisent donc dès le premier abord. Les vins de la rive gauche sont plus marqués par la subtilité de leur terroir. Les fruits sont accompagnés par des notes tertiaires d’humus, de cuir ou de champignons.

 – Pour la rive droite, il ressort que l’Evangile semble (cette fois-ci) supporter difficilement la comparaison avec ses pairs de Pomerol. Trotanoy est vraiment superbe à tous les niveaux. Cependant la palme est à accorder à trois géants bien différents: Lafleur, Pétrus et Latour à Pomerol. Lafleur est parfaitement équilibré: fruits mûrs mais encore très fringants, terroir élégant, tannins intégrés, puissance sans lourdeur… Pétrus est une concentration de Merlot d’une jeunesse si grande qu’il n’a pas encore la complexité apportée par les notes tertiaires. C’est en fait un parangon de Pétrus. La récolte surmaturée du Latour à Pomerol a produit un vin d’une amplitude et d’une générosité inégalables (dans ce millésime en tous les cas et pour les flacons parfaits). Cheval Blanc, quatrième géant, est presque autant volumineux que Latour à Pomerol, mais sa haute acidité procure plus de fraîcheur en finale. Il est peut-être encore plus exubérant et sensuel.

 – Pour la rive gauche, Margaux ne peut malheureusement pas se mesurer avec ses frères. Haut-Brion est un aristocrate qui exhibe sa noblesse à ceux qui savent attendre et qui se sont longuement familiarisés avec son terroir si subtil. Il n’a pas besoin de puissance pour développer ses qualités. Mission est plus musclé et plus onctueux. Son terroir, proche de celui de Haut-Brion, s’exprime avec plus de force. Ces deux Graves sont extraordinaires. Boire un Latour 1961 est un événement marquant. Dès le premier instant, il prend littéralement possession de votre nez, puis de votre palais pour en devenir le roi absolu. Il y maintient son règne interminablement. Les meilleures qualités dont on rêve dans un vin jeune commencent très lentement à s’épanouir, mais on est loin du point culminant.

– L’invité rhodanien, La Chapelle de Jaboulet, a subjugué beaucoup de dégustateurs. Sa structure n’a rien à envier aux meilleurs Bordeaux. Mais il est évident que l’origine et le cépage (Syrah) ont produit un vin différent. La maturité de récolte sur ce cépage a permis un développement ultime des composantes aromatiques et gustatives.

– Devoir élire "Le Vin" de la soirée parmi ces merveilles est bien difficile puisqu’elles ont toutes des particularités différentes qui les rendent uniques. Les avis étaient évidemment partagés et c’est bienheureux!

 

En faisant ecole nobilis sur un moteur de recherche, vous trouverez aussi les belles analyses de Dominique Fornage. 

dîner wine-dinners du 07/12/2006 jeudi, 7 décembre 2006

Les vins de ce dîner

  1. Champagne Charles Heidsieck mis en cave en 1997
  2. Champagne Dom Pérignon 1985
  3. Corton Charlemagne Verget 1993
  4. Château Latour 1943
  5. Château La Gaffelière Naudes 1929
  6. Vosne-Romanée Les Genévrières Charles Noëllat 1969
  7. Romanée Conti, Domaine de la Romanée Conti 1974
  8. Château Chalon Jean Bourdy 1955
  9. Château Filhot 1986
  10. Château Rayne-Vigneau 1947

