Archives de catégorie : vins et vignerons

Le Château d’Yquem lundi, 16 avril 2007

La plus belle façade du château, vers l’est, chargée d’une forte émotion à mes yeux. Les chais et les bureaux administratifs.

La cour intérieure carrée du château avec le puits en plein centre et la porte d’entrée sur la façade ouest.

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Une meurtrière de forme très irrégulière montre le caractère militaire du château. On voit l’un des plus beaux pins de la façade ouest. A travers une meurtrière de la tour nord ouest, une vue sur la façade ouest et la tour sud ouest.

La façade nord, vue de la tour du nord ouest, et les vignes descendant sur des pentes harmonieuses vers la Garonne.

Le grand salon jaune qui ne sera pas utilisé aujourd’hui.

La cheminée du salon lambrissé du château située en sud est. De part et d’autre, les portraits d’ancêtres très anciens de la famille Sauvage – Lur Saluces.

 

Club des Professionnels du Vin lundi, 2 avril 2007

Le Club des Professionnels du Vin est un rendez-vous semestriel incontournable. Au Pavillon Dauphine, des vignerons de qualité font goûter leurs vins à la presse, aux sommeliers, aux cavistes et à tous professionnels du vin. C’est l’occasion pour moi de rencontrer des vignerons que j’apprécie. Denis Garret, nouveau directeur de cette organisation et fidèle de l’académie des vins anciens a invité beaucoup d’académiciens que je retrouve avec plaisir. Etre accueilli au premier stand par Dom Ruinart, cela donne le ton de la manifestation. Alors que d’habitude je butine, serrant des mains et bavardant comme le ferait un candidat à la présidentielle, je passe un peu plus de temps aujourd’hui à explorer des vins.

Le Champagne Alfred Gratien cuvée Paradis dégage une légèreté en bouche qui est extrêmement convaincante. L’intemporelle champagne 2002 de Mailly a une densité qui m’enchante. Les champagnes Bonnaire dont le Champagne Bonnaire « boisé » que l’on goûtera à déjeuner sont aussi plaisants et typés.

Philippe Blanck me fait goûter ses Riesling Sclossberg Paul Blanck 2002 et 2004 et je suis conquis par la qualité de ses vins chaleureux comme l’homme l’est. Le Chassagne Montrachet Louis Jadot 2004 est vraiment typé Chassagne, dans la ligne des extraordinaires blancs de cette maison. Sourire au lèvres, Alphonse Mellot évoque la mémorable soirée que nous avions passée ensemble autour d’une cuisine alsacienne chez un ami, et je goûte Génération XIX Alphonse Mellot 2005 Sancerre ainsi que d’autres de ses grands vins, qui montrent que le Sancerre peut aller à des niveaux de précision élevés.

Je trouve avec amusement que l’on expose un Château de Ricaud Premières Côtes de Bordeaux dont l’étiquette porte le même château que celui de l’étiquette du Loupiac 1924 de Ricaud qui a brillé à l’académie des vins anciens.

De sympathiques et joyeux vignerons m’accueillent pour faire goûter un Nuits Saint-Georges « aux perdrix » quasi monopole Devillard 2004 et un Mercurey Château de Chamirey Devillard 2004 en blanc et en rouge qui donnent raison à l’adage voulant que les vins ressemblent à ceux qui les ont faits. Ces souriants et dynamiques vignerons ont fait des merveilles.

Au déjeuner prévu pour la presse un magnum de Moët & Chandon 1973 est d’un nez et d’un charme parfaits, encore supérieurs à ceux de la même bouteille dans le même format qui fut présenté à l’académie des vins anciens. Je retrouve Pierre Narboni propriétaire du Château Peyrat-Fourton en Haut-Médoc, qui me fit l’honneur d’assister à une récente séance de l’académie.

Le petit coup de cœur de tous les vins servis à profusion, c’est le vin d’Arbois 1996 en magnum des domaines Rolet, d’une persistance aromatique inimitable.

Denis Garret avait retenu à dîner plusieurs vignerons à la générosité incroyable. Etre accueilli par un magnum de champagne de Venoge 1978, ça marque. Car ce champagne subtil, léger, porte bien son âge de façon fringante. Un Chablis Brocard 2002 en magnum calme toutes les soifs.

