Derniers champagnes avec notre amie américainevendredi, 25 août 2017

C’est le dernier soir de Sarah dans notre maison du sud. J’ai envie d’ouvrir un champagne que j’aime tout particulièrement, le Champagne Dom Pérignon 1982. Cette année est particulièrement romantique et délicate pour beaucoup de maisons de champagne. Pour Dom Pérignon c’est une délicatesse. Le bouchon vient facilement et c’est incroyable comme il est incliné à sa base, comme un béret basque mis de travers. Il me faut vite sentir pour savoir si le champagne en est affecté. La couleur est plus ambrée que ce que j’attendais et le parfum est totalement pur. Le vin n’a pas souffert. Dès la première gorgée, encore froide, on est conquis par le discours galant de ce champagne raffiné. Il y a des fruits jaunes, une acidité discrète une vivacité contrôlée, mais c’est surtout la complexité qui est entrainante. Comme pour les précédents apéritifs la poutargue, le saucisson de porc et sanglier, les petites sardines, les tranches de bonite à l’huile d’olive conviennent parfaitement. Il reste un peu de foie gras qui s’accorde aussi, le gagnant comme précédemment étant le saucisson. Plus le champagne se réchauffe et plus il est chaleureux. On se sent bien avec ce champagne qui ne cherche pas à nous épater, mais seulement à nous faire plaisir.

Quel champagne pourrait suivre celui-ci ? J’avais une petite idée mais au détour d’une conversation j’apprends que Sarah est de 1973. L’occasion est trop belle de faire suivre le 1982 par un Champagne Dom Pérignon 1973. Je dis à Sarah : « je parie que le bouchon se brisera en deux ». Il se trouve que les deux fois récentes où j’ai ouvert ce 1973, le bouchon s’est cassé. Malgré toutes mes précautions et mes gestes lents, le bouchon de celui-ci se brise aussi montrant que la tranche de liège qui est juste au-dessus de la tranche inférieure qui est au contact du vin, est d’un liège manquant de consistance, qui s’est chaque fois cisaillé. Et pourtant le haut du bouchon m’avait donné bon espoir. Je lève avec mon tirebouchon le reste du bouchon et le pschitt est extrêmement net, puissant. Je verse le champagne et oh surprise, il est beaucoup plus clair que le 1982. Son nez très pur est semblable à celui du 1982. Froid, il fait plus jeune que le 1982.

Nous avions gardé un fond de verre du 1982 pour pouvoir comparer et ce qui frappe avec une évidence confondante, c’est que les deux champagnes ont le même goût. Tout en eux est identique, avec un ADN commun. Au début de la comparaison, le 1973 plus frais paraît plus vif que le 1982 plus chaud. Les deux se rejoignent rapidement et force est de constater en fin de dégustation que le 1982 a une ampleur plus vaste et généreuse que le 1973, mais les deux se tiennent dans un mouchoir de poche.

Ma femme avait prévu des saucisses parfumées aux herbes et épicées ainsi que des pommes de terre passées au four. Amis gastronomes ne lisez plus la suite. Il restait un peu de camembert Jort, l’ami des champagnes. J’ai mis un peu du Jort sur une tranche de pomme de terre. L’accord avec le champagne est divin.

Avec Sarah nous avons partagé des champagnes que j’aime. Son séjour fut court mais nous a permis de boire de grands vins.

l’étonnant bouchon comprimé de façon irrégulière

la couleur du 1982

les pommes de terre et l’essai avec le camembert Jort. Délicieux !