Laville Haut-Brion 1948 dimanche, 24 décembre 2006

La bouteille est sans étiquette. La capsule est bizarrement mise sur le goulot (sans doute relevée pour lire l’année). L’année est difficile à lire. J’ai commencé par lire 1952. Mais avec une loupe, j’ai déchiffré 1948.

Un nez extraordinairement intense. Nous verrons.

 

A very curious Yquem 1921 dimanche, 24 décembre 2006

The label says "grand vin".

Then, instead of writing "chateau d’Yquem", the label says : "chateau Yquem".

The picture is really Chateau d’Yquem.

The label concerns the Brussels susidiary of this "négociant", who put his name on the capsule.

 The year is hand written and requires my trust. We will see !

Conseils de modération samedi, 23 décembre 2006

Si aujourd’hui, boire et conduire sont deux exercices qui s’excluent l’un l’autre, l’idée n’était pas la même en 1935, car on considérait alors qu’un digestif, c’est fait pour digérer !

Voici un conseil qu’il ne faut plus suivre, évidemment.

 

La Turque 1999 au Royal Monceau vendredi, 22 décembre 2006

Un ami écrivain du vin avec lequel j’aime partager de belles impressions culinaires invite quelques amis avec son épouse au restaurant le Jardin du Royal Monceau. Un banquier et un vigneron vont goûter comme moi les vins apportés par mon ami. Le menu élaboré par le chef Christophe Pelé est d’une grande précision : semoule de brocolis, minute de coques râpées de truffes blanches d’Alba / noix de Saint-jacques dorées, raddichio de trévise, pistou rouge / filet de bœuf Hereford rôti, foie gras poêlé, gnocchi de betterave, parfumé de truffe noire et vinaigre de Pedro Ximenez / fromages / Bûchette noire aux amandes, fondant café, crème glacée au gingembre.

Dans cet hôtel où les décorations variées font un patchwork « à la » Garcia, le restaurant en forme de hutte conique de Samoyèdes supportée par de lourdes hallebardes napoléoniennes est un dépaysement total. On se croit embarqué dans une soucoupe extragalactique. Le champagne Dom Pérignon 1995 est le meilleur moyen pour s’enfoncer avec délices dans les confortables fauteuils. Ce qui est fascinant, c’est la montée en régime de ce champagne généreux. Il est réglé comme un feu d’artifice : on sait que tout ira crescendo. Et la coque va évidemment lui tirer des accents de pur plaisir. Sa trace en bouche, lisible, limpide, est la signature de Dom Pérignon.

Le Puligny Montrachet Domaine Leflaive 2003 a le côté rassurant de tout vin de ce remarquable domaine. On est sur un vin qui ne joue pas sur la puissance. Sa jolie expression, non encore totalement formée, est elle aussi très claire et lisible. Un beau vin de plaisir déjà agréable maintenant.

Après La Landonne 1986 d’hier, comment allais-je ressentir la Côte Rôtie La Turque Guigal 1999 ? Il y a en effet un monde générationnel et gustatif entre les deux vins. On est ici dans la fougue de la jeunesse, avec le clou de girofle, le cassis, et cette brutalité fougueuse. Mais la viande goûteuse apprivoise tout cela. Et je profite d’un vin diablement jeune mais plaisant, à des lieues de la sérénité de La Landonne 1986, mais déjà plein de charme.

J’avais goûté avec mon ami le Banyuls de l’Etoile 75ème anniversaire. Comme l’étiquette montre en très gros le chiffre 75, le reste étant illisible, nous avions fait l’erreur la première fois de croire que c’est 1975. En fait, c’est un assemblage de plusieurs années, qui montre à l’évidence qu’il y a des composantes de plus de 50 ans, qui améliorent la patine de ce vin. C’est absolument sensuel et je suis un passionné des Banyuls. Celui-ci est lourdement alcoolique, et sur la bûche au chocolat, il peut chanter à tue-tête.

Dans un restaurant assez désert puisque l’on est avant Noël, nous avons eu un choix de vins « à la française », du plus agréable plaisir.

Bonnes fêtes de Noël et meilleurs voeux jeudi, 21 décembre 2006

Une idée de fête, c’est ce magnum de Veuve Clicquot rosé 1964 entouré de deux magnifiques aiguières à champagne.

Je souhaite à tous les lecteurs de ce blog et à tous ceux avec qui j’ai partagé de grands vins, de bonnes fêtes de Noël et mes voeux de bonne et heureuse année.

Such a picture gives an image of fine dining and drinking.

I wish all the visitors of this blog, and to all the persons with whom I have shared great wines, a very happy Christmas, and a very successful new year.

difficult to find a wine which has just 100 years !