Souvenir, souvenir, je bois avec émotion un Côtes de Roussillon Village Cazes en double magnum 1989, car j’ai fait plusieurs dîners professionnels avec ce même vin dans la même année et le même format, dans mon passé industriel. Un Rivesaltes Arnaud de Villeneuve 1982 ambré me rappelle les talents de cette belle région et un magnifique armagnac Folle blanche Boignières 1980 commenté au débotté avec talent par un sommelier présent aurait pu être la plus brillante des conclusions si l’on ne m’avait tendu, au moment où je voulais m’éclipser, une coupe de Dom Pérignon 1999. Il est des départs plus tristes.

Ce salon fort compétent et sérieux rassemble de grands vignerons. Si on lui ajoute cette convivialité, c’est une réussite de plus. Cerise sur le gâteau, j’ai revu avec bonheur deux très grands sommeliers avec qui j’apprécie de déguster, Dominique Laporte, meilleur sommelier de France 2004 et MOF 2004 (meilleur ouvrier de France), qui m’a aidé lors de dîners de wine-dinners de sa compétence, et Andreas Larsson, meilleur sommelier d’Europe 2004, qui prépare le concours de meilleur sommelier du monde, avec lequel j’avais participé à un jury de champagnes et à de grandes dégustations. Etant assis face à face, nous nous sommes amusés à boire ensemble quelques vins à l’aveugle. Que cet ami si titré annonce un Hermitage 1991 pour un Crozes Hermitage 2005 montre à quel point la science du vin n’est pas une science exacte. Longue vie à ce salon qui se tiendra à Paris à nouveau le 15 octobre.

salon des vignerons indépendants lundi, 26 mars 2007

C’est à la Porte Champerret, sur trois jours.

Je reviens du salon, et c’est extrêmement plaisant.
Il y a des centaines de vignerons, et l’on voit bien que des stands sont très sollicités pendant que d’autres se morfondent.
Il y a suffisamment de beaux domaines pour satisfaire la curiosité de chacun.
Je suis surtout passé pour dire un petit bonjour à des gens que j’apprécie :
– Bernard Cazes au Rivesaltes Cazes
– Paule de Volontat à la Coume du Roy en Maury toujours aussi charmante
– Olivier Decelle à Mas Amiel (pas là, mais j’ai vu ses équipes)
– les gentils propriétaires de Caillou à Barsac
– la famille Médeville propriétaire de Gilette (sans doute le vin le plus prestigieux du salon) et de Justices, dont la qualité mérite d’être connue
– le domaine Tissot
– Philippe Chatillon au Domaine de la Pinte
– René Monbouché à Theulet Marsalet en Monbazillac (son 2003, c’est de la bombe)
– Cauhapé avec sa quintessence de petit Menseng (absolument délicieux, même si ça fait boum boum)
– et l’incontournable Dupasquier où, comme les fauves qui se retrouvent au point d’eau, j’ai retrouvé deux autres amateurs de mes relations pour goûter Altesse et Marestel 2004 (et je dois dire que j’ai aimé les deux, même si le Marestel est plus taillé pour la garde).

J’ai goûté Chateau Tournefeuille 2004 que j’ai trouvé intéressant.
Et chez Tissot on m’a fait goûter un rosé de saignée 2003 que j’ai trouvé assez bluffant (dans sa catégorie)
J’ai goûté le Chateau Jean Faure 2004 St Emilion que vient de racheter Olivier Decelle. C’est un peu simple, mais ça va progresser.
J’ai goûté le Chateauneuf-du-Pape Janasse Vieilles Vignes 2005 très boisé, mais qui va faire un grand vin.

Mon seul achat, car je n’étais pas venu pour acheter : un cognac extrêmement vieux, mélange de 1929 et 1947, de la maison Estève. Achat impulsif, car j’ai déjà trop d’alcool. Mais c’est sacrément bon.

Un ami m’a fait goûter les vins d’un domaine d’Alsace qui est remarquable et que je ne connaissais pas, Stentz Buecher. Le pinot blanc 2002 vieilles vignes est extrêmement intense et me plait plus que le Gewurz SGN 2001 qui, même bien fait, ressemble beaucoup à d’autres.

Il y avait donc de quoi satisfaire tous les palais dans ce salon très riche en possibilités de découvertes. Car je n’ai effleuré qu’une infime partie de ce qui était visitable.

Graves Royal Sec lundi, 19 mars 2007

Le vin de 1912 que nous boirons à Yquem est un "grand vin de château d’Yquem", et sur la capsule est marqué : "Graves Royal Sec", exactement comme sur cette étiquette d’un vin de la même période.

