Deux repas avec mon fils mais en France cette foissamedi, 7 mars 2020

Par les hasards du calendrier, mon fils revient à Paris juste deux jours après l’avons quitté à Miami. Le premier soir, nous sommes encore marqués par le décalage horaire, aussi le dîner est-il frugal et sans vin. Le second dîner s’inscrit dans la ligne des agapes traditionnelles car j’ouvre un Champagne Veuve Clicquot Ponsardin Carte Or 1982. Le bouchon est superbe et a bien joué son rôle car le pschitt existe, discret mais présent. La couleur du champagne est d’un or blond très joli comme l’or de la capsule du bouchon.

Ayant la bouche non préparée par de la nourriture je ressens une petite acidité, mais dès que nous commençons à manger du foie gras, le champagne s’installe dans une zone de plaisir. Il est fort d’un fruit jaune puissant. Il est glorieux, équilibré, ouvert au dialogue. C’est un champagne très différent des Salon ou Krug, plus champagne qu’eux. J’aime beaucoup son équilibre et sa longueur.

Comme il a été terminé assez rapidement je suis allé chercher un champagne curieux qui m’intriguait car j’avais oublié d’où il venait. Il m’aurait suffi de lire l’étiquette pour comprendre. Le Champagne Delaboss Brut 2011 est élaboré par Paul Louis Martin à Bouzy. La bouteille noire montre un puma fortement musclé et une fleur de lys stylisée qui me rappelle les fleurs de lys du restaurant l’Ecu de France. Car Peter Delaboss est le chef cuisinier de ce restaurant, qui a décidé de créer un champagne à son nom. Evidemment, c’est assez difficile pour ce champagne de passer après le Veuve Clicquot, mais il est suffisamment franc et de bonne soif pour qu’on le boive agréablement. Il en restera pour le lendemain.

Le lendemain ma femme a prévu des tagliatelles et des petits morceaux de filets de poulets cuits à la crème sur l’instant. Je cherche en cave un vin rouge et je vois des bouteilles emballées dans de fines feuilles de papier, légères et de couleur mauve. C’est assez difficile à ouvrir sans déchirer ces fines feuilles. J’ouvre une bouteille et je vois que le bouchon est très descendu. Il tient encore au bouchon mais à peine.

Une fois remontée, je décapsule cette bouteille et à peine ai-je pointé mon tirebouchon que le bouchon tombe. Il faut carafer et l’odeur du vin est particulièrement désagréable. Ce Vieux Château Certan 1967 est mort.

En cave je prends une deuxième bouteille. Le bouchon est à sa place et le niveau est excellent. Le bouchon très sain vient sans problème. Le parfum du vin est peu marqué et la bouche est très fraîche. Mon fils doit trouver à l’aveugle et il annonce pomerol, ce qui est bien et une année entre 1980 et 1985. Il a raison dans son estimation car ce 1967 qui dépasse la cinquantaine est d’une belle jeunesse. Il a un goût de truffe très intense, une trame très dense, mais il sait aussi apporter de la légèreté. C’est un très beau vin, loin des années superbes comme 1964 ou 1955, mais très agréable à déguster.

Le Champagne Delaboss 2011 s’est montré agréable, simple et franc. Le repas s’est conclu sur les pâtisseries meringuées aux pépites de chocolat rendues célèbres dans le film « qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ». Nous rions de choses simples…