Grand Tasting au delà des Master Classvendredi, 10 décembre 2010

Au-delà des Master Class, le Grand Tasting offre la possibilité de participer à des expériences de cuisine et de vins. J’y suis allé entre deux classes. Xavier Thunet a présenté de magnifiques fromages avec des accords judicieux dont un m’a interloqué. Associer un vin rosé du Château Roubine, Côtes de Provence rosé 2009 à un roquefort est particulièrement osé et contre toute attente, ça marche avec une légèreté judicieuse.

Dans un autre atelier le chef Jean-Jacques Daumy a présenté une délicieuse crème de lentilles aux truffes qui a fait exploser de joie un Château Bourgneuf-Vayron Pomerol 2008. Un autre accord de belle intelligence s’est trouvé entre une tartelette au combawa de la pâtisserie Hugo et Victor avec un Vouvray du domaine de la Taille aux Loups 2009. L’accord est frais, jouant sur les acidités légères de la crème pâtissière et du vin. J’ai retrouvé avec plaisir Hugues Pouget, que j’ai connu pâtissier chez Guy Savoy et qui a réalisé des desserts merveilleux pour mes vins.

Comme si les Master Class et les ateliers gourmands n’avaient pas suffi, je me suis promené de stand en stand, sans but précis, car acheter les vins actuels n’est pas dans mon programme. J’ai préféré saluer des domaines que je connais et où j’ai des amis. Nicolas Henriot étant présent, j’ai goûté les beaujolais de la Villa Ponciago, dont un Fleurie 2006 au juteux réjouissant, un autre beaujolais riche splendide, plein, grand beaujolais de garde, et un vin qui n’est pas commercialisé, "le livre de messe", car sa parcelle a la forme d’un livre ouvert. Ce vin est sacrément bon, juteux, joyeux et confondant de générosité. Un futur trésor de cave.

Le Château Gilette 1989 est le dernier commercialisé de cette maison qui est la dernière à offrir chaque millésime. C’est un très beau sauternes encore jeune, plus jeune que ses pairs. Déjà riche et élégant, il promet d’être grand.

Le Château Palmer 1996 m’a été servi trop chaud. Mais on sent que c’est un vin de très belle construction, racé et déjà prêt à être bu.

Le Château Raymond Lafon 2005 est d’une maison que j’apprécie beaucoup. Il est agréable et sans prétention, ce qui ne veut pas dire sans qualité, et joli à boire dès maintenant.

Au stand de William Fèvre, le Chablis Grand cru Les Clos William Fèvre 2005 est un joli modèle de superbe chablis.

Chez Charles Heidsieck le Champagne Charles Heidsieck Blanc des Millénaires 1995 est un très beau champagne de très forte personnalité. Je l’avais bu au Carré des Feuillants la veille du Grand Tasting et il confirme. Le Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1990 est d’un très grand épanouissement. J’adore son style. Le Champagne Cristal Roederer 2004 est encore bien jeune mais bien fait.

Le champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill 1999 est superbe et tout à fait à mon goût. Le Champagne Comtes de Champagne Taittinger 1999 est brillant, rond et joyeux. Le Champagne Veuve Clicquot Cuvée Privée 1990 est très orthodoxe et bien dessiné. On peut dire qu’il était possible de goûter un nombre de champagnes d’exception assez impressionnant.

J’ai sympathisé avec un sympathique vigneron qui fait La Croix Saint Jean Minervois dont j’ai goûté les 2008, 2006 et 2004. De trois expressions très différentes, ces vins sont en recherche d’excellence et cela m’a bien plu.

Au stand de Mas Amiel j’ai goûté le Maury Mas Amiel 1969 qui est magnifique et nettement meilleur que le Maury 1929 que j’ai présenté aux élèves de Sciences Po lors de la présentation de Climens par Bérénice Lurton.

Croisant Pierre-Emmanuel Taittinger au hasard d’une allée, il m’a fait goûter des vins de Savoie dont il est propriétaire. J’y ai retrouvé l’élégance raffinée que j’avais décelée dans ses champagnes rosés.

Le Grand Tasting permet, selon mon analyse, d’aborder des grands vins de trois façons. Soit dans des Master Class où ce sont les vignerons eux-mêmes qui présentent leurs vins avec une rare générosité, soit dans des ateliers culinaires où des accords vibrants et intelligents sont proposés, soit aux stands où la disponibilité des uns et des autres permet de mieux approcher un producteur ou une région. Au bout de deux jours, j’étais épuisé, mais j’avais participé à un grand moment de partage de la connaissance du vin.