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Jury du prix Edmond de Rothschild samedi, 12 novembre 2011

Le 26 octobre, le jury s’était réuni pour une confrontation de nos votes. Après avoir délibéré, nous avons décidé de l’attribution du prix « Edmond » et du prix « Nadine » de Rothschild.

La remise des prix sera faite le 14 novembre.

Ce matin, par hasard, je feuillette Le Point du 3 novembre.

Quelle n’est pas ma surprise de voir ceci :

A quoi sert la remise des prix si on a vendu la mèche ? Où est le suspense ?

Je ne féliciterai le récipiendaire que lorsque la remise des prix aura eu lieu. Il mérite d’être félicité pour son magnifique travail. Mais en son temps !

Récolter trop tôt, ce n’est pas une bonne vendange.

oh temps, suspends ton vol vendredi, 11 novembre 2011

Il fallait être ponctuel pour surprendre le 11h11mn11sec du 11/11/11.

C’est fait :

cette montre m’a été offerte par mon défunt beau-père il y a plus de 20 ans. Elle est reliée à un satellite et donne donc l’heure la plus précise qui soit.

Je n’ai changé la pile de cette montre qu’une fois en vingt ans et l’heure s’est toujours ajustée, été comme hiver.

J’ai voulu immortaliser la seconde précise du cataclysme intergalactique annoncé. Raté, pas pour la photo, mais pour le cataclysme.

L’amour du vin comparé à la plongée sous-marine mardi, 8 novembre 2011

Sur un forum de vins, la passion du vin, mon récit sur le pinot noir du 18ème siècle (ou début 19ème siècle) découvert dans l’abbaye de Saint-Vivant a suscité des commentaires d’une grande faiblesse. Et l’un des administrateurs du forum a eu une réaction de dédain pour ce qu’il a considéré comme du vinaigre. Sa remarque, montrant un manque de curiosité pour ces vins atypiques m’a suscité la comparaison avec le monde sous-marin.

Celui qui boit des vins des 25 dernières années est comme celui qui fait du tuba. Avec masque et tuba, on peut voir dans la mer des choses merveilleuses. De zéro à moins 15 mètres, il y a un monde marin de toute beauté.

Celui qui boit des vins entre 1900 et 1961 (limites pour fixer les idées) est comme le plongeur qui plonge entre moins 20 mètres et moins 60 mètres. Les coraux sont beaucoup plus beaux; les poissons sont plus gros, et des espèces qui ne s’aventurent pas dans les basses surfaces sont visibles. Et la sensation d’entrer dans un monde nouveau est d’une grande plénitude. Ce monde là est quasiment mon quotidien, avec des émotions que la balade en tuba ne peut pas donner.

Et puis, il y a ceux qui prennent un bathyscaphe et vont se promener de moins 100 à moins 500 mètres. Les ignorants disent que ce monde sous-marin est mort, alors qu’il est étonnamment vivant. Bien sûr, il n’y a plus les couleurs chatoyantes des fonds baignés de soleil (le fruit), mais il y a des poissons et des visions qu’aucune des deux approches de la plongée ne peut donner. Et il y a parfois des trésors dans des épaves que nul n’a visitées, comme ces vins de Chypre de 1845 qui sont les plus émouvants de ma vie. Ce monde, c’est celui des vins de plus de cent ans, que j’ai le plaisir et l’honneur de pratiquer.

Alors bien sûr, on peut être heureux d’utiliser son tuba. Mais refuser la plongée bouteille ou la plongée bathyscaphe, c’est un singulier manque de curiosité.

Qu’on dise : « je n’y ai pas accès », je le comprends. Mais qu’on n’en ait pas la curiosité, c’est une erreur. Plus qu’une erreur pour un passionné, une faute.

La passion d’un amoureux de curiosités antiques mardi, 1 novembre 2011

La personne chez qui je suis allé à Rennes goûter le vin de 1690 qui m’a procuré une émotion énorme est un passionné. C’est lui qui avait déniché cette bouteille.

Il n’a pas des moyens gigantesques mais sa passion le pousse à explorer des vins atypiques dont certains sont prestigieux.

J’adore cette authentique passion. Voici le message qu’il m’a envoyé, « dans son jus », pour que sa passion transparaisse comme elle s’exprime :

Romanée Conti 1964 avec Dominique Fornage en Suisse : Rose Reglisse , 20 sur 20

Petrus 1947 bouchon étiquette d’origine, 1000 euros en Belgique chez Vinum Petri spécialiste des vieux Van der Meulen : Framboise Botryfiée ,19 sur 20

Yquem 1921 1500 euros chez Vinum Petri :Mélasse de Fraise,19 sur 20

margaux Aligre vers 1850 ,100 euros a la cave de saint Germain les lices a Rennes ( qui a des cognac du 19eme dont des 1811 ) La bouteille a 2 sceaux, bouchon d’ origine :couleur rouge,fruits rouges en attaque ,puis du cuir chevalin , 12 sur 20

Gruaud Laroze 1869 d’épave,j’ai raté la vente aux enchère mais l’acheteur me la revend 700 euros.Reconditionnée en 1992: couleur rose virant marron dans le verre.massif, cuir chevalin en attaque , orange en milieu ,safran en finale , ensemble salé et marin et un peu chocolaté. 22 sur 20

Sauternes vers 1865 ,j’achete cette bouteille 500 euros près de bordeaux a la veuve d’un collectionneur, c’est la plus vielle de la cave, elle refuse de la confier a un transporteur, je me déplace.Verre vert avec des bulles rondes dedant ,bouchon d’origine rétrécit ciré : vin épais noir,concentration et puissance inouies ,merveilleux gout de mélasse de pruneaux botrifiés 25 sur 20

