Archives de catégorie : billets et commentaires

un bien étrange message de Robert Parker mardi, 31 octobre 2006

Voici le message (cliquez sur le mot message avant cette parenthèse)

Si Robert Parker n’aime pas les vins du Domaine de la Romanée Conti en 2002, pourquoi pas, c’est son droit.

Mais de là à dire que l’amateur qui boit ces vins est un buveur d’étiquettes, il y a un pas que Robert Parker ne devrait pas franchir.

Il doit rester dans son rôle, suggérant au consommateur vers quels vins orienter ses achats.

Tout jugement sur le consommateur, avec un dédain évident, devrait être proscrit de sa communication.

Quand le gourou descend dans l’arène, ce n’est jamais très bon.

La Mairie de Paris va-t-elle vendre ses billets de 500 € ? mardi, 24 octobre 2006

La Mairie de Paris a décidé, quelques mois avant les élections présidentielles que boire du Pétrus ou de la Romanée Conti n’était pas très républicain.

Ce n’est pas l’image républicaine et socialiste qu’elle veut donner au monde.

En vendant les bouteilles achetées pendant l’ère Tibéri à des prix qui sont vingt fois les prix d’achat, le maire actuel a montré l’excellence de la gestion précédente, puisque aucun placement ne peut approcher de près ou de loin ces rendements.

Mais le plus triste pour moi, c’est que cet ostracisme à l’égard des plus symboliques de nos grands vins, produits en France par des mains françaises, est strictement le même que celui qui condamne les billets de 500 €.

En France, un billet de 500 € est un animal suspect, très sûrement associé au commerce de la drogue ou de la chair peu fraîche des trottoirs.

Pétrus et Romanée Conti sont comme les billets de 500 €. La morale actuelle bien pensante doit les exclure.

Est-ce vraiment une conquête citoyenne ? Du fauxcuïsme oui.

texte sur le site de France Inter vendredi, 8 septembre 2006

vendredi 8 septembre 2006

Une académie oenologique sur internet

Ca s’appelle l’Académie des vins anciens. C’est un blog tenu par Jean Audouze et c’est d’abord une mémoire, la mémoire d’un plaisir incomparable, celui que procure la dégustation de vins qui ont pris le temps de vieillir.

Quand vous arrivez sur le blog de François, vous tombez sur une photo : une pelouse parfaitement tondu, des tours en vielles pierres, un ciel bleu dur, une lumière extraordinaire, vous êtes à château Yquem.

Ambiance.

Sur son blog, François recense avec minutie les menus des repas qu’il a pris en compagnie des académiciens et bien sûr il commente les bouteilles de vins anciens qu’ils ont dégustées à cette occasion. Mais attention, les textes du blog de François c’est du grand art, c’est de l’érotisme œnologique tellement ça donne envie. C’est juste un extrait du dîner du jeudi 15 juin 2006. Attention…

"Le Château Bouscaut blanc 1953 à la couleur irréellement jeune accompagne le Chassagne Montrachet Georges Pollet 1964 d’un or majestueux autour de la truffe d’été. (…)Le Chassagne a tant de charme que chacun y succombe instantanément, alors que dans mon silence intérieur, je trouve au moins autant d’atouts à ce Bordeaux d’une précision rare. Sa trace citronnée excite agréablement la pomme de terre presque crue et croquante. Le Chassagne est à l’aise avec la truffe toute en suggestion fragile et virginale. Lourd, expressif, il chante comme Luis Mariano une ode à sa belle. Tout à cet instant est magique, le plat suggestif en nuances, le bordeaux subtil et d’une trame expressive, et le Chassagne conquérant".

Voilà, pour ceux qui aiment le vin et la langue française, ce blog fait l’amour au vin anciens depuis 6 ans. Et même si on n’a pas le portefeuille assez garni pour s’offrir des dîners à plusieurs centaine d’euro, je peux vous dire que la lecture vaut le détour tellement c’est bien écrit. Et puis il y a des photos, les étiquettes vieilles de 50 ans, rongées par la moiteur de caves presque impénétrable, la poussière tombée sur les bouteilles en fine résille, la robe, la cuisse, bref, ce blog est un régal. Et je m’arrête là, Patricia, je sens que je vous saoûle avec mes vins anciens.

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Ce texte est de David Abiker qui m’appelle Jean puis François.

Merci de sa gentillesse, car il mentionne aussi le livre "Carnets d’un Collectionneur de Vins Anciens" chez Michalon.

France Inter et blog jeudi, 31 août 2006

France Inter consacre aux blogs une émission le matin à 6 h 20. Donc, normalement, en rentrant du jogging, on peut l’écouter.