 

Noël commence très tôt avec La Landonne 1986 jeudi, 21 décembre 2006

Noël donne lieu à des dîners familiaux qui démarrent avant l’heure. Ma fille cadette vient dîner à la maison avec son futur époux. Pour une fois, c’est à moi d’adapter mes vins au programme de ma femme. Sur des toasts au foie gras, nous dégustons Haut-Brion blanc 1979. La couleur a commencé à s’ambrer légèrement. Le nez est distingué. En bouche l’acidité est forte. C’est surtout les agrumes, dont le citron, qui apparaissent. Le vin est évidemment plaisant, mais je reste un peu sur ma faim. Alors que son bouchon est impeccable et son niveau parfait, ce vin me donne l’impression d’avoir vieilli trop vite. Ses agrumes rappellent un peu ceux de l’Yquem 2002. Nous passons à table et le Haut-Brion se met à exister. Sur la coquille Saint-jacques juste poêlée, sur les poireaux saisis à la crème, et sur les racines de cerfeuil. Le vin vibre, trouve une longueur qu’il n’avait pas. C’est un Haut-Brion blanc plutôt sec et discret qui ne marquera pas ma mémoire même s’il fut bon.

Tout cela n’est pas grave, car le vin qui arrive a de la générosité pour deux. Sur des pâtes al dente et un foie gras juste saisi, la Côte Rôtie La Landonne Guigal 1986 est un vin impérial. C’est « le » vin parfait. Il a tout. Sa couleur est intense et dense, son nez est chaleureux et tend les bras. Et en bouche, le velouté est exquis, rehaussé par l’apaisante saveur du foie gras traité en douceur. Ce vin est tellement simple que c’en est presque insolent. Un vin que l’on n’arrêterait pas de boire tant il est extraordinaire. C’est incroyable qu’avec ce vin on ne se pose aucune question. Il est là, il est beau, il affiche une longueur rare, et tout y est intégré, ordonnancé pour donner le plus grand des plaisirs. Quel vin ! Sur le papier, un tel accord ne paraîtrait pas évident. Il le fut car le doucereux et le velouté se combinaient sensuellement.

Pressentant sans doute qu’un liquoreux conclurait le repas, un fromage à pâte bleue bien crémeux arrive sur la table. Le Château d’Yquem 1954 est d’une couleur particulièrement foncée, évoquant un thé fort ou du sucre fondu. Le premier parfum qui s’exprime est celui de l’ananas, suivi d’agrumes et de thé. En bouche, le vin est fort, caramélisé, et les agrumes s’ouvrent quand le vin s’aère. Je sens ce vin un peu fermé, un peu poussiéreux, de faible longueur, mais Yquem étant Yquem, très expressif. Et le coup de baguette magique vient des tranches d’ananas juste poêlées sur une trace de beurre et de vinaigre balsamique, nappées d’un fin coulis de mandarine. Comme si l’on avait réveillé les instincts les plus profonds de l’Yquem il s’est mis à chanter sur l’ananas, et a trouvé une longueur qu’il n’avait pas. Magnifique Yquem qui me semble faire partie des Yquem chauffés de soleil, cueillis tard, aux accents de 1921. L’avant Noël démarre bien.

Veuve Clicquot rosé 1985 mercredi, 20 décembre 2006

Je fais partie d’un des cercles parisiens historiques. Constatant que ma vie me pousse beaucoup vers le Sud, je décide de me retirer. Dans le groupe sympathique dont je fais partie, je vais au déjeuner hebdomadaire où j’étais peu assidu. J’offre à cette belle assemblée Veuve Clicquot rosé 1985. Quel beau champagne. J’avais le souvenir du Veuve Clicquot rosé 1964 que j’avais bu en magnum et qui m’avait fait, comme à mes convives, une impression extrême. Celui-ci est de la même trempe. Une couleur de rose jaune saumon du plus bel effet, une bulle fine, discrète mais active, présente plus en bouche qu’à l’œil, et des évocations de fruits blancs jaunes et verts qui forment un ensemble délicat à la trace longue en bouche. Une salade de fruit est fort opportune et c’est avec les quartiers d’orange oints de sirop que le champagne s’exprime avec le plus de joie.

galerie 1800 mercredi, 20 décembre 2006

Malaga Larios Benefique 1800. Ces bouteilles d’un emballage récent doivent être comme des Soleiras, c’est à dire que le point de départ est de 1800. Mais la part de 1800 doit être symbolique.

The taste of wine depends on circumstances mercredi, 20 décembre 2006

I will talk about some wines which appear with a certain personality, due to the circumstances.