Enigme à creuser …

une bien délicate attention samedi, 17 mars 2007

Lors de la visite du Chateau Pichon Longueville Comtesse de Lalande, nous errons dans les différents sites où sont exposées de belles bouteilles. Un des conférenciers de la veille me dit : "j’ai vu votre nom dans une vitrine". Et je constate avec un infini plaisir que le Maury La Coume du Roy 1925 que j’avais offert à May Eliane de Lencquesaing pour ses 80 ans, car c’est un vin de son année, a été bu en famille, puisque figurent sur l’étiquette de nombreuses signatures. l’avoir rappelé ainsi est une attention fort délicate.

conférences (jour 3) au Chateau de Pichon Comtesse samedi, 17 mars 2007

Pour le troisième jour du colloque nous sommes accueillis par May Eliane de Lencquesaing au château de Pichon Longueville Comtesse de Lalande. Elle avait poussé la gentillesse de suivre les conférences des deux premiers jours et m’avait fait l’honneur de m’expliquer, en aparté amical, les raisons de la vente de son domaine aux propriétaires des champagnes Roederer. Elle va continuer avec son dynamisme à gérer avec Gildas d’Ollone son domaine et à diriger son musée du verre, qui est le prétexte de notre présence. De brillantes conférences donnent des indications sur les caves des riches bourgeois des 18ème et 19ème siècles à Bordeaux et Paris. Je constate que comme dans ma cave la part des vins doux de Chypre, se Sicile, du Cap et autre contrées est fort significative. Il s’agissait donc de caves éclectiques. Le colloque se termine dans la joie, par un buffet debout, après la visite du musée, sur un Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1993 servi en magnum, vin d’une petite année qui a maintenant acquis un bel équilibre et une éloquente intégration qui modifient sensiblement l’analyse de ce millésime, car on le boit avec plaisir.

J’ai rencontré des gens charmants, comme ce spécialiste en radioactivité qui ausculte les bouteilles antiques pour les authentifier, comme tous ces universitaires, chercheurs, professeurs, recteurs, directeurs, ravis de parler avec d’autres qu’eux-mêmes. Grâce à la générosité des sponsors, dont Yquem et Pichon Comtesse, nous avons été royalement traités. Un soleil printanier comme il n’en existe qu’à Bordeaux a mis la touche complémentaire pour faire de ce court séjour studieux un souvenir durable.

Yquem for beginners – cellars of rich people in the 18th century samedi, 17 mars 2007

Yquem for beginners – cellars of rich people in the 18th century

There was a conference held in Bordeaux University whose subject was “usage of glass for wine from the 17th century to the 21st century”.

Some 40 speakers talked for three days in two groups and made very interesting contributions. I was one of them and I talked about the “restoration of the patrimony of very old wines with the help of gastronomy”. The speakers and attendants were mainly people from University and it was interesting to see how the knowledge of some speakers was intellectual, with few base on reality. But I have learnt a lot and I would like to pick some brief comments on what I have learnt.

The bottle for wine for storage appeared only in 1690. Previously the bottles were only used to pour the wine taken from barrels in the cellars.

The cellars were mainly constituted of barrels and bottles in cellars appeared really at the middle of the first half of the 19th century. And even then, the inventories of cellars which were made mentioned : 60 bottles of wine from Beaune, or 80 bottles of Meursault, or 40 bottles of Lafite. No indication of years and no indication of domain for the Burgundies. Two studies concerned thousands and thousands of inventories computed, and when I heard that the richest cellar in Bordeaux in 1820 had 4,000 bottles, I thought I would have been an emperor (private joke).

What is interesting is that people had an extremely significant number of sweet wines coming from many origins : Cyprus, South Africa, Syracuse, Madeira, Canaries Islands, Alicante, Portugal, Hungary. So, the common knowledge that the wine went where the natural transportation was cheaper (Bordeaux goes to London and Flemish regions, Burgundy goes to Paris, and Wallonia regions), could have hidden the fact that some precious wines travelled where people could afford them. In this respect, it is very significant for me that I have had the same process as my cellar has a very huge volume of sweet wines of every world region, contrarily to red and whites for which France is 95% of my wines. My collection of Cyprus wines from the first half of the 19th century is very similar to what happened then.

What is also interesting for me is that before 1850 no one cared about keeping wines for a long storage. This is due to the fact that people stored mainly barrels (small ones from various sizes). So, I can imagine that the one who had barrels of Lafite, served the barrel in service, and did not vary the millesimes for varied dinners. And it tells me too that labels with years were completely unusual. So labels for wines before 1850 have surely been made afterwards. And for me it is very sound news, as I have some very old bottles with handwritten labels. It is certainly truer than labels printed one century later.