dîner de wine-dinners au restaurant de l’hôtel Bristol jeudi, 7 décembre 2006

Le 79ème dîner de wine-dinners se tient une nouvelle fois au restaurant de l’hôtel Bristol. C’est Virginie, sommelière attentive qui va faciliter une fois de plus le cérémonial de l’ouverture des vins. Un amateur éclairé canadien, qui vit aux Etats-Unis, est intéressé d’observer comment je procède. Les bouchons viennent particulièrement aisément, même si ce fut difficile pour l’un d’entre eux, collé au verre comme à la glu. Les odeurs sont encourageantes et je ne vois pas de problème saillant. La petite incertitude vient du Latour 1943 qui pourrait évoluer de diverses façons. Nous verrons. La Romanée Conti me semble nécessiter un peu plus d’oxygène. Comme son niveau est très haut dans le goulot, il faudrait élargir la surface. Comme j’ai pris depuis longtemps l’habitude d’apprécier le retour à la vie d’un vin en me fiant aux seules odeurs, sans boire le vin, on comprendra que c’est par pur dévouement que, Joe et moi, nous bûmes quelques gouttes de cette exquise Romanée Conti !

Les convives sont presque tous à l’heure et je donne les consignes d’usage sur un champagne Charles Heidsieck  mis en cave en 1997. Je suis très agréablement surpris par l’élégance charmante de ce champagne qui évoque des fleurs et des fruits roses. Le dosage n’est pas excessif, et ce champagne joue exactement son rôle, de nous préparer à un repas de rêve.

Eric Fréchon a travaillé avec Jérôme Moreau à la mise au point d’un chef d’œuvre. Voici ce qu’ils ont imaginé et réalisé : Royale de foie gras fumé, écume d’oseille / Noix de coquilles Saint-Jacques contisées à la truffe blanche d’Alba, gnocchis au jus de roquette et parmesan / Sole de petit bateau farcie aux girolles, sucs d’arêtes réduits à peine crémés au vin jaune / Faisane de foie gras, topinambour et truffe / Comté 18 mois / Stilton / Dégustation autour de la poire.

Nous passons à table dans la merveilleuse salle à manger lambrissée d’une ellipse parfaite. Notre table centrale est belle. Les premiers petits amuse-bouches annoncent que la perfection est ici la norme car la bouchée de chamallow au foie gras est le premier indice du talent du chef, exposé ensuite sur des saveurs délicates. Le champagne Dom Pérignon 1985 arrive sur une entrée que j’avais demandée, tant je l’avais aimée lors d’une récente visite. Cette combinaison de foie gras, d’oseille et de fumé insistant est extraordinairement troublante et vole la vedette au délicieux Dom Pérignon, tant l’énigme est excitante. Mais le Dom Pérignon est suffisamment civilisé pour se prêter à cette farandole gustative. Contraint d’être le Monsieur Loyal du plat, le champagne sophistiqué sait se tenir. Le Corton Charlemagne Verget 1993 est un blanc typé quasi intemporel. Il est tellement rassurant qu’on ne peut lui donner d’âge. La truffe blanche n’est pas la plus explosive, c’est l’année qui veut cela. Et l’intérêt est ailleurs. C’est l’exquise sauce à la roquette (c’est la première fois que je la vois domestiquée comme cela), qui forme avec le bourgogne noble une association d’une provocation passionnante.

Le Château Latour 1943 a une robe d’un rose soutenu, un parfum de grande race. En bouche, il mérite un soin attentif pour en saisir toutes les nuances. Son élégance, sa subtilité sont de grand intérêt. Mais on est attiré par le verre d’à côté. Car le Château La Gaffelière Naudes 1929 fait vaciller toutes les certitudes. J’avais, comme souvent, fait un couplet enamouré sur l’année 1929. Et voici que ce vin, noir comme un 2003 sortant de fût, au nez de truffe, nous donne une perfection gustative presque irréelle. Ce vin est profond, lourd comme le serait un 1961, évoque un grand Cheval Blanc comme le 1947 que nous avons bu avec l’un des convives de ce soir, et dont nous rappelons la mémoire avec émotion. Des convives qui aiment cuisiner disent qu’il serait impossible d’imaginer la jeunesse de ce vin tant qu’on ne l’a pas essayé. L’expérience d’une telle pétulance ne peut pas être crue si on la raconte. Il faut l’avoir vécue.

