Michel Chasseuil signe son livremardi, 18 mai 2010

Michel Chasseuil signe son livre au siège d’Artcurial, dans un immeuble magnifique au rond point des Champs-Élysées qui appartient à la famille Dassault avec laquelle Michel a été lié pendant une grande partie de sa carrière. L’éditeur est Jacques Glénat, grand collectionneur de vins, que j’ai connu lorsque Alexandre de Lur Saluces réunissait les amis d’Yquem. Jacques étant grand amateur de vins, nous sommes traités au Champagne Krug Grande Cuvée, qui se boit avec grand plaisir. Je reconnais beaucoup de personnes du monde du vin, dont Michel Chapoutier et Michel Bettane. J’achète le livre de Michel Chasseuil et je reconnais avec plaisir une de mes bouteilles, un Chypre 1845, que Michel Chasseuil, chasseur tenace de raretés, m’avait persuadé de lui céder contre un de ses vins de paille Bouvret 1893.

L’assistance est nombreuse et une collaboratrice charmante de Jacques m’indique que je suis invité au dîner qui va suivre au restaurant Laurent. Nous nous y retrouvons une dizaine, dont Jacques Glénat, son fils et deux de ses bras droits, Michel Chasseuil et son fils, Laurent Dassault, Michel Bettane, Michel Chapoutier et moi.. Le menu est excellent : saumon sauvage mi-cuit, macédoine de légumes en gelée citronnée / carré et selle d’agneau de lait des Pyrénées, petites poivrades farcies / Saint-nectaire / gaufrette fourrée à la crème de lait d’amandes et fraises des bois.

Le Krug Grande Cuvée continue de nous mettre en bouche. Le Meursault Hospices de Beaune Cuvée de Baherze de Lanlay Joseph Drouhin 1998 est très évolué. Et c’est amusant de voir cette docte assemblée rejeter à hauts cris ce vin trop évolué, alors qu’une heure après, le vin a retrouvé une sérénité agréable. Le Saint-Joseph blanc Les Granits Chapoutier 2006 me semble botrytisé et Michel me dit qu’il l’est à peine. En fait, c’est la Roussane qui donne une impression de fumé et de liqueur de dosage, qui confère à ce blanc jeune une forte densité. Ce vin assez atypique est trop jeune pour moi.

C’est avec L’Ermite Ermitage Chapoutier 2005 que je prends le plus de plaisir. Car ce vin frais, servi à température idéale, est d’une rare élégance. S’il faut boire des vins jeunes, alors, que ce soit celui-là. Le Château Mouton Rothschild 1994 a un nez discret. On sent qu’il a une belle charpente, mais après l’Ermitage, il lui est impossible de briller.

Pour faire échange avec mon vin de Chypre, Michel Chasseuil m’avait tellement dit que son Vin de Paille Bouvret 1893 écrasait les Yquem 1937 que j’avais fini par céder. Celui qui nous buvons est intéressant, évoquant la mangue, l’abricot, avec une grande faiblesse alcoolique et très peu de complexité que si je comprends l’intérêt de la curiosité, je ne comprends pas qu’on puisse comparer à Yquem qui a cent longueurs d’avance en termes de complexité. Le vin est toutefois charmant, doux, tendre, excitant car nul n’a de repères. Mais de là à le déifier, il y a de la marge.

Lors de la présentation à table Jacques Glénat qui avait placé Michel Chasseuil et moi côte à côte nous a présentés comme deux antipodes, celui qui conserve les vins et celui qui les boit. Mais lors de son court speech, Michel Chasseuil a indiqué qu’il avait l’intention de céder sa cave à une fondation qui chaque année ferait un repas d’anthologie, dont les bénéfices iraient à des œuvres d’utilité publique. Si c’est cela, et Michel Bettane m’a dit que l’homme irait jusqu’au bout, son acharnement à constituer une des plus belles caves au monde mérite le respect.