David Abiker m’a très gentiment interviewé, et ça passera à une date que je communiquerai par mail et sur ce blog.

A propos, la moyenne des visites depuis la création du blog est de 150 visites par jour, et la moyenne de pages consultées dépasse 4 par visite, ce qui fait que plus de 600 pages sont lues par jour. Merci à tous ceux qui s’intéressent à ce blog, mais surtout aux vins et repas magiques qui sont racontés.

le jeu des sept – z – erreurs mardi, 22 août 2006

Sur la photo, il y a une erreur grossière.

Est-ce :

– je lis le journal à l’envers ?

– le bob n’est pas à ma taille ?

– je lis un journal de ma tendance politique ?

– je suis assis face à la mer chez le voisin

Jouez en famille à ce jeu. Il n’y a pas de gagnant.

Réponse : je ne fais normalement pas partie des adorateurs de Libé… Peut-on s’en douter ?

my cellar was on Tele Monte-Carlo samedi, 5 août 2006

I did not mention it as I did not want that it would be badly appreciated that I announce it in advance.

So, on this Saturday, at 7 pm French time on Tele Monte Carlo, there was a subject on collectors.

The announce which is given some minutes before the time showed Mr. Al Fayed in the house of Duke of Windsor that he has acquired.

Then pub, then weather, then, Rosalie, the producer of the emission interviews Mr Al Fayed, either in Hotel Ritz or in the house of Duke of Windsor.
Then pub, then Al Fayed again.
Then the subject stops (why ?) and Rosalie announces a subject on a collector less known than Mr Al Fayed, and for three minutes, I talk in my cellar, showing rare bottles.
Then the subject on my cellar and me ends and the subject on Al Fayed continues.

At the end, my wife and some friends who had viewed with us told me : it was good.
But I was depressed.
No logic in including the subject on my cellar. It appeared as if they had no more to say on Duke of Windsor’s house.
I was frustrated.

I had given them a good way to introduce my subject as I had acquired a part of the cellar of Duke of Windsor. So they could have given a logic to the subject.
I can imagine that no one has understood why there was a subject on an obscure man within a subject on Mr Al Fayed.

It is not very important. But I would have been pleased if the subject had a greater logic.

Now, my cellar will be hidden

reportage sur ma cave samedi, 5 août 2006

Le 5 août 2006 à 18 heures, sur Télé Monte-Carlo (TMC).

A ne pas manquer ! Dans une série d’émissions sur des collectionneurs, on m’interviewe dans ma cave.

Je n’ai pas vu le contenu. Mais il faut absolument le voir !!!

des accords divins à l’hôtel des Roches au Lavandou samedi, 8 juillet 2006

Nous repartons ensuite dans le Sud et l’envie de retourner à l’hôtel des Roches nous prend. Le site a pris ses habits d’été. Les estivants sont nombreux. Des femmes outrageusement bronzées voire copieusement liftées sont l’accessoire indispensable du vacancier comme sa carte de crédit en or ou en platine. L’ingéniosité des fabricants de textiles permet d’audacieuses tenues qui dénudent suffisamment pour que l’on puisse vérifier que les bronzages sont intégraux.

L’équipe de Matthias Dandine n’a pas encore la morgue qui sied à ce type d’endroits. Leurs rires sont encore francs et joyeux. Souhaitons qu’ils le restent.

Une fois assis à table, nous ne nous préoccuperons que de gastronomie, sauf quand la bouche se fige, la conversation s’arrête, lorsqu’une de ces publicités pour crème solaire promène sa nudité à peine masquée entre les tables.

Je commande champagne Dom Pérignon 1996, car il se trouve que la veille, nous avions goûté Laurent Perrier Grand Siècle et Dom Pérignon 1998 avec ma fille et mon futur gendre qui nous accompagnent ici.

Le Laurent Perrier Grand Siècle est un champagne qui vous installe immédiatement dans un canapé confortable. Vous savez que vous êtes bien. C’est un vrai champagne, facile à comprendre, rassurant, qui se boit avec envie. La joie est là. Le champagne Dom Pérignon 1998 au contraire est d’une complexité construite. Il m’évoque la rose, qui ne sera perçue avec force par mon gendre que beaucoup plus tard. En bouche, on jouit de la précision de l’assemblage de vins précieux. Le 1998 s’épanouit en ce moment délicatement, et c’est un très grand champagne qui interpelle par les expositions permanentes de raffinements élaborés.

La tentation d’étalonner le 1998 de la veille avec le 1996 que j’ai largement encensé était à saisir. La première gorgée du 1996 me déplait. Le 1998 était chantant. Voici que ce 1996 se présente sous un jour sérieux. Mais ce n’est que la première gorgée. Il faut laisser ce champagne s’élargir dans le verre. Cela va venir.