Le Vosne-Romanée Les Genévrières Charles Noëllat 1969 est bu entre deux plats. Je l’avais ajouté pour le plaisir. Il y a autour de la table des amoureux des vins de Bourgogne. Ils sont comblés. Ce vin d’une grande année bourguignonne résume tout le charme troublant de sa belle région. Notre érudit canadien nous raconte que ce Genévrières a été acheté il y a treize ans par Lalou Bize-Leroy, l’une des grandes personnalités de la Bourgogne. Ce qui indique que le vin qu’on fait sur cette parcelle est de grande valeur. Notre verre le confirme. Le Gevrey-Chambertin Clos Saint-Jacques Clair Daü 1961 était éblouissant à l’ouverture. J’en attendais beaucoup. Il est au rendez-vous. Et le contraste avec la Romanée Conti, Domaine de la Romanée Conti 1974 est assez saisissant. Le Gevrey est d’une année divine. Il est assuré, confiant, déclinant le charme généreux de la Bourgogne. Malgré une extraction plus roturière, il s’exprime en gentilhomme à côté de l’empereur des vins, d’une petite année, au charme romantique. Tout est en suggestion dans cette Romanée Conti de grande race. On comprend avec ce vin ce qui fait la réputation de la Romanée Conti car la subtilité est extrême, et les évocations d’épices et de parfums sont innombrables. Il est clairet en haut de bouteille, et j’eus la chance de déguster la fin de bouteille, très foncée sans avoir de lie. Cette concentration de saveurs délicates est un plaisir d’esthète. A deux dîners de suite, nous aurons eu Latour 1947 puis 1943 et Romanée Conti 1967 puis 1974. Cette conjonction est rare.

Pour les deux fromages qui vont suivre, j’ai appris à mes charmants convives le rôle primordial de la salive pour créer un accord gustatif parfait. Celui du comté avec le Château Chalon Jean Bourdy 1955 est naturel. Cet exemplaire du 1955 que j’ai maintes fois bu est particulièrement brillant, avec une présentation civilisée remarquable. Toute la table est sous son charme. Le Château Filhot 1986 est un vrai bambin. Mais c’est plaisant à ce stade du repas. Naturel, franc, il ne surprendra personne. En revanche, le Château Rayne-Vigneau 1947 à la couleur d’un cuivre épanoui, au nez de coing et de mangue, est d’une insolente sérénité. C’est le presque sexagénaire d’une séduction de Dom Juan. Il chante le chant du sauternes avec sérénité et passion. Les variations complexes sur la poire sont déroutantes pour lui.

Les votes sont plus concentrés que d’habitude. Quatre vins ont eu un vote de premier, dont quatre pour la Romanée Conti, trois pour le Gevrey Chambertin 1961, trois aussi pour le La Gaffelière 1929, et un pour le Vosne-Romanée 1969. Le vote du consensus serait Romanée Conti 1974, La Gaffelière Naudes 1929, Rayne Vigneau 1947 et Gevrey-Chambertin Clos Saint-Jacques Clair Daü 1961. Mon vote a été : 1 – Château La Gaffelière Naudes 1929, 2 – Rayne Vigneau 1947, 3 – Romanée Conti, Domaine de la Romanée Conti 1974, 4 – Gevrey-Chambertin Clos Saint-Jacques Clair Daü 1961.

Le plat le plus extraordinaire est la « Royale de foie gras fumé, écume d’oseille » qui est à se damner. L’accord le plus excitant est le jus de roquette avec le Corton Charlemagne. Le talent d’Eric Fréchon, qui ne cesse de s’affirmer, a permis à des vins de briller et à des convives conquis de s’extasier.

An idea on my cellar mercredi, 6 décembre 2006

This gives an indication on the type of cellaring that I have used.

It allows to put in each box the length of two bottles, and in width, to store two cases of 12 bottles.

The upper part of the storage is higher, in order to store vertically the alcohols.

On the top, there are all the empty bottles that were drunk during lunches and dinners.

Many bottles are still wrapped, to protect the wines from light.