Another remark is if people have only constituted cellars with vintages to age after 1850, I am completely in time with them, I am not late, as my cellar covers all these years. That makes me happy. But of course I learned many things that I do not relate to my case.

One very amusing detail. I was very proud to have experienced how champagne and oysters work so well together. One speaker talked about the representation of glasses and bottles in paintings of the 17th century. And one painting made in 1720 shows rich people drinking champagne (put in ice) and eating oysters (stored on a bed of ice). This shows that wisdom was already extreme at that time.

Just an information for some huge wine geeks : on the painting they are 6 people at the table, and on the floor there are already 23 empty bottles of champagne. And for the serious eaters, there are hundreds and hundreds oysters all around. People knew how to behave at that time. We have invented nothing.

Many other contributions and speeches were passionating. As such an international event (speakers from Austria, Portugal, Poland, Germany,…) required sponsoring, we had the advantage that Yquem offered a dinner for the speakers in the castle, and that May Eliane de Lencquesaing offered a visit of her museum of glass and a party.

In Chateau d’Yquem, for some people working for the University, it was a dream to be there for the first time. At my table of ten, five people had never drunk Yquem. So, I became for once the teacher, to explain how it is possible to enjoy better Yquem for the first time. I made many suggestions, and people appreciated a lot better their discovery.

We had a champagne Veuve Clicquot rosé NV which was necessary after so many intellectual efforts, and at the tables organised in the great sitting room of the castle, we had Y 2000 which I found better than previous tries, as it has expanded and gained width. We had Yquem 2002 which pleased a lot as it is a bunch of flowers and tropical fruits. Of course it is new and it is not one of the icons of Yquem, but I liked it. I showed to my partners of table that it worked magnificently with the meat sauce (made of a soft red wine !). The Yquem 1996 is in a very uncomfortable phase, exactly as the 1986 was ten years ago. Closed, torrefied, it had not great charm.

I made an experiment with my lovely neighbour : we had ordered a vervain. And with it, the 2002 was oriented towards tastes of tea and gained a wonderful length. On the contrary, the 1996 reacted as crunched paper.

Despite the sponsoring of LVMH we had “only” a XO Hennessy not very convincing.

We went by May Eliane de Lencquesaing about whom I will make a pleasant comment. She attended every conference, even if she was not obliged to, and we sat together. At a pause, she told me : “you must have been surprised by the sale of Pichon”. I said yes. “Why did not you call me?” I said “I did not want to bother you”. She said that I should have done, and very freely and openly she explained many details including some very personal. When we visited her museum, and the other rooms where glass is shown, one attendee told me : “your name is there”. I looked, and I saw a bottle that I had offered to May Eliane for her 80th birthday. It was a Maury 1925 from her birth year, and the empty bottle was there, signed by all her grandchildren, so drunk in family, and there was a mention of my name. I found that particularly friendly and emotional.

May Eliane, whose dynamism seems super natural, talked about her collection of glasses. She offered us Bernadotte 1999 that I did not drink as there was Pichon Comtesse 1993 in magnum that I found absolutely charming as this weak year has sufficiently expanded to deliver a charming message.

I have spent three nice days, talked with very expert people whose subjects of research were interesting. The possibility to visit once again Yquem and Pichon did the rest. I was happy.

conférences à l’université (jour 2) et dîner à Yquem vendredi, 16 mars 2007

Des conférences passionnantes sur l’histoire du vin et de son contenant se succèdent pendant toute la seconde journée et le point culminant fort attendu, c’est le dîner au château d’Yquem. Au soleil couchant, nous nous promenons autour de ce château emblématique, puis nous visitons les chais, guidés par les explications très claires de Francis Mayeur.

L’apéritif au château est un champagne Veuve Clicquot rosé non millésimé. Il tombe à point nommé après cette journée studieuse. Il y a quelques habitués d’Yquem, qui étudient l’histoire du vin et des vignobles mais aussi beaucoup de nouveaux, qui vont boire ce soir leur premier Yquem. Six belles tables ont été installées dans le grand salon du château, et à la mienne, je vais expliquer à mes voisins novices comment profiter de cette première expérience.