A Swiss magazine is addressed to the owners of a credit card which, as every credit card, is exclusive. This one puts sugar in your coffee, irons your shirts when you travel, and warms your bed when you feel lonely. This magazine felt that talking about me would be justified, and sent me two journalists to write on my love for wine.

Meanwhile, an American living in Alabama travelling through France asked me if we could meet. As the dates coincided, and as the journalists wanted to make pictures of my cellar and of a place where I make my dinners, I found intelligent to say yes to the American and to organise a lunch in a nice restaurant with the journalists and this wine lover.

Everything was planned, and suddenly I had a phone call of the journalist : “our train will be late with two hours”. So, the lunch was compromised.

The Alabama wine amateur phones me and I say : “the lunch is out of date. So, if you buy sandwiches for five, you come to my cellar, and I will open a nice bottle”.

He says yes. So, the journalists arrive and I answer to questions. Then the Alabama man comes and I see a young man, like a school kid, but he is a lawyer, with the look of a kid. He has sandwiches in a bag, and he is accompanied by his lovely girl friend, who proves that the beauty of the world appears to be in Alabama. We go in my cellar, and I answer to questions and I try to make an intelligent face when the photographer makes pictures of me. While talking, I try to figure what I should open. This must be a wine which is already old, but not too old, which can be opened in a cold cellar without appearing tight, and which can be enjoyed without having enough oxygen. As I had recently a nice try with a wine, I chose this one : Chambertin Pierre Damoy 1961.

The wine is gentle enough to appear nice even just after opening in a cold atmosphere. And it was a delight with the sandwiches. We talked and I said that my real collection of Yquem was not in this cellar. But Jonathan had seen some Yquem in different places. And he said at one moment : “I have never drunk any Yquem”. And the journalist said : “me too”.  Was it an appeal ? I did not say anything, but I wandered in the cellar. I saw halves of Yquem 2002. How is it possible that I bought this year, I do not know, but they were there. So, I opened the Yquem 2002. It was my first try.

I must say that everyone is able to say what he thinks about this wine. This is obviously not a powerful Yquem. It will not live as a sugared Yquem and I suspect that it will be dry soon. But it has charm, when one does not expect a bomb. The tropical fruits that are exposed pleased me. It is an Yquem to love for what it is, and not for the image that everyone would love to find in an Yquem. So, I would easily accept this Yquem in its youth. And I enjoyed it. My guests appreciated it, and we finished this stay in my cellar in an excellent mood.

Now, the readers of this credit card magazine will know that if they can reserve a theatre on the moon, they can also dine with me “in live !”.

I am a man who knows that he has messages on his cell phone, but finds vulgar to check which messages are recorded. So, as I was supposed to attend a tasting of the wines of Marcel Deiss, the talented Alsatian producer, I arrived in the Caves Legrand, with a smile on my face, and had this welcome : “the tasting is cancelled, why didn’t you check your messages”. I was frustrated as all my planning was organised by integrating this event and I was there as an idiot.

And I saw that someone was proposing to taste Chateau de Myrat Sauternes 2003. Robert Parker is used to give sometimes some tips. If I may give a tip to the eBob members, I would say : buy this wine. This wine is the opposite of Yquem 2002. In the Myrat, the grapes are overripe, the sun has played an enormous role, and this wine makes me think of Lafaurie Peyraguey 1961, burnt by the sun.

This Myrat is already charming, drinkable, and gives a great pleasure. I recommend it as a bargain. I had interesting talks with the owner as I was the owner who presented his wine. A charming man.

The day after, I attended one of the weekly meetings of some members of a famous club in Paris. I never attend this meeting, so I decided that I should retire from this famous club, as my fees, divided by the number of meals that I attend there, make the meal at an astronomic price. So, I attend the lunch, and a friend of mine is proud to say that today, it is his 45th birthday.

At the end of the lunch, I say to the president, “would you allow me to offer some champagne”. The president says yes, and my friend asks to talk and says : “I must say that I appreciate the generosity of François who wants to offer champagne for my 45th birthday”.

I ask for champagne, and two bottles of Veuve Clicquot rosé 1985 arrive on the table. Some friends say “wow”, and then I ask to talk and I say : “ of course, it is for the birthday of my friend, but it is also to thank all of you for their friendship, as I intend to leave this club as I do not attend enough our meetings”.

This champagne is absolutely exciting. I had already a magnum of Veuve Clicquot rosé 1964 which was stupendous, but this one belongs to this extreme quality. The colour is orange yellow pink of a particular refinement, the bubbles are very fine, and the wine prints in the mouth the greatest distinction. It is really a great rosé, among the greatest.

So, in three occasions, a wine is not only a wine, it is a wine in an atmosphere which gives to the wine a specific personality.