Pendant ce temps je consulte la carte des vins. On m’annonce que Matthias Dandine, sachant notre venue, a prévu de nous faire à sa façon un homard, mais ma femme annonce qu’elle n’aime pas le homard. Le plan prévu s’effondre. Il va renaître d’une façon éblouissante. La raison de ce dîner étant l’anniversaire de mon épouse qui ne boit pas de vin, sauf Yquem, l’idée me vient de prendre le plus léger Yquem de la carte et d’essayer de trouver une recette qui s’apparente à celle du homard. Quand on nous propose des cigales, nous sautons de joie, car c’est la chair la plus savoureuse de tous les crustacés.

Les vins étant choisis, le repas élaboré, un festival gastronomique va se dérouler, dont l’émotion, la perfection ont touché tous les participants : notre table bien sûr, mais aussi Sébastien, efficace sommelier ému de voir que les accords sont sublimes et appréciés, Matthias Dandine, fier de les avoir réalisés.

Le marbré de foie gras aux cèpes, avec ses petits artichauts crus et truffes d’été va révéler la variété du Dom Pérignon. J’ai particulièrement aimé le goût intense et onctueux du foie gras qui réveille le tempérament guerrier du champagne. Les enfants préféraient l’accord avec l’artichaut, appelant la sagesse éclairée du Dom Pérignon. Chaque bouchée, chaque gorgée accroissent le plaisir, la structuration du champagne allant crescendo. Premier accord simple mais magique dans sa réalisation. On se sent décidément bien face à l’île du Levant et une mer qu’une lune presque pleine argente de feux follets charmants.

Le premier nez du Bâtard-Montrachet Domaine Leflaive 2002 m’assassine. C’est une perfection absolue. Et la bouche est du même calibre. Ce vin est glorieux. Il est difficile d’imaginer, à cet instant, qu’un vin, blanc ou rouge, puisse donner autant de plaisir et de complexité que ce vin là. L’entrée qui arrive se compose de deux parties, et nous allons nous amuser à observer le comportement du Bâtard face à ces saveurs distinctes. Sur le carpaccio de veau de lait qui est en fait un faux carpaccio car la chair a été légèrement cuite, le Bâtard est brillant, joyeux, mais à tout instant, il décoche tous azimuts des flèches aromatiques. Et, pour mon palais, c’est sur la chair de la langoustine qu’il est transcendantal. La palette des suggestions est tellement grande, et l’effet multiplicateur de la chair blanche est tellement fort qu’on nage dans un moment gastronomique de pur contentement.

Sébastien mesurant notre enthousiasme s’interroge : deux accords parfaits. Le troisième le sera-t-il ? Comme nous sommes à la veille de la finale de la Coupe du Monde à Berlin, en pleine Zizoumania, je lui dis : « et un, et deux, et trois », le troisième accord sera un succès.

C’était peu dire. Car la cigale sur Yquem 1987, c’est un délire gustatif à enflammer les stades. Le risotto de lait de coco imprimé d’une once d’ananas (j’aurais aimé l’ananas plus suggéré qu’imposé), la cigale baignant dans un bouillon de coriandre au gingembre acide, persil, cerfeuil et autres subtilités sur base de vieux vins cuits vont tirer de l’Yquem 1987 un chant d’amour d’une pureté cristalline.

On place Yquem à chaque instant à la limite de son registre. On lui dit à chaque instant : « tu peux le faire », comme Philippe Lucas quand il motive Laure Manaudou, notre belle championne. Et Yquem peut le faire. Il explore l’ananas avec facilité, il se joue du cerfeuil car la chair de la cigale l’extrémise. On est dans des contorsions gustatives du plus bel effet. C’est immense, grandiose. On ne se pose même pas la question de savoir si Yquem 1987 est un Yquem léger ou non, car il joue sur un registre totalement éloigné de sa saveur intrinsèque. Et l’accord de ce plat avec le vin est du génie. Yquem a trouvé ici un moyen de s’exprimer au paroxysme de son talent. Comme s’il fallait que ce plaisir n’ait pas de fin, une deuxième assiette de cigale, cuite cette fois à l’étouffée donne au Yquem et à la chair délicate une énième dimension.

On croque les mignardises dans l’atmosphère d’un après-match que l’on aurait gagné. On voudrait chanter à la terre entière combien ce que nous venons de vivre est grand. Rares sont les repas où les nombreuses émotions créées par les accords ont été aussi exactes. Nous savions que nous vivions de la gastronomie dans son état le plus subtil. Un absolu bonheur.