Le menu conçu par Marc Demund, qui avait cuisiné l’année dernière pour le dîner que j’avais organisé à Yquem autour d’Yquem 1861 avec l’amical soutien de Pierre Lurton, est le suivant : noix de Saint-jacques rôties aux pistaches et jus de betterave / mignon de veau aux pétales de roses confits / fromages / blanc-manger aux pommes vertes et cristallines. Nous commençons par « Y » d’Yquem 2000 au nez très riche, auquel l’âge commence à apporter une belle ampleur. Sa complexité est bien agencée. Il est agréablement joyeux en bouche.

Le Château d’Yquem 2002 se place d’emblée à un niveau supérieur au souvenir et à l’image que j’en avais. Le nez est intense, de coing, d’ananas et d’agrume. En bouche, c’est comme un bouquet de fleurs et de fruits qui vous tend les bras. Je suggère à mes compagnons de table de prendre un peu de sauce seule sur le plat du couteau pour constater que l’accord se fait merveilleusement bien entre la sauce du mignon de veau et ce délicat Yquem. Le Château d’Yquem 1996 est coincé, fermé, comme cuit ou torréfié et me rappelle le 1986 qui était il y a dix ans dans cette même phase transitoire ingrate. Le 1996 s’associe bien au roquefort malgré une force excessive du fromage. Le dessert au coulis trop sucré ne lui convient pas. Je fais avec ma voisine une constatation fort intéressante : sur une infusion de verveine assez légère, l’Yquem 2002 prend des accents de thé et conserve une très belle longueur. Le Yquem 1996 sur la même infusion se coince, refuse la cohabitation et devient comme du papier mâché, ce qui corrobore son passage par une période ingrate. Le Cognac XO Hennessy est pâle (je suis sans doute devenu exigeant), ce qui conduit à en user avec modération.

colloque sur le verre et le vin à Bordeaux vendredi, 16 mars 2007

Après ce petit encas, départ pour Bordeaux où se tient un colloque sous l’égide de la Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine dont le sujet est : « le verre et le vin de la cave à la table du 17ème siècle à nos jours ». Après une nuit champêtre à l’hôtel du Château d’Arche, c’est un brouillard fort sympathique qui nous tend ses bras, lui qui va contribuer à créer la magie du vin de sauternes. J’arrive au château d’Yquem, pour déposer les vins d’un futur dîner qui aura lieu dans ce lieu si cher à mon cœur qu’il figure sur la première photo de mon blog. Avec Sandrine Garbay, maître de chais, je vérifie que le voyage n’a pas endommagé ces vins d’âge canonique puisque cinq d’entre eux sont d’avant la fin de la première guerre mondiale.

J’arrive dans le campus universitaire de Pessac. Les vignes ne sont pas bien loin. Après un repas symbolique dans une cafétéria universitaire, je fais un exposé sur le patrimoine des vins anciens  et sa mise en valeur par la gastronomie. Cet exposé s’inscrit dans un programme où la part belle est faite aux universitaires, hommes de thèses, au grand savoir. Mais le savoir encyclopédique, aidé de plus en plus par les bases de données internet, manque parfois de vécu. Les sujets sont passionnants, et j’apprends beaucoup sur l’histoire des contenants et contenus. Nous nous rendons au Comité Interprofessionnel des Vins de Bordeaux (CIVB) et son Bar à Vin où l’on peut goûter, sur de goûteux canapés un vin blanc d’André Lurton 2003, un Château Poujeaux 2002 et un Château Berliquet Saint-émilion 2002. Le blanc est fort goûteux et très scolaire, les rouges sont encore trop jeunes et non encore assemblés à mon goût. Au sein de notre groupe, un anglais négociant de vins rares se présente. Nous avons souvent échangé sur la « toile ». Il a réservé à La Tupi?a, restaurant célèbre de Bordeaux. Je suis tenté. Nous sommes trois autour d’une table de ce restaurant dans un quartier enchanteur du  vieux Bordeaux. Le style brasserie est efficace, avec ses stéréotypes tels ce serveur pressé qui virevolte et vous rabroue si vous avez le malheur d’interférer dans son ballet par une question forcément inutile. La cuisine est roborative. Mes cèpes sont un peu trop cuits. La pièce de bœuf est magistrale. Les frites cuites dans la graisse d’oie participent à l’extension du domaine de la lutte entre mon abdomen et les vêtements qui sont sensés le contenir.  

La carte des vins est fort mince. Nous choisissons Grand Puy Lacoste 1995 et Pape Clément 1988. Le Pape Clément me paraît plat, sans imagination, ce qui par différence fait apparaître le Grand Puy Lacoste plus frais et expressif, même si sa jeunesse l’a empêché d’être expansif.

(photo : collection Pichon Longueville Comtesse de Lalande)