Porto garrafeira 1871 ,130 euros a la cave nationnal garrafeira de lisbonne spécialiste des portos maderes antiques.le vin a passé 60 ans en bombonnes ,embouteillé vers 1930:robe marron,prunes botryfiées ,très bon mais pas magique 15 sur 20

madères ,j’ai travaillé 18 mois a oslo, dans un bar a vin au nom oublié , un couple commande 2 madères 1825 et 1845 enbouteillés vers 1920 ,ils partent en laissant la moitié pour le personnel, le sommelier chinois me fais gouter les vins: Racés avec des paliers dans le corp ,vieux bois. 20 sur 20

PX vers 1800, 400 bouteilles diverses du 19eme sont retrouvées entérées dans un chateau a saint brieux,aux enchères j’en obtient une pour 60 euro l’une des plus vielles et moins chères,,un cilyndre en verrre noir ciré début 19eme identique a votre lachrima christi 1805: noir et visqueux, caramel café très chargé en safran. Des années après l’ouverture le dépot sent toujours bon .Un long sejour en fut probable indique que le vin pourrait dater de la fin 18eme 24 sur 20

Madère 18eme offerte par monsieur Audouze ,cilyndre en verre noir vers 1800 : couleur or , sublime fin racé complexe long ,le miel se mélange au caramel,l’alcool a la cire,le citron a la pomme, les fleurs aux noix.le vin a bien du passer 50 ans en bombonne comme c’est la méthode des grand maderes , il pourrai dater entre 1730 et 1780 , 24 sur 20

oignon 1730 d’épave d’un 3 mats de la mer du nord coulé dans une tempete,800 euros a un antiquaire australien.:a l’ouverture forte odeur de crotte d’éléphant puis plus d’odeur,bois pourri salé très passé sans alcool ,au nez une touche de cuir bovin, imbuvable. 3 sur 20

Oignon 300 ans bouteille d auberge antérieure a la commercialisation publique .1000 euros aux enchères a londres. Elle vient d’une cave mais le vendeur garde l anonymat .Bas niveaux,bouchon moisi , couleur jaune orangé: très peu d alcool mais il a encore du corp; Nez d herbes de provences ,bouche: vieux tabac terre craie. 17 sur 20

J’adore cette passion. La bouteille bue ensemble est la dernière de ce message.

prix Edmond de Rothschild – préparatifs mercredi, 26 octobre 2011

La baronne Nadine de Rothschild remet chaque année deux prix qui couronnent des ouvrages sur le vin. Le jury se réunit dans une salle de réunion de l’immeuble de la banque Rothschild. Nous sommes en petit comité du fait des vacances scolaires et de nombreux votes ont été exprimés hors séance. Nous discutons des ouvrages en compétition qui seront primés dans un mois.

Un buffet contrebalance les nourritures spirituelles. Le Château Clarke 2005 est d’un très bel épanouissement.

Je découvre le Champagne Barons de Rothschild que je ne connaissais pas et qui s’accorde merveilleusement avec le brie délicieux produit sur les terres de notre hôtesse.

Les discussions entre membres du jury, essentiellement des professionnels de l’écriture sur le vin, sont animées et passionnantes.

Une rencontre purement invraisemblable mardi, 13 septembre 2011

Une rencontre purement invraisemblable

Bipin Desai, le chercheur et professeur en physique nucléaire d’une des plus grandes universités américaines organise des dîners thématiques spectaculaires. Il « promène » avec lui chaque année un groupe d’amateurs américains pour des festivités dans les plus grands restaurants de France et d’Espagne. Je rejoins son groupe pour une dégustation thématique des vins du domaine de Montille, et je rencontre un nouveau venu dans le groupe d’américains. Nous bavardons, papotons de-ci-delà, et la question vient : « qu’est-ce que c’est qu’un vin ancien ? ». Je réponds, croyant avoir à faire avec un amateur « normal » et c’est alors que je vais de surprise en surprise. Cet d’homme d’environ 55 ans a bu Ausone 1865, a bu des pétrus du 19ème siècle, se met à parler de vins pré phylloxériques, et il me subjugue par une connaissance des vins de Bourgogne, des parcelles même, qui est hallucinante.

On voit bien quand quelqu’un a une culture livresque ou quand c’est du vécu.

Très modeste, disant juste quelques petites choses sur les vins d’Henri Jayer, sur l’évolution des parcelles de La Tâche dans les années 20, qui situe l’être hors norme.

Je me suis tu, j’ai écouté, d’autant qu’ils se renvoyaient la balle avec Michel Bettane et j’étais bouche bée.

Alors, ce matin, je suis allé sur Google avec le nom de mon voisin de table, et j’ai lu des comptes-rendus de dîners qu’il a faits avec Michael Broadbent, sortant plus de dix millésimes exceptionnels de la Romanée Conti, dont du 19ème siècle,

En lisant sur le net, j’ai vu que la cave fabuleuse du restaurant RN74 de San Francisco est son apport en nature, car il est l’un des actionnaires de ce restaurant aux grands vins inouïs.

Nous avons prévu de nous revoir, mais je dois dire que je me sentais petit gamin pas seulement pour ce qu’il a bu, mais aussi par l’invraisemblable connaissance qu’il a de l’histoire des vins. C’était surtout sur la Bourgogne, parce que nous étions à la table d’Hubert et Etienne de Montille. Mais quelqu’un qui a bu Ausone 1865 ou Pétrus 1893 ne doit pas être un perdreau de l’année en vins de Bordeaux.

J’adore ces rencontres totalement imprévues qui me montrent qu’il y a un peu plus large que la cour de mon clocher.

Son nom ? Wilf Jaeger. Faites comme moi, Googlez : vous serez subjugué.