Le Monde 2 du 24 juin samedi, 24 juin 2006

Dans le supplément du Monde du 24 juin, un suplément vin (poupée russe !).

A l’avant dernière page, un article de Nicolas de Rabaudy, avec un titre délicieux :

L’homme qui parlait à l’épaule des bouteilles

"Ah, la funeste manipulation! En extrayant avec une prudence de Sioux des nobles crus le bouchon flétri d’une bouteille de chateau Margaux 1900,un chef d’oeuvre de l’appellation,François Audouze, collectionneur de vins ancien, 5000 références dans sa cave,la laisse tomber et le vin si precieux , agé de 102 ans,se repand sur le sol, et voilà notre oenophile effondre, à quatre patte sur le carrelage, lapant le Margaux comme le chien de Lalou Bize-Leroy,la langue active, dans le cellier de la Romanée Conti ( l’histoire est authentique): le flacon brisé de Margaux 1900 figure en couverture des "carnets d’un collectionneur de vins anciens" (Michalon éditeur, 2004 ).
C’est l’une des aventures tragi-comiques vécues par François Audouze, polytechnicien à 20 ans, devenu un industriel de l’acier, aujourd’hui à la retraite occupée par l’approche, la connaissance, la sauvegarde des vins anciens, ces bouteilles perdues dans nos caves, agonisantes, coulantes, aux etiquette abimées, quelquefois sublimes en bouche, que le collectionneur-dégustateur entend faire vivre dans le verre pour le plaisisr des papilles, simplement.
Car, parmi ces vins porteurs d’un age respectable, souvent plus vieux que ceux qui les boivent, dont la plupart finissent dans l’évier, il y a des joyaux, des incunables de la viticulture française, porteurs de surprises, d’émotions, d’émerveillement . Audouze, probablement le citoyen français qui savoure le plus de flacons de jadis, cite ses plus fascinantes trouvailles : Riesling 1945, Montrachet 1864, Meursault 1846, Yquem 1900, Haut Brion 1926 (dégusté au moins 20 fois, un véritable miracle pour le premier cru de Graves).
Afin de faire sortir des caves ces vins aux niveaux bas, de couleurs souvent étranges, Audouze vient de créer l’Académie des Vins Anciens dont les 4 sessions annuelles à l’Hôtel de Crillon réunissent, telle une société secrète, une cinquantaine d’amoureux des rouges ou blancs d’autrefois, des dégustateurs au fin palais, wine enthousiastes de la viticulture du passé. Chacun apporte son flacon, offert aux académiciens, le don est une valeur sacrée de l’oenophilie.
Ainsi,lors de la dernière réunion, en janvier 2006, les flacons les plus appréciés furent : le Riesling Hugel 1915, le chateau Latour 1955, le Grand Echézeaux du Domaine de la Romanée Conti 1942, le chateau Suduiraut 1945, le domaine de Chevalier rouge 1924, le chateau Gilette sec 1958, le chateau Fiçgeac 1925, le chateau d’Yquem 1937, le Bouzy de Delamotte 1933 et le chateau La Mission Haut-brion 1955, entre autres nectars de rêve.
La dégustation ne s’est pas déroulée à l’aveugle et l’on n’a servi que du pain, des fromages et de l’eau. Pour le repas de gala, voir les diners de François Audouze : 10 convives seulement, rassemblés dans un grand restaurant.
Assis à côté de Jean Hugel, le patriarche de la légendaire maidon alsacienne de Riquewihr, Aubert de Villaine co propriétaire du domaine de la Romanée-Conti, découvre, bouleversé, le Grand Echézeaux 1942, élaboré pendant la guerre par des femmes, les hommes sont au front." Je suis stupéfait de la bonne tenue de ce vin, élévé dans des conditions quasi héroïques, sans moyens, sans barriques de qualité , confie le Bourguignon de sa voix douce, évoquant la pureté, la plénitude, l’élégance du beau pinot noir qui a traversé le temps. Les grands terroirs parlent toujours: ils dépassent les hommes."
Réflexion similaire pour le Tokay pinot gris 1865 dont Jean Hugel dit qu’il a vécu 3 guerres indemne. Ces 2 viticulteurs qui font honneur à la Francede la civilisation de vin sont des militants de l’Académie, ou l’on offre une nouvelle chance à ces bouteilles tombées dans l’oubli qui racontent l’histoire de nos vignobles."Les vins anciens, si on sait les ouvrir avec d’infinies précautions, sont toujours plus jeunes qu’on l’imagine, souligne François Audouze qui met 2 heures pour extraire un bouchon récalcitrant. Le vin a besoin d’oxygène pour s’éveiller au monde." Et se livrer aux hommes.

Nicolas de Rabaudy